5 Différences en ce qui concerne la croissance du nombre de titulaires de diplômes dans la hiérarchie urbaine-rurale

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La proportion de titulaires de diplômes diffère fortement entre les diverses régions urbaines et rurales (voir la figure 2); en outre, cet écart s'accroît au fil du temps. Entre 1996 et 2001, la proportion de titulaires de diplômes a augmenté le plus dans les grandes régions urbaines et le moins dans les régions rurales (tableau 1). Les grandes régions urbaines ont augmenté leur part de titulaires de diplômes de 2,9 % au cours de la période. Cette augmentation est passée à 1,6 % dans le cas des régions urbaines de taille moyenne, soit juste un peu plus de la moitié de celle enregistrée par des grandes régions urbaines. Les parts des petites régions urbaines et des régions rurales ont augmenté le moins, soit de 1,1 % et de 0,9 %, respectivement, ce qui représente environ le tiers de l'augmentation de la part de titulaires de diplômes connue par les grandes régions urbaines.

Tableau 1
Parts de titulaires de diplômes, en pourcentage, dans les catégories de régions urbaines et rurales, 1996 à 2001

Nous rappelons qu'il s'agit ici des rôles relatifs des effets migratoires nets et in situ comme facteurs de croissance du capital humain. Tout d'abord, dans une optique globale, nous examinons les variations du capital humain dans la hiérarchie urbaine-rurale (tableau 2). À l'échelle nationale, le nombre de titulaires de diplômes a augmenté de près de 670 000 entre 1996 et 2001, près des deux tiers de la croissance du capital humain étant attribuable à la croissance in situ et le tiers, à l'immigration, étant donné qu'il n'y a pas d'effets de migration nette à l'échelle nationale.

Les grandes villes étaient de loin les principaux bénéficiaires de cette croissance du capital humain. Même si les grandes régions urbaines ne représentaient que 51 % de la population du Canada de 20 ans et plus en 2001, près de 75 % de la croissance du nombre de titulaires de diplômes leur était attribuable. Les principaux facteurs contributifs étaient la croissance in situ et la migration internationale nette, qui ont été à l'origine de 50 % et de 42 % de la croissance, respectivement. Seulement 8 % de la croissance du nombre de titulaires de diplômes dans les grandes villes était attribuable à la migration interne nette. Ainsi, la vigueur relative de la croissance du nombre de titulaires de diplômes dans les grandes régions urbaines peut être attribuée à une forte croissance interne ( in situ ) et aux effets de la migration internationale mais non à la migration interne.

En descendant la hiérarchie urbaine-rurale, nous observons que chaque catégorie de région urbaine et rurale restante a connu une augmentation du nombre de titulaires de diplômes. La migration interne nette a réduit le stock de titulaires de diplômes dans chacune de ces régions, particulièrement dans les centres de taille moyenne. Au total, ces derniers ont perdu 23 830 de leurs diplômés par la migration interne nette, ce qui représente une diminution de 35 % de la croissance de leur stock de titulaires de diplômes. Les petites régions urbaines ont affiché un comportement analogue, la migration interne réduisant l'augmentation du nombre de titulaires de diplômes de 22 %, soit 12 545 . Dans les deux cas, la croissance in situ était la principale source de croissance. Dans les régions rurales, la croissance du capital humain était attribuable exclusivement à la croissance in situ — même si les régions rurales ont affiché un influx net modeste d'immigrants, leur contribution à la croissance du capital humain a été annulée par l'immigration.

Tableau 2
Composantes de la croissance du nombre de titulaires de diplômes, en nombre et pourcentage, selon la catégorie de région urbaine et rurale, 1996 à 2001

Une grande partie de la croissance du nombre de titulaires de diplômes s'observe, bien entendu, chez les personnes plus jeunes. En outre, c'est l'accumulation de diplômés au début de leur carrière qui a la plus forte incidence sur la part de titulaires de diplômes dans une région ou un endroit donné à plus long terme, étant donné que la mobilité a tendance à diminuer avec l'âge. Ainsi, il importe d'obtenir non seulement un tableau général de la croissance du nombre de titulaires de diplômes dans les diverses régions urbaines et rurales, mais également de leur croissance dans les différents groupes d'âge. Outre ces raisons d'examiner la croissance du nombre de diplômés à différents âges, comme nous le constaterons, notre ventilation fondée sur les données de recensement présente des lacunes qui influent sur nos conclusions au sujet de la signification des flux migratoires internes. Nous présentons la croissance du nombre de titulaires de diplômes à l'échelle nationale selon le groupe d'âge au tableau 3.

Tableau 3
Composantes nationales de la croissance du nombre de titulaires de diplômes selon le groupe d'âge, 1996 à 2001

Lorsqu'on se rappelle que près des deux tiers de la croissance du nombre de titulaires de diplômes à l'échelle nationale était attribuable à la croissance in situ , il est évident d'après les données que plus des deux tiers de cette croissance est attribuable aux jeunes, soit aux groupes d'âge des 20 à 24 ans et des 25 à 29 ans. Dans ces deux groupes d'âge, 96 % et 87 %, respectivement, de l'augmentation de leur part de titulaires de diplômes est attribuable à la croissance in situ . Même si la contribution de l'immigration à la croissance du capital humain est modeste dans l'un et l'autre groupe (4 % et 13 % pour les 20 à 24 ans et les 25 à 29 ans, respectivement), elle s'accroît rapidement chez les personnes de 30 ans et plus. Après l'âge de 30 ans, les immigrants contribuent plus à la croissance dans tous les groupes d'âge sauf le plus avancé. Autrement dit, l'immigration a pour effet de relever sensiblement le niveau de capital humain dans la plupart des groupes d'âge de la population active.

La désagrégation selon la taille de la ville vient étayer les résultats ci-dessus et souligne les différentes contributions selon le groupe d'âge et dans la hiérarchie urbaine-rurale (tableau 4). En se rappelant que la croissance in situ a été à l'origine de 50 % de la croissance du nombre de titulaires de diplômes dans les grandes régions urbaines, on constate que cette croissance, de nouveau, a été, dans une large mesure le fait des jeunes adultes (le groupe des 20 à 29 ans). La migration intérieure nette à destination des grands centres est à l'origine d'une modeste croissance du capital humain dans la plupart des groupes d'âge de la population active, mais l'immigration nette est le facteur le plus important, particulièrement chez les personnes de 30 à 54 ans, soit les groupes d'âge qui comprennent la majorité des nouveaux venus. Chez les groupes d'âge plus avancés, la migration nette et la croissance in situ remplacent l'immigration comme moteurs de la croissance du capital humain.

À l'autre extrémité de la gamme des régions urbaines et rurales, les variations du niveau de capital humain dans les régions rurales sont associées principalement à la croissance in situ . Malgré l'augmentation très modeste du niveau de capital humain par rapport à celui observé en 1996 (47 694), ni l'immigration ni la migration interne nette n'ont un effet significatif sur le niveau de capital humain dans ces régions, résultat conforme à celui de Looker (2001). Cependant, sous cette tendance générale, plusieurs tendances intéressantes se dessinent.

La migration interne nette est une source de croissance du capital humain dans les régions rurales pour ceux qui sont au début et à la fin de leur carrière. Dans le cas des personnes de 20 à 24 ans, nous observons des pertes assez importantes de titulaires de diplômes. Si ces nouveaux diplômés étaient restés, la croissance du nombre de titulaires de diplômes aurait augmenté de 50 %. Toutefois, chez les personnes de 30 à 39 ans, la migration nette prend une valeur positive. La raison n'est pas claire, mais cela tient peut-être à ce que les diplômés retournent chez eux. Dans le cas de ceux de 50 à 64 ans, qui en sont à un stade plus avancé de leur carrière, nous constatons également un effet positif de la migration nette, peut-être attribuable à la migration de retour dans les régions rurales vers la fin de la vie active ou à la retraite (Newbold et Bell 2001). Chez les personnes de 65 ans et plus, la baisse du capital humain est principalement attribuable au décès.

Les régions urbaines de taille moyenne et petite affichent des profils semblables. Dans l'un et l'autre cas, la variation du capital humain est attribuable à la migration et à la croissance in situ . La croissance in situ est le principal facteur de croissance du nombre de titulaires de diplômes dans les régions urbaines de taille moyenne et petite dans le cas des groupes d'âge plus jeunes (20 à 29 ans), puisque la migration internationale nette est faible et que l'effet de la migration interne nette est négatif dans ces groupes d'âge.

La caractéristique peut-être la plus distinctive des régions urbaines de taille moyenne et petite est la perte significative de titulaires de diplômes attribuable à la migration interne nette chez les diplômés dans la vingtaine. Autrement dit, s'il n'y avait pas eu d'émigration de ces collectivités, le niveau de capital humain aurait été beaucoup plus élevé. Ce résultat reflète probablement l'émigration des jeunes des centres urbains de taille moyenne et, dans une moindre mesure, des centres urbains de taille petite, vers les grands centres urbains après la fin de leurs études postsecondaires.

Il faut interpréter ce résultat avec beaucoup de prudence. D'une part, les pertes importantes de diplômés des régions urbaines de taille petite et moyenne donnent à penser que ces catégories de régions urbaines sont capables de produire un grand nombre de titulaires de diplômes mais incapables de les garder étant donné l'attrait nettement supérieur des marchés du travail des grandes régions urbaines. D'autre part, nous devons reconnaître que bon nombre de ces villes de taille petite et moyenne peuvent être des villes universitaires (p. ex., Guelph, Kingston et Lethbridge); autrement dit, elles se spécialisent dans l'exportation de services d'enseignement. Ainsi, une ville comme Kingston ne s'attend peut-être pas à garder la majorité des titulaires de diplômes qu'elle produit. Le plus grand nombre de diplômés de 25 à 29 ans qui quittent les régions urbaines de taille moyenne en est un signe éloquent. Ces titulaires de diplômes indiquent probablement sur leur questionnaire de recensement le lieu où ils fréquentaient l'université cinq ans auparavant plutôt que leur ville natale. En fait, le recensement, du moins en partie, indique où les diplômés ont obtenu leur diplôme et non où ils ont passé leurs années formatrices. Bon nombre de ceux qui quittent les régions urbaines de taille moyenne retournent peut-être simplement chez eux. En ce sens, nous observons un effet « de transition » plutôt qu'une perte des jeunes qui ont grandi dans ces régions urbaines de taille petite et moyenne. En définitive, il est très difficile d'interpréter les flux des titulaires de diplômes dans le groupe des 25 à 29 ans et, par conséquent, il faut faire preuve de prudence à cet égard.

Le groupe des 20 à 24 ans donne une mesure plus fiable de l'effet de la migration sur la croissance du nombre de titulaires de diplômes. Cinq ans auparavant, ces nouveaux diplômés avaient entre 15 et 19 ans. Par conséquent, ils sont plus susceptibles d'indiquer comme lieu de résidence celui où ils ont passé leurs années formatrices plutôt que celui où ils ont fréquenté l'université.

Dans la hiérarchie urbaine-rurale, la migration de ces nouveaux titulaires de diplômes affiche un profil distinct. Les régions rurales et les petites régions urbaines perdent un nombre significatif de diplômés, qui diminue de 49 % et de 26 %, respectivement. On n'observe pas vraiment d'effet migratoire net dans les régions urbaines de taille moyenne. En revanche, on observe un effet positif net dans les grandes régions urbaines, où le nombre de diplômés dans le groupe des 20 à 24 ans affiche une augmentation d'environ 11 % attribuable à la migration interne nette. D'après ce groupe de nouveaux titulaires d'un diplôme universitaire, il est évident que la migration joue un rôle, ayant éventuellement un effet à la baisse sur la proportion de titulaires de diplômes dans les petites régions urbaines et les régions rurales du Canada. Cependant, même si ces flux semblent être importants dans ces régions, ils représentent seulement une petite fraction de la croissance du nombre de nouveaux diplômés dans les régions urbaines de taille plus grande.

En tout, deux grandes tendances se dégagent pour ce qui est de la croissance du nombre de titulaires de diplômes dans les régions urbaines et rurales. La très forte croissance de la part de titulaires de diplômes dans les grandes régions urbaines est attribuable à des taux relativement élevés de croissance in situ et d'immigration. La migration interne joue un rôle beaucoup plus faible. En fait, d'importants flux de sortie des régions urbaines de taille moyenne et petite vers les grandes régions urbaines se noient dans le volume de diplômés produit dans les grandes régions urbaines. En ce sens, nous pouvons expliquer les taux élevés d'obtention d'un diplôme dans les grandes régions urbaines en répartissant les diplômés selon la région géographique, du moins au Canada. Dans les villes urbaines de taille moyenne, la croissance in situ domine et l'immigration joue un rôle très mineur. Dans les petites régions urbaines et les régions rurales, l'immigration nette joue un rôle important, réduisant le nombre de titulaires de diplômes dans ces régions. Il faut donc se demander si, en l'absence de migration, la proportion de titulaires de diplômes dans les petites régions urbaines et les régions rurales serait la même que celle dans les régions urbaines de taille moyenne et grande ou si leurs populations en général affichent un taux d'obtention d'un diplôme relativement faible. Nous nous penchons sur cette question au chapitre suivant.

Tableau 4
Composantes de la croissance du capital humain, en nombre et pourcentage, selon la catégorie de région urbaine et rurale et le groupe d'âge, 1996 à 2001