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Veuillez noter : Cet ouvrage de référence unique a été publié en 1876 et on l'a saisi sous forme électronique, sous forme de textes et tableaux. La terminologie utilisée pour décrire la population, les activités économiques et les localités n'est pas changée. Les vues et opinions exprimées dans ce volume ne reflètent en aucune façon les vues de Statistique Canada.

Tableau; extrait des Mémoires de 1736 et 1763
Tableau; de la population aborigène du Canada, 1871 [PDF]    [Carte]
RAPPORT SPÉCIAL DE LA CHAMBRE DES COMMUNES, 1857
Tables de population des diverses parties du Nord-Amérique Britannique

Les chiffres ci-dessus inscrits (Recensements de 1871) comprennent la population aborigène (constatée d'une manière régulière et complête) des Provinces d'Ontario, de Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Ecosse et de l'Isle du Prince-Edouard. Mais il n'existe pas de recensement de ces populations pour les autres parties du Nord-Amérique Britannique, où domine cependant cet élément. L'Isle de Terreneuve n'a pas de population aborigène ; les quelques familles sauvages qui s'y rencontrent, de temps à autre, appartiennent aux tribus de la Côte du Labrador (dont partie est annexée à Terreneuve), ou bien aux groupes Micmacs des Côtes-Sud du Golfe Saint-Laurent.

Il importe, au double point de vue de la Statistique et de l'Ethnographie, d'établir le chiffre approximatif des aborigènes de ces vastes espaces, dont ils ont été les premiers propriétaires.

On a vu, dans les pages qui précèdent, trois états, on pourrait dire Recensements, de la population aborigène, établis à trois époques différentes de l'histoire de la colonisation de ce pays. Ces trois renseignements, bien que n'étant pas complêts, ont une valeur considérable en ce qu'ils portent, pour autant, le caractère de l'exactitude relative que permet le sujet, et sont, par conséquent, l'expression du chiffre de population qu'une certaine étendue de territoire peut maintenir, par la chasse et la pêche, à l'état sauvage dans les conditions données. Certaines tribus cultivaient le maïs, la citrouille et la fève ; mais en étudiant les conditions de ces cultures, décrites dans les ouvrages des Missionnaires et des Découvreurs, on voit de suite que cette ressource, dans les meilleures années de rapport, ne dispensait pas d'avoir recours à la chasse et à la pêche, et que ces cultures n'avaient lieu que là où la grande pêche des côtes maritimes manquait ou bien lorsque l'espace à chasser était insuffisant.

La plupart des évaluations de la population aborigène, faites par les auteurs, tant anciens que modernes, sur les données fournies par les sauvages eux-mêmes, les voyageurs et les traiteurs, sont entachées d'exagération, que la critique a rarement découverte, tant on a de peine à admettre comme exact le chiffre de l'énorme superficie de territoire nécessaire à l'alimentation de l'homme par la chasse.

C'est ainsi que du temps de Champlain, et après, on évaluait à 30,000 âmes et plus, la population de la nation Huronne ; Champlain lui-même tombe dans cette erreur qu'il corrige, cependant, d'une certaine façon, en disant que cette nation comptait seulement 2,000 guerriers, ce qui suppose environ 10,000 âmes. Et, en effet, un recensement régulier fait par les Missionnaires, en 1639, c'est-à-dire à l'époque de la plus grande concentration des Hurons, constate alors 32 bourgades, 700 cabanes, (chez les Hurons-Iroquois des bourgades sédentaires, ces logements en tonnelles servaient à un plus ou moins grand nombre de familles), 2,000 feux, 12,000 personnes. (Relation de 1640, page 62).

Il faut remarquer que les Hurons cultivaient le sol, pêchaient dans le Lac Huron et chassaient dans une assez grande étendue de forêts inhabitées, à l'Est de leur pays de séjour.

La guerre d'extermination que se firent entre elles les diverses tribus de race Huronne-Iroquoise habitant la vallée des Lacs Ontario, Erié, Huron et voisinage, amena la presqu'extinction des Hurons en 1648 et 1649, et réduisit le nombre des autres tribus au point que la confédération des cinq Cantons Iroquois, la plus puissante organisation aborigène connue, ne comptait, en 1665 et 1677, malgré l'annexion des restes d'autres peuplades, que quelques milliers d'âmes.

La population des cinq Cantons a été régulièrement constatée, en 1665, par les Missionnaires Jésuites, et, en 1677, par Wentworth Greenhalgh, dans un tour fait à cet effet pour le compte du gouvernement Anglais. Le résumé de ces deux dénombrements se trouve, le premier, dans la Relation de 1665, pages 10 et 11 ; le second, dans les Archives de Londres.

En 1665, les Anniégués (Agniers) comptaient 400 guerriers ; les Onneyouts 140 guerriers ; les Onnontagués 300 guerriers ; les Oïogouens (Goyogouins) 300 guerriers ; et les Sonnontouans (Tsonnontouans) 1,200 guerriers : en tout 2,340 guerriers, ou environ 11,700 âmes.

Le dénombrement de 1677 est ainsi résumé : Maquaes (Agniers) 5 bourgades, 96 cabanes, 300 guerriers ; Onyades (Onneyouts) 1 bourgade, 100 cabanes, 200 guerriers ; Onondagos (Onnontagués) 2 bourgades, 164 cabanes, 350 guerriers ; Caïougos (Goyogouins) 3 bourgades, 100 cabanes, 300 guerriers ; Senecques (Tsonnontouans) 4 bourgades, 324 cabanes, 1,000 guerriers : en tout 2,150 guerriers ou environ 10,750 âmes.

Avant d'examiner les trois documents les plus importants qu'on possède sur la question de la population aborigène ancienne, il est intéressant d'ajouter un dernier renseignement, portant le caractère de l'exactitude. Ce renseignement se rapporte à l'année 1745, et se trouve aux Archives de Paris. Les Missionnaires, MM. les Abbés Laloutre et Maillard et les PP. Lacorne et de l'Estage, rendent compte des familles Micmacs et constatent l'existence de 200 familles dans l'Acadie (la Nouvelle-Ecosse) ; de 80 familles à l'Isle Royale (Cap Breton); de 195 familles à Miramichi, et de 60 familles à Restigouche : en tout 535 familles ou environ 2,407 âmes. Les familles sauvages donnent en moyenne à peu près 4.5 individus par famille ; et comme le nombre des hommes en état de porter les armes est un peu plus grand que celui des ménages, on multiplie par 5 le nombre des guerriers, et par 4 1/2 le nombre des familles pour avoir le chiffre de la population. C'est à ces taux que, chaque fois qu'il y a lieu, la population est calculée dans les pages qui suivent.

Les grands faits qui ressortent de l'examen des conditions de l'état sauvage, dans ce pays, sont :

  1. Que les sols les plus fertiles ne sont pas ceux qui fournissent en général le plus de chasse ; que la pêche, et surtout la pêche des côtes maritimes, est la ressource naturelle la plus abondante que trouve l'homme à l'état sauvage. Ce sont les sauvages de la zône la plus favorisée sous le rapport du climat et du sol qui suppléaient aux deux sources naturelles d'alimentation par la culture du sol : d'autre part, les Esquimaux, dont le territoire se compose exclusivement des bords nus et désolés de l'Océan Glacial, parviennent à se faire un régime abondant, bien que grossier, en exploitant une mer presque toujours couverte de glace ;
  2. Que les populations sauvages, vivant exclusivement de chasse et de pêche, ne peuvent augmenter au-delà de certains rapports très restreints entre le nombre d'habitants et la superficie habitée, en-deça desquels toujours elles descendent périodiquement, par la famine, les maladies ou la guerre, oscillant ainsi entre un nombre maximum à peu près déterminable (les conditions étant données) et un nombre minimum évidemment indéterminé. La douceur du climat exerce ici une grande influence, si pas en augmentant les ressources du moins en diminuant les besoins ;
  3. Que les populations sauvages, restant à l'état de peuples chasseurs, diminuent en nombre en raison de l'étendue et de la fréquence de leurs rapports avec les nations civilisées, par la destruction des moyens primitifs d'existence, par l'introduction de vices et de maladies, ou par l'absorption dans la création d'une race métisse.

Pour juger du plus ou moins de valeur des chiffres donnés pour représenter la population Sauvage d'une division territoriale non recensée, il faut tenir compte de ces éléments de critique.

Le premier des états de population indigène dont il vient d'être parlé, date de 1611 ; il a été préparé par un missionnaire Jésuite, et se trouve inséré dans la Relation de cette année, la première de cette série de lettres admirables qui constituent la source la plus féconde de l'histoire des premiers temps de la colonisation du Canada.

Le pays habité par les tribus mentionnées dans cette Relation, qui toutes appartenaient à la grande famille algonquine, était un pays de belle chasse et de bonne pêche. Les Souriquois (Micmacs d'aujourd'hui) habitaient ce qui constitue aujourd'hui les Provinces de la Nouvelle-Ecosse et de l'Isle du Prince-Edouard, le littoral du Golfe Saint-Laurent, dans les Provinces du Nouveau-Brunswick et de Québec, et les déversoirs Est de cette région ; ils étaient environ 3,500 et leur territoire d'alors couvrait une superficie d'environ 45,000 milles anglais carrés.

Les Etaminquois (Maléchites d'aujourd'hui) habitaient toute la vallée de la Rivière Saint-Jean, dans le Nouveau-Brunswick, et partie de l'Etat du Maine, s'étendant, en comprenant tout l'intérieur, jusqu'au fleuve Saint-Laurent, dans toute cette région qui fait face à l'Est et à l'Ouest au cours de la Rivière Saint-Jean et de ses affluents ; ils étaient 2,500 et leur territoire couvrait, alors, une superficie d'à peu près 40,000 milles carrés; ils avaient moins de pêche maritime que les Souriquois.

Les Kinibéquis (Abénakis d'aujourd'hui) occupaient partie des Etats du Maine, du Vermont et du New Hampshire, les Etats de Massachusett et de Connecticut, et toute la vallée du Saint-Laurent, rive sud, depuis la Rivière Chaudière jusqu'au pays des Iroquois, et chassaient même sur le littoral de la rive nord du Saint-Laurent ; ils étaient 3,000 et leur territoire couvrait une superficie d'environ 55,000 milles anglais : leurs côtes de pêche avaient beaucoup de valeur sans avoir l'importance de celles des Souriquois et des Etaminquois.

Les Montagnets appartenaient à la famille Abénakise : ils chassaient dans les montagnes du New Hampshire et du Vermont et dans cette partie de la Province de Québec qu'on appelle les Cantons de l'Est, et le district de Beauce : ils étaient 1,000 et occupaient environ 20,000 milles carrés de territoire, sans pêche. On a donc,--dans un pays les plus abondants en chasse et en pêche, un des plus propres par conséquent à supporter une population sauvage nombreuse, et cela dans une période de prospérité et à une époque ou nulle influence étrangère n'était encore venue troubler l'état primitif de ces peuples,--10,000 habitants pour environ 160,000 milles carrés de territoire, ou 1 habitant par 16 milles carrés, ou 1 habitant par chaque 41 kilomètres carrés. Et pour les Souriquois, séparément, 1 habitant par environ 12 milles carrés ou à peu près 31 kilomètres carrés.

Les deux autre états de population sauvage, inscrits plus haut, se rapportent aux années 1736 et 1763 : le premier est un Mémoire déposé aux Archives de Paris, et qui est dû à un officier du gouvernement Français dont le nom n'est point donné ; le second est de Sir William Johnson, et fait partie des Documents Anglais intitulés : Plantations General Papers.

Il est fort intéressant de mettre en regard ces deux évaluations du nombre des sauvages, faites pour les mêmes tribus et les mêmes territoires, à plus d'une quart de siècle d'intervalle de temps. Voici le tableau résumé des renseignements de ces deux Mémoires, groupés de manière à pouvoir être comparés ; ces mémoires ne donnent, tous deux, que le nombre des guerriers ; c'est-à-dire environ le cinquième de la population totale, qu'on peut ainsi établir au chiffre de 79,375 âmes, d'après le mémoire français, et à cinquante neuf mille neuf cents âmes, d'après le mémoire anglais, ou plutôt à 78,000, en suppléant à la lacune de ce dernier mémoire qui ne comprend qu'une partie des Abénakis et ne contient point l'énumération des Sioux, des Assiniboines et des Illinois.

Tableau extrait des Mémoires de 1736 et 1763 sur la Population aborigène de certains territoires de l'Amérique du Nord, maintenant partie située dans les Etats-Unis d'Amérique et partie dans le Canada.

Noms des Tribus. Désignation des territoires habités. 1736. 1763.
Nombre des guerriers. Population. Nombre des guerriers. Population.
CANADA.
Abénakis (inclue partie des Maléchites évidemment) Rivière St. Jean (N.-Brunswick), Bécancour, St. François, Cantons de l'Est (Province de Québec) 5901 2,950 1002 500
Algonquins, Outaouais, Poutouatamis, Sauteux, Cris et autres tribus apparentées Vallée de la Rivière Outaouais, vallée et Isles du lac Huron, Nord du Lac Supérieur, vallée de la Rivière Kaménistikouïa, et de là jusqu'aux districts du Lac la Pluie, de la Rivière Rouge et de la Rivière au Cygne 2,295 11,475 4,1303 20,650
Hurons Lorette, près Québec, Rivière Détroit 260 1,300 290 1,450
Iroquois Kauknaouâgâ, Lac des Deux-Montagnes, St. Régis 370 1,850 360 1,800
ETATS-UNIS.
Iroquois et tribus adoptées Etats de New-York, Pennsylvanie, Ohio, et partie des Etats de Maryland and et des deux Virginies 1,110 5,550 2,2304 11,150
Sioux, Assinipoëls et Puants (Pichoux) Le Minnesota et le Dakota 2,530 12,650 ... 5 ...
Illinois et tribus affiliées Illinois 600 3,000 ... 6 ...
Kiouanans, Outaouais, Sauteux, Poutouatamis, Yoouais, Folle-Avoines, Renauds, Kikapous, Maskoutins, Cherokis, Chicakas, Miamis, Chaouanons et autres tribus apparentées Le Michigan, l'Indiana, partie des deux Virginies, le Kentucky, le Tennessée, le Missouri, l'Arkansas, le Kansas, le Nébraska, l'Iowa, le Wisconsin 8,120 40,600 4,8707 24,350
  Total 15,875 79,375 11,980 59,900
  Ajoutant au mémoire anglais les populations qui y sont omises ... 79,375 ... 78,000



1 Le mémoire français mentionne que les Abénakis et les Loups (Mohicans) comptaient 600 guerriers (3,000 âmes), de Boston jusqu'en Virginie ; mais cette section de la nation n,est pas énumérée dans le mémoire.
2 Le mémoire de Sir William Johnson dit que ce rapport est incomplêt pour les Abénakis ; il n'y est fait mention que des sauvages de Saint-François.
3 L'augmentation s'était faite par l'immigration des races Algonquines des Etats-Unis au Canada, des Outaouais, Poutouatamis, Sauteux, &c., &c., depuis le lac Huron jusqu'aux limites du district de la Rivière au Cygne, Nord-Ouest.
4 L'augmentation des Iroquois s'était faite par adoption et incorporation de tribus.
5 Le mémoire anglais dit qu'on n'a pas pu faire le recensement de ces tribus.
6 Le mémoire anglais dit qu'on n'a pas pu faire le recensement de ces tribus.
7 Cette énorme diminution a eu pour cause les guerres atroces que se faisaient ces nations, resserrées sur un espace trop étroit, lesquelles guerres rendaient, par les massacres, la mortalité supérieure aux naissances, avec l'Emigration vers le Canada et l'adjonction de petites tribus à la Confédération Iroquoise ; (voir les notes 3 et 4) : ainsi les races Algonquines du Canada ont augmenté de 9,175 âmes, les Hurons de 150, et les Iroquois des Etats-Unis de 5,600, pendant que les nobreuses tribus, en dernier lieu mentionnées, ont diminué de 16,250. Les Iroquois du Canada ont subi une diminution de 50 dans le même temps.


Pour comparer ces deux Mémoires, il faut d'abord ajouter au chiffre total du mémoire anglais les montants qui représentent les peuplades non recensées dans ce mémoire, savoir :-- les Abénakis de la Rivière Saint-Jean : 490 guerriers; les Illinois : 600 guerriers; et les Scioux-Assiniboines : 2,530 guerriers : en tout 3,620 guerriers ; une population, conséquemment, d'environ 18,100 âmes. Ajouté fait de cette population au chiffre total de 59,900, du mémoire de l'année 1763, on a 78,000 âmes pour cette dernière année, contre 79,375 en 1736, accusant une diminution, sur tout l'ensemble, de 1,375 âmes.

La superficie habitée est la même pour les deux époques pour les mêmes populations, environ 1,000,000 de milles carrés (2,590,000 kilomètres) pour la partie de la population située dans les Etats-Unis, et comprenant les Etats et Territoires désignés dans le Tableau. La population aborigène de cette région nombrant, en 1736, par le mémoire complet, 61,800, c'est donc en gros 1 habitant par chaque 16 milles carrés ; mais diversement distribués, variant d''un minimum de 14 milles à un maximum de 28 milles par tête. Pour la portion de territoire située du côté Canadien et comprenant les lieux indiqués au Tableau, en tout à peu près 650,000 milles carrés (1,683,000 kilomètres) : la population aborigène y étant, en 1736, de 17,575, c'est donc 1 habitant environ par chaque 37 milles carrés. De 1736 à 1763, la population aborigène mentionnée aux deux mémoires a subi, dans son ensemble, une diminution totale de 1,375 âmes ; mais il y a ceci à remarquer, c'est que cette diminution (de même que les changements en moins causés par les migrations) a porté exclusivement sur la partie la plus densement peuplée, (chassant dans 14 milles carrés par tête). La population du côté Canadien, chassant dans 37 milles carrés par tête, a augmenté, dans cet intervalle de temps, de 9,275, quand celle du côté Américain a diminué dans son ensemble, de 10,650 âmes. Du côté des Etats-Unis, encore, les tribus cultivant la terre et ayant 28 milles par tête à chasser ont augmenté, en même temps que diminuaient les autres peuplades. L'augmentation, du côté Canadien, est due surtout à l'immigration venue du côté Américain ; car les populations aborigènes de l'Amérique du Nord, depuis qu'on les connait, restent, en somme, à la longue année et prises comme un tout, au même chiffre de population quand elles ne décroissent pas. L'immigration qui s'est faite a eu lieu en conséquence de ce que les guerres d'extermination de la période précédente avaient laissé sans habitants de grands territoires du côté Canadien.

Pour la première fois, par le Recensement de 1871, un dénombrement exact de la population aborigène a été fait dans les limites des Provinces de l'Isle du Prince-Edouard, (323,) de la Nouvelle-Ecosse, (1,666,) du Nouveau-Brunswick, (1,403,) de Québec, (6,988,) et d'Ontario, (12,978,) constatant en tout, pour ces cinq Provinces, une population aborigène de 23,358.

Toutefois, comme le recensement n'a enrégistré cette population que par localités et point par tribus, on a songé à suppléer a cette lacune et, en même temps, à établir les chiffres de la population indigène pour toute l'étendue des possessions anglaises du Nord-Amérique, avec aussi le chiffre approximatif de la superficie de territoire habitée par chacune des tribus ou groupes de tribus : travail qui se trouve résumé dans le Tableau qui va suivre. Les renseignements ont été puisés dans les recensements de 1871, dans les écrits et les notes des Missionnaires, dans les rapports, ouvrages et mémoires publiés à diverses époques, et dans des rapports obtenus de vive voix de personnes ayant été en relations intimes avec ces peuplades. La partie de population aborigène de beaucoup la moins bien connue, sous le rapport du nombre, est celle de la Colombie Britannique, et c'est précisément à cause de cela que le chiffre de cette population a toujours été considérablement exagéré. Les tribus de la Colombie appartiennent toutes à la race Dénè ; elles ont été classées dans ce travail d'après l'excellente division qu'en a faite le Dr. Latham. (The Natural History of the Varieties of Man.) La partie la mieux connue, maintenant, en dehors des anciennes provinces, est le territoire de l'Athabaska--Mackenzie, grâce à la belle étude de cette région qu'a publiée, en 1874, le Révérend Père Petitot, Missionnaire Oblat.

Il serait impossible d'énumérer tout les noms qu'on a donnés aux tribus et aux sous-tribus indigènes du Nord-Amérique et de faire la liste du nombre de dialectes qu'on a comptés comme langues distinctes. Souvent, très-souvent, on attribue aux mêmes petits groupes nomades de noms différents, selon qu'un voyageur les a rencontrés dans un endroit, et un autre voyageur, dans un autre. Les noms, donnés dans le Tableau suivant, sont les noms consacrés par l'histoire ou par l'autorité des ethnographes pour désigner les grands groupes.

Toutes les familles aborigènes de l'Amérique Britannique se partagent entre quatre races. Ces quatre races sont : 1. Celle des Esquimaux, ou Innok (pluriel Innoït) ; 2. Celle dite des Dénè-Dindjié ; 3. Celle des Algonquins ou la race Algique ; 4. Celle des Hurons-Iroquois.

À la suite de chaque nom de tribu, dans le Tableau qui suit, on a inséré des lettres qui indiquent à quelle des quatre grandes races cette tribu appartient : AL. pour la race Algique ; H.-I. pour la race Huronne-Iroquoise ; D.D. pour la race Dénè-Dindjié, et IN. pour la race des Esquimaux.

On a imaginé le mot villagier, pour indiquer cette manière qu'ont adopté, dans les parties colonisées du pays, plusieurs tribus ou sous-tribus aborigènes de vivre en villages. Ces villagiers font toujours un peu de chasse et de pêche, un peu de culture de la terre; mais ils vivent surtout de diverses industries, telles que le passage des peaux, la fabrique de raquettes, de souliers-mous, d'objets de fantaisie confectionnés par les femmes. Dans certains endroits, les hommes travaillent dans les chantiers à bois, et servent de guides et de porteurs dans les explorations et les chasses de plaisir. Quelques-uns sont devenus des cultivateurs à l'aise.

La petite Carte qui accompagne ce Tableau, en le complétant, permettra au lecteur de se faire une idée nette des endroits occupés par chaque groupe agorigène, et de l'étendue relative des pays de chasse, et de leur situation, par rapport aux côtes maritimes et aux grandes pêches de l'intérieur. Les numéros d'ordre se réfèrent également au Tableau et à la Carte.

Il n'est pas besoin de dire que les territoires de chasse de chaque tribu sauvage ne sont point marqués en fait, par des limites précises et invariables comme celles qui divisent l'une de l'autre les provinces d'un pays organisé, et que, par conséquent, les localisations et les chiffres fournis ne sont qu'approximatifs, en dehors de cette partie des données qui sont empruntées au Recensement de 1871. Quant aux calculs des superficies, ils ont, comme le reste, été faits avec un grand soin, et on a la confiance qu'ils ne cèdent point, en exactitude, aux évaluations faites de temps à autre (qui toutes nécessairement varient) de la superficie des régions non arpentées du continent d'Amérique. Dans l'ensemble des superficies portées au Tableau par occupation des tribus et données en détails, ci-après, pour chaque Province, on a éliminé la superficie des Baies et des Grands Estuaires. Les isles de Terreneuve et d'Anticosti, qui n'ont point de population aborigène, ne sont pas incluses dans les superficies du Tableau ; mais elles sont inscrites plus loin : Terreneuve séparément, Anticosti, dans la superficie de la Province de Québec.

Tableau de la population aborigène du Canada et de la superficie en milles carrés des pays de chasse et de pêche occupés par les diverses tribus, le tout se référant à l'année 1871. [PDF]    [Carte]

Noms des Tribus. Description des lieux habités. Population. Superficie territoriale en Milles carrés anglais.
1-Les Esquimaux, IN Littoral de la Mer du Nord, du Labrador à l'Alaska, les bords septentrionnaux et les isles de la Baie d'Hudson, avec les isles de l'Océan Arctique. 4,000 600,000
2-Les Naskapis, AL Intérieur du Labrador, déversoirs Sud-Est du Labrador, Terres de Rupert, à l'Est de la Baie d'Hudson, et le pays Mistassin. 2,500 330,000
3-Les Montagnais, AL Côte Nord du Golfe et de l'embouchure du St. Laurent, vallée de la Rivière Saguenay. (Ces sauvages ne pêchent pas.) 1,745 115,000
4-Les Micmacs, AL (Villagiers.) Nouvelle-Ecosse, L'Isle du Prince-Edouard, partie Est du Nouveau-Brunswick, comtés de Bonaventure, Gaspé et Rimouski, dans la Province de Québec. 3,459 56,000
5-Les Maléchites, AL (Villagiers.) vallée de la Rivière St-Jean, dans le N.-Brunswick, comtés de Témiscouata, Kamouraska et l'Islet, dans la Province de Québec. 574 24,000
6-Les Hurons, H.-I (Villagiers.) Lorette, environs de Québec, et comté d'Essex, dans Ontario. 356 10,000
7-Les Les Ouamontachingues, Têtes de Boules, etc., AL Territoire du Saint-Maurice. 247 29,000
8-Les Abénakis, AL (Villagiers.) Sud du District des Trois-Rivières, Cantons de l'Est et voisinage. 326 13,000
9-Iroquois, H.-I (Villagiers.) Kauknaouaga, Lac des Deux-Montagnes et St. Régis, dans la Province de Québec ; plusieurs endroits dans Ontario, et surtout sur la Grande-Rivière. 6,374 13,000
10-Outaouais, diverses tribus, AL Divers endroits dans Québec, vallée de l'Outouais et partie des versants de la Baie James. 3,540 103,000
11-Algonquins, Poutouatamis, gens du Nord, etc., AL (En partie villagiers.) Grande partie d'Ontario ; Isle Manitouline et autres ; intérieur nord, du Lac Huron à la Baie James, et Sud de cette Baie. 8,637 124,000
12-Les Sauteux, Maskégons et autres tribus, AL Nord du Lac Supérieur, Portages, du Lac jusq'au delà de Manitoba, partie Sud-Est du territoire du Nord-Ouest. 9,000 336,000
13-Les Cris de la Prairie, AL
      Les Cris des Bois, AL
Les régions du Lac qu'Appelle et de la moyenne Kisiskatchiouane
Au Nord, au Nord-Est et N-Ouest des précédents
5,500

3,000
247,000
14-Les Sioux nomades de la frontière, H.-I Voisinage de Manitoba. 1,400 17,000
15-Les Assiniboines, H.-I De la Rivière Souris allant Nord-Ouest. 2,000 52,000
16-Les Pieds-noirs
      Les Gens du sang AL
      Les Piégânes
La région Sud-Ouest du Nord-Ouest, avec partie des terres arrosées par les deux branches de la haute Kisiskatchiouane, allant Nord 4,000
1,500
2,000
126,000
17-Les Sarcis, H.-I (Adoptés par les Pieds-noirs) voisins des précédents. 200 6,000
18-Les Montagnais de l'Ouest ou Chippéouayanes, D.D. De la Rivière Anglais au Grand Lac l'Esclave ; s'étendant à toute la vallée de l'Athabaska. 5,000 195,000
19-Les mangeurs de Caribou, D.D. Dans les steppes au nord-Est des Montagnais. 2,000 93,000
20-Les couteaux jaunes, D.D. A l'Est du grand Lac l'Esclave, voisins des mangeurs de caribou. 500 72,000
21-Les Plats côtés de Chiens, D.D. Nord du grand Lac l'Esclave. 1,500 67,000
22-Les Castors, D.D. A la Rivière à la Paix. 1,000 58,000
23-Les Esclaves, D.D. (appelés Strong-Bows par Franklin) Nord Ouest du grand Lac l'Esclave, sur les Rivières Mackenzie et des Liards. 1,200 73,000
24-Les Peaux de Lièvres, D.D. Au Nord du Lac du grand Ours, voisins des Esquimaux. 800 68,000
25-Les Na'annès, D.D. Les Montagnes de la Mackenzie, dans le Nord-Ouest, et coin Nord-Est de la Colombie. 3,000 100,000
26-Les Daho-Dinnis, D.D. (Mauvais Monde) Les versants des Montagnes Rocheuses, Rivière aux Liards, en Colombie, s'étendant dans le Nord-Ouest, au Nord. 1,500 57,000
27-Les Loucheux, D.D. La région Ouest du Nord-Ouest, et la région Nord-Ouest de la Colombie Britannique. 4,000 171,000
28-Les Sekkanais, D.D. Entre la Rivière à la Paix et la Rivière aux Liards, dans la Colombie surtout, allant au Sud jusqu'aux sources de la Rivière Fraser; ils occupent les deux versants des Montagnes Rocheuses. 2,500 85,000
29-Les Takalis, Porteurs, D.D. La partie intérieur Est de la Colombie, entre la frontière et le Haut Fraser. 2,000 57,000
30-Les Koutanis, D.D. Partie Sud-Est de la Colombie. 1,000 20,000
31-Les Haïdah, D.D. (4 clans.) Archipel des Isles de la Reine Charlotte, et le vis-à-vis des côtes et de la terre-ferme. 3,000 34,000
32-Les Chemmesyans, D.D. (4 clans.) Isles et terre-ferme au sud des précédents. 1,000 12,000
33-Les Billacoulas, D.D. (8 clans.) Les Estuaires et les vallées des Rivières au sud de précédents. 1,500 20,000
34-Les Haïltsa, D.D. (8 clans.) Le Nord de Vancouver, les côtes et la terre-ferme du vis-à-vis. 2,500 29,000
35-Les Noutkans ou Ouakash, D.D. (6 clans.) Vancouver, côtes et terre-ferme du vis-à-vis. 3,000 34,000
36-Les Tsihaïli-Sélish, D.D. (9 clans.) Partie sud de Vancouver et la vallée de la Rivière Fraser. 5,000 52,000
  Total. 102,358 3,498,000

On voit qu'à prendre tout ensemble la population aborigène du Nord-Amérique Britannique, en tenant compte des quelques tribus qui vivent surtout de culture et d'industrie au sein des provinces colonisées comme des tribus placées dans des conditions exceptionnellement défavorables des climats arctiques, la moyenne superficie habitée est de 34 milles carrés par tête. Eliminant du calcul les peuplades plus haut désignées, qui occupent les deux extrémités de l'échelle de comparaison, la moyenne tombe à environ 25 milles carrés par tête, le minimum étant d'environ 10 milles carrés par tête ; le maximum se rencontrant au sein des climats les plus rigoureux et le minimum où la pêche des côtes maritimes abonde et seulement là. Dans les meilleurs pays de chasse de la région des climats modérés, en l'absence de grande pêche et de culture importante, l'élévation du chiffre de la population sauvage au-dessus de 1 habitant par 15 milles carrés amène la souffrance et la maladie, ou l'incursion sur les territoires voisins et la guerre qui en est la suite.

Sir George Simpson, répondant, en 1857, au comité spécial de la Chambre des Communes d'Angleterre, dans l'Enquête instituée à cette époque sur les affaires de la Compagnie de la Baie d'Hudson, signale (Page 58 du Rapport) de nouveau le fait de ces oscillations périodiques d'augmentation et de diminution que subissent les populations sauvages. Il constate que les tribus des forêts de l'Ouest, après avoir été décimées par la maladie pendant plusieurs années, en étaient alors à une période d'augmentation de population, tandis que les tribus de la prairie se trouvaient, dans le même temps, sous le faix d'une diminution causée par les guerres de clans et la maladie.

On peut résumer les résultats de l'étude consignée dans le Tableau qui précède et sur la petite Carte qui accompagne, comme suit :--

Sous le rapport des races, on compte, sur le territoire Britannique du Nord-Amérique :--

De la Race Algique 46,028
      "       Dénè-Dindjié 42,000
      "       Huronne-Iroquoise 10,330
      "       Innok 4,000
  102,358

Sous le rapport de la manière d'être on compte :

Vivant principalement de pêche, environ 23,000
    "     en camps, de la chasse des prairies, environ 18,000
    "     en villagiers, au sein des colonisations, environ 17,358
    "     par familles, dans les forêts, environ 44,000
  102,358

Sous le rapport de la division géographique générale du continent, on compte :

Habitant l'Ouest des Montagnes Rocheuses, environ 26,000
      "       l'Est       "       "       "       "       76,358
  102,358

Sous le rapport des divisions territoriales, on compte :

Habitant la Province de l'Isle du Prince-Edouard 323
      "       "       Nouvelle-Ecosse 1,666
      "       "       Nouveau-Brunswick 1,403
      "       "       Québec 6,988
      "       "       Ontario 12,978
      "       "       Manitoba 500
      "       "       Colombie Britannique 23,000
Habitant les Terres de Rupert 33,500
      "      le Labrador et les Déversoirs arctiques 22,000
  102,358

On a parlé, plus haut, du témoignage donné au Comité spécial des Communes d'Angleterre, en 1857, par Sir George Simpson, qui a été pendant trente-sept ans Gouverneur des Territoires de la Compagnie de la Baie d'Hudson en Amérique. Sir George produisit en même temps devant le Comité un Mémoire préparé par les officiers de la Compagnie, sur la population des pays de traite couverts par leurs comptoirs ; c'est-à-dire la population aborigène, existant en 1856 dans le Labrador, les parties nord non encore colonisées des Provinces de Québec et d'Ontario, toutes les terres de Rupert, l'Athabaska-Mackenzie, la Colombie Britannique, les côtes et les isles de l'Amérique Russe confinant à la Colombie, les territoires Américaines de Washington, d'Idaho, d'Orégon et partie du territoire de Montana*. Comme ce Mémoire, émané de la Compagnie de la Baie d'Hudson, a une importance capitale, il importe de le reproduire ici dans toute son intégrité.

Il faut ici remarquer que les quinze années qui se sont écoulées depuis l'époque de la préparation du Mémoire de la Baie d'Hudson (1856) et l'époque à laquelle se réfère le Tableau de cet ouvrage (1871) n'ont apporté, en fait, aucun changement notable, dans le nombre et dans la manière d'être des populations aborigènes vivant de chasse et de pêche au sein des régions non colonisées de l'Amérique Britannique du Nord.


* Ceci a trait à l'année 1857. Depuis ce temps-là, les rapports de la Compagnie de la Baie d'Hudson avec les territoires Américains sont changés. En exécution du Traité de 1863 (ratifié et proclamé en 1864), pour le réglement final des réclamations de la Compagnie de la Baie d'Hudson et de la Compagnie Agricole du Détroit de Puget, les Commissaires nommés ont rendu leur décision (en 1869), accordant à la première de ces Compagnies $450,000, et à la seconde $200,000 pour l'abandon aux Etats-Unis de tous leurs droits possessoires.

RAPPORT SPÉCIAL DE LA CHAMBRE DES COMMUNES, 1857.

_____

(C. Appendice No. 2, pages 365,366 et 367.)

_____

" POPULATION SAUVAGE.

" Il est très difficile d'obtenir des informations correctes sur les populations sauvages ; les habitudes nomades et la vaste étendue de pays sur la quelle elles sont dispersées induisent en erreur et rendent presqu'impossibles les travaux de dénombrement. L'estimé qui suit a été compilé avec un grand soin, d'une masse de documents ; les connaissances personnelles de plusieurs des officiers de la Compagnie ont aussi été mises à contribution et le tout a été comparé avec divers rapports publiés, notamment avec les rapports présentés au Gouvernement en 1846 par MM. Warre et Vavasour, et le Mémoire lu devant l'Institut Canadien par le Colonel Lefroy, de l'Artillerie Royale.

_____

" ETABLISSEMENTS de la Compagnie de la Baie d'Hudson, en 1856, et le nombre des sauvages les fréquentant.

Postes. Localités. Départe-ments. Districts. Nombre de Sauvages.
Fort Chipeouayan Territoire Sauvage Nord Athabaska 750
Dunvegan       400
Vermillon       250
Fond du Lac       150
Fort Simpson     Rivière M'Kenzie 2,000
Fort aux Liards       400
Fort Halkett       300
Youcon       4,000
Rivière Peel       1,000
Lapierre       150
Fort Good Hope       700
Fort Rae       600
Fort Résolution       500
Big Island       80
Fort Norman       700
Isle à la Crosse Terres de Rupert   Rivière aux Anglais 700
Rivière Rapide       250
Lac Vert       120
Deer's Lake       250
Portage la Loche       50
Edmonton     Saskatcheouan 7,500
Carlton       6,000
Fort Pitt       7,000
Rocky Mountain House       6,000
Lac la Biche       500
Petit lac l'Esclave Territoire Sauvage     400
Fort Assiniboine Terres de Rupert     150
Jasper House Territoire Sauvage     200
Fort à la Corne Terres de Rupert     300
Fort Cumberland     Cumberland 350
Moose Lake       200
La Passe       200
Fort Pelly     Rivière au Cygne 800
Fort Ellice       500
Lac Qu'Appelle       250
Shoal River       150
Touchwood Hills       300
Egg Lake       200
Fort Garry
B. Fort Garry
Prairie du Cheval-Blanc
    Rivière Rouge 7,000
inclus les blancs et Métis.
Pembina       1,000 do
Manitoba       200 do
Reed Lake       50
Fort Francis     Lac la Pluie 1,500
Fort Alexandre       300
Portage au Rat       500
Chien Blanc       100
Lac de Bonnet       50
Lac de Bois Blanc       200
Shoal Lake       200
Norway House     Norway House 500
Berens' River       180
Nelson's River       400
York Factory     York 300
Churchill       400
Severn       250
Lac à la Truite       250
Oxford House       300
Albany Factory   Sud Albany 400
Marten's Falls       200
Osnaburg       200
Lac Seul       300
Mataouagamingue     Kinogoumissi 250
Kuckatoush       150
Michipicoten Canada   Lac Supérieur 300
Batcheouana       100
Mamainse       50
Pic       100
Lac Long Terres de Rupert     80
Lac Nipigon Canada     250
Fort William       350
Pigeon River       50
Lac d'Original       50
Lacloche     Lac Huron 150
Petit Courant       500
Mississaugie       150
Green Lake       150
Lac du Poisson Blanc       150
Sault Sainte-Marie     Sault Sainte-Marie 150
Moose Factory Terres de Rupert   Mouse 180
Baie de Hanna       50
Abittibi       350
New Brunswick       150
Grande Rivière Baleine     Main Est 250
Petite Rivière Baleine       250
Fort George       200
Rupert's House     Rivière Rupert 250
Mistassini       200
Temiskamai       75
Ouosouonabi       150
Mechiskan       75
Pike Lake       80
Nitchequon       80
Kaniapiscô       75
Temiscamingue Canada   Témiscamingue 400
Grand Lac       200
Kakabeagino Terres de Rupert     100
Lac Nipissingue Canada     130
Hunter's Lodge       100
Temagamingue       100
Lac des Allumettes   Montreal Fort Coulonge 200
Joachims       75
Mataoua       100
Buckingham     Lac des Sables 50
Rivière Désert       100
Lachine     Lachine Blancs
Trois-Rivières     St. Maurice Blancs
Oueymontachingue       150
Kikandatch       130
Tadoussac     Postes du Roi 100
Chicoutimi       100
Lac Saint-Jean       250
Ilets Jérémie       250
Godbout       100
Sept Isles       300
Mingan     Mingan 500
Masqouarro       100
Natosqouan       100
North West River Terreneuve   Baie des Esquimaux 100
Fort Nascopi Terres de Rupert     200
Rigolet Terreneuve     100
Kibokok       100
Fort Vancouver Territoire Washington Orégon Colombie 200
Umpqua Territoire Orégon     800
Cap Désappointement Territoire Washington     100
Pointe Chinock       100
Caouiman       100
Champoeg Territoire Orégon     150
Nesqually       500
Coouelitz       250
Port Colvile Territoire Washington   Colvile 800
Pend'Oreilles Territoire Sauvage     400
Têtes Plates Territoire Washington     500
Koutanais       500
Okanagan       300
Oualla Oualla Territoire Orégon   Pays Serpent 300
Fort Hall       200
Fort Boisé       200
Fort Victoria Isle Vancouver Ouest Isle Vancouver 5,000
Fort Rupert       4,000
Nanaimo       3,000
Fort Langley Territoire Sauvage   Rivière Fraser 4,000
Fort Simpson     Côte Nord-Ouest
Tribus du Nord
10,000
35,000
Kamloups
Fort Hope
    Rivière Thompson 2,000
Lac Stuart
Lac M'Leod
Lac Fraser
Alexandria
Fort George
Babines
Lac Connolly
    Nouvelle-
Calédonie
12,000
Honolulu Isles Sandwich         "       "      ---
" Ajoutés les blancs et les Métis des Territoires de la Baie d'Hudson, non compris ci-dessus, 6,000
" Ajoutés les Esquimaux, non compris ci-dessus   4,000
  " Total     158,960

_____

" Les tribus sauvages énumérées en détail dans le dénombrement précédent, peuvent être classifiées comme suit :

" Sauvages de la Forêt à l'Est des Montagnes Rocheuses 35,000
" Sauvages de la Prairie (Pieds noirs, etc.) 25,000
" Les Esquimaux 4,000
" Sauvages fixés dans le Canada 3,000
" Sauvages de l'Orégon Britannique et de la Côte Nord-Ouest 80,000
" Total Sauvages 147,000
" Blanc et Métis des territoires de la Baie d'Hudson 11,000
" Grand Total       158,000"

Le Mémoire est ici reproduit tel quel, sans tenir compte d'une légère différence qui existe entre les chiffres inscrits au détail et l'addition ; cette différence insignifiante pouvant être tout aussi bien une erreur dans les détails qu'une erreur dans l'addition, ne saurait être corrigée, ce qui, du reste, importe peu.

Dans l'examen de ce Mémoire, il convient d'étudier séparément la population qui habite à l'Est de celle qui habite à l'Ouest des Montagnes Rocheuses, et telles que représentées en gros dans le résumé qui termine le Mémoire.

Pour ce qui concerne l'Est, le chiffre de 35,000 donné pour représenter la population des forêts, en dehors des Provinces, est évidemment surfait ; 1° du chef que la population blanche et métisse inscrite avec la population aborigène y est représentée par un chiffre atténué ; 2° du chef que le chiffre de la population aborigène située dans les limites des Provinces d'Ontario et de Québec (Canada) y est aussi amoindri. Le chiffre de 25,000 donné pour représenter la population des sauvages des Prairies comprend un nombre comparativement considérable de sauvages du territoire Américian, et par conséquent est de beaucoup en excès du chiffre de cette population habitant le territoire Britannique.

Sir George Simpson s'était aperçu de tout cela, puisque, dans son témoignage, au lieu d'adopter le chiffre total de 147,000 du Mémoire, il donne au Comité le chiffre de 139,000 comme étant celui de toute la population sauvage soumise à l'autorité de la Compagnie dans toute l'étendue du continent Nord-Américain (Page 57 du Rapport). Il partage ainsi la population aborigène du Territoire Britannique, à l''Est des Montagnes Rocheuses : dans les Terres de Rupert, 42,840. (Ce chiffre comprend les aborigènes des Provinces d'Ontario et de Québec qui sont en relation de commerce avec la Compagnie) ; dans l'Athabaska-Mackenzie, qu'il appelle Territoire Sauvage, 12,730 ; dans les pays Esquimaux 4,000 ; dont il fait un total, en chiffres ronds, de 59,000 (Page 57 du Rapport du Comité). Jusqu'ici l'évaluation de Sir George Simpson s'accorde, non dans les détails mais en somme, avec celle à laquelle on est arrivé dans le Tableau de ce volume. Le Tableau s'accorde encore, en somme avec le Mémoire mis devant le Comité, si l'on corrige les erreurs signalées plus haut, et si l'on déduit, comme semble l'avoir fait Sir George, la quote-part américaine des tribus dont il dit, dans ses réponses (Page 102 du Rapport du Comité), "Elles errent du Missouri aux bords de la Saskatchiouane ;" car dans le Tableau, on ne parle que de la partie de ces populations qui échoit à l'Amérique Britannique.

Le Mémoire, et Sir George Simpson, d'après le Mémoire, attribuent 80,000 âmes de population aborigène aux territoires alors administrés par la Compagnie, à l'Ouest des Montagnes Rocheuses, depuis l'extrême Nord jusqu'à l'Orégon inclusivement et des sommets des Montagnes Rocheuses à l'Océan Pacifique, avec et y compris l'Isle Vancouver, les autres Isles et les Côtes et Isles de la lisière sud du territoire de l'Alaska (louées à la Compagnie moyennant une redevance annuelle de £1,500 sterling).

En examinant avec soin le Mémoire, dans ses détails, concernant la population aborigène de l'Ouest des Montagnes Rocheuses, on ne peut manquer de reconnaitre à l'instant qu'une erreur, heureusement assez énorme et assez manifeste pour ne pouvoir donner le change, s'est glissée dans ce document, laquelle ne peut être qu'une erreur de copiste ou d'impression, mais dont le montant a été additionné et fait partie du total.

En effet, on attribue à la juridiction du Fort Simpson, de la côte du Pacifique, une population de 45,000 âmes (10,000 + 35,000) ; c'est à dire beaucoup plus de la moitié de toute la population de la Colombie Britannique, de la région Ouest du Nord-Ouest, de partie de l'Alaska, des territoires de Washington, d'Idaho, d'Orégon, et de partie de Montana pris ensemble, pour la 10e partie environ de l'étendue du territoire, et cela dans des conditions très peu audessus de la moyenne de l'ensemble des circonstances de climat, de situation et de ressources de ces régions : et alors que tous les postes voisins accusent leurs pleins contingents de population. En d'autres termes, plus de 56 par cent de la population, pour 10 par cent de l'espace occupé, toutes choses étant presqu'égales d'ailleurs. Par une étude attentive de la question on ne tarde pas à se convaincre du fait que c'est une population d'environ 4,500 (1,000 + 3,500) qui ressortit à ce Poste de la Compagnie, et il est plus que probable que c'est ce chiffre qui a été donné par les officiers qui répondaient à l'enquête pour la circonscription du Fort Simpson.

Ce n'est donc pas 80,000 âmes, que compte la population aborigène désignée dans le Mémoire de la Compagnie, à l'Ouest des Montagnes Rocheuses, mais environ 39,500. Or, comme beaucoup plus d'un tiers de l'espace occupé est situé dans les territoires d'Orégon, d'Idaho, de Montana, de Washington et d'Alaska, il est raisonnable de soustraire plus d'un tiers de ce chiffre pour arriver à celui de la population sauvage située dans les Possessions Britanniques, à l'Ouest des Montagnes Rocheuses : en ajoutant au résidu un chiffre suffisant, pour représenter les portions de tribus des versants Ouest de l'extrême Nord-Ouest non comprises dans la Colombie Britannique non plus que dans la population de 4,500 attribuée au Fort Simpson (Le Mémoire les compte aux forts Halkett, Youcon et Peel), c'est au chiffre approximatif de 26,000 qu'on arrive. C'est le chiffre adopté dans le Tableau, comme suit : 23,000 dans la province de la Colombie Britannique et 3,000 situés en dehors de cette Province. Il ne faut pas perdre de vue que plusieurs des postes établis sur le territoire Britannique sont fréquentés par une population aborigène, comparativement considérable, venant de l'Alaska et des territoires Américains.

Les détails diffèrent nécessairement, selon que la localisation des populations aborigènes s'établit par tribus et par lieux de chasse et de pêche, comme on le fait dans le Tableau, ou par lieux de rendez-vous des Conseils et des Traités, ou par Postes de traite, et le seul moyen de comparer les résultats de calculs, faits à ces différents points de vue, est de le faire comme ensemble. La facilité comparative des transports, la différence du prix des articles (qui varient selon les postes), et d'autres considérations font que des populations comparativement voisines d'un poste vont souvent traiter avec un poste très éloigné ; les mêmes populations souvent même fréquentent divers postes. Il faut tenir compte de toutes ces circonstances pour bien juger des choses, et c'est pour cela qu'on a donné ici, à côté du Tableau ethnographique, confectionné pour le présent ouvrage, le Mémoire de la Compagnie qui donne l'énumération des postes ou Forts de traite.

Il convient de terminer cette introduction par le compte complêt des superficies territoriales et des états de population des diverses parties du Nord-Amérique Britannique, le tout se référant à l'année 1871, comme époque.

Noms des Circonscriptions territoriales. Superficie en Milles carrés. Superficie en Kilomètres carrés.
Terreneuve 42,000 108,775
Isle du Prince-Edouard 2,100 5,439
Nouvelle-Ecosse 21,731 56,283
Nouveau-Brunswick 27,322 70,763
Province de Québec 193,355 500,789
Province d'Ontario 107,780 279,150
Manitoba 14,000 36,260
Colombie Britannique 356,000 922,040
Labrador, Terres de Rupert et Nord-Ouest 2,465,712 6,386,194
Isles de l'Océan Arctique et Isles de la Baie d'Hudson 310,000 802,900
      Totaux 3,540,000 9,168,593



Noms des Circonscriptions territoriales. Population aborigène. Autre Races. Population Totale.
Terreneuve (Recensement de 1869) nulle. 146,536 146,536
Isle du Prince-Edouard (Recensement de 1871) 323 93,698 94,021
Nouvelle-Ecosse (Recensement de 1871) 1,666 386,134 387,800
Nouveau-Brunswick (Recensement de 1871) 1,403 284,191 285,594
Province de Québec (Recensement de 1871) 6,988 1,184,528 1,191,516
Province d'Ontario (Recensement de 1871) 12,978 1,607,873 1,620,851
Manitoba (Rec. 1870)--(Estimé de la population aborigène) 500 12,228 12,728
Colombie Britannique --(Estimé de population) 23,000 10,586 33,586
Labrador, Terres de Rupert et Nord-Ouest --(Estimé) 55,500 5,000 60,500
      Totaux 102,358 3,730,774 3,730,774

Le chiffre de la population aborigène attribuée à la Province de Manitoba ne tient ici compte que des sauvages don't cette Province constitue le territoire de chasse et de pêche, chiffre qui diffère nécessairement de celui que fournissent les rapports et mémoires qui enregistrent la population par groupes formés pour la Traite ou pour les Conseils.

On voit dans le Rapport de l'Honorable Ministre de l'Intérieur, pour l'année 1875, qu'une importante étendue des territoires du Nord-Ouest (la Province de Manitoba comprise) a été le sujet de divers traités, par lesquels les sauvages ont abandonné leurs droits de premiers occupants au Gouvernement Fédéral, moyennant des réserves et des subventions. Une population aborigène s'élevant à 13,944 âmes est comprise dans ces traités.


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