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Fécondité et avortements provoqués

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Fécondité

Naissances
Avortements provoqués

Naissances

Après les années 1990, période au long de laquelle les naissances ont diminué au Canada, on a constaté une faible recrudescence des naissances ces dernières années, bien que le nombre de naissances soit toujours inférieur au niveau du début des années 1990. En fait, 2005 est la troisième année consécutive au cours de laquelle le nombre de nouveau-nés a augmenté, et celle où le nombre de naissance est le plus élevé depuis 1998 (figure 2.1). Au total, près de 342 200 bébés sont nés en 2005, soit environ 5 100 de plus que l’année précédente. On peut expliquer, du moins en partie, cette augmentation par la plus forte fécondité des femmes dans la trentaine ainsi que par la croissance du nombre de femmes aux âges où la fécondité est élevé, particulièrement la vingtaine, au cours des dernières années.

Figure 2.1
Naissances au Canada, 1926 à 2005

Les tendances quant au nombre de naissances sont le reflet de la structure par âge de la population et des taux de fécondité, ou nombre d’enfants par femme. On peut retracer l’évolution du nombre de naissances au cours des six dernières décennies au Canada, c’est-à-dire depuis la période suivant la Seconde Guerre mondiale, connue sous le nom de baby-boom. Les années entre 1946 et 1965 étaient une période au cours de laquelle les taux de fécondité étaient particulièrement élevés. Au paroxysme du baby-boom, en 1959, on comptait 479 300 naissances, et l’indice synthétique de fécondité était près de quatre enfants par femme. La période suivante, souvent appelé « baby-bust », se situe approximativement de 1966 à 1974 et a été marquée par une baisse rapide des taux de fécondité et moins de naissances. Cependant, lorsque les baby-boomers ont atteint les âges de reproduction, la seule taille de cette cohorte a contribué à l’augmentation du nombre de naissances, créant ce que l’on a appelé un effet d’écho à partir de la fin des années 1970. Cette augmentation a été particulièrement remarquable à la fin des années 1980 et au début des années 1990, époque au cours de laquelle les taux de fécondité ont également crû et ont culminé à un récent pic historique de 404 700 naissances en 1990. La diminution subséquente des taux de fécondité tout au long des années 1990 combinée à la moindre taille des cohortes de femmes issues du « baby-bust » et atteignant les âges de la reproduction, a de nouveau fait chuter le nombre de naissances et seulement 327 900 bébés sont nés en 2000. À l’heure actuelle, de nombreuses femmes de la génération de l’écho du baby-boom ont atteint les âges de la reproduction et les taux de fécondité ont légèrement augmenté, ce qui pourrait expliquer l’augmentation du nombre de naissances en 2005.

Indice synthétique de fécondité

L’indice synthétique de fécondité (ISF) renvoie au nombre d’enfants qu’une femme aurait au cours de sa vie reproductive (de 15 à 49 ans) si elle connaissait, à chaque âge, les taux de fécondité observés au cours d’une année civile donnée. Il s’agit d’une mesure transversale ou « synthétique » car elle réunit en fait les expériences en matière de fécondité de nombreuses cohortes différentes de femmes. L’indice synthétique de fécondité n’est pas affecté par les variations dans la taille de la population ou la structure par âge, ce qui permet d’établir des comparaisons d’une année à l’autre.

En 2005, l’indice synthétique de fécondité était de 1,54 enfants par femme au Canada, un taux qui n’avait pas été atteint depuis 1999. Cependant, il ne s’agissait que d’une augmentation minime par rapport à l’année précédente (1,53) et depuis la fin des années 1990, l’indice synthétique de fécondité a oscillé entre 1,51 et 1,54. Ces chiffres témoignent d’une tendance qui perdure au Canada d’avoir de petites familles. Un indice synthétique de fécondité d’environ 2,1 enfants par femme est appelé « seuil de remplacement des générations » et représente le niveau qu’il faut maintenir pour remplacer la population en l’absence de migration. La dernière année au cours de laquelle l’indice synthétique de fécondité du Canada a dépassé le seuil de remplacement des générations est 1971.

Le faible taux de fécondité est un phénomène que le Canada a en commun avec de nombreux autres pays. En fait, en 2005, le nombre d’enfants par femme était même à un niveau plus faible dans des pays comme le Japon (1,3 enfants), l’Italie (1,3 enfants), la Grèce (1,3 enfants) et l’Allemagne (1,4 enfants). Dans un certain nombre de pays d’Europe, la fécondité, bien qu’elle soit encore inférieure au seuil de remplacement des générations, était supérieure à celle observé au Canada : la France (1,9), la Norvège (1,8), le Danemark (1,8), le Royaume-Uni (1,8), la Suède (1,8) et la Belgique (1,7)1. Aux États-Unis, l’indice synthétique de fécondité était de 2,05 en 2005 et une estimation provisoire pour 2006 indique qu’il se situerait au niveau de remplacement (2,1) pour la première fois depuis 19712.

De nombreux pays où la fécondité est faible ont enregistré une augmentation des taux de fécondité ces dernières années. Il est trop tôt pour dire s’il s’agit d’une nouvelle tendance ou simplement d’une simple variation, mais cela pourrait être lié à un changement de comportement en matière de reproduction. Dans des pays comme le Canada, les taux de fécondité des femmes dans la trentaine, qui sont plus élevés que par le passé, pourraient compenser, dans une certaine mesure, la baisse de la fécondité des femmes plus jeunes, c’est-à-dire dans la vingtaine. Par contre, aux États-Unis, on a constaté des hausses des taux de fécondité des femmes dans presque tous les groupes d’âge au-delà de 15 ans au cours des dernières années3.

Rang de naissance et âge à la maternité

Près de la moitié (45,0 %) des 342 200 naissances au Canada en 2005 étaient des premières naissances. Plus d’un tiers (35,1 %) étaient des deuxièmes naissances et environ un cinquième (19,9 %) étaient des troisièmes naissances ou d’un rang plus élevé. Cette situation à l’égard du rang de naissance est semblable à celle observée en 1981, mais il y a quelques différences importantes. En premier lieu, un plus grand nombre de naissances, particulièrement de premières naissances, sont le fait de femmes âgées de 30 ans et plus. En 2005, 16,5 % de toutes les naissances étaient des premières naissances chez les femmes de ce groupe d’âge, soit presque trois fois plus que ce qu’on observait 25 ans plus tôt (5,6 % en 1981). Une autre façon d’envisager le phénomène consiste à examiner la proportion de toutes les naissances qui étaient des premières naissances chez les femmes âgées de 30 ans et plus. En 2005, plus d’un tiers (33,8 %) de toutes les naissances chez les femmes dans la trentaine ou la quarantaine étaient des premières naissances, comparativement à 23,7 % en 1981 (tableau 2.1).

Tableau 2.1
Naissances chez les femmes âgées de 30 ans et plus, par rang de naissance, Canada, 1981 à 2005

Si l’on tient compte que près de la moitié de toutes les naissances en 2005 étaient le fait de femmes âgées de 30 ans et plus (48,9 %), soit le double de ce qu’elles étaient en 1981 (23,6 %), cela a inévitablement influé sur l’âge moyen à la maternité. Le report de l’âge moyen des femmes à la naissance des enfants à un âge plus avancé, qui s’est amorcé au milieu des années 1970, s’est poursuivi au cours du nouveau millénaire. En 2005, l’âge moyen des mères à la naissance de leurs enfants était de 29,6 ans comparativement à 29,3 ans en 1945. Depuis cette date, l’âge moyen à la naissance a diminué pour atteindre un minimum de 26,7 ans en 1975 avant d’augmenter de nouveau progressivement jusqu’en 2005 (figure 2.2).

Figure 2.2
Âge moyen des mères à la naissance selon le rang de naissance, Canada, 1945 à 2005

De plus, l’âge moyen des femmes à la première naissance était de 28,0 ans en 2005. Cet âge a commencé à augmenter en 1966, année où il s’établissait à 23,5 ans, et il a augmenté pendant près de 40 ans. Les facteurs qui contribuent à cette augmentation de l’âge moyen à la maternité sont essentiellement la poursuite des études post-secondaires et l’activité des femmes sur le marché du travail.

Fécondité selon l’âge de la mère

La tendance qu’ont les femmes de retarder la maternité est manifeste lorsqu’on analyse les taux de fécondité par âge (figure 2.3). Pour la première fois dans les données recueillies depuis 1926, le niveau de fécondité des femmes âgées de 30 à 34 ans en 2005 était le plus élevé de tous les groupes d’âge spécifiques, dépassant même légèrement le taux de fécondité des femmes âgées de 25 à 29 ans qui au cours des quelques dernières décennies, affichaient habituellement les taux de fécondité les plus élevés. On a enregistré 97,4 naissances pour 1 000 femmes au début de leur trentaine en 2005, tandis que pour les femmes à la fin de leur vingtaine, ce chiffre était de 97,3 naissances pour 1 000 femmes. Les taux de fécondité de ces deux groupes d’âge convergeaient depuis plusieurs décennies, témoignant de la tendance qu’ont les femmes de retarder la maternité à un âge plus avancé.

Figure 2.3
Taux de fécondité selon le groupe d’âge, Canada, 1926 à 2005

L’écart des taux de fécondité aux deux extrémités de l’échelle des âges de la reproduction, en l’occurrence pour les femmes âgées de 15 à 19 ans et celles âgées de 40 à 44 ans, commence également à diminuer4. Au début du XXe siècle, la fécondité était plus forte pour les femmes au début de la quarantaine que pour celles à la fin de l’adolescence. Les raisons de cette fécondité plus forte dans le groupe d’âge le plus avancé tiennent au fait qu’à cette époque, l’âge moyen au premier mariage des femmes était d’environ 24 ans5 et que la reproduction avait lieu sein du mariage. La contraception était également moins efficace au début des années 1900, et il était donc plus difficile de contrôler le moment et le nombre de naissances suivant la venue d’un premier enfant. À partir de 1946, première année du baby-boom, le niveau de fécondité des femmes âgées de 15 à 19 ans a dépassé celui des femmes au début de la quarantaine, le mariage et la reproduction survenant à de plus jeunes âges que ce qui avait été le cas au début du siècle. Au cours des dernières décennies, les taux de fécondité de ces deux groupes d’âge ont convergé, de moins en moins de femmes ayant des enfants pendant l’adolescence et plus de femmes ayant des enfants au début de la quarantaine. En 2005, le taux de fécondité des femmes âgées de 15 à 19 ans était de 13,3 naissances pour 1 000 femmes, comparativement à 7,1 naissances pour 1 000 femmes âgées de 40 à 44 ans. En 1981, les taux par âge correspondants étaient de 25,8 et 3,2 naissances pour 1 000 femmes respectivement.

L’écart entre les taux de fécondité de deux autres groupes d’âge a également diminué de façon spectaculaire ces dernières années, en l’occurrence celui des femmes âgées de 20 à 24 ans et de 35 à 39 ans. En 2005, le taux de fécondité des femmes au début de la vingtaine était de 50,4 naissances pour 1 000 femmes et celui des femmes à la fin de la trentaine était de 42,1 naissances pour 1 000 femmes. En 1981, le taux de fécondité des femmes âgées de 20 à 24 ans était bien plus élevé, avec 92,2 naissances pour 1 000 femmes, tandis qu’il n’était que de 19,2 naissances pour 1 000 femmes âgées de 35 à 39 ans. Si la tendance actuelle se maintient, il est possible que la fécondité des femmes à la fin de la trentaine surpasse la fécondité de celles à la fin de la vingtaine.

Descendance finale des récentes cohortes

Si l’indice synthétique de fécondité peut être influencé par des fluctuations spontanées au cours d’une année civile donnée, la descendance finale reflète la fécondité de cohortes réelles de femmes qui sont arrivées à la fin de leur vie reproductive. Le désavantage en est qu’il faut de nombreuses années pour obtenir des données nécessaires à son calcul pour une cohorte donnée. Comme il y a peu de naissances chez les femmes une fois 45 ans, la descendance finale des femmes nées jusqu’en 1960 peut être calculée en 2005. Il est également possible d’estimer la descendance finale de la cohorte de femmes nées en 1970 et qui étaient âgées de 35 ans en 2005, des femmes qui ont probablement complété la plus grande partie de leur descendance finale. La descendance finale estimée des cohortes plus récentes comporte un degré plus élevé d’incertitude, car la plus grande partie de leur descendance finale est fondée sur une extrapolation de la tendance des dix dernières années. Par conséquent, la descendance finale des cohortes nées après 1970 devrait être interprétée avec prudence.

La cohorte de femmes nées en 1946 (la première cohorte du baby-boom) était la dernière génération à avoir atteint le seuil de renouvellement des générations (2,1) et, par conséquent, cette cohorte est souvent prise comme une cohorte témoin pour les générations suivantes. Comme l’indique la figure 2.4, cette cohorte de femmes du baby-boom a enregistré des taux de fécondité bien plus élevés à la fin de l’adolescence et au début de la vingtaine, comparativement aux générations plus récentes, mais ce niveau a chuté relativement vite au début de la trentaine et est en fait plus faible que celui de la cohorte de femmes qui les ont suivies. D’autre part, la fécondité de ces cohortes plus récentes (nées à partir de 1970), bien qu’elle soit plus faible que celle de la cohorte de 1946 jusqu’à l’âge de 28 ans (il y a quelques fluctuations autour de 29 et 30 ans), a dépassé celle de toutes les cohortes précédentes de femmes âgées une fois l’âge de 31 ans atteint. Ainsi, le niveau de fécondité à 35 ans de la cohorte née en 1970, et qui n’est par conséquent pas encore arrivée au terme de ses années reproductives, était de 66,6 naissances pour 1 000 femmes en 2005, ce qui est plus élevé que celui des cohortes antérieures quand elles étaient âgées de 35 ans. Ce taux, qui est plus du double de celui de la cohorte de 1946 (31,5 naissances pour 1 000 femmes), témoigne d’une évolution importante étant donné que l’écart entre les générations est inférieur à 25 ans.

Figure 2.4
Taux de fécondité selon l’âge pour quelques générations, Canada

La moindre hauteur des courbes des cohortes plus récentes, combinée au pic de la courbe à des âges plus avancés, indique à la fois que les femmes ont moins d’enfants et que l’âge de la maternité se déplace. Dans l’ensemble, la descendance finale est plus faible pour les cohortes plus récentes parce qu’en dépit du fait que leur fécondité était plus forte dans la trentaine, elle n’était pas suffisante pour compenser la moindre fécondité au cours de la vingtaine. Par conséquent, il semble que plus les femmes reportent la maternité à un âge plus avancé, moins importante sera leur descendance finale car elles ne peuvent pas « rattraper » ou compenser le retard par des taux de fécondité plus élevés pendant la trentaine. Les taux de fécondité par âge des cohortes les plus récentes, en l’occurrence les femmes nées en 1975 et 1980, continuent toujours de grimper en dépit du fait qu’ils sont les plus faibles enregistrés jusqu’ici pour un âge donné. Il s’agit d’une tendance importante qu’il convient de suivre à l’avenir, car la fécondité de ces cohortes plus jeunes ne se décale pas seulement de plus en plus vers des âges plus avancés, mais elle n’a pas non plus encore culminé.

L’évolution de l’indice synthétique de fécondité et de la descendance totale montre la même tendance générale, en l’occurrence une plus forte fécondité pendant le baby-boom et une fécondité plus faible ces dernières années (figure 2.5). Cependant, on constate quelques divergences importantes entre ces deux mesures de la fécondité, principalement dues au calendrier de la fécondité des femmes qui la reportent à un âge toujours plus avancé. Par conséquent, ces dernières années, la descendance finale a été plus élevé que l’indice synthétique de fécondité. Après une période de baisse régulière, la descendance finale a été relativement stable, s’échelonnant entre 1,74 et 1,76 enfants par femme depuis 1993.

Figure 2.5
Indice synthétique de fécondité, 1926 à 2005 et descendance finale, 1906 à 1976

Accouchements simples et multiples

Comme le montre le tableau 2.2, la grande majorité des naissances en 2005 étaient des accouchements simples (97,0 %) mais dans environ 10 400 cas, les femmes ont donné naissance à des jumeaux (2,9 % de toutes les naissances) et à des triplés ou davantage (0,1 % de toutes les naissances)6. En 1981, 1,8 % de tous les nouveau-nés étaient des jumeaux ou davantage. Cette augmentation peut être observée dans tous les groupes d’âge des mères. Par exemple, chez les femmes âgées de 25 à 29 ans, 2,7 % des accouchements en 2005 étaient multiples, en hausse par rapport au 1,9 % observés en 1981. Pour les femmes à la fin de la trentaine et dans la quarantaine, plus de 4 % des naissances étaient multiples en 2005 comparativement à moins de 2 % en 1981.

Tableau 2.2
Distribution (en pourcentage) des naissances selon le type et groupe d’âge de la mère, Canada, 1981 et 2005

Le report de la maternité à un âge plus avancé est manifeste non seulement dans les variations de la répartition selon l’âge des mères ayant accouché d’un seul enfant, mais également de celles ayant eu des accouchements multiples. La part des accouchements multiples attribuable à des femmes âgées de 15 à 29 ans a diminué, mais augmenté chez celles âgées de 30 ans et plus. Par exemple, en 2005, chez les femmes qui ont accouché de jumeaux, la proportion de femmes âgées de 35 à 39 ans était de 19,3 %, tandis qu’environ un quart de siècle plus tôt, en 1981, ce chiffre était de 5,2 %. Parmi les femmes ayant donné naissance à des jumeaux, la proportion de celles étant âgées de 40 ans ou plus a augmenté de 0,6 % à 4,2 %. En revanche, chez les femmes qui ont eu des accouchements multiples, la proportion de celles étant à la fin de la vingtaine a chuté de 39,4 % en 1981 à 27,2 % en 2005. La tendance pour les triplés ou davantage était semblable. Un certain nombre de facteurs pourraient contribuer à cette augmentation des accouchements multiples chez les femmes de 30 ans et plus, notamment le report de la maternité à un âge plus avancé de même que le recours plus fréquent à l’utilisation de technologies de la reproduction, qui ont souvent comme conséquence des accouchements multiples.

La fécondité dans les provinces et territoires

Comme la tendance observée à l’échelon national, six provinces et un territoire affichaient un nombre de naissances plus élevé en 2005 que l’année précédente : Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec, l’Ontario, le Manitoba, l’Alberta, la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest (tableau A-2.1). Les principaux gains ont été réalisés dans les provinces de l’Alberta et du Québec. Le nombre de naissances dans la province de l’Alberta, qui connaît un essor démographique et économique, a augmenté de 3,3 % entre 2004 et 2005 pour atteindre 42 100. L’indice synthétique de fécondité de l’Alberta était de 1,75 enfants par femme, ce qui est plus élevé que le niveau national (1,54). Le nombre de naissances au Québec a augmenté de 3,1 % pour s’établir à 76 300 naissances en 2005. L’indice synthétique de fécondité du Québec (1,52 enfants par femme) ainsi que celui de l’Ontario (1,51) étaient semblables à celui de l’ensemble du Canada en 2005; toutefois l’indice au Québec était en hausse par rapport à 1,48 l’année précédente, tandis qu’il n’y avait aucun changement pour l’Ontario.

Les provinces de l’Ouest du pays comme le Manitoba et la Saskatchewan affichaient une fécondité plus élevée que celle de l’ensemble du pays. La fécondité des femmes de la Saskatchewan était en moyenne de 1,87 enfants en 2005, soit le niveau le plus élevé de toutes les provinces. Au Manitoba, le taux était de 1,82. La fécondité dans ces 2 provinces a connu une augmentation par rapport à l’année précédente. La population autochtone proportionnellement plus importante dans les provinces des Prairies ainsi que dans les territoires, dont la fécondité est plus forte que celle des populations non autochtones, pourrait contribuer à la fécondité supérieure à la moyenne nationale dans ces régions.

Dans le Canada Atlantique, les provinces de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick ont enregistré moins de naissances en 2005, bien qu’il y ait eu une légère hausse pour Terre-Neuve-et-Labrador. Les indices synthétiques de fécondité dans ces provinces étaient inférieurs à celui observé pour l’ensemble du Canada. Terre-Neuve-et-Labrador avait le taux de fécondité le plus faible de toutes les provinces et de tous les territoires (1,34 enfants par femme); cependant, il s’agissait de l’indice synthétique de fécondité le plus élevé dans cette province depuis 1994. Se classant deuxième après Terre-Neuve-et-Labrador, la Colombie-Britannique avait un taux de fécondité de 1,39 enfants par femme, présentant une variation relativement faible depuis l’an 2000.

En raison de la faible population des territoires, des changements même modestes des comportements en matière de fécondité peuvent provoquer d’importantes variations du nombre de naissances d’une année à l’autre. La plus forte baisse du nombre de naissances enregistré entre 2004 et 2005 au Canada s’est produite au Yukon (-12,3 %), où l’indice synthétique de fécondité était le plus faible des territoires (1,48 enfants par femme en 2005). Le Nunavut a également enregistré une baisse des naissances entre 2004 et 2005, mais l’indice synthétique de fécondité de ce territoire est demeuré le plus élevé du pays (2,72). Par contre, l’indice synthétique de fécondité des Territoires du Nord-Ouest a augmenté de 2,04 enfants par femme en 2004 à 2,11 en 2005.

Les régions dans lesquelles les femmes deviennent mères relativement jeunes conduit généralement à une fécondité plus élevée. Les résultats indiquent que c’est au Nunavut que l’âge moyen des mères à la première naissance était le plus bas (22,3 ans) en 2005, suivi par la Saskatchewan (25,7 ans). On trouvait les mères dont l’âge moyen à la première naissance était le plus élevé en Ontario (28,5 ans) et en Colombie-Britannique (28,7 ans). En fait, l’Ontario et la Colombie-Britannique étaient les deux seules provinces dans lesquelles l’âge moyen des mères (toutes naissances confondues) dépassait 30 ans, comparativement à la moyenne nationale de 29,6 ans.

Niveau infraprovincial

Dans l’ensemble, l’indice synthétique de fécondité était plus faible (1,51) en 2005 dans les régions métropolitaines de recensement (RMR), comparativement aux régions non RMR (1,59). Le tableau 2.3 montre les variations existants dans les niveaux de fécondité des différentes régions métropolitaines de recensement du Canada et qui rendent compte généralement des différences dans la composition démographique et ethnoculturelle de la population. Abbotsford, en Colombie-Britannique, affichait l’indice synthétique de fécondité le plus élevé en 2005, avec 1,84 naissance par femme, suivie par Calgary (1,68) et Edmonton (1,66) en Alberta. Les populations de ces trois régions métropolitaines de recensement ont crû plus rapidement que dans l’ensemble du Canada au cours des dernières années. Par contre, St. John’s à Terre-Neuve-et-Labrador a enregistré le plus faible indice synthétique de fécondité du Canada (1,24). On trouve d’autres régions métropolitaines de recensement ayant des indices synthétiques de fécondité relativement faibles sur la côte ouest, notamment Victoria (1,29) et Vancouver (1,30).

Tableau 2.3
Indice synthétique de fécondité selon la région métropolitaine de recensement, Canada, 2005

À Toronto, l’indice synthétique de fécondité de 1,52 était très proche du niveau national (1,54). Le taux de fécondité dans la deuxième région métropolitaine de recensement la plus populeuse du Canada, en l’occurrence Montréal (1,51), était légèrement inférieur à la moyenne nationale.

Avortements provoqués

Il est important de tenir compte de certains éléments contextuels lorsque l’on analyse les tendances en matière d’avortements provoqués, également appelés interruptions volontaires de grossesse. Avant 1969, les avortements n’étaient permis au Canada que si la poursuite de la grossesse mettait en danger la vie de la femme7. En août 1969, les femmes du Canada pouvaient se faire avorter pour des raisons thérapeutiques ou médicales dans un hôpital si un comité d’au moins trois docteurs y consentait. En janvier 1988, la Cour suprême du Canada a annulé la loi sur l’avortement modifiée de 1969 de façon à ce qu’il ne soit plus nécessaire de donner une raison pour se faire avorter.

Les statistiques sur les avortements sont tirées de l’Enquête sur les avortements thérapeutiques qui a commencé en 1969. Dans le cadre de cette enquête, on recueille des données sur les femmes qui se font avorter dans les hôpitaux et les cliniques du Canada, ainsi que des renseignements limités sur les Canadiennes qui se sont fait avorter dans quelques États limitrophes américains avant 2004. Les avortements spontanés – ou fausses couches – ne sont pas inclus dans ces statistiques. De 1969 à 1994, Statistique Canada était chargé de cette enquête. Depuis 1995, les données sont recueillies et traitées par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), bien que Statistique Canada soit toujours impliqué dans l’approbation et la diffusion des données8.

Les données sur le nombre d’avortements provoqués sont fournies par chaque province ou territoire, mais les informations qui sont fournies par chaque administration varient. Depuis 1983, l’Île-du-Prince-Édouard ne déclare pas les avortements provoqués dans les hôpitaux ou les cliniques. Les avortements cliniques ne sont pas non plus déclarés par la Saskatchewan, le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. Depuis 2004, il n’y a pas de clinique en Nouvelle-Écosse. En 2004 et 2005, le Manitoba n’a pas fourni de renseignements sur les avortements pratiqués dans les cliniques. Deux établissements de Colombie-Britannique, soit un en 2003 et l’autre en 2005, n’ayant pas participé à l’enquête sur les avortements thérapeutiques, les estimations pour ces années sont basées sur celles des années précédentes. Pour 2002 et 2003, les déclarations sur les avortements provoqués au Nunavut étaient incomplètes.

Depuis 1999, en Ontario, les avortements en clinique ne sont déclarés que pour les résidents de la province qui ont présenté une demande de remboursement à l’assurance-santé. Par conséquent, les données sur les résidents de l’Ontario qui ne présentent pas de demande de remboursement ou sur les avortements pratiqués sur des non-résidentes ne sont pas incluses dans le compte des avortements provoqués en clinique pour cette province. En Ontario, le sous-dénombrement des avortements a été estimé en moyenne à 5 % à 6 % chaque année de 1995 à 1998. De même, les données du Québec sont basées uniquement sur les résidents assurés de la province. En outre, la collecte de données sur les avortements de Canadiennes aux États-Unis a également changé. De 1971 à 2003, des renseignements limités sur les avortements provoqués obtenus par des Canadiennes ont été fournis par plusieurs États américains, particulièrement ceux qui sont situés le long de la frontière canado-américaine. Depuis 2004, cependant, cette information n’est plus recueillie.

D’autres aspects de la collecte touchant les statistiques sur les avortements provoqués portent sur le surdénombrement ou sous-dénombrement des données recueillies. Les interruptions volontaires de grossesse qui ne sont pas pratiquées dans des hôpitaux ou des cliniques ne seraient pas incluses dans l’enquête. Ainsi, les données sur les avortements médicaux ou pharmaceutiques qui peuvent être pratiqués dans le cabinet d’un médecin ne sont pas recueillies, ce qui pourrait se solder par un sous-dénombrement. Par contre, il pourrait y avoir surdénombrement si des femmes se font avorter à un endroit, puis demandent un traitement complémentaire lié à la procédure à un autre, ce qui pourrait aboutir à une double comptabilisation. L’ICIS a estimé que depuis 2000, environ 90 % des avortements provoqués pratiqués au Canada sur des Canadiennes sont recueillis dans l’Enquête sur les avortements thérapeutiques9.

En raison des limites cidessus, les données de cette section sur les avortements provoqués doivent être interprétées avec prudence.

Tendances récentes

Le nombre d’avortements provoqués pratiqués sur des Canadiennes dans des hôpitaux et des cliniques a diminué de 2004 à 2005. Environ 96 800 avortements ont été obtenus par des Canadiennes en 2005, soit 3 200 de moins qu’en 2004 (tableau 2.4). Plus de la moitié des avortements pratiqués sur des Canadiennes au Canada l’ont été dans des hôpitaux (52,1 %) en 2005, et le reste dans des cliniques. Il s’agissait d’une faible baisse par rapport à l’année précédente (53,6 %) et ce chiffre n’a cessé de reculer au cours des quelques décennies passées. Jusqu’à la fin des années 1980, presque tous les avortements étaient pratiqués dans des hôpitaux et, à la suite de la modification de la loi en 1988, davantage de cliniques ont proposé cette procédure.

Tableau 2.4
Interruptions volontaires de grossesse selon le lieu de résidence et rapport des avortements aux naissances, Canada, provinces et territoires, 2004 et 2005

Une mesure de l’intensité à laquelle les avortements sont pratiqués peut être donnée en exprimant ceux-ci en pourcentage des naissances pendant une année donnée (tableau 2.4). Il y a eu environ trois avortements pour dix naissances depuis le milieu des années 1990, mais ce chiffre est en régression. Le nombre d’avortements provoqués pour 100 naissances d’enfants vivants a chuté à 28,3 en 2005 par rapport à 29,7 en 2004.

Le recul du nombre d’avortements provoqués de 2004 à 2005, qui était manifeste pour l’ensemble du Canada, s’est également avéré pour les résidentes de toutes les provinces, à l’exception du Nouveau-Brunswick et de la Colombie-Britannique. Même dans ces deux provinces, le nombre de résidentes qui se sont faites avorter n’était que légèrement plus élevé en 2005 que l’année précédente. Le plus fort pourcentage d’avortements par 100 naissances en 2005 a été enregistré pour les résidentes du Québec (38,3 %), tandis qu’il était le plus faible pour les femmes de l’Île-du-Prince-Édouard (9,4 %)10 et du Nouveau-Brunswick (13,7 %). Les niveaux dans les provinces restantes s’échelonnaient entre les chiffres du Nouveau-Brunswick et ceux du Québec.

Répartition des avortements provoqués par âge de la femme

Selon le tableau 2.5, plus de la moitié de tous les avortements provoqués en 2005 ont été pratiqués sur des Canadiennes dans la vingtaine (53,5 %), particulièrement des femmes âgées entre 20 et 24 ans (31,4 %). De plus, 14,9 % des avortements pratiqués en 2005 l’ont été sur des femmes au début de la trentaine.

Tableau 2.5
Nombre, taux et distribution des interruptions volontaires de grossesse selon le groupe d’âge de la femme, Canada, 1981 à 2005

Depuis 1981, la répartition des avortements par groupe d’âge des femmes s’est graduellement déplacée vers les âges plus avancés. Environ un dixième (10,3 %) des avortements ont été pratiqués en 2005 sur des femmes à la fin de la trentaine, en hausse par rapport à 5,5 % il y a près de 25 ans. En 2005, 4,4 % de tous les avortements ont été obtenus par des femmes âgées de 40 ans et plus, ce qui est plus du double de 1981 (2,0 %). La proportion d’avortements pratiqués sur des adolescentes âgées de 19 ans ou moins a également diminué avec le temps. En 2005, 16,6 % de tous les avortements ont été obtenus par des adolescentes âgées de 15 à 19 ans, en baisse par rapport aux 27,4 % en 1981. Très peu d’avortements ont été pratiqués sur des personnes âgées de moins de 15 ans (0,3 % en 2005).

Taux d’avortements provoqués par groupe d’âge et indice synthétique d’avortement

Les taux d’avortements par âge mesure le nombre d’avortements pour 1 000 femmes dans un groupe d’âge particulier. Dans l’ensemble, les taux d’avortements provoqués ont diminué dans tous les groupes d’âge en 2005, comparativement à l’année précédente, sauf chez les femmes à la fin de la trentaine, pour lesquelles le taux est demeuré stable. Comparativement au début des années 1980, les taux d’avortements provoqués étaient plus élevés en 2005 pour toutes les femmes âgées de 20 ans et plus. La tendance générale depuis la fin des années 1990, à quelques exceptions près, a été à la baisse pour les femmes de tous les âges inférieurs à 35 ans. Par exemple, le taux des avortements provoqués pour 1 000 femmes au début de la vingtaine a régressé, passant d’un récent sommet de 34,2 en 1997 à 27,7 en 2005.

L’indice synthétique d’avortement est la somme des taux d’avortements provoqués. Il fournit un indicateur du nombre moyen d’avortements qu’une cohorte synthétique de femmes pourrait subir si elle se conformait aux taux observés lors d’une année donnée. Cette mesure est analogue à l’indice synthétique de fécondité, qui indique le nombre moyen d’enfants par femme pour une année civile particulière. En 2005, l’indice synthétique d’avortement était de 0,44 par femme. À l’instar de l’indice synthétique de fécondité, qui est une mesure agrégée qui tient compte du nombre moyen d’enfants nés, l’indice synthétique d’avortement rend compte du nombre moyen d’avortements pratiqués. Tout comme certaines femmes auront plusieurs enfants, tandis que d’autres n’en auront pas, l’indice synthétique d’avortement indique que certaines femmes peuvent avoir des avortements multiples, tandis que d’autres n’en ont pas. Cet indice a régulièrement diminué depuis 1996, année où il s’est établi à 0,53 avortement provoqué par femme, mais il demeure plus élevé que dans les années 1980.

Tableau A-2.1
Naissances et taux de fécondité, Canada, provinces et territoires, 1981 à 2005

Tableau A-2.2
Indice synthétique de fécondité (enfants par femme), Canada, provinces et territoires, 1981 à 2005

Tableau A-2.3
Indice synthétique de fécondité selon le rang (pour 1 000 femmes), Canada, provinces et territoires, 1981 à 2005

Tableau A-2.4
Taux de fécondité par groupe d’âge (pour 1 000 femmes), Canada, provinces et territoires, 1981 à 2005


Notes

  1. Statistique Canada. 2007. Naissances 2005. Numéro 84F0210XIF au catalogue de Statistique Canada; et US Census Bureau. 2008. International Data Base (IDB). Country Summary, 2005 Total fertility rate.

  2. Centers for Disease Control and Prevention. 2007.  Births : Preliminary Data for 2006. National Vital Statistics Reports, 56 (7).

  3. United States Census Bureau. 2008. International Database. Table 028 : Age-specific fertility rates and selected derived measures.

  4. Les femmes âgées de 45 à 49 ans sont également considérées comme faisant partie des femmes en âge de reproduction, mais il y a très peu de naissances dans ce groupe d’âge. En 2005, le taux de fécondité était de 0,3 naissance pour 1 000 femmes âgées de 45 à 49 ans, bien qu’il ait été plus élevé au début du XXe siècle (par exemple, 5,8 naissances pour 1 000 femmes en 1926).

  5. Dumas, J. et Y. Péron. 1992. Mariage et vie conjugale au Canada : La conjoncture démographique. Numéro 91-534F au catalogue de Statistique Canada.

  6. Les accouchements multiples de quadruplés ou plus sont très rares.

  7. Statistique Canada. 2007. Statistiques sur les avortements provoqués 2004. Numéro 82-223-X au catalogue de Statistique Canada.

  8. Ibid.

  9. Ibid.

  10. Depuis 1983, les avortements pratiqués sur les résidentes de l’Île-du-Prince-Édouard ne sont que ceux déclarés par d’autres provinces.