Mortalité : aperçu, 2007

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par Anne Milan

Cette section présente une analyse de la mortalité au Canada pour les années 2006 et 2007, incluant la mortalité infantile, les probabilités de décès et l'espérance de vie des hommes et des femmes. En 2007, l'état civil canadien a enregistré 235 200 décès, en hausse par rapport aux 228 100 décès observés en 2006 (figure 1 et tableau 1). En fait, le nombre de décès s'inscrit dans une tendance générale à la hausse au cours de la majeure partie du dernier siècle. Deux grandes raisons peuvent être évoquées à cet égard : la croissance démographique et le vieillissement de la population. Premièrement, une population plus importante entraîne un nombre de décès plus élevé, même si les taux de mortalité diminuent comme c'est le cas au Canada. Deuxièmement, le vieillissement de la population et l'arrivée aux âges avancés de la génération du baby-boom, composés des individus nés entre 1946 et 1965, signifie que le nombre de décès augmentera dans l'avenir, un plus grand nombre de personnes étant exposées à des taux de mortalité plus élevés.

Figure 1 Décès au Canada, 1926 à 2007

Tableau 1 Nombre de décès et taux pour 1 000 personnes, Canada, provinces et territoires, 1981 à 2007

La plupart des provinces canadiennes ont été à l'image de la tendance nationale, soit un plus grand nombre de décès observés en 2007 que l'année précédente. Certaines provinces, comme Terre-Neuve-et-Labrador et la Saskatchewan, ainsi que le Yukon, n'ont connu que de légères hausses du nombre de décès en 2007 par rapport à 2006, tandis que l'Île-du-Prince-Édouard et les Territoires du Nord-Ouest ont enregistré de légères diminutions. Le Nunavut a affiché un nombre de décès similaire en 2006 et 2007.

La mortalité par âge

L'un des indicateurs de la longévité de la population est l'âge auquel surviennent la plupart des décès. En 2007, le nombre le plus élevé de décès s'est produit à 87 ans chez les femmes et à 82 ans chez les hommes, reflétant la longévité d'une grande partie de la population canadienne d'aujourd'hui. Le fait que de nombreux hommes, et encore plus de femmes, vivent au-delà de 80 ans démontre non seulement les gains faits contre la mortalité en général mais aussi que la longévité s'est accrue au-delà de 65 ans, ce qui a une incidence sur des domaines tels que les services de santé, les services à domicile, le logement et les régimes de retraite.

La structure par âge des décès a substantiellement changé au cours des dernières décennies. La pyramide des âges illustrant le nombre de décès pour 1 000 habitants en 1921, 2007 et 2060 montre ce qui s'est produit (en 1921 et 2007) et ce qui pourrait se passer (en 2060) selon un scénario moyen d'évolution de la mortalité (figure 2). En 1921, il apparaît, dans la pyramide des âges, que le nombre de décès de nouveaux-nés (enfants de moins de un an) et de jeunes enfants était assez élevé. Même si la mortalité des enfants de moins d'un an était toujours plus élevée en 2007 que la mortalité d'enfants plus âgés, elle était manifestement plus basse qu'un siècle auparavant. Tout comme en 2007 et 2060, les décès pour 1 000 habitants en 1921 se concentraient davantage aux âges avancés, mais étaient répartis plus uniformément sur tous les groupes d'âge qu'en 2007 ou en 2060. En 2007, le nombre de décès pour 1 000 habitants était concentré, tant chez les hommes que les femmes, entre 75 et 90 ans, un phénomène également connu comme la compression de la mortalité. D'ici 2060, la compression de la mortalité pourrait se poursuivre et la distribution des décès selon l'âge pourrait être encore plus concentrée aux âges avancés.

Figure 2 Pyramide des âges des décès, 1921, 2007 et 2060 (projeté), valeur relative

La probabilité de décéder, qui est relativement élevée pendant la première année de vie, est faible pendant l'enfance et au début de l'âge adulte (figure 3). En fait, en 2007, il fallait aller à l'âge de 56 ans chez les hommes et de 59 ans chez les femmes pour retrouver le taux de mortalité observé durant la première année de vie des hommes et des femmes. La probabilité la plus faible de décéder chez les garçons et les filles était alors observée à 10 ans. Ensuite, la probabilité de décéder augmente rapidement vers la fin de l'adolescence, même si elle demeure généralement faible jusqu'à 35 ans environ, avant d'augmenter de manière constante à partir des âges adultes chez les hommes et les femmes. La probabilité de décéder est plus élevée chez les hommes que chez les femmes à presque tous les âges du cycle de vie et l'écart est particulièrement important à la fin de l'adolescence et dans la vingtaine. Les jeunes hommes ont davantage tendance à adopter des comportements à risque, qui peuvent entraîner une sur-mortalité liée à des causes externes, comme les accidents par exemple. De plus, outre les différences de comportements qui peuvent exister entre les sexes, il semble y avoir des différences biologiques, comme en témoignent les taux plus élevés de mortalité infantile chez les hommes et l'espérance de vie plus élevée des femmes à chaque âge.

Figure 3 Quotients de mortalité selon l'âge et le sexe, Canada 2007

En 2007, les décès selon le groupe d'âge et le mois de l'année civile indiquaient que le nombre de décès de jeunes adultes (des adolescents aux personnes au début de la trentaine) était plus élevé pendant les mois d'été, notamment parce que c'est une période où ils sont plus vulnérables aux accidents ou à d'autres décès dûs à des causes externes. En revanche, il est survenu plus de décès de personnes âgées pendant les mois d'hiver, en partie à cause des risques et des maladies liés au temps froid. Cette tendance saisonnière du plus grand nombre de décès est tout spécialement évidente lorsqu'on compare l'indice des décès mensuels des personnes âgées de 15 à 24 ans et de la population âgée de 85 ans et plus (figure 4).

Figure 4 Proportion de décès par mois pour la population âgée de 15 à 24 ans et 85 ans et plus, Canada, 2007

La sur-mortalité observée à la fin de l'adolescence et au début de la vingtaine chez les hommes est un phénomène qui s'est développé dans la deuxième moitié du siècle dernier. La comparaison des taux de mortalité selon l'âge et le sexe entre 1931, 1971 et 2007 (figure 5) montre que si la hausse était visible en 1971 et 2007, elle l'était beaucoup moins en 1931, époque où le ratio hommes-femmes des taux de mortalité des adolescents et des personnes dans la vingtaine était proche de un (ce qui signifie que les jeunes hommes et les jeunes femmes avaient des probabilités de décéder semblables). En fait, en 1931, les femmes présentaient une probabilité de décéder plus élevée que les hommes à la fin de la vingtaine et dans la trentaine. Cet écart était principalement attribuable à la mortalité maternelle plus élevée à cet époque, la fécondité étant élevée à ces âges, tout comme les risques de complications liées à la grossesse.

Figure 5 Ratio des quotients de mortalité des hommes et des femmes, Canada, 1931, 1971 et 2007

La mortalité infantile

Outre les personnes âgées, la population présentant les taux de mortalité les plus élevés est celle des enfants de moins de un an. Les nouveaux-nés de cet âge ont en effet un risque plus élevé de décéder que les autres enfants, que les jeunes adultes ainsi que des adultes d'âge mûr. Le nombre de décès d'enfants de moins de un an est de moins de 2 000 par année au Canada depuis 1997. Or, il y a eu environ 110 décès d'enfants âgés de moins d'un an de plus en 2007 qu'en 2006. Cette hausse est surtout attribuable au nombre de naissances plus élevé en 2007 que l'année précédente (plus de 13 200 naissances de plus).

Dans l'ensemble, le taux de mortalité infantile, ou le nombre de décès pour 1 000 naissances vivantes d'enfants de moins d'un an, était de 5,1 en 2007, soit un taux marginalement supérieur au taux minimum observé en 2006, à 5,0 décès pour 1 000 naissances vivantes (figure 6).

Figure 6 Nombre et taux de mortalité infantile et néonatale, Canada, 1926 à 2007

Toutefois, il importe d'établir une distinction entre diverses sous-catégories de la mortalité infantile, étant donné le profil particulier de la mortalité d'enfants de moins de un an. Ces derniers sont en effet plus vulnérables pendant les premiers jours et semaines de leur première année de vie. La mortalité néonatale s'entend du décès d'enfants âgés de 0 à 27 jours (de laquelle on peut distinguer la mortalité néonatale précoce représentant les décès d'enfants âgés de 0 à 6 jours), tandis que la mortalité postnéonatale s'entend du décès d'enfants âgés de 28 à 364 jours.

L'amélioration de la mortalité infantile dans l'ensemble a été importante au cours du dernier siècle mais les gains ont été plus lents dans les cas de la mortalité néonatale et néonatale précoce. En 2006 et 2007, plus de huit décès d'enfants de moins d'un an sur 10 se sont produits pendant la période néonatale (plus de six décès d'enfants sur 10 ont eu lieu pendant la période néonatale précoce) et moins de deux décès sur 10 sont survenus pendant le reste de la première année. En 2007, le taux de mortalité néonatale des enfants au cours de leurs premiers mois de vie était de 4,2 décès pour 1 000 naissances vivantes, alors que le taux de mortalité néonatale précoce pendant la première semaine était de 3,3 décès pour 1 000 naissances vivantes. Des différences entre les sexes étaient observées puisque le taux de mortalité des enfants de sexe masculin était de 5,5 décès pour 1 000 naissances vivantes, tandis qu'il était de 4,7 pour 1 000 naissances vivantes chez les enfants de sexe féminin.

Puisque le nombre total de décès de nouveaux-nés est relativement faible, il peut être difficile d'établir des tendances provinciales et territoriales puisque de légères fluctuations du nombre de naissances et/ou de décès peuvent donner des différences marquées dans les taux de mortalité infantile d'une année à l'autre. Dans l'ensemble, en 2007, la mortalité infantile se situait à un taux plus élevé que la moyenne nationale à Terre-Neuve-et-Labrador, au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta, au Yukon et au Nunavut. Des recherches récentes ont permis d'observer un taux de mortalité fœtale et infantile plus élevé dans les terres inuites situées dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, dans le Nord du Québec et dans le Nord du Labrador, en raison de facteurs liés aux conditions socio-économiques, environnementales et sanitaires qui y prévalent1. Par contre, les taux de mortalité infantile étaient inférieurs à ceux du Canada en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest, alors qu'ils étaient proches de celui du Canada dans les provinces de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'Ontario. Les tendances en 2006 étaient très semblables, bien que le Québec présentait un taux plus proche de celui de la moyenne nationale, les Territoires du Nord-Ouest un taux supérieur et l'Île-du-Prince-Édouard un taux inférieur.

Le taux de mortalité infantile au Canada est actuellement bien inférieur à celui observé au début du XXe siècle et a diminué en général au cours des cent dernières années. Même si ce taux est relativement faible depuis plusieurs décennies, il demeure plus élevé que dans de nombreux autres pays industrialisés (figure 7). À l'échelle internationale, beaucoup de pays, surtout en Europe, présentaient récemment des taux de mortalité infantile inférieurs à ceux enregistrés au Canada2. Le taux de mortalité infantile était de 2,2 décès pour 1 000 naissances vivantes en Suède, alors qu'il était de 2,6 au Japon et en Finlande. De nombreux autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) affichaient également des taux de mortalité infantile inférieurs à ceux du Canada : le Royaume-Uni (4,7), l'Australie (4,4), la Suisse (4,3), les Pays-Bas (3,8), l'Autriche (3,7), l'Italie et la France (3,6), l'Allemagne et l'Irlande (3,5) et le Danemark, la Norvège et la Belgique (3,1). Les États-Unis (6,4 décès pour 1 000 naissances vivantes) affichaient un taux de mortalité infantile plus élevé que celui du Canada.

Figure 7 Taux de mortalité infantile pour certains pays, 2007 ou l'année la plus récente

Une partie des variations observées d'un pays à l'autre quant à la mortalité infantile est possiblement due aux définitions en usage quant aux enfants nés-vivants et à la façon dont les naissances sont enregistrées. Au Canada, une naissance vivante est définie comme un bébé capable de respirer ou qui montre des signes évidents de vie3. Dans plusieurs pays européens, il n'y a aucun critère en vigueur quant à la période de gestation ou le poids minimum pour enregistrer une naissance vivante. Mais il y a des exceptions : en France et aux Pays-Bas, par exemple, une naissance vivante doit avoir un poids d'au moins 500 grammes ou 22 semaines de gestation4. Les variations internationales dans la façon dont sont enregistrées les naissances ont pu avoir des effets moins visibles sur les écarts, d'un pays à l'autre, de la mortalité infantile lorsque celle-ci était nettement plus élevée5.

Certains autres facteurs peuvent aider à expliquer pourquoi le taux de mortalité infantile est plus haut au Canada. Cette situation pourrait être en partie attribuable aux naissances de bébés prématurés à risque élevé et/ou de bébés de faible poids à la naissance au Canada. Les bébés pesant moins de 500 grammes représentaient 18 % des mortalités infantiles au Canada en 20076. Les technologies de procréation assistées sont associées à de plus grandes chances de naissances multiples qui, à leur tour, sont plus susceptibles de donner des naissances prématurées et un risque de décès plus élevé7.

L'espérance de vie 8

Selon les taux de mortalité par âge observés en 2007, l'espérance de vie d'un jeune garçon était de 78,5 ans et celle d'une jeune fille 83,0 ans, en hausse de 0,3 et 0,2 an respectivement par rapport à l'année précédente (78,2 ans pour les hommes en 2006 et 82,8 ans pour les femmes). L'espérance de vie à la naissance s'accroît depuis de nombreuses années et, même si l'écart entre les sexes est toujours présent, il diminue progressivement depuis trois décennies (tableau 2).

Tableau 2 Espérance de vie à des âges sélectionnés, 1981 à 2007

En 2007, les hommes âgés de 50 ans avaient une espérance de vie de 30,9 ans et les femmes de 34,6 ans. Fait intéressant, il faut remonter trois décennies plus tôt, soit en 1977, pour retrouver chez les femmes l'espérance de vie à 50 ans observée en 2007 chez les hommes. En 2007, les hommes de 65 ans présentaient une espérance de vie de 18,3 années, alors qu'elle était de 21,3 ans chez les femmes. L'espérance de vie à 80 ans atteignait 8,5 ans chez les hommes et 10,2 ans chez les femmes en 2007.

En 2007, l'espérance de vie à la naissance des deux sexes combinés était de 80,8 ans, en hausse par rapport à 80,5 ans en 2006. D'une province à l'autre, peu de variations étaient observées dans l'espérance de vie à la naissance. Elle était supérieure à la moyenne nationale en Colombie-Britannique (81,3 ans), en Ontario (81,2 ans) et au Québec (80,9 ans), tandis qu'elle était proche de la moyenne nationale en Alberta (80,6 ans). Dans les autres provinces et les territoires, l'espérance de vie à la naissance était moins élevée que la moyenne nationale. À Terre-Neuve-et-Labrador, l'espérance de vie était de 78,4 ans en 2007, la plus basse parmi les provinces, et de 75,8 ans dans les territoires9 (selon des données pour la période 2005 à 2007). En 2006, les tendances provinciales étaient semblables à celles observées en 2007.

Bien que le Canada affiche l'une des espérances de vie à la naissance (sexes réunis) les plus élevées parmi les pays du monde, certains pays de l'OCDE présentent une espérance de vie plus élevée selon les plus récentes données : le Japon (83 ans), l'Italie et la Suisse (82 ans chacun). L'espérance de vie était semblable à celle du Canada en Norvège, en Islande, en Suède, en France, en Australie et en Espagne. Aux États-Unis, l'espérance de vie était de 78 ans, inférieure à celle du Canada. Par ailleurs, de nombreux pays moins industrialisés affichent encore une espérance de vie semblable à celle des pays industrialisés, au début du XIXe siècle. Parmi nombre de pays les moins industrialisés de la planète, l'espérance de vie à la naissance ne dépasse pas 56 ans et les nouveaux-nés de certains pays africains ne peuvent espérer vivre que jusqu'au début de la quarantaine. Le Lesotho, pays d'environ deux millions d'habitants au sud de l'Afrique, présentait une des espérances de vie les moins élevées, soit 41 ans, ce qui représente environ la moitié de celle observée au Canada10.

Tableau A1 Nombre et taux de mortalité infantile, Canada, provinces et territoires, 1981 à 2007


Notes

  1. The Inuvialuit region of the Northwest Territories, Nunavut, Nunavik (northern Quebec) and Nunatsiavut (northern coast of Labrador). Z.C. Luo, S Senécal, F. Simonet, E. Guimond, C. Penney and R. Wilkins. 2010. « Birth outcomes in the Inuit-inhabited areas of Canada », Canadian Medical Association Journal, 182(2), pages 235 à 242.
  2. Population Reference Bureau. 2010. 2010 World Population Data Sheet, Washington, DC.
  3. Statistique Canada. 2011. Naissances 2008,no 84F0210X au catalogue.
  4. Euro-Peristat Project, avec SCPE, Eurocat, Euroneostat. 2008. European Perinatal Health Report.
  5. Conference Board of Canada. 2009. Health: Infant mortality, site consulté le 27 mai 2010.
  6. Statistique Canada. Tableau cansim 102-0030. Mortalité infantile, selon le sexe et le poids à la naissance, Canada, provinces et territories, annuel.
  7. Conference Board of Canada. 2009. Health: Infant mortality, site consulté le 27 mai 2010.
  8. Les données de 2007 sur l'espérance de vie sont provisoires.
  9. Statistique Canada. 2010. Décès 2007, no 84F0211X au catalogue.
  10. Population Reference Bureau. 2010. 2010 World Population Data Sheet, Washington, DC.
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