Série thématique sur l'ethnicité, la langue et l'immigration
Évolution de la situation linguistique au Nunavut, 2001 à 2016
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par Jean-François Lepage, Stéphanie Langlois et Martin Turcotte
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Le rapport analytique « Évolution de la situation linguistique au Nunavut, 2001 à 2016 » est également disponible en inuktitut et en inuinnaqtun en format PDF.
Remerciements
Ce projet est le fruit d’une collaboration entre le Gouvernement du Nunavut et Statistique Canada. Les auteurs tiennent à remercier Stéphane Cloutier, directeur de la Division des langues officielles du Ministère de la Culture et du Patrimoine du gouvernement du Nunavut, ainsi que ses collègues, notamment Louise Flaherty, Jonas Azonaha, Richard Paton et Allison Séguin pour leurs suggestions et commentaires réfléchis.
Cette étude a été rendue possible grâce à la contribution de Josée Ménard, Julien Acaffou, Alejandro Paez Sylva et Brigitte Chavez, du Centre de la statistique ethnoculturelle, langue et immigration de Statistique Canada. Les auteurs tiennent également à remercier les employés de l’équipe du Service à la clientèle et du Programme autochtone de la Division de la statistique sociale et autochtone de Statistique Canada pour leur implication et leur disponibilité tout au long de ce projet.
Faits saillants
Le principal objectif du présent rapport est de fournir un aperçu statistique de la situation récente de l’inuktut au Nunavut et de ses locuteurs, selon les données du Recensement de 2016, en montrant comment son utilisation à la maison et au travail a évolué depuis 2001.
De plus, ce rapport vise à fournir de l’information aux différents intervenants travaillant à la protection, à la promotion et à la revitalisation de l’inuktut dans les communautés, et parmi les groupes de population où son utilisation est plus limitée ou de moins en moins fréquente au fil du temps.
Caractéristiques de la population
- Selon les données des récents recensements, la population du Nunavut a augmenté de 12,7 % entre 2011 et 2016, s’établissant à 35 944 personnes en 2016.
- La population du Nunavut est beaucoup plus jeune que celle des provinces et des autres territoires, avec un âge moyen de 27,7 ans, comparativement à 41,0 ans à l’échelle nationale.
- Les Inuits formaient 84,9 % de la population du Nunavut en 2016, ce qui représente une baisse légère par rapport à 2011 (85,5 %).
- Au Nunavut, la population inuite est plus jeune que la population non inuite. Plus du tiers de la population inuite est âgée de moins de 15 ans (36,2 %), comparativement à 13,3 % de la population non inuite.
- En 2016, la population non inuite était principalement concentrée à Iqaluit (61,1 %). Une proportion plus importante a également été observée à Rankin Inlet (9,1 %) et à Cambridge Bay (5,7 %).
Population dont la langue maternelle est l’inuktut
- En 2016, 23 225 résidents du Nunavut, soit ( 65,3 % de la population), ont déclaré que l’inuktut était leur langue maternelle. Cette proportion a diminué par rapport aux recensements précédents (71,7 % en 2001).
- Presque toutes les personnes qui ont l’inuktut comme langue maternelle (99,6 %) sont des Inuits. En 2016, 95 non-Inuits ont déclaré avoir l’inuktut comme langue maternelle, ce qui représente moins de 1,0 % de la population dont la langue maternelle est l’inuktut.
- En 2016, un peu plus des trois quarts des Inuits (76,6 %) ont déclaré que l’inuktut était leur langue maternelle, ce qui signifie que l’inuktut n’a pas été transmise en tant que langue maternelle à 23,4 % des Inuits, ou 7 075 personnes.
- Les Inuits dont la langue maternelle n’est pas l’inuktut se situent principalement dans la région de Kitikmeot.
- Parmi les Inuits de la région de Kitikmeot dont la langue maternelle n’est pas l’inuktut, 70,4 % sont âgés de moins de 25 ans.
Capacité de converser en inuktut ou en anglais
- En 2016, 76,8 % de la population du Nunavut a déclaré pouvoir converser en inuktut. Cette proportion était de 79,0 % en 2001. La tendance à la baisse s’est produite malgré une augmentation, en 15 ans, de 6 370 personnes pouvant converser en inuktut, lequel est passé de 20 950 en 2001 à 27 320 en 2016.
- La population du Nunavut ayant une connaissance de l’anglais a augmenté, tant en termes de nombre que de proportion. En 2001, 86,7 % de la population du Nunavut, ou 23 000 personnes, pouvaient converser en anglais, comparativement à 94,1 %, ou 33 485 personnes, en 2016.
- En 2016, 89,0 % de la population inuite du Nunavut, soit 26 880 personnes, pouvait converser en inuktut, comparativement à 8,3 % de la population non inuite, soit 450 personnes.
- En 2016, 82,3 % des Inuits étaient bilingues (inuktut et anglais).
- Même si la proportion de la population inuite ayant une connaissance de l’inuktut est demeurée élevée en 2016 (89,0 %), elle a diminué depuis 2001, alors que 91,6 % des Inuits du Nunavut pouvaient converser en inuktut.
- En 2016, la connaissance de l’inuktut chez les Inuits âgés de 0 à 34 ans était beaucoup plus faible dans la région de Kitikmeot, et généralement, elle y a diminué plus rapidement que dans les autres régions.
L’inuktut parlé à la maison
- En 2016, 73,8 % de la population du Nunavut, soit 26 270 personnes, déclarait parler l’inuktut à la maison, au moins régulièrement. Cette proportion est légèrement plus élevée qu’en 2001 (73,4 %), où 19 480 personnes ont déclaré parler l’inuktut à la maison.
- L’inuktut est de plus en plus utilisée à la maison. L’usage de l’inuktut comme langue principale décline toutefois au profit de l’utilisation comme langue secondaire.
- À la maison, l’inuktut est principalement parlée par les Inuits. Dans tout le Nunavut, 98,8 % des personnes qui parlent l’inuktut à la maison sont d’identité inuite.
- La plupart des Inuits (58,4 %) parlaient plus d’une langue à la maison en 2016. Cette proportion a augmenté depuis 2001, où 52,2 % des Inuits parlaient plus d’une langue à la maison, un gain de 6,2 points de pourcentage.
Transfert linguistique, exogamie et transmission de la langue maternelle inuktut
- Les taux de transferts linguistiques complets sont assez faibles chez les Inuits de langue maternelle inuktut, et ils ont diminué. En 2016, seuls 2,7 % des Inuits de langue maternelle inuktut ne parlaient plus la langue au moins régulièrement à la maison, une proportion plus faible comparativement à 5,1 % en 2001.
- Toutefois, les taux de transferts linguistiques partiels ont augmenté sur une période de 15 ans. En 2016, 21,0 % des Inuits de langue maternelle inuktut parlaient cette langue à la maison comme langue secondaire en combinaison avec une autre langue comme langue principale. Ce taux de transferts linguistiques partiels est plus élevé que celui de 15,1 % observé en 2001.
- Au Nunavut, dans 71,4 % des couples dont au moins un époux ou partenaire est Inuit, l’inuktut est la langue maternelle des deux partenaires.
- Dans l’ensemble de la population du Nunavut, l’inuktut est transmis comme langue maternelle à 87,4 % des enfants âgés de 0 à 17 ans vivant dans une famille biparentale dont les deux parents sont de langue maternelle inuktut, comparativement à 28,8 % pour les enfants dont les parents forment un couple linguistiquement exogame, et de 1,4 % lorsque ni l’un ni l’autre des deux parents n’a l’inuktut comme langue maternelle.
- Les enfants inuits âgés de 0 à 14 ans se voient de moins en moins transmettre l’inuktut comme langue maternelle. Par exemple, en 2001, 78,5 % des enfants inuits âgés de 0 à 4 ans étaient de langue maternelle inuktut, comparativement à 68,4 % en 2016, une baisse de plus de 10 points de pourcentage.
Usage de l’inuktut au travail
- Selon les données du Recensement de 2016, 60,7 % des travailleurs du Nunavut, soit 10 315 personnes, ont déclaré utiliser l’inuktut au travail. Pour 27,9 % des travailleurs du Nunavut, l’inuktut était la principale langue de travail.
- Alors que 65,0 % des travailleurs du Nunavut utilisaient l’inuktut au travail en 2001, ils n’étaient plus que 57,8 % à faire de même en 2011, une baisse de 7,2 points de pourcentage sur une période de 10 ans. Cette tendance à la baisse s’est renversée entre 2011 et 2016 : 60,7 % des travailleurs utilisaient l’inuktut comme langue de travail en 2016.
Le français et les langues immigrantes parlées au Nunavut
- En 2016, 1 565 personnes pouvaient converser en français au Nunavut, une croissance de 550 personnes par rapport à 1 015 personnes en 2001. Cela représentait 4,4 % de la population du Nunavut en 2016, comparativement à 3,8 % en 2001.
- En 2016, 630 personnes ont déclaré le français comme langue maternelle, et 625 personnes l’utilisaient au moins régulièrement à la maison, ce qui représente 1,8 % de la population du Nunavut.
- En 2016, 765 personnes ont déclaré une langue maternelle immigrante qu’elles utilisaient au moins régulièrement à la maison, soit 2,2% de la population du Nunavut.
- Témoignant d’une immigration internationale en provenance des Philippines, le tagalog était la langue immigrante la plus fréquemment parlée à la maison au Nunavut (175 personnes, soit 0,5% de la population totale).
- Depuis 2001, on a constaté une hausse importante de l’utilisation des langues immigrantes au Nunavut, et l’usage du français est demeuré relativement stable.
Conclusion
- La non-transmission de la langue maternelle apparaît comme le facteur le plus important affectant négativement la vitalité de l’inuktut au Nunavut.
- La plupart des indicateurs linguistiques ont révélé d’importantes disparités régionales.
- Il y a eu un certain regain de l’inuktut entre 2011 et 2016, particulièrement dans l’espace public.
Introduction et mise en contexte
Il y a 10 ans, le Nunavut a adopté un ensemble unique de mesures législatives : la Loi sur la protection de la langue inuite et la Loi sur les langues officielles. Ces lois comportent des dispositions conçues pour protéger, promouvoir et revitaliser l’inuktut à l’échelle du territoire. Ensemble, ces lois visent à élever le statut de l’inuktut dans l’ensemble du territoire, tout en continuant de protéger les droits des locuteurs anglais et français. Elles comportent également des mesures positives visant à protéger et à promouvoir la qualité et l’usage prévalent de l’inuktut dans un certain nombre de secteurs, comme les écoles, le travail et les services quotidiens offerts au public par les gouvernements et les organisations du secteur privé (gouvernement du Nunavut 2008a, 2008b, 2008c). L’inuktut, le terme utilisé par le gouvernement du Nunavut, permet d’inclure tous les dialectes et variantes régionales de la langue inuite (Inuit Uqausinginnik Taiguusiliuqtiit, 2017).
De plus, en 2018, le gouvernement du Nunavut a publié « Uqausivut 2.0 », un plan exhaustif pour guider la mise en œuvre continue de ses lois linguistiques. Le plan définit les priorités stratégiques et les résultats attendus pour les cinq prochaines années. Certains de ces résultats attendus comprennent une hausse à long terme du nombre de locuteurs natifs de l’inuktut et du nombre de personnes qui apprennent et parlent cette langue dans différentes sphères de leur vie, particulièrement dans les localités les plus touchées par la perte de la langue (gouvernement du Nunavut 2018a).
À la demande du Gouvernement du Nunavut, Statistique Canada a eu pour mandat de produire le présent rapport dont l’objectif principal est de fournir aperçu statistique de la situation récente de l’inuktut au Nunavut et de ses locuteurs selon les données du Recensement de 2016, en montrant comment son utilisation à la maison et au travail a évolué depuis 2001. De plus, ce rapport vise à fournir de l’information aux différents intervenants travaillant à la protection, promotion et revitalisation l’inuktut dans les communautés, et parmi les groupes de population où son utilisation est plus limitée ou de moins en moins fréquente au fil du temps.
L’inuktut n’est pas la seule langue officielle au Nunavut. Le français et l’anglais ont également ce statut. Le rapport inclut également de l’information statistique sur ces deux autres langues officielles ainsi que d’autres langues utilisées par la population résidant au Nunavut. Cela permet de mieux montrer la dynamique dans laquelle l’inuktut et les autres langues évoluent dans le territoire, qui a une situation linguistique bien particulière par rapport aux provinces et aux autres territoires du pays.
En plus de vouloir préserver l’inuktut, le Gouvernement du Nunavut aspire également à faire de ce territoire une société complètement bilingue, où la population pourrait couramment parler l’inuktut, mais également l’anglais ou le français. Le mandat de Bathurst (Gouvernement du Nunavut, 1999) avait pour objectif que la population nunavummiute soit une société bilingue en inuktut-anglais d’ici 2020. Cet objectif continue d’ailleurs d’être une priorité pour le Gouvernement du Nunavut tel qu’indiqué dans son mandat Turaaqtavut où il est question de renforcer les bases pour que la population entière soit bilingue en inuktut-anglais ou en inuktut-français (Gouvernement du Nunavut, 2018b). Des données statistiques sur le bilinguisme au Nunavut contenues dans le présent rapport permettent de dresser un portrait de la situation en 2016 et de son évolution depuis 2001 parmi les différents groupes d’âge et communautés.
Ce rapport peut également servir à des fins plus générales et diversifiées. Pour bien des cultures et groupes culturels dans le monde, la préservation de leur langue est un important marqueur identitaire et plusieurs instaurent des projets pour revitaliser leur langue lorsqu’elle est en déclin. Ce rapport présente un nombre d’indicateurs de vitalité linguistique qui sont disponibles à partir du recensement et qui peuvent être appliqués à d’autres langues autochtones et non autochtones.
Les Inuits et les non-Inuits du Nunavut ayant des profils linguistiques différents, l’information dans ce rapport y est souvent présentée séparément pour chacun de ces deux groupes. Les Inuits formant la grande majorité de la population au Nunavut et représentant la quasi-totalité des locuteurs de l’inuktut, une plus grande attention sera portée à ce groupe.
Le présent rapport est divisé en deux grandes parties. La première fournit un portrait global de la situation linguistique au Nunavut, en mettant l’accent sur les données du Recensement de 2016, mais également en présentant les tendances au cours des 15 dernières années basées sur les recensements antérieurs. Cette partie est subdivisée en quatre sections :
- Populations d’intérêt et caractéristiques linguistiques de base
- Transferts linguistiques, exogamie et transmission intergénérationnelle de la langue
- Langues utilisées au travail
- Autres langues parlées au Nunavut
La deuxième partie de ce rapport présente des indicateurs clés de la situation linguistique dans chacune des trois régions (Qikiqtaaluk, Kivalliq et Kitikmeot) et 25 communautés du Nunavut, ainsi que pour l’ensemble du territoire à des fins de comparaison.
De plus, le rapport comprend trois encadrés qui mettent en évidence les résultats liés à la langue tirés de l’Enquête auprès des peuples autochtones de 2012 (EAPA) afin de fournir des renseignements complémentaires à ceux du recensement, comme les résultats de l’auto-évaluation de la capacité à parler et à comprendre l’inuktut, ainsi que l’importance accordée au fait de parler une langue autochtone.
Portrait global de la situation linguistique au Nunavut selon les recensements de 2001 à 2016
1. Populations d’intérêt et caractéristiques linguistiques de base
Selon les données des derniers recensements, la population du Nunavut a connu une croissance de 12,7 % entre 2011 et 2016 (Statistique Canada, 2017a), pour s’établir à 35 944 personnesNote en 2016. Il s’agit de la plus forte croissance, en termes relatifs, parmi toutes les provinces et les territoires au Canada (Statistique Canada, 2017b). À titre comparatif, la population canadienne a connu une croissance de 5,0 % au cours de la même période.
Cette croissance démographique est stimulée par une fécondité élevée : elle se situait à 2,9 enfants par femme, alors que la moyenne nationale est de 1,6 enfant par femme (Statistique Canada, 2017c). Au Nunavut, l’accroissement démographique s’explique très majoritairement par l’accroissement naturel, c’est-à-dire la différence entre le nombre de naissances et de décès. En 2016-2017 par exemple, on a enregistré 907 naissances au Nunavut, par rapport à seulement 184 décès, pour un accroissement naturel positif de 723 personnesNote . Si on considère que l’accroissement démographique total de la population du Nunavut était de 577 personnes en 2016-2017, l’accroissement naturel expliquait donc 125.3 % de la croissance cette année-làNote .
Le Nunavut se caractérise par une population beaucoup plus jeune que dans les provinces et les autres territoires. L’âge moyen y est de 27,7 ans, comparativement à 41,0 ans à l’échelle nationale (Statistique Canada, 2017a). La proportion que représentent les enfants de moins de 15 ans au sein de la population est pratiquement le double au Nunavut (32,5 %) de celle qui est observée dans l’ensemble du Canada (16,6 %). La proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus est beaucoup plus faible au Nunavut (3,8 %) que dans l’ensemble du Canada (16,9 %)Note (Statistique Canada, 2017a).
Plus particulièrement, le Nunavut se distingue des provinces et des autres territoires canadiens par la forte proportion qu’y représente la population d’identité inuite, un des trois grands groupes autochtones du Canada avec les Premières Nations et les Métis. Les Inuits représentaient 84,9 % de la population du Nunavut en 2016, en légère baisse par rapport à 2011 (85,5 %). La présence fortement majoritaire des Inuits au sein du territoire suppose des dynamiques linguistiques différentes de ce que l’on observe ailleurs au pays. Le Nunavut est un territoire qui pourrait être qualifié de « zone de contact » entre groupes linguistiques. L’inuktitut et l’anglais y occupent une place prépondérante. L’inuinnaqtun et le français, qui ont également le statut de langue officielle au Nunavut, sont aussi présents, de même que l’inuvialuktun et d’autres langues inuitesNote . Les langues inuites, ou inuktut (terme générique utilisé dans ce rapport) – langues maternelles de la majorité de la population, côtoient l’anglais, langue maternelle minoritaire au Nunavut, mais majoritaire au Canada, et le français, qui bénéficie du statut de langue officielle à l’échelle nationale.
Bien que le nombre de locuteurs demeure peu élevé, on note également la présence croissante de langues immigrantes (voir l’encadré 1 pour une explication des concepts principaux) au Nunavut, notamment le tagalog (pilipino), langue originaire des Philippines.
Les dynamiques linguistiques sont complexes, et les enjeux sont différents pour les populations originaires du Nunavut (ou des territoires qui constituent aujourd’hui le Nunavut), très majoritairement inuites, et pour les populations originaires d’ailleurs au pays ou de l’extérieur du Canada et résidant au Nunavut.
Début de l'encadréEncadré 1 : Sources des données, méthodes et définitions
Sources des données
Les données comprises dans cette analyse sont tirées des recensements de la population de 2001, 2006 et 2016, ainsi que de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, à l’exception des données se trouvant dans les encadrés 2 à 4, qui sont tirées de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012. Au moment de la rédaction du présent rapport, les données de l’EAPA de 2017 n’étaient pas encore disponibles.
Méthodes pour les recensements et l’ENM
Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage : Afin de protéger le caractère confidentiel des renseignements recueillis lors des recensements et de l’ENM, on applique une méthode aux données qui consiste à arrondir de façon aléatoire les valeurs présentées dans les cellules individuelles. Par conséquent, lorsque ces données sont totalisées ou regroupées, la valeur totale peut ne pas correspondre à la somme des valeurs individuelles, étant donné que le total et les totaux partiels sont arrondis séparément. De même, la somme des répartitions en pourcentage, qui sont calculées à partir de données arrondies, ne correspond pas nécessairement à 100 %.
En raison de l’arrondissement aléatoire, les chiffres et les pourcentages peuvent varier légèrement d’un produit de recensement à un autre, comme les documents analytiques, les faits saillants en tableaux et les tableaux de données.
Définitions pour les recensements et l’ENM
Population inuite
La population inuite est définie grâce à la question 18 du formulaire détaillé du Recensement de 2016 : « Cette personne est-elle un Autochtone, c’est-à-dire Première Nation (Indien de l’Amérique du Nord), Métis ou Inuk (Inuit)? ». Tout au long de ce rapport, la « population inuite » ou « les Inuits » désignent les personnes ayant déclaré une identité inuite (réponses uniques ou multiples), alors que la « population non inuite » ou les « non-Inuits » sont les personnes qui n’ont pas déclaré une telle identité.
Lorsque l’expression « identité inuite » est utilisée dans un titre, un tableau ou bien un graphique, cela signifie que les données sont présentées séparément pour la population inuite et non inuite.
Communauté, région et centre régional
Pour alléger le texte, le terme « communauté » est utilisé au lieu du concept géographique « subdivision de recensement » (SDR) utilisé à Statistique Canada. Pour les mêmes raisons, le terme « région » réfère au concept de « division de recensement » (DR). Dans ce rapport, les régions et communautés (voir la carte 1) sont désignées conformément à la terminologie du Gouvernement du Nunavut, qui ne correspond pas nécessairement à celle en usage à Statistique Canada. Pour fins de comparaison avec les données diffusées par ailleurs à Statistique Canada, notamment dans les tableaux de données, la région de « Qikiqtaaluk » réfère à la DR de Baffin, la région de « Kivalliq » réfère à la DR de Keewatin et la communauté de Resolute Bay réfère à la SDR de Resolute.
Description de la Carte 1
Sur cette carte, la région de Kitikmeot est identifiée en orange; la région de Kivalliq est identifiée en jaune; la région de Qikiqtaaluk est identifiée en vert. Les communautés qui font partie de la région de Kitikmeot sont : Kugaaruk, Kugluktuk, Cambridge Bay, Gjoa Haven, Taloyoak. Les communautés qui font partie de la région de Kivalliq sont : Coral Harbour, Arviat, Whale Cove, Rankin Inlet, Chesterfield Inlet, Baker Lake, Naujaat. Les communautés qui font partie de la région de Qikiqtaaluk sont : Sanikiluaq, Iqaluit, Kimmirut, Cape Dorset, Pangnirtung, Qikiqtarjuaq, Hall Beach, Igloolik, Clyde River, Arctic Bay, Pond Inlet, Resolute Bay, Grise Fiord.
Les trois centres régionaux au Nunavut sont la ville d’Iqaluit pour la région de Qikiqtaaluk, la communauté de Rankin Inlet pour la région de Kivalliq et la communauté de Cambridge Bay pour la région de Kitikmeot.
Nunavummiut
Personnes résidant au Nunavut.
Langue maternelle
La langue maternelle désigne la première langue apprise dans l'enfance et encore comprise.
Langue parlée à la maison
Le Recensement de la population comporte depuis 2001 une question à deux volets sur la ou les langues parlées à la maison. Le premier volet concerne la langue parlée le plus souvent à la maison (volet A). Le second volet concerne la ou les langues parlées régulièrement à la maison en plus de la langue principale, le cas échéant (volet B). Pour les deux volets, des réponses multiples sont acceptées. Dans ce document, les statistiques sur une langue parlée à la maison (aussi appelée langue d'usage) comprennent, sauf mention contraire, toutes les personnes qui ont déclaré cette langue au volet A ou B, seule ou en combinaison avec une autre langue.
Langue tierce
L’expression « langues tierces » désigne toutes les langues autres que le français et l’anglais. Elle regroupe les langues autochtones, les langues immigrantes et les langues des signes. On retrouvera également dans certains produits de données l’expression « langues non officielles » qui désigne la même catégorie.
Langue autochtone
Les langues autochtones désignent les langues (autres que le français ou l'anglais) traditionnellement parlées par les Autochtones au Canada, c'est-à-dire les Premières Nations (Indiens de l'Amérique du Nord), les Métis et les Inuits.
Inuktut
L’inuktut est une désignation normalisée par l’Office de la langue inuite du Nunavut (Inuit Uqausinginnik Taiguusiliuqtiit) qui permet d’inclure toutes les variations régionales des dialectes parlés au Nunavut. Dans ce document, l’inuktut réfère au concept du recensement de famille des langues inuites qui inclut l’inuktitut, l’inuinnaqtun, l’inuvialuktun et les langues inuites n.i.a. (non incluses ailleurs).
Langue immigrante
L'expression « langues immigrantes » désigne les langues (autres que le français et l'anglais) dont la présence au Canada est initialement due à l'immigration postérieure à la colonisation française et anglaise. Outre le français et l'anglais, cette expression exclut les langues autochtones et les langues des signes.
1.1 Définition de la population d’intérêt
1.1.1 Population d’identité inuite
La population du Nunavut est composée à 84,9 % d’Inuits, soit 30 190 personnes (tableau 1.1). Ainsi, 15,1 % de la population du Nunavut ne s’identifie pas comme Inuit, ce qui équivaut à 5 390 personnes. La population inuite connaît une croissance constante en nombre depuis 2001, mais la proportion de l’ensemble de la population du Nunavut qu’elle représente varie peu (graphique 1.1)Note .
Tableau 1.1 début
Région et communauté | Population totale | Population inuite | Population non inuite | ||
---|---|---|---|---|---|
nombre | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Nunavut | 35 580 | 30 190 | 84,9 | 5 390 | 15,1 |
Qikiqtaaluk | 18 805 | 14 905 | 79,3 | 3 895 | 20,7 |
Iqaluit | 7 590 | 4 295 | 56,6 | 3 295 | 43,4 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 11 215 | 10 610 | 94,6 | 600 | 5,3 |
Sanikiluaq | 875 | 840 | 96,0 | 40 | 4,6 |
Kimmirut | 385 | 360 | 93,5 | 25 | 6,5 |
Cape Dorset | 1 445 | 1 345 | 93,1 | 95 | 6,6 |
Pangnirtung | 1 480 | 1 390 | 93,9 | 90 | 6,1 |
Qikiqtarjuaq | 600 | 560 | 93,3 | 35 | 5,8 |
Hall Beach | 845 | 815 | 96,4 | 35 | 4,1 |
Igloolik | 1 670 | 1 580 | 94,6 | 95 | 5,7 |
Clyde River | 1 055 | 1 020 | 96,7 | 30 | 2,8 |
Arctic Bay | 865 | 830 | 96,0 | 40 | 4,6 |
Pond Inlet | 1 615 | 1 515 | 93,8 | 95 | 5,9 |
Resolute Bay | 190 | 165 | 86,8 | 25 | 13,2 |
Grise Fiord | 130 | 120 | 92,3 | 0 | 0,0 |
Kivalliq | 10 290 | 9 380 | 91,2 | 915 | 8,9 |
Coral Harbour | 890 | 860 | 96,6 | 30 | 3,4 |
Arviat | 2 650 | 2 515 | 94,9 | 135 | 5,1 |
Whale Cove | 430 | 410 | 95,3 | 20 | 4,7 |
Rankin Inlet | 2 775 | 2 280 | 82,2 | 490 | 17,7 |
Chesterfield Inlet | 415 | 390 | 94,0 | 25 | 6,0 |
Baker Lake | 2 050 | 1 890 | 92,2 | 160 | 7,8 |
Naujaat | 1 075 | 1 030 | 95,8 | 45 | 4,2 |
Kitikmeot | 6 485 | 5 905 | 91,1 | 580 | 8,9 |
Kugaaruk | 925 | 890 | 96,2 | 40 | 4,3 |
Kugluktuk | 1 485 | 1 350 | 90,9 | 135 | 9,1 |
Cambridge Bay | 1 740 | 1 435 | 82,5 | 305 | 17,5 |
Gjoa Haven | 1 310 | 1 255 | 95,8 | 55 | 4,2 |
Taloyoak | 1 025 | 980 | 95,6 | 45 | 4,4 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.1 fin
Graphique 1.1 début
Tableau de données du graphique 1.1
Nombre | Pourcentage | |
---|---|---|
Rencensements de la population | ||
2001 | 22 555 | 85,0 |
2006 | 24 625 | 84,3 |
Enquête Nationale auprès des ménages | ||
2011 | 27 090 | 85,5 |
Rencensement de la population | ||
2016 | 30 190 | 84,9 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 1.1 fin
Le tableau 1.1 permet de constater que les Inuits représentent plus de 90 % de la population dans la majorité des communautés du Nunavut. Les exceptions sont : Iqaluit (56,6 %), Rankin Inlet (82,2 %), Cambridge Bay (82,5 %) et Resolute Bay (86,8 %). Dans tous les cas, la population inuite est majoritaire, c’est-à-dire qu’elle représente plus de la moitié de la population dans chaque communauté.
Les Inuits et les non-Inuits ne sont pas répartis de la même façon sur le territoire du Nunavut (voir le tableau 1.2). Les non-Inuits sont largement concentrés à Iqaluit (61,1 %), la capitale du Nunavut et centre régional de Qikiqtaaluk. On en retrouve également une proportion plus importante dans les deux autres centres régionaux du territoire, soit 9,1 % à Rankin Inlet et 5,7 % à Cambridge Bay. En d’autres mots, plus des trois quarts (75,9 %) des 5 390 non-Inuits vivent dans les trois centres régionaux.
Tableau 1.2 début
Région et communauté | Population totale | Population inuite | Population non inuite |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Nunavut | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Qikiqtaaluk | 52,9 | 49,4 | 72,3 |
Iqaluit | 21,3 | 14,2 | 61,1 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 31,5 | 35,1 | 11,1 |
Sanikiluaq | 2,5 | 2,8 | 0,7 |
Kimmirut | 1,1 | 1,2 | 0,5 |
Cape Dorset | 4,1 | 4,5 | 1,8 |
Pangnirtung | 4,2 | 4,6 | 1,7 |
Qikiqtarjuaq | 1,7 | 1,9 | 0,6 |
Hall Beach | 2,4 | 2,7 | 0,6 |
Igloolik | 4,7 | 5,2 | 1,8 |
Clyde River | 3,0 | 3,4 | 0,6 |
Arctic Bay | 2,4 | 2,7 | 0,7 |
Pond Inlet | 4,5 | 5,0 | 1,8 |
Resolute Bay | 0,5 | 0,5 | 0,5 |
Grise Fiord | 0,4 | 0,4 | 0,0 |
Kivalliq | 28,9 | 31,1 | 17,0 |
Coral Harbour | 2,5 | 2,8 | 0,6 |
Arviat | 7,4 | 8,3 | 2,5 |
Whale Cove | 1,2 | 1,4 | 0,4 |
Rankin Inlet | 7,8 | 7,6 | 9,1 |
Chesterfield Inlet | 1,2 | 1,3 | 0,5 |
Baker Lake | 5,8 | 6,3 | 3,0 |
Naujaat | 3,0 | 3,4 | 0,8 |
Kitikmeot | 18,2 | 19,6 | 10,8 |
Kugaaruk | 2,6 | 2,9 | 0,7 |
Kugluktuk | 4,2 | 4,5 | 2,5 |
Cambridge Bay | 4,9 | 4,8 | 5,7 |
Gjoa Haven | 3,7 | 4,2 | 1,0 |
Taloyoak | 2,9 | 3,2 | 0,8 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.2 fin
À l’opposé, seulement un peu plus du quart (26,5 %) des 30 190 Inuits au Nunavut vivent dans l’un des trois centres régionaux, soit 14,2 % à Iqaluit, 7,6 % à Rankin Inlet et 4,8 % à Cambridge Bay. C’est dire qu’une forte majorité de la population inuite, soit 73,5 %, est répartie parmi les 22 autres communautés du Nunavut.
Ainsi, plus de 9 personnes sur 10 sont d’identité inuite dans les régions de Kivalliq (91,2 %) et de Kitikmeot (91,1 %). Dans la région de Qikiqtaaluk, 79,3 % de la population est inuite. Toutefois, si l’on exclut la population d’Iqaluit, 94,6 % de la population du reste de la région de Qikiqtaaluk est inuite.
La population inuite est plus jeune que la population non inuite au Nunavut (tableau 1.3). Plus du tiers de la population inuite est âgée de moins de 15 ans (36,2 %), comparativement à 13,3 % pour les non-Inuits. À l’inverse, trois non-Inuits sur quatre (76,2 %) sont âgés de 25 à 64 ans, alors que pour les Inuits, cette proportion est de 41,0 %. Ces différences témoignent du contraste entre la population inuite dont l’évolution démographique repose principalement sur l’accroissement naturelNote , et la population non inuite pour laquelle les migrations sont un facteur important.
Tableau 1.3 début
Groupe d'âge | Population inuite | Population non inuite | ||
---|---|---|---|---|
nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Total | 30 190 | 100,0 | 5 390 | 100,0 |
0 à 14 ans | 10 935 | 36,2 | 715 | 13,3 |
0 à 4 ans | 3 810 | 12,6 | 335 | 6,2 |
5 à 9 ans | 3 875 | 12,8 | 225 | 4,2 |
10 à 14 ans | 3 250 | 10,8 | 155 | 2,9 |
15 à 24 ans | 5 770 | 19,1 | 360 | 6,7 |
15 à 19 ans | 2 980 | 9,9 | 140 | 2,6 |
20 à 24 ans | 2 790 | 9,2 | 215 | 4,0 |
25 à 64 ans | 12 380 | 41,0 | 4 105 | 76,2 |
25 à 34 ans | 4 700 | 15,6 | 1 210 | 22,4 |
35 à 44 ans | 3 240 | 10,7 | 1 120 | 20,8 |
45 à 54 ans | 2 905 | 9,6 | 955 | 17,7 |
55 à 64 ans | 1 530 | 5,1 | 810 | 15,0 |
65 ans et plus | 1 100 | 3,6 | 210 | 3,9 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.3 fin
En 2016, le Nunavut comptait 31 435 personnes âgées de 5 ans et plus. De celles-ci, 28 715 résidaient aussi au Nunavut en 2011, alors que 2 535 résidaient dans une autre province ou un autre territoire et 185 demeuraient à l’extérieur du Canada. Autrement dit, environ 9 % de la population du Nunavut âgée de 5 ans et plus en 2016 résidait dans une autre province ou territoire, ou dans un autre pays, en 2011.
Au total, le solde migratoire interprovincial du Nunavut au cours de la période 2011-2016 s’est avéré légèrement positif (+ 75). Spécifiquement au cours de la période, 2 460 personnes ont quitté le Nunavut pour d’autres provinces et territoires, alors que 2 535 personnes y ont migréNote .
Des 26 375 Inuits âgés de 5 ans et plus dénombrés au Nunavut en 2016, 26 005 habitaient au Nunavut en 2011 (soit 98,6 % d’entre eux).
La situation est fort différente chez les non-Inuits. Des 4 870 non-Inuits qui résidaient au Nunavut en 2016, seulement un peu plus de la moitié (55,4 %) résidaient aussi dans le territoire cinq ans auparavant (2 705 personnes). Plusieurs non-Inuits déménagent au Nunavut en provenance d’une autre province ou d’un autre territoire pour y travailler quelques années, puis retournent vivre dans leur province ou territoire d’origine.
La répartition des entrants et des sortants selon l’identité inuite permet d’illustrer, d’une manière différente, la surreprésentation des non-Inuits parmi les migrants (en comparaison avec la population totale du Nunavut, majoritairement inuite). Ainsi en 2016, 85,4 % des migrants entre les provinces et les territoires qui étaient venus s’établir au Nunavut depuis 2011 étaient non-Inuits, alors que 14,4 % de ces migrants étaient Inuits (graphique 1.2)
Les non-Inuits étaient également plus nombreux (autant en termes de nombre que de proportion) que les Inuits à quitter le Nunavut entre 2011 et 2016. Parmi les 2 460 sortants, 1 785 (72,6 %) étaient des non-Inuits et 675 (27,4 %) étaient des Inuits.
Graphique 1.2 début
Tableau de données du graphique 1.2
Entrants | Sortants | Population totale âgée de 5 ans et plus | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Population inuite | 14,4 | 27,4 | 84,4 |
Population non inuite | 85,4 | 72,6 | 15,6 |
Note : Voir l'item « arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l'encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Graphique 1.2 fin
Bien que les Inuits soient sous-représentés parmi la population des migrants entre les provinces et les territoires, les migrations ont quand même contribué à un léger ralentissement, durant la période, de la vitesse de la croissance de la population inuite du Nunavut dans son ensemble. Cela s’explique par le fait que le nombre d’Inuits ayant quitté le Nunavut entre 2011 et 2016 (675) a surpassé le nombre d’Inuits venus s’y établir (365), pour un solde migratoire négatif de -310 (tableau 1.4)Note . Chez les non-Inuits, ce solde migratoire entre les provinces et les territoires était positif (+380).
Tableau 1.4 début
Identité inuite | Migrants entre les provinces et les territoires | Population totale du Nunavut | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Entrants au Nunavut | Sortants du Nunavut | Solde migratoire entre 2011 et 2016 | 2011 | 2016 | Accroissement entre 2011 et 2016 | |
nombre | ||||||
Total | 2 535 | 2 460 | 75 | 31 695 | 35 580 | 3 885 |
Inuit | 365 | 675 | -310 | 27 090 | 30 190 | 3 100 |
Non-Inuit | 2 165 | 1 785 | 380 | 4 610 | 5 390 | 780 |
Sources : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Tableau 1.4 fin
1.1.2 Langue maternelle
En 2016, 23 225 personnes au Nunavut ont déclaré une langue maternelle inuktut, ce qui équivaut à 65,3 % de la populationNote . Cette proportion est toutefois en baisse par rapport aux recensements antérieurs : elle était de 68,9 % en 2011 et de 71,7 % en 2001 (graphique 1.3). Bien que ce soient essentiellement les Inuits qui ont l’inuktut comme langue maternelle, une proportion de moins en moins grande de cette population a déclaré une langue maternelle inuktut d’un recensement à l’autre de 2001 à 2016.
Graphique 1.3 début
Tableau de données du graphique 1.3
Nombre | Pourcentage | |
---|---|---|
Rencensements de la population | ||
2001 | 19 025 | 71,7 |
2006 | 20 715 | 70,9 |
Enquête Nationale auprès des ménages | ||
2011 | 21 835 | 68,9 |
Rencensement de la population | ||
2016 | 23 225 | 65,3 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 1.3 fin
La principale langue maternelle inuite au Nunavut est l’inuktitut : 97,4 % des personnes qui ont une langue maternelle inuktut ont l’inuktitut comme langue maternelle, soit 22 630 personnes (tableau 1.5). Les 545 personnes qui ont l’inuinnaqtun comme langue maternelle, qui résident essentiellement dans les communautés de Kugluktuk et de Cambridge Bay (dans la région de Kitikmeot), représentent 2,3 % des personnes de langue maternelle inuktut au Nunavut. Seulement un petit nombre de Nunavummiuts ont indiqué l’inuvialuktun (15 personnes ou 0,1 %) ou une autre langue inuite (35 personnes ou 0,2 %) comme langue maternelle.
Tableau 1.5 début
Langue maternelle | Nombre | Pourcentage |
---|---|---|
Population totaleTableau 1.5 Note 1 | 35 580 | 100,0 |
Anglais | 11 690 | 32,9 |
Français | 630 | 1,8 |
Langues autochtones | 23 235 | 65,3 |
inuktut (langue inuite) | 23 225 | 65,3 |
Inuktitut | 22 630 | 63,6 |
Inuinnaqtun | 545 | 1,5 |
Inuvialuktun | 15 | 0,0 |
Langues inuites, n.i.a.Tableau 1.5 Note 2 | 35 | 0,1 |
Autres langues autochtones | 15 | 0,0 |
Autres langues | 765 | 2,2 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.5 fin
Ces statistiques incluent toutes les mentions de l’inuktut comme langue maternelle, que ce soit comme réponse simple ou comme réponse multipleNote . Or, le tableau 1.6 permet de constater que la quasi-totalité des réponses sur la langue maternelle sont uniques et que les réponses multiples sont essentiellement l’anglais en combinaison avec l’inuktut. La population ayant déclaré l’inuktut comme seule langue maternelle est passée de 18 595 personnes en 2001 à 22 560 personnes en 2016. Cette hausse représente toutefois une baisse en termes relatifs puisque la proportion de la population du Nunavut ayant déclaré l’inuktut comme seule langue maternelle était de 63,4 % en 2016, comparativement à 70,1 % en 2001, soit une baisse de près de 7 points de pourcentage.
Tableau 1.6 début
Langue maternelle | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Population totale | 26 530 | 100,0 | 29 200 | 100,0 | 31 695 | 100,0 | 35 580 | 100,0 |
Réponses uniques | 26 070 | 98,3 | 28 900 | 99,0 | 31 370 | 99,0 | 34 845 | 97,9 |
Anglais | 6 835 | 25,8 | 7 700 | 26,4 | 8 890 | 28,0 | 10 965 | 30,8 |
Français | 380 | 1,4 | 355 | 1,2 | 410 | 1,3 | 585 | 1,6 |
Inuktut (langue inuite) | 18 595 | 70,1 | 20 445 | 70,0 | 21 530 | 67,9 | 22 560 | 63,4 |
Autres langues | 245 | 0,9 | 355 | 1,2 | 540 | 1,7 | 735 | 2,1 |
Réponses multiples | 455 | 1,7 | 305 | 1,0 | 325 | 1,0 | 735 | 2,1 |
Anglais et inuktut | 420 | 1,6 | 245 | 0,8 | 300 | 0,9 | 650 | 1,8 |
Français et inuktut | 0 | 0,0 | 20 | 0,1 | 10 | 0,0 | 0 | 0,0 |
Anglais, français et inuktut | 0 | 0,0 | 0 | 0,0 | 0 | 0,0 | 0 | 0,0 |
Autres réponses multiples | 35 | 0,1 | 35 | 0,1 | 20 | 0,1 | 70 | 0,2 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Tableau 1.6 fin
Les réponses multiples à la question sur la langue maternelle sont en croissance au Nunavut depuis 2006, principalement entre 2011 (1,0 %) et 2016 (2,1 %). Le nombre de personnes ayant déclaré l’inuktut en combinaison avec l’anglais comme langue maternelle a doublé au cours de cette période (300 personnes en 2011 et 650 personnes en 2016).
Presque toutes les personnes de langue maternelle inuktutNote (99,6 %) sont des Inuits (tableau 1.7). En 2016, 95 non-Inuits ont déclaré une langue maternelle inuktut, ce qui équivaut à moins de 1 % de la population de langue maternelle inuktut.
Tableau 1.7 début
Langue maternelle | Population totale | Population inuite | Population non inuite |
---|---|---|---|
nombre | |||
Population totale | 35 580 | 30 190 | 5 390 |
Réponses uniques | 34 845 | 29 525 | 5 320 |
Anglais | 10 965 | 7 010 | 3 960 |
Français | 585 | 35 | 550 |
Inuktut (langue inuite) | 22 560 | 22 465 | 95 |
Autres langues | 735 | 20 | 720 |
Réponses multiples | 735 | 665 | 70 |
Anglais et inuktut | 650 | 640 | 10 |
Français et inuktut | 0 | 0 | 10 |
Anglais, français et inuktut | 0 | 10 | 0 |
Autres réponses multiples | 70 | 10 | 55 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.7 fin
Alors que le fait d’avoir une langue maternelle inuktut est fortement associé à l’identité inuite, l’inverse n’est pas forcément vrai. Certes, un peu plus de trois Inuits sur quatre (76,6 %) ont déclaré une langue maternelle inuktut en 2016, mais cela signifie néanmoins que 23,4 % des Inuits ne se sont pas vu transmettre l’inuktut comme langue maternelle, ce qui équivaut à 7 075 personnes (tableau 1.8).
Les Inuits qui n’ont pas de langue maternelle inuktut habitent majoritairement la région de KitikmeotNote (tableau 1.8). Dans chacune des communautés de cette région, plus de la moitié des Inuits n’ont pas de langue maternelle inuktut. Le nombre d’Inuits qui n’ont pas de langue maternelle inuktut atteint 1 100 personnes à Cambridge Bay (76,7 % des Inuits), 995 personnes à Kugluktuk (73,7 %), 720 personnes à Gjoa Haven (57,4 %), 515 personnes à Taloyoak (52,6 %) et 475 personnes à Kugaaruk (53,4 %).
Ce sont donc 3 785 Inuits de la région de Kitikmeot qui n’ont pas de langue maternelle inuktut, ce qui équivaut à 53,5 % de l’ensemble des Inuits qui n’ont pas de langue maternelle inuktut au Nunavut. Sur ces 3 785 personnes, 1 775 personnes sont âgées de moins de 15 ans (46,9 %) et 890 sont âgées de 15 à 24 ans (23,5 %). C’est donc dire que parmi les Inuits de la région de Kitikmeot qui n’ont pas l’inuktut comme langue maternelle, 70,4 % sont âgés de moins de 25 ans.
Tableau 1.8 début
Région et communauté | Population inuite totale | Population inuite de langue maternelle inuktut | Population inuite de langue maternelle non inuktut |
---|---|---|---|
nombre | |||
Nunavut | 30 190 | 23 115 | 7 075 |
Qikiqtaaluk | 14 905 | 13 490 | 1 415 |
Iqaluit | 4 295 | 3 140 | 1 145 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 10 610 | 10 345 | 265 |
Sanikiluaq | 840 | 815 | 30 |
Kimmirut | 360 | 350 | 10 |
Cape Dorset | 1 345 | 1 325 | 25 |
Pangnirtung | 1 390 | 1 365 | 20 |
Qikiqtarjuaq | 560 | 560 | 0 |
Hall Beach | 815 | 805 | 10 |
Igloolik | 1 580 | 1 525 | 55 |
Clyde River | 1 020 | 1 015 | 15 |
Arctic Bay | 830 | 815 | 15 |
Pond Inlet | 1 515 | 1 500 | 30 |
Resolute Bay | 165 | 130 | 35 |
Grise Fiord | 120 | 100 | 25 |
Kivalliq | 9 380 | 7 510 | 1 865 |
Coral Harbour | 860 | 795 | 65 |
Arviat | 2 515 | 2 435 | 80 |
Whale Cove | 410 | 365 | 40 |
Rankin Inlet | 2 280 | 1 680 | 610 |
Chesterfield Inlet | 390 | 330 | 55 |
Baker Lake | 1 890 | 910 | 990 |
Naujaat | 1 030 | 995 | 35 |
Kitikmeot | 5 905 | 2 125 | 3 785 |
Kugaaruk | 890 | 415 | 475 |
Kugluktuk | 1 350 | 355 | 995 |
Cambridge Bay | 1 435 | 355 | 1 100 |
Gjoa Haven | 1 255 | 535 | 720 |
Taloyoak | 980 | 470 | 515 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.8 fin
Dans la région de Kivalliq, 80,1 % des Inuits ont une langue maternelle inuktut. Cette proportion varie toutefois beaucoup d’une communauté à l’autre. À Arviat (96,8 %) et à Coral Harbour (92,4 %), presque toute la population inuite est de langue maternelle inuktut, alors que la majorité des Inuits de Baker Lake (52,4 %) sont de langue maternelle autre qu’inuktut.
Dans la région de Qikiqtaaluk, si l’on fait exception de la ville d’Iqaluit, 97,5 % des Inuits sont de langue maternelle inuktut (cette proportion est de 90,5 % en incluant la population inuite d’Iqaluit). Dans cette région, les communautés où la proportion de la population inuite qui ne se voit pas transmettre une langue maternelle inuktut est la plus élevée sont Iqaluit (26,7 %), le centre régional et la capitale du territoire où vivent une part relativement importante de non-Inuits, ainsi que Resolute Bay (21,2 %) et Grise Fiord (20,8 %), les deux communautés situées les plus au nord.
La proportion de la population inuite qui a une langue maternelle inuktut est plus importante chez les personnes plus âgées (voir le graphique 1.4). En effet, 90,5 % des Inuits âgés de 45 à 54 ans ont une langue maternelle inuktut, de même que 93,1 % des Inuits de 55 à 64 ans et que 97,3 % des Inuits de 65 ans et plus. À l’inverse, 68,5 % des Inuits de 0 à 4 ans, 67,6 % des Inuits de 5 à 9 ans et 68,2 % des Inuits de 10 à 14 ans ont une langue maternelle inuktut. Ce constat soulève l’enjeu de la transmission de la langue maternelle aux jeunes générations, ce qui fera l’objet d’une analyse plus détaillée plus loin dans ce rapport (voir la section 2).
Graphique 1.4 début
Tableau de données du graphique 1.4
Groupe d'âge | Pourcentage |
---|---|
0 to 4 years | 68,5 |
5 to 9 years | 67,6 |
10 to 14 years | 68,2 |
15 to 19 years | 72,1 |
20 to 24 years | 72,0 |
25 to 34 years | 77,3 |
35 to 44 years | 84,6 |
45 to 54 years | 90,5 |
55 to 64 years | 93,1 |
65 years and older | 97,3 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Graphique 1.4 fin
On peut toutefois mentionner d’ores et déjà que la transmission de l’inuktut aux enfants de moins de 15 ans varie d’une région à l’autre du Nunavut : 85,8 % des Inuits agés de 0 à 14 ans ont une langue maternelle inuktut dans la région de Qikiqtaaluk (96,7 % si on exclut Iqaluit), comparativement à 72,5 % dans la région de Kivalliq et 15,9 % dans la région de Kitikmeot.
Début de l'encadréEncadré 2 : Dans quelle mesure est-il important pour un Inuit du Nunavut de parler et de comprendre une langue autochtone? À quelle fréquence sont-ils en contact avec une langue autochtone?
Au Nunavut, pour la grande majorité des Inuits âgés de 6 ans et plus, le fait de parler et de comprendre une langue autochtone est considéré comme étant important. Selon l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012, parmi les 23 270 Inuits âgés de 6 ans et plus qui vivent au Nunavut, environ 8 sur 10 (83 %) ont déclaré que cela était très important pour eux et 1 sur 10 (11 %) ont déclaré qu’il s’agissait d’une chose assez importante. Le reste de la population inuite du même groupe d’âge à l’échelle du territoire a déclaré que le fait de parler et de comprendre une langue autochtone était soit pas très important, pas important pour eux, ou qu’ils n’avaient pas d’opinion sur le sujet.
Étant donné que l’inuktut est l’une des langues officielles du territoire et qu’elle est également protégée par une loi précise visant à accroître son utilisation dans différents aspects de la vie quotidienne, il n’est pas surprenant de constater que presque tous les Inuits âgés de 6 ans et plus au Nunavut (99 %) aient déclaré dans l’EAPA de 2012 qu’ils étaient en contact avec une langue autochtone, soit à la maison ou à l’extérieur de la maison. La plupart d’entre eux étaient fréquemment en contact avec une langue autochtone dans les deux environnements. En 2012, parmi les 23 270 Inuits âgés de 6 ans et plus qui vivent au Nunavut, environ 8 sur 10 (81 %) étaient en contact avec une langue autochtone tous les jours à la maison et à l’extérieur de la maison.
Notes concernant l’EAPA de 2012 :
- Au moment de la rédaction du présent rapport, les données de l’EAPA de 2017 n’étaient pas encore disponibles.
- Au Nunavut, l’EAPA de 2012 couvrait la population autochtone âgée de 6 ans et plus. Aucune information précise n’était disponible pour les régions et les collectivités du Nunavut dans l’EAPA de 2012.
- Les valeurs manquantes (« ne sait pas », « non déclaré » et « refus ») ont été exclues du dénominateur au moment de calculer les pourcentages.
- Vous trouverez de plus amples renseignements sur l’EAPA de 2012 sur le site Web de Statistique Canada
1.2 Caractéristiques et pratiques linguistiques
L’identité inuite et la langue maternelle sont des caractéristiques assez stables qui, en principe, ne changent pas au cours d’une vieNote . Les données de recensement fournissent également de l’information sur des caractéristiques ou des pratiques linguistiques qui, au contraire, peuvent changer en fonction de différents facteurs. Celles-ci portent sur la capacité de soutenir une conversation dans une langue et sur l’utilisation des langues à la maisonNote .
En effet, une personne peut acquérir la connaissance d’une ou de plusieurs langues secondes. La capacité de soutenir une conversation dans une langue peut également se perdre si celle-ci n’est pas utilisée. En ce sens, certaines personnes ne sont plus capables de soutenir une conversation dans leur langue maternelle, même si elles la comprennent encore.
L’utilisation d’une langue à la maison peut changer au cours de la vie, et elle dépend en grande partie des langues parlées par les gens avec qui une personne cohabite. Les unions linguistiquement exogames, qui désignent ici les unions entre personnes de langues maternelles différentes et qui sont généralement plus fréquentes dans les « zones de contact » entre différents groupes linguistiques, peuvent donner lieu à l’utilisation de plusieurs langues au foyer. L’utilisation d’une langue au foyer est fortement liée à la transmission de la langue maternelle aux enfants.
1.2.1 Capacité de soutenir une conversation en inuktut ou en anglais
En 2016, 76,8 % de la population du Nunavut déclarait pouvoir soutenir une conversation en inuktut. Cette proportion était de 79,0 % en 2001. D’un recensement à l’autre, la proportion de la population du Nunavut capable de soutenir une conversation en inuktut a diminué légèrement, mais de façon continue (graphique 1.5).
Graphique 1.5 début
Tableau de données du graphique 1.5
Nombre | Pourcentage | |
---|---|---|
Rencensements de la population | ||
2001 | 20 950 | 79,0 |
2006 | 22 900 | 78,4 |
Enquête Nationale auprès des ménages | ||
2011 | 24 470 | 77,2 |
Rencensement de la population | ||
2016 | 27 320 | 76,8 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 1.5 fin
Cette tendance à la baisse s’est produite malgré le fait que le nombre de personnes capables de soutenir une conversation en inuktut ait augmenté de 6 370 personnes en 15 ans, passant de 20 950 en 2001 à 27 320 en 2016. C’est que cette croissance, de 30,4 % sur l’ensemble de la période, a été inférieure à la croissance de l’ensemble de la population du Nunavut (+34,1 %) au cours de la même période.
La population ayant une connaissance de l’anglais a quant à elle connu une hausse tant en nombre qu’en proportion au Nunavut. En 2001, 86,7 % de la population du Nunavut était capable de soutenir une conversation en anglais (graphique 1.6). Cette proportion s’élevait à 94,1 % en 2016. Cette croissance ne s’est toutefois pas produite de manière linéaire, la proportion de personnes pouvant soutenir une conversation en anglais ayant connu un recul entre 2006 et 2011Note .
Graphique 1.6 début
Tableau de données du graphique 1.6
Nombre | Pourcentage | |
---|---|---|
Rencensements de la population | ||
2001 | 23 000 | 86,7 |
2006 | 26 880 | 92,1 |
Enquête Nationale auprès des ménages | ||
2011 | 28 795 | 90,9 |
Rencensement de la population | ||
2016 | 33 485 | 94,1 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 1.6 fin
Le nombre de personnes ayant une connaissance de l’anglais est passé de 23 000 en 2001 à 33 485 en 2016, une croissance de 45,6 %.
Dans presque toutes les communautés des régions de Qikiqtaaluk et de Kivalliq, au moins neuf personnes sur dix ont déclaré être capables de soutenir une conversation en inuktut en 2016 (tableau 1.9). Les seules exceptions étaient Iqaluit (51,2 %), Resolute Bay (84,2 %), Rankin Inlet (79,5 %) et Baker Lake (81,2 %). Dans la région de Kitikmeot, 57,4 % de la population était capable de soutenir une conversation en inuktut. Cette proportion variait grandement d’une communauté à l’autre dans cette région, de 33,6 % à Cambridge Bay à 74,6 % à Kugaaruk.
Tableau 1.9 début
Région et communauté | Population totale | Population ayant une connaissance de ... | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
l'inuktut | l'anglais | du français | |||||
nombre | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Nunavut | 35 580 | 27 320 | 76,8 | 33 485 | 94,1 | 1 565 | 4,4 |
Qikiqtaaluk | 18 805 | 14 545 | 77,3 | 17 350 | 92,3 | 1 255 | 6,7 |
Iqaluit | 7 590 | 3 885 | 51,2 | 7 460 | 98,3 | 1 105 | 14,6 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 11 215 | 10 665 | 95,1 | 9 895 | 88,2 | 150 | 1,3 |
Sanikiluaq | 875 | 855 | 97,7 | 840 | 96,0 | 10 | 1,1 |
Kimmirut | 385 | 360 | 93,5 | 340 | 88,3 | 10 | 2,6 |
Cape Dorset | 1 445 | 1 360 | 94,1 | 1 315 | 91,0 | 20 | 1,4 |
Pangnirtung | 1 480 | 1 385 | 93,6 | 1 270 | 85,8 | 40 | 2,7 |
Qikiqtarjuaq | 600 | 560 | 93,3 | 525 | 87,5 | 0 | 0,0 |
Hall Beach | 845 | 820 | 97,0 | 715 | 84,6 | 0 | 0,0 |
Igloolik | 1 670 | 1 575 | 94,3 | 1 410 | 84,4 | 20 | 1,2 |
Clyde River | 1 055 | 1 025 | 97,2 | 870 | 82,5 | 0 | 0,0 |
Arctic Bay | 865 | 830 | 96,0 | 755 | 87,3 | 15 | 1,7 |
Pond Inlet | 1 615 | 1 550 | 96,0 | 1 485 | 92,0 | 15 | 0,9 |
Resolute Bay | 190 | 160 | 84,2 | 185 | 97,4 | 10 | 5,3 |
Grise Fiord | 130 | 120 | 92,3 | 125 | 96,2 | 10 | 7,7 |
Kivalliq | 10 290 | 9 045 | 87,9 | 9 715 | 94,4 | 205 | 2,0 |
Coral Harbour | 890 | 860 | 96,6 | 865 | 97,2 | 10 | 1,1 |
Arviat | 2 650 | 2 520 | 95,1 | 2 210 | 83,4 | 35 | 1,3 |
Whale Cove | 430 | 395 | 91,9 | 435 | 100,0 | 10 | 2,3 |
Rankin Inlet | 2 775 | 2 205 | 79,5 | 2 750 | 99,1 | 85 | 3,1 |
Chesterfield Inlet | 415 | 375 | 90,4 | 410 | 98,8 | 10 | 2,4 |
Baker Lake | 2 050 | 1 665 | 81,2 | 2 005 | 97,8 | 35 | 1,7 |
Naujaat | 1 075 | 1 040 | 96,7 | 1 045 | 97,2 | 15 | 1,4 |
Kitikmeot | 6 485 | 3 725 | 57,4 | 6 415 | 98,9 | 105 | 1,6 |
Kugaaruk | 925 | 690 | 74,6 | 910 | 98,4 | 0 | 0,0 |
Kugluktuk | 1 485 | 770 | 51,9 | 1 480 | 99,7 | 30 | 2,0 |
Cambridge Bay | 1 740 | 585 | 33,6 | 1 725 | 99,1 | 50 | 2,9 |
Gjoa Haven | 1 310 | 945 | 72,1 | 1 290 | 98,5 | 10 | 0,8 |
Taloyoak | 1 025 | 745 | 72,7 | 1 005 | 98,0 | 15 | 1,5 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.9 fin
Plus de 90 % de la population était capable de soutenir une conversation en anglais dans la plupart des communautés du Nunavut en 2016. Dans toutes les communautés où ce n’est pas le cas, cette proportion est néanmoins supérieure à 80 %.
Dans 14 communautés, le nombre de personnes capables de soutenir une conversation en anglais était supérieur au nombre de personnes capables de soutenir une conversation en inuktut en 2016. Ces communautés incluaient les trois centres régionaux (Iqaluit, Rankin Inlet et Cambridge Bay). À l’inverse, le nombre de personnes capables de soutenir une conversation en inuktut était supérieur au nombre de personnes capables de soutenir une conversation en anglais dans 11 communautés. Celles-ci sont toutes situées dans la région de Qikiqtaaluk, à l’exception d’Arviat, située dans la région de Kivalliq.
En 2016, les personnes capables de soutenir une conversation en français étaient concentrées dans la capitale : 70,6 % d’entre elles résidaient à Iqaluit. Cela équivaut à 14,6 % de la population de la ville.
Parmi les provinces et territoires du Canada, le Nunavut se démarque en comptant la plus grande proportion de sa population ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans plus d’une langue. En 2016, un peu plus des trois quarts (76,9 %) de la population du Nunavut avaient une connaissance de plus d’une langue, comparativement à 39,0 % de la population du Canada. Le Québec se situait au deuxième rang, avec un peu plus de la moitié (52,2 %) de sa population capable de soutenir une conversation dans plus d’une langue.
1.2.1.1 Évolution de la capacité à soutenir une conversation en inuktut et en anglais
La proportion de la population ayant une connaissance de l’anglais a augmenté dans toutes les communautés du Nunavut entre 2001 et 2016 (tableau 1.10)Note . Les hausses les plus importantes à cet égard ont été observées à Sanikiluaq, où 96,0 % de la population était capable de soutenir une conversation en anglais en 2016, une hausse de 26,1 points de pourcentage par rapport à 2001 (69,9 %), et à Pangnirtung, où cette proportion est passée de 68,6 % en 2001 à 85,8 % en 2016, soit une hausse de 17,2 points de pourcentage. Les autres communautés qui ont connu une croissance de la connaissance de l’anglais supérieure à 10 points de pourcentage au cours de cette période sont Hall Beach, Igloolik, Grise Fiord, Clyde River, Coral Harbour et Pond Inlet. Dans toutes ces communautés, la proportion de la population qui est capable de soutenir une conversation en inuktut était très élevée (supérieure à 90 % en 2016), et elle a peu varié entre 2001 et 2016 en comparaison de celle ayant une connaissance de l’anglais.
Tableau 1.10 début
Région et communauté | Connaissance de l'inuktut | Connaissance de l'anglais | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
2001 | 2016 | variation entre 2001 et 2016 | 2001 | 2016 | variation entre 2001 et 2016 | |
pourcentage | points de pourcentage | pourcentage | points de pourcentage | |||
Nunavut | 79,0 | 76,8 | -2,2 | 86,7 | 94,1 | 7,4 |
Qikiqtaaluk | 80,4 | 77,3 | -3,0 | 83,0 | 92,3 | 9,3 |
Iqaluit | 57,0 | 51,2 | -5,8 | 96,1 | 98,3 | 2,2 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 93,7 | 95,1 | 1,4 | 75,5 | 88,2 | 12,8 |
Sanikiluaq | 94,9 | 97,7 | 2,9 | 69,9 | 96,0 | 26,1 |
Kimmirut | 94,3 | 93,5 | -0,7 | 80,5 | 88,3 | 7,9 |
Cape Dorset | 93,5 | 94,1 | 0,6 | 82,2 | 91,0 | 8,8 |
Pangnirtung | 94,5 | 93,6 | -0,9 | 68,6 | 85,8 | 17,2 |
Qikiqtarjuaq | 93,3 | 93,3 | 0,1 | 77,9 | 87,5 | 9,6 |
Hall Beach | 94,3 | 97,0 | 2,8 | 69,7 | 84,6 | 14,9 |
Igloolik | 96,1 | 94,3 | -1,8 | 70,1 | 84,4 | 14,4 |
Clyde River | 96,2 | 97,2 | 1,0 | 68,8 | 82,5 | 13,7 |
Arctic Bay | 94,6 | 96,0 | 1,4 | 80,6 | 87,3 | 6,7 |
Pond Inlet | 94,3 | 96,0 | 1,7 | 81,1 | 92,0 | 10,8 |
Resolute Bay | 78,6 | 84,2 | 5,6 | 92,9 | 97,4 | 4,5 |
Grise Fiord | 87,9 | 92,3 | 4,4 | 81,8 | 96,2 | 14,3 |
Kivalliq | 87,6 | 87,9 | 0,3 | 88,0 | 94,4 | 6,4 |
Coral Harbour | 96,5 | 96,6 | 0,2 | 85,9 | 97,2 | 11,3 |
Arviat | 94,7 | 95,1 | 0,4 | 74,9 | 83,4 | 8,5 |
Whale Cove | 95,1 | 91,9 | -3,2 | 91,8 | 100,0 | 9,4 |
Rankin Inlet | 73,7 | 79,5 | 5,8 | 95,8 | 99,1 | 3,3 |
Chesterfield Inlet | 95,5 | 90,4 | -5,2 | 92,5 | 98,8 | 6,3 |
Baker Lake | 87,4 | 81,2 | -6,2 | 90,4 | 97,8 | 7,4 |
Naujaat | 96,7 | 96,7 | 0,0 | 91,8 | 97,2 | 5,4 |
Kitikmeot | 61,4 | 57,4 | -4,0 | 95,6 | 98,9 | 3,3 |
Kugaaruk | 86,7 | 74,6 | -12,1 | 95,8 | 98,4 | 2,5 |
Kugluktuk | 47,5 | 51,9 | 4,3 | 96,7 | 99,7 | 3,0 |
Cambridge Bay | 42,3 | 33,6 | -8,7 | 97,7 | 99,1 | 1,4 |
Gjoa Haven | 76,6 | 72,1 | -4,4 | 94,3 | 98,5 | 4,2 |
Taloyoak | 77,6 | 72,7 | -4,9 | 94,4 | 98,0 | 3,6 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001 et 2016. |
Tableau 1.10 fin
Les communautés où la connaissance de l’anglais a connu les croissances les plus faibles sont généralement celles où elle était déjà très élevée (supérieure à 90 %). C’est dans ces communautés que la connaissance de l’inuktut a connu les variations les plus importantes en ce qui a trait aux proportions. À Kugaaruk, la proportion de la population capable de soutenir une conversation en inuktut était de 74,6 % en 2016, alors qu’elle était de 86,7 % en 2001. Cela équivaut à une baisse de 12,1 points de pourcentage. À Cambridge Bay, cette proportion est passée de 42,3 % en 2001 à 33,6 % en 2016, soit une baisse de 8,7 points de pourcentage. Une baisse de la connaissance de l’inuktut a également été observée à Baker Lake, Chesterfield Inlet, Gjoa Haven, Taloyoak et Iqaluit. Les communautés de Resolute Bay, Rankin Inlet et Kugluktuk se distinguent : bien que la connaissance de l’anglais, qui était déjà très élevée en 2001, ait connu une croissance relativement modérée, la connaissance de l’inuktut, qui y est dans chaque cas inférieure à la connaissance de l’anglais, y a connu une hausse relativement importante (respectivement de 5,6, 5,8 et 4,3 points de pourcentage).
1.2.1.2 Connaissance des langues chez la population inuite
Ces statistiques témoignent de deux éléments importants : la connaissance des langues est différente pour la population inuite et non inuite, et le bilinguisme inuktut-anglais est très élevé chez la population inuite (82,3 %). En 2016, 89,0 % de la population inuite du Nunavut était capable de soutenir une conversation en inuktut, comparativement à 8,3 % pour les non-Inuits (tableau 1.11). Presque tous les non-Inuits (98,9 %) au Nunavut étaient capables de soutenir une conversation en anglais. La connaissance de l’anglais était également très élevée chez les Inuits (93,2 %).
Tableau 1.11 début
Région et communauté | Population inuite | Population non inuiteTableau 1.11 Note 1 | ||
---|---|---|---|---|
Connaissance de l'inuktut | Connaissance de l'anglais | Connaissance de l'inuktut | Connaissance de l'anglais | |
pourcentage | ||||
Nunavut | 89,0 | 93,2 | 8,3 | 98,9 |
Qikiqtaaluk | 95,6 | 90,6 | 7,6 | 98,7 |
Iqaluit | 85,8 | 97,9 | 5,9 | 98,6 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 99,6 | 87,6 | 15,8 | 100,0 |
Sanikiluaq | 100,0 | 95,8 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Kimmirut | 100,0 | 87,5 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Cape Dorset | 99,6 | 91,1 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Pangnirtung | 98,9 | 85,3 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Qikiqtarjuaq | 100,0 | 87,5 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Hall Beach | 100,0 | 84,0 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Igloolik | 99,4 | 83,5 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Clyde River | 100,0 | 81,9 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Arctic Bay | 99,4 | 86,1 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Pond Inlet | 100,0 | 91,4 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Resolute Bay | 97,0 | 97,0 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Grise Fiord | 95,8 | 95,8 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Kivalliq | 95,1 | 94,0 | 13,7 | 98,9 |
Coral Harbour | 99,4 | 96,5 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Arviat | 99,2 | 82,7 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Whale Cove | 95,1 | 100,0 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Rankin Inlet | 93,6 | 98,9 | 14,3 | 100,0 |
Chesterfield Inlet | 96,2 | 100,0 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Baker Lake | 87,0 | 97,4 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Naujaat | 100,0 | 97,6 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Kitikmeot | 62,7 | 98,8 | 4,3 | 100,0 |
Kugaaruk | 77,5 | 98,9 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Kugluktuk | 56,3 | 99,3 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Cambridge Bay | 39,7 | 99,0 | 3,3 | 100,0 |
Gjoa Haven | 75,3 | 98,4 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Taloyoak | 75,5 | 98,0 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
... n'ayant pas lieu de figurer
|
Tableau 1.11 fin
Le tableau 1.12 montre qu’en 2016, les Inuits étaient plus nombreux à être capables de soutenir une conversation en anglais (28 150 personnes) qu’en inuktut (26 880 personnes). Cette situation s’observait parmi presque tous les groupes d’âge chez la population inuite, à l’exception des jeunes enfants de 0 à 4 ans, et des personnes âgées de 55 à 64 ans et de 65 ans et plus.
En fait, 82,3 % des Inuits étaient bilingues inuktut-anglais en 2016 (tableau 1.12). Les taux de bilinguisme inuktut-anglais étaient particulièrement élevés chez les Inuits âgés de 25 à 64 ans (92,1 %). Les groupes d’âge où les taux de bilinguisme inuktut-anglais parmi la population inuite étaient les plus faibles étaient les 65 ans et plus (59,7 %) et les 0 à 4 ans (61,8 %).
Tableau 1.12 début
Groupe d'âge | Population inuite totale | Connaissance de l'inuktut | Connaissance de l'anglais | Bilinguisme inuktut-anglais |
|||
---|---|---|---|---|---|---|---|
nombre | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Total | 30 190 | 26 880 | 89,0 | 28 150 | 93,2 | 24 845 | 82,3 |
0 à 14 ans | 10 935 | 9 210 | 84,2 | 9 635 | 88,1 | 7 910 | 72,3 |
0 à 4 ans | 3 810 | 3 155 | 82,8 | 3 010 | 79,0 | 2 355 | 61,8 |
5 à 9 ans | 3 875 | 3 305 | 85,3 | 3 500 | 90,3 | 2 925 | 75,5 |
10 à 14 ans | 3 245 | 2 750 | 84,7 | 3 125 | 96,3 | 2 625 | 80,9 |
15 à 24 ans | 5 770 | 4 945 | 85,7 | 5 700 | 98,8 | 4 875 | 84,5 |
15 à 19 ans | 2 975 | 2 565 | 86,2 | 2 940 | 98,8 | 2 520 | 84,7 |
20 à 24 ans | 2 795 | 2 380 | 85,2 | 2 770 | 99,1 | 2 350 | 84,1 |
25 à 64 ans | 12 380 | 11 625 | 93,9 | 12 145 | 98,1 | 11 400 | 92,1 |
25 à 34 ans | 4 700 | 4 240 | 90,2 | 4 660 | 99,1 | 4 195 | 89,3 |
35 à 44 ans | 3 240 | 3 075 | 94,9 | 3 210 | 99,1 | 3 050 | 94,1 |
45 à 54 ans | 2 905 | 2 815 | 96,9 | 2 840 | 97,8 | 2 750 | 94,7 |
55 à 64 ans | 1 535 | 1 505 | 98,0 | 1 430 | 93,2 | 1 405 | 91,5 |
65 ans et plus | 1 105 | 1 095 | 99,1 | 665 | 60,2 | 660 | 59,7 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.12 fin
Puisqu’une proportion élevée d’Inuits au Nunavut peuvent soutenir une conversation en Inuktut et en anglais, seulement une petite minorité de la population inuite ne connaît qu’une langue. En 2016, il y avait 2 015 Inuits (6,7 %) qui pouvaient soutenir une conversation seulement en inuktut, et 3 185 Inuits (10,5 %) qui ne connaissaient que l’anglais. Fait à noter, le nombre d’Inuits qui parlaient seulement l’anglais est plus important que le nombre de ceux qui parlaient seulement l’inuktut dans tous les groupes d’âge sauf chez les enfants d’âge préscolaire et chez les personnes de 55 ans et plus. Chez les enfants inuits de 0 à 4 ans, 800 ne parlaient que l’inuktut en 2016, comparativement à 635 qui ne parlaient que l’anglais. Parmi les adultes âgés de 55 ans et plus, 525 parlaient seulement l’inuktut et 40 parlaient seulement l’anglais.
Quoique la proportion de la population inuite ayant une connaissance de l’inuktut demeurait élevée en 2016 (89,0 %), elle a diminué depuis 2001, alors que 91,6 % des Inuits au Nunavut pouvaient soutenir une conversation en inuktut. À l’exception des Inuits âgés de 65 ans et plus, la proportion de la population inuite capable de converser en inuktut a diminué parmi tous les groupes d’âge analysés (tableau 1.13). Les baisses sur la période de 15 ans étaient plus prononcées parmi les jeunes Inuits âgés de 0 à 34 ans, à l’exception du groupe d’âge des 5 à 9 ans qui affichait la plus petite diminution.
En contrepartie, la connaissance de l’anglais parmi la population inuite a augmenté au cours de la même période, passant de 84,5 % en 2001 à 93,2 % en 2016. Cette augmentation est survenue parmi tous les groupes d’âge analysés, mais elle était particulièrement prononcée chez les enfants inuits de 0 à 9 ans et les adultes inuits âgés de 45 ans ou plus.
Dans l’ensemble de la population inuite au Nunavut, le taux de bilinguisme inuktut-anglais a également augmenté de 2001 à 2016 (de 76,1 % à 82,3 %). Par contre, il a diminué au cours de cette période parmi les adolescents et jeunes adultes inuits âgés de 15 à 34 ans.
Tableau 1.13 début
Groupe d'âge | Connaissance de l'inuktut | Connaissance de l'anglais | Bilinguisme inuktut-anglais | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
2001 | 2016 | Variation | 2001 | 2016 | Variation | 2001 | 2016 | Variation | |
pourcentage | point de pourcentage |
pourcentage | point de pourcentage |
pourcentage | point de pourcentage |
||||
Total | 91,6 | 89,0 | -2,5 | 84,5 | 93,2 | 8,8 | 76,1 | 82,3 | 6,2 |
0 à 14 ans | 87,0 | 84,2 | -2,8 | 78,2 | 88,1 | 9,9 | 65,2 | 72,3 | 7,2 |
0 à 4 ans | 86,9 | 82,8 | -4,1 | 63,8 | 79,0 | 15,2 | 50,6 | 61,8 | 11,2 |
5 à 9 ans | 85,8 | 85,3 | -0,5 | 78,7 | 90,3 | 11,7 | 64,8 | 75,5 | 10,7 |
10 à 14 ans | 88,0 | 84,7 | -3,2 | 92,2 | 96,3 | 4,1 | 80,2 | 80,9 | 0,7 |
15 à 24 ans | 90,8 | 85,7 | -5,1 | 97,5 | 98,8 | 1,3 | 88,4 | 84,5 | -3,9 |
15 à 19 ans | 89,7 | 86,2 | -3,5 | 97,4 | 98,8 | 1,4 | 87,1 | 84,7 | -2,4 |
20 à 24 ans | 92,2 | 85,2 | -7,1 | 97,3 | 99,1 | 1,8 | 89,8 | 84,1 | -5,7 |
25 à 64 ans | 96,7 | 93,9 | -2,8 | 89,5 | 98,1 | 8,6 | 86,1 | 92,1 | 5,9 |
25 à 34 ans | 94,9 | 90,2 | -4,7 | 97,9 | 99,1 | 1,3 | 92,9 | 89,3 | -3,6 |
35 à 44 ans | 96,9 | 94,9 | -1,9 | 97,1 | 99,1 | 2,0 | 94,1 | 94,1 | 0,0 |
45 à 54 ans | 98,3 | 96,9 | -1,4 | 82,9 | 97,8 | 14,8 | 81,6 | 94,7 | 13,1 |
55 à 64 ans | 98,9 | 98,0 | -0,8 | 44,9 | 93,2 | 48,2 | 44,9 | 91,5 | 46,6 |
65 ans et plus | 97,6 | 99,1 | 1,5 | 22,6 | 60,2 | 37,6 | 20,2 | 59,7 | 39,6 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001 et 2016. |
Tableau 1.13 fin
Une façon de préserver et revitaliser une langue est de s’assurer que les jeunes apprennent cette langue dès l’enfance et la maintienne en l’utilisant régulièrement dans la vie de tous les jours. Le tableau 1.14 met l’accent sur la population inuite au Nunavut âgée de 0 à 34 ans, et permet de constater que la connaissance de l’inuktut chez les enfants, adolescents et jeunes adultes varie beaucoup en fonction des régions et des communautés.
À l’exception d’Iqaluit, presque tous les jeunes Inuits âgés de 0 à 34 ans de chaque communauté de la région de Qikiqtaaluk pouvaient soutenir une conversation en inuktut en 2016. Dans la capitale, la proportion de cette population ayant une connaissance de l’inuktut a grandement diminué entre 2001 et 2016 pour chacun des quatre groupes d’âge analysés. La baisse était la plus marquée chez les enfants inuits d’âge préscolaire : 84,5 % d’entre eux étaient capables de parler l’inuktut en 2001, comparativement à 70,7 % en 2016 (tableau 1.14).
Dans plusieurs des communautés situées dans la région de Kivalliq, la proportion d’Inuits âgés de 0 à 34 ans pouvant soutenir une conversation en inuktut était très élevée en 2016. La communauté de Baker Lake se distingue sur cet aspect : les Inuits de 0 à 34 ans y sont proportionnellement moins nombreux à pouvoir soutenir une conversation en inuktut. Ils ont également connu la plus forte baisse de leur capacité de soutenir une conversation en inuktut entre 2001 et 2016, en comparaison avec les Inuits du même groupe d’âge des autres communautés de la région. La baisse la plus prononcée est survenue chez les Inuits âgés de 15 à 24 ans (de 93,5 % en 2001 à 80,3 % en 2016). En contrepartie, il y a une hausse de la capacité de soutenir une conversation en inuktut dans certains groupes d’âge chez les Inuits de Coral Harbour, Arviat, Rankin Inlet et Naujaat.
La connaissance de l’inuktut chez les Inuits de 0 à 34 ans était beaucoup plus faible en 2016 dans la région de Kitikmeot et elle s’est détériorée en général plus rapidement que dans les autres régions. À Cambridge Bay, la proportion de la population inuite de 0 à 34 ans pouvant soutenir une conversation en inuktut pour chacun des quatre groupes d’âge était nettement plus faible que dans les autres communautés du Kitikmeot en 2016. Cette année-là, seulement 13,8 % des enfants inuits d’âge préscolaire à Cambridge Bay pouvaient converser en inuktut. Kugluktuk affichait également des proportions plus faibles pour chacun des quatre groupes d’âge entre 0 et 34 ans que les trois autres communautés de la région, mais contrairement à ces communautés et à Cambridge Bay, la proportion d’Inuits âgés de 0 à 4 ans, de 5 à 14 ans et de 15 à 24 ans pouvant soutenir une conversation en inuktut a augmenté de 2001 à 2016.
Tableau 1.14 début
Région et communauté | Population inuite | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
0 à 4 ans | 5 à 14 ans | 15 à 24 ans | 25 à 34 ans | |||||
2001 | 2016 | 2001 | 2016 | 2001 | 2016 | 2001 | 2016 | |
pourcentage | ||||||||
Nunavut | 86,9 | 82,8 | 86,9 | 85,0 | 90,8 | 85,7 | 94,9 | 90,2 |
Qikiqtaaluk | 95,8 | 92,2 | 96,2 | 93,1 | 98,2 | 95,3 | 98,6 | 96,6 |
Iqaluit | 84,5 | 70,7 | 88,7 | 75,4 | 95,3 | 83,7 | 96,2 | 88,9 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 98,8 | 99,6 | 99,4 | 99,6 | 99,4 | 100,0 | 99,2 | 99,4 |
Sanikiluaq | 100,0 | 95,5 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
KimmirutTableau 1.14 Note 1 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 94,4 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Cape Dorset | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 98,5 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 97,6 |
Pangnirtung | 100,0 | 100,0 | 98,4 | 98,5 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 97,5 |
QikiqtarjuaqTableau 1.14 Note 1 | 100,0 | 100,0 | 96,0 | 92,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Hall Beach | 100,0 | 96,6 | 97,1 | 100,0 | 100,0 | 96,8 | 100,0 | 100,0 |
Igloolik | 100,0 | 97,8 | 98,6 | 98,8 | 97,9 | 98,3 | 100,0 | 97,9 |
Clyde River | 100,0 | 96,2 | 100,0 | 97,9 | 96,7 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Arctic Bay | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Pond Inlet | 97,1 | 100,0 | 98,4 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 98,0 |
Resolute BayTableau 1.14 Note 1 | 80,0 | 100,0 | 80,0 | 85,7 | 87,5 | 85,7 | 100,0 | 100,0 |
Grise FiordTableau 1.14 Note 1 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 85,7 | 100,0 | 100,0 |
Kivalliq | 94,0 | 92,9 | 93,8 | 93,5 | 97,5 | 92,6 | 98,1 | 96,5 |
Coral Harbour | 100,0 | 100,0 | 97,7 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Arviat | 98,2 | 98,5 | 100,0 | 97,5 | 98,5 | 99,1 | 96,5 | 100,0 |
Whale CoveTableau 1.14 Note 1 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 81,8 | 90,0 | 93,8 | 100,0 | 100,0 |
Rankin Inlet | 89,8 | 88,9 | 87,0 | 89,9 | 95,0 | 90,4 | 96,2 | 97,3 |
Chesterfield InletTableau 1.14 Note 1 | 100,0 | 90,9 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 93,3 | 100,0 | 92,3 |
Baker Lake | 81,8 | 75,0 | 88,9 | 81,9 | 93,5 | 80,3 | 97,6 | 91,2 |
Naujaat | 100,0 | 96,8 | 100,0 | 98,4 | 96,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Kitikmeot | 50,4 | 43,6 | 50,0 | 50,2 | 59,6 | 49,8 | 80,3 | 64,3 |
Kugaaruk | 89,5 | 50,0 | 88,2 | 72,7 | 100,0 | 66,7 | 100,0 | 92,3 |
Kugluktuk | 19,2 | 36,7 | 24,1 | 36,1 | 35,0 | 45,7 | 67,7 | 55,6 |
Cambridge Bay | 24,0 | 13,8 | 28,8 | 18,3 | 37,8 | 20,7 | 60,0 | 34,9 |
Gjoa Haven | 65,4 | 61,1 | 66,0 | 65,0 | 76,5 | 63,8 | 93,5 | 76,3 |
Taloyoak | 72,2 | 51,9 | 65,8 | 68,8 | 84,0 | 69,4 | 94,4 | 75,8 |
|
Tableau 1.14 fin
1.2.1.3 Capacité de parler l’inuktut par les populations non inuites
En 2016, 8,3 % des non-Inuits vivant au Nunavut étaient capables de soutenir une conversation en inuktut (450 personnes). La connaissance de l’inuktut par les non-Inuits varie d’un recensement à l’autre, sans toutefois présenter de tendance claire. Elle est passée de 7,5 % en 2001 à 12,6 % en 2006, puis à 7,8 % en 2011. La population non inuite est susceptible de changer de manière relativement importante en fonction des migrations entre les provinces et territoires, ce qui peut expliquer ces fluctuations.
Début de l'encadréEncadré 3 : Quelle est la capacité à parler l’inuktut : très bien, relativement bien, avec effort, seulement quelques mots? Dans quelle mesure l’inuktut est-il compris?
La section précédente a fourni des renseignements sur les Inuits du Nunavut qui parlaient suffisamment bien l’inuktut pour converser, selon les données du recensement ou de l’ENM. Dans l’encadré 3, les données linguistiques tirées de l’EAPA de 2012 sont utilisées afin de fournir un aperçu complémentaire de la façon dont les Inuits du Nunavut ont évalué leur capacité à parler l’inuktut, allant de seulement quelques mots à très bien, ainsi que de la mesure dans laquelle ils comprennent la langue.
En 2012, parmi les 23 270 Inuits estimés âgés de 6 ans et plus vivant au Nunavut, 96 % ont dit qu’ils pouvaient au moins parler quelques mots d’inuktut.
La grande majorité des Inuits âgés de 6 ans et plus du Nunavut qui parlaient inuktut en 2012 ont dit qu’ils le parlaient très bien (63 %), tandis qu’un autre 15 % ont dit qu’ils le parlaient relativement bien. D’un autre côté, 13 % pouvaient seulement parler quelques mots d’inuktut, tandis que les 8 % restants ont dit qu’ils pouvaient parler la langue avec effort (graphique A).
Toutefois, une capacité minimale de parler l’inuktut ne signifie pas nécessairement que la langue n’est pas bien comprise. Parmi les 4 720 Inuits âgés de 6 ans et plus qui parlaient inuktut avec effort ou qui ne pouvaient parler que quelques mots, près de la moitié (48 %) ont évalué que leur capacité à le comprendre était soit relativement bien, soit très bien.
Graphique A début
Tableau de données du graphique A
Parlent très bien | Parlent relativement bien | Parlent avec effort | Parlent seulement quelques mots | |
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Inuits de 6 ans et plus qui parlent l'inuktut | 63 | 15 | 8 | 13 |
Notes : Les valeurs manquantes (« ne sait pas », « non déclaré » et « refus ») ont été exclues du dénominateur au moment de calculer les pourcentages. La somme des pourcentages ne totalise pas 100 %, puisque les chiffres ont été arrondis. Source : Statistique Canada, Enquête auprès des peuples autochtones de 2012. |
Graphique A fin
La capacité auto-évaluée à parler l’inuktut variait selon le groupe d’âge. Comparativement aux enfants et aux jeunes, les adultes étaient plus susceptibles de bien parler l’inuktut. Parmi les locuteurs de l’inuktut, presque tous les Inuits de 55 ans et plus (98 %), et près de 9 Inuits sur 10 âgés de 25 à 54 ans, ont déclaré parler très bien ou relativement bien l’inuktut. Les proportions étaient plus faibles pour les enfants inuits de 6 à 14 ans et les jeunes Inuits de 15 à 24 ans. Pour les deux groupes de locuteurs de l’inuktut, environ 7 sur 10 ont déclaré parler très bien ou relativement bien cette langue (graphique B).
Bien qu’environ le tiers des enfants et des jeunes Inuits parlaient l’inuktut avec effort ou ne parlaient que quelques mots, un certain nombre d’entre eux pouvaient le comprendre très bien ou relativement bien. Parmi les 1 860 enfants inuits de 6 à 14 ans dont la capacité à parler l’inuktut est minimale, environ 4 sur 10 (43 %) pouvaient bien le comprendre. Parmi les 1 660 jeunes Inuits âgés de 15 à 24 ans qui ne parlaient pas bien l’inuktut, un peu plus de la moitié (53 %) pouvaient toutefois bien le comprendre. La différence dans les proportions d’enfants et de jeunes n’était pas statistiquement significative.
Graphique B début
Tableau de données du graphique B
Parle très bien ou relativement bien | Parle avec effort ou ne parle que quelques mots | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | Intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | Intervalle de confiance de 95 % | |||
Inférieur | Supérieur | Inférieur | Supérieur | |||
6 ans et plus | 78 | 2 | 2 | 22 | 2 | 2 |
6 à 14 ans | 65Note * | 5 | 5 | 35 | 5 | 5 |
15 à 24 ans | 68Note * | 5 | 5 | 32 | 5 | 5 |
25 à 54 ans | 87Tableau de Note † | 3 | 3 | 13 | 3 | 3 |
55 ans et plus | 98Note * | 10 | 2 | Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique | Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique | Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique |
x confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique
Source : Statistique Canada, Enquête auprès des peuples autochtones de 2012. |
Graphique B fin
1.2.2 Langues parlées à la maison
La capacité de soutenir une conversation dans une langue est une condition essentielle à son utilisation dans différentes situations de la vie quotidienne. Les données de recensement fournissent de l’information sur la langue parlée à la maison et sur la langue utilisée au travail (voir l’encadré 1 pour les définitions de ces deux concepts de langue). Le fait de connaître une langue ne signifie pas nécessairement qu’on l’utilise sur une base régulière à la maison. Parler une langue régulièrement à la maison favorise le maintien de la connaissance de la langue, de même que la transmission de cette langue aux enfants. En 2016, 73,8 % de la population du Nunavut déclarait parler l’inuktut à la maison au moins sur une base régulière, ce qui équivaut à 26 270Note personnes. Cette proportion est légèrement supérieure à celle observée en 2001 (73,4 %), alors que 19 480 personnes parlaient l’inuktut à la maison.
Par contre, l’inuktut est de moins en moins la principale langue d’usage au foyer. En 2016, l’inuktut était la principale langue d’usage au foyer de 51,4 % de la population du Nunavut, comparativement à 58,1 % en 2001 (voir le graphique 1.7). Cette baisse de 6,7 points de pourcentage de l’usage de l’inuktut au foyer comme langue principale est accompagnée d’une hausse de 7,1 points de pourcentage de l’usage secondaire de la langue.
Ainsi, sous l’apparente hausse de l’utilisation de l’inuktut à la maison, on constate un déplacement de l’usage de l’inuktut comme langue principale vers un usage secondaire de la langue.
Graphique 1.7 début
Tableau de données du graphique 1.7
2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Langue principale | 58,1 | 54,8 | 52,4 | 51,4 |
Langue secondaire | 15,3 | 17,8 | 20,9 | 22,5 |
Total | 73,4 | 72,6 | 73,2 | 73,8 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 1.7 fin
À la maison, l’inuktut est principalement parlée par les Inuits. Dans l’ensemble du Nunavut, 98,8 % des personnes qui parlent l’inuktut à la maison sont d’identité inuite. En 2016, 5,8 % des non-Inuits ont déclaré parler l’inuktut à la maison, ce qui équivaut à 315 personnes sur un total de 5 390 non-Inuits. En comparaison, 86,0 % des Inuits ont déclaré parler l’inuktut à la maison en 2016.
La proportion de la population inuite qui parle l’inuktut à la maison est plus élevée chez les personnes plus âgées : 98,6 % des Inuits âgés de 65 ans et plus parlaient l’inuktut en 2016, comparativement à 80,7 % des Inuits âgés de 0 à 4 ans (graphique 1.8).
Graphique 1.8 début
Tableau de données du graphique 1.8
Groupe d'âge | Pourcentage |
---|---|
Total | 86,0 |
0 to 4 years | 80,7 |
5 to 9 years | 83,1 |
10 to 14 years | 82,3 |
15 to 19 years | 82,7 |
20 to 24 years | 81,4 |
25 to 34 years | 86,3 |
35 to 44 years | 91,4 |
45 to 54 years | 92,8 |
55 to 64 years | 95,1 |
65 years and older | 98,6 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Graphique 1.8 fin
Toujours au sein de la population inuite, l’utilisation de l’inuktut varie plus fortement d’une communauté à l’autre. Dans la région de Kitikmeot, 55,5 % des Inuits parlent l’inuktut à la maison, comparativement à 93,6 % dans la région de Qikiqtaaluk et à 93,1 % dans la région de Kivalliq (tableau 1.15). Même au sein des régions, les variations sont importantes. À Iqaluit, 79,9 % des Inuits parlent l’inuktut à la maison, alors qu’ils sont 99,2 % à en faire autant dans l’ensemble des autres communautés de la région de Qikiqtaaluk. Pratiquement tous les Inuits parlent l’inuktut à la maison dans chacune des autres communautés de la région de Qikiqtaaluk. L’inuktut est un peu moins parlée par les Inuits dans les communautés de Resolute Bay (87,9 %) et de Grise Fiord (91,7 %), plus au nord.
Tableau 1.15 début
Région et communauté | Population inuite totaleTableau 1.15 Note 1 | Langue parlée à la maison | |||
---|---|---|---|---|---|
Inuktut | Anglais | ||||
nombre | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Nunavut | 30 190 | 25 955 | 86,0 | 21 715 | 71,9 |
Qikiqtaaluk | 14 905 | 13 950 | 93,6 | 8 860 | 59,4 |
Iqaluit | 4 295 | 3 430 | 79,9 | 3 785 | 88,1 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 10 610 | 10 520 | 99,2 | 5 080 | 47,9 |
Sanikiluaq | 840 | 840 | 100,0 | 585 | 69,6 |
Kimmirut | 365 | 360 | 98,6 | 215 | 58,9 |
Cape Dorset | 1 345 | 1 340 | 99,6 | 730 | 54,3 |
Pangnirtung | 1 390 | 1 375 | 98,9 | 455 | 32,7 |
Qikiqtarjuaq | 560 | 565 | 100,0 | 130 | 23,2 |
Hall Beach | 815 | 815 | 100,0 | 400 | 49,1 |
Igloolik | 1 575 | 1 565 | 99,4 | 665 | 42,2 |
Clyde River | 1 020 | 1 020 | 100,0 | 370 | 36,3 |
Arctic Bay | 825 | 825 | 100,0 | 410 | 49,7 |
Pond Inlet | 1 515 | 1 510 | 99,7 | 810 | 53,5 |
Resolute Bay | 165 | 145 | 87,9 | 150 | 90,9 |
Grise Fiord | 120 | 110 | 91,7 | 105 | 87,5 |
Kivalliq | 9 375 | 8 725 | 93,1 | 7 180 | 76,6 |
Coral Harbour | 860 | 850 | 98,8 | 810 | 94,2 |
Arviat | 2 515 | 2 485 | 98,8 | 780 | 31,0 |
Whale Cove | 415 | 390 | 94,0 | 385 | 92,8 |
Rankin Inlet | 2 280 | 2 040 | 89,5 | 2 090 | 91,7 |
Chesterfield Inlet | 390 | 370 | 94,9 | 385 | 98,7 |
Baker Lake | 1 890 | 1 560 | 82,5 | 1 805 | 95,5 |
Naujaat | 1 030 | 1 025 | 99,5 | 925 | 89,8 |
Kitikmeot | 5 905 | 3 280 | 55,5 | 5 670 | 96,0 |
Kugaaruk | 895 | 655 | 73,2 | 810 | 90,5 |
Kugluktuk | 1 345 | 635 | 47,2 | 1 295 | 96,3 |
Cambridge Bay | 1 430 | 410 | 28,7 | 1 405 | 98,3 |
Gjoa Haven | 1 255 | 890 | 70,9 | 1 215 | 96,8 |
Taloyoak | 980 | 690 | 70,4 | 945 | 96,4 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 1.15 fin
Dans la région de Kivalliq, l’utilisation de l’inuktut à la maison par les Inuits est un peu moins fréquente à Baker Lake (82,5 %) et à Rankin Inlet (89,5 %). Les différences les plus importantes sont toutefois observées dans la région de Kitikmeot, où la proportion de la population inuite qui parle l’inuktut à la maison est de 28,7 % à Cambridge Bay et de 47,2 % à Kugluktuk, alors qu’elle est supérieure à 70 % dans les trois autres communautés de la région.
1.2.2.1 Usage de plusieurs langues à la maison
La majorité des Inuits (58,4 %) parlaient plus d’une langue à la maison en 2016. Ils sont de plus en plus nombreux à faire ainsi : en 2001, 52,2 % des Inuits parlaient plus d’une langue à la maison. La proportion de la population inuite parlant plus d’une langue à la maison a connu une croissance de 6,2 points de pourcentage de 2001 à 2016. Le graphique 1.9 démontre que cette croissance s’est produite principalement au cours du dernier lustre, entre 2011 et 2016.
Graphique 1.9 début
Tableau de données du graphique 1.9
Inuits | Non-Inuits | Population totale | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Rencensements de la population |
|||
2001 | 52,2 | 13,0 | 46,4 |
2006 | 53,7 | 16,5 | 47,8 |
Enquête Nationale auprès des ménages |
|||
2011 | 53,8 | 19,0 | 48,7 |
Rencensement de la population |
|||
2016 | 58,4 | 22,4 | 52,9 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 1.9 fin
Le graphique 1.9 témoigne également du fait que cette tendance caractérise aussi la population non inuite, bien que le fait de parler plus d’une langue à la maison soit moins courant chez les non-Inuits. En effet, 22,4 % d’entre eux parlaient plus d’une langue à la maison en 2016, principalement une combinaison de l’anglais avec l’inuktut, le français ou une autre langue, en hausse de 9,4 points de pourcentage par rapport à 2001 (13,0 %).
Lorsque les Inuits parlent plus d’une langue à la maison, il s’agit dans pratiquement tous les cas (99,3 %) d’une combinaison de l’inuktut et de l’anglais. Ainsi, dans l’ensemble, 58,0 % des Inuits parlent l’inuktut et l’anglais à la maison. Plus précisément, 30,4 % des Inuits parlent principalement l’inuktut à la maison en combinaison avec l’anglais comme langue d’usage secondaire, alors que 25,8 % d’entre eux parlent principalement l’anglais avec l’inuktut comme langue d’usage secondaire. Enfin, 1,8 % des Inuits ont déclaré parler l’inuktut et l’anglais à égalité à la maison.
En comparaison avec 2001, on observe non seulement que l’usage combiné de l’inuktut et de l’anglais à la maison est en croissance, mais également que l’anglais est de plus en plus la principale langue d’usage à la maison chez les Inuits. En 2001, 34,0 % des Inuits parlaient principalement l’inuktut à la maison en combinaison avec l’anglais comme langue d’usage secondaire, alors que 17,4 % d’entre eux parlaient principalement l’anglais avec l’inuktut comme langue d’usage secondaire.
Utilisation de l’anglais à la maison par les Inuits
En somme, si l’utilisation au moins régulière de l’inuktut à la maison est stable chez les Inuits – en fait, elle est passée de 85,6 % en 2001 à 86,0 % en 2016 –, l’anglais y occupe une place croissante. En 2001, 66,5 % de la population inuite parlait l’anglais à la maison, comparativement à 71,9 % en 2016. C’est principalement l’utilisation conjointe de l’inuktut et de l’anglais qui est en croissance; l’utilisation exclusive de l’inuktut à la maison est passée de 33,4 % en 2001 à 27,9 % en 2016, une baisse de 5,5 points de pourcentage.
Début de l'encadréEncadré 4 : Quelle est la capacité à parler l’inuktut lorsqu’il est utilisé à la maison comme langue principale, secondaire ou pas du tout?
La section 1.2.2 indiquait que la grande majorité des Inuits du Nunavut parlaient l’inuktut à la maison, selon les données du Recensement de 2016, mais également que depuis 2001, une proportion grandissante de ces derniers utilisaient l’anglais à la maison. Avec l’utilisation accrue de l’anglais à la maison, que ce soit comme langue principale ou secondaire, on peut se demander comment les Inuits peuvent conserver leur capacité à parler l’inuktut.
Puisque l’EAPA de 2012 a utilisé un sous-ensemble de répondants de l’ENM de 2011, les données linguistiques recueillies dans l’ENM sont également disponibles pour les personnes qui ont répondu à l’EAPA de 2012, ce qui fournit des renseignements supplémentaires sur leurs caractéristiques linguistiques. Le graphique C combine ces deux sources de données en indiquant la ou les langues parlées à la maison, tirées de l’ENM de 2011 et la capacité auto-évaluée de parler l’inuktut, tirée de l’EAPA de 2012.
Au Nunavut, près de 9 Inuits sur 10 âgés de 6 ans et plus qui parlaient l’inuktut en 2012 a déclaré que l’inuktut était la langue principale utilisée à la maison et qu’ils la parlaient très bien ou relativement bien (graphique C). La proportion d’Inuits qui parlaient bien l’inuktut était légèrement plus élevée lorsque l’inuktut était la seule langue parlée à la maison (95 %) que lorsque l’inuktut était la langue principale à la maison et que l’anglais était la langue secondaire (91 %).
Toutefois, une plus petite proportion des Inuits âgés de 6 ans et plus qui parlaient l’inuktut (65 %) le parlaient très bien ou relativement bien tandis que l’anglais était la langue principale utilisée à la maison et que l’inuktut était la langue secondaire.
Il n’est pas surprenant de constater que les Inuits âgés de 6 ans et plus qui utilisaient uniquement l’anglais à la maison étaient ceux qui avaient le plus de difficulté à parler l’inuktut : environ 6 sur 10 le parlaient avec effort ou ne parlaient que quelques mots. Toutefois, les 4 sur 10 restants pouvaient parler très bien ou relativement bien l’inuktut, même s’ils n’utilisaient pas cette langue à la maison. Parmi les 1 140 Inuit qui sont dans cette situation, 85 % ont déclarés qu’ils étaient en contact avec une langue autochtone à l’extérieur de la maison tous les jours.
Graphique C début
Tableau de données du graphique C
Parle très bien ou relativement bien | Parle avec effort ou ne parle que quelques mots | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | Intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | Intervalle de confiance de 95 % | |||
Inférieur | Supérieur | Inférieur | Supérieur | |||
Seul l'inuktut est parlé à la maison | 95Tableau de Note † | 3 | 2 | 5 | 2 | 3 |
L'inuktut est la principale langue parlée à la maison et l'anglais est la deuxième | 91Note * | 3 | 2 | 9 | 2 | 3 |
L'anglais est la principale langue parlée à la maison et l'inuktut est la deuxième | 65Note * | 5 | 5 | 35 | 5 | 5 |
Seul l'anglais est parlé à la maison | 40Note * | 7 | 7 | 60 | 7 | 7 |
Sources : Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages de 2011; Enquête auprès des peuples autochtones de 2012. |
Graphique C fin
2. Transferts linguistiques, exogamie et transmission de la langue maternelle
La vitalité d’une langue dépend de plusieurs facteurs qui peuvent favoriser ou non sa transmission et sa rétention au sein d’une population. L’exogamie linguistique, les transferts linguistiques et la transmission intergénérationnelle sont trois facteurs importants qui peuvent affecter la vitalité d’une langue. Par exemple, l’exogamie linguistique, c’est-à-dire le fait de vivre en couple avec une personne de langue maternelle différente de la sienne, peut mener certaines personnes à abandonner leur langue maternelle comme langue d’usage à la maison (transferts linguistiques). Le fait d’utiliser une langue à la maison favorise la transmission de cette langue aux enfants.
2.1 Transferts linguistiques
Un transfert (ou substitution) linguistique désigne une situation où une personne a cessé d’utiliser sa langue maternelle à la maison. La langue maternelle peut être délaissée comme langue d’usage au foyer, auquel cas il sera question de transfert linguistique completNote . Dans d’autres cas, la langue maternelle n’est plus la principale langue d’usage à la maison, mais continue d’être utilisée comme langue secondaire sur une base régulière. Dans ces cas, il sera question de transferts linguistiques partielsNote .
Le tableau 2.1 présente les taux de transferts linguistiques de la population inuite dans les différentes régions et communautés du Nunavut. Il permet de constater que les taux de transferts linguistiques complets sont assez faibles chez les Inuits de langue maternelle inuktut. Ainsi, bien que 23,7 % des Inuits de langue maternelle inuktut n’ont plus leur langue maternelle comme principale langue d’usage au foyer, seulement 2,7 % d’entre eux ne la parlent plus au moins sur une base régulière à la maison. Dans la région de Kitikmeot, 71,9 % des Inuits de langue maternelle inuktut ont effectué un transfert linguistique. Il s’agit d’un transfert partiel pour 59,2 % des Inuits de langue maternelle inuktut de la région, qui continuent d’utiliser leur langue maternelle comme langue secondaire au foyer.
Tableau 2.1 début
Transfert linguistique partiel | Transfert linguistique complet | Taux de transfert linguistique | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Nunavut | 21,0 | 2,7 | 23,7 |
Qikiqtaaluk | 11,4 | 1,7 | 13,2 |
Iqaluit | 39,0 | 6,0 | 45,0 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 3,2 | 0,4 | 3,6 |
Sanikiluaq | 9,2 | 0,0 | 9,2 |
Kimmirut | 4,3 | 0,0 | 4,3 |
Cape Dorset | 1,9 | 0,0 | 1,9 |
Pangnirtung | 0,7 | 0,7 | 1,5 |
Qikiqtarjuaq | 0,0 | 1,7 | 1,7 |
Hall Beach | 1,8 | 0,0 | 1,8 |
Igloolik | 1,0 | 0,7 | 1,6 |
Clyde River | 0,0 | 0,0 | 0,0 |
Arctic Bay | 3,1 | 0,0 | 3,1 |
Pond Inlet | 2,0 | 0,0 | 2,0 |
Resolute Bay | 40,0 | 8,0 | 48,0 |
Grise Fiord | 45,0 | 10,0 | 55,0 |
Kivalliq | 27,3 | 1,8 | 29,1 |
Coral Harbour | 46,5 | 0,0 | 46,5 |
Arviat | 1,6 | 0,0 | 1,6 |
Whale Cove | 47,9 | 0,0 | 47,9 |
Rankin Inlet | 36,9 | 3,3 | 40,2 |
Chesterfield Inlet | 34,4 | 3,1 | 37,5 |
Baker Lake | 69,8 | 3,9 | 73,7 |
Naujaat | 11,7 | 0,0 | 11,7 |
Kitikmeot | 59,2 | 12,7 | 71,9 |
Kugaaruk | 49,4 | 5,7 | 55,2 |
Kugluktuk | 60,0 | 17,1 | 77,1 |
Cambridge Bay | 48,6 | 36,1 | 84,7 |
Gjoa Haven | 65,1 | 4,7 | 69,8 |
Taloyoak | 66,3 | 8,7 | 75,0 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 2.1 fin
Le tableau 2.2 permet de constater que les taux de transferts linguistiques sont en baisse en 2016 par rapport à 2011 pour les Inuits de langue maternelle inuktut, après avoir connu des hausses régulières de 2001 à 2011. De même, les taux de transferts linguistiques complets sont en net recul en 2016 par rapport aux taux observés depuis 2001.
Tableau 2.2 début
Transfert linguistique partiel |
Transfert linguistique complet |
Taux de transfert linguistique |
|
---|---|---|---|
pourcentage | |||
2001 | 15,1 | 5,1 | 20,2 |
2006 | 17,9 | 5,7 | 23,6 |
2011 | 21,3 | 4,8 | 26,1 |
2016 | 21,0 | 2,7 | 23,7 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Tableau 2.2 fin
Cette amélioration apparente masque toutefois la transmission incomplète de l’inuktut comme langue maternelle. En effet, une personne qui ne se voit pas transmettre l’inuktut comme langue maternelle n’apparaît pas dans le calcul des taux de transferts linguistiques. Le graphique 2.1 présente un portrait plus complet des transferts linguistiques en incluant les cas de non transmission de la langue maternelle. Il permet de constater que la proportion des Inuits qui ont l’inuktut comme langue maternelle et qui en font un usage unique à la maison est faible dans les communautés de la région de Kitikmeot, ce qui témoigne de la grande place de l’anglais dans ces communautés. On constate également les limites de la mesure des transferts linguistiques dans ces communautés où moins de 50 % des Inuits ont l’inuktut comme langue maternelle.
Par exemple, à Cambridge Bay, le taux de transferts linguistiques est de 84,7 % (tableau 2.1), mais ce taux ne tient pas compte du fait que 75,3 % des Inuits de la communauté n’ont pas l’inuktut comme langue maternelle (graphique2.1). Selon le graphique 2.1, 20,9 % des Inuits de la communauté de Cambridge Bay ont fait un transfert linguistique (12,0 % ont fait un transfert linguistique partiel et 8,9 % un transfert complet). Le graphique 2.1 illustre également le fait que 1,0 % des Inuits de Cambridge Bay ont l’inuktut comme langue maternelle et utilisent seulement cette langue à la maison (rétention complète – usage unique), et 2,7 % des Inuits ont l’inuktut comme langue maternelle et l’utilisent à la maison en combinaison avec une autre langue (rétention complète – usage combiné).
Graphique 2.1 début
Tableau de données du graphique 2.1
Rétention complète - usage unique | Rétention complète - usage combiné | Transfert linguistique partiel | Transfert linguistique complet | Non transmission de la langue maternelle inuktut | |
---|---|---|---|---|---|
pourcentage | |||||
Nunavut | 8 275 | 9 375 | 4 855 | 630 | 7 075 |
Qikiqtaaluk | 5 955 | 5 735 | 1 535 | 235 | 1 415 |
Iqaluit | 480 | 1 250 | 1 225 | 190 | 1 145 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 5 470 | 4 500 | 330 | 40 | 265 |
Sanikiluaq | 250 | 490 | 75 | 0 | 30 |
Kimmirut | 140 | 190 | 15 | 0 | 10 |
Cape Dorset | 620 | 665 | 25 | 0 | 25 |
Pangnirtung | 930 | 415 | 10 | 10 | 20 |
Qikiqtarjuaq | 435 | 135 | 0 | 10 | 0 |
Hall Beach | 420 | 380 | 15 | 0 | 10 |
Igloolik | 890 | 615 | 15 | 10 | 55 |
Clyde River | 650 | 365 | 0 | 0 | 15 |
Arctic Bay | 410 | 365 | 25 | 0 | 15 |
Pond Inlet | 700 | 755 | 30 | 0 | 30 |
Resolute Bay | 20 | 45 | 50 | 10 | 35 |
Grise Fiord | 10 | 35 | 45 | 10 | 25 |
Kivalliq | 2 125 | 3 210 | 2 055 | 135 | 1 865 |
Coral Harbour | 30 | 395 | 370 | 0 | 65 |
Arviat | 1 720 | 665 | 40 | 0 | 80 |
Whale Cove | 25 | 165 | 175 | 0 | 40 |
Rankin Inlet | 160 | 835 | 615 | 55 | 610 |
Chesterfield Inlet | 0 | 200 | 110 | 10 | 55 |
Baker Lake | 65 | 170 | 625 | 35 | 990 |
Naujaat | 105 | 765 | 115 | 0 | 35 |
Kitikmeot | 195 | 400 | 1 255 | 270 | 3 785 |
Kugaaruk | 80 | 115 | 215 | 25 | 475 |
Kugluktuk | 35 | 45 | 210 | 60 | 995 |
Cambridge Bay | 15 | 40 | 175 | 130 | 1 100 |
Gjoa Haven | 40 | 120 | 345 | 25 | 720 |
Taloyoak | 25 | 90 | 305 | 40 | 515 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Graphique 2.1 fin
2.2 Exogamie linguistique
Les transferts ou substitutions linguistiques sont souvent associées à l’exogamie linguistiqueNote . Dans l’ensemble du Nunavut, 71,4 % des couples dont au moins un époux ou partenaire est Inuit sont composés de deux partenaires qui ont l’inuktut comme langue maternelle (voir le tableau 2.3). Seulement 7,7 % des couples dont les deux membres sont Inuits vivent en situation d’exogamie linguistique, ce qui signifie que les deux membres d’un couple ne partagent pas la même langue maternelleNote . Toutefois, 11,4 % des couples inuits sont composés de deux conjoints ou époux qui n’ont pas l’inuktut comme langue maternelle. À l’opposé, la grande majorité (71,1 %) des couples mixtes, soit les couples composés d’un Inuit et d’un non-Inuit, sont en situation d’exogamie linguistique.
Tableau 2.3 début
Couples dont au moins un époux/partenaire est Inuit | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
Couples inuits | Couples mixtes | Total | ||||
nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Les deux de langue maternelle inuktut | 3 680 | 80,9 | 25 | 3,9 | 3 705 | 71,4 |
Les deux n'ont pas la langue maternelle inuktut Tableau 2.3 Note 2 | 520 | 11,4 | 160 | 25,0 | 680 | 13,1 |
Exogamie linguistique | 350 | 7,7 | 455 | 71,1 | 805 | 15,5 |
Total | 4 550 | 100,0 | 640 | 100,0 | 5 190 | 100,0 |
|
Tableau 2.3 fin
Le tableau 2.4 permet de constater que le taux de couples mixtes est particulièrement faible (3,6 %) dans la région de Qikiqtaaluk, si on exclue la ville d’Iqaluit. Ce taux ne dépasse pas 15 % dans aucune région du Nunavut. Il est plus élevé dans certaines communautés, en l’occurrence Iqaluit (36,4 %), Whale Cove (25,0 %) et Cambridge Bay (23,2 %). Le taux d’exogamie linguistique est généralement égal ou supérieur au taux de couples mixtes, et les différences observées sont rarement importantes. À l’inverse, les taux d’endogamie linguistique de l’inuktut, et les taux d’endogamie inuite complèteNote , varient beaucoup plus d’une communauté à l’autre. Ces taux sont inférieurs à 50 % dans la région de Kitikmeot, alors qu’ils sont de 100 % dans la plupart des communautés de la région de Qikiqtaaluk. Cela signifie que la région de Kitikmeot ne se distingue pas par une forte proportion de couples mixtes ou linguistiquement exogames, mais par une présence plus faible de la langue maternelle inuktut au sein des couples. En ce sens, à Cambridge Bay, 51,8 % des couples dont au moins un conjoint est d’identité inuite sont composés de deux époux ou partenaires qui n’ont pas l’inuktut comme langue maternelle.
Tableau 2.4 début
Taux de couples mixtes Tableau 2.4 Note 1 | Taux d'exogamie linguistique Tableau 2.4 Note 2 | Taux d'endogamie inuite complète Tableau 2.4 Note 3 | Taux d'endogamie (LM inuktut) Tableau 2.4 Note 4 | Pourcentage de couples d'Inuits dont aucun membre n'a la LM inuktut Tableau 2.4 Note 5 | |
---|---|---|---|---|---|
pourcentage | |||||
Nunavut | 12,3 | 15,5 | 70,9 | 71,4 | 13,1 |
Qikiqtaaluk | 15,0 | 14,8 | 79,7 | 80,1 | 5,1 |
Iqaluit | 36,4 | 36,9 | 51,1 | 51,1 | 11,9 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 3,6 | 5,6 | 93,8 | 93,8 | 0,6 |
Sanikiluaq | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Kimmirut | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Cape Dorset | 5,6 | 5,6 | 94,4 | 94,4 | 0,0 |
Pangnirtung | 4,0 | 4,0 | 96,0 | 96,0 | 0,0 |
Qikiqtarjuaq | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Hall Beach | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Igloolik | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Clyde River | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Arctic Bay | 0,0 | 8,0 | 92,0 | 92,0 | 0,0 |
Pond Inlet | 8,0 | 4,0 | 88,0 | 92,0 | 4,0 |
Resolute Bay | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Grise Fiord | 0,0 | 0,0 | 60,0 | 60,0 | 40,0 |
Kivalliq | 7,5 | 13,4 | 77,3 | 77,3 | 9,3 |
Coral Harbour | 6,9 | 6,9 | 93,1 | 93,1 | 0,0 |
Arviat | 2,4 | 7,1 | 92,9 | 92,9 | 0,0 |
Whale Cove | 25,0 | 25,0 | 75,0 | 75,0 | 0,0 |
Rankin Inlet | 15,0 | 26,3 | 65,0 | 65,0 | 8,8 |
Chesterfield Inlet | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Baker Lake | 6,7 | 21,7 | 53,3 | 53,3 | 25,0 |
Naujaat | 0,0 | 0,0 | 100,0 | 100,0 | 0,0 |
Kitikmeot | 12,5 | 18,3 | 40,4 | 41,3 | 40,4 |
Kugaaruk | 0,0 | 20,6 | 55,9 | 55,9 | 23,5 |
Kugluktuk | 15,4 | 21,2 | 30,8 | 30,8 | 48,1 |
Cambridge Bay | 23,2 | 23,2 | 25,0 | 25,0 | 51,8 |
Gjoa Haven | 10,0 | 17,5 | 47,5 | 52,5 | 30,0 |
Taloyoak | 5,7 | 17,1 | 57,1 | 57,1 | 25,7 |
|
Tableau 2.4 fin
2.3 Transmission de la langue maternelle aux enfants
L’exogamie linguistique défavorise la transmission de l’inuktut aux enfants. De façon générale, au Nunavut, la présence dans le couple d’un parent qui n’a pas l’inuktut comme langue maternelle diminue beaucoup les chances que l’enfant se voit transmettre l’inuktut comme langue maternelle (voir le tableau 2.5), principalement en raison du fait que cette langue est peu ou n’est pas parlée à la maison. En effet, 87,4 % des enfants âgés de 0 à 17 ans vivant dans une famille biparentale dont les deux parents sont de langue maternelle inuktut se voient transmettre l’inuktut comme langue maternelle. Cette proportion est de 28,8 % pour les enfants dont les parents forment un couple linguistiquement exogame, et de 1,4 % lorsque ni l’un ni l’autre des deux parents n’a l’inuktut comme langue maternelleNote .
Tableau 2.5 début
Langue maternelle de l'enfant | ||
---|---|---|
Inuktut | Non inuktut | |
pourcentage | ||
Les deux parents de langue maternelle inuktut | 87,4 | 12,6 |
Couple linguistiquement exogame | 28,8 | 71,3 |
Aucun parent de langue maternelle inuktut | 1,4 | 98,6 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 2.5 fin
Les enfants inuits de 0 à 14 ans se voient de moins en moins transmettre l’inuktut comme langue maternelle (voir le tableau 2.6). En 2001, 78,5 % des enfants inuits âgés de 0 à 4 ans avaient l’inuktut comme langue maternelle. En 2016, 68,4 % des enfants de ce même groupe d’âge avaient l’inuktut comme langue maternelle, une baisse de plus de 10 points de pourcentage.
Tableau 2.6 début
2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Nunavut | ||||
0 à 4 ans | 78,5 | 76,4 | 73,1 | 68,4 |
5 à 9 ans | 76,1 | 74,6 | 70,6 | 67,7 |
10 à 14 ans | 79,1 | 76,3 | 73,7 | 68,2 |
15 à 19 ans | 80,2 | 78,5 | 76,9 | 72,1 |
Qikiqtaaluk | ||||
0 à 4 ans | 93,9 | 90,1 | 88,0 | 86,6 |
5 à 9 ans | 92,4 | 89,4 | 85,0 | 84,4 |
10 à 14 ans | 94,2 | 92,3 | 88,5 | 86,3 |
15 à 19 ans | 95,5 | 93,2 | 90,7 | 89,4 |
Iqaluit | ||||
0 à 4 ans | 78,6 | 68,3 | 68,0 | 54,3 |
5 à 9 ans | 76,8 | 67,9 | 59,8 | 51,5 |
10 à 14 ans | 83,1 | 76,8 | 65,3 | 59,1 |
15 à 19 ans | 86,2 | 81,5 | 73,5 | 65,8 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | ||||
0 à 4 ans | 97,9 | 98,3 | 94,9 | 96,8 |
5 à 9 ans | 97,9 | 97,4 | 94,7 | 95,8 |
10 à 14 ans | 97,8 | 98,2 | 96,7 | 96,9 |
15 à 19 ans | 98,9 | 97,7 | 97,6 | 97,6 |
Kivalliq | ||||
0 à 4 ans | 83,9 | 85,2 | 80,8 | 72,4 |
5 à 9 ans | 78,9 | 79,7 | 78,5 | 71,7 |
10 à 14 ans | 83,4 | 79,0 | 78,6 | 73,9 |
15 à 19 ans | 83,1 | 85,2 | 83,1 | 77,7 |
Kitikmeot | ||||
0 à 4 ans | 27,6 | 25,2 | 23,5 | 16,8 |
5 à 9 ans | 26,5 | 24,8 | 24,4 | 15,8 |
10 à 14 ans | 31,6 | 27,6 | 29,7 | 15,0 |
15 à 19 ans | 34,8 | 30,8 | 32,7 | 19,6 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Tableau 2.6 fin
Le tableau 2.6 témoigne également de pertes au sein des cohortes d’enfantsNote . Par exemple, en 2006, 76,4 % des enfants inuits âgés de 0 à 4 ans avaient l’inuktut comme langue maternelle. En 2011, 70,6 % de cette même cohorte d’enfants, alors âgés de 5 à 9 ans, avaient l’inuktut comme langue maternelle. En 2016, 68,2 % des enfants inuits de 10 à 14 ans avaient l’inuktut comme langue maternelle. Ces pertes s’expliquent probablement en bonne partie par le fait que la langue maternelle, telle que mesurée dans le recensement, est la première langue apprise dans l’enfance, mais qu’elle doit être encore comprise au moment du recensement.
Toutefois, au-delà des tendances, ce sont les importantes disparités régionales en termes de transmission de la langue maternelle aux enfants que le tableau 2.6 illustre. Dans la région de Qikiqtaaluk excluant Iqaluit, en 2016, plus de 95 % des enfants inuits avaient l’inuktut comme langue maternelle dans chacun des groupes d’âge observés, en hausse par rapport à 2011. À l’opposé, dans la région de Kitikmeot, la proportion d’enfants inuits de langue maternelle inuktut, nettement inférieure au départ, a connu une baisse importante entre 2011 et 2016, et ce dans chacun des groupes d’âge observés. En 2016, 16,8 % des enfants inuits de 0 à 4 ans, 15,8 % des enfants de 5 à 9 ans et 15,0 % des enfants de 10 à 14 ans étaient de langue maternelle inuktut dans la région de Kitikmeot.
2.4 L’indice de continuité linguistique
Comment ces facteurs affectent-ils la vitalité de l’inuktut? Une façon synthétique d’illustrer la vitalité d’une langue est de calculer un indice de continuité linguistique (ICL), « lequel correspond au rapport des effectifs d’une langue d’usage donnée [au foyer] aux effectifs de langue maternelle correspondante » (Lachapelle et Henripin, 1980, p. 122). On utilise généralement pour ce calcul la principale langue d’usage, c’est-à-dire la langue parlée le plus souvent à la maison. Dans le contexte comme celui du Nunavut où plusieurs langues sont en contact, cet indice permet de voir quelle(s) langue(s) sont avantagée(s) ou désavantagée(s) par ces contacts. Lorsque l’indicateur est supérieur à 1 pour une langue donnée, cela signifie que les personnes qui ont cette langue comme principale langue d’usage au foyer est supérieur au nombre de personnes qui l’ont comme langue maternelle. En d’autres mots, cette langue attire des locuteurs non maternels. En revanche, un indice inférieur à 1 témoigne d’une perte de locuteurs maternels. L’indice présente en quelques sortes le solde des gains et des pertes pour une langue donnée.
Le tableau 2.7 permet de constater qu’au Nunavut, l’indice de continuité de l’anglais est supérieur à 1, et il est systématiquement supérieur à celui de l’inuktut, qui lui est inférieur à 1. L’ICL de l’inuktut recule entre 2001 et 2011. Entre 2011 et 2016, toutefois, cet indicateur est à la hausse dans l’ensemble du Nunavut (0,79 en 2016 comparativement à 0,76 en 2011), dans la région de Qikiqtaaluk (0,88 en 2016 comparativement à 0,86 en 2011) et dans la région de Kitikmeot (0,34 en 2016 comparativement à 0,30 en 2011), alors qu’il est stable dans la région de Kivalliq (0,74 en 2011 et en 2016). De façon corollaire, l’ICL de l’anglais connaît une croissance entre 2001 et 2011, et un léger recul entre 2011 et 2016.
Tableau 2.7 début
2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Indice de continuité linguistique de l'inuktut | ||||
Nunavut | 0,81 | 0,77 | 0,76 | 0,79 |
Qikiqtaaluk | 0,89 | 0,87 | 0,86 | 0,88 |
Iqaluit | 0,67 | 0,61 | 0,61 | 0,57 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 0,96 | 0,95 | 0,94 | 0,98 |
Kivalliq | 0,80 | 0,76 | 0,74 | 0,74 |
Kitikmeot | 0,40 | 0,32 | 0,30 | 0,34 |
Indice de continuité linguistique de l'anglais | ||||
Nunavut | 1,51 | 1,66 | 1,61 | 1,47 |
Qikiqtaaluk | 1,48 | 1,57 | 1,57 | 1,46 |
Iqaluit | 1,47 | 1,52 | 1,49 | 1,49 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 1,53 | 1,76 | 1,95 | 1,29 |
Kivalliq | 1,57 | 2,06 | 2,00 | 1,76 |
Kitikmeot | 1,51 | 1,53 | 1,44 | 1,30 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Tableau 2.7 fin
Cet indicateur doit toutefois être interprété avec prudence parce qu’il peut être particulièrement sensible aux variations affectant le dénominateur, ici les personnes qui ont l’inuktut ou l’anglais comme langue maternelle. Ainsi, une transmission moindre de l’inuktut comme langue maternelle peut générer une hausse de l’ICL de l’inuktut. De même, une transmission accrue de l’anglais comme langue maternelle, ou une migration entrante importante de personnes de langue maternelle anglaise dans une communauté ou une région donnée, peut engendrer une baisse de l’ICL de l’anglais, alors que la présence de la langue est, dans les faits, renforcée.
De plus, l’indice de continuité linguistique ne prend en compte que la principale langue d’usage, sans égard à l’utilisation secondaire des langues au foyer. En complétant le calcul de l’ICL en tenant compte de toutes les personnes qui parlent l’inuktut à la maison au moins sur une base régulière, que ce soit comme langue principale ou comme langue secondaire, nous obtenons un nouvel indice, que nous nommerons ICL+, qui rend compte du fait que le nombre de personnes qui parlent l’inuktut à la maison est supérieur au nombre de personnes qui ont l’inuktut comme langue maternelle. Ainsi, l’ICL+ de l’inuktut pour l’ensemble du Nunavut s’élève à 1,13 en 2016. Toutefois, un calcul analogue permet de constater que l’ICL+ de l’anglais au Nunavut est de 2,29 en 2016, et ce malgré le fait que le nombre de personnes qui parlent l’inuktut à la maison (26 270 personnes) est pratiquement égal au nombre de personnes qui parlent l’anglais à la maison (26 775 personnes). La différence s’explique par l’écart observé au dénominateur : il y avait beaucoup plus de personnes de langue maternelle inuktut (23 225 personnes) que de personnes de langue maternelle anglaise (11 690 personnes) au Nunavut en 2016.
Il peut ainsi être plus pertinent de calculer différents indices sur la base de la population d’identité inuite. Le tableau 2.8 présente un indice de transmission, un indice d’usage au foyer et un indice de connaissance de l’inuktut qui sont calculés en mettant en relation la population inuite avec, respectivement, la population de langue maternelle inuktut, la population de langue d’usage inuktut (le plus souvent ou régulièrement) et la population capable de soutenir une conversation en inuktut. Dans chacun des cas, ces indices auraient pu être supérieurs à 1, puisque qu’on peut avoir l’inuktut comme langue maternelle ou d’usage au foyer, ou être capable de soutenir une conversation en inuktut sans faire partie de la population d’identité inuite. En d’autres termes, ces indices tiennent compte à la fois des « gains » et de « pertes »Note . Or, bien que dans quelques cas certaines mesures soient égales à 1, en aucun cas ces indices ne dépassent ce seuil.
Tableau 2.8 début
Indice de transmission |
Indice d'usage au foyer |
Indice de connaissance |
|
---|---|---|---|
valeur | |||
Nunavut | 0,769 | 0,870 | 0,905 |
Qikiqtaaluk | 0,910 | 0,950 | 0,976 |
Iqaluit | 0,742 | 0,829 | 0,905 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 0,978 | 0,999 | 1,005 |
Sanikiluaq | 0,964 | 1,012 | 1,018 |
Kimmirut | 0,958 | 1,000 | 1,014 |
Cape Dorset | 0,989 | 1,007 | 1,011 |
Pangnirtung | 0,986 | 0,993 | 0,996 |
Qikiqtarjuaq | 1,000 | 1,009 | 1,009 |
Hall Beach | 0,994 | 1,000 | 1,006 |
Igloolik | 0,965 | 0,994 | 0,997 |
Clyde River | 0,995 | 1,005 | 1,010 |
Arctic Bay | 0,976 | 0,994 | 1,000 |
Pond Inlet | 0,990 | 1,017 | 1,023 |
Resolute Bay | 0,818 | 0,879 | 0,970 |
Grise Fiord | 0,833 | 0,917 | 0,958 |
Kivalliq | 0,803 | 0,939 | 0,964 |
Coral Harbour | 0,930 | 0,994 | 1,000 |
Arviat | 0,968 | 0,994 | 1,002 |
Whale Cove | 0,902 | 0,951 | 0,951 |
Rankin Inlet | 0,739 | 0,914 | 0,967 |
Chesterfield Inlet | 0,872 | 0,962 | 0,974 |
Baker Lake | 0,484 | 0,833 | 0,878 |
Naujaat | 0,966 | 1,000 | 1,005 |
Kitikmeot | 0,360 | 0,558 | 0,632 |
Kugaaruk | 0,472 | 0,736 | 0,775 |
Kugluktuk | 0,263 | 0,474 | 0,567 |
Cambridge Bay | 0,244 | 0,289 | 0,404 |
Gjoa Haven | 0,426 | 0,717 | 0,753 |
Taloyoak | 0,474 | 0,704 | 0,755 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 2.8 fin
On peut faire les calculs analogues pour mesurer la transmission, l’usage et la connaissance de l’anglais chez la population inuiteNote . Pour fins de comparaison avec l’inuktut, toutefois, il faut reprendre les précédents calculs en ne prenant en compte que la population inuiteNote . On peut ainsi comparer l’importance de l’inuktut à celle de l’anglais au sein de la population inuite, que ce soit comme langue maternelle ou comme langue d’usage au foyer, ou encore comparer la capacité de soutenir une conversation dans l’une ou l’autre de ces langues.
Le tableau 2.9Note indique que la capacité de soutenir une conversation en anglais (93,2 %) est supérieure à la capacité de soutenir une conversation en inuktut (89,0 %) au sein de la population inuite, et ce malgré le fait qu’une part plus importante de la population inuite à l’inuktut comme langue maternelle (76,6 %, comparativement à 25,4 % pour l’anglais) et comme langue d’usage (86,0 %, comparativement à 71,9 % pour l’anglais)Note .
Tableau 2.9 début
Inuktut | Anglais | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Langue maternelle |
Langue d'usage |
Connaissance de la langue |
Langue maternelle |
Langue d'usage |
Connaissance de la langue |
|
pourcentage | ||||||
Nunavut | 76,6 | 86,0 | 89,0 | 25,4 | 71,9 | 93,2 |
Qikiqtaaluk | 90,5 | 93,6 | 95,6 | 10,6 | 59,4 | 90,6 |
Iqaluit | 73,3 | 79,9 | 85,8 | 29,0 | 88,1 | 98,0 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 97,5 | 99,2 | 99,6 | 3,2 | 47,9 | 87,6 |
Sanikiluaq | 96,4 | 100,0 | 100,0 | 4,2 | 69,6 | 95,8 |
Kimmirut | 97,2 | 100,0 | 100,0 | 2,8 | 59,7 | 87,5 |
Cape Dorset | 98,1 | 99,6 | 100,0 | 2,2 | 54,3 | 91,1 |
Pangnirtung | 98,6 | 98,9 | 99,3 | 3,2 | 32,7 | 85,3 |
Qikiqtarjuaq | 100,9 | 100,9 | 100,0 | 0,0 | 23,2 | 87,5 |
Hall Beach | 98,8 | 100,0 | 100,0 | 1,8 | 49,1 | 84,0 |
Igloolik | 96,5 | 99,1 | 99,1 | 3,8 | 42,1 | 83,5 |
Clyde River | 98,5 | 100,0 | 100,0 | 1,5 | 36,3 | 81,9 |
Arctic Bay | 98,2 | 99,4 | 99,4 | 2,4 | 49,4 | 86,1 |
Pond Inlet | 98,3 | 99,7 | 100,0 | 3,0 | 53,5 | 91,4 |
Resolute Bay | 81,8 | 87,9 | 97,0 | 24,2 | 90,9 | 100,0 |
Grise Fiord | 83,3 | 91,7 | 95,8 | 16,7 | 87,5 | 100,0 |
Kivalliq | 80,1 | 93,0 | 95,1 | 22,5 | 76,5 | 94,0 |
Coral Harbour | 92,4 | 98,8 | 99,4 | 8,1 | 94,2 | 97,1 |
Arviat | 96,8 | 98,8 | 99,4 | 4,4 | 31,0 | 82,7 |
Whale Cove | 90,2 | 95,1 | 93,9 | 9,8 | 93,9 | 100,0 |
Rankin Inlet | 73,5 | 89,5 | 93,6 | 34,4 | 91,7 | 98,9 |
Chesterfield Inlet | 85,9 | 94,9 | 96,2 | 20,5 | 98,7 | 98,7 |
Baker Lake | 47,9 | 82,5 | 87,0 | 52,4 | 95,5 | 97,4 |
Naujaat | 96,6 | 99,5 | 100,5 | 3,4 | 89,8 | 98,1 |
Kitikmeot | 35,8 | 55,5 | 62,6 | 67,1 | 96,0 | 98,8 |
Kugaaruk | 47,2 | 73,6 | 77,5 | 55,1 | 91,0 | 98,3 |
Kugluktuk | 26,3 | 47,0 | 56,3 | 77,8 | 95,9 | 99,6 |
Cambridge Bay | 24,0 | 28,6 | 39,7 | 76,3 | 97,9 | 99,0 |
Gjoa Haven | 42,2 | 70,9 | 74,9 | 63,3 | 96,8 | 98,0 |
Taloyoak | 47,4 | 70,4 | 75,5 | 54,6 | 96,4 | 98,0 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 2.9 fin
Tous ces indices et ces proportions donnent un aperçu de la vitalité de l’inuktut au Nunavut. Il est toutefois difficile de mettre en perspective ces mesures, étant donné le caractère unique de la situation linguistique au Nunavut. La comparaison avec l’anglais n’est pas suffisante pour ce faire. De plus, les indices proposés ne permettent pas de comprendre l’importance relative des différents facteurs qui favorisent ou défavorisent la vitalité linguistique, tels que la transmission de la langue maternelle et les transferts linguistiques.
2.5 Les facteurs de dévitalisation
Une façon de rendre compte des différents facteurs qui peuvent favoriser ou défavoriser la vitalité linguistique consiste à pondérer chacun d’entre eux en fonction d’un dénominateur commun, en l’occurrence la population d’identité inuite. Le premier indicateur de la vitalité linguistique est la transmission de l’inuktut comme langue maternelle aux personnes d’identité inuite. Puisque 23,4 % de la population inuite n’a pas l’inuktut comme langue maternelle (voir le tableau 2.10), la non-transmission de l’inuktut comme langue maternelle est un facteur qui affecte négativement la vitalité linguistique (-23,4 points de pourcentage)Note .
Tableau 2.10 début
Nombre | Points de pourcentage |
|
---|---|---|
Facteurs de dévitalisation (population inuite) | ||
Non transmission de la langue maternelle | -7 075 | -23,4 |
Transferts linguistiques complets | -630 | -2,1 |
Total des pertes | -7 705 | -25,5 |
Facteurs atténuants (population inuite) | ||
Connaissance de la langue maternelle sans usage au foyer | 475 | 1,6 |
Usage de l'inuktut au foyer chez les Inuits qui ne l'ont pas comme langue maternelle |
3 445 | 11,4 |
Usage principal | 525 | 1,7 |
Usage secondaire | 2 920 | 9,7 |
Locuteurs secondaires (sans usage au foyer) | 450 | 1,5 |
Total des facteurs atténuants (population inuite) | 4 370 | 14,5 |
Facteurs atténuants (population non inuite) | ||
Transmission de la langue maternelle inuktut aux non-Inuits | 105 | 0,3 |
Usage de l'inuktut au foyer chez les non-Inuits qui ne l'ont pas comme langue maternelle |
225 | 0,7 |
Locuteurs secondaires (sans usage au foyer) | 130 | 0,4 |
Total des facteurs atténuants (population non inuite) | 460 | 1,5 |
Somme des facteurs atténuants | 4 830 | 16,0 |
Somme des facteurs de dévitalisation et des facteurs atténuants | -2 875 | -9,5 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 2.10 fin
Le second facteur est constitué des transferts linguistiques complets, c’est-à-dire lorsqu’une personne ne parle plus du tout sa langue maternelle à la maison. Au Nunavut en 2016, on dénombrait 630 Inuits de langue maternelle inuktut qui ne parlaient plus du tout leur langue maternelle à la maison, ce qui équivaut à 2,1 % de la population inuite (facteur négatif qui compte pour 2,1 point de pourcentage).
En additionnant la non-transmission de la langue maternelle et les transferts linguistiques complets, les facteurs de dévitalisation linguistiques totalisent -25,5 points de pourcentage, ce qui équivaut à plus du quart de la population inuite du Nunavut.
Il est toutefois possible de prendre en compte certains facteurs atténuant qui peuvent jouer en faveur de la vitalité linguistique. Par exemple, un transfert linguistique complet peut résulter d’une situation d’exogamie linguistique qui ne signifie pas nécessairement l’abandon complet de la langue maternelle dans toutes les sphères de la vie. Ainsi, sur les 630 Inuits qui ont fait un transfert linguistique complet, 475 d’entre eux sont toujours capables de soutenir une conversation en inuktut. Cela équivaut à +1,6 point de pourcentage. De même, 3 445 Inuits utilisent l’inuktut à la maison alors qu’elle n’est pas leur langue maternelle. Ces transferts linguistiques, même partiels, en faveur de l’inuktut représentent un facteur positif pour la vitalité linguistique équivalent à +11,4 points de pourcentage, et ce même si la majorité de ces personnes utilisent l’inuktut comme langue secondaire.
De même, 450 Inuits ont appris l’inuktut comme langue secondeNote sans toutefois en faire usage au moins sur une base régulière à la maison. Ces locuteurs de langue seconde peuvent contribuer également à la vitalité de l’inuktut (+1,5 point de pourcentage), notamment parce qu’ils peuvent utiliser cette langue à l’extérieur du foyer.
Mis ensemble, ces facteurs atténuent l’effet des facteurs négatifs à hauteur de 14,5 points de pourcentage.
D’autres facteurs atténuants peuvent également être pris en compte : la transmission, l’usage et l’apprentissage de l’inuktut chez les non-Inuits. En tout, 105 non-Inuits ont l’inuktut comme langue maternelle (+0,3 point de pourcentage), 225 non-Inuits parlent l’inuktut à la maison (+0,7 point de pourcentage) et 130 non-Inuits sont des locuteurs de langue seconde sans parler l’inuktut à la maison ou l’avoir comme langue maternelle (+0,4 point de pourcentage). En tout, les non-Inuits contribuent pour +1,5 point de pourcentage à la vitalité de l’inuktut.
En faisant la somme des facteurs négatifs (-25,5 points de pourcentage) et des facteurs atténuant (+16,0 points de pourcentage), l’effet net est de -9,5 points de pourcentage.
Cette approche repose sur le nombre de personnes qui ont l’inuktut comme langue maternelle, comme langue d’usage à la maison ou qui sont capables de soutenir une conversation dans cette langue. C’est en ce sens qu’elle fournit une indication de la vitalité. Toutefois, elle place sur un pied d’égalité, par exemple, une personne qui connaît l’inuktut comme langue seconde sans la parler à la maison et une personne qui a l’inuktut comme langue maternelle et comme langue d’usage. En d’autres termes, il n’y a pas de pondération de l’importance que représente l’inuktut dans le quotidien des individusNote .
Cet indicateur permet néanmoins d’observer l’évolution de la vitalité linguistique, et de mesurer l’importance relative des différents facteurs, et l’évolution de celle-ci. Le tableau 2.11 permet de constater que dans l’ensemble, l’effet net des facteurs observé est passé de -6,5 points de pourcentage en 2001 à -9,5 points de pourcentage en 2016. Selon cet indicateur, la vitalité de l’inuktut est moindre en 2016 qu’elle ne l’était en 2001. Les différents facteurs évoluent toutefois différemment sur la période. La non-transmission de la langue maternelle, qui est le facteur de dévitalisation de l’inuktut le plus important, a augmenté son effet négatif entre 2001 (-15,7 points de pourcentage) et 2016 (-23,4 points de pourcentage). En revanche, l’effet négatif des transferts linguistiques complets s’est atténué, passant de -4,3 points de pourcentage en 2001 à -2,1 points de pourcentage en 2016. Dans l’ensemble, les pertes ont augmenté de 5,5 points de pourcentage sur cette période.
Tableau 2.11 début
2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|
points de pourcentage | ||||
Facteurs de dévitalisation (population inuite) | ||||
Non transmission de la langue maternelle | -15,7 | -17,1 | -19,8 | -23,4 |
Transferts linguistiques complets | -4,3 | -4,7 | -3,9 | -2,1 |
Total des pertes | -20,0 | -21,8 | -23,8 | -25,5 |
Facteurs atténuants (population inuite) | ||||
Connaissance de la langue maternelle sans usage au foyer | 3,9 | 4,2 | 3,3 | 1,6 |
Usage de l'inuktut au foyer chez les Inuits qui ne l'ont pas comme langue maternelle | 5,5 | 6,2 | 8,5 | 11,4 |
Usage principal | 1,8 | 1,3 | 2,0 | 1,7 |
Usage secondaire | 5,5 | 5,8 | 7,4 | 9,7 |
Locuteurs secondaires | 2,6 | 2,4 | 1,7 | 1,5 |
Total des facteurs atténuants (population inuite) | 12,0 | 12,8 | 13,5 | 14,5 |
Facteurs atténuants (population non inuite) | ||||
Transmission de la langue maternelle inuktut aux non-Inuits | 0,0 | 1,2 | 0,5 | 0,3 |
Usage de l'inuktut au foyer chez les non-Inuits qui ne l'ont pas comme langue maternelle | 0,8 | 0,6 | 0,6 | 0,7 |
Locuteurs secondaires | 0,7 | 0,5 | 0,5 | 0,4 |
Total des facteurs atténuants (population non inuite) | 1,5 | 2,4 | 1,6 | 1,5 |
Somme des facteurs atténuants | 13,5 | 15,2 | 15,0 | 16,0 |
Somme des facteurs de dévitalisation et des facteurs atténuants | -6,5 | -6,6 | -8,7 | -9,5 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Tableau 2.11 fin
Parmi les facteurs atténuants, l’usage de l’inuktut au foyer chez les Inuits qui ne l’ont pas comme langue maternelle est en croissance (11,4 points de pourcentage en 2016 comparativement à 5,5 points de pourcentage en 2001). Il faut toutefois noter que cette croissance est favorisée par la non-transmission de la langue maternelle, dans la mesure où il y a de plus en plus d’Inuits qui n’ont pas l’inuktut comme langue maternelle.
Le tableau 2.11 permet également de constater que l’apport des non-Inuits à la vitalité de l’inuktut est assez stable d’un recensement à l’autre, et qu’il est relativement faible en comparaison des autres facteurs.
En somme, il semble que la non-transmission de la langue maternelle soit le facteur de dévitalisation de l’inuktut le plus important, et que son incidence est croissante.
Les facteurs de vitalité ou de dévitalisation présentés ici ne couvrent pas l’étendue des opportunités ou des contextes d’utilisation de l’inuktut dans la mesure où cette langue peut être utilisée au travail ou dans la sphère publique sans qu’elle ne soit la langue d’usage principale ou secondaire au foyer. C’est ce dont il est question dans la section suivante.
3. Langues utilisées au travail
La langue d’usage public, dans ce rapport, est mesurée à partir des données sur les langues utilisées par les travailleurs. Comme la capacité à soutenir une conversation dans une langue et la langue parlée à la maison, l’utilisation d’une langue au travail est elle aussi contextuelle. Elle dépend bien sûr de l’emploi qui est occupé, et en cela peut varier au cours d’une vie. Certains milieux de travail favorisent l’utilisation et l’apprentissage de plusieurs langues, alors que d’autres font peu appel aux compétences linguistiques.
Selon le Recensement de 2016, le Nunavut comptait 17 000 personnes âgées de 15 ans ou plus ayant occupé un emploi entre le 1er janvier 2015 et le 7 mai 2016, et 94,7 % de ces travailleurs utilisaient l’anglais au travail sur une base régulière, soit comme langue principale, soit de façon secondaireNote , ce qui équivaut à 16 105 travailleurs. Néanmoins, 60,7 % des travailleurs du Nunavut ont déclaré utiliser l’inuktut au travail, soit 10 315 travailleurs. Pour 27,9 % des travailleurs du Nunavut, l’inuktut était la principale langue de travail selon les données du Recensement de 2016. Pratiquement tous les travailleurs du Nunavut utilisaient l’inuktut ou l’anglais, ou les deux langues, au travail. Une majorité de travailleurs du Nunavut (55,6 %) utilisaient à la fois l’inuktut et l’anglais au travailNote .
Certains travailleurs, très majoritairement des non-Inuits (86,0 %), utilisaient le français au travail en 2016, pratiquement toujours en combinaison avec l’anglais ou l’inuktut, ou les deux. Ces 500 travailleurs qui utilisaient le français au travail représentaient 2,9 % des travailleurs du Nunavut. Parmi ceux-ci, 415 personnes utilisaient le français comme langue de travail secondaire, principalement en combinaison avec l’anglais.
En fait, la majorité des travailleurs du Nunavut utilisaient plus d’une langue au travail. En 2001, 56,8 % des travailleurs du Nunavut déclaraient plus d’une langue de travail. Ils étaient proportionnellement moins nombreux à faire ainsi en 2006 (55,3 %) et en 2011 (53,5 %), mais cette tendance à la baisse s’est renversée en 2016, alors que 58,4 % des travailleurs du Nunavut utilisaient plus d’une langue au travail. Ces proportions sont nettement supérieures à ce qu’on observe à l’échelon national : à titre comparatif, 15,4 % des travailleurs canadiens utilisaient plus d’une langue au travail en 2016.
Ce renversement de tendance observé entre 2011 et 2016 résulte vraisemblablement d’un changement dans l’utilisation de l’inuktut par les travailleurs inuits. Les principales tendances témoignaient d’une croissance de l’utilisation de l’anglais jumelée à un recul de l’utilisation de l’inuktut au travail entre 2001 et 2011. Alors que la croissance de l’anglais se poursuit, la présence de l’inuktut connaît un regain en 2016.
Le graphique 3.1 illustre bien ces tendances. On y observe tout d’abord la croissance constante de l’utilisation de l’anglais au travail. Utilisé par 89,5 % des travailleurs du Nunavut en 2001, l’anglais connaît une croissance continue d’un recensement à l’autre pour atteindre 94,7 % en 2016. Toutefois, la proportion des travailleurs qui utilisaient l’anglais comme principale langue de travail est restée la même en 2011 et en 2016 (73,1 %), alors qu’elle était en croissance de 2001 à 2011. Cela signifie que la croissance de l’anglais comme langue de travail au Nunavut entre 2011 et 2016 se fait essentiellement comme langue de travail secondaire.
Graphique 3.1 début
Tableau de données du graphique 3.1
Anglais (total) | Anglais (principal) | Inuktut (total) | Inuktut (principal) | |
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Recensement de la population | ||||
2001 | 89,5 | 65,9 | 65,0 | 35,1 |
2006 | 91,2 | 70,6 | 62,0 | 30,5 |
Enquête nationale auprès des ménages | ||||
2011 | 93,2 | 73,1 | 57,8 | 27,1 |
Recensement de la population | ||||
2016 | 94,7 | 73,1 | 60,7 | 27,9 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 3.1 fin
Alors que 65,0 % des travailleurs du Nunavut utilisaient l’inuktut au travail en 2001, ils n’étaient plus que 57,8 % à faire de même en 2011, une baisse de 7,2 points de pourcentage sur une période de 10 ans. Cette baisse était encore plus marquée en ce qui concerne les travailleurs qui utilisent l’inuktut comme principale langue de travail : 35,1 % des travailleurs du Nunavut travaillaient principalement en inuktut en 2001, comparativement à 27,1 % en 2011, une baisse de 8,0 points de pourcentage. Dans un cas comme dans l’autre, cette tendance à la baisse s’est renversée entre 2011 et 2016 : 60,7 % des travailleurs utilisaient l’inuktut en 2016, et 27,9 % l’utilisaient comme principale langue de travail.
Ces variations dans l’utilisation de l’inuktut au travail ne semblent pas être dues à une présence plus ou moins grande des Inuits sur le marché du travail. La proportion des Inuits parmi les travailleurs du Nunavut est assez stable d’un recensement à l’autre. Elle a varié de 74,1 % en 2001 à 73,8 % en 2006 et 2011, pour s’établir à 74,0 % en 2016. D’ailleurs, les tendances observées précédemment sont similaires lorsqu’on tient compte seulement des travailleurs inuits (graphique 3.2). La proportion de travailleurs inuits utilisant l’inuktut au travail avait connu une baisse de près de 10 points de pourcentage entre 2001 (84,4 %) et 2011 (74,5 %). En 2016, 78,1 % des travailleurs inuits ont déclaré utiliser l’inuktut au travail, une hausse de 3,6 points de pourcentage par rapport à 2011.
Graphique 3.2 début
Tableau de données du graphique 3.2
Anglais (total) | Anglais (principal) | Inuktut (total) | Inuktut (principal) | |
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Recensement de la population | ||||
2001 | 86,0 | 54,7 | 84,4 | 47,1 |
2006 | 88,3 | 61,2 | 80,1 | 40,9 |
Enquête nationale auprès des ménages | ||||
2011 | 91,1 | 64,3 | 74,5 | 36,5 |
Recensement de la population | ||||
2016 | 93,0 | 64,5 | 78,1 | 37,6 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 3.2 fin
Dans presque toutes les communautés du Nunavut, la majorité des travailleurs utilisaient à la fois l’inuktut et l’anglais au travail (tableau 3.1). Trois communautés font exception : Cambridge Bay (18,3 %), Kugluktuk (22,6 %) et Iqaluit (36,3 %). Dans chacune de ces communautés, pratiquement tous les travailleurs utilisaient l’anglais. Ces trois communautés sont en fait celles où les travailleurs étaient proportionnellement les moins nombreux à utiliser l’inuktut au travail.
3.1 Utilisation de l’inuktut et de l’anglais au travail dans les communautésNote
Dans presque toutes les communautés du Nunavut, la majorité des travailleurs utilisaient à la fois l’inuktut et l’anglais au travail (tableau 3.1). Trois communautés font exception : Cambridge Bay (18,3 %), Kugluktuk (22,6 %) et Iqaluit (36,3 %). Dans chacune de ces communautés, pratiquement tous les travailleurs utilisaient l’anglais. Ces trois communautés sont en fait celles où les travailleurs étaient proportionnellement les moins nombreux à utiliser l’inuktut au travail.
Tableau 3.1 début
Région et communauté | Nombre total de travailleursTableau 3.1 Note 1 | Langue utilisée au travail | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Inuktut | Anglais | Inuktut et anglais | |||||
nombre | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Nunavut | 17 000 | 10 315 | 60,7 | 16 105 | 94,7 | 9 450 | 55,6 |
Qikiqtaaluk | 9 395 | 5 765 | 61,4 | 8 745 | 93,1 | 5 140 | 54,7 |
Iqaluit | 4 830 | 1 815 | 37,6 | 4 750 | 98,3 | 1 755 | 36,3 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 4 560 | 3 960 | 86,8 | 3 985 | 87,4 | 3 390 | 74,3 |
Sanikiluaq | 290 | 260 | 89,7 | 275 | 94,8 | 235 | 81,0 |
Kimmirut | 170 | 150 | 88,2 | 165 | 97,1 | 145 | 85,3 |
Cape Dorset | 555 | 480 | 86,5 | 495 | 89,2 | 420 | 75,7 |
Pangnirtung | 665 | 595 | 89,5 | 555 | 83,5 | 480 | 72,2 |
Qikiqtarjuaq | 265 | 215 | 81,1 | 190 | 71,7 | 145 | 54,7 |
Hall Beach | 330 | 295 | 89,4 | 300 | 90,9 | 265 | 80,3 |
Igloolik | 650 | 545 | 83,8 | 590 | 90,8 | 490 | 75,4 |
Clyde River | 395 | 370 | 93,7 | 320 | 81,0 | 295 | 74,7 |
Arctic Bay | 330 | 275 | 83,3 | 285 | 86,4 | 230 | 69,7 |
Pond Inlet | 700 | 640 | 91,4 | 630 | 90,0 | 570 | 81,4 |
Resolute Bay | 105 | 85 | 81,0 | 105 | 100,0 | 75 | 71,4 |
Grise Fiord | 85 | 65 | 76,5 | 80 | 94,1 | 60 | 70,6 |
Kivalliq | 4 705 | 3 475 | 73,9 | 4 480 | 95,2 | 3 265 | 69,4 |
Coral Harbour | 365 | 315 | 86,3 | 350 | 95,9 | 300 | 82,2 |
Arviat | 1 000 | 870 | 87,0 | 880 | 88,0 | 725 | 72,5 |
Whale Cove | 190 | 160 | 84,2 | 185 | 97,4 | 150 | 78,9 |
Rankin Inlet | 1 625 | 1 045 | 64,3 | 1 585 | 97,5 | 1 015 | 62,5 |
Chesterfield Inlet | 225 | 195 | 86,7 | 225 | 100,0 | 195 | 86,7 |
Baker Lake | 960 | 620 | 64,6 | 940 | 97,9 | 605 | 63,0 |
Naujaat | 335 | 280 | 83,6 | 320 | 95,5 | 270 | 80,6 |
Kitikmeot | 2 900 | 1 080 | 37,2 | 2 865 | 98,8 | 1 050 | 36,2 |
Kugaaruk | 350 | 235 | 67,1 | 340 | 97,1 | 225 | 64,3 |
Kugluktuk | 685 | 155 | 22,6 | 675 | 98,5 | 155 | 22,6 |
Cambridge Bay | 1 010 | 185 | 18,3 | 1 015 | 100,0 | 185 | 18,3 |
Gjoa Haven | 490 | 285 | 58,2 | 475 | 96,9 | 275 | 56,1 |
Taloyoak | 365 | 210 | 57,5 | 360 | 98,6 | 210 | 57,5 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 3.1 fin
Dans toutes les communautés de la région de Qikiqtaaluk à l’exception d’Iqaluit (37,6 %), plus de 8 travailleurs sur 10 utilisaient l’inuktut au travail en 2016. À Clyde River (93,7 %) et à Pond Inlet (91,4 %), cette proportion était supérieure à 90 %. Dans la région de Kivalliq également, l’inuktut était utilisée au travail par plus de 8 travailleurs sur 10 dans la plupart des communautés. La proportion des travailleurs qui utilisaient l’inuktut était plus faible à Rankin Inlet (64,3 %) et à Baker Lake (64,6 %) en 2016.
Les travailleurs étaient proportionnellement beaucoup moins nombreux à utiliser l’inuktut au travail dans la région de Kitikmeot (37,2 %). Près de 60 % des travailleurs en 2016 utilisaient l’inuktut au travail à Gjoa Haven (58,2 %) et à Taloyoak (57,5 %), et ils étaient proportionnellement plus nombreux encore à Kugaaruk (67,1 %). L’inuktut était toutefois beaucoup moins utilisée par les travailleurs de Cambridge Bay (18,3 %) et de Kugluktuk (22,6 %), deux communautés qui regroupaient près de 60 % des travailleurs de la région de Kitikmeot.
4. Autres langues parlées au Nunavut
Il existe d’autres langues que l’inuktut et l’anglais dans le paysage linguistique du Nunavut. La présente section vous offre un aperçu de la population qui parle le français ou une langue immigranteNote .
4.1 Portrait de l’utilisation du français au Nunavut
En ce qui a trait à la capacité à soutenir une conversation en français, la population du Nunavut présente, dans des proportions moindres (graphique 4.1), des tendances similaires à celles observées pour la connaissance de l’anglais (section 1.2.1). Il y avait 1 565 personnes capables de soutenir une conversation en français au Nunavut en 2016, une croissance de 550 personnes (+54,2 %) par rapport à 2001 (1 015 personnes). Cela représentait 4,4 % de la population du Nunavut en 2016, comparativement à 3,8 % en 2001.
Graphique 4.1 début
Tableau de données du graphique 4.1
Nombre | Pourcentage | |
---|---|---|
Recensement de la population | ||
2001 | 1 015 | 3,8 |
2006 | 1 165 | 4,0 |
Enquête nationale auprès des ménages | ||
2011 | 1 220 | 3,8 |
Recensement de la population | ||
2016 | 1 565 | 4,4 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 4.1 fin
En 2016, 630 personnes ont déclaré le français comme langue maternelle, et le nombre de personnes qui utilisaient le français au moins régulièrement à la maison s’établissait à 625 personnes au Nunavut, représentant 1,8% de la population. En tout, 455 personnes ont déclaré le français comme langue maternelle et comme langue d’usage à la maison. Cela signifie que 175 personnes de langue maternelle française ne parlent pas le français à la maison, et que 170 personnes qui n’ont pas le français comme langue maternelle utilisent cette langue au moins régulièrement à la maison. Dans la grande majorité des cas (155 personnes), celles-ci ont l’anglais comme langue maternelle.
La proportion de la population qui parle le français à la maison était de 5,5 % au Yukon et de 4,0 % dans les Territoires du Nord-Ouest. Parmi les provinces, c’est au Québec que la proportion de personnes qui utilisaient le français au moins de façon régulière à la maison était la plus élevée (87,0 %), suivie du Nouveau-Brunswick (33,2 %).
Des 625 personnes qui utilisaient le français à la maison au Nunavut, la forte majorité, soit 500 d’entre elles, avaient comme lieu de résidence la ville d’Iqaluit (80,0 %). Par rapport à la population totale du Nunavut, il s’agissait d’un niveau très élevé de concentration géographique; en effet, seulement 21,3% de la population totale du Nunavut résidait à Iqaluit en 2016 (tableau 4.1). Cette concentration plus élevée à Iqaluit peut s’expliquer par le fait qu’une communauté francophone s’est établie depuis plusieurs années à Iqaluit. Différents organismes et services francophones y ont graduellement vu le jour, tels qu’une association représentant les Franco-Nunavois, une école et un centre de la petite enfance dont les programmes sont offerts en français, ainsi qu’une radio et un journal communautaires.
Tableau 4.1 début
Région | Population totale | Langue parlée au moins régulièrement à la maison | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Français | Langues immigrantes | |||||
nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Nunavut | 35 580 | 100,0 | 625 | 100,0 | 765 | 100,0 |
Qikiqtaaluk | 18 805 | 52,9 | 550 | 88,0 | 525 | 68,6 |
Iqaluit | 7 590 | 21,3 | 500 | 80,0 | 445 | 58,2 |
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit | 11 215 | 31,5 | 50 | 8,0 | 70 | 9,2 |
Kivalliq | 10 290 | 28,9 | 50 | 8,0 | 185 | 24,2 |
Kitikmeot | 6 490 | 18,2 | 25 | 4,0 | 60 | 7,8 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 4.1 fin
4.2 Les langues immigrantes
Les langues immigrantes incluent toutes les langues autres que le français, l’anglais, l’inuktut ou les autres langues autochtonesNote . En 2016, 765 personnes ont déclaré une langue maternelle immigrante, et autant utilisaient une langue immigrante au moins de façon régulière à la maison au Nunavut, soit 2,2 % de la populationNote . En comparaison, 21,2 % de la population canadienne parlait une langue immigrante à la maison, une proportion qui était d’environ 27 % en Ontario et en Colombie-Britannique et de plus de 40 % dans les régions métropolitaines de recensement de Vancouver et de Toronto.
Au Nunavut, environ 85 % des personnes qui parlent une langue immigrante à la maison le font en combinaison avec une autre langue. Dans presque tous les cas, cette autre langue est l’anglais. Dans près de 60 % des cas, la langue immigrante n’est pas la principale langue d’usage.
Reflétant une immigration internationale en provenance des PhilippinesNote , le tagalog était la langue immigrante la plus fréquemment parlée à la maison au Nunavut (175 personnes, représentant 0,5 % de la population totale du territoire). La deuxième langue immigrante la plus parlée à la maison, avec 60 locuteurs, était l’espagnol.
En 2016, 58,2 % des personnes qui parlaient une langue immigrante résidaient à Iqaluit, alors que c’était le cas de 21,3 % de la population totale du Nunavut (tableau 4.1).
4.3 Profil par âge et selon l’identité inuite
Comparativement aux personnes qui parlaient l’inuktut à la maison, les personnes qui parlaient le français ou une langue immigrante étaient en moyenne plus âgées. Cela s’explique par le fait que les immigrants internationaux, qui sont les plus susceptibles de parler une langue autre que l’anglais, le français ou l’inuktut, arrivent généralement au Canada à l’âge adulte. Par ailleurs, plusieurs de ceux qui parlent le français ne sont pas nés au Nunavut et sont donc venus y vivre pour y occuper un emploi, à l’âge adulte. Finalement, la fécondité plus faible des non-Inuits contribue à cet âge moyen plus vieux des personnes parlant le français ou une langue immigrante.
Ainsi, alors que 52,4 % des personnes qui parlaient l’inuktut à la maison étaient âgées de moins de 25 ans, c’était le cas de 30,4% de celles parlant le français et de 24,8 % de celles parlant une langue immigrante (tableau 4.2).
Tableau 4.2 début
Groupe d'âge | Population totale | Langue parlée au moins régulièrement à la maison | |||
---|---|---|---|---|---|
Anglais | Français | Inuktut | Langues immigrantes | ||
pourcentage | |||||
Total | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
0 à 24 ans | 50,0 | 48,9 | 30,4 | 52,4 | 24,8 |
0 à 14 ans | 32,7 | 31,6 | 22,4 | 34,3 | 16,3 |
15 à 24 ans | 17,2 | 17,4 | 8,0 | 18,1 | 8,5 |
25 à 54 ans | 39,7 | 41,7 | 53,6 | 37,7 | 59,5 |
55 ans et plus | 10,3 | 9,3 | 15,2 | 9,9 | 16,3 |
Note : Voir l’item « Arrondissement aléatoire et répartitions en pourcentage » et les définitions dans l’encadré 1. Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 4.2 fin
La très forte majorité de la population parlant le français (90,3 %) ou une langue immigrante (88,3 %) à la maison était non inuite (graphique 4.2). Un petit nombre d’Inuits, soit 60 personnes, ont déclaré en 2016 qu’ils parlaient le français au moins régulièrement à la maison (tableau 4.3). Quant aux langues immigrantes, un peu moins de 100 Inuits en parlaient une à la maison.
Graphique 4.2 début
Tableau de données du graphique 4.2
Population totale | Anglais | Français | Inuktut | Langues immigrantes | |
---|---|---|---|---|---|
pourcentage | |||||
Population inuite | 84,9 | 81,1 | 9,7 | 98,8 | 11,7 |
Population non inuite | 15,1 | 18,9 | 90,3 | 1,2 | 88,3 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Graphique 4.2 fin
En revanche, presque toutes les personnes parlant l’inuktut au moins régulièrement à la maison étaient inuites (98,8 %) en 2016 (graphique 4.2). Un peu plus de 300 non-Inuits parlaient l’inuktut à la maison (tableau 4.3), principalement comme langue d’usage secondaire.
Tableau 4.3 début
Groupe d'âge | Population totale | Langue parlée au moins régulièrement à la maison | |||
---|---|---|---|---|---|
Anglais | Français | Inuktut | Langues immigrantes | ||
nombre | |||||
Population totaleTableau 4.3 Note 1 | 35 580 | 26 775 | 625 | 26 270 | 765 |
Population inuite | 30 190 | 21 715 | 60 | 25 955 | 90 |
Population non inuite | 5 390 | 5 065 | 560 | 315 | 680 |
Source : Statistique Canada, Recensement de la population de 2016. |
Tableau 4.3 fin
4.4 Évolution de l’usage du français et des langues immigrantes, 2001 à 2016
Étant donné les effectifs réduits, il faut demeurer prudent en ce qui a trait à l’interprétation des tendances relatives à l’évolution dans le temps de l’utilisation du français et des langues immigrantes à la maison. On constate néanmoins depuis 2001 une hausse importante de l’utilisation des langues immigrantes au Nunavut, et une relative stabilité du français. En effet, la part de la population du Nunavut parlant une langue immigrante à la maison a été multipliée par plus de quatre durant la période, passant de 0,5 % en 2001 à 2,2% en 2016 (graphique 4.3).
En comparaison, le pourcentage de la population parlant le français à la maison est demeuré sensiblement le même entre 2001 et 2016 (graphique 4.3). Néanmoins, le français est la langue principale de la majorité des personnes qui le parlent à la maison au moins sur une base régulière, alors que les langues immigrantes sont davantage parlées comme langue secondaire au foyer.
Au premier abord, on constate que la proportion de la population parlant une langue immigrante à la maison a dépassé celle ayant le français comme langue d’usage à la maison en 2016. Par contre, cette comparaison peut induire en erreur dans la mesure où les langues immigrantes représentent non pas une seule langue, mais plusieurs langues différentes. Plus de 45 langues immigrantes ont été recensées comme langue parlée à la maison au Nunavut en 2016 et la plupart de celles-ci étaient représentées par un très petit nombre de locuteurs.
Graphique 4.3 début
Tableau de données du graphique 4.3
Français | Langues immigrantes | |
---|---|---|
pourcentage | ||
Recensement de la population | ||
2001 | 1,5 | 0,5 |
2006 | 1,4 | 0,8 |
Enquête nationale auprès des ménages | ||
2011 | 1,5 | 1,2 |
Recensement de la population | ||
2016 | 1,8 | 2,2 |
Sources : Statistique Canada, recensements de la population de 2001, 2006 et 2016; Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Graphique 4.3 fin
Profil par région et communauté
Nunavut
Région de Qikiqtaaluk
Iqaluit
Qikiqtaaluk excluant Iqaluit
Sanikiluaq
Kimmirut
Cape Dorset
Pangnirtung
Qikiqtarjuaq
Hall Beach
Igloolik
Clyde River
Arctic Bay
Pond Inlet
Resolute Bay
Grise Fiord
Kivalliq region
Coral Harbour
Arviat
Whale Cove
Rankin Inlet
Chesterfield Inlet
Baker Lake
Naujaat
Kitikmeot region
Kugaaruk
Kugluktuk
Cambridge Bay
Gjoa Haven
Taloyoak
Conclusion
Le présent rapport avait pour objectif de présenter un portrait statistique des dynamiques linguistiques au Nunavut, principalement à partir des données des recensements de la population canadienne. Ceux-ci comportent de nombreuses informations sur les langues qui permettent d’étudier différentes caractéristiques et pratiques linguistiques de la population, et de les comparer dans le temps afin d’en suivre l’évolution. La richesse des données linguistiques contenues dans les recensements canadiens permet également d’élaborer des indicateurs plus complexes afin de mesurer certains aspects de la vitalité de l’inuktut au Nunavut.
Les données présentées dans les différentes sections de ce rapport portent sur des caractéristiques ethnolinguistiques de la population du Nunavut telles que l’identité inuite et la langue maternelle, mais également sur la connaissance des langues et sur l’usage des langues à la maison et au travail. L’exogamie linguistique, la transmission de la langue, les transferts linguistiques et les migrations sont autant de facteurs pouvant affecter la vitalité linguistique d’une communauté qui ont fait l’objet d’une attention particulière dans le cadre de ce rapport.
Au-delà des différents faits saillants qui ont été mis en lumière tout au long de ce rapport, trois éléments principaux ressortent de ces analyses.
D’abord, la non-transmission de la langue maternelle apparaît comme le plus important facteur affectant négativement la vitalité de l’inuktut au Nunavut. La population inuite est en croissance constante au Nunavut. Les Inuits représentent environ 85 % de la population totale du Nunavut, une proportion qui varie peu d’un recensement à l’autre. Toutefois, près d’un Inuit sur quatre, et près d’un enfant de moins de 15 ans sur trois n’a pas l’inuktut comme langue maternelle en 2016. La proportion d’Inuits qui n’ont pas l’inuktut comme langue maternelle est en croissance constante entre 2001 (15,7 %) et 2016 (23,4 %). En comparaison, les autres facteurs susceptible d’affecter négativement la vitalité de l’inuktut, tels que les transferts linguistiques complets, semblent avoir une incidence nettement moins importante.
Ensuite, d’importantes disparités régionales sont révélées par la plupart des indicateurs linguistiques. Quel que soit l’indicateur utilisé, la vitalité de l’inuktut apparaît toujours plus fragile dans la région de Kitikmeot, et particulièrement dans les communautés de Cambridge Bay et de Kugluktuk. Il en va de même, bien que généralement dans une moindre mesure, à Iqaluit et à Rankin Inlet, les centres régionaux où la population non inuite est plus nombreuse, et également à Baker Lake. À l’inverse, la vitalité de l’inuktut apparaît généralement très forte notamment dans les communautés de la région de Qikiqtaaluk, à l’exception d’Iqaluit.
Enfin, les données témoignent d’un certain regain de l’inuktut entre 2011 et 2016, particulièrement dans l’espace public. En effet, l’utilisation de l’inuktut au travail connaît une croissance entre 2011 et 2016 chez les travailleurs inuits, après avoir reculé de 2001 à 2011. L’utilisation de l’anglais au travail connaît pourtant une croissance constante entre 2001 et 2016. Cela signifie que la croissance de l’utilisation de l’anglais au travail par les travailleurs inuits ne se fait pas nécessairement au détriment de l’utilisation de l’inuktut, et inversement, la croissance de l’utilisation de l’inuktut entre 2011 et 2016 ne se fait pas au détriment de l’utilisation de l’anglais, mais au profit d’un bilinguisme au travail.
D’autres éléments présentés dans ce rapport témoignent également d’une présence forte de l’anglais qui ne se fait pas nécessairement au détriment de l’inuktut. Par exemple, notons la diminution des transferts linguistiques chez les Inuits qui ont l’inuktut comme langue maternelle entre 2011 et 2016, et particulièrement lorsqu’il s’agit de transferts complets. On constate également une croissance constante de l’usage conjoint de l’inuktut et de l’anglais à la maison chez les Inuits du Nunavut entre 2001 et 2016.
Il faut toutefois rester prudent devant ces constats, dans la mesure où il est difficile de savoir dans quelle mesure ces tendances récentes seront durables. Par ailleurs, s’il y a des signes de regain de la vitalité de l’inuktut, certaines tendances lourdes persistent et soulignent l’importance d’un suivi de la situation au cours des années à venir.
Annexes
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