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par John Baldwin et Ryan Macdonald
Division de l'analyse économique (613-951-5687)
Dans le présent article, nous examinons les résultats de long terme du secteur de la fabrication au Canada, soit une période s’étalant sur plus de 50 ans. Nous dégageons peu de preuves que ce secteur est en déclin et moribond. Toutefois, nous constatons qu’il a subi d’importants changements en réponse aux nombreux défis auxquels il a fait face, même avant d’être touché par la récession mondiale en 2008. Nous cherchons aussi à situer les faits observés au Canada dans leur contexte en examinant ce qui s’est passé dans d’autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), surtout les États-Unis, principal partenaire commercial du Canada.
La preuve la plus fréquemment mentionnée dans le débat portant sur le recul hypothétique à long terme du secteur de la fabrication, est que sa part du PIB nominal diminue. Il est évident, comme nous le verrons ci-dessous, que la part du PIB en dollars courants du secteur de la fabrication a diminué au cours des 40 dernières années (voir par exemple : OCDE 2006).
Toutefois, la part du PIB nominal est une mauvaise mesure pour déterminer si le secteur de la fabrication enregistre un recul. Les parts tiennent compte du fait que la valeur nominale du PIB comporte une composante volume et une composante prix, et que la baisse des prix relatifs des biens manufacturés a dominé la baisse de leur part. Les parts sont également influencées par la croissance d’autres secteurs de l’économie.
La croissance de la productivité est un des facteurs les plus important touchant les variations des prix relatifs. Au Canada, le secteur de la fabrication a contribué plus que n’importe quel autre secteur économique à la croissance globale de la productivité (Baldwin et coll., 2001). Les procédés de fabrication peuvent être banalisés, ce qui permet une plus grande spécialisation de la main-d’oeuvre et un plus haut niveau de mécanisation. Les taux de croissance de la productivité deviennent ainsi particulièrement élevés à mesure que les fabricants exploitent ces caractéristiques, d’où une baisse des prix comparativement à ceux d’autres biens et services.
Le processus concurrentiel pousse les industries dont la croissance de la productivité est élevée (comme celles du secteur de la fabrication), à répercuter celle-ci sur le consommateur sous forme d’une moins forte hausse des prix (Baldwin, Durand et Hosein, 2001). Par conséquent, dans ces industries, les prix baissent au fil du temps comparativement à ceux des biens et services produits par les industries dont la croissance de la productivité est plus faible.
Conjuguées, la concurrence et la croissance de la productivité ont freiné la hausse des prix dans le secteur de la fabrication comparativement aux autres secteurs. Ces fluctuations des prix relatifs sous-entendent que la part du PIB nominal revenant au secteur de la fabrication a subi des pressions à la baisse, qu’elles aient ou non été compensées par des variations des volumes relatifs. Le fait que cela se soit produit ou non dépend de l’élasticité prix des biens manufacturés par rapport à leurs propres prix, ainsi que des prix des autres biens et de l’élasticité revenu des biens manufacturés, c’est à dire la mesure dans laquelle, à mesure qu’augmente le revenu, les consommateurs, les investisseurs ou les administrations publiques décident d’acheter une quantité relativement plus importante de biens manufacturés au cours du temps ou choisissent plutôt d’acheter plus de services.
Ceci démontre donc que la part occupée par la production manufacturière dans le PIB nominal ne reflète pas uniquement les variations des volumes relatifs.
La plus forte croissance de la productivité dans le secteur de la fabrication fait également penser qu’une autre mesure de la santé de ce secteur, sa part de l’emploi total, doit aussi être utilisée avec prudence. C’est que l’évolution de l’emploi ne suit pas directement celle de la production si la productivité de la main-d’oeuvre, mesurée sous forme de production par heure travaillée, augmente. Les industries dont la croissance de la productivité de la main-d’oeuvre est élevée afficheront une croissance relativement plus faible au point de vue de l’intrant travail. Si la croissance de la production du secteur de la fabrication était tout aussi vigoureuse que celle de l’économie dans son ensemble, la croissance de sa main-d’oeuvre serait inférieure à celle de l’emploi global, en raison de sa plus grande productivité du travail. Par conséquent, la part de l’emploi imputable au secteur de la fabrication pourrait tout simplement diminuer à cause d’une plus forte productivité.
Dans la suite de l’exposé, nous étudions plusieurs mesures simples qui ont été utilisées pour évaluer la santé du secteur de la fabrication. Ce faisant, nous reconnaissons que ces mesures de part comprennent une composante volume et une composante prix que nous examinons chacune à leur tour, mettant l’emphase sur ce que les tendances révèlent au sujet du rendement relatif sous-jacent du secteur.
Sur de longues périodes, la productivité du secteur de la fabrication représente un déterminant important des prix dans ce secteur. Toutefois, dans le court terme, des chocs importants ont aussi une incidence sur les prix. Les chocs économiques de courte durée émanant des récessions peuvent se transmettre d’un pays à l’autre. Les taux de change peuvent varier soudainement, modifiant ainsi la pression concurrentielle exercée sur les fabricants. L’adoption de nouveaux régimes tarifaires peut aussi influer sur la demande de produits manufacturés en modifiant la taille des marchés servis par certaines industries et en faisant baisser les prix des produits dans les industries où l’exploitation d’économies d’échelle réduit les coûts unitaires. Ensemble, les cycles économiques, les chocs subis par les taux de change et les réductions tarifaires peuvent entraîner des changements qui modifient la composition et la taille du secteur de la fabrication d’un pays.
Les nombreux facteurs qui ont une incidence sur le secteur de la fabrication à un point donné dans le temps rendent difficile l’évaluation de sa santé au moyen d’une seule mesure ou d’un jeu de données couvrant une courte période. Par conséquent, dans le présent article, nous utilisons un certain nombre de mesures pour examiner l’évolution des industries du secteur canadien de la fabrication de 1961 à 2005 (et excluons par conséquent son déclin cyclique récent en réaction à la récession mondiale puisque les données du PIB nominal par industrie ne sont pas disponibles après 2005). Nous commençons par placer le Canada dans un contexte international et explorons le lien entre les secteurs canadien et américain de la fabrication. Puis, nous discutons des principales variations de la part du PIB du Canada imputable au secteur de la fabrication de 1961 à 2005 et cherchons à déterminer si elles ont été causées par des variations des prix relatifs ou des volumes relatifs des biens manufacturés. Nous examinons aussi l’effet des chocs de taux de change sur les prix des biens manufacturés au Canada. Enfin, nous étudions l’effet de la libération du commerce qui a eu lieu durant les années 1990 sur la structure du secteur canadien de la fabrication.
L’étude s’appuie sur des données provenant de diverses sources. Nous utilisons la Base de données pour l’analyse structurelle (STAN) de l’OCDE pour calculer, pour les divers pays membres, la part du PIB attribuable au secteur de la fabrication, puisque cette mesure est celle qui fournit le champ d’observation et les fluctuations de prix et de volume les plus étendus. La base de données STAN contient des estimations du PIB nominal, du PIB réel et des indices des prix dont les plus anciennes remontent à 1970 et les plus récentes, à 2005. Nous l’utilisons ici pour les comparaisons avec d’autres pays que les États-Unis. Bien que l’OCDE fournisse des données permettant de faire des comparaisons entre pays, les utilisateurs doivent tenir compte du fait que les mesures de la production qui figurent dans ces bases de données ne sont pas toujours effectuées de manière uniforme d’un pays à l’autre en ce qui concerne les prix du marché, les prix de base ou les coûts des facteurs. Néanmoins, par souci de complétude, nous utilisons ces données parce que la comparaison des estimations que nous avons calculées pour le Canada et les États-Unis en utilisant des définitions plus concordantes a montré que, si les niveaux sont affectés, les taux de croissance présentés ici ne le sont pas.
Nous nous servons également de données pour les États-Unis provenant des National Income and Product Accounts, produits par le Bureau of Economic Analysis (BEA). L’utilisation des données du BEA permet de comparer les tendances au Canada et aux États-Unis remontant jusqu’à 1961.
Sur de longues périodes, la part de la valeur ajoutée manufacturière 1 dans le PIB nominal a diminué dans la plupart des pays de l’OCDE, indépendamment du fait que ces pays soient des économies relativement ouvertes ou fermées, ou des importateurs ou des exportateurs nets de ressources. Si le phénomène est irrégulier et présente des périodes de déclin lent et de déclin rapide (et, parfois, de croissance temporaire), la tendance générale est à la baisse (graphique 3), ce qui donne à penser que les processus d’évolution en jeu étaient remarquablement semblables d’un pays de l’OCDE à l’autre.
Nous relevons toutefois des exceptions à cette tendance à la baisse continue. L’Australie, l’Italie, le Canada et la Norvège ont connu des périodes pluriannuelles de croissance de la part imputable au secteur de la fabrication. En Australie, en Italie et en Norvège, le répit a été de relativement courte durée. Au Canada, par contre, la part imputable au secteur de la fabrication a, en fait, augmenté légèrement sur une période de 20 ans, entre 1980 et 2000, en dépit de deux récessions importantes. Ceci est particulièrement remarquable en raison de la forte baisse de l'activité manufacturière au Canada dans la récession actuelle, qui jusqu'à présent a été légèrement moins marquée que la contraction de 17,4% en 1981-1982.
Malgré ce comportement singulier durant les années 1980 et les années1990, la part du PIB nominal relatif au secteur de la fabrication au Canada a régressé sur le long terme. De 1961 à 2005, la part de la valeur ajoutée revenant au secteur canadien de la fabrication a diminué de 8,7 points de pourcentage, passant de 24,3 % à 15,6 %. En revanche, aux États-Unis, la part du PIB attribuable à la fabrication a baissé de 12,6 points de 1961 à 2005, passant de 24,6 % à 12,0 %, c’est-à-dire que le recul aux États-Unis dépassait de près de la moitié celui du Canada. La différence est due à la longue période, durant les années 1980 et 1990, où la part de la valeur ajoutée du secteur canadien de la fabrication a cessé de décroître.
De 1961 à 1980, les déclins de la part du PIB attribuable à la fabrication au Canada et aux États-Unis ont été semblables (tableau 1). Cependant, durant les années 1980 et les années 1990, les deux économies ont divergé. De 1980 à 2000, la part du PIB revenant à la fabrication a augmenté légèrement au Canada tandis qu’aux États-Unis, sa baisse s’est accélérée. Après 2000, le Canada a connu un boom des ressources naturelles, ce qui a contribué à faire en sorte que la part de son PIB imputable à la fabrication s’est contractée plus rapidement que dans les autres pays.
Les variations des prix relatifs apparaissent comme la principale source de la part plus faible du secteur de la fabrication au Canada et aux États-Unis (tableau 2).
Au Canada, le volume de la production manufacturière relativement à l’économie globale de 1962 à 2005 est resté essentiellement stable. Par ailleurs, les prix relatifs ont baissé de 0,9 % par année, ce qui en fait la principale force qui sous-tend la diminution de la part de la fabrication dans le PIB nominal au Canada. Une courbe comparable se dégage pour les États-Unis, où les volumes relatifs ont augmenté au taux annuel moyen de 0,2 %, tandis que les prix relatifs ont baissé au taux moyen de 1,7 %.
Nous observons certes des périodes plus courtes durant lesquelles les volumes relatifs du secteur de la fabrication se sont contractés, mais la baisse des prix relatifs durant ces périodes a habituellement été beaucoup plus importante que les variations de volume. Il existe peu de preuves convaincantes que le volume de la production manufacturière subissait une décroissance de longue durée.
Il n’en est par contre pas ainsi pour d’autres pays hors de l’Amérique du Nord. La France, la Norvège et le Japon ont connu une décroissance de longue durée au niveau du volume de fabrication comparativement au produit économique total. Néanmoins, sauf en Norvège, la chute des prix relatifs demeure le déterminant le plus important de la diminution de la part du secteur de la fabrication.
Bien que les tendances de long terme des prix manufacturiers soient influencées principalement par le progrès technique, d’autres facteurs peuvent causer des écarts. Le taux de change a influé fortement sur l’évolution des prix manufacturiers au Canada durant la période étudiée et son effet était suffisamment important pour annuler partiellement la pression à la baisse exercée par la croissance de la productivité durant les années 1980 et 1990. L’interruption de la chute des prix relatifs de la fabrication a freiné la réduction de la part du secteur dans le PIB au Canada au cours de ces deux décennies, alors que la tendance à la baisse se poursuivait dans la plupart des autres pays de l’OCDE.
La dépréciation sur une longue durée du dollar canadien, qui a débuté à la fin des années 1970, a été assortie d’un ralentissement de la baisse des prix des biens manufacturés comparativement à d’autres biens. La dépréciation du dollar canadien a fait baisser le coût relatif de la fabrication canadienne comparativement à la fabrication américaine, ce qui a permis aux producteurs nationaux d’ajuster leurs prix en tenant moins compte de la concurrence internationale et davantage de la conjoncture intérieure en matière de coûts. C’est pendant cette période que les prix relatifs des produits manufacturiers se sont stabilisés et ont même augmenté légèrement (graphique 4), et que s’est produit au Canada un reversement du recul séculaire de la part du PIB nominal revenant au secteur de la fabrication.
Une façon de comprendre l’avantage que la longue période de dépréciation du dollar a donné au secteur canadien de la fabrication, est de comparer l’évolution des prix manufacturiers aux États-Unis et au Canada au cours du temps en rajustant les prix canadiens pour tenir compte du taux de change (graphique 5).
Du début des années 1960 au milieu des années 1970, les prix canadiens corrigés pour tenir compte des fluctuations du taux de change ont augmenté comparativement aux prix américains. En raison de la dépréciation du dollar canadien survenue dans les années 1980 et les années 1990, le prix relatif de la fabrication canadienne a plafonné (graphique 4). Après 2002, l’appréciation du dollar canadien a entraîné un écart sans précédent des prix manufacturiers canadiens (exprimés en dollars américains) par rapport à ceux observés aux États-Unis.
Ces constatations mettent en relief le problème général que pose l’interprétation des variations de la part du PIB nominal imputable à l’industrie. Les prix sont un déterminant important de cette part de la production attribuable à la fabrication car, sur le long terme, leurs fluctuations reflètent les variations de la productivité relative. Par contre, dans le court terme, les prix manufacturiers peuvent s’écarter de leur trajectoire à long terme dans une petite économie ouverte comme le Canada si des chocs dûs à des récessions ou le taux de change ont lieu. Durant les années 1980 et les années 1990, les prix manufacturiers canadiens se sont écartés de leur tendance à long terme consistant à suivre les prix plus faibles aux États-Unis, et cette croissance a contribué à ralentir la contraction de la part manufacturière dans le PIB total au Canada.
Les variations cycliques des prix des marchandises et des taux de change ne sont pas les seuls facteurs qui ont eu une incidence sur la santé à long terme du secteur de la fabrication. La libéralisation du commerce a joué un rôle important. Le Pacte canado-américain de l’automobile de 1965 et l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (les négociations Kennedy de 1964 à 1967 et celles de Tokyo de 1973 à 1979) concernant les réductions des tarifs douaniers qui ont eu lieu durant les années 1960 et les années 1970 ont été suivis par la signature de l’Accord de libre-échange (ALE) avec les États-Unis en 1989 et celle de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) entre le Canada, le Mexique et les États-Unis en 1993.
Durant les vingt années ayant précédé la signature de l’ALENA, la part de la fabrication de biens durables était plus faible au Canada qu’aux États-Unis et l’écart entre les deux pays est demeuré constant pendant 30 ans. À l’arrivée de la récession de 1991, les parts relatives de biens durables et non durables étaient au même niveau qu’elles l’avaient été au début des années 1960.
Après l’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994, le secteur canadien de la fabrication a commencé à subir une transformation qui a engendré comme résultat que les parts des biens durables et des biens non durables du Canada ont concordé avec celles observées aux États-Unis, 2 , 3 (graphique 6). Les changements de parts étaient répandus, celles-ci augmentant dans la plupart des industries productrices de biens durables et diminuant dans presque chaque industrie productrice de biens non durables (tableau 3) 4
Dans certains cas, particulièrement dans les industries de biens durables, cette croissance était nouvelle. Ainsi, après 1994, les industries des produits minéraux non métalliques, des produits métalliques, des produits informatiques, des meubles et des produits divers de fabrication ont toutes observé un accroissement de leur part, ce qu’elles n’avaient pas connu durant les années 1980. Les industries des produits en bois et du matériel de transport, quant à elles, ont vu se poursuivre durant les années 1990 la tendance à la hausse de leur part, dont l’origine remontait à la fin des années 1970 (et dans le cas du matériel de transport, à l’entrée en vigueur du Pacte de l’automobile en 1965).
Les industries productrices de biens durables diffèrent à plusieurs égards de celles productrices de biens non durables. En premier lieu, leurs exportations ont toujours été plus importantes. L’ampleur des exportations de l’usine moyenne était au moins 50 % plus élevée dans les industries productrices de biens durables que dans celles produisant des biens non durables. Les industries de biens durables sont concentrées sur les marchés de l’exportation et ont bénéficié d’un accès supplémentaire aux marchés nord-américains grâce aux accords commerciaux. Le secteur des biens durables était aussi celui où les économies d’échelle étaient les plus importantes — il s’agissait d’industries où le ratio de la taille efficace minimale de l’usine à la taille de l’industrie était grand 5 .
Des industries comme celles du vêtement et du textile ont vu baisser régulièrement leur part de la fabrication. La part des industries des produits chimiques s’est contractée plus rapidement qu’auparavant, contrairement à ce qui a été observé aux États-Unis.
Après la débâcle des TIC, les parts des biens durables et des biens non durables relevées au Canada ont continué de concorder avec celles observées aux États-Unis. L’entrée en vigueur de l’ALENA a coïncidé avec un changement dans le secteur canadien de la fabrication qui s’est maintenu durant la récession de 2001, ainsi que pendant le boom des ressources qui a suivi.
Une diminution de la part de la production ne signifie pas nécessairement une baisse de production en terme absolu. De 1962 à 2005, la croissance en volume du secteur de la fabrication et du PIB total était à peu près la même. Fait plus important, le volume réel de la production manufacturière a augmenté au cours de toute la période étudiée. La croissance a été positive dans le secteur des biens non durables (le secteur qui a vu sa part diminuer), ainsi que dans celui des biens durables, dont la part était à la hausse.
Les résultats relativement meilleurs du Canada en ce qui concerne la part du PIB produite par le secteur de la fabrication tiennent principalement à une tendance différente des prix manufacturiers relatifs. La tendance à la baisse de ces prix au Canada a suivi celle observée aux États-Unis durant les années 1960 et au début des années 1970, mais s’est inversée durant les années 1980 et 1990. Cette période correspond étroitement avec les événements à l’origine de la dépréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain et qui ont atténué les pressions concurrentielles exercées sur les fabricants canadiens. Les résultats supérieurs du Canada constatés en utilisant comme mesure la part du PIB nominal, résultent principalement de ces fluctuations uniques des prix manufacturiers relatifs comparativement à d’autres pays durant une période de dépréciation du taux de change.
Au Canada, la production manufacturière n’a pas baissé relativement à l’économie prise dans son ensemble, autant que ce fut le cas dans de nombreux autres pays. En termes relatifs, le volume de la production manufacturière s’est maintenu au cours des 50 dernières années.
Ce progrès a été marqué par d’importantes fluctuations cycliques. Le secteur canadien de la fabrication s’est adapté et a fait preuve d’un ressort considérable face aux défis, que ceux-ci aient été posés par des changements de la demande, des variations des prix relatifs ou la modification des régimes tarifaires. Au cours des 28 dernières années, les fabricants ont fait face à plusieurs récessions en Amérique du Nord, à la libéralisation du commerce, y compris l’entrée en vigueur de l’ALE et de l’ALENA, et au plus grand boom des ressources depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lequel a précipité une variation spectaculaire des prix relatifs des produits et des intrants. Durant tous ces événements, confrontés à une concurrence internationale intense et à la hausse des prix des ressources, les fabricants ont accru leur productivité et transformé la structure du secteur de la fabrication afin de l’harmoniser avec celle des États-Unis, modifiant la production vers un plus grand volume de biens durables et un plus petit volume de biens non durables.
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