Partir en vacances : les bienfaits escomptés des voyages d’agrément
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par Susan Crompton et Leslie-Anne Keown
Pourquoi les Canadiens voyagent-ils pour le plaisir?
Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude
« Famille et amis » et « repos et détente » : pour certains, cela va de pair; pour d’autres, c’est un compromis
Les enfants influent sur la famille et les amis et la situation d’emploi, sur le repos et la détente
Les bienfaits qu’escomptent les voyageurs déterminent leur destination
Apprentissage et découverte : l’aventure avant tout
Récapitulatif
Pendant des siècles, voyager pour le plaisir était un luxe réservé aux plus fortunés. Mais, avec l’augmentation du revenu moyen ainsi que la contribution de l'automobile et de l'avion à la réduction des distances, le début du 20e siècle a marqué, pour ainsi dire, l’accès de presque toutes les couches de la société à la possibilité de voyager pour le plaisir1.
Alors que plus de trois Canadiens adultes sur quatre prennent des vacances, ne serait-ce que pour quelques jours2, les voyages d’agrément sont devenus une véritable industrie d’envergure. Les Canadiens dépensent des dizaines de milliards de dollars au Canada et plus encore dans les autres pays3. Ces dépenses génèrent des recettes pour le gouvernement qui se chiffrent elles aussi en milliards, principalement au chapitre des ventes, de l’emploi et de l'impôt des sociétés4.
Au cours des quelque douze derniers mois, néanmoins, l’industrie du tourisme a observé un déclin, et cette tendance ne laisse pas présager d’amélioration en 20095. Un sondage effectué en décembre 2008 sur les intentions en matière de dépenses de consommation, place les budgets vacances au second rang des réductions de budget les plus courantes en 20096. Entretemps, l’expression « stay-cation » (vacances à la maison) semble traduire une tendance croissante dans les décisions actuelles en matière de vacances7.
Quoi qu’il en soit, rien ne garantit que ces intentions deviendront réalité. Plusieurs décennies de recherche sur le tourisme concluent d’une façon générale que les bienfaits escomptés des voyages d’agrément constituent de meilleures variables révélatrices du comportement des consommateurs en matière de voyages que leurs revenus ou toute autre caractéristique sociodémographique8,9. Les gens voyagent pour le plaisir parce qu’ils veulent échapper à la routine du quotidien, se sentir rajeunis, atteindre statut et prestige, faire des rencontres, apprendre quelque chose, ou simplement admirer le paysage10. Et ces bienfaits liés au plaisir peuvent se révéler des facteurs de motivation nettement plus efficaces pour les adeptes de voyages que la seule notion de coût.
Bien que ces bienfaits aient été repérés dans le cadre d’études antérieures, le présent article enrichit la discussion en quantifiant leur valeur. En mesurant leur ampleur sur un indice en huit points, il nous est possible de comparer la valeur d’un bienfait pour différents types de voyageurs; il nous est par ailleurs possible de comparer cette valeur à celle d’un autre bienfait. En outre, compte tenu de la multitude de raisons pour lesquelles les Canadiens prennent des vacances ou font des voyages d'agrément, il nous est possible de repérer la corrélation entre différents bienfaits et d’analyser ces derniers par paires plutôt qu'individuellement. Nous espérons, à terme, que ces conclusions seront utiles à l’industrie du tourisme au Canada.
À partir des données l’Enquête sur les activités touristiques et les préférences en matière de voyages de 2006, le présent article examine les trois principaux bienfaits liés aux voyages d'agrément : repos et détente (indice détente); entretien des liens avec la famille et les amis (indice famille/amis); et apprentissage et découverte (indice découverte). La population observée est limitée aux voyageurs de plus de 25 ans, qui vivent en couple, seuls, ou dans une famille avec des enfants de moins de 18 ans. (Consulter l'encadré « Ce qu'il faut savoir au sujet de la présente étude » pour connaître les définitions et concepts.)
Les voyageurs canadiens escomptent trois bienfaits principaux de leurs vacances ou de leurs voyages d’agrément. Le premier bienfait porte simplement sur le repos et la détente (indice détente), avec pour objectif principal un détachement de l’environnement quotidien, la détente et le soulagement des tensions, et l’absence de « programme ». Sur une échelle de 0 à 8, où toute valeur égale ou supérieure à 6,0 est définie comme « très importante », le résultat global moyen se rapportant à l’indice détente est de 6,2. Le bienfait détente obtient le résultat moyen le plus élevé des trois bienfaits explorés. En effet, près des deux tiers des voyageurs adultes déclarent que ce bienfait est très important dans un voyage d’agrément (graphique 1).
Le deuxième type de bienfait porte sur l’entretien des liens avec la famille et les amis (indice famille/amis). Dans ce cas, l’un des principaux objectifs du voyage est de maintenir les liens familiaux, d’enrichir la relation du voyageur avec son conjoint ou sa conjointe et ses enfants, d’accumuler des souvenirs mémorables et de raviver des liens personnels avec des personnes autres que la famille. Le résultat global moyen obtenu sur l’indice pour la famille et les amis est de 5,2 sur 8,0 points, avec près de la moitié des voyageurs adultes qui jugent ce bienfait tiré des voyages d’agrément comme très important.
Le troisième type de bienfait porte sur l’apprentissage et la découverte (indice découverte). Les voyageurs sont en quête d’expériences nouvelles et différentes, ils veulent découvrir l’histoire ou d’autres cultures et d’autres lieux, ils cherchent à enrichir leur perspective sur la vie et à stimuler leur intellect. Seuls un peu plus du quart des voyageurs accordent une valeur très importante à ce bienfait, qui obtient un résultat global moyen de 4,4, soit une valeur relativement faible comparativement aux deux autres bienfaits.
Il est certainement possible de chercher à obtenir plusieurs bienfaits d’un seul et même voyage d’agrément, et il ne fait aucun doute que c’est là l’objectif de nombreux voyageurs11. Il existe une corrélation positive, légère à modérée, entre les bienfaits « famille et amis » et « repos et détente » : au fur et à mesure qu’augmente l'importance de la famille et des amis, celle du repos et de la détente observe la même courbe croissante. Il existe par ailleurs un lien positif entre « famille et amis » et « apprentissage et découverte », mais il n’y en a aucun entre ce dernier bienfait et celui du repos et de la détente (graphique 2).
Graphique 2
Il existe une corrélation faible à modérée entre les liens familiaux et amicaux et d'autres bienfaits de voyage
Nous allons approfondir ces corrélations et aborder ensemble la paire de bienfaits « famille et amis » et « repos et détente » liés aux voyages. Nous examinerons ensuite les adultes qui décrivent l’apprentissage et la découverte comme un bienfait essentiel dans la planification de leurs vacances ou de leurs voyages d’agrément.
Les données de cette étude sont extraites de l’Enquête sur les activités touristiques et les préférences en matière de voyages (EAPV) réalisée en 2006. L’EAPV a été effectuée par Statistique Canada pour le compte de la Commission canadienne du tourisme, de trois organismes fédéraux et de neuf organismes et ministères provinciaux et territoriaux responsables du tourisme. Les voyageurs y sont définis comme des personnes ayant déclaré avoir fait un voyage d'au moins une nuit à l’extérieur de la ville, au cours des deux années précédant l'enquête.
Le présent article est fondé sur un échantillon d’environ 15 000 répondants dans le cadre de l’EAPV, représentant plus de 11,3 millions de voyageurs canadiens de plus de 25 ans. La population observée comprend des voyageurs qui vivent dans une famille avec des enfants de moins de 18 ans, qui vivent seulement avec un conjoint, ou qui vivent seuls. L’échantillon est limité aux adultes de plus de 25 ans, plus susceptibles que les adultes plus jeunes de prendre les décisions déterminantes en matière de voyages d’agrément, notamment quant à la destination et au budget s'y rapportant. Environ 3 000 répondants, représentant à peine plus de 3,6 millions de voyageurs qui vivent avec des enfants de 18 ans et plus, ou avec des personnes en dehors de la famille immédiate (à savoir les grands-parents, beaux-parents ou autres parents proches) sont également exclus de cette étude du fait qu’il est impossible d’envisager l’hypothèse selon laquelle ces membres de la famille voyagent ensemble, ce qui rendrait difficile l’interprétation de l’incidence de la structure familiale sur les motifs de voyage.
Définitions
Voyageurs : personnes de 25 ans et plus ayant pris des vacances ou fait un voyage assorti d’au moins une nuit à l’extérieur, au cours des deux dernières années.
Structure de la famille : la population observée comprend des voyageurs de quatre types fondamentaux de structure familiale :
Deux conjoints mariés ou en union libre avec enfants de moins de 18 ans vivant à la maison (famille époux-épouse avec enfants).
Personne seule avec enfants de moins de 18 ans vivant à la maison (famille monoparentale).
Personne mariée ou en union libre sans enfants vivant à la maison (couple).
Personne vivant seule (personne solo).
L’analyse préliminaire a révélé que l’âge est un facteur principal dans la probabilité d'entreprendre un voyage d'agrément; nous avons par conséquent divisé les types de familles « solo » et « couple » en deux groupes d’âge — 25 à 54 ans et plus de 55 ans. Les voyageurs avec enfants n’ont pas fait l’objet d’une subdivision par âge, du fait que 97 % d’entre eux étaient âgés de 25 à 54 ans.
Bienfaits liés aux voyages
Les répondants ont été interrogés sur à peu près 15 bienfaits particuliers associés aux voyages, auxquels ils devaient attribuer une valeur 0 « aucune importance », 1 « une certaine importance », ou 2 « très important ». Conformément à la procédure établie dans la documentation relative aux voyages1,2,3, nous avons effectué une analyse factorielle visant à repérer les bienfaits particuliers les plus recherchés et à les regrouper sous la forme de thèmes généraux. En fonction des résultats, il nous a été possible de restreindre 11 des 15 questions à trois indices de bienfaits liés aux voyages, lesquels sont décrits ci-après4 :
Repos et détente (indice détente) : vous détacher de votre environnement quotidien; vous détendre et soulager les tensions; vivre sans programme (faire ce que vous voulez, quand vous le voulez).
Liens avec la famille et les amis (indice famille) : maintenir les liens familiaux; enrichir vos relations avec votre conjoint/conjointe, votre partenaire ou vos enfants; revenir avec des souvenirs mémorables, raviver les liens personnels avec des personnes autres que la famille.
Apprentissage et découverte (indice découverte) : voir ou faire quelque chose de nouveau et de différent; découvrir l’histoire, d’autres cultures ou d’autres lieux; enrichir votre perspective sur la vie; stimuler votre esprit ou votre intellect.
Le modèle
Nous avons appliqué des modèles de régression linéaire utilisant l’indice de bienfait comme variable dépendante. Les coefficients étaient estimés en fonction d’une régression pondérée qui utilisait les poids de l’EAPV, avec une estimation de la variance selon la méthode du bootstrapping. Les coefficients sont non normalisés; la signification statistique a été calculée à p < 0,01 (intervalle de confiance à 99 %). Les variables des modèles comprenaient les caractéristiques sociodémographiques et économiques des voyageurs, ainsi qu’un ensemble de déterminants de destinations. Voir le tableau 1 pour une liste complète des variables utilisées dans les modèles.
Pour les lecteurs désirant mettre en application les résultats du modèle, les coefficients peuvent être interprétés de manière additive comme dans l’exemple suivant. Commencer avec le pointage de base de l’indice en question et ajouter par la suite les variables requises. Ainsi, il est possible d’ajouter le pointage de base sur l’indice famille (3,36) pour une femme (0,19) avec conjoint et enfants de moins de 18 ans (1,05) ayant un revenu du ménage de 60 000 $ à 99 999 $ (‑0,03), un diplôme d’études secondaires seulement (0,00) et un emploi à temps plein (‑0,11) qui arrive à 6,0 sur l’indice détente (0,61) et qui recherche une destination offrant beaucoup d’activités pour les enfants (0,62), offrant une langue ou une culture familière (0,16), offrant la sécurité (0,30). Le résultat total sur l’indice famille de cette personne hypothétique est 6,15.
Limites des données
Compte tenu de la façon dont les données ont été recueillies dans le cadre de l'EAPV, il ne nous est pas possible de déterminer la durée des voyages d'agrément entrepris; par exemple, il ne nous est pas possible de faire la distinction entre un voyage de trois semaines en Europe et une expédition d'une nuit en camping. Par ailleurs, bien que nous connaissions les destinations des voyageurs au cours de la période d’enquête de deux ans, nous ne sommes pas en mesure de déterminer la destination d’un voyage en particulier. Ces limites signifient qu’il nous est impossible de faire correspondre les bienfaits du voyage à des destinations particulières ou à différents types de voyages, et que nous ne pouvons, par conséquent, déterminer par exemple, si les voyages de repos et de détente tendent à représenter des vacances plus longues prises à l’étranger ou si les voyages visant à renforcer les liens avec la famille et les amis représentent des visites plus courtes, effectuées pour l’essentiel au Canada.
Les voyageurs canadiens de 25 ans et plus considèrent le repos et la détente comme essentiels lorsqu’ils prennent des vacances ou font un voyage d’agrément. Le maintien et le renforcement des liens avec la famille et les amis sont également perçus comme importants dans ce contexte.
Quoi qu’il en soit, les bienfaits liés à l’absence d’un programme particulier en matière de repos et de détente sont plus importants pour certains voyageurs que pour d’autres; on observe la même tendance au chapitre des bienfaits liés aux relations avec la famille et les amis. On peut s’attendre à ce qu’à la base, les préférences des voyageurs — exprimées en nombre de points pour chaque indice de bienfait — soient influencées par leurs caractéristiques sociodémographiques, notamment l’âge, la structure de la famille et le niveau de scolarité12,13,14.
La structure familiale constitue l’exemple le plus clair des différents choix exercés par les voyageurs d’origines sociales différentes. Autrement dit, lorsque les voyageurs qui ont des enfants à la maison partent en vacances ou font un voyage d'agrément, leur objectif est tant de resserrer les liens avec la famille et les amis que de se reposer et de se détendre, et ce, d'une façon plus marquée que chez les autres voyageurs. Ils obtiennent un résultat de 5,6 sur l’indice famille, et un résultat de 6,6 à 6,7 sur l’indice détente (en fonction de l’état matrimonial). À l’inverse, les voyageurs qui vivent seuls accordent nettement moins d’importance au bienfait famille et amis, alors que ceux dans la cinquantaine ou plus sont moins attirés par le repos et la détente (graphique 3, tableau A.1).
Graphique 3
Les voyageurs de différents types de familles escomptent un ensemble de bienfaits de voyage distinct
Tableau A.1
Valeurs moyennes sur les indices des bienfaits des voyages, selon certaines caractéristiques
Lorsque les femmes font un voyage d’agrément, elles déclarent s’intéresser davantage que les hommes au resserrement des liens avec la famille et les amis (5,3 contre 5,0), mais elles escomptent autant de bienfaits liés au repos et à la détente.
Les voyageurs qui travaillent à plein temps obtiennent un résultat nettement supérieur à la moyenne sur l’indice détente (6,5), alors que leur intérêt dans le resserrement des liens avec la famille et les amis pendant les vacances se situe dans la moyenne (5,1). Les employés à temps partiel obtiennent un résultat moyen aux deux indices (6,2 et 5,3, respectivement). Pour leur part, les voyageurs sans emploi (p. ex. personnes au foyer, étudiants) accordent une plus grande importance aux bienfaits liés à la famille et aux amis que les voyageurs recensés dans la main-d’œuvre rémunérée (graphique 4, tableau A.1).
Graphique 4
Comme bienfaits de voyage, les voyageurs travaillant à temps plein préfèrent la détente; et les inactifs, les liens avec la famille et les amis
Il va de soi que les caractéristiques démographiques et socioéconomiques d’un voyageur sont intrinsèquement liées : par exemple, une jeune mère obtient-elle un résultat plus élevé à l’indice famille parce qu’elle est une femme ou parce qu’elle a des enfants? Par ailleurs, doit-on attribuer son indice détente à sa situation familiale ou à sa situation d’emploi lorsqu’elle part en vacances ou pour la fin de semaine? Afin d’isoler les facteurs individuels des effets de chevauchement associés aux autres variables, nous avons exécuté plusieurs modèles de régression. Ceci nous a permis d’évaluer l’incidence de différentes caractéristiques sur les bienfaits recherchés par les voyageurs canadiens. (Pour un complément d’information sur ces modèles, consultez la section intitulée « Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude ».)
Les résultats des modèles révèlent que la structure de la famille exerce l’impact le plus important sur les résultats à l’indice famille, et ce, même lorsque l’influence des autres variables est prise en compte. Comparés aux voyageurs en solo, ceux qui voyagent avec des enfants obtiennent à peu près 1,0 point de plus sur l’indice, alors que les voyageurs en couple obtiennent environ 0,8 point de plus, indépendamment de leur âge (tableau 1, modèle 1).
Tableau 1
La structure familiale a le plus d'effet sur l'indice ayant trait aux liens avec la famille et les amis, même en tenant compte des autres facteurs
Les voyageurs avec des enfants considèrent par ailleurs comme plus importants les bienfaits du repos et de la détente, comparés aux voyageurs plus âgés; ceci après avoir pris en compte les autres facteurs du modèle. Ce résultat confirme les conclusions des études antérieures qui révèlent un intérêt moindre dans le repos et la détente parmi les voyageurs plus âgés, en partie parce que ces derniers s’intéressent davantage aux bienfaits de la découverte lors de leurs voyages d’agrément15,16.
La préférence la plus clairement affichée pour le repos et la détente s’exprime chez les voyageurs qui ont un emploi rémunéré. Comparés aux retraités, les voyageurs qui travaillent à plein temps obtiennent 1,0 point de plus sur l’indice détente, et les employés à temps partiel obtiennent un résultat presque aussi élevé (tableau 1, modèle 2). Les voyageurs qui ne sont ni retraités ni employés, à savoir les personnes au foyer et les étudiants qui ne travaillent pas en contrepartie d’une rémunération, mais qui néanmoins ont des obligations quotidiennes, obtiennent eux aussi des résultats plus élevés que les retraités sur l’indice détente, et ce, même lorsque d’autres variables comme le sexe, l’âge et la structure de la famille sont prises en compte. En revanche, la situation d’emploi n’a aucune incidence sur les résultats obtenus sur l’indice famille.
En dépit de la faible corrélation entre les bienfaits famille et amis et repos et détente, chacun conserve néanmoins une incidence marquée sur les résultats de l’autre, même lorsque d’autres facteurs sont pris en compte. Les voyageurs qui décrivent le repos et la détente comme un bienfait « très important » obtiennent un résultat supérieur de 0,6 point sur l’indice famille. Dans la même veine, le fait de considérer l’entretien des liens avec la famille et les amis comme « très important » augmente lui aussi le résultat d’un voyageur à l’indice détente de près de 0,6 point, comparé à ceux qui n’ont pas opté pour cette préférence.
Les femmes continuent d’exprimer un plus grand intérêt que les hommes aux bienfaits des voyages liés à la famille et aux amis, en dépit de la prise en compte d’autres facteurs dont la structure de la famille et la situation d’emploi. Sachant qu’en général, les femmes considèrent qu’il leur revient d’établir et d’assurer le maintien des réseaux familiaux et sociaux17, on s’attend à ce qu’elles accordent une plus grande importance que les hommes à ces éléments dans le cadre de vacances ou de voyages d’agrément.
Le niveau de scolarité a une incidence importante sur les intérêts liés au repos et à la détente, mais n’en a aucune sur les liens avec la famille et les amis. Les voyageurs qui ont un grade universitaire obtiennent près de 0,3 point en moins sur l’indice détente par rapport à ceux qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaires ou des études postsecondaires partielles, lorsque d’autres facteurs, comme l’âge, sont pris en compte.
Enfin, les modèles révèlent que le revenu du ménage n’a aucune incidence sur les bienfaits détente et famille associés aux voyages d’agrément. Ce résultat est quelque peu inattendu lorsque comparé aux conclusions des études antérieures18,19. Il est probable que notre résultat soit lié à la définition du voyageur fournie par l’EAPV (voyage assorti d’au moins une nuit à l’extérieur), laquelle regroupait la plupart des répondants, à presque tous les niveaux de revenus. Le revenu pourrait bien se révéler un facteur important au chapitre des voyages d’agrément d’une durée ou d’une distance plus étendue, une variable qu’il ne nous a pas été possible de vérifier (voir l’explication sur les limites des données dans « Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude »).
Les bienfaits que les voyageurs espèrent tirer de leurs vacances ou de leur voyage d’agrément ne s’articulent pas seulement autour de leurs caractéristiques sociodémographiques. Compte tenu du fait que le voyage d’agrément implique un départ, les voyageurs choisissent une destination à laquelle ils associent les bienfaits qu’ils escomptent20,21,22. À titre d’exemple, lorsque le repos et la détente sont les principaux bienfaits recherchés, il semble logique que les voyageurs choisissent une destination rassurante, où ils n’auront pas à gérer des situations inhabituelles.
Les voyageurs qui accordent une importance supérieure à la moyenne au repos et à la détente tendent à favoriser les destinations incluant beaucoup d’activités amusantes pour les enfants. Ils opteront par ailleurs plus volontiers pour un endroit sûr, dont ils connaissent la langue ou la culture (graphique 5, tableau A.1).
Graphique 5
Les voyageurs dont le pointage est élevé sur l'index famille/amis et détente recherchent une destination où les enfants auront beaucoup à faire
Pour les voyageurs qui accordent une importance supérieure à la moyenne à la famille et aux amis, le divertissement des enfants constitue là aussi un facteur déterminant. Il ne sera pas non plus surprenant de leur découvrir des amis ou de la famille à proximité des destinations qu’ils privilégient.
Lorsque nous examinons les effets de chaque déterminant de destination sur ces deux indices, nous observons trois déterminants générateurs d'une incidence positive sur les résultats, en dépit de la prise en compte d'autres facteurs. Les voyageurs obtiennent 0,3 point de plus aux deux indices lorsqu’ils déclarent que la sécurité est très importante dans leur choix d’une destination. De la même manière, les deux résultats sont quelque peu plus élevés pour les voyageurs qui considèrent comme très importantes les activités destinées aux adultes ainsi que pour ceux qui ne veulent pas avoir à s’inquiéter des préoccupations relatives à la santé (tableau 1, modèles 1 et 2).
Les voyageurs obtiennent 0,8 point de plus sur l’indice famille lorsqu’ils accordent une importance élevée au fait que des parents et amis vivent à l’endroit où ils souhaitent se rendre. Ce déterminant génère une incidence contraire sur l’indice détente, qui accuse une chute de 0,5 point. Par ailleurs, bien que les forfaits de voyage abordables se traduisent par 0,3 point de plus sur l’indice détente, ils n’ont aucun effet sur l’indice famille, une fois que tous les autres facteurs ont été pris en compte.
Environ 28 % des voyageurs canadiens adultes déclarent que l’apprentissage et la découverte constituent un bienfait très important dans le cadre de leurs voyages d’agrément : ils veulent voir ou faire de nouvelles choses, découvrir d’autres cultures et d'autres lieux, et recherchent la stimulation intellectuelle. Statistiquement, il existe une certaine corrélation positive, quoique modérée, entre les bienfaits apprentissage et découverte et famille et amis (graphique 1). Mais en réalité, les voyageurs qui accordent une grande importance à la découverte ont des comportements opposés à ceux qui affichent une préférence marquée pour la famille et les amis.
Les résultats nettement plus élevés que la moyenne sur l’indice découverte sont ceux des voyageurs qui ont une formation universitaire et des voyageurs en solo vivant seuls; en revanche, ceux dont le niveau de scolarité est moins élevé et les voyageurs qui ont des enfants obtiennent des résultats nettement en dessous de la moyenne. De manière inattendue, les résultats sont semblables peu importe les groupes de revenus et la situation d'emploi (graphique 6, tableau A.1).
Graphique 6
Les voyageurs qui valorisent l'apprentissage et la découverte ont un plus faible pointage sur l'indice famille/amis
Après une prise en compte des incidences des autres variables, les voyageurs qui ont un grade universitaire restent plus grands adeptes du bienfait de la découverte que les diplômés du secondaire et ceux qui ont fait des études postsecondaires partielles. Ils obtiennent 0,7 point en plus sur l'indice. Il est possible que les voyageurs qui ont une éducation supérieure aient développé une habitude de curiosité pendant leurs études universitaires et qu’ils demeurent des « apprenants permanents »; il est également possible que les normes sociales exigent de la part des personnes plus éduquées qu'elles voyagent en vue « d'élargir leurs horizons », une attente à laquelle ces personnes tendent à se conformer23 (tableau 1, modèle 3).
La structure familiale demeure par ailleurs un facteur important dans le choix des bienfaits liés aux voyages, sachant que lorsqu’ils n’ont pas à se soucier des besoins des enfants, les voyageurs peuvent alors se pencher sur les bienfaits qu’ils préfèrent. Lorsque toutes les autres variables, dont le niveau de scolarité, sont prises en compte, les voyageurs qui vivent seuls ou en couple obtiennent des résultats nettement supérieurs aux voyageurs qui vivent avec des enfants (tableau 1).
L’incidence de la destination sur les résultats associés aux bienfaits, néanmoins, est plus importante que les seules caractéristiques sociodémographiques. Le facteur le plus important est, de loin, le désir de nouveauté. Les voyageurs qui recherchent explicitement quelque chose de nouveau et de différent obtiennent 1,3 point de plus que les autres. Quant à ceux qui recherchent un maximum d’activités pour adultes, ils obtiennent eux aussi des résultats plus élevés sur l’indice découverte, une fois que toutes les autres variables du modèle ont été prises en compte.
Comme nous l’avons anticipé, les voyageurs n’obtiennent pas de résultats élevés sur l’indice découverte s’ils recherchent une expérience rassurante par exemple la sécurité; une langue ou une culture connue une fois à destination; ou la présence d'amis sur place. Quoi qu’il en soit, les voyageurs obtiennent près de 0,7 point en plus s’ils accordent une « très grande importance » au bienfait famille et amis dans leurs décisions de voyage. Cette conclusion pourrait vraisemblablement être associée à l'intention de ces voyageurs de partager leur aventure avec un conjoint, une conjointe ou un ami.
Les personnes qui prennent des vacances ou qui font un voyage d’agrément escomptent certains bienfaits de leur expérience. Échapper à la routine quotidienne est un bienfait très important pour près des deux tiers des voyageurs adultes, alors que près de la moitié d'entre eux estiment que le maintien des liens avec les amis et la famille revêt une importance primordiale. La découverte de quelque chose de nouveau sur le monde ou sur eux-mêmes est un objectif essentiel pour à peine plus d’un quart des adultes canadiens qui partent en vacances ou qui font un voyage d'agrément.
Il existe une corrélation positive, légère à modérée, entre les bienfaits « repos et détente » et « famille et amis », c’est-à-dire que les personnes qui désirent sortir du train-train quotidien sont également susceptibles de chercher à entretenir leurs liens avec la famille et les amis par la même occasion. Entre ces deux bienfaits recherchés, la détente tient cependant le haut du pavé.
Les voyageurs dont les résultats sont plus élevés que la moyenne pour ces deux indices, ont certains traits communs. Ils sont généralement âgés de moins de 55 ans et ont des enfants vivant avec eux. Ils préfèrent des destinations rassurantes, peut-être même prévisibles : un endroit où ils se sentiront en sécurité, offrant de nombreuses activités à la fois pour les enfants et pour les adultes. Les voyageurs qui prisent la détente cherchent aussi une destination offrant des forfaits abordables. Ceux qui privilégient la famille et les amis désirent une destination qui ne posera pas de problèmes de santé. Certains choisissent une destination à proximité de la famille ou des amis.
Il y a aussi une corrélation positive entre les indices apprentissage et découverte et famille et amis. Toutefois, les voyageurs qui privilégient la découverte dans leur voyage peuvent être assez différents des autres. Les voyageurs qui cherchent activement de nouvelles expériences ou de nouveaux défis lorsqu’ils partent en vacances ne comptent généralement aucun enfant de moins de 18 ans au foyer, et ont plus souvent un grade universitaire. Ils déclarent préférer les destinations qui présentent une particularité, probablement un endroit où ils ne sont jamais allés et où ils auront la possibilité de participer à des activités destinées aux adultes.
Finalement, une fois que les facteurs comme la structure familiale et les qualités de la destination sont pris en compte, la situation d’emploi est significative seulement pour les voyageurs qui recherchent le repos et la détente. Le niveau de scolarité importe seulement pour ceux qui désirent faire des apprentissages et des découvertes. Les résultats des modèles de régression indiquent que le revenu du ménage n’a pas d’effets sur les indices, mais il faut interpréter ce dernier résultat avec prudence.
Susan Crompton et Leslie-Anne Keown sont analystes principales à Tendances sociales canadiennes de la Division de la statistique sociale et autochtone à Statistique Canada.