Article
La gestion des fumiers au Canada
Introduction
Méthodes de gestion des fumiers
Incorporation des fumiers dans le sol
Traitement des fumiers entreposés
Stratégies d'alimentation pour réduire
la teneur en éléments
fertilisants des fumiers
Méthodes de contrôle des odeurs se dégageant
des bâtiments
d'élevage
Élaboration de plans officiels de gestion des
fumiers
Adoption des meilleures pratiques de gestion pour la gestion des fumiers
Conclusion
La gestion des fumiers au Canada est le deuxième article d'une
série d'études intitulée Gestion environnementale des fermes
au Canada. L'objectif de cette série est de publier les résultats
de l'Enquête sur la gestion agroenvironnementale (EGA) de 2001.1 La
série
présente des informations sur les pratiques agricoles dans les fermes canadiennes
qui ont un rapport avec un certain nombre de thèmes agroenvironnementaux
comme la manutention des fumiers, la gestion des eaux, l'utilisation des intrants
chimiques et les pratiques de gestion durable des terres.
De par leur nature, les activités agricoles ont un impact important sur
l'environnement. Le travail du sol modifie les paysages naturels, les intrants
agricoles pénètrent dans les écosystèmes et les sous-produits
animaux influent sur l'équilibre écologique. À cause des préoccupations
environnementales, les agriculteurs canadiens se doivent d'être de bons gestionnaires
face à l'environnement. Ils prennent une part active aux programmes environnementaux
et adoptent des pratiques agricoles qui minimisent le risque de pollution de l'air,
de l'eau et du sol tout en contribuant à la conservation de la biodiversité.
Les résultats de l'EGA fournissent des renseignements précieux qui
permettent de mesurer l'adoption de pratiques respectueuses de l'environnement
et d'aider les gouvernements, les agriculteurs et les organisations non gouvernementales à concevoir
et à promouvoir des initiatives agroenvironnementales.
La gestion des fumiers au Canada contient des renseignements sur les principales
méthodes de gestion des fumiers utilisées par les agriculteurs canadiens
en 2001. Pour évaluer l'importance de ces méthodes, les résultats
de cet article seront souvent présentés en fonction du volume de
fumier produit sur les fermes plutôt quen fonction du nombre de fermes.
Le nombre de fermes ayant adopté une méthode de gestion des fumiers
ne permet pas toujours à lui seul de saisir adéquatement l'importance
de l'adoption de méthodes particulières et de leurs effets éventuels
sur l'environnement. Les techniques utilisées dans de nombreuses petites
fermes n'ont pas les mêmes répercussions sur l'environnement que les
mêmes techniques utilisées dans quelques très grandes fermes
puisque la concentration de bétail est moins élevée chez les
petites fermes.
Réciproquement, le nombre de fermes fournit des renseignements précieux
sur la sensibilisation du milieu
agricole et son adoption de pratiques agricoles plus
respectueuses de l'environnement. L'analyse qui suit se concentre sur les
méthodes de gestion des fumiers utilisées dans les fermes
bovines, laitières et porcines qui, ensemble, produisent la majorité du
fumier chez les fermes canadiennes.2 Même
si cette analyse est avant tout de portée nationale, certains points saillants
sur la gestion des fumiers sont également présentés à l'échelle
provinciale.
Les sujets abordés englobent la majorité des principales caractéristiques
de la gestion des fumiers.3 Entre
autres, il faut mentionner l'épandage
saisonnier des fumiers, le délai avant l'incorporation des fumiers dans
le sol, le traitement des fumiers entreposés, l'utilisation de stratégies
d'alimentation pour réduire la teneur en éléments fertilisants
des fumiers, les méthodes visant à contrôler les odeurs, la
mise en ouvre de plans de gestion des fumiers et l'adoption de meilleures pratiques
de gestion pour la gestion des fumiers.
Épandage saisonnier des fumiers
Épandage des fumiers selon le type d'animal
Épandage des fumiers selon la région
Épandage des fumiers selon la taille du troupeau
Peu importe les pratiques de gestion, les fumiers finissent par être épandus
sur les terres agricoles. L'épandage a lieu à différents
moments de l'année, généralement du printemps à l'automne.
Le calendrier dépandage dépend de divers facteurs comme les conditions
météorologiques, le stade de croissance des cultures, la main-d'ouvre
disponible et la capacité d'entreposage. Ce dernier facteur est décisif
car les installations d'entreposage sont généralement pleines après
l'hiver : il faut donc les vider à l'arrivée du printemps.
En outre, les éleveurs doivent sassurer qu'ils disposent d'une capacité d'entreposage
suffisante à l'automne en prévision de l'hiver. Les agriculteurs
qui élèvent du bétail en confinement, comme ceux qui exploitent
des parcs d'engraissement de bovins de boucherie et des bâtiments pour
les bovins laitiers, les porcs et la volaille, entreposent généralement
leurs fumiers jusqu'à ce que ceux-ci puissent être épandus.
L'épandage se fait de préférence à un moment où les
cultures tirent le parti maximal des éléments fertilisants que
contiennent les fumiers et lorsque les risques pour l'environnement sont les
plus faibles. Selon les meilleures pratiques de gestion, les fumiers ne devraient
pas être épandus pendant les périodes de gel.
À l'échelle nationale, les résultats de l'EGA démontrent
que le plus fort pourcentage des épandages de fumier ont été effectués à l'automne
(35,4 %), suivi de près par les épandages au printemps (33,2 %),
comme en témoigne la figure 1. Près du quart (25,9 %)
des épandages ont été effectués durant les mois d'été.
Par comparaison, 5,5 % des épandages, soit de loin le pourcentage
le plus bas, ont été effectués durant l'hiver, généralement
considéré comme la saison la moins favorable en raison des risques
de ruissellement attribuables au sol gelé. Signalons que les chiffres
susmentionnés sont exprimés en fonction de la somme de toutes les
réponses obtenues pour chaque saison.
Dans l'enquête, les agriculteurs canadiens ont déclaré le
pourcentage de fumier qui a été épandu lors de chacune des
saisons en 2001. La production annuelle de fumier a été estimée
pour chaque ferme en fonction du nombre d'animaux déclarés dans
le Recensement de l'agriculture de 2001.4 Les résultats de l'EGA indiquent
qu'à l'échelle
nationale, 37,3 % du fumier a été épandu à l'automne,
34,7 % au printemps et 25,3 % à l'été. Une faible
proportion (2,7 %) du fumier a été épandu durant l'hiver.
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Figure 1. Épandage saisonnier
des fumiers, Canada, 2001 |
Les différences saisonnières du pourcentage de fumier épandu
ont un rapport avec les différents types d'animaux élevés,
en raison surtout des différences dans les modes d'élevage.
À l'échelle nationale, les épandages de fumier de bovins
de boucherie ont été effectués principalement à l'automne
(38,4 % des épandages) et au printemps (31,4 %) (tableau 1).
De même, les épandages de fumier de porcs ont été effectués
essentiellement au cours de ces deux saisons, mais dans des proportions différentes,
puisque 32,2 % des épandages ont été effectués à l'automne
et 36,0 %, au printemps. Toutefois, 8,6 % des épandages de fumier
de porcs ont été effectués durant l'hiver, contre respectivement
5,3 % et 5,1 % pour les épandages de fumier de bovins laitiers
et de boucherie. Près de 35,8 % des épandages de fumier de
bovins laitiers ont été effectués au printemps, contre 30,0 % à l'été et
28,9 % à l'automne.
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Épandage saisonnier des fumiers,
par type d'animal, Canada, 2001 |
Les bovins de boucherie sont élevés selon divers systèmes
de production qui vont de petites fermes de naissage où les animaux sont
laissés en pâturage à dimmenses parcs d'engraissement où les
bovins sont gardés dans des enclos ou des parcs. À l'échelle
nationale, 43,6 % du fumier de bovins de boucherie a été épandu à l'automne,
contre 29,9 % au printemps (figure 2). Ces différences sont
sans doute attribuables à un certain nombre de facteurs. En premier lieu,
le début du printemps est une période très occupée
dans certaines fermes bovines à cause du vêlage et des semences,
et les agriculteurs n'ont peut-être pas assez de temps pour épandre
leurs fumiers. Deuxièmement, les éleveurs de bovins doivent généralement
vider leurs installations d'entreposage avant l'hiver, soit à l'automne
s'ils n'ont pas eu loccasion de le faire avant. Ils disposent généralement
de plus de temps pour le faire après la récolte, et ils n'ont pas à s'inquiéter
de nuire aux cultures.
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Figure 2.
Pourcentage de fumier épandu, selon la saison dépandage
et le type d'animal, Canada, 2001 |
Les bovins laitiers, en particulier dans les fermes de petite et moyenne tailles,
sont généralement élevés à l'intérieur
durant l'hiver et essentiellement à l'extérieur le reste de l'année.
Environ 40 % des fumiers des bovins laitiers sont épandus au printemps
et près du quart (24,8 %), à l'automne. Toutefois, cette distribution
saisonnière peut changer lorsque la taille des fermes laitières
augmente et le nombre d'animaux confinés à l'intérieur tout
au long de l'année saccroît.
Les fermes porcines sont les plus gros utilisateurs d'installations d'entreposage
de fumier liquide parmi les éleveurs de bétail et, en général,
elles les vident avant et après l'hiver. À l'instar des producteurs
laitiers, les éleveurs de porcs épandent la plus grande quantité de
fumier (43,6 %) au printemps. Mais, comme les éleveurs de bovins,
les éleveurs de porcs épandent relativement moins de fumier durant
l'été (20,8 %), alors que près du tiers (32,7 %)
du fumier est épandu à l'automne. L'épandage de fumier durant
les mois d'été plus chauds, sans injection dans le sol, risque
d'aboutir à une importante évaporation des éléments
fertilisants dans l'air, et les odeurs qui s'en dégagent pourraient gêner
les secteurs avoisinants.
Les différences régionales dans l'épandage saisonnier des
fumiers sont attribuables pour la plupart aux variations des conditions climatiques
locales, à l'environnement agronomique, aux types d'animaux élevés,
aux systèmes d'entreposage des fumiers et aux règlements liés à l'environnement.
Toutefois, l'épandage hivernal n'est généralement pas recommandé dans
une région quelconque car le sol gelé ne peut pas absorber les éléments
fertilisants que contiennent les fumiers. Il faut noter que, comme les fermes épandent
régulièrement leurs fumiers au cours de plus d'une saison, le total
annuel des pourcentages de fermes épandant des fumiers sera supérieur à 100 %.
Par contre, le total annuel des pourcentages de fumier épandu sera de
100 % puisqu'une même quantité de fumier ne se retrouvera pas
dans plus d'une saison.
Le tableau 2 montre que le quart des fermes élevant du bétail
en Colombie-Britannique a épandu un certain volume de fumier durant l'hiver
en 2001, quoique la proportion de fumier épandu lors de cette saison était
faible (5,2 %). En Ontario, 15,8 % des fermes de bétail ont épandu
des fumiers à l'hiver. Dans le sud de la Colombie-Britannique et de l'Ontario,
les hivers relativement doux permettent dépandre un peu de fumier au
début de l'hiver. Aucun éleveur n'a déclaré avoir épandu
des fumiers durant l'hiver à Terre-Neuve-et-Labrador, et à peine
0,2 % des éleveurs du Québec ont déclaré avoir épandu
des fumiers à l'hiver. Un grand nombre de fermes dans les provinces des
Prairies a déclaré avoir épandu des fumiers à l'hiver
mais toujours en faible quantité.
À l'échelle nationale, le pourcentage de fermes qui épandent
des fumiers au printemps et à l'automne est semblable. Toutefois, on constate
une tendance régionale prononcée. Au printemps, le pourcentage
de fermes qui épandent du fumier dans l'Est du Canada, le Canada central
et la Colombie-Britannique a varié entre 63,5 % et 95,8 % alors
que, dans les provinces des Prairies, ces chiffres ont oscillé entre 26,8 %
et 41,9 %. À l'automne, le pourcentage de fermes qui épandent
du fumier est relativement constant dans toutes les provinces (environ 60 %).
La proportion de fumier épandu au printemps dans les provinces hors Prairies
s'est établie à près de la moitié du volume épandu
tout au long de l'année alors que, dans les provinces des Prairies, elle
a été d'environ un quart.
Les producteurs des provinces hors Prairies ont épandu près du
tiers de leurs fumiers annuels à l'automne. Par contre, dans les provinces
des Prairies, cette proportion a varié entre 44,9 % et 54,5 %.
Dans les provinces des Prairies, une plus grande proportion de l'épandage
du fumier a lieu à l'automne, car le printemps est souvent une période
trop occupée pour épandre des fumiers, d'autant plus que la croissance
des cultures réduit les possibilités dépandre des fumiers
durant l'été. De plus, les installations d'entreposage des fumiers
doivent être vidées avant l'hiver.
À l'échelle nationale, 42,2 % des fermes ont épandu
des fumiers durant l'été. Les provinces des Prairies se sont situées
en deçà de cette moyenne, leur pourcentage oscillant entre 25 %
et 40 %, alors que le Québec a affiché un pourcentage nettement
supérieur (72,9 %).
À deux exceptions près, la proportion de fumier épandu
durant l'été est essentiellement uniforme entre toutes les provinces
(près d'un quart). Les deux exceptions ont été Terre-Neuve-et-Labrador
(à peine 11,6 % du fumier épandu) et la Colombie-Britannique
(15,7 % du fumier épandu).
Le Québec s'est distingué des autres provinces par le pourcentage
relativement important de fermes qui ont épandu des fumiers au printemps
(72,3 %) et à l'été (72,9 %) et par le pourcentage
relativement peu important de fermes qui ont épandu des fumiers à l'automne
(43,0 %). Ces pourcentages élevés au printemps et à l'été pour
le Québec s'expliquent sans doute par l'importance relative du secteur
laitier dans la province. Les fermes laitières doivent vider les installations
d'entreposage au printemps et épandre les fumiers sur les cultures fourragères à l'été.
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Épandage saisonnier des fumiers, Canada et provinces, 2001 |
La taille du troupeau5 est un
facteur important à considérer
lorsqu'on étudie les méthodes de gestion des fumiers. Les grandes
fermes d'élevage ont généralement de plus fortes concentrations
d'animaux sur une superficie donnée, ce qui exerce un stress relativement
plus élevé sur l'environnement. De ce fait, les grandes fermes
sont généralement examinées à la loupe par le public
et sont assujetties à des règlements environnementaux plus stricts.
Chez les fermes élevant des bovins de boucherie (tableau 3), l'épandage
hivernal des fumiers est minime (7,9 % des fermes épandent 2,6 %
du fumier). On n'a pas noté de tendance discernable selon la taille du
troupeau.
Au printemps, près de la moitié des fermes bovines ont épandu
des fumiers, et la proportion de fumier épandu a été de
29,9 %. On a constaté une hausse systématique de la proportion
de fumier épandu en fonction de la taille du troupeau. Le pourcentage
est passé de 27,3 % pour les troupeaux comptant moins de 163 têtes
de bovins de boucherie à 34,8 % pour les troupeaux comptant plus
de 425 têtes.
L'été, un peu plus du tiers de ces fermes ont épandu des
fumiers. La proportion de fumier épandu durant cette saison a été de
24,0 %. Aucune tendance manifeste ne se dégage selon la taille du
troupeau.
Un plus grand nombre de fermes bovines ont épandu leurs fumiers à l'automne
(57,7 %). La proportion de fumier épandu a également atteint
son maximum (43,6 %) au cours de cette saison. On a constaté que
la proportion de fumier épandu à l'automne diminuait lorsque la
taille du troupeau augmentait (de 45,7 % pour les plus petits troupeaux
de bovins de boucherie à 38,2 % pour les plus grands troupeaux).
Le dixième des fermes laitières a épandu des fumiers au
cours de l'hiver, représentant seulement 2,6 % du fumier épandu
durant toute l'année par ces fermes. Aucune tendance ne s'est dégagée
en fonction de la taille du troupeau.
Contrairement aux fermes d'élevage de bovins de boucherie, c'est au printemps
que la plus forte proportion des fermes laitières ont épandu des
fumiers (près des trois quarts) et que la proportion de fumier épandu
par ces fermes a été la plus importante (40,8 %). De plus,
on a constaté que plus la taille du troupeau augmente, plus la proportion
de fumier épandu était considérable (passant de 34,9 %
pour les troupeaux comptant moins de 47 têtes à 42,9 %
pour les troupeaux comptant 132 têtes ou plus).
Près des deux tiers des fermes laitières ont épandu
des fumiers en été, soit 31,7 % du fumier épandu par
ces fermes tout au long de l'année. Contrairement au printemps, on a constaté une
baisse systématique de la proportion de fumier épandu en parallèle à l'augmentation
de la taille des fermes (de 36,2 % pour les fermes comptant moins de 47 têtes à 28,6 %
pour celles comptant 132 têtes ou plus).
L'automne, 60,8 % des fermes laitières ont épandu des fumiers,
soit un peu plus du quart du volume total de fumier épandu durant l'année
par ces fermes. Pour les troupeaux comptant moins de 132 têtes, on
a constaté une baisse du volume de fumier épandu selon l'augmentation
de la taille du troupeau (de 26,1 % à 23,0 %). Toutefois, le
pourcentage de fumier épandu à l'automne par les plus grandes fermes
laitières a atteint son maximum durant cette saison (26,2 %).
Les fermes porcines déclarent la proportion la plus importante de fermes épandant
des fumiers durant l'hiver (17,8 %) et la proportion la plus élevée
de fumier épandu (2,9 %) parmi l'ensemble des fermes. La proportion
de fumier épandu l'hiver par les fermes porcines a diminué avec
l'augmentation de la taille du troupeau (de 5,1 % pour les troupeaux comptant
moins de 566 têtes à 2,3 % pour ceux qui en comptaient
1 595 têtes ou plus). Cette tendance suggère une plus faible
capacité d'entreposage des fumiers dans les fermes qui comptent moins
d'animaux. Il est plus difficile pour les exploitants de plus petits troupeaux,
qui fonctionnent souvent avec des marges d'exploitation plus serrées,
d'engager les investissements nécessaires pour augmenter leur capacité d'entreposage
des fumiers. Cela explique que certains soient contraints de vider leurs installations
durant la période de gel.
Au printemps, près des trois quarts des fermes porcines ont épandu
du fumier. Le pourcentage de fumier épandu au cours de cette saison a été de
43,6 %. Aucune tendance manifeste ne se dégage selon la taille des
troupeaux porcins.
L'été, un peu moins de la moitié des fermes porcines ont épandu
des fumiers, et les fumiers épandus lors de cette saison ont représenté 20,8 %
du fumier total épandu durant l'année. Le pourcentage de fumier épandu
a diminué systématiquement avec l'augmentation de la taille du
troupeau (de 24,9 % pour les plus petits troupeaux porcins à 19,3 %
pour les plus gros).
La majorité (65,9 %) des fermes porcines ont épandu des fumiers à l'automne,
ce qui est plus élevé que pour les fermes bovines et laitières
pour cette même saison. Le volume de fumier épandu durant l'automne
par les fermes porcines est tout juste inférieur à un tiers.
Aucune tendance manifeste ne s'est dégagée en fonction de la taille
des troupeaux porcins.
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Épandage
saisonnier des fumiers, selon la taille du troupeau, Canada, 2001 |
Délai d'incorporation
Délai d'incorporation des fumiers selon
le type d'animal
Délai d'incorporation des fumiers selon la région
Délai d'incorporation selon la taille du
troupeau
On peut utiliser diverses méthodes pour épandre les fumiers,
notamment des épandeurs de fumier solide, des épandeurs de
fumier liquide, des injecteurs et des systèmes dirrigation. Si les
fumiers sont épandus à la surface du sol, les MPG recommandent
habituellement de les incorporer dans le sol pour minimiser les risques envers
l'environnement et améliorer l'assimilation des éléments
fertilisants. L'injection de fumier liquide et l'incorporation de fumier
solide sans trop de délai réduisent la quantité dammoniac
qui se dégage dans l'air. En incorporant les fumiers rapidement dans
le sol, les agriculteurs minimisent les odeurs et les pertes d'éléments
fertilisants par évaporation. Le délai d'incorporation du fumier
dans le sol dépend du type de fumier (solide, semi-solide ou liquide)
et de la méthode dépandage.
L'injection a l'avantage de laisser plus de débris végétaux à la
surface du sol, ce qui réduit à la fois les risques d'érosion
du sol et les pertes d'éléments fertilisants attribuables au
ruissellement ou à l'évaporation. Toutefois, l'incorporation
de fumier solide exige plus de ressources (main-d'œuvre et carburant) que
les méthodes dépandage qui laissent des fumiers à la
surface du champ.
Dans l'EGA, les éleveurs de bétail ont déclaré le
délai usuel d'incorporation du fumier dans le sol (figure 3).
Selon les résultats, 52,4 % des fermes qui élèvent
du bétail au Canada laissent les fumiers à la surface du sol
ou l'incorporent plus d'une semaine après son épandage; ces
fermes ont produit 47,1 % du fumier épandu en 2001. Près
de 15 % des éleveurs de bétail ont injecté ou incorporé les
fumiers le jour même où il a été épandu,
ce qui correspond à 17,7 % du fumier épandu. Près
du tiers des fermes qui élèvent du bétail ont incorporé les
fumiers dans le sol entre un et sept jours après son épandage,
ce qui équivaut à 35,2 % du fumier épandu.
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Figure 3.
Délai d'incorporation des fumiers dans le sol, Canada, 2001 |
On a constaté des différences dans le délai d'incorporation
des fumiers dans le sol lorsqu'on a subdivisé les fermes selon le
type de bétail. À l'échelle nationale, la majorité des éleveurs
de bovins de boucherie (55,1 %) ont laissé les fumiers à la
surface du sol ou l'ont incorporé dans le sol plus d'une semaine après
son épandage (tableau 4 et figure 4); ces fermes ont produit
53,3 % du fumier de bovins de boucherie. En comparaison, 46,1 %
des fermes laitières et 43,9 % des fermes porcines ont laissé leurs
fumiers à la surface du sol pendant plus d'une semaine. Ces fermes
ont produit respectivement 37,6 % et 27,7 % du fumier de bovins
laitiers et de porcs. Réciproquement, 13,4 % des fermes bovines,
17,5 % des fermes laitières et 21,9 % des fermes porcines
ont injecté ou incorporé les fumiers dans le sol le jour de
l'épandage, ce qui représente respectivement 13,1 %, 25,2 %
et 38,5 % du fumier de bovins de boucherie, de bovins laitiers et de
porcs. Près du tiers des fermes bovines, laitières et porcines
n'ont pas incorporé les fumiers dans le sol immédiatement,
mais l'ont fait dans la semaine qui a suivi son épandage. La forte
proportion de fumier de porcs qui est injectée ou incorporée
immédiatement dans le sol s'explique par le fait que la majeure partie
du fumier est entreposée sous forme liquide, et peut donc être
injectée relativement facilement.
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Délai d'incorporation
des fumiers dans le sol, par type d'animal, Canada, 2001 |
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Figure 4.
Délai d'incorporation des fumiers dans le sol, par type d'animal,
Canada, 2001 |
Il y a des différences d'une province à l'autre dans le délai
d'incorporation des fumiers dans le sol (tableau 5). Celles-ci sont
pour la plupart imputables aux types d'animaux élevés, ce qui
influe sur le type de système d'entreposage des fumiers utilisés
(liquide ou semi-solide/solide) dans chaque province.
Les provinces qui ont affiché le plus fort pourcentage de fumier
injecté ou incorporé dans le sol le jour même de son épandage étaient
le Manitoba (20,8 % du fumier, 18,1 % des fermes), l'Ontario (19,7 %
du fumier, 17,0 % des fermes) et le Québec (18,2 % du fumier,
16,5 % des fermes). Cela s'explique sans doute par l'importance de l'industrie
porcine dans ces dernière provinces qui, confondues, comptent 73,5 %
de tous les porcs au Canada.6 Ces résultats sont aussi le premier
indice que les plus grandes fermes injectent ou incorporent les fumiers plus
rapidement que les fermes plus petites, les proportions de fumier étant
plus élevées que les proportion de fermes dans chacune de ces
provinces. Cette constatation est confirmée dans la section qui suit.
La Saskatchewan, la Colombie-Britannique et l'Île-du-Prince-Édouard
ont chacune laissé plus de la moitié du fumier à la
surface du sol ou l'ont incorporé dans le sol plus d'une semaine après
son épandage. Une explication est que ces provinces ont déclaré un
faible pourcentage de fermes possédant des systèmes d'entreposage
de fumier liquide, lequel est fréquemment injecté. De plus,
une forte proportion des fermes de bovins de boucherie entreposent du fumier
solide, lequel n'est généralement pas incorporé rapidement
dans le sol.
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Délai d'incorporation
des fumiers dans le sol, Canada et provinces, 2001 |
Le tableau 6 indique qu'il y a des différences dans le délai
d'incorporation des fumiers dans le sol selon la taille du troupeau. À mesure
que la taille des fermes élevant des bovins de boucherie augmente,
les fumiers sont plus rapidement incorporés, laissant ainsi moins
de fumier à la surface du sol pendant plus d'une semaine. Par exemple,
51,5 % des grandes fermes bovines (426 têtes ou plus) qui
produisent 53,8 % du fumier de bovins de boucherie, injectaient ou incorporaient
les fumiers au moment de l'épandage ou durant la semaine suivant l'épandage.
En comparaison, 44,6 % des petites fermes bovines (moins de 163 têtes),
qui produisaient 42,5 % du fumier de bovins de boucherie, injectaient
ou incorporaient les fumiers à l'épandage ou durant la semaine
suivant l'épandage. Cependant, peu importe leur taille, les fermes
bovines déclaraient le plus fort pourcentage de fumier laissé au
sol pendant plus d'une semaine.
De même, les grandes fermes laitières et porcines injectaient
ou incorporaient leurs fumiers au moment de l'épandage dans des proportions
plus élevées que les plus petites fermes. Par exemple, 23,0 %
des plus grandes fermes laitières (plus de 131 vaches et taures),
produisant 33,5 % du fumier de bovins laitiers, ont injecté ou
incorporé leurs fumiers le jour même de l'épandage. De
même, 33,2 % des fermes porcines, produisant 45,7 % du fumier
de porcs, injectaient ou incorporaient leurs fumiers le jour même de
l'épandage. Les plus grandes fermes porcines ont le plus injecté ou
incorporé immédiatement leurs fumiers, du fait quun tiers
de ces fermes incorporaient près de la moitié des fumiers le
jour même où il était épandu. En comparaison,
22,3 % du fumier était injecté ou incorporé le
jour même où il était épandu dans les plus petites
fermes porcines (comptant moins de 566 porcs).
Quant aux fermes laitières, les plus grandes (plus de 131 vaches
et taures) injectaient ou incorporaient 33,5 % du fumier dans le sol
le jour même de l'épandage. Ce pourcentage était de 25,7 %
pour les plus petites fermes (comptant moins de 47 bovins laitiers).
Les grandes fermes laitières entreposaient une plus forte proportion
de fumier liquide alors que les fermes laitières de plus petite taille
entreposaient un plus fort pourcentage de fumier solide.
Les fermes élevant des bovins de boucherie ont déclaré la
plus forte proportion de fumier laissé à la surface du sol
ou incorporé dans le sol plus d'une semaine après son épandage,
quelle que soit la taille du troupeau. Les fermes laitières et les
fermes porcines ont déclaré de plus courts délais d'incorporation
des fumiers dans le sol.
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Délai d'incorporation
des fumiers dans le sol, selon la taille du troupeau, Canada, 2001 |
On peut traiter les fumiers entreposés de diverses façons
pour atténuer les odeurs, minimiser les pertes d'éléments
fertilisants ou réduire la teneur en eau (et par conséquent
le poids) des fumiers qui devront plus tard être transportés
jusquaux champs. Par exemple, le compostage du fumier solide est un type
de traitement aérobie qui tue les agents pathogènes, réduit
le volume et les odeurs, produisant un humus stable qui est plus facile à manipuler,
soit pour l'épandage soit pour l'emballage et la vente. L'aération,
ou le malaxage des boues avec de l'air, sert principalement à réduire
les odeurs qui se dégagent des fumiers entreposés. On peut
traiter le fumier liquide ou semi-solide soit en retirant l'eau, soit en
le séchant, soit encore en entreposant le fumier dans des digesteurs
anaérobies qui transforment la matière organique en méthane
et en dioxyde de carbone. Tous ces procédés réduisent
la teneur en eau du fumier. Parmi les autres méthodes, il faut mentionner
les procédures fondamentales de traitement des eaux usées comme
le filtrage du fumier liquide dans des terres humides ou des marais artificiels
où les éléments fertilisants sont naturellement absorbés
ou assimilés par la végétation.
Il est important de signaler que les producteurs pourraient avoir identifié l'entreposage
conventionnel des fumiers solides comme du compostage. Si tel est le cas,
les données sur le compostage seront surestimées. Ce terme
devrait être réservé au régime contrôlé de
surveillance et de retournement des fumiers pour permettre la décomposition
aérobie complète de la matière organique en humus.
Le tableau 7 illustre les différences régionales dans
l'adoption des méthodes de traitement du fumier. La plus grande proportion
de fermes ayant traité les fumiers entreposés se retrouve en
Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, soit respectivement 72,2 %,
67,1 % et 64,7 % des fermes. Le Québec et le Manitoba comptent
la plus grande proportion de fermes utilisant l'aération, soit respectivement
6,8 % et 6,7 %. La plus forte proportion de fermes qui sèchent
les fumiers se retrouve dans chacune des provinces des Prairies ainsi qu'au
Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique.
En général, les additifs ne sont guère utilisés. À l'échelle
nationale, à peine 1,8 % des fermes sen servent dans leur gestion
des fumiers. Il faut néanmoins signaler que le Nouveau-Brunswick a
déclaré la plus forte proportion de fermes (4,6 %) qui
utilisaient des additifs.
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Traitement des fumiers entreposés,
Canada et provinces, 2001 |
Les résultats de l'EGA de
2001 montrent que, en général,
les fumiers produit dans les fermes laitières et les fermes porcines
du Canada sont moins traités que ceux les fermes bovines (figure 5).
Près
des deux tiers des fermes laitières et plus de la moitié des
fermes porcines n'ont pas traité leurs fumiers. Les additifs ont été utilisés
principalement par les fermes porcines, alors que le compostage et le séchage
ont été plus courants dans les fermes élevant des bovins
de boucherie.
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Figure 5.
Traitement des fumiers entreposés, selon le type d'animal,
Canada, 2001 |
On a conçu des stratégies d'alimentation spécialisées
ou des additifs alimentaires afin de réduire la teneur en éléments
fertilisants des fumiers et d'aider les animaux à utiliser plus efficacement
les aliments qu'ils ingèrent. Par exemple, l'enzyme phytase améliore
la capacité des porcs et des volailles de digérer le phosphore
dans les aliments, ce qui contribue à réduire les risques de
pollution par le phosphore attribuables aux fumiers. Les écoulements
de phosphore des terres arables dans les nappes d'eau peuvent entraîner
l'eutrophisation causée par la prolifération des algues et
des plantes aquatiques, ce qui réduit la concentration doxygène
dans l'eau.
Les résultats de l'EGA démontrent
qu'à l'échelle
nationale, à peine 3,8 % des fermes canadiennes ont eu recours à des
additifs alimentaires ou à des stratégies d'alimentation spécialisées
en 2001 (tableau 8). Cela représente seulement 6,3 % du
fumier produit. À l'échelle provinciale, on constate des écarts
importants. L'utilisation d'additifs alimentaires ou de stratégies
d'alimentation spécialisées est supérieure à la
moyenne nationale au Québec, en Nouvelle-Écosse et en Ontario, à la
fois en ce qui concerne le pourcentage de fermes et la proportion de fumier
produit. En particulier, le Québec comptait la plus forte proportion
de fermes ayant adopté une stratégie d'alimentation spécialisée
ou l'utilisation des additifs alimentaires (8,7 %), soit la plus importante
proportion de fumier produit (14,3 %) qui a été modifié par
les pratiques d'alimentation. Cela peut s'expliquer par l'importance de la
production porcine au Québec et par la rigueur des règlements
provinciaux visant à empêcher la pollution par le phosphore.
Avec le temps, du phosphore s'est accumulé dans une bonne part des
terres du Québec à mesure que la quantité d'éléments
fertilisants épandus dans les champs dépassait la quantité assimilable
par les cultures.
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Utilisation de stratégies d'alimentation
pour réduire la tenure en éléments fertilisants des fumiers, Canada
et provinces, 2001 |
Le tableau 9 révèle que les stratégies d'alimentation
visant à réduire la teneur en éléments fertilisants
du fumier sont surtout utilisées dans l'industrie porcine. En 2001, à l'échelle
nationale, 18,8 % des fermes porcines, qui produisent 39,2 % du
fumier de porcs, ont utilisé des additifs alimentaires ou des stratégies
d'alimentation spécialisées pour réduire la teneur en éléments
fertilisants des fumiers. Pour les fermes laitières et les fermes
bovines, ces pourcentages correspondent à 4,2 % et 2,5 %,
ce qui représentent respectivement 5,2 % et 2,9 % du fumier
de bovins laitiers et de bovins de boucherie. Les plus grandes fermes porcines
(1 595 porcs ou plus) sont celles qui ont fait le plus grand usage
de ces stratégies d'alimentation; 40,4 % dentre elles, représentant
44,5 % du fumier produit par les fermes porcines de cette taille, ont
affirmé avoir utilisé des additifs ou des stratégies
d'alimentation spécialisées. Même dans les fermes porcines
qui comptent le moins d'animaux, la proportion de fumier produit utilisant
des additifs alimentaires (13,4 %) était supérieure à celle
des plus grandes fermes bovines (4,5 %) ou des plus grandes fermes laitières
(8,3 %).
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Utilisation de stratégies d'alimentation
spécialisées pour réduire la teneur en éléments fertilisants du fumier,
selon la taille du troupeau, Canada, 2001 |
Les odeurs de fumier émanant des bâtiments d'élevage,
qui soulèvent des préoccupations liées aux régions
environnantes, peuvent être atténuées de différentes
façons. Afin de contrôler les odeurs, les agriculteurs peuvent
installer des brise-vent, des filtres à la sortie des systèmes
de ventilation et d'autres méthodes de contrôle.7 Pour
choisir la méthode qui convient, il faut tenir compte de divers facteurs,
notamment des coûts des méthodes, de leur efficacité et
de la distance qui sépare les bâtiments d'élevage des
communautés avoisinantes.
D'après les résultats de l'EGA,
18,7 % des fermes d'élevage
au Canada ont eu recours à une méthode quelconque de contrôle
des odeurs en 2001 (tableau 10). Les brise-vent sont utilisés
le plus couramment à cette fin, soit par 10,9 % des fermes. Ces
chiffres relativement peu élevés indiquent que le contrôle
des odeurs n'est pas forcément un problème, surtout si le troupeau
est relativement petit ou s'il est situé loin des communautés
ou des voisins. En outre, 9,0 % des fermes n'avaient pas d'étables
ou de bâtiments d'élevage, ce qui rend la question non pertinente
pour ces fermes.
À l'échelle provinciale, les résultats diffèrent
sensiblement. Le Manitoba comptait le plus fort pourcentage de fermes utilisant
une méthode quelconque de contrôle des odeurs (36,9 %),
et le Québec se situait à l'autre extrémité (13,0 %).
Les brise-vent étaient surtout utilisés dans les provinces
des Prairies, peut-être grâce à l'encouragement du Programme
des brise-vent de l'Administration du rétablissement agricole des
prairies (ARAP). Cest au Manitoba qu'on a noté le plus fort pourcentage
de fermes utilisant des brise-vent pour contrôler les odeurs (28,1 %).
Enfin, les filtres à la sortie des systèmes de ventilation étaient
surtout utilisés en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard
et en Ontario (respectivement 9,9 %, 9,3 % et 6,8 %).
La majorité des fermes élevant du bétail nutilisent
aucune méthode de contrôle des odeurs qui se dégagent
de leurs bâtiments. En 2001, près des trois quarts (74,4 %)
des fermes ont déclaré ne pas utiliser de telles méthodes.
Ces proportions sont les plus élevées au Québec (86,5 %)
et au Nouveau-Brunswick (79,0 %), mais plusieurs provinces n'étaient
pas loin derrière.
Le tableau 11 montre que 33,2 % des fermes porcines ont utilisé une
méthode de contrôle des odeurs, comparativement à 18,3 %
pour les fermes laitières et bovines. Les brise-vent, la méthode
la plus couramment utilisée, étaient en place dans 17,3 %
des fermes porcines.
Les méthodes qui servent à contrôler les odeurs se dégageant
des bâtiments d'élevage varient également selon la taille
du troupeau. Les plus grandes fermes utilisaient plus fréquemment
de telles méthodes. Cela vaut particulièrement pour le secteur
du porc. En 2001, les plus grandes fermes porcines (comptant 1 595 porcs
ou plus) ont déclaré un plus fort pourcentage de brise-vent
(27,0 %) et d'autres méthodes (14,5 %) que les fermes porcines
plus petites. Cela n'a rien d'étonnant puisque les grandes fermes
porcines modernes élèvent une forte concentration d'animaux
dans un milieu confiné et qu'elles peuvent dégager passablement
d'odeurs si elles sont mal gérées. En outre, les méthodes
de contrôle des odeurs étaient plus courantes dans les fermes
comptant les plus petits troupeaux porcins (moins de 566 porcs) que
dans les fermes bovines et laitières, peu importe la taille des troupeaux.
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Méthodes de contrôle
des odeurs se dégageant des bâtiments d'élevage,
Canada et provinces, 2001 |
|
Méthodes de contrôle des odeurs
se dégageant des bâtiments d'élevage, selon la taille du troupeau,
Canada, 2001 |
Les plans de gestion des fumiers (PGF) ou les plans de fertilisation comportent
généralement des documents au sujet de chacun des champs d'une
ferme ainsi que des données sur les résultats des analyses
de sol, les besoins des récoltes en éléments fertilisants,
les rendements des cultures, les plans de rotation des cultures et, bien
entendu, l'épandage d'éléments fertilisants provenant
des fumiers et d'engrais chimiques. Le but des PGF et
des plans de fertilisation est d'équilibrer l'épandage d'éléments
fertilisants avec les besoins des cultures, réduisant ainsi la perte
des éléments
fertilisants dans l'environnement.
Selon l'EGA de 2001, 17,7 % des fermes d'élevage au Canada sont
dotées d'un PGF officiel (tableau 12). Dans l'ensemble, 7,8 %
des fermes (13,1 % du fumier produit) ont élaboré leur
PGF dans le cadre d'un plan de fertilisation. Une autre tranche de 5,9 %
des fermes (8,4 % du fumier produit) s'est dotée d'un PGF parce
qu'il était prescrit par les règlements gouvernementaux. Par
ailleurs, 4,0 % des fermes (4,8 % du fumier produit) ont élaboré leur
PGF essentiellement à cause des préoccupations personnelles
des éleveurs pour l'environnement.
L'élaboration des PGF varie
sensiblement entre les provinces, ce qui s'explique surtout par des différences
dans les codes de pratiques des éleveurs, les règlements provinciaux
ou les règlements
municipaux. Par exemple, le Québec comptait le plus fort pourcentage
de fermes (52,3 %) dotées d'un PGF,
ce qui représente
67,6 % du fumier produit en 2001. Par ailleurs, 29,4 % des fermes
de cette province, représentant 40,8 % du fumier produit, s'étaient
dotées d'un PGF pour
se conformer à la réglementation
gouvernementale. En outre, 19,0 % des fermes de cette province (23,5 %
du fumier) se sont dotées d'un PGF dans
le cadre d'un plan de fertilisation plus général. Cela traduit
les règlements provinciaux
plus stricts adoptés par le Québec en 1998 afin de réduire
la pollution d'origine agricole.
Le reste du Canada comptait un pourcentage significativement moindre de
fermes dotées d'un PGF.
Les règlements dans les autres provinces
n'exigent ce genre de plan que des très grandes fermes et des fermes
d'élevage intensif.
À l'échelle nationale, le secteur laitier comptait le plus
fort pourcentage de fermes dotées d'un PGF (38,4 %),
suivi de près par le secteur porcin (35,4 %) (tableau 13).
En revanche, les fermes bovines comptaient le plus faible pourcentage de
fermes (13,7 %)
dotées d'un PGF.
Dans l'ensemble, 17,6 % des fermes laitières,
14,0 % des fermes porcines et 6,6 % des fermes bovines avaient élaboré un
PGF dans le cadre
d'un plan de fertilisation plus général.
De plus, 15,3 % des fermes laitières et 16,0 % des fermes
porcines s'étaient dotées d'un PGF pour
se conformer à la
réglementation en vigueur, contre 3,2 % pour les fermes bovines.
Par ailleurs, près de 5 % des fermes laitières et des
fermes porcines s'étaient dotées d'un PGF à cause
des préoccupations des éleveurs pour l'environnement.
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Élaboration d'un plan officiel
de gestion des fumiers, Canada et provinces, 2001 |
|
Élaboration d'un plan officiel de gestion
des fumiers, selon le type d'animal, Canada, 2001 |
La figure 6 montre que, en 2001, les PGF étaient surtout courants
dans les fermes ayant les plus gros troupeaux. À titre dexemple, 49,4 %
des plus grandes fermes laitières (132 vaches et taures laitières
ou plus) ont élaboré un PGF, contre 26,6 % des plus petites
fermes (moins de 47 vaches et taures laitières). Parmi les plus
grandes fermes laitières, 24,0 % avaient élaboré un
PGF dans le cadre d'un plan de fertilisation, 18,3 %, pour se conformer à la
réglementation et 7,1 %, par souci pour l'environnement.
Les PGF étaient surtout fréquents dans les grandes fermes porcines
(982 porcs ou plus) dont plus de la moitié avaient élaboré un
tel plan. Il faut signaler que plus des deux tiers des plus grandes fermes
porcines (1 595 porcs ou plus) s'étaient dotées d'un
PGF officiel. En outre, plus du tiers de ces dernières avaient élaboré un
PGF pour se conformer à la réglementation, alors que près
du quart lavaient fait dans le cadre d'un plan de fertilisation.
Les plus grandes fermes porcines comptaient le plus fort pourcentage (65,4 %)
de fermes utilisant un PGF.
Les plus petites (moins de 566 animaux) affichaient
un plus faible pourcentage (6,3 %) de fermes utilisant un PGF;
celles-ci ont également déclaré un bas pourcentage (8,5 %)
de PGF élaborés dans le cadre d'un plan de fertilisation plus général.
La faiblesse de ces pourcentages réduit le pourcentage global de fermes
porcines qui utilisent un PGF.
Signalons que si les fermes porcines les plus petites étaient éliminées,
le pourcentage moyen de fermes porcines utilisant un PGF augmenterait à 56,0 %.
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Figure 6. Élaboration d'un plan
officiel de gestion des fumiers, selon la taille du troupeau, Canada,
2001 |
Les meilleures pratiques de gestion (MPG), qui dépendent souvent
des conditions régionales, englobent des pratiques de production et
de gestion qui atténuent les risques pour l'environnement ou ont des
retombées bénéfiques sur l'environnement. Les MGP relatives à la
gestion des fumiers sont conçues pour empêcher le ruissellement,
protéger la nappe phréatique et l'eau de surface et minimiser
les pertes d'éléments fertilisants et les odeurs.
À l'échelle nationale, près de 40 % des producteurs
(qui produisent 41,7 % du fumier) ont déclaré ne pas connaître
les MGP locales
relatives à la gestion des fumiers en 2001 (tableau 14),
ce qui témoigne d'un authentique besoin de programmes déducation
et de sensibilisation sur ces pratiques. Une autre tranche de 30,5 %
(produisant 7,7 % du fumier) ont déclaré que les MGP relatives à la
gestion des fumiers nétaient pas pertinentes à leur exploitation;
il devait probablement s'agir de fermes spécialisées en productions
végétales élevant parallèlement des animaux sur
une base restreinte. Réciproquement, 17,8 % des fermes, représentant
32,6 % du fumier, avaient adopté des MGP pour
la gestion des fumiers. De plus, 10,7 % des fermes, représentant
15,9 %
du fumier, avaient partiellement adopté des MGP pour
la gestion des fumiers.
On constate d'importantes différences régionales dans l'adoption
de MGP. Celles-ci
sont principalement attribuables aux variations dans les règlements
provinciaux, aux codes de pratiques et aux pratiques agricoles des agriculteurs,
de même qu'aux types de productions agricoles. Tous
ces facteurs sont fonction des conditions agronomiques régionales.
Fait intéressant, les provinces ayant affiché le taux d'adoption
le plus élevé de MGP en
ce qui concerne la gestion des fumiers sont le Québec et la Colombie-Britannique.
Au Québec, 65,4 %
des fermes, représentant 92,5 % du fumier, avaient intégralement
ou partiellement mis en ouvre les MGP relatives à la
gestion des fumiers. En Colombie-Britannique, 33,7 % des fermes, représentant
56,5 %
du fumier, avaient intégralement ou partiellement adopté les
MGP en ce qui
concerne la gestion des fumiers.
La figure 7 indique que l'adoption de MGP pour
la gestion des fumiers a également un rapport avec la taille du troupeau. Près des deux tiers
du fumier produit par les trois catégories des plus grandes fermes porcines
(566 porcs ou plus) provenait des fermes porcines qui avaient intégralement
ou partiellement adopté des MGP pour
la gestion des fumiers. Cela tranche nettement avec le 48,1 % de fumier produit dans les plus petites fermes
porcines (moins de 566 porcs). De même, 48,8 % du fumier de
bovins de boucherie produit par les plus grands troupeaux (426 bovins
et plus) se trouvait dans des fermes qui avaient intégralement ou partiellement
adopté des MGP pour
la gestion des fumiers, contre 34,8 % du fumier
de bovins de boucherie dans les plus petits troupeaux (moins de 163 têtes).
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Meilleures pratiques de gestion
relatives à la gestion des fumiers, Canada et provinces, 2001 |
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Figure 7. Meilleures pratiques
de gestion relatives à la gestion des fumiers, selon la taille du
troupeau, Canada, 2001 |
Les éleveurs canadiens de bétail ont une palette d'options
pour gérer les fumiers produits dans leurs fermes et doivent
trouver le meilleur moyen dépandre les fumiers avec le minimum
d'impact sur l'environnement. Si les fumiers ne sont pas assimilés
par le sol et les végétaux, les éléments
fertilisants excédentaires risquent de s'accumuler dans le sol
ou de s'infiltrer dans la nappe phréatique.
L'EGA de 2001 contient des données essentielles sur :
- l'épandage saisonnier des fumiers sur les terres
agricoles;
- la façon et le moment où les fumiers sont
incorporés dans le sol après avoir été épandus
sur les champs;
- le traitement des fumiers entreposés;
- les stratégies d'alimentation qu'utilisent les éleveurs
pour réduire la teneur en éléments fertilisants
des fumiers;
- le contrôle des odeurs;
- l'adoption de plans de gestion des fumiers et de plans
de fertilisation;
- l'adoption des meilleures pratiques de gestion propres à la
gestion des fumiers.
L'enquête révèle que l'adoption de pratiques de
gestion des fumiers varie selon la province, le type d'animal élevé et
la taille du troupeau. Ces facteurs sont interdépendants. Les
variations régionales dans les conditions climatiques et agronomiques
influent sur les types d'animaux élevés qui, à leur
tour, ont un impact sur le type de fumier produit (solide/semi-solide
ou liquide), sur le système de production utilisé (animaux élevés à l'intérieur
ou en plein champs) ainsi que sur les règlements et les considérations
liés à l'environnement.
À l'échelle nationale, les données de l'EGA révèlent
que :
- 37,3 % du fumier a été épandu à l'automne;
34,7 %, au printemps; 25,3 %, à l'été;
et une faible proportion (2,7 %), en hiver;
- la majeure partie du fumier de bovins de boucherie (43,6 %)
a été épandue à l'automne mais la majeure
partie des fumiers de bovins laitiers et de porcs (plus de 40 %
pour les deux) a été épandue au printemps;
- il y a peu de différence dans l'épandage
saisonnier des fumiers entre les fermes qui possèdent de petits
ou de grands troupeaux;
- 47,1 % du fumier produit en 2001 a été laissé à la
surface du sol ou incorporé dans le sol plus d'une semaine après
son épandage et 17,7 % du fumier a été injecté ou
incorporé dans le sol le jour même où il a été épandu;
- la plupart du fumier de bovins de boucherie (53,3 %)
a été laissé à la surface ou incorporé dans
le sol plus d'une semaine après avoir été épandu,
tandis que 38,5 % du fumier de porcs a été injecté ou
incorporé dans le sol le jour même où il a été épandu
sur les champs;
- les fermes qui comptent les plus grands troupeaux avaient
la plus forte proportion de fumier injecté ou incorporé rapidement
dans le sol;
- 3,8 % des fermes d'élevage de bétail
du Canada ont eu recours à des additifs alimentaires ou à des
stratégies d'alimentation spécialisées afin de
réduire la teneur en éléments fertilisants des
fumiers; cependant, 40,4 % des grandes fermes porcines (1 595 porcs
ou plus) utilisaient des additifs alimentaires ou des rations spécialement
formulées pour réduire la teneur en éléments
fertilisants des fumiers;
- près du quart des fermes canadiennes élevant
du bétail ont utilisé une méthode quelconque pour
contrôler les odeurs provenant des bâtiments d'élevage;
les fermes porcines ont la proportion la plus élevée
de fermes déclarant des méthodes de contrôle
des odeurs;
- 8,4 % du fumier a été produit dans
des fermes dotées des plans officiels de gestion des fumiers
prescrits par les règlements gouvernementaux; 13,1 % du
fumier a été produit dans des fermes dotées de
plans de gestion des éléments fertilisants, et 4,8 %
la été dans des fermes qui s'étaient dotées
de plans de gestion des fumiers par souci pour l'environnement; les
plans de gestion des fumiers prédominaient dans les plus grandes
fermes;
- 32,6 % du fumier a été produit dans
des fermes dont les répondants ont déclaré avoir
intégralement adopté les meilleures pratiques de gestion
relatives à la gestion des fumiers dans leur région,
alors que 15,9 % du fumier a été produit dans des
fermes qui avaient partiellement adopté ces pratiques. Réciproquement,
41,7 % du fumier a été produit dans des fermes dont
les exploitants ne connaissaient pas les meilleures pratiques de gestion
relatives aux fumiers dans leur région.
Références
1. L'EGA a été réalisée
en mars 2002 par Statistique Canada pour le compte d'Agriculture et
Agroalimentaire Canada . L'enquête se penche sur les pratiques
de gestion agricole liées à l'environnement dans tous
les secteurs de l'agriculture canadienne.
2. Cet article n'aborde pas les pratiques de
gestion des fumiers de volailles et d'autres productions animales en
raison des limites liées aux données.
3. Le premier article de la présente
série, L'entreposage
des fumiers au Canada, traite de questions liées aux
systèmes
d'entreposage des fumiers.
4. On a combiné les résultats de l'EGA aux coefficients
estimatifs de production du fumier et aux populations de bétail
du Recensement de l'agriculture de 2001 pour estimer la production
annuelle de fumier, ce qui aide à illustrer l'importance des
nombreux résultats de l'enquête. (Pour des précisions
sur la méthode utilisée pour calculer la production
de fumier, consultez l'annexe 1.) Tout au long de cet article,
ces calculs étendus seront désignés comme étant
les résultats de l'EGA.
5. Pour plus de renseignement sur la méthode utilisée
pour déterminer les catégories de tailles des troupeaux,
consultez le premier article sur l'entreposage du fumier.
6. Statistique Canada, Recensement de l'agriculture de 2001.
7. La présente section porte sur les façons de contrôler
les odeurs qui se dégagent des bâtiments d'élevage.
L'aération des fumiers lors de l'entreposage sert aussi à contrôler
les odeurs; voir la section 2.3 Traitement des fumiers entreposés.
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