Définir et mesurer l'économie à la demande à l'aide de données d'enquête : travail à la demande, plateformes numériques et travail autonome dépendant
Diffusion : 2024-03-04
Les concepts de « travail à la demande » et d'« économie à la demande » sont devenus des termes couramment utilisés pour décrire les activités rémunérées qui comportent des tâches ou des emplois à court terme sans garantie de travail stable. Certaines de ces activités sont menées par l'entremise de plateformes numériques ou d'applications, tandis que d'autres sont effectuées hors ligne au moyen de méthodes traditionnelles qui aident les travailleurs à entrer en contact avec des clients ou des entreprises. Il est important de définir et de mesurer l'économie à la demande pour mieux comprendre combien de Canadiens occupent de nouvelles formes d'emploi et les conditions dans lesquelles ils travaillent.
Aujourd'hui, Statistique Canada publie un rapport de référence intitulé « Définition et mesure de l'économie à la demande à l'aide des données d'enquête ». Le rapport fournit un cadre statistique et une stratégie de mesure pour trois composantes qui se chevauchent au cœur de l'économie à la demande : le travail à la demande, l'emploi sur des plateformes numériques et le travail autonome dépendant.
Le rapport comprend des résultats fondés sur les renseignements recueillis dans le cadre du programme de suppléments de l'Enquête sur la population active (EPA) en 2022 et en 2023.
Au quatrième trimestre de 2022, 871 000 Canadiens effectuaient un travail à la demande dans leur emploi principal
Selon la définition du Handbook on Forms of Employment (Manuel sur les formes d'emploi) publié par la Commission économique des Nations unies pour l'Europe, le travail à la demande est une forme d'emploi caractérisée par des emplois ou des tâches à court terme, qui ne garantit pas un travail stable et dans le cadre de laquelle le travailleur doit prendre des mesures précises pour continuer à travailler (lien en anglais seulement). Bien que le concept de « travail à la demande » soit parfois utilisé comme synonyme du travail effectué au moyen d'une plateforme numérique ou d'une application, le mot « travail à la demande » est antérieur à l'avènement des plateformes numériques et peut également être effectué indépendamment d'un site Web ou d'une application.
En octobre, en novembre et en décembre 2022, une moyenne de 624 000 travailleurs autonomes canadiens âgés de 15 à 69 ans occupaient un emploi principal dont les caractéristiques correspondaient au concept du travail à la demande. Ces caractéristiques comprennent l'absence d'employés, de partenaires commerciaux ou d'un bâtiment ou de locaux consacrés à l'exercice de leur travail autonome. Outre ces aspects, ces travailleurs à la demande se répartissaient généralement en deux catégories : ceux qui travaillaient pendant de très courtes heures ou qui exploitaient leur entreprise de façon intermittente (91 000 travailleurs) et ceux qui consacraient habituellement plus de temps à leur entreprise, sans toutefois avoir de clientèle stable (449 000 travailleurs). De plus, 84 000 travailleurs autonomes présentaient les caractéristiques des deux groupes.
En plus des travailleurs autonomes à la demande, 247 000 Canadiens qui étaient des employés rémunérés dans leur emploi principal avaient des caractéristiques d'emploi correspondant à la définition de travail à la demande au quatrième trimestre de 2022.
Étant donné que le travail à la demande consiste à accomplir des tâches ou des activités rémunérées à court terme, il peut également être effectué de façon sporadique et ne représente pas toujours un emploi principal ou une entreprise principale. En octobre, en novembre et en décembre 2022, 1,5 million de personnes supplémentaires en moyenne ont déclaré avoir effectué des travaux à la pige, des travaux à la demande rémunérés ou des emplois ou des tâches à court terme au cours des 12 mois précédents.
En 2023, près d'un demi-million de personnes ont travaillé par l'entremise d'une plateforme numérique ou d'une application, laquelle leur fournissait aussi une rémunération pour le travail effectué
Dans un milieu de travail moderne, les travailleurs utilisent de plus en plus une gamme d'outils, de plateformes et d'applications en ligne. Ces applications et plateformes vont du logiciel de vidéoconférence aux médias sociaux et ont transformé la façon dont de nombreux Canadiens travaillent ou exploitent leur entreprise.
Dans le cadre de cette tendance générale à la numérisation, un type particulier de plateformes numériques est apparu, qui crée une valeur économique en coordonnant ou en facilitant l'échange de travail entre les travailleurs individuels et les clients ou les acheteurs (lien en anglais seulement). Ces plateformes consistent en un marché ou un système en ligne permettant de relier directement les travailleurs aux clients et comprennent souvent des fonctions de coordination, comme des algorithmes pour apparier les travailleurs aux clients, un système d'évaluation des utilisateurs ou des outils de traitement des paiements. Au cours des dernières années, les plateformes numériques sont devenues courantes dans des domaines comme la livraison d'aliments et le transport personnel.
En décembre 2022 et en décembre 2023, Statistique Canada a recueilli des données par rapport à l'emploi sur les plateformes numériques au moyen de suppléments à l'EPA. On distingue trois types de plateformes ou d'applications où il est possible de travailler et de gagner un revenu :
• les applications ou plateformes qui paient les travailleurs directement;
• les applications ou plateformes qui ne paient pas directement les travailleurs, mais qui ont une certaine influence sur le processus de travail;
• les applications ou plateformes qui aident à relier les travailleurs aux clients, mais qui n'interviennent pas autrement dans le processus de travail (p. ex. médias sociaux, babillards en ligne).
En décembre 2023, 468 000 personnes âgées de 15 à 69 ans (1,7 % de cette population) ont indiqué qu'elles avaient travaillé au moyen d'une plateforme numérique ou d'une application pour gagner un revenu au cours des 12 mois précédents et qu'elles avaient été payées par la plateforme pour leur travail. De ce nombre, 368 000 ont indiqué avoir fourni un service et 103 000 ont déclaré avoir vendu des biens ou loué un logement. Le travail au moyen de telles applications ou plateformes numériques représentait l'emploi principal de 79 000 personnes (0,4 % de la population occupée) au cours de la semaine de référence de l'EPA de décembre 2023.
Selon la définition la plus large de l'emploi sur des plateformes numériques — y compris les plateformes qui paient les travailleurs directement, celles qui exercent une autre forme de contrôle, ainsi que les plateformes qui mettent simplement les travailleurs en relation avec des clients et leur laissent le soin d'organiser les paiements par eux-mêmes —, 927 000 personnes (3,3 % de la population de 15 à 69 ans) ont déclaré avoir effectué du travail par l'entremise des plateformes numériques au cours des 12 mois précédant décembre 2023.
Au troisième trimestre de 2022, 588 000 travailleurs autonomes manquaient de contrôle sur un aspect important de leur travail
Les travailleurs autonomes à la demande et sur des plateformes numériques peuvent parfois ne pas avoir accès à tous les avantages associés au travail autonome, comme la liberté d'embaucher des employés, de choisir leurs heures de travail ou de fixer leurs propres prix. Parallèlement, puisque ces travailleurs sont payés comme des entrepreneurs indépendants, ils n'ont pas accès aux mêmes avantages que les employés, comme les protections accordées par les lois sur les normes d'emploi.
Infographie 1
Estimations des principales composantes de l'économie à la demande en 2022 et en 2023
Lorsqu'un travailleur autonome dépend d'une autre entreprise ou d'une autre personne pour une grande partie de ses activités commerciales et que cette entreprise ou personne contrôle des aspects importants de son travail, le travailleur autonome peut se trouver dans une situation de travail autonome dépendant. Les travailleurs sur des plateformes numériques ne sont pas tous des travailleurs autonomes dépendants et d'autres relations d'affaires peuvent mener à cette situation, comme les travailleurs autonomes qui travaillent pour un seul client.
En juin, en juillet et en août 2022, en moyenne 1,0 million de travailleurs autonomes âgés de 15 à 69 ans et qui n'avaient pas d'employés dépendaient d'une relation d'affaires unique pour au moins 50 % de leur activité commerciale. Parmi ces travailleurs, 427 000 dépendaient d'un seul client principal et 235 000 dépendaient d'une autre entreprise ou d'une autre personne donnant des tâches ou des projets en sous-traitance, ou qui les mettait en lien avec des clients.
Sur l'ensemble de ces 1,0 million de travailleurs, 588 000 se trouvaient dans une situation où l'autre partie exerçait un contrôle important sur une dimension fondamentale de leur travail, comme leur horaire, l'organisation de leur travail ou la fourniture d'outils ou de matériaux.
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Note aux lecteurs
Au cours des dernières années, Statistique Canada a participé à plusieurs initiatives internationales visant à élaborer un cadre cohérent pour mesurer et comprendre les nouvelles formes d'emploi. Les résultats de ces diverses initiatives sont regroupés dans le Handbook on Forms of Employment (Manuel sur les formes d'emploi) (lien en anglais seulement), publié par la Commission économique des Nations unies pour l'Europe en 2022.
Bien que les concepts associés à l'économie à la demande aient été difficiles à définir, ce nouveau cadre a permis de montrer que l'on comprend mieux la signification de l'économie à la demande sous l'angle de trois concepts qui se chevauchent, à savoir le travail à la demande, l'emploi sur des plateformes numériques, et le travail autonome dépendant.
Des recherches antérieures à Statistique Canada se sont fondées sur des données fiscales pour mesurer les formes de travail autonome qui correspondent au concept du travail à la demande. En 2022 et en 2023, des suppléments à l'Enquête sur la population active (EPA) ont été recueillis pour mieux comprendre la nature de l'économie à la demande au Canada.
À l'avenir, Statistique Canada continuera à consolider et à peaufiner ses stratégies de collecte et d'analyse de données en lien avec l'économie à la demande.
La collecte de données au moyen d'enquêtes continuera à jouer un rôle important. Les enquêtes permettent de produire des données actuelles qui peuvent être utilisées pour suivre l'ampleur de l'économie à la demande au fil du temps et harmoniser les stratégies de mesure avec les plus récentes normes statistiques internationales. Les renseignements tirés des enquêtes seront complétés par l'utilisation continue des données fiscales, qui peuvent fournir un portrait complet des façons dont les Canadiens gagnent un revenu et contribuent à l'économie.
Les estimations figurant dans le présent communiqué sont basées sur les résultats des Indicateurs socio-économiques et du marché du travail et des Indicateurs sur le marché du travail, les programmes de supplément de l'EPA.
Toutes les estimations ont une marge d'erreur et décrivent la situation des personnes de 15 à 69 ans qui résident dans les provinces, à l'exception des personnes qui vivent dans les réserves autochtones, les membres à temps plein des forces armées et les pensionnaires d'établissements
Pour un sommaire des définitions et résultats, veuillez consulter la visualisation : Travailler dans l'économie à la demande : Concepts statistiques et premiers résultats d'enquête.
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L'article intitulé « Définition et mesure de l'économie à la demande à l'aide des données d'enquête » est maintenant accessible dans la série Statistiques sur le travail : Documents de recherche (75-004-M).
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