L'endettement des ménages au Canada

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Par Raj K. Chawla et Sharanjit Uppal

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Bien des Canadiens s'endettent pour financer l'achat d'une nouvelle maison, acquérir des biens et services ou investir dans l'éducation. Ces dernières années, tant les emprunts hypothécaires que les dettes de consommation se sont accrus sensiblement (Chawla, 2011). En 1980, le ratio de la dette d'un ménage au revenu personnel disponible était de 66 %; récemment, il a dépassé les 150 % (Statistique Canada, 2011). Cela signifie que, globalement, les ménages devaient plus de 1,50 $ pour chaque dollar de revenu disponible. L'endettement du ménage constitue donc une dimension de plus en plus importante des finances pour plusieurs familles canadiennes.

Bien que des estimations de l'endettement des ménages soient régulièrement produites, sous forme de données agrégées, on en sait moins sur les caractéristiques individuelles des emprunteurs. L'Enquête sur la sécurité financière (ESF), menée pour la dernière fois en 2005 (et, avant cela, en 1999), constitue l'une des principales sources d'information sur les finances des ménages. De même, les études portant sur les caractéristiques des emprunteurs canadiens sont relativement rares (Brighton et Connidis, 1982; Schwartz, 1999).

L'Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) de 2009, à laquelle ont contribué le ministère des Finances du Canada et Ressources humaines et Développement des compétences Canada, évaluait les connaissances financières, les profils ou habitudes d'épargne et le recours au crédit des Canadiens. Elle comportait des questions sur les avoirs et les dettes des répondants (voir Sources des données et définitions). L'ECCF est la source la plus à jour de données recueillies par Statistique Canada sur les caractéristiques des emprunteurs canadiens.

L'un des buts de cette enquête était de recueillir de l'information sur la littératie financière. Cette notion a été définie par le Groupe de travail sur la littératie financière comme étant le fait de disposer des connaissances, des compétences et de la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsables (Ministère des Finances du Canada, 2010)1. Dans l'ECCF, la littératie financière était mesurée au moyen de 14 questions à choix multiples portant sur l'inflation et les taux d'intérêt, les rapports de solvabilité et les cotes de crédit, les titres et actions en bourse et le risque, l'assurance, les impôts, les dettes et emprunts et les frais bancaires. Ces questions couvraient un large éventail de sujets et concepts financiers dénotant la littératie financière plutôt que la simple aptitude numérique. Soulignons que les répondants n'étaient pas tenus de fournir une réponse, ayant toujours la possibilité de cocher « ne sais pas ».

Compte tenu de l'attention qui est portée à la littératie financière dans l'ECCF, on peut utiliser les données de cette enquête pour déterminer si l'existence ou le montant d'une dette a un lien avec les connaissances financières – une nouvelle contribution à la littérature canadienne sur l'endettement des ménages.

Dans le présent article, on commence par se pencher sur les caractéristiques des débiteurs, en posant deux questions : Les débiteurs sont-ils plus susceptibles de faire partie de certains types de ménages? Quels sont les ménages qui contractent les plus lourdes dettes? Nous nous intéressons ensuite à la question de savoir si l'endettement a un lien avec le degré de connaissance financière ou les indicateurs d'attitudes en matière de finances. Nous cherchons aussi à savoir si le rapport existant entre la dette et les capacités financières est toujours présent lorsque d'autres caractéristiques comme le revenu et le niveau de scolarité sont prises en compte.

Une dette est le résultat d'un contrat passé entre un prêteur et un emprunteur. Au moment d'évaluer la demande de crédit d'un emprunteur potentiel, l'établissement prêteur tient compte de nombre de facteurs qui influent à la fois sur la fréquence et le degré de l'endettement. Entre autres facteurs, mentionnons le niveau et la stabilité du revenu du demandeur, son niveau d'endettement, ses biens donnés en garantie et la valeur marchande des propriétés hypothéquées. Ainsi, le niveau d'une dette active ne dépend pas simplement des demandes de l'emprunteur; il est aussi fonction de l'évaluation que l'établissement de crédit fait de la capacité de l'emprunteur à rembourser ou à fournir suffisamment de biens en garantie.

Qui sont les emprunteurs?

Dans l'ECCF, l'endettement des ménages est défini comme les dettes hypothécaires afférentes à l'ensemble des résidences et biens immobiliers conjuguées aux dettes de consommation (y compris les soldes de cartes de crédit à rembourser, les marges de crédit personnelles et hypothécaires, les emprunts garantis et non garantis contractés auprès des banques et autres établissements de crédit et les factures impayées). Les deux tiers de ceux qui ont répondu aux questions sur l'endettement ont déclaré avoir au moins un type de dette. En 2009, les emprunteurs ont déclaré une moyenne de 114 400 $ par débiteur2 (tableau 1).

Conformément à la théorie du cycle de vie (Modigliani et Brumberg, 1954; Friedman, 1957; Browning et Crossley, 2001), les jeunes et les parents avec enfants à la maison étaient plus susceptibles de contracter des dettes. Les moins de 45 ans formaient 45 % de la population, mais représentaient 54 % des emprunteurs. De la même façon, les gens mariés avec enfants formaient 30 % de la population globale, mais 39 % des débiteurs. Ils étaient aussi plus susceptibles d'avoir des niveaux d'endettement plus élevés. Les couples avec enfants étaient responsables de la moitié de l'endettement total des ménages, avec une dette moyenne de 144 600 $, un chiffre supérieur à la moyenne générale de 114 400 $. Par ailleurs, les moins de 45 ans représentaient 61 % de la dette des ménages, avec un endettement moyen de 129 200 $ par personne.

Les revenus plus élevés étaient associés à une probabilité accrue d'être endetté et un niveau d'endettement plus élevé. Les personnes dont le revenu du ménage était d'au moins 100 000 $ formaient 31 % de la population, mais 37 % des personnes endettées. Qui plus est, les personnes au revenu du ménage supérieur avaient plus de dettes, probablement en raison de leur plus grande capacité d'endettement3. Le montant total de la dette des ménages était particulièrement concentré chez les ménages dont le revenu était d'au moins 100 000 $, puisqu'ils représentaient 37 % de tous les débiteurs, mais 56 % de l'endettement total des ménages (avec une moyenne de 172 400 $ par emprunteur). En comparaison, ceux dont le revenu du ménage était compris entre 50 000 $ et 100 000 $ représentaient 38 % des débiteurs, mais 31 % de l'endettement des ménages (en moyenne 95 400 $ par emprunteur), tandis que les ménages gagnant moins de 50 000 $ étaient responsables de 13 % de l'endettement (ou 57 700 $ par emprunteur), bien que formant 25 % des débiteurs.

Un niveau d'instruction plus élevé était aussi associé à une probabilité accrue d'être endetté et une moyenne d'endettement plus élevé. Les personnes ayant au moins fait des études postsecondaires partielles formaient environ la moitié de la population, mais près de 60 % des personnes endettées. Quant aux diplômés universitaires, leur dette moyenne était de 60 % supérieure à celle des personnes sans diplôme d'études secondaires – 145 400 $ comparativement à 90 900 $.

Bien que la répartition des emprunteurs entre les régions était comparable à celle de la population dans son ensemble, les montants dus étaient plus concentrés dans certaines régions. Les débiteurs de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de l'Ontario devaient, en moyenne, de 124 700 $ à 157 700 $, comparativement à la moyenne nationale de 114 400 $. Collectivement, les ménages de ces provinces représentent les trois quarts de l'endettement des ménages au pays. La concentration de la dette dans ces régions correspond généralement à des prix de l'immobilier plus élevés (Services économiques TD, 2011).

On a également remarqué l'existence d'un lien étroit entre le fait d'être propriétaire de son logement et l'endettement, puisque les ménages ayant une hypothèque représentaient 39 % de la population, mais 58 % des débiteurs. À l'inverse, les propriétaires sans hypothèque représentaient 34 % de la population, mais 62 % de tous les ménages sans aucune dette4. Les locataires (26 % de la population) étaient aussi moins susceptibles d'être endettés, puisqu'ils représentaient un tiers des ménages nullement endettés5.

L'endettement était concentré chez les débiteurs hypothécaires, qui étaient responsables de 82 % des dettes (une moyenne de 161 200 $ par débiteur). À l'inverse, les propriétaires sans hypothèque représentaient 11 % de l'endettement total et les locataires, 7 %. Près des deux tiers des débiteurs hypothécaires étaient âgés de moins de 45 ans (graphique A), et ce groupe comptait pour plus de la moitié de l'endettement. La concentration de la dette chez les débiteurs hypothécaires plus jeunes cadre avec la théorie de la consommation axée sur le cycle de vie. Pour nombre de débiteurs hypothécaires, le logement représente tout à la fois un bien de consommation et un outil d'investissement qu'ils peuvent aussi utiliser comme biens donnés en garantie pour financer d'autres besoins (voir Dette hypothécaire et de consommation).

Dispersion de la dette des ménages

Que certains groupes aient un niveau moyen d'endettement plus élevé que d'autres ne signifie pas nécessairement que la dette est uniformément répartie à l'intérieur deces groupes. Une méthode à laquelle on peut recourir pour examiner la dispersion de la dette est celle du coefficient de Gini6. Une valeur plus élevée du coefficient de Gini signale une concentration plus marquée dans la répartition – c'est-à-dire la situation où une proportion relativement faible d'emprunteurs est responsable d'une grande part de l'endettement total. Du côté des emprunteurs seulement, le coefficient de Gini de l'endettement des ménages en 2009 était de 0,611, comparativement à 0,372 pour le revenu des ménages dans le même groupe (tableau 3). Cela signifie, chez les ménages emprunteurs, que la concentration de leur endettement est plus forte de 64 % que celle de leur revenu. En outre, la dette était plus concentrée que le revenu chez les emprunteurs de tous les groupes sociodémographiques.

Cependant, l'endettement des ménages était plus inégalement réparti chez certains groupes d'emprunteurs que d'autres. Parmi les groupes dont le coefficient de Gini était élevé, mentionnons ceux qui sont sans diplôme d'études secondaires, les personnes vivant seules et les personnes appartenant à d'« autres » types de familles ainsi que les personnes dont le revenu du ménage était inférieur à 50 000 $. Comme les personnes appartenant à ces groupes sont susceptibles d'avoir moins de ressources pour effectuer leurs remboursements de dettes, les plus endettées d'entre elles courent un plus grand risque de se mettre en situation de défaut de remboursement, car elles assument une grande partie de l'endettement du groupe7.

Par contre, l'endettement était réparti plus également chez les jeunes, les personnes ayant fait des études postsecondaires et celles dont le revenu familial était d'au moins 50 000 $ (qui détiennent une part importante de la dette impayée).

Le tableau 3 montre aussi que l'inégalité des niveaux d'endettement était plus marquée chez les propriétaires sans hypothèque et les locataires, même si les écarts observés entre ces deux groupes sont, par définition, dus en grande partie aux dettes de consommation. Cela signifie que même si les locataires et les propriétaires-occupants sans hypothèque ne détenaient que 18 % de l'endettement total des ménages, la majeure partie de la dette était concentrée chez une proportion relativement faible du groupe.

Littératie financière

Une forte proportion de l'endettement total des ménages est le fait de personnes qui en sont aux stades accumulatifs de leur cycle de vie et/ou qui ont un revenu supérieur à la moyenne. Bien que les emprunts s'accordent avec un lissage du cycle de vie et devraient satisfaire aux normes des établissements prêteurs, on ignore jusqu'à quel point les emprunteurs tiennent compte des risques d'augmentation des taux d'intérêt, du déclin des prix du logement, des interruptions du revenu ou à d'autres facteurs lorsqu'ils prennent des décisions d'emprunt. Dans une certaine mesure, ces risques peuvent être atténués par la littératie financière des emprunteurs puisque l'on s'attendrait à ce que les personnes plus financièrement capables comprennent mieux les risques associés à l'emprunt et la meilleure façon de les atténuer8.

La question de savoir si le degré de littératie financière est associé à des mesures de l'endettement a déjà été étudiée. Gerardi et coll. (2010) ont constaté qu'une plus faible littératie financière était associée à une plus forte probabilité de défauts de paiement et de forclusions (saisies hypothécaires) sur le marché immobilier américain. En se servant des données de l'ECCF, Hurst (2011) s'est intéressé au lien existant entre la littératie financière et plusieurs indicateurs d'insécurité financière, mais il n'a constaté qu'un faible lien entre les deux. Le présent document contribue à la littérature en examinant le lien entre les niveaux d'endettement des ménages et la littératie financière.

L'ECCF mesurait la littératie financière des répondants à l'enquête en posant une série de questions sur les pratiques et les principes financiers, questions qui peuvent servir à déterminer l'éventuelle corrélation entre la littératie financière et la présence, le type ou le montant de dettes (voir Annexe pour les questions et réponses). La cote de littératie financière correspond à la somme des réponses correctes à ces questions. En 2009, les personnes qui avaient une forme ou une autre de dette ont obtenu une note moyenne de 72 % au questionnaire financier, comparativement à une moyenne de 68 % chez les personnes non endettées (tableau 4). Ce score était plus élevé (76 % en moyenne) chez les personnes qui avaient une dette d'au moins 250 000 $ (représentant environ 13 % des débiteurs), tandis qu'il était de l'ordre de 70 % dans le cas des personnes endettées pour moins de 50 000 $.

Parce que ces questions ne comprennent qu'une méthode pour estimer les connaissances financières générales d'une personne, d'autres mesures de la littératie financière ont été envisagées. L'une des possibilités consistait à examiner la façon dont les répondants percevaient leurs propres connaissances financières. Environ la moitié des personnes qui devaient au moins 250 000 $ se sont déclarées comme possédant de « bonnes » ou « très bonnes » connaissances en matière financière, comparativement à un peu plus d'un tiers chez les autres emprunteurs. Ces résultats, conjugués aux scores plus élevés enregistrés chez les personnes ayant des montants de dette plus élevés, laissent croire qu'il existe une certaine corrélation entre un endettement plus élevé et une meilleure littératie financière.

Cela dit, le lien entre l'endettement et la littératie financière pourrait ne pas être aussi direct. Par exemple, il se peut que les hauts débiteurs (personnes qui doivent d'importants montants) possèdent davantage de connaissances financières du fait qu'ils ont tendance à avoir des revenus plus élevés (Keown, 2011). Dans toute étude du lien entre l'endettement du ménage et la littératie financière, on devrait donc faire entrer en ligne de compte d'autres facteurs susceptibles d'être corrélés aux connaissances financières9. À cette fin, on peut procéder à l'estimation d'un modèle Tobit, avec l'endettement du ménage comme variable dépendante et les variables de littératie financière comme variables indépendantes. L'un des avantages du modèle Tobit est qu'il permet de faire une estimation du résultat à l'intérieur d'un intervalle spécifié. Cet aspect est important, car la répartition de l'endettement est censurée à gauche (c.-à-d. que personne ne peut déclarer de montants « négatifs » de dette). Ainsi, le modèle Tobit tient compte du fait qu'une partie significative de la population est « censurée à gauche » (c.-à-d., les personnes sans dette). Tous les résultats sont exprimés en montants (en dollars) de dettes additionnelles qu'une personne contracterait si les variables indépendantes augmentaient d'une unité (ou, dans le cas de variables nominales, la variation des niveaux d'endettement par rapport à la catégorie de référence).

Lorsque seuls les scores financiers et les totaux de contrôle relatifs aux régions géographiques sont inclus dans le modèle (tableau 5, modèle 1), les estimations dénotent l'existence d'un lien entre l'endettement et la littératie financière dans la mesure où chaque augmentation d'unité dans la variable du score financier s'accompagnait d'une augmentation correspondante de 14 700 $ de l'endettement. Cependant, lorsque le revenu du ménage était inclus comme variable, ce lien s'amenuisait (modèle 2), donnant lieu à une augmentation correspondante de l'endettement de 9 100 $ pour chaque point additionnel de la variable du score financier. Lorsque toutes les variables de contrôle sont incluses (modèle 3), la corrélation entre les scores de connaissances financières et la dette s'amenuisait plus encore, donnant lieu à une augmentation correspondante de l'endettement de 5 100 $ par point additionnel10.

En fait, d'autres variables comportaient aussi une forte corrélation avec un niveau d'endettement plus élevé. Les variables de la propriété du domicile et du revenu du ménage ont toutes deux été associées à des niveaux plus élevés d'endettement. On a estimé que la dette des propriétaires-occupants était supérieure de 100 000 $ à celle des locataires; de la même façon, le niveau d'endettement des personnes dont le revenu du ménage était égal ou supérieur à 100 000 $ dépassait de près de 60 000 $ celui des personnes ayant un revenu du ménage inférieur à 50 000 $. On a aussi constaté une corrélation avec des niveaux d'endettement plus élevés chez les personnes plus jeunes, les immigrants récents, les gens hautement scolarisés et les personnes occupées. À l'inverse, on a observé des niveaux d'endettement moins élevés chez les personnes plus âgées, les retraités et les personnes faisant partie de familles sans enfants11.

Nous avons estimé un autre modèle en nous servant des variables des connaissances financières autoévaluées plutôt que des scores du questionnaire financier (tableau 5, modèle 4). À l'instar des estimations obtenues au moyen des résultats au questionnaire, ce modèle a révélé une relation positive entre l'endettement d'une personne et la propre évaluation qu'elle fait de ses connaissances financières. Le montant de la dette était plus élevé chez les personnes qui disaient posséder de bonnes connaissances en gestion des finances du ménage que chez celles qui se déclaraient moins compétentes en la matière. Par exemple, le niveau d'endettement des personnes qui disaient posséder de « très bonnes connaissances » était supérieur de 29 100 $ à celui des personnes qui se déclaraient pas très familières de ces questions. Les résultats étaient très semblables à ceux du modèle 3 pour ce qui est des autres variables.

Perceptions et attitudes en matière financière

L'ECCF comportait aussi des questions visant à mesurer les perceptions et attitudes des Canadiens en matière financière (tableau 6). On demandait notamment au répondant s'il se considérait comme « bon » ou « très bon » pour ce qui est de faire le suivi de son argent, de joindre les deux bouts, de magasiner afin d'obtenir les meilleurs produits financiers et de se tenir au courant des questions financières. On demandait aussi aux répondants s'ils souscrivaient à une série d'énoncés destinés à mesurer leur intérêt et leur attitude à l'égard des affaires financières. Enfin, on leur demandait s'ils avaient reçu des conseils en matière financière et s'ils avaient déjà pris une décision financière qu'ils ont regrettée par la suite.

Les emprunteurs ayant les niveaux d'endettement du ménage les plus élevés (au moins 250 000 $ de dettes) étaient plus susceptibles de se déclarer bons ou très bons pour ce qui est de « magasiner afin d'obtenir le meilleur produit financier » (comme un prêt ou une prime d'assurance) et de « se tenir au courant des questions financières ». Ils étaient également plus susceptibles de répondre « j'aime m'occuper des questions financières », « j'ai une bonne idée du type de produit financier dont j'ai besoin », « j'en connais assez sur les investissements pour choisir ceux qui sont les plus adaptés à ma situation » et « je fais toujours des recherches approfondies sur mes choix avant de prendre une décision de nature financière » – ce qui indique que des niveaux élevés d'endettement peuvent être associés à un intérêt accru pour les finances. D'un autre côté, 58 % des personnes ayant une dette de ménage d'au moins 250 000 $ ont aussi déclaré qu'elles avaient pris une décision financière qu'elles ont ultérieurement regrettée, comparativement à une proportion de 45 % chez ceux dont l'endettement du ménage est inférieur à 50 000 $ et de 36 % chez les personnes sans aucune dette.

Au chapitre des conseils en matière financière, les personnes ayant une dette d'au moins 250 000 $ étaient également plus susceptibles de solliciter des conseils sur des produits financiers concernant la planification des études et des enfants (18 % par rapport à 8 % de ceux dont la dette est inférieure à 50 000 $), les assurances (27 % contre 15 %), la planification fiscale (23 % contre 11 %) et la planification financière générale (37 % contre 24 %). Elles étaient aussi moins susceptibles de déclarer qu'elles n'avaient pas du tout cherché à obtenir des conseils, quoique 40 % d'entre elles aient dit n'avoir pas reçu de conseils (comparativement à 63 % chez les non-débiteurs).

Les attitudes financières pourraient aussi être corrélées à d'autres caractéristiques sociodémographiques. Des modèles logit ont été estimés pour étudier le lien entre l'endettement et des variables clés relatives à l'attitude financière : si les répondants avaient regretté certaines décisions qu'ils avaient prises et s'ils avaient reçu des conseils d'ordre financier (données non présentées). Il ressort des résultats descriptifs qu'un niveau plus élevé d'endettement est associé à une plus forte propension à recevoir des conseils en matière financière et à une probabilité plus élevée de regretter des décisions financières – même lorsqu'on faisait entrer en ligne de compte d'autres variables (comme le revenu du ménage et le niveau d'instruction).

Conclusion

Les augmentations observées depuis les années 1980 dans les fardeaux agrégés de la dette des ménages ont ravivé l'intérêt pour l'endettement des ménages et signalé les risques qu'une hausse des taux d'intérêt ou une chute du prix des actifs pose à la santé financière des ménages. Dans ce contexte, la compréhension des caractéristiques des emprunteurs, en particulier ceux dont le niveau d'endettement est élevé, facilite une meilleure définition des risques pour le secteur des ménages. En particulier, étant donné que le fait de s'endetter suppose souvent que l'on fasse une série de choix, il est important de déterminer si les personnes ayant un haut niveau d'endettement ont un niveau correspondant de littératie financière.

Comme il ressort d'études antérieures, l'incidence et le niveau de l'endettement des ménages sont plus élevés chez certains groupes de la population, soit les jeunes propriétaires de leur maison, les jeunes familles avec enfants, les gens plus instruits et les personnes dont le revenu du ménage est plus élevé. De fait, plus de 60 % de la dette des ménages était imputable aux moins de 45 ans, et près de la moitié aux couples avec enfants.

Toutefois, l'endettement n'était pas réparti de façon égale à l'intérieur de ces groupes. Bien que les populations jugées plus économiquement vulnérables, comme les gens moins instruits, les personnes vivant seules et les locataires, entraient pour une plus faible proportion dans la dette totale des ménages, leur endettement était plus inégalement distribué. Cette réalité coïncide avec les résultats de recherches antérieures qui ont montré que ces groupes étaient plus susceptibles de connaître une insécurité financière (Hurst, 2011). À l'inverse, l'endettement était plus uniformément réparti chez les gens plus instruits, les couples avec enfants, les personnes au revenu de ménage plus élevé et les débiteurs hypothécaires.

Bien que les précédents travaux aient relevé peu d'éléments de preuve de l'existence d'un lien entre les ratios d'endettement et la littératie financière (Hurst, 2011), la présente étude a révélé que les variables tant de la littératie financière que des connaissances financières autoévaluées étaient associées à des niveaux d'endettement plus élevés en valeur absolue, même lorsqu'on fait intervenir d'autres caractéristiques. Cependant, d'autres caractéristiques, comme le fait d'être propriétaire de son logement et le revenu du ménage, sont également étroitement associées à des fardeaux de dette plus lourds. Outre la possession de meilleures connaissances financières, les personnes dont la dette du ménage est plus importante (que l'on a définies comme celles qui devaient plus de 250 000 $) étaient plus susceptibles de se percevoir comme de bons gestionnaires financiers et étaient plus enclines que les autres à solliciter des conseils sur un éventail de questions financières.

Dettes hypothécaires et de consommation

L'ECCF de 2009 ne recueillait pas d'informations sur la contribution relative des dettes de consommation et hypothécaires à l'endettement global des ménages. Toutefois, elle recueillait des données sur la présence de six types de dette de consommation : prêts étudiants; prêts sur salaire; autres prêts (à l'exclusion des deux premiers types); soldes de cartes de crédit; marges de crédit personnelles et sur valeur domiciliaire; factures impayées (comme les impôts et le loyer)12. La proportion des débiteurs ayant un solde impayé de carte de crédit était de 48 %; 41 % avaient un montant à rembourser sur une marge de crédit; 32 % avaient d'autres emprunts (p. ex., des prêts personnels); 18 % avaient des prêts étudiants; 3 % avaient d'autres dettes (p. ex., des factures non payées) et moins de 1 % avaient des prêts sur salaire.

Les débiteurs hypothécaires étaient plus susceptibles d'avoir plus d'un type de dette de consommation. Par exemple, 48 % de ceux qui n'avaient qu'un type de dette de consommation étaient des débiteurs hypothécaires, comparativement à 65 % chez ceux qui avaient au moins trois types de dettes de consommation.

Plus les propriétaires sont âgés, moins ceux-ci étaient susceptibles d'avoir des dettes hypothécaires et de consommation. Chez les moins de 45 ans, la proportion de débiteurs ayant trois types ou plus de dettes de consommation était de 18 %, mais elle était de 11 % chez les 45 à 64 ans et de seulement 3 % chez les 65 ans et plus (tableau 2). En revanche, la proportion de débiteurs qui ne recourent qu'à un type de dette de consommation augmente avec l'âge; elle est de 39 % chez les moins de 45 ans, mais passe à 62 % chez les 65 ans et plus.

Annexe : Questionnaire de l'ECCF portant sur les connaissances financières

L'une des caractéristiques uniques de l'Enquête canadienne sur les capacités financières est la série de 14 questions qui ont été conçues pour évaluer les connaissances des répondants concernant les pratiques et les principes financiers. Les questions et les réponses sont les suivantes :

1.   Si le taux d'inflation est de 5 % et que le taux d'intérêt versé sur vos épargnes est de 3 %, est-ce que vos épargnes auront au moins le même pouvoir d'achat dans un an?

a) Oui
b) Non

2.   Un rapport de solvabilité est…?

a) Une liste de vos avoirs et dettes
b) Un relevé mensuel de votre carte de crédit
c) Un historique des prêts et des remboursements
d) Une ligne de crédit dans une institution financière

3.   Qui assure vos actions sur le marché boursier?

a) La Société d'assurance-dépôts du Canada
b) La Commission des valeurs mobilières
c) La Banque du Canada
d) Personne

4.   Vrai ou faux...

Avec l'affichage du prix à l'unité dans une épicerie, vous pouvez facilement comparer le prix de toute marque et de toute taille d'emballage.

a) Vrai
b) Faux

5.   Si chacune des personnes ci-dessous gagnait à peu près le même salaire net, laquelle aurait besoin de la meilleure couverture d'assurance-vie?

a) Une jeune femme célibataire avec deux jeunes enfants
b) Une jeune femme célibataire sans enfants
c) Un homme âgé retraité, marié à une femme également retraitée
d) Un jeune homme marié sans enfants

6.   Si vous avez un compte d'épargne dans une banque, lequel des énoncés suivants concernant l'intérêt versé sur ce compte serait exact?

a) La taxe de vente peut être perçue sur l'intérêt que vous gagnez
b) Vous ne pouvez pas recevoir d'intérêt avant votre 18e anniversaire
c) Les gains faits sur les comptes d'épargne ne sont pas imposables
d) L'intérêt versé peut être imposé si votre revenu est assez élevé

7.   L'inflation peut causer divers désagréments. Quel groupe de personnes éprouverait les pires difficultés si l'inflation se maintenait pendant plusieurs années à un taux élevé?

a) Les jeunes couples de travailleurs sans enfants
b) Les jeunes couples de travailleurs qui ont des enfants
c) Les couples de travailleurs plus âgés qui épargnent en vue de leur retraite
d) Les personnes âgées qui vivent avec un revenu de retraite fixe

8.   Linda a épargné 12 000 $ pour ses études universitaires en travaillant à temps partiel. Elle prévoit débuter l'université l'année prochaine et elle a besoin de tout l'argent qu'elle a épargné. Lequel des énoncés parmi la liste suivante est le plus sûr pour y investir l'argent destiné à ses études universitaires?

a) Obligations de sociétés
b) Fonds commun de placement
c) Compte d'épargne dans une banque
d) Coffre-fort à la maison
e) Actions

9.   Lequel des types d'investissement suivants protégerait le mieux le pouvoir d'achat des épargnes d'une famille en cas d'une hausse soudaine de l'inflation?

a) Une obligation de sociétés de 25 ans
b) Une maison financée par une hypothèque à taux fixe
c) Une obligation de sociétés de 10 ans
d) Un certificat de placement dans une banque

10. Dans quelles circonstances serait-il financièrement avantageux d'emprunter de l'argent pour acheter un article aujourd'hui et de rembourser cet emprunt avec un revenu futur?

a) Lorsque l'article tombe en vente
b) Lorsque l'intérêt sur le prêt est supérieur à l'intérêt obtenu sur un compte d'épargne
c) Lorsque l'article acheté à crédit permet d'obtenir un emploi beaucoup mieux rémunéré
d) Il est toujours plus avantageux d'emprunter de l'argent pour acheter un article aujourd'hui et de rembourser cet emprunt avec un revenu futur

11. Lequel des énoncés suivants concernant la carte de débit (ou guichet automatique bancaire) est inexact?

a) Vous pouvez obtenir sans frais de l'argent partout dans le monde
b) Vous devez avoir un compte de banque pour posséder une carte de débit
c) Généralement, vous pouvez obtenir de l'argent 24 heures sur 24
d) Généralement, vous pouvez obtenir des renseignements sur votre solde bancaire à un guichet automatique

12. Laquelle des situations suivantes peut nuire à votre cote de crédit?

a) Faire des paiements en retard sur un prêt ou une dette
b) Rester dans le même emploi trop longtemps
c) Demeurer dans le même secteur trop longtemps
d) Utiliser fréquemment une carte de crédit pour des achats

13. Qu'est-ce qui peut affecter le montant d'intérêts que vous payez sur un prêt?

a) Votre cote de crédit
b) La valeur du prêt
c) La période de temps que vous prenez pour rembourser le prêt
d) Toutes ces réponses

14. Laquelle des options suivantes vous aidera à réduire le coût d'une maison?

a) Rembourser l'hypothèque sur une longue période de temps
b) Accepter de payer le taux d'intérêt actuel sur l'hypothèque pour le plus d'années possible
c) Déposer une plus grande mise de fonds au moment de l'achat
d) Déposer une plus petite mise de fonds au moment de l'achat

Clé de correction

  1. b
  2. c
  3. d
  4. a
  5. a
  6. c et d
  7. d
  8. c
  9. b
  10. c
  11. a
  12. a
  13. d
  14. c

Le tableau 7 illustre la proportion des répondants ayant correctement répondu aux questions dans leur catégorie d'endettement.

Pour certaines de ces 14 questions, les différences entre catégories de niveau d'endettement n'étaient pas très importantes, mais les écarts étaient plus marqués pour d'autres catégories. Par exemple, 56 % des personnes faisant partie de la catégorie du niveau d'endettement le plus élevé (au moins 250 000 $) ont répondu correctement à la question 2 sur le rapport de solvabilité, comparativement à 46 % des répondants rangés dans la catégorie d'endettement la plus basse (moins de 50 000 $). La question 7 sur l'inflation a aussi révélé des écarts relativement importants dans les proportions de bonnes réponses données par les groupes du plus fort et du moindre niveau d'endettement (63 % et 53 % respectivement), tout comme la question 11 sur les guichets automatiques bancaires (84 % contre 73 %). Parmi les autres questions où l'on a observé des différences significatives entre ceux ayant un niveau d'endettement plus élevé et ceux dont le niveau d'endettement est moins élevé, mentionnons la question 3 sur l'assurance des actions sur le marché boursier, la question 8 sur la sécurité des placements, la question 9 sur les options de protection contre la perte de pouvoir d'achat et la question 13 sur les facteurs influant sur les taux d'intérêt d'un prêt. Dans tous les cas, ceux ayant un niveau d'endettement élevé ont mieux fait que ceux ayant un niveau d'endettement plus faible. On peut trouver davantage d'information sur les questions de l'ECCF traitant des capacités financières dans McKay (2011).

Sources des données et définitions

L'analyse que renferme la présente étude repose sur les données de l'Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) de 2009. Parrainée par Ressources humaines et Développement des compétences Canada, le ministère des Finances du Canada et l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC), cette enquête évalue, chez les Canadiens, les connaissances et aptitudes liées à la gestion de leurs finances, y compris l'établissement d'un budget, la constitution d'épargnes pour la retraite et l'éducation postsecondaire des enfants, les actifs détenus, les hypothèques et les dettes de consommation. L'enquête recueillait aussi de l'information sur les sources utilisées par les Canadiens pour améliorer leurs connaissances et aptitudes financières pour ce qui est de gérer et d'améliorer leurs finances, de gérer leurs dépenses courantes et de planifier globalement leurs finances.

L'enquête a reçu des réponses de 15 519 personnes âgées de 18 ans et plus à propos de leurs caractéristiques sociodémographiques et d'emploi, leurs sources de revenus, les types des biens qu'ils détenaient et de leurs dettes ainsi que d'autres caractéristiques comportementales. Dans la grande majorité des cas (environ 90 %), les répondants à l'enquête étaient les personnes responsables de prendre les décisions liées aux dépenses courantes et à la gestion des finances du ménage. La majeure partie de cette information était donnée sous forme de réponses par « oui » ou « non », avec des codes distincts pour « refus », « ne sais pas », « non déclaré » et « enchaînement valide » (saut de question). Des renseignements quantitatifs ont été sollicités sur le revenu total avant impôt, le revenu total du ménage, les biens ou actifs détenus, les dettes et passifs ainsi que le patrimoine financier. Une valeur a été imputée aux éléments d'information manquants sur le revenu lorsque les réponses aux questions sur les actifs totaux, le total des dettes et passifs et le patrimoine étaient des codes distincts. En raison du faible taux de réponse à la partie du questionnaire portant sur les avoirs et actifs (environ 50 %), les variables liées aux actifs ne sont pas prises en compte dans le présent document. Quant à la section consacrée à l'endettement, 84 % des répondants ont fourni des données utilisables sur l'état de leur endettement et le montant total de leurs dettes. La fourchette des réponses valides quant à l'endettement total allait de plus de 0 dollar à inférieure ou égale à 5 millions de dollars.

L'endettement total d'un ménage comprend les dettes hypothécaires sur la résidence principale, la maison de villégiature et les autres biens immobiliers, ainsi que les dettes de consommation. Ces dernières se composent des soldes de cartes de crédit, des marges de crédit personnelles et hypothécaires, des emprunts garantis et non garantis contractés auprès de banques et d'autres établissements de crédit et des factures impayées (y compris les impôts, le loyer, etc.).


Notes

  1. Pour connaître d'autres définitions de la littératie financière utilisées dans les études et travaux récemment publiés, voir Remund (2010). Également, le numéro d'octobre 2011 de la revue britannique Journal of Pension Economics and Finance renferme des articles traitant de la littératie financière dans un certain nombre de pays.
  2. Cette moyenne coïncide avec les estimations que l'on trouve dans d'autres rapports (Sauvé, 2011).
  3. Marshall (2011) constate aussi des niveaux plus élevés d'endettement chez les personnes âgées à revenu élevé. Des niveaux plus élevés de biens donnés en garantie et des conditions d'octroi de prêt plus favorables pourraient aussi influer sur les pratiques d'emprunt des ménages à revenu élevé.
  4. Chez les propriétaires sans hypothèque, l'endettement était surtout constitué de marges de crédit et de soldes de cartes de crédit.
  5. Tous n'ont pas un accès égal aux marchés du crédit, puisque les établissements prêteurs rationnent le crédit. Cela explique aussi en partie pourquoi les locataires et groupes à plus faible revenu sont moins endettés que les autres.
  6. Un coefficient de Gini est une mesure de dispersion statistique que l'on utilise généralement pour estimer l'inégalité d'une répartition. La valeur du coefficient de Gini est toujours comprise entre 0 et 1. Une valeur qui se rapproche de 1 dénote une concentration plus élevée (inégalité plus marquée). Comme le coefficient de Gini n'est pas corrélé à la valeur de la variable d'intérêt, on peut s'en servir pour comparer la dispersion de l'endettement des ménages par rapport à leur revenu.
  7. Dans le même ordre d'idée, Hurst (2011) a constaté que les personnes de ces catégories étaient plus susceptibles d'avoir un ratio total du service de la dette plus élevé, un ratio plus élevé de la dette par rapport au revenu du ménage avant impôt et un ratio plus élevé de la dette sur l'avoir, même après la prise en compte de toutes les autres caractéristiques socioéconomiques. Hurst a limité sa population aux moins de 65 ans.
  8. Voir Ministère des Finances du Canada (2010) pour une discussion de l'importance de la littératie financière.
  9. En outre, il est possible qu'il y ait un lien de cause à effet entre l'endettement et la littératie financière, mais on ne sait pas clairement dans quelle direction va ce lien. Il se peut que l'endettement motive les emprunteurs à en apprendre davantage au sujet de leurs finances, mais il se peut aussi que de meilleures capacités financières puissent influer sur le type ou le niveau des dettes. Dans le présent article, nous ne tentons pas de tirer de conclusions quant à un éventuel lien de cause à effet; nous nous concentrons sur les corrélations.
  10. Un examinateur a fait remarquer que les questions 9 et 10 du questionnaire sur les connaissances financières pouvaient comporter plus d'une réponse correcte. Nous avons procédé à des estimations au moyen d'autres modèles en recalculant le score financier de deux façons : 1) en intégrant plusieurs réponses correctes à ces deux questions et 2) en excluant ces deux questions. Les conclusions n'ont pas changé.
  11. On a également recouru à des modèles dans lesquels on a calculé les estimations en se servant des quartiles plutôt que des valeurs numériques des scores financiers ainsi que de quartiles de revenus plutôt que des trois groupes. Les conclusions n'ont pas changé.
  12. L' ECCF de 2009 recueillait de l'information sur l'endettement, mais pas sur le montant des dettes en cours relatives aux six types de dettes de consommation susmentionnés.

Documents consultés

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Auteurs

Raj K. Chawla et Sharanjit Uppal sont au service de la Division de la statistique du travail. Raj. K. Chawla peut être joint au 613-951-6901. Sharanjit Uppal peut être joint au 613-951-3887 ou l'un ou l'autre à perspective@statcan.gc.ca.

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