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par Mohan B. Kumar et Teresa Janz
Introduction
Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude
La pêche est une activité courante chez les Métis
Cueillette de plantes sauvages
Les Métis vivant dans des régions rurales sont plus susceptibles de consommer des aliments traditionnels que ceux qui vivent dans des régions urbaines
Les jeunes Métis étaient plus susceptibles que les Métis plus âgés de faire de l’art ou de l’artisanat traditionnel
La présence à des événements culturels métis est plus courante dans les Territoires du Nord-Ouest, au Manitoba et en Saskatchewan
Les répondants âgés de 35 ans et plus étaient plus susceptibles d’être membres d’organismes métis
Un grand nombre de Métis adultes sont très ou modérément spirituels ou religieux
Le cri est la langue autochtone utilisée le plus souvent par les Métis
Près du quart des Métis en Saskatchewan parlent des langues autochtones
Les Métis plus âgés sont plus susceptibles de parler une langue autochtone et plus susceptibles de bien la parler
Résumé
Le Canada est un pays multiculturel. L’une des riches sources de notre patrimoine culturel provient des Autochtones1. Même si des difficultés peuvent surgir lorsque nous tentons de comprendre nos propres antécédents culturels et ceux des autres, la diversité culturelle peut offrir de formidables occasions pour la croissance personnelle et une « évolution sociale positive »2. Une meilleure compréhension de la culture d’une autre personne peut accroître notre compréhension d’autres façons d’« être » dans le monde, et réduire la possibilité de malentendus.
Mais que signifie le terme « culture »? Dans un résumé de certaines des recherches qui ont été faites sur la culture, Matsumoto et Juang décrivent la façon très générale dont ce terme est utilisé dans la langue de tous les jours et dans la recherche, et mentionnent qu’il peut s’appliquer à des activités et comportements, à l’histoire ou au patrimoine, et aux normes ou structures organisationnelles qui régissent le comportement3. La culture peut également toucher de nombreux aspects de nos vies, notamment notre alimentation et notre habillement, les activités individuelles et familiales, la musique et la spiritualité.
Même s’il n’existe pas de définition de la culture qui soit universellement acceptée, selon l’une des définitions la culture est [traduction] : « un système unique d’interprétation et d’information commun à un groupe et transmis d’une génération à l’autre, qui permet au groupe de répondre à des besoins essentiels de survie, de rechercher le bonheur et le bien-être, et de trouver un sens à la vie4». Toutefois, cette définition ne reconnaît pas que dans le cas de nombreux Autochtones, la culture ne peut être définie indépendamment d’autres facteurs, comme une entité séparée, car elle est la vie elle-même — un concept qui englobe tout5,6. Par conséquent, la culture peut avoir une incidence sur la santé et le bien-être des personnes autochtones.
L’un des moyens utilisés pour établir un lien entre la culture et le bien-être a été la « continuité culturelle ». La transmission du patrimoine culturel d’une génération à l’autre ainsi que les moyens par lesquels la transmission se fait constituent la continuité culturelle7. Selon les recherches effectuées sur la continuité culturelle, la culture est importante car elle peut faciliter l’acquisition d’une identité personnelle et contribuer à la santé psychologique, prévenant ainsi les comportements autodestructeurs et suicidaires8,9.
Jusqu’ici, la recherche effectuée sur la continuité culturelle chez les Autochtones a surtout ciblé les collectivités des Premières nations, et le concept a été décrit comme le lien qu’entretiennent les individus avec leur propre passé culturel, et leurs idées au sujet de ce qu’ils pourraient devenir dans l’avenir10. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la continuité culturelle, notamment la connaissance d’une langue autochtone, les revendications territoriales, l’autonomie gouvernementale, l’existence d’installations culturelles, et l’accès à des services d’enseignement, de santé, de police et d’incendie adaptés aux différences culturelles. Les collectivités des Premières nations qui cultivent la continuité culturelle développent chez leurs jeunes un solide sentiment d’autocontinuité personnelle, ou le sentiment d’une persistance personnelle au fil du temps, ce qui les protège contre des comportements autodestructeurs11,12. Toutefois, on a fait très peu de recherches sur la continuité culturelle dans la population métisse.
Même si « culture » signifie beaucoup de choses pour tellement de gens, on examine dans le présent rapport que quelques-uns des éléments qui s’appliquent à la population métisse — laquelle inclut environ 389 785 répondants qui ont déclaré être Métis dans le Recensement de 2006. Pour le présent article, les éléments culturels sont limités aux questions qui ont été posées dans l’Enquête auprès des peuples autochtones et dans le Supplément destiné aux Métis de 2006 (voir « Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude »). Le but de cet article est d’explorer les activités culturelles courantes de la population métisse, et d’améliorer la compréhension de la continuité culturelle chez les Métis en particulier. Plus précisément, on y analyse la participation à des activités traditionnelles (p. ex., chasse, pêche, piégeage et cueillette de plantes sauvages), l’art ou l’artisanat traditionnel, la participation à des réunions d’organismes métis et à des activités culturelles propres aux Métis, la consommation d’aliments traditionnels et les pratiques spirituelles et religieuses. L’acquisition et l’utilisation d’une langue autochtone sont également examinées.
À propos du questionnaire de l’Enquête auprès des peuples autochtones et du Supplément destiné aux Métis
L’Enquête de 2006 auprès des peuples autochtones (EAPA) fournit un ensemble détaillé de données sur les adultes de 15 ans et plus et les enfants de 6 à 14 ans qui sont des Métis, des Inuits et des membres des Premières nations vivant hors réserve, dans des régions urbaines, rurales et nordiques de tout le Canada. Elle a été réalisée entre octobre 2006 et mars 2007. Des interviews sur place ont été menées dans des collectivités inuites, dans les Territoires du Nord-Ouest (à l’exception de Yellowknife) et dans d’autres régions éloignées, alors que des interviews téléphoniques ont été menées ailleurs. Le taux de réponse global pour l’Enquête auprès des peuples autochtones a été de 80,1 %.
Le présent document porte plus particulièrement sur les Métis âgés de 15 ans et plus. La population métisse inclut ceux qui se sont déclarés uniquement Métis, ainsi que ceux qui se sont déclarés Métis et Inuits ou Métis et Indiens de l’Amérique du Nord. Les données de cette étude incluent seulement les Métis vivant hors réserves, sauf dans les trois territoires, où la population sur réserves est incluse. Les personnes vivant en institution sont aussi exclues.
L’enquête a été élaborée par Statistique Canada en partenariat avec les organismes autochtones nationaux suivants : Congrès des Peuples Autochtones, Inuit Tapiriit Kanatami, Ralliement national des Métis, Association nationale des centres d’amitié et Association des femmes autochtones du Canada. Les ministères fédéraux suivants ont parrainé l’EAPA de 2006 : Affaires indiennes et du Nord Canada, Santé Canada, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, Société canadienne d’hypothèques et de logement et Patrimoine canadien.
Supplément destiné aux Métis
Le Supplément destiné aux Métis a été conçu spécifiquement pour la population métisse, et le questionnaire a été administré à des répondants de 15 ans et plus qui ont déclaré être Métis ou d’ascendance métisse. Le questionnaire du Supplément a été mis au point par des organismes métis, en collaboration avec Statistique Canada. On pose dans le Supplément une gamme très variée de questions concernant les antécédents familiaux, le bien-être des enfants, l’interaction sociale et la santé (pour plus de renseignements, voir Enquête auprès des peuples autochtones de 2006 et Supplément destiné aux Métis, et Enquête auprès des peuples autochtones, 2006 : Guide des concepts et méthodes.
Tout au long de leur histoire, les Métis se sont adonnés à des activités traditionnelles comme la pêche, la chasse et le piégeage13,14. Les Métis ont aussi joué un rôle prédominant dans le commerce des fourrures15. Aujourd’hui, un grand nombre de Métis vont encore à la pêche et à la chasse et pratiquent le piégeage16.
La pêche est une activité traditionnelle très courante chez les Métis. En 2006, environ 40 % des Métis adultes étaient allés à la pêche au cours des 12 mois précédents. La plupart des Métis pêchaient pour le plaisir (87 %) ou à des fins alimentaires (74 %). Les jeunes Métis étaient plus susceptibles que leurs homologues plus âgés d’être allés à la pêche. Par exemple, 46 % des Métis âgés de 15 à 19 ans étaient allés à la pêche dans les 12 mois précédant l’enquête, comparativement à 24 % des Métis âgés de 65 ans et plus (graphique 1). Les femmes métisses et les Métis vivant en région urbaine étaient moins nombreux à s’être adonnés à cette activité comparativement aux hommes métis ou à ceux qui vivaient dans une région rurale.
En 2006, 15 % de tous les Métis adultes étaient allés à la chasse dans les 12 mois précédents, et la plupart ont déclaré chasser à des fins alimentaires (89 %) ou pour le plaisir (64 %). On relevait des différences entre les régions et les sexes. À peu près le quart des Métis des régions rurales chassaient comparativement à 10 % des Métis des régions urbaines. Environ 1 homme métis sur 4 était allé à la chasse comparativement à moins de 1 femme métisse sur 10 (données non indiquées).
Dans le passé, les Métis pratiquaient beaucoup le piégeage, mais en 2006 seulement 2 % des Métis s’étaient adonnés à cette activité au cours des 12 mois précédents. On ne relevait pas de différences d’âge significatives entre les Métis qui s’étaient adonnés au piégeage au cours des 12 mois précédents (graphique 1). Le piégeage était plus courant chez les hommes métis et chez ceux qui vivaient dans une région rurale. Parmi les Métis qui avaient piégé, certains ont déclaré l’avoir fait, entre autres, pour le plaisir (52 %), à des fins alimentaires (45 %) et à des fins commerciales (39 %).
Graphique 1 La pêche est l'activité traditionnelle la plus répandue chez les Métis adultes en 2006
En 2006, près de 3 Métis sur 10 (29 %) ont indiqué qu’ils avaient cueilli des plantes sauvages (p. ex., baies, riz sauvage ou foin d’odeur) au cours des 12 mois précédents. Ceux de 65 ans et plus (18 %) étaient moins susceptibles de cueillir ce genre de végétation que les plus jeunes (graphique 1). Fait peu étonnant, les Métis vivant dans des régions rurales étaient plus nombreux à avoir cueilli des plantes sauvages que les Métis vivant en milieu urbain (41 % contre 25 %). Les hommes et les femmes métis étaient tout aussi susceptibles d’affirmer qu’ils avaient cueilli des plantes sauvages.
La consommation d’aliments traditionnels représente des liens importants avec les aspects sociaux et culturels de la vie des Autochtones17,18. Chez les Métis, les aliments traditionnels et les activités connexes ont toujours resserré les liens avec la culture et la collectivité métisses19. Par le passé, le partage de viande sauvage et d’aliments de première nécessité était très courant dans les collectivités métisses20.
En 2006, presque 1 Métis sur 5 (17 %) a déclaré avoir « souvent » consommé du gibier, comme l’orignal, le caribou, l’ours, le cerf et le bison, alors que 35 % ont indiqué qu’ils en avaient mangé « quelques fois » dans l’année précédant l’enquête (tableau 1).
Les hommes métis (21 %) étaient plus susceptibles que les femmes métisses de manger souvent du gibier (14 %). Les Métis en milieu rural (29 %) étaient deux fois plus nombreux à manger régulièrement du gibier comparativement aux Métis en milieu urbain (13 %). Cette constatation est compatible avec la conclusion selon laquelle les Métis des régions rurales sont plus susceptibles de chasser que les Métis des régions urbaines.
Les Métis vivant dans les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et Terre-Neuve‑et-Labrador étaient plus nombreux à avoir souvent consommé du gibier comparativement à leurs homologues dans d’autres provinces (tableau 1).
Dans l’ensemble, environ 1 Métis sur 5 a déclaré qu’il mangeait souvent du poisson d’eau douce. Le taux de fréquence de la consommation de poisson d’eau douce était plus élevé parmi les groupes plus âgés et parmi ceux qui vivaient en région rurale. De même, les Métis plus âgés mangeaient plus souvent du poisson d’eau salée que leurs homologues plus jeunes.
En 2006, environ 4 % des Métis ont affirmé qu’ils consommaient souvent du gibier à plumes, et un pourcentage plus faible d’entre eux (2 %) mangeaient souvent du petit gibier, comme le lièvre et le rat musqué. Fait peu étonnant, les Métis dans les régions rurales étaient plus susceptibles d’avoir souvent mangé ce type de gibier. Par exemple, environ 1 Métis sur 10 habitant dans une région rurale mangeait souvent du gibier à plumes comparativement à 3 % de ceux qui habitaient dans des régions urbaines.
Pendant l’année précédant l’enquête, près de 1 Métis sur 5 (17 %) avait souvent consommé des baies ou d’autres plantes sauvages (p. ex., riz sauvage), et environ 1 sur 10 (12 %) avait souvent mangé du bannock ou du pain frit (tableau 1).
L’art et l’artisanat ont toujours fait partie des activités culturelles et économiques menées par les Métis21. Ces activités comprenaient, notamment, la couture, les travaux d’aiguille, la fabrication de jouets22, le perlage, le tissage et la broderie23.
En 2006, 13 % de tous les Métis adultes (15 ans et plus) faisaient de l’art ou de l’artisanat traditionnel. On notait d’importantes différences entre les groupes d’âge. Les Métis plus jeunes étaient plus susceptibles de s’adonner à des activités de ce genre comparativement aux Métis plus âgés. Par exemple, les Métis âgés de 15 à 19 ans étaient plus nombreux à faire de l’art et de l’artisanat traditionnel (17 %) que ceux qui étaient âgés de 65 ans et plus (9 %) (graphique 2).
Les genres d’art ou d’artisanat les plus courants mentionnés par les Métis comprenaient le perlage (33 %), la peinture (18 %) et le travail sur cuir (14 %). En général, les femmes métisses étaient plus susceptibles que les hommes métis de s’adonner à des activités de ce genre (16 % contre 10 %). Toutefois, certaines de ces activités sont très particulières à chacun des sexes, de sorte qu’il ne faut pas s’étonner des fortes différences entre les sexes relevées dans certains types d’activités. Les femmes métisses étaient plus enclines que les hommes métis à s’adonner au perlage (44 % contre 14 %) et à la couture (11 % contre 5 %). Par ailleurs, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de faire de la sculpture (18 % contre 4 %) et des travaux de menuiserie (12 % contre 3 %). On ne relevait pas de différences entre les sexes dans le cas du travail sur cuir, de la poterie, du tissage, de la sculpture, de la peinture ou de la broderie.
Graphique 2 Un Métis adulte sur huit participe à l'art ou à l'artisanat traditionnel en 2006
Un grand nombre d’Autochtones maintiennent des liens avec leur spiritualité, leurs traditions et leur culture en participant à des powwows, des cérémonies de la suerie, des activités d’organisations autochtones sociales et politiques, et d’autres activités traditionnelles. Alors qu’il existe des données probantes sur les pratiques métisses visant à maintenir les liens culturels24,25, sociaux et politiques26,27 au moyen de célébrations (Journée nationale des Métis, charivaris, Journée de Louis Riel28), il n’existe aujourd’hui que peu d’information sur les Métis dans tout le Canada. Pour commencer à combler cette lacune de connaissances, les sections qui suivent explorent la participation des Métis à des organisations culturelles, sociales et politiques, y compris leurs pratiques religieuses et spirituelles.
En 2006, environ le quart (26 %) de tous les Métis au Canada ont déclaré avoir été présents à un événement métis (activité culturelle, festival, pèlerinage, ou spectacle d’un artiste métis) au cours des 12 mois précédents. Un Métis sur cinq (18 %) avait été présent à un événement métis il y avait cinq ans ou plus. Par contraste, environ 30 % de tous les Métis au Canada n’avaient jamais été présents à un événement métis. La présence était plus élevée dans certains secteurs de compétence. Juste un peu plus de 40 % de tous les Métis habitant dans les Territoires du Nord-Ouest avaient été présents à un événement culturel métis au cours des 12 mois précédents, comparativement à environ 35 % en Saskatchewan et au Manitoba.
En 2006, 17 % des Métis âgés de 15 ans et plus ont indiqué être membres d’un organisme culturel, social ou politique métis. Les adultes métis âgés de 35 ans et plus étaient plus susceptibles d’être membres que les répondants âgés de 15 à 34 ans (20 % contre 12 %) De même, les Métis habitant dans des régions rurales étaient plus nombreux à être membres d’organismes métis comparativement aux Métis habitant dans des régions urbaines (données non montrées). Parmi les membres, 27 % avaient participé « régulièrement » aux réunions ou activités de ces organismes (graphique 3). Ceux de 25 à 34 ans étaient les moins susceptibles de tous les groupes d’âge d’y avoir participé régulièrement (15 %).
Les gens peuvent aussi participer à des activités spirituelles et religieuses pour se sentir rattachés à la collectivité. Pour un grand nombre de Métis, la spiritualité et la conviction religieuse jouent un grand rôle dans le maintien d’un état holistique optimal de santé et de bien-être29. De nombreux Métis ont combiné le spiritualisme autochtone traditionnel et le catholicisme30. Par exemple, environ 1 Métis sur 5 (21 %) se considère comme étant « très » spirituel ou religieux, et une autre proportion d'entre eux (43 %) se considèrent comme étant « modérément » spirituels ou religieux. À l’autre extrémité de l’échelle, environ 1 Métis sur 5 ne se considère pas comme étant très spirituel ou religieux, et un autre 1 sur 10 ne se considère pas du tout spirituel ou religieux.
Les Métis ont des pratiques spirituelles et religieuses très diverses. Par exemple, certains Métis préservent leur bien-être religieux ou spirituel au moyen de la prière (36 %), de l’assistance aux offices religieux (30 %), de la méditation (20 %), de discussions avec les aînés (15 %), de la participation à des pèlerinages (5 %) ou à des cérémonies de sudation (4 %). Juste un peu plus de 20 % de tous les Métis avaient recours à d’« autres » moyens pour maintenir leur bien-être religieux ou spirituel.
On s’est aussi servi de la connaissance d’une langue autochtone pour mesurer la continuité culturelle. Les Métis des Prairies ont traditionnellement parlé plusieurs des langues des Premières nations, ainsi qu’une langue très distincte, le michif, qui est une langue composite dérivée du français et du cri31,32. L’utilisation de ces langues contribuerait à solidifier la relation entre les Métis et la terre, l’eau et les aliments33.
Selon l’Enquête de 2006 auprès des peuples autochtones (EAPA), 10 % des Métis âgés de 15 ans et plus parlaient une langue autochtone. Tous les Métis qui parlaient une langue autochtone parlaient également au moins une des langues officielles : 88 % parlaient l’anglais, 1 %, le français, et 11 %, l’anglais et le français.
Même si seulement une minorité des Métis en 2006 parlaient une langue autochtone, bon nombre considéraient qu’il était important d’apprendre, de réapprendre et de conserver leur langue autochtone. En 2006, 48 % des Métis adultes ont indiqué qu’il était « très important » ou « assez important » pour eux d’apprendre, de réapprendre ou de conserver leur langue autochtone. Un grand nombre de Métis (39 %) ont aussi mentionné qu’il était très important ou assez important que leurs enfants apprennent une langue autochtone.
Parmi les Métis qui parlaient une langue autochtone, le cri était la langue la plus souvent parlée à 64 %, suivi de l’oijibway (10 %) et du michif (7 %).
En 2006, la plus forte proportion de Métis adultes qui parlaient une langue autochtone se trouvait en Saskatchewan (24 %), une proportion significativement plus élevée que celle de 16 % en Alberta. Au Manitoba et en Colombie-Britannique, environ la même proportion de Métis adultes parlaient une langue autochtone (8 % et 6 % respectivement).
On relevait également des différences régionales considérables dans le type de langues autochtones parlées par les Métis partout au Canada (graphique 4). Par exemple, presque tous les Métis de l’Alberta (87 %) qui pouvaient parler une langue autochtone parlaient le cri, alors qu’en Saskatchewan et en Colombie-Britannique, plus de 6 sur 10 parlaient le cri. Au Manitoba, on ne relevait pas de différences statistiquement significatives dans la probabilité que des Métis parlent le cri (48 %) ou l’ojibway (32 %). En Ontario, parmi ceux qui pouvaient parler une langue autochtone, la langue prédominante était l’ojibway (46 %) et 17 % parlaient le cri.
En 2006, les Métis habitant dans des régions urbaines et dans des régions rurales étaient tout aussi susceptibles de déclarer qu’ils pouvaient parler une langue autochtone. Toutefois, les Métis habitant dans des régions rurales qui parlaient une langue autochtone étaient deux fois plus nombreux à affirmer qu’ils parlaient « très bien » cette langue, comparativement à ceux qui vivaient dans des régions urbaines (32 % contre 14 %).
En général, parmi les Métis adultes de moins de 65 ans, environ 1 sur 10 a déclaré qu’il parlait une langue autochtone. Les Métis de plus de 65 ans étaient plus susceptibles de parler une langue autochtone (16 %).
Parmi les jeunes Métis (15 à 19 ans) qui pouvaient parler une langue autochtone, 18 % ont déclaré qu’ils la parlaient « très bien » ou « relativement bien ». Un pourcentage sensiblement plus élevé de Métis âgés de 65 ans et plus qui pouvaient parler une langue autochtone ont dit qu’ils pouvaient la parler « très bien » ou « relativement bien » (67 %).
Les Autochtones du Canada ont un patrimoine riche et diversifié sur le plan culturel. Un examen de certains aspects de la culture métisse peut fournir des occasions de mieux comprendre et d’apprécier la culture d’un groupe distinct de personnes au sein de la population autochtone.
On a mis au point un indice de la continuité culturelle pour les membres des Premières nations. Même s’il n’existe pas un indice de ce genre pour les Métis, on examine dans le présent article des indicateurs possibles de la continuité culturelle chez les Métis, comme la participation à des activités traditionnelles, y compris la chasse, la pêche et le piégeage, et la connaissance d’une langue autochtone.
Parmi les méthodes traditionnelles de chasse et de cueillette de plantes sauvages, la pêche était l’activité la plus courante. Environ 40 % des Métis étaient allés à la pêche pendant l’année précédant l’enquête, et environ 10 % étaient allés à la chasse.
Les Métis participaient également à d’autres activités traditionnelles, comme la cueillette de plantes sauvages et la création d’objets d’art et d’artisanat. Le perlage et la peinture étaient le genre d’art et d’artisanat traditionnel le plus populaire parmi les Métis.
Environ le quart des Métis adultes avaient été présents à un événement culturel ou social métis, et environ 20 % étaient membres d’un organisme culturel, social ou politique métis.
Dans l’ensemble du Canada, 1 Métis sur 10 parlait une langue autochtone. La langue autochtone la plus souvent parlée chez les Métis variait selon la région : en Alberta, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique, c’était le cri; au Manitoba, c’était le cri et l’ojibway; et en Ontario, c’était l’ojibway.
Il ressort également des résultats que toute analyse des activités culturelles « communes » doit être effectuée dans un contexte qui tient compte du milieu de la personne. Par exemple, les Métis qui créaient des objets d’art et d’artisanat traditionnels étaient plus susceptibles d’être jeunes, alors que les Métis plus âgés étaient plus susceptibles d’être membres d’un organisme métis et de parler une langue autochtone. En outre, un examen plus approfondi de l’art et de l’artisanat a révélé que certaines de ces activités étaient particulières à chacun des sexes — le perlage étant courant chez les femmes, et la sculpture et la menuiserie étant courantes chez les hommes.
Mohan B. Kumar et Teresa Janz sont des analystes à la Division de la statistique sociale et autochtone. Mohan B. Kumar est aussi un agent de recherche au Centre Métis de l’Organisation nationale de la santé autochtone.