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Jean Talon: 1625-1694

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Jean Talon

Talon.
Théophile Hamel.
Musée de la civilisation, dépôt du Séminaire de Québec,
Nº 1993.16425.
©Musée de la civilisation, 1998

Le premier statisticien officiel du Canada a été Jean Talon, né en 1625 dans la région de la Champagne, en France. Talon est arrivé en Amérique du Nord en 1665, mandaté par Louis XIV et son ministre des Finances, Jean-Baptiste Colbert. Comme la France s'était fait rétrocéder la colonie par la Compagnie des Cent-Associés en 1663, le roi voulait maintenant évaluer les progrès réalisés en Nouvelle-France.

En tant qu'intendant de la justice, de la police et des finances, Talon avait pour tâche de stimuler l'expansion économique de la Nouvelle-France, d'accroître l'autosuffisance de la colonie et d'organiser son administration financière. C'était un homme enthousiaste qui voyait loin, et même s'il occupait un rang moins élevé que celui du gouverneur, il est rapidement devenu le véritable administrateur de la colonie. Talon a rempli deux mandats : de 1665 à 1668, puis de 1670 à 1672.

Lorsque Talon arriva dans la colonie, il fit face à d'énormes défis. De nombreux colons européens mouraient du scorbut, de la variole et d'autres maladies. Les affrontements étaient fréquents entre les colons et les peuples autochtones, certains d'entre eux considérant les nouveaux venus comme des intrus. Et la rigueur du climat pouvait même faire de la simple survie une lutte de tous les instants. Pourtant, au cours des années que Talon passa dans la colonie, la population de la Nouvelle-France grimpa de 3 200 à 7 600 habitants.



Le premier recensement en Amérique du nord

Talon a commencé son travail d'administrateur en faisant l'inventaire de la colonie. Il a, pour ce faire, effectué un recensement systématique de la population au cours de l'hiver de 1665-1666.

Talon a mené son recensement selon le principe de jure, c'est-à-dire qu'il a dénombré les personnes à leur lieu habituel de résidence. Il s'est en outre chargé lui-même d'une bonne partie du dénombrement, allant de porte en porte. Il a inscrit tous les habitants de la colonie, en indiquant leur nom, leur âge, leur profession, leur état matrimonial et leur lien avec le chef de la famille au sein de laquelle ils vivaient. Ce recensement visait également à évaluer les richesses industrielles et agricoles de la colonie, la valeur des ressources forestières et minérales locales ainsi que le nombre d'animaux domestiques, de seigneuries, d'immeubles publics et d'églises.

Le recensement a permis de dénombrer 3 215 habitants d'ascendance européenne, soit 2 034 hommes et 1 181 femmes. Parmi ces habitants, on comptait 3 notaires, 3 instituteurs, 3 serruriers, 4 huissiers, 5 chirurgiens, 5 boulangers, 8 fabricants de tonneaux, 9 meuniers, 18 marchands, 27 menuisiers et 36 charpentiers. La colonie se composait principalement de trois établissements, où habitaient 528 familles. Québec avait une population de plus de 2 100 personnes, alors que Montréal comptait 635 habitants et Trois-Rivières, 455.


Talon met les données du recensement à profit

Après avoir recueilli ses statistiques, Talon a commencé à s'en servir. Il était responsable de tout, des impôts au ramonage des cheminées, en passant par les règlements sanitaires et la construction de ponts, et son influence se faisait sentir sur tous les aspects du gouvernement et de la vie quotidienne des colons. Il a fait appel aux connaissances tirées du recensement pour favoriser le développement de la colonie sous plusieurs aspects.

Ses chiffres démontraient que les hommes étaient presque deux fois plus nombreux que les femmes dans cet avant-poste du missionnariat et du commerce des fourrures. Talon a donc fait en sorte que des jeunes femmes célibataires soient envoyées de France. Entre 1665 et 1673, 900 filles du roi sont arrivées à Québec. Talon imposait des amendes aux célibataires et récompensait les mariages précoces et les familles nombreuses. Dans une lettre envoyée a Louis XIV, roi de France, au début de 1673, Talon décrit en ces termes les résultats de ses efforts :

Par l'envoi qu'elle (Sa Majeste Louis XIV) a fait des filles qui y sont passées de France et par les mariages qu'elles y ont contractés avec les soldats qui, volontairement, s'y sont habitués, le nombre des colons a si fort augmenté que dans le recensement que je fis en 1671, je trouvai, par les extraits des baptistaires, sept cents enfants nés dans l'année, et j'ai lieu de croire qu'à présent il se pourra faire cent mariages par an, de garçons et de filles originaires du pays.

Talon ne s'est pas uniquement efforcé d'accroître la population de la colonie - il en a diversifié l'économie en établissant des manufactures de lainages, de textiles et d'objets domestiques. Il a fondé un chantier naval, une brasserie, une fabrique de chaussures, des scieries et une tannerie. Il a en outre mis sur pied un commerce de bois de charpente. En concédant des terres et en fournissant des outils gratuitement, il encourageait les immigrants à s'établir le long du fleuve Saint-Laurent et à cultiver la terre.

Le 2 novembre 1671, Talon a pu écrire à Colbert qu'il était fier d'être habillé de la tête au pied de vêtements [...] fabriqués en Nouvelle-France.

Après les travaux novateurs entrepris par Talon en 1666, 36 recensements complets et 9 recensements partiels ont été menés sous le régime français. En 1763, la Nouvelle-France est devenue une colonie britannique.