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Supplément technique : Production des estimations démographiques du deuxième trimestre de 2020 dans le contexte de la COVID-19

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Introduction

La production des estimations démographiques repose sur l’utilisation de plusieurs méthodes bien documentéesNote et ayant été présentées et discutées auprès des divers partenaires et collaborateurs du Programme des estimations démographiques (PED). Ces méthodes s’appuient sur des sources de données administratives dont le niveau d’actualité, le degré de complétude et de couverture ne sont pas nécessairement optimaux. Les modèles utilisés dans les processus de production permettent de produire des estimations démographiques fiables et précises malgré ces contraintes.

Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, la crise qui en a résulté a pu rendre caduques certaines des hypothèses des modèles utilisés dans la production des estimations démographiques. Le PED est déterminé à continuer de produire des estimations démographiques de la meilleure qualité possible, même dans le contexte pandémique actuel. Pour y arriver, les méthodes d’estimations de chacune des composantes démographiques ont fait l’objet d’une réévaluation. Lorsque nécessaire, des ajustements ont été apportés aux méthodes habituelles.

Ce document présente le processus de réévaluation qui a été effectué pour chaque composante démographique dans les circonstances entourant l’émergence de la pandémie. Le contexte et la méthode habituelle sont décrits pour chaque composante. Les considérations pertinentes dans le cadre de la réévaluation des estimations du deuxième trimestre de 2020 sont ensuite présentées. Par la suite, les facteurs justifiant le choix de faire un ajustement ou non sont présentés, avec la description de l’ajustement s’il y a lieu. Enfin, les stratégies à l’étude pour la production des estimations du prochain trimestre sont brièvement abordées.

Naissances

Contexte

En raison des perturbations sociales et économiques liées à la COVID-19, des fluctuations au chapitre du nombre de naissances pourraient survenir à partir de la mi-décembre, soit 40 semaines après le début des mesures de confinement de la pandémie de la part des différents paliers canadiens de gouvernement. Deux écoles de pensée soutiennent des hypothèses opposées quant à l’effet potentiel de la crise actuelle sur les niveaux de fécondité. Certains spécialistes laissent sous-entendre que les mesures de confinement pourraient avoir donné lieu à une hausse des rapprochements intimes chez les couples qui se traduiraient par une augmentation des naissances neuf mois plus tard. À l’opposé, une majorité de spécialistes s’entendent plutôt pour dire que le climat d’incertitude et d’inquiétude devrait plutôt se traduire par une diminution de la fécondité.

Méthode habituelle

Pour les estimations définitives, le nombre de naissances provient directement des statistiques de l’état civil fournies par le Centre de données sur la santé de la population (CDSP) de Statistique Canada. Celles-ci sont généralement reçues avec un délai d’environ deux ans par rapport à la période de référence des estimations.

Pour les estimations provisoires ou mises à jour, on utilise la méthode des quotients étant donné que les statistiques de l’état civil ne sont pas disponibles au moment de produire les estimations. Le nombre de naissances est estimé à l’aide des quotients de fécondité selon le groupe d’âge de la mère, lesquels sont basés sur l’année de données définitives la plus récente.

Considérations pertinentes dans le contexte de la COVID-19

  • L’incertitude économique et les inquiétudes générées par la pandémie risquent de réduire le taux de natalité selon une majorité d’experts :
    • « … l’incertitude et la rareté sont susceptibles de réduire le taux de natalité lorsque des individus, des couples et des familles décident de retarder, de différer ou de renoncer à avoir un enfant » (Liz Allen, Australian National UniversityNote );
    • « L’incertitude économique a un impact réel sur la fécondité »; « Cela risque d’entraîner une baisse encore plus importante de la fécondité et des naissances également » (Rogelio Sáenz, University of TexasNote );
    • « De nombreuses personnes en âge de procréer étaient déjà inquiètes pour leur avenir, et maintenant elles risquent d’être confrontées au chômage également »; « Ce genre d’anxiété n’est pas propice à la procréation » (Jennifer Johnson-Hanks, University of CaliforniaNote );
    • « Un climat de crainte n’est pas idéal psychologiquement pour féconder et là on sent bien qu’il y a une tension assez forte »; « La plupart du temps les crises économiques sont plutôt associées à une baisse de la natalité » (Richard Marcoux, Université LavalNote );
    • « La crise sanitaire mondiale a un impact sur les intentions de fécondité, que sont les décisions que les gens prennent d’avoir un enfant ou d’agrandir leur famille, et le moment de le faire. » (Nora Spinks, Institut Vanier de la familleNote );
    • « Je ne crois pas que les gens vont se sentir bien à l’idée de mettre au monde des enfants dans ce monde actuel » (Tom McCormack, Metro EconomicsNote );
    • « Les fermetures entraînent d'importantes pertes économiques. Étant donné la nature irréversible de la procréation et les coûts importants associés à l'éducation des enfants, le chômage et la perte de revenus réduiront nécessairement la fécondité. » (Aassve et al., 2020).
  • Des sondages américains et européens d’intention de fécondité effectués au début de la pandémie ont montré que de 38 % (États-Unis) à 79 % (Espagne) des femmes interrogées changeaient leurs plans d’avoir des enfants, que ce soit le report ou l’abandon d’une grossesse (Lindberg L.D. et al., 2020; Luppi et al., 2020).
  • La littérature scientifique existante démontre que lors des bouleversements économiques, la fécondité a généralement diminué :
    • C’est dans les régions où la situation sur le marché du travail s’est le plus détériorée que les taux de fécondité ont le plus diminué pendant la Grande Récession de 2008 (Matysiak et al., 2020);
    • Lors de la crise économique de 2008, les démographes ont observé que les jeunes en Europe avaient repoussé le moment de quitter le nid familial en raison de la précarité de l’emploi et de la situation en matière de logement. Cela veut dire que les enfants ont tendance à habiter plus longtemps avec leurs parents (Balbo et al., 2020);
    • Une recension de plusieurs études mesurant l’impact des récessions économiques sur la fécondité dans les pays développés a montré que, de façon générale, la fécondité tend à suivre les cycles économiques en suivant les mêmes tendances de hausse et de baisse (Sobotka et al., 2011);
    • En se fondant sur des études économiques et sur les comportements de fécondité observés lors de la Grande Récession de 2007 à 2009 et lors de la grippe espagnole de 1918, des chercheurs américains ont récemment estimés qu’il pourrait y avoir de 300 000 à 500 000 naissances de moins aux États-Unis en 2021 en conséquence de la pandémie de COVID-19 (Kearney et Levine, 2020).
  • D’autres facteurs secondaires peuvent avoir des impacts localisés au niveau de la fécondité de certains segments de la population :
    • La plupart des cliniques de fertilité ont dû fermer leurs portes en mars pour une période prolongée afin de se conformer aux directives de confinement émises par les différents paliers gouvernementauxNote . Les cliniques ont depuis commencé à rouvrir de façon graduelle en mai, avec plusieurs semaines de retard accumuléesNote ;
    • Le processus d’adoption d’enfants à l’étranger a été interrompu en mars en raison de la pandémie de la COVID-19Note . Même si plusieurs agences d’adoption reprennent progressivement leurs activités administratives et de coordination des adoptions, les futurs parents ne peuvent toujours pas aller à l’étranger pour rencontrer ou ramener leur enfant puisque ces voyages sont considérés comme non essentielsNote ;
    • Les services liés aux interruptions de grossesse ont été déclarés essentiels rapidement après le début de la pandémie partout au CanadaNote . Les suivis médicaux par téléphone ou vidéoconférence se sont également mis en place dans un court laps de temps, permettant entre autres les services de planification familialeNote .
  • Les dangers de la COVID-19 sur la santé de la future mère et du bébé peuvent également jouer un rôle sur la décision de retarder une grossesse en temps de pandémie. Ainsi, comme le système immunitaire des femmes enceintes est en partie affaibli pour éviter le rejet du fœtus, elles ont un risque plus élevé de contracter la COVID-19 (Phoswa et Khaliq, 2020). Aussi, en comparant à la fois avec des femmes enceintes n’ayant pas la COVID-19, et aussi avec des femmes atteintes du virus non enceintes, les femmes enceintes atteintes de la COVID-19 courent plus de risques de souffrir de complications (hospitalisation, admission aux soins intensifs, ventilation, césarienne, problèmes de santé post-partum) sans toutefois décéder davantage (CDC, 2020; Ellington et al., 2020; Prabhu et al., 2020). Aussi, les enfants qui naissent de mères ayant la COVID-19 ne seraient pas enclins à l’attraper à leur tour, que ce soit pendant la grossesse ou lors de l’accouchement (Prabhu et al., 2020). Un risque accru de fausse couche n'a pas été documenté chez les femmes enceintes infectées par le COVID-19, selon le CDCNote . En somme, les recherches sont limitées et davantage reste à faire en la matière à mesure que la situation évolue, que le temps s’écoule et que les données sur le sujet deviennent disponibles.

Facteurs justifiant la décision de ne pas apporter d’ajustement aux estimations de naissances

Les naissances survenues au deuxième trimestre de 2020 découlent de comportements en matière de fécondité survenus neuf mois plus tôt, soit avant le début de la pandémie. Pour cette raison, aucun ajustement n’a été apporté à la méthode habituelle pour la production des estimations de naissances du deuxième trimestre de 2020.

Stratégies d’ajustement à l’étude pour les estimations du troisième trimestre de 2020

Si la situation actuelle devait avoir des impacts sur les niveaux de fécondité, les effets ne seraient pas perceptibles avant la fin du quatrième trimestre de 2020, soit neuf mois après le début de la crise de la COVID-19. Ainsi, aucun ajustement aux estimations du nombre des naissances n’est prévu pour les données du troisième trimestre de 2020.

Décès

Contexte

Le premier décès lié à la COVID a été déclaré le 9 mars 2020, au premier trimestre de 2020. À la fin du premier trimestre (de janvier à mars), on dénombrait 96 décès au Canada. Le nombre de décès a augmenté au cours des trois mois du deuxième trimestre (d’avril à juin), alors que 3 088 décès ont été enregistrés en avril, 4 111 décès en mai et 1 296 décès en juinNote .

Méthode habituelle

La méthode habituelle utilisée pour calculer les estimations de décès prend les taux de mortalité selon l’âge et le sexe du dernier trimestre pour lequel on dispose de données définitives (taux trimestriels de 2018Note ), tels qu’ils sont appliqués à la population au début du trimestre (1er avril 2020). Comme d’habitude, les totaux de décès pour le Québec et la Colombie-Britannique sont fournis par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) et BC Stats.

Considérations pertinentes dans le contexte de la COVID-19

La méthode habituelle produit des estimations de décès en fonction des taux de mortalité des années précédentes. Ces taux ne comprennent donc pas la mortalité accrue observée en raison de la COVID-19 et ne sont pas optimaux pour produire des estimations de décès au cœur d’une pandémie. Il existe deux sources de données qui peuvent servir à incorporer les décès liés à la pandémie.

Premièrement, en raison de la pandémie de COVID-19, Statistique Canada s’est engagé à diffuser des données très actuelles sur le nombre de décès et a par conséquent mis au point une méthode pour produire des nombres provisoires de décès. Le Centre de données sur la santé de la population (CDSP) en collaboration avec le Centre de démographie ont créé des modèles statistiques qui utilisent les enregistrements de décès reçus des provinces et des territoires, les estimations du nombre attendu de décès en fonction des tendances des années précédentes et les calculs de la surmortalité attribuable à la pandémie de COVID-19 afin de fournir le nombre provisoire des décès survenus en 2020Note .

Deuxièmement, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) produit un fichier quotidien qui comprend les décès attribuables à la COVID-19 par province et territoire. Il comprend tous les décès dus à la COVID-19 au Canada depuis le début de la pandémie. Cette source de données a été utilisée conjointement avec les méthodes habituelles du Programme des estimations démographiques (PED) pour produire les estimations provisoires de décès du premier trimestre de 2020Note .

Facteurs justifiant la décision d’apporter un ajustement aux estimations de décès

La COVID-19 a des répercussions sur les courbes de mortalité attendues au sein de la population canadienne, touchant certaines provinces ou certains territoires plus que d’autres. Puisqu’il existe des sources de données qui peuvent mieux refléter les expériences de la pandémie, le PED a décidé d’incorporer ces sources aux estimations du deuxième trimestre.

La stratégie du PED

Le PED a adopté une approche hybride afin de produire les estimations de décès pour le deuxième trimestre (voir graphique 1). L’approche se divise en trois volets :

  1. Utiliser le nombre provisoire de décès du CDSP lorsque cela est possible
    À la date limite pour fournir les données au PED (le 18 août 2020), le nombre provisoire de décès du CDSP était disponible pour les provinces et les territoires de Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et les Territoires du Nord-OuestNote . Les données fournies par le CDSP ont donc remplacé les estimations du PED pour ces régions.
  2. Utiliser les estimations issues de la méthode habituelle du PED, en ajoutant les décès liés à la COVID-19 selon l’information de l’ASPC
    Pour les provinces et les territoires du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario, du Yukon et du Nunavut, le nombre de décès estimé par le CDSP n’était pas disponible en date du 18 août 2020. Par conséquent, le nombre de décès pour ces régions a été calculé en utilisant la méthode habituelle du PED. Pour tenir compte de la surmortalité attribuable à la pandémie de COVID-19, le nombre total de décès par mois déclaré par l’ASPC a été ajouté à ces estimations.
  3. Pour les provinces du Québec et de la Colombie-Britannique, utiliser le nombre de décès fourni par l’ISQ et par BC Stats
    Puisque ces nombres de décès proviennent directement des organismes de la statistique provisoire et sont fondés sur les enregistrements de décès, ils comprennent déjà les décès liés à la COVID-19 et n’ont pas été ajustés. L’ajout des décès liés à la COVID-19 a été confirmé par les deux organismes de la statistique.

Graphique 1 Nombre de décès selon la méthode habituelle du Centre de démographie et les estimations ajustées des décès, deuxième trimestre de 2020

Tableau de données du graphique 1 
Graphique 1
Nombre de décès selon la méthode habituelle du Centre de démographie et les estimations ajustées des décès, deuxième trimestre de 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de décès selon la méthode habituelle du Centre de démographie et les estimations ajustées des décès. Les données sont présentées selon Région (titres de rangée) et Centre de démographie, méthode habituelle et Estimations ajustées des décès , calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région Centre de démographie, méthode habituelle Estimations ajustées des décès
nombre
Terre-Neuve-et-Labrador 1 344 1 328
Île-du-Prince-Édouard 357 351
Nouvelle-Écosse 2 496 2 296
Nouveau-Brunswick 2 002 2 004
Québec 21 150 21 150
Ontario 27 341 29 980
Manitoba 2 703 2 826
Saskatchewan 2 361 2 419
Alberta 6 874 6 834
Colombie-Britannique 9 686 9 686
Yukon 55 55
Territoires du Nord-Ouest 71 73
Nunavut 48 48

Répartition selon l’âge et le sexe

Les décès liés à la COVID-19 ont tendance à se produire à des âges légèrement supérieurs à la répartition normale des décès selon l’âgeNote (voir tableau 1). Pour tenir compte de ce fait, les estimations de décès ont été désagrégées en mortalité attendue (ce qui serait survenu en l’absence de la pandémie) et surmortalité (décès attribuables à la pandémie). La répartition des décès liés à la COVID-19 selon l’âge et le sexe telle que déclarée par l’ASPC a été appliquée à la portion des estimations de décès jugée de surmortalité, tandis que la répartition normale selon l’âge et le sexe a été appliquée à la mortalité attendue.


Tableau 1
Décès de la COVID-19 selon l'Agence de la santé publique du Canada et estimations de décès selon la méthode habituelle du Centre de démographie, par groupe d'âge, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Décès de la COVID-19 selon l'Agence de la santé publique du Canada et estimations de décès selon la méthode habituelle du Centre de démographie. Les données sont présentées selon Groupe d'âge (titres de rangée) et Agence de la santé publique du Canada, décès de la COVID-19 et Centre de démographie, estimations de décès, méthode habituelle, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d'âge Agence de la santé publique du Canada, décès de la COVID-19 Centre de démographie, estimations de décès, méthode habituelle
pourcentage
0 à 19 ans 0,0 1,1
20 à 29 ans 0,1 1,1
30 à 39 ans 0,2 1,6
40 à 49 ans 0,6 2,6
50 à 59 ans 2,4 7,0
60 à 69 ans 7,2 14,5
70 à 79 ans 18,2 22,4
80 ans et plus 71,5 49,7

Stratégies d’ajustement à l’étude pour les estimations du troisième trimestre de 2020

Le PED continuera de travailler en étroite collaboration avec le CDSP pour obtenir des nombres provisoires de décès actuels, qui seront intégrés aux prochaines diffusions des estimations démographiques. Le PED continuera aussi de suivre l’évolution de la situation de la pandémie par le biais de revues de presse et dans le cadre de l’examen des ouvrages scientifiques.

Immigrants et résidents non permanents

Contexte

La propagation de la COVID-19 a poussé le gouvernement fédéral à mettre en place plusieurs mesures qui affectent directement les nombres d’immigrants et de résidents non permanents au pays.

Méthode habituelle

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) recueille et traite les dossiers administratifs des immigrants et des résidents non permanents (RNP). Il fournit ces informations à Statistique Canada sur une base mensuelle. Les données sont très actuelles : lorsqu’un mois se termine, IRCC envoie les nouvelles données à Statistique Canada trois semaines plus tard.

Pour les immigrants, le fichier relatif au droit d'établissement des résidents permanents est utilisé pour estimer le nombre et les caractéristiques des personnes bénéficiant du statut de résident permanent par le gouvernement fédéral pour une période donnée.

Pour les RNP, les fichiers requis comprennent ceux des permis de travail, des permis d’études, des autres permis, des demandes d’asile, du droit d'établissement des résidents permanents, des demandes de résidence permanente et des renvois. Ces informations permettent d'estimer le nombre et les caractéristiques des personnes auxquelles le gouvernement fédéral accorde le statut de résident non permanent. Pour les demandeurs d’asile, il est supposé qu’ils quitteront le pays deux ans après leur dernière communication avec IRCC alors que pour les détenteurs de permis, l’hypothèse qu’ils sont au Canada durant toute la validité de leur permis est faite. La limite actuelle connue pour mesurer les RNP reste donc la même dans le contexte de la COVID-19 : nul moyen de savoir quand les RNP quittent le pays.

Considérations pertinentes dans le contexte de la COVID-19

Le contexte lié aux voyages vers le Canada du second trimestre de 2020 est demeuré le même que celui du trimestre précédent : le gouvernement canadien a émis des restrictions aux frontières pour les voyages discrétionnaires (tourisme, loisirs, divertissements)Note .

De ce fait, deux décrets ont été signés et ont été valides pour l’entièreté du trimestre : le premier visait la fermeture de la frontière canado-américaine à toute traversée non essentielleNote alors que le second visait tout pays autre que les États-UnisNote .

Ensuite, IRCC a également fait face à des enjeux opérationnels. La pandémie a engendré une réduction du personnel ainsi que des fermetures de bureaux à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ce qui a eu comme effet de limiter sa capacité à examiner et traiter les demandes (applications, renouvellements, etc.) dans les délais habituels. Lors du second trimestre de 2020, IRCC a dû s’ajuster afin que la plupart de ses opérations puissent se dérouler en ligne.

Les répercussions des restrictions sur l’entrée au pays des immigrants et des résidents non permanents ainsi que les retards administratifs à IRCC occasionnés par la pandémie lors du second trimestre de 2020 peuvent être résumés comme suit :

  • Les personnes ayant déjà leur résidence permanente ou qui détenaient leur confirmation de résidence permanente pouvaient entrer au CanadaNote ;
  • Seuls les travailleurs temporaires venant au pays à des fins essentielles ainsi que certaines personnes pouvant travailler sans permis ont pu être exemptés des restrictions de voyageNote ;
  • Les étudiants internationaux pouvaient être exemptés des restrictions de voyage et pouvaient entrer au Canada s’ils voyageaient à des fins essentielles, et :
    • qu’ils étaient munis d’un permis d’études valide, ou;
    • qu’ils avaient obtenu un permis d’études le 18 mars 2020 ou avant cette date, ou;
    • qu’ils arrivaient des États-UnisNote .
  • Les demandeurs d’asile ont été interdits d’entrée au Canada en provenance des États-Unis, sauf exceptionsNote ;
  • Toute autre information en lien avec les renouvellements de permis, applications, sursis supplémentaires octroyés par IRCC en réponse à la COVID peuvent se trouver sous la section COVID-19 du site d’IRCCNote .

Facteurs justifiant la décision de ne pas apporter d’ajustement aux estimations d’immigrants et de RNP

Puisque les données des fichiers reçus d’IRCC suivent des tendances qui montrent une cohérence avec le calendrier de la COVID-19 et des restrictions associées, aucun ajustement à la méthode habituelle n’a été jugé nécessaire.

Immigrants

Le graphique 2 montre bien l’impact de la COVID-19 dès le mois de mars et ce, pour tout le second trimestre de 2020 : le nombre d’immigrants reçus a baissé dès mars pour atteindre un creux en avril, avant une reprise graduelle au cours des mois de mai et juin. Il est à noter qu’un futur résident permanent reçoit une confirmation de résidence permanente par la poste et se rend à un point d’entrée du Canada par la suite. C’est à ce moment qu’il apparaît dans les données d’immigration utilisées par le PED. Il est plausible que plusieurs futurs immigrants ont reporté leur venue au pays en raison de la pandémie. De plus, IRCC a été confronté à des retards opérationnels et à des fermetures de bureaux au Canada et à l’étranger.

Graphique 2 Nombre de nouveaux immigrants admis au Canada selon le mois et l'année d'arrivée

Tableau de données du graphique 2 
Graphique 2
Nombre de nouveaux immigrants admis au Canada selon le mois et l'année d'arrivée 
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de nouveaux immigrants admis au Canada selon le mois et l'année d'arrivée . Les données sont présentées selon Mois (titres de rangée) et 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Mois 2016 2017 2018 2019 2020
nombre
Janvier 27 283 21 891 23 549 18 647 24 696
Février 32 040 22 827 25 645 20 250 25 899
Mars 26 924 28 121 30 813 27 060 18 567
Avril 28 127 25 119 28 825 26 899 4 135
Mai 29 463 25 431 28 784 33 017 10 954
Juin 30 712 27 462 30 070 34 365 19 182
Juillet 26 490 25 760 29 044 36 617 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Août 21 273 22 201 25 316 31 587 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Septembre 20 479 22 148 27 923 35 515 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Octobre 18 320 21 176 26 396 31 238 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Novembre 16 208 20 142 22 877 25 080 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Décembre 19 086 24 212 21 807 20 917 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Résidents non permanents (RNP)

Les soldes à la baisse des RNP au cours de chacun des trois mois composant le second trimestre de 2020 sont vraisemblablement liés à la pandémie et à ses répercussions sur la fermeture des frontières ainsi que sur les opérations d’IRCC. Ces baisses sont particulièrement attribuables à une diminution des permis entrant en vigueur en avril, en mai et en juin, ce qui va à l’encontre des tendances observées au cours des quatre années précédentes (voir graphiques 3 et 4).

Graphique 3 Nombre de résidents non permanents, selon le mois, 1er mai, 1er juin et 1er juillet, 2016 à 2020

Tableau de données du graphique 3 
Graphique 3
Nombre de résidents non permanents, selon le mois, 1er mai, 1er juin et 1er juillet, 2016 à 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de résidents non permanents. Les données sont présentées selon Mois (titres de rangée) et 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Mois 2016 2017 2018 2019 2020
nombre
1er mai 769 457 866 419 1 025 154 1 186 426 1 327 783
1er juin 777 122 884 599 1 042 438 1 210 155 1 325 123
1er juillet 790 931 894 174 1 056 464 1 225 126 1 302 298

Graphique 4 Solde de résidents non permanents pour chacune des périodes mensuelles du deuxième trimestre, 2016 à 2020

Tableau de données du graphique 4 
Graphique 4
Solde de résidents non permanents pour chacune des périodes mensuelles du deuxième trimestre, 2016 à 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Solde de résidents non permanents pour chacune des périodes mensuelles du deuxième trimestre. Les données sont présentées selon Période (titres de rangée) et 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Période 2016 2017 2018 2019 2020
nombre
Avril à mai 14 028 19 124 27 919 26 354 717
Mai à juin 7 665 18 180 17 284 23 729 -2 660
Juin à juillet 8 562 9 575 14 026 14 971 -22 825

Stratégies d’ajustement à l’étude pour les estimations du troisième trimestre de 2020

En raison de la nature très actuelle des données reçues par IRCC, aucun ajustement particulier n’est prévu aux méthodes habituelles. Les hypothèses nécessaires afin de modéliser les entrées et sorties à la frontière des immigrants et des résidents non permanents demeurent les mêmes.

Composantes de l’émigration

Contexte

Comme pour le premier trimestre de 2020, les estimations provisoires du nombre d’émigrants, d’émigrants de retour et du solde de l’émigration temporaire requièrent des ajustements afin de mieux refléter les changements de tendances soudains qui surviennent à cause de la situation de la COVID-19.

Méthodes habituelles

Le Programme des estimations démographiques (PED) calcule des estimations du nombre d’émigrants, d’émigrants de retour et du solde de l’émigration temporaire chaque trimestre. Dans les trois cas, le PED mesure des migrations qui résultent en un changement du pays habituel de résidence des individus.

Les estimations provisoires du nombre d’émigrants et d’émigrants de retour s’appuient sur les données annuelles de l’Allocation canadienne pour enfants (ACE) et sur plusieurs ajustements. Ces ajustements corrigent les données de l’ACE pour la couverture, le biais dans la propension à migrer des enfants de l’ACE et les délais d’enregistrements dans ces fichiers. Les estimations de ces deux composantes sont modélisées à partir des dernières données annuelles de l’ACE jugées suffisamment complètes. Dans le contexte de la production des estimations provisoires du deuxième trimestre de 2020, les données de l’ACE de 2017-2018 sont utilisées.

Les estimations provisoires du solde de l’émigration temporaire sont obtenues à partir des données de la Contre-vérification des dossiers (CVD) de 2016, du Recensement de 2016 et des estimations du nombre d’émigrants de retour de 2011-2016.

Pour ces trois composantes, les tendances observées au moyen des données les plus récentes sont supposées se poursuivre.

Considérations pertinentes dans le contexte de la COVID-19

Il est supposé que l’incertitude causée par la COVID-19 et les appels du gouvernement canadien à ses ressortissants a favorisé l’émigration de retour et défavorisé l’émigration en mars.

Les restrictions sévères sur les voyages internationaux ainsi que la diminution marquée du nombre de vols internationaux et de passages à la frontière se sont poursuivies au deuxième trimestre de 2020 et ce, non seulement au Canada mais aussi à travers le monde (OCDE, 2020; Statistique Canada, 2020). En conséquence, il est supposé que cette situation a aussi entraîné une réduction importante du nombre d’émigrants, d’émigrants de retour et du solde de l’émigration temporaire.

Facteurs justifiant la décision d’apporter des ajustements aux estimations des composantes relatives à l’émigration

À l’instar de la situation du premier trimestre de 2020, les modèles actuels du PED sont également moins appropriés pour le deuxième trimestre. L’hypothèse selon laquelle les tendances récentes se poursuivent est moins valide en raison des changements de tendances abrupts qui découlent de la situation liée à la COVID-19.

Stratégie d’ajustement du PED

Pour le premier trimestre, le même ajustement avait été appliqué aux trois composantes de l’émigration. Cet ajustement avait été calculé à partir des données du dénombrement à la frontière (DF) pour les aéroports munis de bornes d’inspection primaire (BIP)Note .

Pour le deuxième trimestre, des ajustements différents ont été développés pour chaque composante de l’émigration en tirant profit des données disponibles afin de mieux rendre compte de la réalité de chaque composante. Ces ajustements remplacent aussi ceux qui avaient été initialement calculés pour le premier trimestre de 2020.

Les ajustements des composantes provisoires de l’émigration reposent sur certaines hypothèses communes :

  • Les estimations définitives des trois composantes de l’émigration sont la meilleure estimation du niveau et de la saisonnalité;
  • Le niveau et la saisonnalité des estimations mises à jour et provisoires des trois composantes sont suffisamment précis en temps normal;
  • La situation liée à la COVID-19 n’a pas eu d’effet sur les trois composantes pour janvier et février 2020;
  • L’effet relatif de la situation liée à la COVID-19 sur les composantes de l’émigration est le même pour chaque province et chaque territoire ainsi que selon l’âge et le sexe.

Émigration

L’ajustement pour les estimations provisoires du nombre d’émigrants a été développé au moyen des données des visas américains délivrés par les consulats américains au CanadaNote . Ces données comprennent les visas délivrés aux résidents permanents, aux travailleurs, aux étudiants et aux autres résidents temporaires. Elles excluent les visas délivrés aux visiteurs et aux touristes. Les tableaux agrégés couvrant la période de mars 2017 à juin 2020 sont disponibles en ligne et ont été utilisés après avoir consulté les démographes du U.S. Census Bureau. Les États-Unis sont de loin le principal pays de destination des émigrants canadiens de sorte que les données de ce pays permettent de brosser un portrait relativement représentatif de l’émigration (ONU, 2019). Seules les données américaines sur les visas d’immigrants sont utilisées pour l’ajustement de l’émigrationNote . Deux éléments conviennent d’être mentionnés relativement à l’utilisation de ces données. Premièrement, ces données réfèrent au moment où les permis sont délivrés et non à celui où le titulaire du permis a franchi la frontière. Deuxièmement, les citoyens des États-Unis ou les personnes qui ont déjà le statut de résident permanent peuvent émigrer aux États-Unis sans visa, de sorte qu’elles ne sont pas incluses dans ces données.

Le graphique 5 rend compte du nombre de visas d’immigrants délivrés par les consulats américains au Canada.

Graphique 5 Nombre de visas d’immigrants délivrés par les consulats américains au Canada, mars 2017 à juin 2020, Canada

Tableau de données du graphique 5 
Graphique 5
Nombre de visas d’immigrants délivrés par les consulats américains au Canada, mars 2017 à juin 2020, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de visas d’immigrants délivrés par les consulats américains au Canada. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Novembre et Décembre, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
nombre
2017 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 467 399 590 409 388 385 300 478 337 399
2018 349 316 386 384 348 296 253 282 395 343 450 284
2019 420 606 515 111 302 302 255 263 251 297 258 352
2020 271 343 241 3 4 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

L’ajustement pour le nombre d’émigrants s’appuie sur les hypothèses suivantes :

  • La saisonnalité des visas américains reflète suffisamment bien la réalité de 2017 à 2020;
  • Le rapport mensuel entre les émigrants selon les visas américains et ceux du PED est suffisamment réaliste entre 2017 et 2019;
  • Le rapport mentionné ci-haut n’a pas changé en 2020.

L’ajustement consiste en l’application du ratio tiré des données du PED et des visas aux données des visas pour la période qui requiert un ajustement. La méthode d’ajustement des estimations du nombre d’émigrants est faite en trois étapes :

  • Calcul du rapport entre le nombre d’émigrants du PED (EMI_PED) et le nombre de visas d’immigrants délivrés par les consulats américains au Canada (VISA) pour le mois m et l’année a (2017 [sauf janvier et février qui ne sont pas disponibles], 2018 et 2019 seulement). Ce rapport exprime la relation entre les deux sources :

RAP(m,a) = EMI_PED(m,a) / VISA(m,a);

  • Prendre la moyenne des rapports d’un même mois m pour obtenir le rapport mensuel moyen, noté RAP_MOYEN(m). Ce rapport représente la relation moyenne sur la période étudiée;
  • Le nombre mensuel d’émigrants est estimé en appliquant le rapport mensuel moyen aux données des visas d’immigrants du mois voulu :

EMI_PED(m,2020) = RAP_MOYEN(m) * VISA(m,2020).

Émigration de retour

L’ajustement pour les estimations provisoires du nombre d’émigrants de retour est basé sur les données du DF pour les aéroports munis de BIP et du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger d’Affaires mondiales Canada.

Les BIP permettent aux voyageurs arrivant par vols commerciaux de rapporter de façon électronique toute l’information qui serait sinon obtenue avec l’utilisation des cartes de déclaration E311. Dans ces données, un émigrant de retour potentiel peut être défini comme un citoyen canadien qui a rapporté résider à l’étranger lors de son arrivée dans un aéroport canadien muni de BIP. Notons que le DF ne renseigne pas sur les intentions de résidence au Canada des voyageurs de sorte qu’il amalgame des émigrants de retour et des visiteurs. De plus, le DF n’est pas présent dans tous les aéroports du pays et ne couvre pas les passages à la frontière terrestre ou par bateau.

Le service d'Inscription des Canadiens à l'étranger est un service gratuit qui permet au gouvernement du Canada d’aviser ses ressortissants en cas d’urgence à l’étranger ou à la maison (par exemple une catastrophe naturelle ou des troubles civils)Note . Les voyageurs inscrivent notamment les dates de début et de fin de leur séjour à l’étranger ainsi que le pays de destination. Ces informations peuvent être utilisées pour calculer des stocks et des flux de migrants sous certaines hypothèses.

Il est supposé que les personnes inscrites qui reviennent d’un séjour à l’étranger de 365 jours ou plus sont des émigrants de retour tandis que celles de retour au pays après un séjour de 180 à 364 jours sont des retours temporairesNote . Les personnes inscrites qui reviennent au Canada après un séjour de moins de 180 jours sont considérées être des voyageurs et non des migrants.

Pour les émigrants de retour et les retours temporaires, il est également supposé que la date de retour au Canada dans le service d'Inscription des Canadiens à l'étranger correspond à la date réelle d’émigration de retour au Canada et qu’ils ont l’intention de résider au pays de façon permanente. La couverture des voyageurs et des migrants internationaux du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger est incomplète et peut fluctuer rapidement en fonction des enjeux internationaux à travers le monde. Cette volatilité est considérée de deux façons. Tout d’abord, les données du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger sont exploitées sous la forme de quotients mensuels en divisant les nombres d’émigrants de retour par rapport à ceux de l’ensemble des personnes à l’étranger pour 365 jours ou plusNote . Ensuite, seules les personnes inscrites avant ou au jour de leur départ du Canada sont incluses dans le calcul des quotients de retour.

Les données du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger sont exploitées avec l’idée qu’elles peuvent jeter un éclairage sur le nombre d’émigrants de retour parmi les voyageurs du DF.

Les graphiques 6 et 7 rendent respectivement compte du nombre de voyageurs internationaux qui sont citoyens canadiens et qui ont rapporté résider à l’étranger dans les aéroports canadiens munis de BIP et des quotients mensuels de personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 365 jours ou plus.

Graphique 6 Nombre de voyageurs internationaux qui sont citoyens canadiens et qui ont rapporté résider à l’étranger dans les aéroports canadiens munis de bornes d'inspection primaire (BIP), janvier 2018 à juin 2020, Canada

Tableau de données du graphique 6 
Graphique 6
Nombre de voyageurs internationaux qui sont citoyens canadiens et qui ont rapporté résider à l’étranger dans les aéroports canadiens munis de bornes d'inspection primaire (BIP), janvier 2018 à juin 2020, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de voyageurs internationaux qui sont citoyens canadiens et qui ont rapporté résider à l’étranger dans les aéroports canadiens munis de bornes d'inspection primaire (BIP). Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Novembre et Décembre, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
nombre
2018 21 048 24 319 30 810 27 855 34 164 51 802 64 079 50 511 34 184 31 208 26 735 57 742
2019 23 998 25 329 27 304 32 447 34 317 52 983 64 809 51 896 34 326 33 806 27 108 61 912
2020 26 845 25 934 16 456 1 122 1 695 3 531 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Graphique 7 Quotients des personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 365 jours ou plus, janvier 2018 à juin 2020, Canada

Tableau de données du graphique 7 
Graphique 7
Quotients des personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 365 jours ou plus, janvier 2018 à juin 2020, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Quotients des personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 365 jours ou plus. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Novembre et Décembre, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
pourcentage
2018 0,4 0,3 0,7 0,5 0,2 0,2 0,8 2,1 0,4 0,5 0,3 0,4
2019 0,6 0,3 0,4 0,2 1,1 0,5 0,6 0,4 0,5 0,5 0,3 0,4
2020 0,7 0,2 2,9 1,1 0,1 0,1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

L’ajustement pour le nombre d’émigrants de retour se fonde sur les hypothèses qui suivent :

  • La saisonnalité des données combinées du DF et du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger reflète suffisamment bien la réalité de 2018 à 2020;
  • Le rapport mensuel entre les émigrants de retour selon les données du DF et celles du PED est suffisamment réaliste en 2018 et 2019;
  • Le rapport mentionné ci-haut n’a pas changé en 2020;
  • L’utilisation des quotients d’émigration de retour du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger permettent suffisamment bien de tenir compte des changements dans le profil des voyageurs du DF.

L’ajustement consiste en deux principales étapes. Premièrement, la relation entre les données du PED et du DF est appliquée aux données du DF pour la période qui requiert un ajustement. Deuxièmement, les variations mensuelles des quotients d’émigration de retour du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger servent comme signal des changements dans le profil des voyageurs du DF. Rappelons que les données du DF utilisées ici rendent compte à la fois d’émigrants de retour et de voyageurs.

De manière plus détaillée, la méthode d’ajustement des estimations du nombre d’émigrants est faite comme suit :

  • Calcul du rapport entre les émigrants de retour du PED (RET_PED) et du DF (RET_DF) pour le mois m et l’année a (2018 et 2019 seulement). Ce rapport exprime la relation entre les deux sources :

RAP(m,a) = RET_PED / RET_DF;

  • Calcul de la moyenne des deux rapports d’un même mois m pour obtenir RAP_MOYEN(m). Ce rapport représente la relation moyenne sur la période étudiée;
  • Application du rapport moyen (RAP_MOYEN) aux données du DF du mois voulu pour obtenir le nombre d’émigrants de retour attendu selon le DF (RET_PED_DF) :

RET_PED_DF(m, 2020) = RAP_MOYEN(m) * RET_DF(m, 2020);

  • Calcul de la moyenne des quotients d’émigration de retour (QUO_INS) d’un même mois m du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger pour obtenir QUO_INS_MOY(m) (2018 et 2019 seulement). Ce facteur donne un signal de la propension moyenne des personnes inscrites à retourner s’établir en permanence au Canada;
  • Calcul du rapport entre le quotient du mois voulu et le quotient moyen d’un même mois pour obtenir la variation dans la propension d’émigration de retour. Ce rapport exprime le changement dans les tendances d’émigration de retour observé dans le service d'Inscription des Canadiens à l'étranger en 2020 par rapport aux années antérieures :

VAR_QUO_INS(m, 2020) = QUO_INS(m, 2020) / QUO_INS_MOY(m);

  • Application de la variation dans la propension d’émigration de retour du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger (VAR_QUO_INS) au nombre d’émigrants de retour attendu du DF (RET_PED_DF) pour obtenir les estimations du nombre d’émigrants de retour du mois voulu :

EMIRET_PED(m,2020) = RET_PED_DF(m, 2020) * VAR_QUO_INS(m, 2020).

Solde de l’émigration temporaire

Le solde de l’émigration temporaire se divise en sorties et en retours temporaires. Ces migrations temporaires peuvent être estimées séparément pour chaque mois à partir des données ayant servi à calculer le solde de l‘émigration temporaire. Rappelons que les données du Recensement et de la CVD de 2016 et celles du PED de 2011 à 2016 sont utilisées pour extrapoler le solde de l’émigration temporaire à partir de 2016.

L’ajustement pour le solde de l’émigration temporaire s’appuie sur les hypothèses suivantes :

  • Les nombres de sorties et de retours temporaires sont suffisamment bien estimés à partir du solde de l’émigration temporaire de chaque mois;
  • Les ajustements apportés aux estimations du nombre d’émigrants et d’émigrants de retour sont suffisamment précis pour les sorties et les retours temporaires.

Les estimations mensuelles du nombre de sorties temporaires sont obtenues en appliquant la relation entre les sorties temporaires et le solde de l’émigration temporaire aux estimations du solde de l’émigration temporaire pour la période qui nécessite un ajustement. Cette approche se fait comme suit :

  • Calcul du rapport entre les sorties temporaires (SORTIES_TEMP) des données de la CVD de 2016 et le solde de l’émigration temporaire de 2011-2016 (SOLDE_TEMP). Ce rapport représente la relation entre les sorties temporaires et le solde de l’émigration temporaire :

RAPPORT_SORTIES_SOLDE_TEMP = SORTIES_TEMP(CVD 2016) / SOLDE_TEMP(2011-2016);

  • Application du rapport aux estimations du solde de l’émigration temporaire de l’année a et du mois m pour obtenir l’estimation du nombre de sorties temporaires de cette période :

SORTIES_TEMP(a,m) = RAPPORT_SORTIES_SOLDE_TEMP * SOLDE_TEMP(a,m).

La même approche est utilisée pour estimer le nombre mensuel de retours temporaires. Ensuite, les estimations mensuelles du nombre de sorties et de retours temporaires peuvent être ajustées pour la situation liée à la COVID.

Les estimations du nombre de sorties temporaires sont ajustées de la même façon que celles du nombre d’émigrants. La seule différence est que les visas temporaires des données américaines sont utilisés au lieu des visas d’immigrants.

De manière analogue, les estimations du nombre de retours temporaires sont ajustées de la même façon que les estimations du nombre d’émigrants de retour. Les seules différences sont les suivantes :

  1. le rapport entre les données du DF et celles du PED est obtenu à partir des retours temporaires du PED;
  2. les personnes du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger qui étaient à l’étranger de 180 à 364 jours sont utilisées pour calculer l’ajustement au lieu de celles dont le séjour à l’étranger était de 365 jours ou plusNote .

Finalement, l’ajustement du solde de l’émigration temporaire est calculé au moyen des estimations ajustées des sorties et des retours temporaires.

Les graphiques 8 et 9 montrent respectivement le nombre de visas temporaires délivrés par les consulats américains au Canada et les quotients de retour des personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 180 à 364 jours.

Graphique 8 Nombre de visas temporaires délivrés par les consulats américains au Canada, mars 2017 à juin 2020, Canada

Tableau de données du graphique 8 
Graphique 8
Nombre de visas temporaires délivrés par les consulats américains au Canada, mars 2017 à juin 2020, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de visas temporaires délivrés par les consulats américains au Canada. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Novembre et Décembre, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
nombre
2017 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 2 193 2 160 2 815 2 738 2 264 2 177 2 170 2 260 2 146 2 360
2018 2 102 2 127 2 469 2 494 3 103 3 238 2 684 2 569 2 053 2 610 2 405 1 708
2019 2 201 2 221 2 848 2 761 3 204 2 890 2 741 2 839 2 329 2 848 2 346 2 132
2020 2 269 2 275 1 491 64 70 114 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Graphique 9 Quotients des personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 180 à 364 jours, janvier 2018 à juin 2020, Canada

Tableau de données du graphique 9 
Graphique 9
Quotients des personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 180 à 364 jours, janvier 2018 à juin 2020, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Quotients des personnes inscrites au service d'Inscription des Canadiens à l'étranger de retour au Canada après un séjour à l’étranger de 180 à 364 jours. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Novembre et Décembre, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
pourcentage
2018 6,2 3,0 7,2 14,7 10,5 13,8 21,2 32,6 11,5 8,5 6,8 12,9
2019 9,6 6,2 6,5 12,9 16,4 13,6 18,8 16,3 7,3 7,2 5,2 12,3
2020 8,7 5,3 40,1 32,7 12,4 21,9 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Résultats

Pour le premier trimestre de 2020, les ajustements apportés aux trois composantes de l’émigration résultent en une hausse de l’émigration de retour et une baisse de l’émigration et du solde de l’émigration temporaire comparativement aux méthodes habituelles. Pour le second trimestre, les ajustements se soldent par une baisse très importante pour les trois composantes de l’émigration. Les tableaux 2 et 3 montrent les estimations des trois composantes selon les méthodes habituelles et selon les méthodes ajustées pour les deux premiers trimestres de 2020.


Tableau 2
Composantes de l’émigration, méthodes habituelles et méthodes ajustées, selon la province ou le territoire, premier trimestre de 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Composantes de l’émigration. Les données sont présentées selon Région (titres de rangée) et Émigrants, Émigrants de retour, Solde de l'émigration temporaire, Méthode habituelle et Méthode ajustée, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région Émigrants Émigrants de retour Solde de l'émigration temporaire
Méthode habituelle Méthode ajustée Méthode habituelle Méthode ajustée Méthode habituelle Méthode ajustée
nombre
Canada 12 485 11 109 5 577 10 040 6 877 4 263
T.-N.-L. 36 31 19 34 36 23
Î.-P.-É. 10 9 7 13 11 7
N.-É. 238 208 85 153 64 40
N.-B. 130 114 53 97 52 32
Qc 1 554 1 382 773 1 391 1 158 718
Ont. 5 853 5 228 2 808 5 054 3 397 2 107
Man. 244 215 154 278 90 55
Sask. 188 174 97 175 125 77
Alb. 1 452 1 270 713 1 283 572 354
C.-B. 2 770 2 468 865 1 557 1 350 837
Yn 5 5 0 0 7 4
T.N.-O. 5 5 3 5 8 5
Nt 0 0 0 0 7 4

Tableau 3
Composantes de l’émigration, méthodes habituelles et méthodes ajustées, selon la province ou le territoire, deuxième trimestre de 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Composantes de l’émigration. Les données sont présentées selon Région (titres de rangée) et Émigrants, Émigrants de retour, Solde de l'émigration temporaire, Méthode habituelle et Méthode ajustée, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région Émigrants Émigrants de retour Solde de l'émigration temporaire
Méthode habituelle Méthode ajustée Méthode habituelle Méthode ajustée Méthode habituelle Méthode ajustée
nombre
Canada 11 664 141 11 376 413 6 658 75
T.-N.-L. 38 0 41 1 36 0
Î.-P.-É. 13 0 16 0 10 0
N.-É. 249 3 171 6 63 0
N.-B. 144 2 111 4 50 0
Qc 1 737 21 1 576 58 1 120 12
Ont. 4 933 60 5 729 209 3 287 39
Man. 344 4 313 11 86 0
Sask. 188 2 197 7 122 2
Alb. 1 551 19 1 454 53 554 7
C.-B. 2 456 30 1 763 64 1 307 15
Yn 7 0 0 0 7 0
T.N.-O. 4 0 5 0 9 0
Nt 0 0 0 0 7 0

Stratégies d’ajustement à l’étude pour les estimations du troisième trimestre de 2020

Les restrictions sur les voyages internationaux sont encore en vigueur pour au moins une partie du troisième trimestre. Conséquemment, des ajustements devraient encore être nécessaires. Le PED évalue diverses approches telles que :

  • Poursuivre l’exploration des données du service d'Inscription des Canadiens à l'étranger, du DF et de l’ACE qui ont été évaluées pour les ajustements des deux premiers trimestres;
  • Continuer les échanges méthodologiques et de données avec les démographes du U.S. Census Bureau et d’autres experts sur les statistiques de migration internationale;
  • Considérer d’autres sources alternatives comme les changements d’adresses de Postes Canada et les données d’IRCC;
  • Surveiller l’évolution de la situation, notamment au moyen de revues de presse et d’une veille scientifique.

Migration interprovinciale

Contexte

Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, il est plausible que la mobilité interne des Canadiens ait pu être perturbée. Les données utilisées dans le processus normal de production du Programme des estimations démographiques (PED), ainsi que des données issues de sources alternatives confirment qu’une baisse générale de l’intensité de la migration interprovinciale a été enregistrée lors du second trimestre de 2020, en comparaison avec les années antérieures.

Méthode habituelle

Chaque mois, l'Agence du revenu du Canada (ARC) fournit à Statistique Canada des données du programme de l’Allocation canadienne pour enfants (ACE) qui permettent de dériver des renseignements sur la province ou le territoire de résidence habituel des enfants inscrits au programme de l’ACE. La comparaison des fichiers de microdonnées du début et de la fin de la période étudiée permet l'estimation de la migration interprovinciale provisoire mensuelle, trimestrielle et annuelle. Des facteurs de correction permettent de tenir compte de la couverture partielle du programme, de la propension différentielle à migrer des enfants inscrits au programme de l’ACE et de la propension différentielle à migrer des adultes par rapport aux enfants. Les estimations des adultes qui migrent entre les limites provinciales ou territoriales sont obtenues grâce au calcul des ratios de migration modélisés des adultes et des enfants calculés à partir des données fiscales les plus récentes. Des estimations d’entrants, de sortants et des soldes par province ou territoire, ainsi qu’une matrice origine-destination selon la province ou le territoire sont diffusées chaque trimestre.

Considérations pertinentes dans le contexte de la COVID-19

Afin de s’assurer que les estimations de la migration interprovinciale du deuxième trimestre de 2020 calculées avec l’ACE reflètent les changements attendus dans le contexte de la COVID-19, deux sources de données alternatives ont été acquises et évaluées. D’abord, Statistique Canada dispose de bases de données contenant des informations liées aux permis de conduire, qui sont fournies mensuellement par les provinces et les territoires. La comparaison des adresses des détenteurs de permis de conduire entre les bases de données mensuelles a permis d’estimer l’intensité des migrations intraprovinciales à l’échelle des régions économiques. Puisque l’actualité des bases de données est variable, seules les provinces et les territoires pour lesquels les données d’un même mois étaient disponibles en 2019 et en 2020 ont été inclus dans l’analyseNote .

Statistique Canada a également obtenu des données agrégées du Programme de réacheminement du courrier de Postes Canada. Ces données contiennent les comptes mensuels de ménages privés ayant demandé le réacheminent de leur courrier à la suite d’un déménagement, selon la province ou le territoire d’origine et la province ou le territoire de destination. Ces matrices ont permis de calculer des variations de l’intensité de la migration interprovinciale entre les trimestres de 2019 et de 2020.

Puisque les sources de données ne mesurent pas le même concept, elles ne sont pas strictement comparables entre elles. Les données de Postes Canada mesurent les migrations interprovinciales des ménages. Par ailleurs, les données des permis de conduire mesurent les migrations des détenteurs de permis de conduire entre les régions économiques d’une même province ou d’un même territoire. Enfin, les données de l’ARC utilisées par la méthode habituelle du PED mesurent les migrations interprovinciales des personnes, dans lesquelles les migrations d’adultes sont modélisées à partir de celles des enfants. Pour favoriser la comparabilité, l’indicateur privilégié dans cette analyse est la variation de l’intensité de la migration pour une même source de données.

Évaluation de la mobilité

Le graphique 10 compare les variations de la mobilité interprovinciale et intraprovinciale entre le premier trimestre de 2019 et celui de 2020 et entre le deuxième trimestre de 2019 et celui de 2020, selon les trois sources de données. Au cours du premier trimestre de 2020, les trois sources de données affichaient des variations de moins de 10 % de la mobilité par rapport au premier trimestre de 2019. Par contre, lors du deuxième trimestre de 2020, les données ont présenté une réduction de la mobilité allant de -13 % (Postes Canada) à -23 % (permis de conduire). Les estimations de la migration interprovinciale du PED selon la méthode habituelle se situaient au centre de cet intervalle, avec une baisse de -18 %.

Graphique 10 Variation de la mobilité interne entre 2019 et 2020, premier et deuxième trimestre, programme de réacheminement du courrier de Postes Canada, enregistrements de permis de conduire et estimations démographiques provisoires, Canada

Tableau de données du graphique 10 
Graphique 10
Variation de la mobilité interne entre 2019 et 2020, premier et deuxième trimestre, programme de réacheminement du courrier de Postes Canada, enregistrements de permis de conduire et estimations démographiques provisoires, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Variation de la mobilité interne entre 2019 et 2020. Les données sont présentées selon Source de données (titres de rangée) et Janvier à mars et Avril à juin, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Source de données Janvier à mars Avril à juin
pourcentage
Postes Canada - migration interprovinciale -5,7 -13,1
Permis de conduire - migration intraprovinciale -3,3 -22,8
Programme des estimations démographiques - migration interprovinciale 8,6 -17,9

Autant selon les données de Postes Canada que selon celles de la méthode habituelle du PED, la baisse du nombre d’entrants et de sortants interprovinciaux au deuxième trimestre fut généralisée parmi l’ensemble des provinces et des territoires (voir graphiques 11 et 12). Seuls les entrants au Nunavut ont enregistré une croissance (16 %) selon la méthode habituelle du PED. De plus, les variations ont été similaires d’une source à l’autre, avec des écarts de moins de 10 points de pourcentage dans la plupart des provinces et territoires, tant chez les entrants que chez les sortants.

Graphique 11 Variation du nombre d'entrants interprovinciaux entre le deuxième trimestre de 2019 et de 2020, programme de réacheminement du courrier de Postes Canada et estimations démographiques provisoires, provinces et territoires

Tableau de données du graphique 11 
Graphique 11
Variation du nombre d'entrants interprovinciaux entre le deuxième trimestre de 2019 et de 2020, programme de réacheminement du courrier de Postes Canada et estimations démographiques provisoires, provinces et territoires
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Variation du nombre d'entrants interprovinciaux entre le deuxième trimestre de 2019 et de 2020. Les données sont présentées selon Source de données (titres de rangée) et T.-N.-L., Î.-P.-É., N.-É., N.-B., Qc, Ont., Man., Sask., Alb., C.-B., Yn, T.N.-O. et Nt, calculées selon percent unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Source de données T.-N.-L. Î.-P.-É. N.-É. N.-B. Qc Ont. Man. Sask. Alb. C.-B. Yn T.N.-O. Nt
percent
Postes Canada -2,4 -15,0 -16,0 -10,7 -8,1 -20,5 -11,5 -0,9 -20,5 -3,3 -18,6 -19,7 -35,0
Estimations démographiques provisoires -9,6 -26,7 -16,1 -19,1 -16,2 -21,8 -14,3 -25,2 -26,0 -4,7 -21,2 -21,7 15,5

Graphique 12 Variation du nombre de sortants interprovinciaux entre le deuxième trimestre de 2019 et de 2020, programme de réacheminement du courrier de Postes Canada et estimations démographiques provisoires, provinces et territoires

Tableau de données du graphique 12 
Graphique 12
Variation du nombre de sortants interprovinciaux entre le deuxième trimestre de 2019 et de 2020, programme de réacheminement du courrier de Postes Canada et estimations démographiques provisoires, provinces et territoires
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Variation du nombre de sortants interprovinciaux entre le deuxième trimestre de 2019 et de 2020. Les données sont présentées selon Source de données (titres de rangée) et T.-N.-L., Î.-P.-É., N.-É., N.-B., Qc, Ont., Man., Sask., Alb., C.-B., Yn, T.N.-O. et Nt, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Source de données T.-N.-L. Î.-P.-É. N.-É. N.-B. Qc Ont. Man. Sask. Alb. C.-B. Yn T.N.-O. Nt
pourcentage
Postes Canada -29,9 -24,8 -19,3 -31,9 -13,8 -7,3 -13,6 -14,1 -3,5 -24,9 -5,2 -23,9 -39,7
Estimations démographiques provisoires -32,2 -14,6 -22,7 -12,2 -10,6 -14,4 -22,5 -15,8 -13,5 -27,7 -26,6 -28,7 -25,9

Facteurs justifiant la décision de ne pas apporter d’ajustement aux estimations de la migration interprovinciales

Une baisse de la mobilité interne au Canada lors du second trimestre de 2020 fut captée par les trois sources données étudiées, tel qu’attendu dans le contexte de la COVID-19. Les estimations du PED calculées selon la méthode habituelle ont montré une baisse de l’intensité de la migration interprovinciale similaire à celles enregistrées par les données de Postes Canada, et ce pour la majorité des provinces et des territoires. Puisque l’ampleur et la direction des variations observées dans les estimations de la migration interprovinciale de la méthode habituelle ont été validées par des sources de données alternatives, le PED a décidé de ne pas apporter d’ajustement.

Stratégies pour les estimations du troisième trimestre de 2020

  • Surveillance de l’évolution du contexte sur le terrain à partir de revues de presse et veille scientifique.
  • Poursuite de l’analyse de la mobilité mensuelle et trimestrielle à partir de fichiers de microdonnées provinciales, des permis de conduire et des données agrégées fournies par Postes Canada.

Conclusion

Le PED continuera de surveiller de près tous les aspects de la pandémie de la COVID-19 susceptibles d’avoir des répercussions sur les comportements démographiques de la population canadienne. Avec l’arrivée possible d’une deuxième vague de la pandémie de la COVID-19 au cours des mois couverts par le troisième et le quatrième trimestre de 2020, des ajustements pourraient continuer d’être nécessaires. Le PED est dévoué à demeurer réceptif aux changements rapides occasionnés par la situation de la pandémie mondiale en diffusant des estimations pertinentes et fiables. Un autre exemplaire de ce supplément technique accompagnera donc à nouveau la diffusion des estimations démographiques du prochain trimestre dans l’éventualité où la situation le justifie.

Sources

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