Revenu agricole, 2020 (données révisées)

Diffusion : 2021-11-24

Le revenu net réalisé des agriculteurs canadiens s'est accru de 84,4 % pour se chiffrer à 9,4 milliards de dollars en 2020, et la forte croissance des recettes a dépassé la légère hausse des dépenses. Si l'on exclut le cannabis, le revenu net réalisé a augmenté de 73,9 % pour atteindre 9,6 milliards de dollars.

Le revenu net réalisé correspond à la différence entre les recettes monétaires et les dépenses d'exploitation des agriculteurs, moins les frais d'amortissement, plus le revenu en nature.

Les données révisées de 2020 ne tiennent pas compte des défis qu'ont dû surmonter les agriculteurs canadiens en 2021, notamment les sécheresses, les arriérés de transformation qui se sont poursuivis et l'augmentation des coûts. Bien que la pandémie de COVID-19 ait apporté son lot de défis pour l'agriculture canadienne en 2020, les gains réalisés par les producteurs de céréales et d'oléagineux, attribuables à l'augmentation des prix et à la forte demande intérieure et internationale, ont stimulé la hausse du revenu net agricole du secteur agricole en 2020.

L'augmentation enregistrée en 2020 fait suite à une hausse de 5,1 % en 2019 et à une baisse de 32,7 % en 2018. L'augmentation des recettes des cultures, alimentée par la forte demande à l'exportation et combinée à la baisse des prix du carburant pour les machines et de l'engrais, s'est traduite par une croissance du revenu net réalisé en 2020.

La Saskatchewan a été à l'origine de plus des deux cinquièmes de la croissance à l'échelle nationale. En revanche, le revenu net réalisé a diminué à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique. Puisque le secteur agricole dans ces quatre provinces n'est pas fortement axé sur la production de cultures, elles n'ont pas autant bénéficié de la demande robuste à l'exportation de céréales, d'oléagineux et de cultures spéciales, ni des prix plus faibles du carburant pour les machines et de l'engrais.

Les recettes monétaires agricoles affichent leur plus forte augmentation en pourcentage depuis 2012

Les recettes monétaires agricoles, qui comprennent les recettes du marché provenant des ventes de cultures et de bétail ainsi que les paiements de programme, ont augmenté de 8,5 % pour atteindre 72,0 milliards de dollars en 2020. Il s'agit de la plus forte augmentation en pourcentage depuis 2012 (+8,7 %).

Les recettes du marché pour les cultures se sont accrues de 15,0 % pour se chiffrer à 42,2 milliards de dollars en 2020, tandis que les recettes provenant du bétail ont diminué de 0,7 %. Les paiements de programme ont augmenté de 10,8 %.

Les recettes du marché sont le produit des prix et des mises en marché. Les mises en marché renvoient aux quantités vendues, exprimées selon diverses unités de mesure, comme la tonne métrique pour les grandes cultures et le quintal pour certaines espèces d'animaux d'élevage.

Les ventes de canola, de lentilles et de cannabis font augmenter les recettes monétaires agricoles

L'augmentation de 15,0 % des recettes des cultures en 2020 est principalement attribuable à la croissance des recettes du canola, des lentilles et du cannabis, qui a plus que contrebalancé la baisse des ventes de fruits et de légumes. Sans compter le cannabis, les recettes des cultures auraient augmenté de 13,0 %, la plus forte hausse depuis 2012.

La hausse de la demande à l'exportation pour la majorité des céréales et des oléagineux canadiens a stimulé la croissance des recettes. Les exportations de cultures ont aussi été favorisées par la plus grande capacité d'expédition ferroviaire de ces produits, laquelle a découlé de la baisse de la demande de produits pétroliers dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

Les recettes des cultures ont aussi bénéficié de conditions de croissance et de récolte favorables, très différentes de celles observées en 2019. Cette situation, combinée à la forte demande, a permis d'enregistrer une plus grande partie de la récolte de 2020 comme des ventes au cours de la même année civile.

Les recettes du canola se sont accrues de 19,0 %; il s'agit de leur plus forte augmentation en pourcentage depuis celle de 38,2 % enregistrée en 2011, année où les prix élevés des oléagineux ont donné lieu à une forte croissance. En 2020, les prix du canola se sont accrus de 3,6 %, alors que les mises en marché ont progressé de 14,8 %. L'augmentation des mises en marché est principalement attribuable aux exportations, malgré le différend commercial qui perdure avec la Chine. Comme la demande mondiale d'oléagineux a augmenté durant la deuxième moitié de l'année, les exportations vers la Chine ont augmenté et celles vers l'Union européenne ont presque doublé en 2020. L'augmentation des activités de trituration intérieure a également stimulé les ventes de canola.

Les recettes des lentilles ont plus que doublé en 2020, au moment où les prix (+38,9 %) ainsi que les mises en marché (+49,6 %) ont affiché des hausses marquées. La forte demande de lentilles de la Turquie et de l'Inde a stimulé les exportations. La réduction du tarif à l'importation imposé par l'Inde sur les lentilles canadiennes a accéléré les exportations vers ce pays.

Les recettes monétaires agricoles pour la culture la plus importante selon le nombre de tonnes produites, soit le blé, sauf le blé dur, ont progressé de 10,7 % et les mises en marché se sont accrues de 11,7 %.

Les exportations de céréales fourragères vers la Chine ont aussi augmenté, le pays cherchant des céréales afin de nourrir son cheptel porcin en expansion. Les producteurs de céréales fourragères au Canada ont aussi profité des tensions commerciales entre la Chine et l'Australie, le dernier étant un fournisseur habituel de la Chine en céréales fourragères.

Les recettes du cannabis ont augmenté de 52,5 % en 2020. L'arrivée de produits comestibles, de boissons et de produits topiques à base de cannabis sur le marché à la fin de 2019 et au début de 2020, combinée à un plus grand nombre de points de vente au détail dans certaines provinces, a contribué à accroître la demande de cannabis séché légal.

La baisse des recettes tirées de la production de bovins fait diminuer les recettes du bétail

Les recettes du bétail ont diminué de 0,7 % en 2020 pour s'établir à 26,4 milliards de dollars, la pandémie ayant perturbé les chaînes d'approvisionnement associées à la transformation de la viande. Les fermetures temporaires des installations de transformation ainsi que l'instauration de mesures de santé publique plus strictes visant à protéger les travailleurs d'usine contre la COVID-19 ont posé des défis pour le secteur de la viande rouge.

Les recettes tirées de la production de bovins ont diminué de 3,9 % en 2020 en raison de la baisse des prix (-2,9 %) et des mises en marché (-1,1 %). Les recettes de l'abattage de bovins ont affiché un recul de 4,1 % et ont été à l'origine de près des quatre cinquièmes de la baisse des recettes tirées de la production de bovins. Le deuxième trimestre a été particulièrement difficile pour les producteurs de bovins : leurs recettes ont diminué de 18,7 % par rapport au même trimestre en 2019, la capacité de transformation de la viande ayant été grandement limitée pendant la première vague de la pandémie. Les perturbations dans les usines de transformation de la viande aux États-Unis et les arriérés de travail subséquents ont été à l'origine de la baisse de 8,9 % des exportations de bovins et de veaux pour l'année.

Les recettes tirées de la production de porcs ont progressé de 1,1 % en 2020, ce qui s'explique par la forte demande à l'exportation qui a contribué à l'augmentation des mises en marché de porcs (+5,7 %), malgré les perturbations causées par la pandémie dans le secteur de la transformation en Amérique du Nord. Les recettes ont affiché une baisse marquée au deuxième trimestre (-15,4 %), mais elles ont rebondi par la suite. Au cours de l'année, les prix des porcs ont fléchi de 4,4 %, mais ils ont repris de la vigueur plus tard au quatrième trimestre. La baisse de la production intérieure en Chine, à la suite des épidémies de peste porcine africaine qui ont commencé en 2018, a continué d'alimenter les exportations de porcs.

Le secteur assujetti à la gestion de l'offre, qui comprend la production de produits laitiers, d'œufs et de volailles, a affiché une hausse de 1,7 % de ses recettes. Les recettes du lait non transformé, qui représentent plus des trois cinquièmes des recettes totales du secteur assujetti à la gestion de l'offre, ont progressé de 2,0 %. Les recettes des œufs ont augmenté de 4,3 %, sous l'effet des prix et des mises en marché légèrement plus élevés. Les recettes tirées de la production de poulets ont affiché une légère hausse de 0,6 %, tandis que celles tirées de la production de dindons ont fléchi de 4,1 %, en raison de la baisse des quantités vendues.

L'assurance-récolte et les paiements de stabilisation stimulent l'augmentation des paiements de programme

Les paiements de programme directs se sont accrus de 10,8 % en 2020 pour s'élever à 3,5 milliards de dollars, après avoir affiché une hausse de 40,6 % en 2019. Les paiements d'assurance-récolte ont augmenté de 21,0 %, principalement sous l'effet des paiements liés aux dommages aux cultures en 2019, année au cours de laquelle les conditions de croissance et de récolte ont été particulièrement mauvaises dans les Prairies.

Les paiements des programmes provinciaux de stabilisation ont augmenté de 52,0 % en 2020. Près des deux tiers de l'augmentation provenaient du Québec, où la baisse des prix des porcs a entraîné le versement des paiements.

Les paiements du programme d'assurance des prix du bétail ont triplé en Alberta, car les prix des bovins ont affiché une forte baisse au deuxième trimestre de 2020, pendant la première vague de la pandémie.

La baisse des prix du carburant pour les machines et de l'engrais atténue l'augmentation des dépenses d'exploitation

Les dépenses d'exploitation agricole (après les remises) se sont accrues de 1,9 % en 2020 pour atteindre 54,2 milliards de dollars. Il s'agit de leur plus faible hausse depuis 2016 (+0,8 %).

Les dépenses associées à la production légale de cannabis ont augmenté de 31,7 %, alors que les producteurs de cannabis autorisés ont augmenté leur production de cannabis séché afin de desservir le marché des produits à base de cannabis, comme les produits comestibles et les boissons. Lorsque l'on exclut les dépenses liées au cannabis, les dépenses d'exploitation agricole ont légèrement augmenté de 0,6 %.

La production de cannabis exige beaucoup de main-d'œuvre. Par conséquent, plus de la moitié de la hausse de 5,2 % des salaires en espèces est attribuable au cannabis. Sans le cannabis, les salaires en espèces auraient augmenté de 2,7 %.

Les prix du carburant pour les machines ont affiché une baisse marquée, la demande de carburant utilisé dans les transports ayant diminué considérablement à la suite des mesures prises pour freiner la propagation de la COVID-19. Les dépenses en carburant pour les machines ont fléchi de 15,7 % en 2020; il s'agit de leur plus forte baisse depuis 2015 (-16,8 %).

Le recul des prix a fait diminuer les dépenses en engrais de 2,3 %. Les problèmes d'offre excédentaire ont fait baisser les prix de l'azote avant la pandémie. La diminution des dépenses liées à l'engrais en 2020 est la plus importante depuis 2017 (-3,1 %).

Les dépenses agricoles totales (après les remises), qui comprennent les dépenses d'exploitation et les frais d'amortissement, ont progressé de 2,2 % en 2020 pour s'élever à 62,7 milliards de dollars. Les frais d'amortissement, plus précisément, ont augmenté de 4,1 %. Les dépenses totales se sont accrues dans toutes les provinces, sauf en Saskatchewan (-0,3 %).

L'augmentation du revenu net réalisé fait augmenter le revenu net total

Le revenu net total a augmenté de 2,4 milliards de dollars pour se chiffrer à 7,8 milliards de dollars en 2020, après s'être accru de 547 millions de dollars en 2019. Le revenu net total a progressé dans six provinces, mais il a diminué dans chacune des provinces de l'Atlantique. Les augmentations en Ontario et en Saskatchewan ont représenté plus des deux tiers de la croissance à l'échelle nationale.

Le revenu net total correspond au revenu net réalisé, rajusté en fonction de la variation des stocks de cultures et de bétail des agriculteurs. Il représente le rendement des capitaux propres, la main-d'œuvre agricole non rémunérée, la gestion et le risque.

Bien que la forte augmentation du revenu net réalisé ait alimenté la hausse du revenu net total, la valeur de la variation des stocks a eu un effet négatif sur le revenu agricole net. La variation négative est principalement attribuable à la baisse des stocks à la ferme de canola, bien que la réduction des stocks de blé, de lentilles, d'orge et de soya ait également joué un rôle. Sans le cannabis, le revenu net total aurait augmenté de 2,1 milliards de dollars pour atteindre 7,5 milliards de dollars. La croissance des stocks de cannabis en 2020 a eu des répercussions négatives sur le revenu net total incluant le cannabis.

Graphique 1 
Diminution du ratio des dépenses aux recettes à la suite de sommets récents, Canada, 2010 à 2020

Graphique 2 
La baisse des prix du carburant pour les machines et des engrais atténue la hausse des dépenses d'exploitation, Canada, 2019 et 2020

Produits

Il est possible de consulter l'outil interactif de visualisation des données « Revenu agricole net, par province », qui est accessible sur le site Web de Statistique Canada.

Le portail Statistiques sur l'agriculture et l'alimentation, qui est accessible sous l'onglet Sujets du site Web de Statistique Canada, fournit aux utilisateurs un point d'accès unique à une grande variété de renseignements relatifs à l'agriculture et à l'alimentation.

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