Trop de camions sur les routes ?

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par Gord Baldwin,
Division des transports

Résumé
Circulation des camions : des marchandises qui arrivent à point
Le nombre de camions a diminué
Les camions effectuent de plus longs trajets
Les camions voyagent surtout en semaine
Le volume de circulation varie selon le moment de la journée
Afflux de camions aux passages transfrontaliers

Résumé

Depuis la fin des années 1990, les conducteurs d’automobiles ont l’impression croissante qu’il y a plus de camions sur les routes.

En fait, de 2000 à 2003, le nombre de camions a diminué de 0,2 %, tandis que le nombre de voitures s’est accru de 5,5 %.

Toutefois, les trajets qu’effectuent les camions sont beaucoup plus longs que ceux qu’effectuent les voitures. Ainsi, les conducteurs d’automobiles sont susceptibles de voir plus de camions sur la route que ce que le nombre d’enregistrements pourrait leur laisser croire.

En 2003, selon les données provinciales sur les enregistrements, il y avait 27 voitures par camion. Toutefois, si l’on tient compte des distances parcourues par les véhicules, la probabilité qu’un automobiliste croise des camions augmente, car les camions parcourent en moyenne 2,5 fois plus de route que les voitures.

La probabilité de rencontrer un camion varie en fonction du jour de la semaine, du moment de la journée et de l’endroit. Les camions sont relativement plus « visibles » en semaine, la nuit et aux passages frontaliers que les automobiles.

Étant donné la croissance de la population et de l’économie, il est probable que la concurrence s’intensifie davantage.

Aux passages frontaliers, par exemple, les embouteillages de camions ont déjà atteint des proportions importantes (bien que les voies réservées au trafic commercial puissent améliorer la situation au poste même).

Dans ce document, on analyse la circulation des camions sur les routes canadiennes au moyen de données concernant les enregistrements et le rendement tirées de l’Enquête sur les véhicules au Canada. Il s’agit d’une enquête à participation volontaire, fondée sur les véhicules, entamée en 1999 par Statistique Canada et financée par Transports Canada.

Circulation des camions : des marchandises qui arrivent à point

Un élément important de la circulation des camions ces temps-ci est le concept de la livraison « juste à temps » des marchandises, qui permet aux usines de synchroniser la livraison avec leurs processus de fabrication.

De nos jours, l’industrie du camionnage est tellement efficace que les usines de fabrication et les autres entreprises peuvent utiliser les camions comme entrepôts. On fixe la date de livraison des pièces et des produits au moment où ils sont nécessaires, éliminant ainsi le besoin de les stocker dans un entrepôt.

De plus, le commerce transfrontalier représente une des occasions d’affaires en plein essor. La route a été la voie de transport la plus utilisée pour ce qui est du commerce entre le Canada et les États-Unis. En ce qui concerne les recettes, plus de 53 % des produits canadiens exportés et 79 % des produits importés au pays ont été expédiés par camion¹.

En 2003, les quelque 2 200 entreprises de camionnage longue distance pour compte d’autrui domiciliées au Canada qui comptaient 1 million de dollars ou plus de recettes d’exploitation annuelles ont généré 16,8 milliards de dollars de recettes, soit 7,5 % de plus qu’en 2002.

Les déplacements transfrontaliers ont représenté 22 % des expéditions totales et 47 % des recettes. Les transporteurs ont déplacé 8,7 millions de chargements entre le Canada et les États-Unis en 2003, les marchandises pesant au total plus de 85 millions de tonnes. Ces expéditions transnationales ont généré 8,0 milliards de dollars en recettes.

Sans aucun doute, l’Ontario est le centre de l’industrie du camionnage du Canada. En 2003, les marchandises en partance de l’Ontario, qui sont transportées sur de longs parcours, ont représenté 38 % du tonnage intérieur et 37 % des recettes intérieures au Canada.

Tout ce trafic par camion semble créer l’impression que les routes sont de plus en plus congestionnées au Canada depuis la fin des années 1990, particulièrement en ce qui a trait à la concurrence pour l’espace routier entre les automobilistes et les camionneurs.

Le public a exprimé certaines préoccupations au sujet du trop grand nombre de camions sur la route². Qu’est-ce qui peut avoir causé ces préoccupations ? « Il y a beaucoup trop de camions sur nos routes à cause de la déréglementation » est une des explications qu’on avance³.

C’est un point de vue. Mais que nous indiquent les statistiques ?

Le nombre de camions a diminué

De 2000 à 2003, le nombre de camions enregistrés a diminué de 0,2 % tandis que le nombre d’automobiles a augmenté de 5,5 %.

En 2003, le nombre de camions enregistrés au Canada a atteint 660 450, soit 378 258 camions légers et 282 192 camions lourds. (Les camions légers pèsent de 4,5 tonnes à tout près de 15 tonnes et les camions lourds pèsent 15 tonnes ou plus.)

En revanche, 17,8 millions de voitures étaient enregistrées au Canada.

Au Canada, en 2000, 661 446 camions étaient enregistrés, soit 391 291 camions légers et 270 155 camions lourds. Au cours de la même année, 16,8 millions d’automobiles étaient enregistrées (véhicules routiers pesant moins de 4,5 tonnes).

On comptait 27 voitures pour chaque camion enregistré dans les provinces et dans les territoires en 2003. Il s’agissait d’une hausse par rapport aux 25 voitures par camion observées en 2000.

Pour ce qui est des poids lourds, tels que les 18-roues, on comptait 63 automobiles pour chacun d’entre eux en 2003, par rapport à 62 en 2000.

Les camions effectuent de plus longs trajets

Les camions ne sont pas seulement plus « visibles » sur la route en raison de leur grande taille. Ils effectuent également de plus longs trajets que les automobiles, augmentant donc la probabilité qu’un automobiliste les croise.

Selon les données de l’Enquête sur les véhicules au Canada, les camions ont parcouru environ 26,6 milliards de km en 2000, par comparaison à 282 milliards de km pour ce qui est des voitures.

Trois ans plus tard, les camions ont parcouru environ 25 milliards de km (−7 %), tandis que les voitures ont parcouru environ 286 milliards de km (+1,5 %).

Cette variation est le résultat d’une augmentation du nombre d’automobiles enregistrées alors que de celui des camions baissait et d’une réduction plus importante de la distance moyenne parcourue par les camions par rapport aux automobiles.

En 2000, les camions ont effectué en moyenne 3,5 fois plus de kilomètres que les voitures. En 2003, cette proportion est passée à 2,5 fois. Cela signifie que les automobilistes sont plus susceptibles de croiser un camion que ce que le nombre d’enregistrements peut suggérer.

Un conducteur d’automobile est plus susceptible de croiser un camion lourd qu’un camion léger, même si le nombre de camions légers enregistrés est supérieur.

En fait, en 2003, les camions lourds ont parcouru 18,6 milliards de km, tandis que les camions légers n’ont parcouru que 6,2 milliards de km.

Le kilométrage annuel moyen des camions lourds était de trois à quatre fois plus élevé que celui des camions légers, témoignant de leur utilisation pour les longs trajets. Les camions lourds ont effectué plus de 66 000 km par année, les camions légers environ 19 000 km et les voitures plus de 16 000 km⁴. En 2000, les camions lourds ont parcouru plus de 81 000 km par année, les camions légers environ 18 000 km et les voitures approximativement 17 000 km.

Tableau
Kilomètres parcourus selon le véhicule, Canada, 2003

Les camions voyagent surtout en semaine

Les voitures et les camions sont-ils sur la route au même moment ? Si c’est le cas, il s’agit d’un autre facteur qui peut influencer les perceptions ayant trait au nombre de camions circulant sur les routes.

Davantage de camions circulent en semaine. Les camions légers n’effectuent qu’environ 8 % de leur kilométrage total en fin de semaine et les camions lourds, 11 %.

Par comparaison, les deux types de camions effectuent environ 20 % de leur kilométrage hebdomadaire total au cours de leur journée de pointe (le jeudi pour les camions légers et le mardi pour les camions lourds).

Le kilométrage des voitures est beaucoup mieux réparti. En effet, celles-ci effectuent de 12 % à 16 % de leur kilométrage hebdomadaire quotidiennement.

Ainsi, en moyenne, un automobiliste est susceptible de croiser davantage de camions en semaine qu’en fin de semaine.

Graphique
Les camions voyagent surtout en semaine

Source : Statistique Canada, Enquête sur les véhicules au Canada : annuelle, 2003, produit n^o 53-223-X au catalogue.

Le volume de circulation varie selon le moment de la journée

Le volume de circulation varie également selon le moment de la journée.

Les voitures, les camions légers et les camions lourds se disputent tous l’espace routier, principalement pendant la journée, de 6 h à 18 h.

Les camions légers effectuent 87 % de leur kilométrage durant la journée, les voitures 77 % et les camions lourds 68 %.

Les camions lourds et les voitures parcourent environ un cinquième de leur trajet quotidien pendant la soirée, c’est-à-dire de 18 h à minuit, par opposition à environ un dixième dans le cas des camions légers.

Ce sont les camions lourds qui voyagent le plus entre minuit et 6 h, effectuant environ 12 % de leur kilométrage au cours de cette période. Par comparaison, les camions légers n’effectuent que 4 % de leur kilométrage la nuit et les voitures, seulement 3 %⁵.

Selon la Ontario Trucking Association, « si davantage d’expéditeurs étaient prêts à faire livrer leurs marchandises la nuit, lorsque le volume de circulation est très bas, on pourrait éliminer une partie de la circulation de camions pendant les heures de pointe »⁶. [Traduction]

Graphique
Tous les types de véhicules se disputent l’espace routier pendant la journée

Source : Statistique Canada, Enquête sur les véhicules au Canada : annuelle, 2003, produit n^o 53-223-X au catalogue.

Afflux de camions aux passages transfrontaliers

Les activités de camionnage ne sont pas seulement plus intenses pendant certains jours de la semaine et certains moments de la journée. Elles sont également plus intenses dans certains endroits particuliers, et un endroit important où l’activité retient beaucoup l’attention est la frontière séparant le Canada des États-Unis.

Relativement parlant, le rapport des voitures aux camions est beaucoup moins élevé aux passages transfrontaliers. En 2003, il y avait 27 voitures par camion, selon les enregistrements. Cependant, on ne comptait que deux à six véhicules personnels par camion pour le trafic en direction sud aux passages transfrontaliers indiqués ci-dessous.

Selon le dénombrement des véhicules traversant la frontière américaine, à cinq postes frontaliers choisis, en 2003, 4,5 voitures (véhicules personnels) par camion traversaient la frontière vers les États-Unis.

À certains postes frontaliers commerciaux occupés tels que ceux d’Alexandria Bay, dans l’État de NewYork, et de Port Huron, au Michigan, on ne comptait que près de deux voitures par camion.

Tableau
Véhicules du Canada traversant aux États-Unis, par poste frontalier américain, 2003

Aux postes frontaliers canadiens, la tendance est la même pour ce qui est de la circulation en direction nord. La proportion de camions augmente à de nombreux postes frontaliers.

À tous les postes en 2003, 4,5 voitures par camion ont traversé la frontière pour se rendre au Canada⁷.

Les données des postes canadiens indiquent la nationalité du véhicule. Les douaniers ont dénombré 7,2 automobiles états-uniennes par camion états-unien et 3,4 automobiles canadiennes par camion canadien.

Graphique
Ratio des voitures aux camions au poste frontalier de Sarnia (circulation en direction nord, de 1990 à 2004)

Source : Statistique Canada, Nombre de véhicules voyageant entre le Canada et les États-Unis, données mensuelles, CANSIM, tableau 427-0002.

Au fil du temps, le nombre d’automobiles canadiennes par camion a grandement changé à de nombreux postes frontaliers. Par exemple, au pont séparant Sarnia de Port Huron, au Michigan, de 1990 et 2004, le ratio annuel de voitures états-uniennes aux camions états-uniens a connu un creux de 4,0 et un sommet de 6,5.

En ce qui a trait aux véhicules canadiens, le ratio a varié entre 1,2 et 12,1.

Les véhicules commerciaux et les véhicules personnels utilisent peut-être des voies différentes à la frontière. Cependant, la proportion de voitures par rapport aux camions est susceptible d’être beaucoup plus faible que celle de 27 voitures par camion qu’indiquent les données nationales sur les enregistrements.

Notes en fin de document

1. Les données de cette section proviennent du document Le camionnage au Canada, 2003, produit n^o 53-222-XIB au catalogue de Statistique Canada.
2. Western Transportation Advisory Council, Moving Forward A Guide on the Importance of Transportation in Canada, décembre 1999, page 21. Voir également un discours de M. Paul Szabo (Mississauga-Sud, Lib.) : «  L’opinion est certainement répandue qu’il y a trop de camions sur les routes et qu’ils gênent la circulation des autres », 37^e législature, 1^re session, Comité permanent des transports et des opérations gouvernementales, le mardi 30 avril 2002.
3. Voir le témoignage de Mme Cathy Walker, Délibérations du sous-comité de la Sécurité des transports du comité sénatorial permanent des Transports et des communications; Fascicule 6–Témoignages, Ottawa, le jeudi 13 février 1997.
4. Statistique Canada, Enquête sur les véhicules au Canada : annuelle, 2003, produit n^o 53-223-X du catalogue de Statistique Canada, page 30.
5. Statistique Canada, Enquête sur les véhicules au Canada : Annuelle, 2003, produit n^o 53-223-X du catalogue, page 44.
6. Ontario Trucking Association, Relieving Traffic Congestion: A Discussion Paper, printemps 2001, page 8.
7. Statistiques Canada, CANSIM, tableau 427-0002. Le dénombrement s’effectue à partir des informations inscrites sur les formulaires sur lesquels les agents de l’Agence des douanes et du revenu du Canada (ADRC) enregistrent les entrées au Canada. Chaque bureau d’entrée expédie ses données administratives selon une entente conclue entre Statistique Canada et l’ADRC. Dans tous les bureaux d’entrée du Canada, on effectue le dénombrement des véhicules (automobiles, camions, motocyclettes, motoneiges et bicyclettes) dans le cas des routes et des débarcadères de traversiers.