Petite enfance et services de garde de langue anglaise au Québec, 2001 et 2016

par Catherine Frigon et Étienne Lemyre

Date de diffusion : le 18 novembre 2021

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Début du texte

En contexte minoritaire, les milieux de garde peuvent être des environnements stimulants au plan linguistique pour les jeunes enfants qui les fréquententNote . D’ailleurs, l’importance des services de garde est inscrite dans le Plan d’action pour les langues officielles de 2018-2023 du gouvernement du Canada, lequel prévoit des investissements dans le développement de services de garde pour la petite enfance de langue officielle minoritaire.

Or, une enquête de 2019 révélait que plus d’un tiers (36,4 %) des parents canadiens avaient eu de la difficulté à trouver des services de garde pour leur enfantNote . C’est dans ce contexte que ce feuillet a pour objectif d’estimer l’écart qu’il pourrait y avoir entre la demande et l’offre potentielles de services de garde à la petite enfance de langue anglaise dans différentes régions du Québec.

Les renseignements présentés dans ce feuillet proviennent des recensements de la population de 2001 et de 2016, en particulier les réponses aux volets A et B des questions sur les langues utilisées au travail et sur les langues parlées à la maison, ainsi qu’aux questions relatives aux activités sur le marché du travail.

Dans ce feuillet, les « enfants de langue anglaise » désignent les enfants vivant au Québec susceptibles de fréquenter un service de garde de langue anglaise. Ces derniers sont définis comme étant tous les enfants âgés de 1 à 4 ans qui vivaient au sein d’une famille de recensementNote  avec au moins un parentNote  qui parlait l’anglais le plus souventNote  à la maison. Ainsi, les enfants inclus dans cette étude sont ceux qui vivaient : dans une famille biparentale où les deux parents parlaient l’anglais le plus souvent à la maison dans une famille biparentale où un seul des deux parents parlait l’anglais le plus souvent à la maison ; ou dans une famille monoparentale où le parent parlait l’anglais le plus souvent à la maison. Les enfants âgés de moins d’un an sont exclus de cette étude puisqu’ils ne sont pas acceptés par plusieurs services de garde. Au Canada en 2017, 15 % des parents d’enfants de moins de 1 an utilisaient un service de garde, alors que c’était le cas de 51 % des parents d’enfants âgés de 1 an et de plus de 70 % des parents d’enfants âgés de 2 à 4 ansNote . Au Québec, 78 % des enfants âgés de 5 ans ou moins fréquentaient un service de garde en 2019Note .

Bien que ces enfants soient considérés comme étant les plus susceptibles de fréquenter un service de garde de langue anglaise, ce ne sont pas tous les parents qui parlent anglais à la maison qui choisiront d’utiliser un service de garde dans cette langue. De même, les parents qui ne parlent pas l’anglais à la maison pourraient choisir un service de garde dans cette langue. Pour ces raisons, ce texte porte sur la demande potentielle de services de garde de langue anglaise plutôt que sur la demande réelle.

Les « travailleurs des services de garde » incluent les gardiens et gardiennes d’enfants en milieu familialNote  et les éducateurs, éducatrices, aides-éducateurs et aide-éducatrices de la petite enfance (selon la Classification nationale des professions (CNP)). Une autre étude qui portait sur le personnel des services de garde d’enfants au Canada utilisait les mêmes codes de la CNPNote . À l’inverse de celle-ci, les travailleurs inclus dans ce feuillet se limitent à ceux qui travaillaient dans l’industrie des services de garderie (selon le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord) à une adresse fixe au Québec, et qui utilisaient l’anglais le plus souventNote  au travail. Bien que ces travailleurs soient les plus susceptibles d’offrir des services de garde en anglais, il n’est pas assuré qu’ils le fassent. De même, les travailleurs qui utilisaient au moins régulièrement l’anglais au travail pouvaient aussi offrir des services de garde de langue anglaise. Par ailleurs, il est possible qu’ils travaillaient auprès d’enfants plus jeunes ou plus vieux que ceux âgés de 1 à 4 ans. Ainsi, ce texte porte sur l’offre potentielle de service de garde de langue anglaise plutôt que sur l’offre réelle.

Enfin, ce feuillet propose des ratios du nombre d’enfants de langue anglaise par travailleurs des services de garde afin d’évaluer l’adéquation entre l’offre et la demande potentielles en matière de services de garde à la petite enfance de langue anglaise dans différentes régions économiquesNote .


Tableau 1
Effectifs et proportion d'enfants âgés de 1 à 4 ans dont au moins un parent parlait l’anglais le plus souvent à la maison, pour une sélection de régions économiques, Québec, 2001 et 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Effectifs et proportion d'enfants âgés de 1 à 4 ans dont au moins un parent parlait l’anglais le plus souvent à la maison. Les données sont présentées selon Régions économiques (titres de rangée) et 2001, 2016, Enfants âgés de 1 à 4 ans, Total et Dont un parent parlait l'anglais le plus souvent à la maison, calculées selon nombre et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Régions économiques 2001 2016
Enfants âgés de 1 à 4 ans Enfants âgés de 1 à 4 ans
Total Dont un parent parlait l'anglais le plus souvent à la maison Total Dont un parent parlait l'anglais le plus souvent à la maison
nombre pourcentage nombre pourcentage
Total : Québec 304 050 40 255 13,2 356 790 45 280 12,7
Estrie 12 085 990 8,2 13 255 910 6,9
Montréal 75 755 22 580 29,8 86 800 21 835 25,2
Outaouais 14 375 2 845 19,8 18 275 4 120 22,6
Nord-du-Québec 3 040 240 7,9 3 255 300 9,2
Laval 15 030 2 860 19,0 18 075 4 165 23,0
Laurentides 21 210 1 645 7,8 25 155 1 980 7,9
Montérégie 55 790 6 400 11,5 67 430 8 530 12,6
Reste du Québec 106 765 2 695 3,1 124 550 3 440 2,8

En 2016, plus de 350 000 enfants âgés de 1 à 4 ans vivaient avec au moins un parent au sein d’une famille de recensement au Québec. Parmi ceux-ci, 45 280 avaient au moins un parent qui parlait l’anglais le plus souvent à la maison, un nombre à la hausse par rapport à 2001 (40 255 enfants). En revanche, la proportion d’enfants qui étaient de langue anglaise a légèrement diminué de 2001 (13,2 %) à 2016 (12,7 %) dans la province. Cependant, cette proportion était à la hausse au cours de la période observée en Outaouais, à Laval, en Montérégie et au Nord-du-Québec. À Laval, la proportion d’enfants qui étaient de langue anglaise est passée de 19,0 % à 23,0 % de 2001 à 2016, alors qu’à Montréal, elle est passée de 29,8 % à 25,2 %.


Tableau 2
Effectifs et proportion de travailleurs des services de garde qui utilisaient l'anglais le plus souvent au travail, pour une sélection de régions économiques, Québec, 2001 et 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Effectifs et proportion de travailleurs des services de garde qui utilisaient l'anglais le plus souvent au travail. Les données sont présentées selon Régions économiques (titres de rangée) et 2001, 2016, Travailleurs des services de garde, Total et Qui utilisaient l'anglais le plus souvent au travail, calculées selon nombre et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Régions économiques 2001 2016
Travailleurs des services de garde Travailleurs des services de garde
Total Qui utilisaient l'anglais le plus souvent au travail Total Qui utilisaient l'anglais le plus souvent au travail
nombre pourcentage nombre pourcentage
Total : Québec 42 120 4 030 9,6 75 395 7 990 10,6
Estrie 1 625 30 1,9 2 870 125 4,3
Montréal 10 050 2 685 26,7 17 965 4 870 27,1
Outaouais 2 300 315 13,6 3 815 510 13,4
Nord-du-Québec 480 60 12,4 1 135 120 10,7
Laval 2 040 185 9,1 3 745 580 15,5
Laurentides 2 435 60 2,4 5 220 205 3,9
Montérégie 7 480 515 6,9 13 740 1 145 8,3
Reste du Québec 15 700 180 1,1 26 905 435 1,6

En 2016, il y avait environ 75 000 travailleurs des services de garde au Québec. De ceux-ci, 7 990 (10,6 %) utilisaient l’anglais le plus souvent au travail. En 2001, il y avait plus de 42 000 travailleurs des services de garde au Québec et 4 030 de ceux-ci (9,6 %) utilisaient le plus souvent l’anglais au travail. Ainsi, de 2001 à 2016, le nombre de travailleurs des services de garde a presque doublé au Québec, comme le nombre de ceux qui utilisaient l’anglais le plus souvent au travail. Les proportions de travailleurs des services de garde utilisant l’anglais au travail ont augmenté dans chacune des régions à l’étude, à l’exception de l’Outaouais et du Nord-du-Québec. La plus forte augmentation (en points de pourcentage) s’observait à Laval, où cette proportion est passée de 9,1 % en 2001 à 15,5 % en 2016.

Graphique 1 Nombre d'enfants de langue anglaise pour chaque travailleur des services de garde utilisant l'anglais le plus souvent au travail, pour une sélection de régions économiques, Québec, 2001 et 2016

Tableau de données du graphique 1 
Graphique 1
Nombre d'enfants de langue anglaise pour chaque travailleur des services de garde utilisant l'anglais le plus souvent au travail, pour une sélectionGraphique 1  Note 1 de régions économiques, Québec, 2001 et 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre d'enfants de langue anglaise pour chaque travailleur des services de garde utilisant l'anglais le plus souvent au travail. Les données sont présentées selon Régions économiques (titres de rangée) et Nombre d'enfants de langue anglaise pour chaque travailleur des services de garde utilisant l'anglais le plus souvent au travail, 2001 et 2016, calculées selon ratio unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Régions économiques Nombre d'enfants de langue anglaise pour chaque travailleur des services de garde utilisant l'anglais le plus souvent au travail
2001 2016
ratio
Total : Québec 10,0 5,7
Montréal 8,4 4,5
Outaouais 9,1 8,1
Laval 15,4 7,1
Montérégie 12,4 7,5

Les ratios d’enfants de langue anglaise pour chaque travailleur des services de garde étaient à la baisse de 2001 à 2016 au Québec. Ce ratio est passé de 10,0 enfants pour chaque travailleur en 2001 à 5,7 en 2016. Cette variation est en partie attribuable à la forte augmentation du nombre de travailleurs des services de garde utilisant l’anglais le plus souvent au travail au cours de la période observée. À titre de contexte, la réglementation québécoise en matière de garde d’enfants indique que dans les centres réglementés, le ratio d’enfants par éducateur doit être d’au maximum
1 membre du personnel de garde pour 5 enfants de moins de 18 mois. Lorsque les enfants ont entre 18 mois et 4 ans, on prescrit 1 membre du personnel de garde pour 8 enfants. Enfin, de 4 ans à l’entrée à l’école, le ratio réglementaire est de 10 enfants pour 1 éducateurNote . Ainsi, les ratios observés tendent à indiquer une hausse de la disponibilité relative des services de garde de langue anglaise au Québec de 2001 à 2016.

La plus grande variation du ratio d’enfants de langue anglaise par travailleur des services de garde s’observait à Laval. Le ratio y a diminué de moitié, passant de 15,4 enfants par travailleur en 2001 à 7,1 en 2016. En outre, à l’inverse de la province dans son ensemble, le ratio pour la région de l’Outaouais a peu diminué de 2001 (9,1) à 2016 (8,1).

En 2016, parmi les régions où 100 travailleurs des services de garde ou plus utilisaient l’anglais le plus souvent au travail, le ratio d’enfants de langue anglaise par travailleur des services de garde était le plus bas au Nord-du-Québec (2,5) et était le plus élevé dans les Laurentides (9,6)(données non montrées). C’est dans cette région où la proportion de travailleurs des services de garde qui utilisaient l’anglais au travail était la plus petite en 2016 (3,9 %). Le ratio d’enfants de langue anglaise pour chaque travailleur à Montréal (4,5) était plus bas que celui de la province dans son ensemble en 2016. C’est aussi dans cette région que les nombres et proportions d’enfants de langue anglaise et de travailleurs des services de garde utilisant l’anglais le plus souvent au travail étaient les plus élevés. Il pourrait donc y avoir un lien entre la proportion de la population qui est de langue anglaise, sa dispersion sur le territoire et l’équilibre entre l’offre et la demande potentielles de services de garde dans cette langue.

Au Québec, le ratio d’enfants de langue anglaise par travailleur des services de garde était plus élevé en 2016 que le ratio total d’enfants par travailleur, sans égard à la langue (4,7 enfants par travailleur contre 5,7 enfants de langue anglaise par travailleur). C’était le cas dans chacune des régions à l’étude, à l’exception du Nord-du-Québec. Ainsi, la disponibilité des services de garde à la petite enfance destinés aux enfants de langue anglaise semblait être relativement moindre que pour la population générale.

Plusieurs autres enfants seraient susceptibles de fréquenter un service de garde en anglais, notamment ceux dont au moins un parent parlait au moins régulièrement l’anglais à la maisonNote . Aussi, les travailleurs qui utilisaient l’anglais au travail au moins régulièrementNote  étaient aussi susceptibles d’offrir des services de garde dans cette langue. En 2016, 83 130 enfants âgés de 1 à 4 ans avaient au moins un parent qui parlait l’anglais à la maison au moins régulièrement, soit 23,1 % des enfants du Québec. De plus, 14 870 (19,7 %) des 75 400 travailleurs des services de garde dans la province utilisaient l’anglais au moins régulièrement au travail. Les ratios d’enfants de langue anglaise par travailleur des services de garde calculés à partir de ces effectifs sont généralement plus bas que ceux présentés précédemment. Ainsi, le portrait de la situation peut varier selon les critères utilisés.

Pour tous les ratios d’enfants par travailleur présentés, la géographie utilisée est relativement vaste. Toutefois, la proximité d’un service de garde est parmi les principales raisons des parents pour choisir un milieu de gardeNote . Ainsi, même si les ratios sont bas, cela ne veut pas nécessairement dire que les services sont accessibles à l’échelle locale. De plus, la réglementation est différente selon l’âge des enfants. Une étude plus détaillée permettrait d’évaluer dans quelle mesure l’offre de services répond à la demande pour chaque groupe d’âge et selon la composition des familles et ce, à une échelle plus locale.

Ce feuillet a montré que les ratios d’enfants susceptibles de fréquenter un service de garde en anglais pour chaque travailleur des services de garde utilisant l’anglais le plus souvent au travail ont diminué de 2001 à 2016 au Québec dans chacune des régions étudiées. La disponibilité de services de garde de langue anglaise semble donc s’être améliorée au cours de la période à l’étude. En revanche, le ratio d’enfants de langue anglaise par travailleur des services de garde était plus élevé dans certaines régions, comme les Laurentides.

Une fois disponibles, les renseignements de l’Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire de 2022 pourront permettre de réaliser une étude plus approfondie sur le sujet, notamment grâce à de nouvelles questions portant sur la petite enfance.


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