Les comportements de réponse indésirables sont-ils constants d’une enquête à l’autre ? Un examen approfondi des caractéristiques de répondants
Section 4. Résultats

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Dans la section qui suit, nous présentons d’abord les deltas de Cliff pour toutes les enquêtes réunies comme s’il n’y en avait qu’une seule. Nous examinons ensuite les deltas correspondant à chaque enquête en vue d’obtenir une indication sur la constance des CRI dans l’ensemble des enquêtes et de répondre ainsi à la question sur laquelle porte l’étude. Nous établissons les deltas de Cliff en comparant chaque profil de catégorie avec le profil combiné des autres catégories. Cela signifie notamment que le profil des répondants âgés de 15 à 24 ans est comparé avec celui des répondants de toutes les autres tranches d’âge. Nous avons choisi ce type de comparaison parce que nous souhaitions savoir si un sous-groupe donné s’écartait de l’échantillon complet des répondants, qui est considéré comme étant représentatif de tous les âges et de tous les niveaux de scolarité, abstraction faite de ce sous-groupe.

Nous rappellerons d’abord que les répondants n’ont pas tous participé au même nombre d’enquêtes. Certaines ont répondu à une ou deux enquêtes seulement, tandis que d’autres ont répondu à toutes ou presque toutes les enquêtes. Les données sur le comportement pour chaque enquête à laquelle la personne a répondu ont été utilisées. C’est ainsi qu’un répondant ayant répondu à des enquêtes portant sur la santé, le revenu et la personnalité a été inclus dans l’analyse de toutes ces enquêtes. Deuxièmement, les répondants ont été classés dans une catégorie réunissant l’âge et le niveau de scolarité. En conséquence, la personne âgée de plus de 64 ans et ayant un niveau de scolarité élevé est incluse dans les analyses portant sur ces deux caractéristiques. Les répondants sont soumis à l’analyse pour chacune des enquêtes et des caractéristiques qui les concernent. Il est donc évident que nous n’avons pas, dans la présente étude, soumis à l’analyse des répondants individuels, mais plutôt des groupes de répondants partageant des caractéristiques identiques. Nous avons procédé ainsi dans le but d’établir une relation entre les CRI et les caractéristiques qui, selon les travaux de recherche existants, les influencent, plutôt que d’isoler les personnes et d’étudier les caractéristiques connexes possibles.

Nous considérons que le profil d’un répondant individuel fondé sur moins de cinq éléments ne contient pas suffisamment de renseignements et est trop imprécis pour être pris en considération. Par conséquent, pour chaque profil de groupe de répondants, nous n’avons inclus que les répondants ayant répondu à au moins cinq éléments. En d’autres termes, les répondants peuvent être en partie exclus de plusieurs sous-groupes soumis à l’analyse. Ainsi, l’occurrence d’un CRI dans un sous-groupe donné peut être différente de celle constatée à l’origine pour ce sous-groupe. En outre, après une telle exclusion, le reste d’un sous-groupe est susceptible de ne plus bien représenter le sous-groupe, du point de vue de l’occurrence initiale d’un CRI. Nous avons donc établi deux critères pour garantir la représentativité des sous-groupes originaux : 1) chaque sous-groupe doit contenir plus de 30 % des répondants du groupe original; 2) l’occurrence d’un CRI dans chaque sous-groupe ne doit pas se situer à plus de 0,02, par rapport à celle du groupe original.

4.1   Étude de la participation aux enquêtes et des répondants âgés de 65 ans ou plus

Avant de traiter des principaux résultats, nous énumérons ci-dessous les conclusions de quelques sujets de recherche. Initialement, nous avons cherché à savoir dans quelle mesure la fréquence de la participation aux enquêtes a pu varier entre les sous-groupes d’âge et de niveau de scolarité. Voir le tableau 4.1. En moyenne, les répondants ont participé à 7,6 enquêtes. Ce nombre moyen, parmi les sous-groupes de niveau de scolarité, semble relativement élevé et ne varie pas d’un sous-groupe à l’autre. Par contre, en ce qui a trait aux sous-groupes d’âge, il est évident qu’en moyenne les répondants plus jeunes ont répondu à un moins grand nombre d’enquêtes et vice-versa.

Nous avons eu recours aux profils de répondants et au delta de Cliff pour déterminer si le niveau de participation a eu un effet sur l’occurrence de CRI donnés dans les enquêtes prises globalement. Nous avons réparti l’échantillon complet de répondants composant le panel en un groupe ayant répondu à huit enquêtes au maximum et un autre ayant répondu à au moins neuf enquêtes. Voir le tableau 4.2. Il est évident que le taux de participation n’a pas eu d’effet sur l’occurrence de la plupart des CRI. Sans surprise, nous avons constaté que les répondants ayant répondu à relativement peu d’enquêtes ont relativement plus souvent choisi l’option « Refus de répondre ». Nous avons aussi observé relativement plus de réponses identiques quand le taux de participation était faible.

Enfin, les répondants âgés de 75 ans ou plus sont encore plus susceptibles d’éprouver des difficultés cognitives et de manifester un CRI, comparativement aux répondants âgés de 65 à 74 ans. Par conséquent, nous avons comparé les derniers aux premiers sur la base de la proportion de CRI de leur groupe. Voir le tableau A.1 de l’annexe A. Pour la plupart des CRI et des enquêtes, il y a peu de différences entre les sous-groupes d’âge, voire aucune. Nous n’avons remarqué quelques différences prononcées que dans le cas des réponses identiques, mais il est intéressant de mentionner qu’elles ont été plus rares chez les répondants âgés de 75 ans et que chez le groupe des 65 à 74 ans. Cela signifie que nous n’avions aucune raison de répartir le sous-groupe des 65 ans ou plus en deux sous-groupes moins importants.

4.2   Résultats globaux pour le delta de Cliff

Les résultats globaux pour le delta de Cliff permettent de brosser un portrait général de sous-groupes donnés, pour toutes les enquêtes prises globalement. Selon nos règles, $\left|\delta \right|<\text{0,11}$ indique l’absence d’effet, $\text{0,11}\le \left|\delta \right|<\text{0,28}$ un faible effet, $\text{0,28}\le \left|\delta \right|<\text{0,43}$ un effet moyen et $\left|\delta \right|\ge \text{0,43}$ un effet considérable, comme dans le cadre de la recherche menée par Vargha et Delaney (2000); L’étude de Goedhart (2016) peut également être consultée à ce sujet. Pour une caractéristique donnée, les sous-groupes sont toujours comparés au total cumulatif de tous les sous-groupes restants pertinents. Le tableau 4.3 présente les deltas de Cliff pour l’ensemble des enquêtes.

Le tableau 4.3 indique clairement que les sous-groupes établis en fonction de l’âge et du niveau de scolarité se distinguent de différentes manières en général par des comportements de satisfaction donnés. Les répondants les plus jeunes et les moins scolarisés ont plus souvent choisi la réponse « Je ne sais pas » que les autres. Les répondants les plus scolarisé sont plus souvent choisi l’acquiescement, mais moins fréquemment des réponses neutres, par rapport aux répondants moins scolarisés. Les réponses extrêmes ont été plus rares chez les plus jeunes répondants que dans toutes les autres catégories d’âge. Les répondants d’âge moyen ont plus souvent choisi la première réponse que les plus jeunes et les plus âgés (voir le diagramme 1 de la figure 4.1), tout comme les répondants plus scolarisés par rapport à ceux qui l’étaient moins. Les répondants d’âge moyen ont également plus souvent donné de réponses identiques que leurs aînés, à l’instar des répondants plus scolarisés, par rapport aux autres. Le tableau 4.3 montre aussi clairement que certains sous-groupes d’âge et de niveau de scolarité se distinguent du point de vue du comportement de réponse général fondé sur un contenu sensible. Les jeunes répondants ont plus souvent refusé de répondre à une question que les répondants plus âgés. Les répondants plus scolarisés affichaient un plus grand nombre de réponses socialement souhaitables (voir le diagramme 2 de la figure 4.1), mais ont moins souvent refusé de répondre, par rapport aux répondants moins scolarisés. En résumé, les comportements de satisfaction et ceux qui sont fondés sur un contenu sensible sont de toute évidence présents, en général, surtout chez les groupes des répondants les plus jeunes, les plus âgés, les moins scolarisés ou les plus scolarisés.

Une ampleur d’effet générale et actuelle, pour une catégorie et un CRI donnés, ne renvoie pas intrinsèquement à l’ampleur actuelle de l’effet pour des enquêtes variées; une ampleur d’effet globale est possible sans ampleur d’effet pour une ou des enquêtes. L’inverse est également possible : l’ampleur d’effet globale peut être éliminée à mesure que les ampleurs positives et négatives provenant de nombreuses enquêtes s’annulent réciproquement. Dans la section suivante, nous tentons de déterminer la mesure dans laquelle les ampleurs d’effet positives et négatives s’annulent en présence de nombreuses enquêtes et répondons ainsi à la principale question de l’étude.

4.3   Résultats liés à la constance pour le delta de Cliff

Ces résultats relatifs au delta de Cliff traitent de la constance des sous-groupes, toutes enquêtes confondues. Pour faire ressortir la constance, nous avons étudié les enquêtes pour lesquelles le résultat donnait au moins un faible effet $\left(\left|\delta \right|\ge \text{0,11}\right).$ Inspirés par la prudence, nous avons considéré la constance comme correspondant à au moins un faible effet pour un CRI et une catégorie donnés dans la totalité ou la quasi-totalité des enquêtes pertinentes, et nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y a pas de constance : nous n’avons pas été en mesure de cerner des comportements de satisfaction constants ni des comportements fondés sur un contenu sensible évidents dans l’ensemble des enquêtes. Voir le tableau 4.4, qui contient tous les résultats pour les CRI ainsi que les catégories à l’égard desquelles plus de la moitié des enquêtes pertinentes ont montré une ampleur de l’effet positive ou négative; aucune catégorie ne fait ressortir d’effet d’un CRI pour la totalité ou la quasi-totalité des enquêtes.

Cependant, pour chaque CRI et catégorie, nous avons pris en considération le nombre d’enquêtes à l’égard desquelles nous avions découvert un faible effet, positif ou négatif. Voir le tableau 4.5. Fait étonnant, un nombre relativement important de cellules ou de paires de catégorie et de CRI présentent des effets à la fois positifs et négatifs (comme l’indique la notation « 2 » dans le tableau 4.5). Nous en déduisons qu’une catégorie peut afficher plus souvent un CRI donné dans certaines enquêtes et moins souvent dans d’autres. Examinons par exemple la catégorie des 15 à 24 ans et le CRI « Refus de répondre » (RR) dans le tableau 4.5. Dans ce cas, la catégorie affiche cette option plus souvent que les autres catégories réunies dans une enquête, mais moins souvent dans une autre. Pour replacer la constance dans un contexte plus large, nous avons ajouté des précisions sur les cas dans lesquels plus de la moitié des enquêtes pertinentes ont montré une ampleur d’effet positive ou négative (voir le tableau 4.4). Étonnamment, cela ne s’applique qu’à 7 des 96 cas possibles (8 CRI et 12 catégories) et à au plus 75 % des enquêtes pertinentes seulement.

Selon le tableau 4.4, parmi toutes les personnes interrogées, le CRI « Je ne sais pas » a été manifesté plus souvent chez les répondants âgés de 15 à 24 ans, mais moins fréquemment par ceux de la tranche des 65 ans ou plus pour de multiples enquêtes (voir les diagrammes 1 à 4 de la figure 4.2). Les répondants n’ayant terminé que des études primaires ont aussi plus souvent répondu « Je ne sais pas » que les autres répondants pour diverses enquêtes. En ce qui concerne le choix de la première réponse, nous avons constaté que, dans de multiples enquêtes, les répondants de la tranche des 15 à 24 ans n’ayant terminé que des études primaires ont choisi moins d’options de réponse présentées au début que les autres répondants. Dans différentes enquêtes, les répondants ayant atteint le niveau de scolarité le plus élevé préféraient plus d’options de réponse présentées au début et adoptaient moins souvent une réponse neutre.

En résumé, nos résultats démontrent une absence de constance des CRI dans la totalité ou la quasi-totalité des enquêtes : celles-ci, prises globalement, ne montrent aucune constance au chapitre des CRI de satisfaction ou de ceux fondés sur un contenu sensible. Nous concluons donc que les CRI manifestés par les répondants, dans l’ensemble des enquêtes, trouvent leur origine plus souvent dans le sujet et les éléments de l’enquête elle-même que dans l’âge et le niveau de scolarité de chaque personne interrogée. La dernière section qui suit est consacrée à la discussion.

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