La victimisation des Premières Nations, Métis et Inuits au Canada
par Samuel Perreault, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités
Début de l'encadré
Faits saillants
- En raison des traumatismes historiques et intergénérationnels dus au colonialisme et des politiques en découlant, ainsi que du racisme individuel et systémique, plusieurs Autochtones (c.-à-d. les Premières Nations, les Métis et les Inuits) font face de nos jours à des défis socioéconomiques profondément enracinés, dont des taux de victimisation criminelle plus élevés.
- Selon les données autodéclarées de l’Enquête sociale générale de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), environ 4 Autochtones sur 10 ont vécu, avant l’âge de 15 ans, de la violence sexuelle ou physique de la part d’un adulte. Cette proportion était environ deux fois plus élevée chez les Autochtones de 55 ans et plus (54 %) que chez ceux de 15 à 34 ans (26 %).
- Les services de protection de l’enfance ou la police étaient trois fois plus susceptibles d’avoir eu connaissance de la violence à l’endroit des enfants autochtones que de la violence à l’endroit des enfants non-autochtones (16 % par rapport à 5,2 %).
- Les Autochtones de 15 ans et plus étaient près de 10 fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir déjà été sous la responsabilité légale de l’État durant leur enfance (11 % par rapport à 1,3 %). Cette surreprésentation dans les services de protection de l’enfance ne pouvait qu’en partie s’expliquer par les taux plus élevés de violence ou de négligence à l’égard des enfants.
- Plus du tiers des personnes qui ont vécu de la violence sexuelle ou physique alors qu’elles étaient sous la responsabilité légale de l’État durant leur enfance sont autochtones.
- Plus du quart (26 %) des femmes autochtones ont vécu de la violence sexuelle de la part d’un adulte durant leur enfance, comparativement à 9,2 % des femmes non autochtones, à 5,8 % des hommes autochtones et à 2,8 % des hommes non autochtones.
- Pour la période allant de 2015 à 2020, le taux moyen d’homicides ayant fait une victime autochtone (8,64 pour 100 000 Autochtones) était six fois supérieur au taux d’homicides ayant fait une victime non autochtone (1,39 pour 100 000 non-Autochtones). Les taux d’homicides chez les Autochtones étaient particulièrement élevés dans les provinces des Prairies et dans les territoires.
- Près de la moitié (47 %) des femmes autochtones de 15 ans et plus assassinées durant la période allant de 2015 à 2020 ont été tuées par un partenaire intime, soit une proportion semblable à celle observée parmi les femmes non autochtones (49 %), mais bien plus élevée que parmi les hommes autochtones (7,3 %) et non autochtones (4,6 %).
- En 2019, près de 1 Autochtone sur 10 (8,4 %) a été victime d’une agression sexuelle, d’un vol qualifié ou de voies de fait, soit environ le double de la proportion observée chez les non-Autochtones (4,2 %).
- La violence vécue durant l’enfance est étroitement liée au risque de victimisation avec violence à l’âge adulte. Par exemple, plus du quart (27 %) des Autochtones ayant subi de la violence sexuelle de la part d’un adulte avant l’âge de 15 ans ont été victimes d’un crime violent en 2019, comparativement à 3,7 % des Autochtones n’ayant subi aucune violence durant l’enfance.
- Parmi les personnes de 15 à 34 ans, des proportions relativement semblables d’Autochtones (8,8 %) et de non-Autochtones (7,3 %) ont été victimes de violence au cours des 12 mois précédant l’enquête. Parmi les personnes de 35 à 54 ans, cette proportion était trois fois plus élevée chez les Autochtones (12,4 %) que chez les non-Autochtones (3,9 %).
- Le tiers des Autochtones ont vécu de la discrimination au cours des cinq années précédant l’enquête. Ceux-ci étaient également plus susceptibles d’avoir été la cible d’un crime violent : 14,9 % des Autochtones ayant subi de la discrimination ont été victimes d’un crime violent en 2019, comparativement à 5,1 % des Autochtones n’ayant pas subi de discrimination.
- Lorsqu’on tenait compte des principaux indicateurs socioéconomiques, ainsi que de facteurs relatifs à la cohésion sociale (p. ex. la confiance à l’égard des voisins, la discrimination), à la santé (p. ex. la santé mentale, la consommation de drogues) et aux antécédents d’itinérance et de violence durant l’enfance, les Autochtones n’affichaient pas un risque de victimisation supérieur aux non-Autochtones.
- Près de 4 victimes autochtones sur 10 (39 %) ont signalé à la police l’agression sexuelle ou physique la plus grave (excluant la violence par un partenaire intime) qu’elles ont vécue, soit le double de la proportion enregistrée parmi les victimes non autochtones (18 %). Les victimes autochtones étaient également plus susceptibles d’avoir fait face à un agresseur armé, d’avoir été blessées et d’avoir eu recours à des services aux victimes.
- Un peu plus de 1 Autochtone sur 10 (13 %) ayant un partenaire intime, actuel ou ancien, a vécu de la violence de la part de ce partenaire au cours des cinq années précédant l’enquête, soit une proportion deux fois plus élevée que celle notée chez les non-Autochtones (5,7 %).
- En 10 ans, la proportion de femmes autochtones ayant subi de la violence de la part d’un conjoint marié ou en union libre (actuel ou ancien) au cours des cinq années précédant l’enquête a diminué; dans les provinces, elle est passée de 15 %E en 2009 à 7,5 % en 2019.
- Comparativement aux non-Autochtones qui ne sont pas LGBTQ2+, les Autochtones LGBTQ2+ étaient plus susceptibles d’avoir été agressés sexuellement ou physiquement par un adulte lorsqu’ils avaient moins de 15 ans (58 % par rapport à 26 % des non-Autochtones n’étant pas LGBTQ2+), d’avoir été agressés sexuellement ou physiquement depuis l’âge de 15 ans (82 % par rapport à 41 %), et d’avoir vécu, au cours des 12 mois précédant l’enquête, de la violence de la part d’un partenaire intime (37 % par rapport à 13 %) ou une agression sexuelle ou physique par une personne autre qu’un partenaire intime (28 % par rapport à 5,9 %).
- Les Autochtones (17 %) étaient environ deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones (9,2 %) d’avoir peu ou aucune confiance envers leur service de police local. Les différences entre les Autochtones et les non-Autochtones à cet égard étaient les plus marquées en Saskatchewan et dans les territoires.
- Dans l’ensemble, des proportions semblables d’Autochtones et de non-Autochtones ont déclaré se sentir en sécurité lorsqu’ils marchent seuls le soir dans leur voisinage.
Fin de l'encadré
Au cours des dernières années, plusieurs études ont montré que les Premières Nations, les Métis et les InuitsNote étaient davantage susceptibles que les non-Autochtones d’avoir vécu de la violence durant leur enfance (Burczycka, 2017), d’avoir été agressés sexuellement ou physiquement (Boyce, 2016; Cotter et Savage, 2019; Perreault, 2020), d’avoir été victimes de violence de la part d’un partenaire intime (Boyce, 2016; Heidinger, 2021) ou encore d’être victimes d’homicide (Armstrong et Jaffray, 2021; Moreau, 2021).
En raison des politiques coloniales passées et actuelles, y compris les expériences des pensionnats autochtones et la rafle des années 1960, ainsi que du racisme individuel et systémique, plusieurs Autochtones doivent composer aujourd’hui avec les traumatismes intergénérationnels et la marginalisation socioéconomique. Tant l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées que la Commission de vérité et réconciliation du Canada ont souligné que les violations persistantes et délibérées des droits de la personne et des droits des Autochtones, et les abus qui en découlent sont à l’origine des taux élevés de violence envers les Autochtones (Centre national pour la vérité et la réconciliation, 2015; Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019).
Afin de dresser un portrait le plus complet possible de la victimisation avec violence chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits, les analyses présentées dans ce rapport sont fondées sur un ensemble de sources de données dont dispose Statistique Canada afin de mesurer la nature et l’étendue de la victimisation criminelle des Autochtones.
Les deux premières sections de cet article s’appuient sur les données autodéclarées tirées de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation) pour dresser un portrait de la victimisation durant l’enfance et de la nature et de l’étendue de la victimisation avec violence au cours des 12 mois précédant l’enquête, y compris la violence de la part d’un partenaire intime. Dans la troisième section, on expose les principales caractéristiques des crimes violents dont ont été victimes les Autochtones au moyen des données autodéclarées de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) de 2018. À partir des données déclarées par la police dans le cadre de l’Enquête sur les homicides, la quatrième section du rapport présente les principales tendances et caractéristiques des homicides ayant fait une victime autochtone de 2015 à 2020. Enfin, au moyen des données de l’ESG de 2019, les perceptions des Autochtones à l’égard du système de justice pénale et de leur sécurité personnelle sont brièvement présentées dans la cinquième partie du rapportNote .
En raison des préoccupations continues à l’égard de la victimisation des femmes autochtones, tel que souligné par l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones, une analyse détaillée portant sur la victimisation des femmes autochtones est présentée dans un autre article (voir Heidinger, 2022).
Les expériences de victimisation durant l’enfance
La couverture médiatique récente au sujet des tombes non identifiées d’enfants autochtones décédés alors qu’ils fréquentaient les pensionnats ont ramené à l’avant-plan la violence et les mauvais traitements vécus par les Autochtones au cours de l’histoire. En plus des mauvais traitements que plusieurs Autochtones ont personnellement subis alors qu’ils étaient des enfants, il est aussi question de la transmission intergénérationnelle des traumatismes que ces expériences ont engendrés.
La rafle des années 1960, où de nombreux enfants autochtones ont été retirés de force de leurs communautés par les services à l’enfance pour être confiés à des familles non autochtones, ainsi que les autres pratiques ayant contribué à séparer les enfants autochtones de leur famille et leur communauté, ont également affecté la jeunesse de plusieurs Autochtones, notamment de par les mauvais traitements au sein de leurs nouvelles familles et la perte des repères culturels. Encore de nos jours, les Autochtones sont surreprésentés dans les services de protection de l’enfance et les familles d’accueil, et plusieurs accusent le système de protection de l’enfance actuel de perpétuer l’héritage des pensionnats autochtones et de la rafle des années 1960 (Blackstock, 2007; Centre de la collaboration nationale de la santé autochtone, 2017a; Choate et autres 2021). Les Autochtones ayant été retirés de leur famille lorsqu’ils étaient enfants pourraient avoir été exposés à de piètres modèles parentaux au sein de leurs familles d’accueil, et ainsi ne pas avoir eu la possibilité d’apprendre des aptitudes parentales positives, y compris les pratiques parentales traditionnelles (Bombay et autres, 2009)
De plus, plusieurs études ont établi un lien entre un désavantage au niveau des ressources et une vulnérabilité accrue aux mauvais traitements durant l’enfance (Lefebvre et autres, 2017; Patwardhan et autres, 2017; Paxson et Walfogel, 1999; Rothwell et autres, 2018). Or, plusieurs Autochtones et communautés autochtones ont un accès limité ou inéquitable, ou encore font face à certains obstacles (p. ex. barrières culturelles) dans l’accès à une variété de services, y compris en santé, en éducation ou à l’emploi, ce qui peut avoir des répercussions socioéconomiques ou au niveau de la santé (Centre de la collaboration nationale de la santé autochtone 2019, 2017b et 2017c). Par exemple, les données de l’ESG montrent que les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones de déclarer que certains services, tels que des refuges ou des maisons d’hébergement, n’étaient pas disponibles dans leur région (17 % par rapport à 7,9 %). Typiquement ces obstacles sont plus fréquents dans les régions rurales ou éloignées, alors que la géographie et la taille de la population peut aussi représenter certains défis en termes de disponibilité des services.
En partie en raison des facteurs mentionnés ci-dessus, et de facteurs profondément enracinés dans les pratiques coloniales passées et actuelles, plusieurs Autochtones font face à des défis socioéconomiques. Par exemple, les données du Recensement de 2016 montrent que le revenu total moyen des Autochtones s’élevait à 36 043$, comparativement à 47 981$ pour les non-AutochtonesNote . Les données de l’ESG montrent également que 22 % des Autochtones ont déclaré avoir été dans l’impossibilité de payer une facture ou de faire d’autres paiements au cours des 12 mois précédant l’enquête, comparativement à 10 % des non-Autochtones. Une autre étude a noté que 26 % des Inuits, 24 % des personnes des Premières Nations et 11 % des Métis habitaient dans un logement qui nécessitait des réparations majeures, comparativement à 6,0 % des non-Autochtones (Statistique Canada, 2018). De plus, 18 % des Autochtones vivaient dans un logement surpeuplé, comparativement à 8,5 % des non-Autochtones. La même étude soulignait aussi que les Autochtones étaient beaucoup plus susceptibles que les non-Autochtones de vivre une insécurité alimentaire.
Malgré des enjeux, les Autochtones bénéficient de plusieurs facteurs sociaux qui peuvent mitiger le risque de victimisation avec violence. Par exemple, les données de l’ESG montrent que 27 % des Autochtones déclarent un très fort sentiment d’appartenance à leur communauté locale (par rapport à 21 % des non-Autochtones), 33 % ont dit connaître la plupart des gens dans leur voisinage (par rapport à 15 %), et 85 % ont dit que leur voisinage était une place où les voisins s’entraident. De plus, les Autochtones étaient plus susceptibles de déclarer que leurs convictions spirituelles étaient très importantes dans la façon dont ils vivent leur vie (35 % par rapport à 28 % des non-Autochtones). Ces facteurs peuvent être le reflet d’une forte cohésion sociale, ce qui est reconnu comme étant un facteur de protection à l’égard de la victimisation criminelle (Fitzgerald et Carrington, 2008; Rhineberg-Dunn et Carlson 2011; Sampson et autres 1997). De plus, certains des écarts au niveau socioéconomique pourraient être en voie de se résorber. Par exemple, la proportion d’Autochtones de 20 à 24 ans ayant un diplôme d’études secondaires est passée de 57 % en 2006 à 70 % en 2016, bien que l’écart par rapport aux non-Autochtones (91 %) demeure encore important (Anderson 2021).
En 2014, des questions ont été ajoutées à l’Enquête sociale générale afin de mesurer la violence sexuelle ou physique commise par un adulte et vécue durant l’enfance. Il est important de noter que ces données reflètent les expériences vécues durant l’enfance par les personnes aujourd’hui âgées de 15 ans et plus et ne sont donc pas nécessairement représentatives de la violence actuelle à l’égard des enfants. En 2014, les résultats ont révélé que les Autochtones de 15 ans et plus étaient, dans l’ensemble, 1,4 fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir subi ce type de la violence sexuelle ou physique (Burczycka, 2017).
En plus de la violence sexuelle et physique, les mauvais traitements durant l’enfance peuvent également comprendre l’exposition à la violence conjugale, la négligence ou encore les pratiques parentales sévères. En 2019, des questions plus détaillées, y compris des questions sur ces types de mauvais traitements, ont été ajoutées à l’ESG afin de mieux mesurer la nature et l’étendue des mauvais traitements durant l’enfance et leurs répercussions une fois à l’âge adulte.
Des études antérieures ont démontré que les expériences de violence durant l’enfance étaient associées avec différents enjeux à l’âge adulte, dont une plus grande probabilité de déclarer des problèmes de santé mentale, de consommation, des contacts avec la police et des expériences de victimisation ; de même qu’un plus grand risque de vivre des répercussions émotionnelles ou psychologiques graves après une expérience de victimisation (Bombay et autres, 2009;Boyce et autres, 2015; Burczycka, 2017; Cotter, 2021; O’Neil et autres, 2018; Perreault, 2015; Scott, 2007). La violence à l’égard des enfants est rarement déclarée à la police et donc, les mesures autodéclarées rétroactives comme dans l’ESG figurent parmi les rares moyens disponibles pour quantifier cet enjeu (Burczycka 2017).
Les Autochtones sont plus susceptibles de déclarer avoir fait l’objet de certaines pratiques parentales sévères ou de dire qu’il était arrivé que leurs besoins fondamentaux n’avaient pas été comblés
L’ESG couvre un large éventail de comportements de gravité variable qui peuvent être définis comme des pratiques parentales sévères. Ceux-ci comprennent la fessée ou des tapes sur les doigts, des propos qui font de la peine, ou le fait de se faire sentir non voulu ou non aimé. Bien que les pratiques parentales sévères ou négligentes puissent paraître de moindre gravité comparativement à des comportements criminels tels que la violence sexuelle ou physique, elles sont tout de même étroitement liées au risque de victimisation à l’âge adulte (Cotter et Savage, 2019; Cotter, 2021; Perreault, 2020).
Bien que différent des pratiques parentales sévères, l’ESG comprenait également une question afin de mesurer les situations où les besoins fondamentaux de l’enfant (p. ex. laver, nourrir, vêtir) n’avaient pas été comblés, ce qui peut aussi avoir des conséquences néfastes pour les enfants vivant ces situationsNote .
La majorité des personnes vivant au Canada, qu’elles soient Autochtones ou non-Autochtones, ont déclaré avoir vécu avant l’âge de 15 ans au moins un type de pratique parentale sévère ou une situation où leurs besoins fondamentaux n’avaient pas été comblés. Cette proportion était toutefois plus élevée chez les Autochtones (78 %) que chez les non-Autochtones (66 %) (graphique 1). Plus précisément, 84 % des Métis et 74 % des personnes des Premières Nations ont déclaré avoir vécu avant l’âge de 15 ans des pratiques parentales sévères ou des situations où leurs besoins fondamentaux n’avaient pas été comblés ; alors que les Inuits (67 %E) ont vécu ces expériences dans une proportion comparable aux non-Autochtones (tableau 1)Note .
Graphique 1 début
Tableau de données du graphique 1
Type de pratique parentale sévère ou négligente | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 1 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
Ensemble des pratiques parentales sévères | 73,3Note * | 68,0 | 77,9 | 61,5 | 60,3 | 62,6 |
A reçu la fessée ou une tape sur les mains | 61,4Note * | 55,6 | 66,9 | 52,5 | 51,5 | 53,6 |
S'est fait tenir des propos qui ont vraiment fait de la peine | 48,6Note * | 42,9 | 54,3 | 39,6 | 38,4 | 40,8 |
S'est fait sentir non voulu ou non aimé | 26,0Note * | 21,3 | 31,3 | 16,8 | 16,0 | 17,7 |
On a pas répondu à ses besoins fondamentauxTableau de données du graphique 1 Note 1 | 12,3Note * | 9,0 | 16,6 | 2,8 | 2,5 | 3,2 |
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 1 fin
Cependant, des différences plus marquées entre Autochtones et non-Autochtones ont été notées dans le cas certaines expériences vécues durant l’enfance. Par exemple, les Autochtones (17 %) étaient deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones (7,8 %) de s’être fait sentir non voulus ou non aimés à de multiples reprises (c.-à-d. plus de cinq fois) alors qu’ils étaient enfants. Les Autochtones étaient aussi environ cinq fois plus susceptibles de déclarer que leurs besoins fondamentaux n’avaient pas été comblés à plusieurs reprises durant leur enfance (7,6 % par rapport à 1,4 %).
Il est à noter que l’ESG ne recueille pas d’information au sujet de la personne qui était responsable de ces comportements ou ces situations. Ainsi, il pourrait s’agir des parents biologiques, mais il pourrait aussi s’agir de beaux-parents, de parents adoptifs ou un autre tuteur. Certaines de ces expériences, comme des besoins fondamentaux non comblés, peuvent aussi être une conséquence de la marginalisation économique. Notamment, plusieurs études ont démontré que l’insécurité alimentaire était plus fréquente chez les Autochtones que chez les non-Autochtones (Étude sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement chez les Premières Nations, 2021; Polsky et Garriguet, 2022; Statistique Canada, 2018)
Un peu plus du tiers des Autochtones ont été témoins de violence de la part d’un parent envers une autre personne
De précédentes études ont fait état de taux de violence conjugale ou de violence entre partenaires intimes plus élevés chez les Autochtones que chez les non-Autochtones ; une violence pouvant être liée au colonialisme, aux traumatismes intergénérationnels et à la marginalisation économique (Agence de santé publique du Canada, 2012; Andersson and Nahwegahbown, 2010; Brownridge et autres, 2017; Heidinger, 2021). Dans certains cas, des enfants présents dans le ménage peuvent être témoins de cette violence entre partenaires intimes, ou encore de violence de la part d’un de leur parent envers un autre adulte ou un autre enfant du ménage. Qu’ils soient eux-mêmes victimes de violence ou non, le fait d’être témoin de la violence d’un parent envers d’autres personnes est associé à plusieurs répercussions négatives (Wolfe et autres, 2003; Wood et Sommers, 2011).
Dans l’ensemble, un peu plus du tiers (34 %) des Autochtones (32 % des Premières Nations, 36 % des Métis et 37 %E des Inuits) ont été témoins de violence de la part d’un parent envers une autre personne durant leur enfance. En comparaison, c’était le cas de 1 non-Autochtone sur 5 (20 %) (tableau 1).
Le fait d’être témoin de la violence d’un parent envers un autre enfant du ménage était le comportement le plus souvent invoqué: un peu moins du quart (23 %) des Autochtones en ayant été témoins lorsqu’ils étaient enfants. Un peu plus de 1 Autochtone sur 6 (17 %) a déclaré avoir été témoin de la violence d’un parent envers un autre parent. Voir un parent frapper un adulte autre qu’un parent était plus rare, mais 13 % des Autochtones avaient néanmoins vécu cette expérience.
Par rapport aux non-Autochtones, les Autochtones étaient plus susceptibles d’avoir été témoins de violence de la part d’un parent à plusieurs reprises (c.-à-d. plus de cinq fois). Ainsi, les Autochtones étaient près de quatre fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir été témoins de la violence d’un parent envers un autre parent à plusieurs reprises (8,8 % par rapport à 2,4 %) et sept fois plus susceptibles d’avoir vu plus de cinq fois un parent frapper un autre parent (4,2 % par rapport à 0,6 %).
Environ 4 Autochtones sur 10 ont subi de la violence sexuelle ou physique lorsqu’ils étaient enfants
En 2019, les Autochtones ont été proportionnellement plus nombreux que les non-Autochtones à déclarer avoir subi de la violence sexuelle ou physique aux mains d’un adulte au moins une fois avant l’âge de 15 ans. Environ 4 Autochtones sur 10 (41 %, 42 % des Premières Nations, 39 % des Métis et 45 %E des Inuits) auraient ainsi subi ce type de violence durant l’enfance. Chez les non-Autochtones, cette proportion était de 25 % (tableau 2, tableau 3, graphique 2).
Graphique 2 début
Tableau de données du graphique 2
Identité autochtone | Femmes | Hommes | Total | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | ||||
de | à | de | pourcentage | de | à | ||||
Premières Nations | 41,1Note E: à utiliser avec prudence Note * | 31,5 | 51,4 | 43,7Note E: à utiliser avec prudence Note * | 29,7 | 58,6 | 42,3Note * | 34,1 | 50,9 |
Métis | 47,3Note * | 36,8 | 58,1 | 34,3Note E: à utiliser avec prudence | 23,8 | 46,6 | 39,4Note * | 31,7 | 47,7 |
Inuits | 56,3Note E: à utiliser avec prudence Note * | 39,2 | 72,0 | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 45,0Note E: à utiliser avec prudence Note * | 32,3 | 58,4 |
Ensemble des Autochtones | 44,7Note * | 38,0 | 51,6 | 37,9Note * | 29,3 | 47,5 | 41,0Note * | 35,6 | 46,6 |
Non-AutochtonesTableau de données du graphique 2 Note ‡ | 25,4 | 24,2 | 26,7 | 24,2 | 22,9 | 25,6 | 24,8 | 23,9 | 25,8 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 2 fin
À l’échelle des différentes régions du pays, c’est en Ontario (54 %E) qu’on note la proportion la plus élevée d’Autochtones ayant subi de la violence sexuelle ou physique durant l’enfance. En comparaison, cette proportion était de 33 % dans les territoires et 32 % dans les Prairies. Dans les provinces de l’Atlantique (43 %) et au Québec (37 %E), la proportion d’Autochtones ayant vécu de la violence durant l’enfance était plus près de la moyenne nationale (41 %)Note .
La surreprésentation des Autochtones parmi les victimes de violence durant l’enfance s’amenuise au fil des nouvelles cohortes
Les données de l’ESG de 2014 avaient mis en lumière des différences selon l’âge, les Autochtones plus jeunes étant moins susceptibles que les plus âgés d’avoir subi de la violence sexuelle ou physique de la part d’un adulte durant l’enfance (Burczycka, 2017). Les données de l’ESG de 2019 confirment ce qui avait été observé en 2014 : les Autochtones de 15 à 34 ans (26 %) étaient significativement moins susceptibles que les Autochtones de 35 à 54 ans (45 %) ou de 55 ans et plus (54 %) d’avoir vécu cette forme de violence durant l’enfance (graphique 3).
Graphique 3 début
Tableau de données du graphique 3
Groupe d'âge | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 3 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
15 à 34 ans | 25,9 | 16,7 | 37,9 | 19,8 | 17,9 | 21,8 |
35 à 54 ans | 44,9Note * | 35,8 | 54,3 | 28,4 | 26,9 | 30,0 |
55 ans et plus | 54,4Note * | 46,0 | 62,6 | 26,0 | 24,8 | 27,3 |
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 3 fin
D’ailleurs, la proportion d’Autochtones de 15 à 34 ans ayant été victimes de violence durant l’enfance (26 %) est relativement semblable à la proportion notée chez les non-Autochtones du même âge (20 %), c’est-à-dire que cette différence n’est pas statistiquement significative. En revanche, les Autochtones de 55 ans et plus étaient proportionnellement deux fois plus nombreux que les non-Autochtones du même âge à avoir vécu de la violence durant l’enfance (54 % par rapport à 26 %).
Plus du quart des femmes autochtones ont subi de la violence sexuelle durant l’enfance
L’ESG permet de mesurer la violence vécue durant l’enfance au moyen d’un ensemble de cinq questions rétrospectives, dont deux portent en particulier sur la violence sexuelle. Plus précisément, il est demandé aux répondants le nombre de fois qu’un adulte les a touchés d’une manière sexuelle et le nombre de fois qu’ils ont été forcés (y compris les tentatives) à avoir une activité sexuelle.
Dans l’ensemble, 16 % des Autochtones (14 % des Premières Nations, 17 % des Métis et 27 %E des Inuits) ont subi de la violence sexuelle commise par un adulte au moins une fois avant l’âge de 15 ans. Chez les non-Autochtones, cette proportion se situait à 6,1 % (tableau 2, tableau 3, graphique 4).
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, les femmesNote étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes d’avoir subi de la violence sexuelle durant l’enfance. Plus du quart (26 %) des femmes autochtones ont subi de la violence sexuelle durant l’enfance, soit près de trois fois la proportion enregistrée chez les femmes non autochtones (9,2 %). Cette proportion était également plus de quatre fois plus élevée que celle observée chez les hommes autochtones (5,8 %) (graphique 4). En raison des préoccupations continues à l’égard de la victimisation des femmes et des filles autochtones, tel que souligné par l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones, une analyse détaillée portant sur la violence vécue durant l’enfance par les femmes autochtones est présentée dans un autre article (voir Heidinger, 2022).
Graphique 4 début
Tableau de données du graphique 4
Identité autochtone | Femmes | Hommes | Total | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | ||||
de | à | de | à | de | à | ||||
Premières Nations | 20,0Note * | 13,9 | 28,0 | 6,4Note E: à utiliser avec prudence | 2,7 | 14,3 | 13,8Note * | 9,8 | 19,0 |
Métis | 32,1Note * | 22,3 | 43,8 | 4,9Note E: à utiliser avec prudence | 2,1 | 11,2 | 17,5Note * | 12,1 | 24,6 |
Inuits | 38,0Note E: à utiliser avec prudence Note * | 21,3 | 58,1 | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 27,2Note E: à utiliser avec prudence Note * | 15,6 | 43,0 |
Ensemble des Autochtones | 26,1Note * | 20,4 | 32,6 | 5,8 | 3,2 | 10,1 | 16,0Note * | 12,7 | 20,0 |
Non-AutochtonesTableau de données du graphique 4 Note ‡ | 9,2 | 8,4 | 10,0 | 2,8 | 2,4 | 3,3 | 6,1 | 5,6 | 6,6 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 4 fin
Parmi les différentes formes de violence sexuelle, les attouchements étaient les plus souvent déclarés. Dans l’ensemble, près de 1 Autochtone sur 6 (16 %) a été victime d’attouchements de la part d’un adulte durant l’enfance, comparativement à 5,9 % des non-Autochtones. La différence est davantage marquée lorsque l’on considère uniquement ceux qui ont subi des attouchements à plusieurs reprises : les Autochtones étaient environ quatre fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir subi des attouchements sexuels plus de cinq fois (5,9 % par rapport à 1,4 %, respectivement).
Le fait de s’être fait forcé à avoir une activité sexuelle durant l’enfance a déclaré un peu moins souvent, mais a néanmoins été vécu par 11 % des Autochtones, comparativement à 3,0 % des non-Autochtones. Les Autochtones étaient environ six fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir subi cette forme de violence plus de cinq fois (4,5 % par rapport à 0,8 %, respectivement).
Un membre de la famille est à l’origine de la violence sexuelle dans plus de la moitié des cas
Dans le cadre de l’ESG, on a demandé aux personnes ayant subi de la violence sexuelle de la part d’un adulte durant leur enfance de partager certains renseignements au sujet de l’incident le plus graveNote qu’ils ont vécu, notamment au sujet de la personne qui en était l’auteur et l’endroit de l’agression.
La majorité (56 %) des Autochtones ayant été victimes de violence sexuelle durant l’enfance ont indiqué qu’un membre de la famille était à l’origine de l’agression la plus grave. Plus précisément, le quart (25 %E) a identifié un membre de la famille immédiateNote et près du tiers (31 %E) a identifié un membre de la famille élargieNote comme étant la personne responsable de la violence. En comparaison, 44 % des non-Autochtones ayant subi de la violence sexuelle durant l’enfance ont mentionné avoir été agressé par un membre de la famille (23 % par un membre de la famille immédiate, 21 % par un membre de la famille élargieNote ) (tableau 4).
Comparativement aux Autochtones, les non-Autochtones étaient cependant plus susceptibles d’avoir été agressés sexuellement par un voisin, un ami ou une connaissance (32 % par rapport à 21 %E). Tant chez les Autochtones (95 %) que chez les non-Autochtones (93 %), un homme était à l’origine de l’agression sexuelle la plus sérieuse dans la quasi-totalité des cas.
Un peu plus de la moitié des Autochtones (51 %E) ayant subi de la violence sexuelle durant l’enfance ont indiqué que l’incident le plus grave est survenu dans la maison familiale. Un peu plus du tiers (35 %E) ont déclaré que l’incident avait eu lieu dans une autre résidence, la plupart du temps celle de l’agresseur; et près de 1 victime autochtone sur 10 (8,8 %E) a indiqué que l’incident le plus grave s’était produit dans une école ou un pensionnat autochtoneNote . Les non-Autochtones ont aussi le plus souvent été agressés sexuellement dans une résidence privée mais, comparativement aux Autochtones, ils étaient plus susceptibles d’avoir été agressés dans un lieu public (15 % par rapport à 3,6 %E).
Plus du tiers des Autochtones ont subi de la violence physique durant leur enfance
La violence physique durant l’enfance comprend le fait de s’être fait gifler, frapper, pousser, agripper, bousculer, lancer un objet, mordre, brûler, donner un coup de pied ou de poing, étrangler ou attaquer physiquement autrement. Plus du tiers (36 %) des Autochtones (38 % des Premières Nations, 36 % des Métis et 34 % des Inuits) ont déclaré avoir subi de la violence physique de la part d’un adulte durant leur enfance (tableau 2, tableau 3).
Dans l’ensemble, les Autochtones (36 %) étaient plus susceptibles que les non-Autochtones (22 %) à avoir subi de la violence physique de la part d’un adulte au moins une fois durant leur enfance. Les différences entre les Autochtones et les non-Autochtones sont cependant un peu plus marquées lorsque l’on considère les personnes qui ont subi de la violence à plusieurs reprises.
Plus précisément, par rapport aux non-Autochtones, les Autochtones étaient deux fois plus susceptibles d’avoir été giflés ou frappés à plus de cinq reprises (13 % par rapport à 6,5 %), trois fois plus susceptibles de s’être fait pousser, agripper, bousculer ou lancer un objet à plusieurs reprises (11 % par rapport à 3,3 %) et plus de quatre fois plus susceptibles de s’être fait mordre, brûler, donner un coup de pied ou de poing, attaquer ou attaquer physiquement d’une autre façon en plus de cinq occasions (6,9 % par rapport à 1,6 %).
Dans la majorité des cas, un homme était à l’origine de l’agression physique la plus grave, tant chez les Autochtones (65 %) que chez les non-Autochtones (58 %). Ces proportions sont néanmoins inférieures à ce qui a été noté dans le cas des agressions sexuelles commises par un homme (95 % et 93 %, respectivement).
Dans la grande majorité des cas, les Autochtones ayant subi de la violence physique durant l’enfance ont déclaré que l’incident le plus grave avait été perpétré par un membre de la famille immédiate (73 %) et qu’il était survenu dans la résidence familiale (76 %).
Peu de victimes de violence durant l’enfance en ont parlé aux autorités, mais les victimes autochtones étaient plus susceptibles de l’avoir fait
Les expériences de violence sexuelle ou physique durant l’enfance sont rarement venues à l’attention de la police ou des services de protection de l’enfance. Environ 1 Autochtone sur 6 (16 %) ayant subi de la violence sexuelle ou physique de la part d’un adulte durant l’enfance a déclaré avoir, avant l’âge de 15 ans, parlé des événements aux autorités, que ce soit à la police (12 %) ou aux services de protection de l’enfance (10 %). Il est à noter que l’ESG ne demande pas la façon dont la violence est venue à l’attention des autorités, le signalement pouvant avoir été fait par une personne autre que la victime.
Comparativement aux Autochtones, les non-Autochtones (5,2 %) étaient moins susceptibles d’avoir parlé aux autorités de la violence vécue avant l’âge de 15 ans: 3,7 % des victimes ont parlé à la police et 2,8 % ont parlé aux services de protection de l’enfance (graphique 5). En comparaison, environ le quart (24 %) des crimes violents commis à l’encontre de l’ensemble des victimes de 15 ans et plus, autochtones ou non autochtones, ont été signalés à la police en 2019 (Cotter, 2021).
Graphique 5 début
Tableau de données du graphique 5
Personne à qui la victime a parlé de la violence avant l'âge de 15 ans | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 5 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
Police ou protection de l'enfance | 16,2Note * | 10,4 | 24,4 | 5,2 | 4,4 | 6,3 |
Police | 12,0Note * | 7,4 | 19,0 | 3,7 | 3,0 | 4,5 |
Protection de l'enfance | 10,1Note * | 5,5 | 18,0 | 2,8 | 2,2 | 3,7 |
Membre de la famille | 35,3 | 27,2 | 44,4 | 28,3 | 26,5 | 30,3 |
Ami | 18,3 | 12,4 | 26,1 | 15,4 | 13,8 | 17,2 |
Personnel de santé | 7,7 | 3,3 | 16,7 | 2,7 | 2,1 | 3,5 |
Professeur | 5,2 | 2,0 | 13,1 | 2,0 | 1,5 | 2,7 |
Autre | 11,4Note * | 5,9 | 20,9 | 3,4 | 2,7 | 4,2 |
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 5 fin
Certaines victimes de violence durant l’enfance ont aussi pu parler des événements à d’autres personnes, comme un membre de la famille ou un ami. Dans l’ensemble, un peu moins de la moitié (46 %) des Autochtones ayant été victimes de violence durant l’enfance a parlé avant l’âge de 15 ans à une personne, autre que les autorités, des événements violents. La plupart du temps, il s’agissait d’un membre de la famille (35 %), d’un ami (18 %), de personnel de la santéNote (7,7 %) ou d’un professeur (5,2 %).
Plus du tiers des personnes ayant subi de la violence sexuelle ou physique alors qu’elles étaient sous la responsabilité légale de l’État sont Autochtones
Les Autochtones de 15 ans et plus sont environ 9 fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir déjà été sous la responsabilité de l’État durant leur enfance (11 % par rapport à 1,3 %). Plus précisément, 15 % des personnes des Premières Nations, 7,3 % des Métis et 19 %E des Inuits ont déclaré avoir déjà été sous la responsabilité de l’État (tableau 2).
Pour plusieurs enfants, et particulièrement chez les Autochtones, ces placements sous la responsabilité de l’État se sont accompagnés de violence sexuelle ou physique. Dans l’ensemble, plus du tiers (34 %) des personnes de 15 ans et plus ayant subi de la violence pendant qu’elles étaient sous la responsabilité de l’État sont des Autochtones.
Début de l'encadré 1
Encadré 1
La
surreprésentation des Autochtones dans les services de protection de l’enfance
Plusieurs études et rapports ont fait état d’une surreprésentation des Autochtones dans les services de protection de l’enfance (Assemblée des Premières Nations, 2006; Centre national pour la vérité et la réconciliation, 2015; Ma et autres, 2019; Sinha et autres, 2011).
La proportion plus élevée d’Autochtones ayant déjà été sous la responsabilité légale de l’État durant leur enfance pourrait partiellement s’expliquer par une gravité et un signalement plus élevés de la violence subie durant l’enfance. Les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir subi certains comportements de la part d’un adulte à plus de cinq reprises avant l’âge de 15 ans (tableau 1, tableau 2). Les personnes, autochtones ou non, qui ont déclaré avoir subi à plusieurs reprises certains comportements étaient également plus susceptibles d’en avoir parlé aux autorités.
Par exemple, les non-Autochtones qui ont déclaré avoir été forcés à une activité sexuelle plus de cinq fois, avoir subi des attouchements plus de cinq fois, avoir été frappés plus de cinq fois ou avoir été poussés ou agrippés plus de cinq fois étaient à peu près aussi susceptibles que les Autochtones ayant vécu les mêmes expériences (15 % et 21 %Note , respectivement) d’en avoir parlé aux autorités. Ainsi, il est possible que la proportion relativement élevée d’Autochtones ayant été sous la responsabilité légale de l’État soit, en partie, attribuable à la plus grande fréquence et gravité de la violence sexuelle et physique vécue par les Autochtones, et qu’une telle violence est plus souvent signalée aux autorités.
Cependant, même parmi les personnes ayant déclaré avoir subi de la violence moins grave ou moins fréquente, les autorités étaient plus susceptibles d’avoir été alertées lorsque la violence impliquait des Autochtones. Par exemple, parmi les personnes ayant été giflées ou tapées cinq fois ou moins par un adulte avant l’âge de 15 ans, les Autochtones étaient environ quatre fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’ avoir parlé aux autorités (13 %E par rapport à 2,9 %).
Une analyse multivariée a été menée afin d’analyser les facteurs influant sur la probabilité d’avoir déjà été sous la responsabilité légale de l’État. L’analyse a tenu compte de la gravité et de la fréquence des antécédents de violence ou de négligence, de même que du lien entre l’enfant et la personne ayant commis l’agression la plus grave, le lieu de l’agression la plus grave ainsi que l’Identité autochtone de la victime. En revanche, plusieurs corrélats connus ne faisaient pas partie de l’ESG et n’ont pu être inclus dans l’analyse, par exemple les ressources des parents (p. ex. le réseau social, les ressources financières), la santé mentale ou la consommation d’alcool ou de drogues des parents, ou encore la situation du ménage (p. ex. la surpopulation du logement).
Néanmoins, les résultats montrent que la proportion plus élevée de personnes ayant déjà été sous la responsabilité de l’État parmi les Autochtones serait, au moins en partie, attribuable à d’autres facteurs que la gravité ou la fréquence de la violence ou de la négligence. Parmi tous les facteurs pris en compte, le fait d’être Autochtone demeurait le plus étroitement lié à la probabilité d’avoir déjà été sous la responsabilité légale de l’État (rapport de cotes = 6,85)Note (tableau de l’encadré 1).
Plusieurs ont reproché aux systèmes de protection de l’enfance d’être la continuation des systèmes de marginalisation, d’oppression et de colonialisme vécus sous le système des pensionnats autochtones (Blackstock, 2007; Centre de la collaboration nationale de la santé autochtone 2017a; Choate et autres, 2021). Pour sa part, le rapport de la Commission sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées a souligné que la manière dont les services de protection de l’enfance enquêtent sur les prises en charge d’enfants ou en corroborent le bien-fondé peut être jugée raciste et insuffisante (Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019).
C’est dans ce contexte que l’ancien projet de loi C-92, Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, a reçu la sanction royale en juin 2019. Cette loi vise à permettre aux communautés et groupes autochtones d’élaborer des politiques et lois en matière de protection de l’enfance en fonction de leurs propres histoires, cultures et situations, et ce, afin de protéger les liens qu’entretiennent les enfants avec leur famille, leur communauté et leur culture (Services aux Autochtones, 2019).
Fin de l’encadré 1
Les expériences de victimisation des personnes de 15 ans et plus au cours des 12 mois précédant l’enquête
En plus des expériences passées de violence sexuelle ou physique vécues par des enfants autochtones, l’enjeu de la surreprésentation des Autochtones parmi les victimes de crimes violents a également souvent été à l’avant-plan de l’actualité récente. Le rapport final de l’Enquête nationale sur les FFADA a notamment souligné les taux élevés d’homicides et de disparitions des femmes et des filles autochtones. Le rapport a également mis l’accent sur le contexte de cette violence, souvent marqué par les traumatismes intergénérationnels, la marginalisation sous forme de pauvreté, de logement précaire ou d’itinérance et des obstacles à l’éducation, à l’emploi, aux soins de santé et au soutien culturel (Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019). Les données les plus récentes font d’ailleurs toujours état de taux d’homicides ou de victimisation avec violence plus élevés chez les Autochtones que chez les non-Autochtones (Armstrong et Jaffray, 2021; Cotter, 2021).
Au moyen des données de de l’ESG de 2019, la prochaine section présente une analyse de la nature et de l’étendue de la victimisation plus récente (c.-à-d. au cours des 12 mois précédant l’enquête) chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits. En outre, le contexte et les principaux facteurs associés à cette violence y sont examinés.
Les Autochtones sont deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir été victimes d’un crime violent
Près de 80 000 Autochtones ont été victimes d’au moins une agression sexuelle, un vol qualifié ou de voies de fait au cours des 12 mois précédant l’ESG de 2019. Cela correspond à 8,4 % des Autochtones, soit une proportion deux fois plus élevée que celle observée chez les non-Autochtones (4,2 %) (tableau 3, tableau 5). Plus précisément, 4,1 % des Autochtones ont déclaré avoir été victimes d’un seul crime violent, alors que 4,3 % ont été victimes d’au moins deux crimes violentsNote . En comparaison, 2,2 % des non-Autochtones ont été victimes d’un seul crime violent et 1,9 % ont été victimes d’au moins deux crimes violentsNote .
Dans l’ensemble, les Autochtones ont été victimes d’un peu plus de 165 000 crimes violents, ce qui représente 6,4 % des crimes violents déclarés dans le cadre de l’ESG. Cela correspond à un taux de 177 crimes violents pour 1 000 Autochtones, comparativement à un taux de 80 crimes violents pour 1 000 non-Autochtones.
Parmi les différents crimes, les voies de fait (agressions physiques) étaient les plus fréquentes, représentant plus des deux tiers (68 %) des crimes violents déclarés par les Autochtones. Environ 1 crime violent sur 5 (20 %) était une agression sexuelle, alors que 12 % étaient des vols qualifiés.
Les Autochtones vivant dans les régions rurales sont aussi susceptibles que les non-Autochtones d’avoir été victimes d’un crime violent
Alors que, dans l’ensemble, les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones de déclarer avoir été victimes d’un crime violence en 2019, cette tendance était moins claire dans les régions rurales (c.-à-d. les régions à l’extérieur des régions métropolitaines de recensement et des agglomérations de recensementNote ). Dans les régions rurales, 6,4 % des AutochtonesNote ont déclaré avoir été victimes d’un crime violent, soit une différence qui n’est pas statistiquement significative par rapport à la proportion enregistrée parmi les non-Autochtones (3,9 %). En revanche, les Autochtones vivant dans les régions urbaines étaient environ deux fois plus susceptibles que leurs homologues non-autochtones d’avoir été victimes d’un crime violent en 2019 (9,7 %Note par rapport à 4,2 %) (tableau 5, tableau 6).
Des études antérieures fondées sur les données déclarées par la police ont relevé des taux de criminalité relativement élevés dans les régions septentrionales du pays, c’est-à-dire dans le Nord provincial et dans les territoires (Allen et Perreault, 2015; Perreault, 2019), qui sont en grande partie rurales. Selon les données autodéclarées dans le cadre de l’ESG de 2019, 11 % des Autochtones vivant dans les régions septentrionales ont été victimes d’un crime violent en 2019. Cependant, la différence entre cette proportion et la proportion de victimes parmi les non-Autochtones vivant dans les régions septentrionales (6,2 %) ou parmi les Autochtones vivant dans les régions du sud (7,6 %) ne s’est pas avérée être statistiquement significative.
Début de l'encadré 2
Encadré
2
Les
Autochtones résidant dans les provinces de l’Atlantique sont moins susceptibles
d’avoir été victimes d’un crime contre la personne que les Autochtones des
autres régions
En plus de fournir des renseignements sur les expériences de victimisation avec violence, l’ESG permet de recueillir des données sur les vols de biens personnels survenus au cours des 12 mois précédant l’enquête. Ensemble, ces renseignements représentent les crimes contre la personne. L’analyse de l’ensemble des crimes contre la personne permet de dégager certaines différences entre les provinces ou les territoires, ce qui ne serait pas possible si l’analyse portait sur les crimes violents en raison de la taille de l’échantillonNote .
Parmi les provinces et les territoires, c’est dans les provinces de l’AtlantiqueNote que les Autochtones étaient les moins susceptibles d’avoir été victimes d’un crime contre la personne en 2019. Dans l’ensemble des provinces de l’Atlantique, 7,2 % des Autochtones ont été victimes d’un crime violent ou d’un vol de biens personnels. En comparaison, cette proportion atteignait 18 % à l’échelle du pays. Par ailleurs, la proportion d’Autochtones ayant été victimes d’un crime contre la personne dans les provinces de l’Atlantique était relativement semblable à la proportion enregistrée chez leurs homologues non autochtones (8,5 %) (graphique 6).
Graphique 6 début
Tableau de données du graphique 6
Province ou territoire | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 6 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
Provinces de l'Atlantique | 7,2Note ** | 3,2 | 15,4 | 8,5Note ** | 7,1 | 10,0 |
Québec | 9,7Note E: à utiliser avec prudence | 3,4 | 24,5 | 7,7Note ** | 6,3 | 9,4 |
Ontario | 20,1Note E: à utiliser avec prudence | 10,5 | 35,1 | 9,4 | 8,2 | 10,7 |
Manitoba | 23,1Note E: à utiliser avec prudence Note * | 14,0 | 35,6 | 10,2 | 8,1 | 12,6 |
Saskatchewan | 13,6Note E: à utiliser avec prudence | 6,9 | 25,3 | 12,0 | 9,6 | 14,9 |
Alberta | 16,6Note E: à utiliser avec prudence | 8,3 | 30,3 | 14,7Note ** | 12,6 | 17,2 |
Colombie-Britannique | Note F: trop peu fiable pour être publié | 13,7 | 43,7 | 12,9Note ** | 10,8 | 15,4 |
Yukon | 19,0 | 9,9 | 33,4 | 13,2 | 10,3 | 16,7 |
Territoires du Nord-Ouest | 20,2 | 14,7 | 27,1 | 17,4Note ** | 13,5 | 22,1 |
Nunavut | 17,8 | 13,1 | 23,7 | 11,8 | 7,4 | 18,5 |
Canada | 17,9Note * | 14,0 | 22,7 | 10,1 | 9,4 | 10,9 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 6 fin
Le Manitoba est la province où l’on observe la plus grande différence au niveau de la victimisation des Autochtones par rapport aux non-Autochtones. Près du quart (23 %E) des Autochtones de cette province ont déclaré avoir été victimes d’au moins un crime violent ou un vol de biens personnels au cours des 12 mois précédant l’enquête, comparativement à 10 % des non-Autochtones. Cette différence est surtout attribuable aux taux élevés de victimisation en milieu urbain. En milieu rural, 5,4 % des Autochtones et 5,0 % des non-Autochtones ont déclaré avoir été victimes d’un crime contre la personne.
Fin de l’encadré 2
Parmi les Métis et les Inuits, plus de 1 personne sur 10 a été victime d’un crime violent en 2019
Les taux plus élevés de victimisation chez les Autochtones sont principalement attribuables aux taux élevés affichés par les Métis et les Inuits. Plus précisément, 12 % des Métis (225 crimes violents pour 1 000 Métis) et 11 %E des Inuits (265E crimes violents pour 1 000 Inuits) ont déclaré avoir vécu au moins un crime violent en 2019. Chez les Premières Nations, 5,5 % ont été victimes d’au moins un crime violent (127 crimes violents pour 1 000 personnes des Premières Nations), soit une proportion relativement semblable à celle observée chez les non-Autochtones (4,2 %)Note (tableau 3, graphique 7).
Graphique 7 début
Tableau de données du graphique 7
Identité autochtone | taux pour 1 000 personnes | intervalle de confiance de 95 % | |
---|---|---|---|
de | à | ||
Premières Nations | 127 | 33 | 220 |
Métis | 225Note * | 84 | 367 |
Inuits | 265Note * | 114 | 415 |
Ensemble des Autochtones | 177Note * | 97 | 258 |
Non-AutochtonesTableau de données du graphique 7 Note ‡ | 80 | 68 | 92 |
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 7 fin
La prévalence plus élevée de la victimisation chez les Métis et les Inuits a surtout été observée pour les voies de fait. La proportion de personnes ayant été victimes d’au moins une agression sexuelle ou au moins un vol qualifié était relativement semblable dans chacun des groupes autochtones ainsi que par rapport aux non-AutochtonesNote . En revanche, 10 %E des Inuits et 8,5 % des Métis ont été victimes d’au moins un incident de voies de fait, comparativement à 4,5 % des Premières Nations et à 2,6 % des non-Autochtones (tableau 3)Note .
Près de 1 femme autochtone sur 10 a été victime d’un crime violent en 2019
Bien qu’il s’agisse d’un problème de longue date (voir Miladinovic et Mulligan, 2015 ou Brzozowski et autres, 2006), la question de la victimisation des femmes autochtones a été un enjeu de société ayant reçu davantage d’attention au cours des dernières années. Notamment, les nombreuses affaires de femmes et filles autochtones disparues et assassinées ont mené à la création, en 2016, d’une commission d’enquête (Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019). La victimisation chez les femmes autochtones est d’ailleurs traitée en profondeur dans l’article « La violence entre partenaires intimes : les expériences des femmes des Premières Nations, métisses et inuites » (Heidinger, 2022).
Selon les données de l’ESG de 2019, près de 1 femme autochtone sur 10 (9,3 %, 5,9 % des femmes des Premières Nations, 15 % des Métisses et 9,7 %E des Inuites) a été victime d’un crime violent au cours des 12 mois précédant l’enquête (tableau 5, tableau 6). Plus précisément, 2,8 % des femmes autochtones ont subi au moins une agression sexuelle, 1,8 % ont été victimes d’un vol qualifié et 6,3 % ont été victimes de voies de fait. Parmi les non-Autochtones, environ 1 femme sur 20 (4,9 %) a été victime d’un crime violentNote .
Chez les hommes, 7,7 % (5,1 %E des Premières Nations et 9,6 %E des MétisNote ) ont été victimes d’un crime violent au cours des 12 mois précédant l’enquête, soit une proportion deux fois plus élevée que celle affichée par les hommes non autochtones (3,4 %).
Les Autochtones de 35 à 54 ans sont les plus susceptibles d’avoir fait l’objet d’un crime violent
La majorité des études portant sur la victimisation montrent qu’il existe un lien étroit entre l’âge et le risque de victimisation (Cotter, 2021; Perreault, 2015; Sidique, 2016). En général, les taux de victimisation atteignent un sommet chez les personnes de 15 à 24 ans, puis ont tendance à diminuer graduellement à mesure que l’âge augmente. Une relation similaire a aussi été observée entre l’âge et la perpétration de crime, et ce, tant au Canada que dans la plupart des pays (Loeber et autres, 2015; Ulmer et Steffensmeier, 2014).
Parmi les personnes âgées de 15 à 34 ans, les Autochtones et les non-Autochtones ont été victimes d’un crime violent dans des proportions relativement semblables en 2019. Les taux les plus élevés ont plutôt été notés parmi les Autochtones de 35 à 54 ans. Ainsi, environ 1 Autochtone sur 8 (12 %, 8,4 %E des Premières Nations et 19 %E des MétisNote ) âgé de 35 à 54 ans a été victime d’au moins un crime violent au cours des 12 mois précédant l’enquête. Cette proportion est environ quatre fois plus élevée que celle notée chez les non-Autochtones du même âge (3,9 %) ou des Autochtones de 55 ans et plus (3,4 %) (tableau 5, tableau 6, graphique 8).
Graphique 8 début
Tableau de données du graphique 8
Identité autochtone et genre | 15 à 34 ans | 35 à 54 ans | 55 ans et plus | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | ||||
de | à | de | à | de | à | ||||
Autochtones | |||||||||
Femmes | 8,4Note E: à utiliser avec prudence | 3,5 | 18,6 | 14,0Note E: à utiliser avec prudence | 6,8 | 26,9 | 3,7Note E: à utiliser avec prudence | 1,6 | 8,4 |
Hommes | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 9,7Note E: à utiliser avec prudence | 3,8 | 22,9 | 3,2Note E: à utiliser avec prudence | 0,9 | 10,2 |
Total | 8,8 | 4,9 | 15,3 | 12,4Note * | 6,8 | 21,5 | 3,4 | 1,7 | 6,8 |
Non-AutochtonesTableau de données du graphique 8 Note ‡ | |||||||||
Femmes | 9,3 | 7,5 | 11,6 | 4,4 | 3,4 | 5,8 | 1,8 | 1,4 | 2,3 |
Hommes | 5,2 | 3,8 | 7,0 | 3,3 | 2,6 | 4,2 | 1,8 | 1,2 | 2,7 |
Total | 7,3 | 6,1 | 8,7 | 3,9 | 3,2 | 4,7 | 1,8 | 1,5 | 2,3 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 8 fin
Les taux plus élevés de victimisation avec violence chez les Autochtones de 35 à 54 ans pourraient être, en partie, liés aux plus fortes proportions de personnes ayant subi de la violence durant l’enfance dans ce groupe d’âge comparativement aux Autochtones de moins de 35 ans. Le fait d’avoir vécu de la violence durant l’enfance est associé aux problèmes de santé mentale et de consommation d’alcool ou de drogues, à la marginalisation et à la discrimination, ce qui est associé à un risque accru de victimisation (Boyce et autres, 2015; Burczycka, 2017; Cotter 2021; Perreault, 2015).
Début de l'encadré 3
Encadré
3
La
violence conjugale et la violence entre partenaires intimes autodéclarées
À l’instar de ce qui est observé pour la violence en général, plusieurs études ont relevé des taux plus élevés de violence conjugale ou de violence entre partenaires intimes chez les Autochtones par rapport aux non-Autochtones (Boyce, 2016; Burczycka, 2016; Heidinger, 2021). Le legs durable de la colonisation et de la suppression culturelle pourrait avoir mené à une certaine normalisation de la violence, particulièrement à l’égard des femmes autochtones (Andersson et Nahwegahbon, 2010; Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019; Heidinger 2021)
En 2019, 7,5 % des Autochtones (7,3 % des Premières Nations, 9,4 % des Métis et 15 %E des Inuits) mariés ou en union libre, ou qui avaient eu (ou eu un contact avec) un conjoint au cours des cinq années précédentes, ont vécu de la violence conjugale. Chez les non-Autochtones, cette proportion se situait à 3,4 %. Ceci dit, on observe une baisse significative de la violence conjugale à l’endroit des femmes autochtones. Plus précisément, la proportion de femmes autochtones victimes de violence conjugale a diminuée d’environ 50 % depuis 2009, passant de 15 %E en 2009 à 7,5 % en 2019 (graphique 9).
Graphique 9 début
Tableau de données du graphique 9
Identité autochtone et genre | 2009 | 2014 | 2019Tableau de données du graphique 9 Note ‡ | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | ||||
de | à | de | à | de | à | ||||
Autochtones | |||||||||
Femmes | 15,4Note E: à utiliser avec prudence Note *** | 10,8 | 21,4 | 9,7Note E: à utiliser avec prudence Note ** | 6,3 | 14,5 | 7,5 | 4,0 | 13,6 |
Hommes | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 8,0Note E: à utiliser avec prudence Note ** | 4,7 | 13,4 | 6,2 | 2,8 | 13,5 |
Total | 9,5Note ** | 6,9 | 13,1 | 8,8Note ** | 6,4 | 12,1 | 6,9Note ** | 4,3 | 10,9 |
Non-AutochtonesTableau de données du graphique 9 Note ‡ | |||||||||
Femmes | 6,0Note * | 5,4 | 6,7 | 3,3 | 3,0 | 3,8 | 4,1 | 3,4 | 5,0 |
Hommes | 6,1Note * | 5,4 | 6,9 | 4,1Note * | 3,6 | 4,7 | 2,6 | 2,1 | 3,2 |
Total | 6,1Note * | 5,6 | 6,6 | 3,7 | 3,4 | 4,1 | 3,4 | 2,9 | 3,9 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 9 fin
En 2019, des questions ont été ajoutées à l’ESG afin de mieux mesurer la nature et l’étendue de la violence commise par des partenaires intimes autres qu’un conjoint marié ou en union de fait (actuel ou ancien). Dans l’ensemble, 11 % des Autochtones (8,9 % des Premières Nations, 13 % des Métis et 17 %E des Inuits) ont déclaré avoir subi de la violence de la part d’un partenaire intime au cours des cinq années précédant l’enquête, soit une proportion plus de deux fois plus élevée que parmi les non-Autochtones (4,7 %)Note (graphique 10).
Plus précisément, 11 % des Autochtones ont déclaré avoir été menacés d’être frappés, s’être fait lancer un objet, avoir été poussés, empoignés ou giflés par un partenaire intime; alors que 18 % ont déclaré s’être fait mordre ou donner un coup de poing ou coup de pied, s’être fait frapper avec un objet, avoir été battus ou étranglés, avoir été menacés avec une arme, avoir été forcés ou manipulés afin de se livrer à une activité sexuelle non consentante. En comparaison ces proportions sont de 5,1 % et 3,17 % chez les non-Autochtones.
Graphique 10 début
Tableau de données du graphique 10
Identité autochtone | Femmes | Hommes | Total | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | ||||
de | à | de | à | de | à | ||||
Premières Nations | 15,7Note E: à utiliser avec prudence Note * | 8,8 | 26,3 | 6,4Note E: à utiliser avec prudence | 2,5 | 15,7 | 11,7Note * | 7,2 | 18,4 |
Métis | 12,9Note E: à utiliser avec prudence | 7,1 | 22,6 | 17,6Note E: à utiliser avec prudence Note * | 8,2 | 33,9 | 15,5Note * | 9,2 | 24,9 |
Inuits | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 22,0Note E: à utiliser avec prudence Note * | 11,6 | 37,5 |
Ensemble des Autochtones | 13,5Note * | 9,0 | 19,7 | 12,9Note * | 7,0 | 22,7 | 13,3Note * | 9,3 | 18,5 |
Non-AutochtonesTableau de données du graphique 10 Note ‡ | 6,5 | 5,7 | 7,5 | 4,9 | 4,1 | 5,9 | 5,7 | 5,1 | 6,4 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 10 fin
Outre la violence physique ou sexuelle, la violence entre partenaires intimes peut parfois prendre la forme de violence psychologique ou économique. Un peu plus de 1 Autochtone sur 4 (27 %, ou 21 % des Premières Nations, 30 % des Métis et 47 %E des Inuits) a vécu de la violence psychologique ou économique de la part d’un partenaire intimeNote . En comparaison, 16 % des non-Autochtones ont été victimes de violence psychologique ou économique.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la violence entre partenaires intimes ou la violence conjugale, il est possible de consulter les articles de Juristat intitulés « La violence conjugale au Canada, 2019 » (Conroy, 2021) et « La violence entre partenaires intimes : les expériences des femmes des Premières Nations, métisses et inuites » (Heidinger, 2021).
Fin de l’encadré 3
Les personnes déclarant consommer des drogues affichent des taux de victimisation plus élevés
Les Autochtones ont été proportionnellement plus nombreux que les non-Autochtones à déclarer avoir consommé du cannabis ou des drogues illicites au cours des 12 mois précédant l’enquête. Le quart (25 %) des Autochtones (19 % des Premières Nations, 30 % des Métis et 46 %E des Inuits) ont déclaré avoir consommé du cannabis ou des drogues illicites, comparativement à 15 % des non-Autochtones. Différentes études ont noté un risque de victimisation accru chez les personnes consommant du cannabis ou des drogues illicites (Boyce, 2016; Cotter et Savage, 2019; Cotter, 2021; Perreault, 2015; Perreault, 2020). Cette même association s’observait avec les données de l’ESG de 2019, alors que les Autochtones ayant consommé des drogues étaient environ trois fois plus susceptibles que ceux n’en ayant pas consommé d’avoir été victimes d’au moins un crime violent (17 % par rapport à 5,4 %) (tableau 7).
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, les consommateurs de drogues étaient plus susceptibles que les non-consommateurs d'être âgés de 15 à 34 ans (49 % par rapport à 28 %), d’être célibataires (41 % par rapport à 26 %), d’effectuer 20 sorties en soirée ou plus par mois (31 % par rapport à 21 %), de déclarer au moins une consommation excessive d’alcoolNote par mois (52 % par rapport à 18 %) ou d’avoir un conjoint qui consomme de la drogue ou a au moins une consommation excessive d’alcool par mois (66 % par rapport à 19 %Note ). Ces facteurs sont également associés à des taux de victimisation plus élevés. Ainsi, les personnes qui consomment de la drogue pourraient être davantage exposées à la violence.
La consommation de drogue est également associée à d’autres expériences de vie difficiles ou d’expériences de marginalisation. Par exemple, la consommation de drogues était plus fréquente parmi les Autochtones ayant vécu de la violence durant l’enfance (33 %) ou des pratiques parentales sévères (29 %) que ceux qui n’avaient pas vécu de violence (21 %) ou de pratiques parentales sévères (16 %). De même, la consommation de drogue était plus élevée chez les personnes ayant déjà été itinérantes, ayant une incapacité physique ou mentale ou ayant subi de la discrimination au cours des cinq années précédentes. Or, ces expériences de vie sont également associées à un risque de victimisation accru.
Enfin, il peut arriver que certaines victimes consomment des drogues pour composer avec les répercussions négatives de la victimisation. Selon les données de l’ESEPP de 2018, 10 % des personnes consommant des drogues et ayant été victimes d’une agression physique ou sexuelle au cours de leur vieNote ont indiqué consommer pour composer avec les répercussions négatives de la victimisation.
Les antécédents de violence et de pratiques parentales sévères ou négligentes durant l’enfance sont étroitement associés au risque de victimisation à l’âge adulte
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, le fait d’avoir vécu de la violence ou des pratiques parentales sévères durant l’enfance représente l’un des principaux facteurs associés au risque de victimisation à l’âge adulte (Burczycka, 2017; Cotter, 2021; Perreault, 2015; Perreault, 2020). Comme il a été mentionné dans la première section du présent article, les Autochtones, particulièrement ceux de 35 ans et plus, étaient plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir vécu de la violence durant leur enfance.
Or, les taux élevés de victimisation avec violence chez les Autochtones pourraient être associés au fait qu’une plus grande proportion d’entre eux ont vécu de la violence ou des pratiques parentales sévères. Par exemple, 1,1 % des AutochtonesNote n’ayant jamais subi de pratiques parentales sévères ou négligentesNote ont été victimes d’un crime violent au cours des 12 mois précédant l’enquête, soit une proportion semblable à celle affichée par leurs homologues non autochtones (1,7 %). Cette proportion était toutefois environ 10 fois plus élevée chez les Autochtones ayant subi des pratiques parentales sévères (11 %, ou 7,5 % des Premières Nations et 15 % des Métis), et environ deux fois plus élevée que celle notée chez les non-Autochtones ayant aussi subi de telles pratiques (5,7 %) (tableau 7).
De même, alors que 3,7 % des Autochtones n’ayant pas subi de violence durant l’enfance ont déclaré avoir été victimes d’un crime violent en 2019, cette proportion s’établissait à 14 % (11 %E chez les Premières Nations, 22 %E chez les MétisNote ) parmi ceux ayant subi de la violence physique et à 27 %E parmi ceux ayant subi de la violence sexuelle. Chez les non-Autochtones, ces proportions étaient de 2,9 %, 7,6 % et 10 %, respectivement.
Début de l'encadré 4
Encadré
4
Analyse
multivariée : L’identité autochtone n’est pas un facteur associé au risque
de victimisation avec violence, tandis que la violence sexuelle subie durant
l’enfance constitue un facteur important
Il existe une étroite corrélation entre plusieurs des facteurs qui sont associés à des taux de victimisation plus élevés. Par exemple, le fait d’être jeune est généralement associé à des taux plus élevés de victimisation avec violence, mais le fait d’être jeune est aussi associé au fait d’être célibataire, à un plus grand nombre de sorties en soirée, ou encore, à une plus grande consommation d’alcool ou de drogues. Tous ces facteurs sont également associés à des taux de victimisation plus élevés dans l’ensemble de la population. Une analyse multivariée (régression logistique) permet d’analyser ces facteurs indépendamment, donc en maintenant constants les autres facteurs, et de déterminer lesquels sont les plus déterminants.
Dans le cadre du présent rapport, une première série d’analyses multivariées ont porté sur l’ensemble de la population afin de déterminer les Autochtones continuaient d’afficher un risque de victimisation plus élevé lorsque d’autres facteurs étaient maintenus constants.
En tenant compte que de certains des principaux facteurs socioéconomiques (l’âge, le genre, l’état matrimonial, la scolarité, l’orientation sexuelle), les Autochtones continuaient d’afficher un risque de victimisation légèrement supérieur aux non-Autochtones victimes de violence (modèle 1). Cependant, lorsque l’on tenait compte de facteurs additionnels relatifs à la cohésion sociale (la confiance à l’égard des voisins, la discrimination), à la santé (une mauvaise santé mentale), au style de vie (la consommation de drogues, le nombre de sorties nocturnes) et, surtout, de certains antécédents (le fait d’avoir subi des mauvais traitements durant l’enfance, l’itinérance), les Autochtones n’étaient pas plus susceptibles d’être victimes de violence (modèle 2) (tableau 8). Autrement dit, les taux de victimisation plus élevés chez les Autochtones peuvent être attribuables à des facteurs tels que les conditions socioéconomiques et de santé, ainsi qu’aux antécédents d’itinérance et de mauvais traitements durant l’enfance.
Les facteurs associés à un risque accru de victimisation pourraient néanmoins être légèrement différents chez les Autochtones par rapport à l’ensemble de la population. Ainsi, un autre modèle de régression a été appliqué uniquement à la population autochtone. Chez les Autochtones, l’âge était aussi un facteur de risque, mais comme indiqué précédemment, le risque de victimisation ne baisse significativement que vers l’âge de 55 ans. Comme c’était le cas dans le modèle pour l’ensemble de la population, les antécédents de violence sexuelle durant l’enfance et de pratiques parentales sévères figuraient parmi les facteurs les plus étroitement associés à un risque de victimisation accru parmi la population autochtone. Enfin, même en tenant compte des différents facteurs de risque, les Autochtones vivant dans les territoires ou dans les provinces des Prairies étaient plus susceptibles d’avoir été victimes d’un crime violent que les Autochtones vivant dans les autres provinces (modèle 3) (tableau 9).
Fin de l’encadré 4
Les Autochtones ayant subi de la discrimination affichent un taux de victimisation avec violence quatre fois plus élevé que celui observé chez les Autochtones n’ayant pas subi de discrimination
Au Canada, les personnes appartenant à certains groupes de population minoritaires ou marginalisés sont plus susceptibles que les autres personnes de subir de la discrimination (c.-à-d. un traitement injuste en raison de l’appartenance ethnique ou culturelle, du genre, de l’orientation sexuelle ou d’une incapacité physique ou mentale, entre autres motifs) (Gorelik, 2022; Ibrahim, 2020; Gravel, 2015; Statistique Canada, 2020).
Le tiers (33 %) des Autochtones (44 % des Premières Nations, 24 % des Métis et 29 %E des Inuits) ont déclaré avoir subi de la discrimination au cours des cinq années précédant l'enquête. Les expériences de discrimination les plus fréquentes étaient celles subis dans un magasin, un restaurant ou une banque (14 % des Autochtones en ayant souffert), ainsi qu’en milieu de travail (13 %).
Comparativement aux interactions avec le personnel des magasins, des restaurants et des banques, ou des interactions avec les collègues de travail, les interactions avec la police sont généralement peu fréquentes. Ainsi, peu de gens ont déclaré avoir subi de la discrimination dans leurs rapports avec la police (1,2 %). Cependant les Autochtones étaient surreprésentés parmi les victimes de discrimination de la part de la police. Alors qu’ils représentaient environ 5 % des personnes ayant fait l’objet de discrimination en général, les Autochtones représentaient 17 % des personnes ayant subi de la discrimination dans leurs rapports avec la police. Le racisme systémique est une préoccupation grandissante au Canada et est probablement un facteur contribuant à la surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale (David et Mitchell, 2021).
Plusieurs des groupes de population les plus susceptibles d’être visés par la discrimination affichent aussi des taux de victimisation avec violence relativement élevés. C’est le cas des Autochtones, mais aussi des femmes, des personnes ayant une incapacité physique ou mentale, ainsi que des personnes bisexuelles (Cotter, 2021). Mais même à l’intérieur de chacun de ces groupes de population, les personnes qui ont personnellement subi de la discrimination étaient les plus susceptibles d’avoir été victimes d’un crime violent. Par exemple, 15 % des Autochtones ayant subi de la discrimination ont aussi été victimes d’un crime violent en 2019, ce qui représente un taux de 354 crimes violents pour 1 000 personnes. Ce taux est quatre fois plus élevé que celui affiché par les Autochtones n’ayant pas subi de discrimination (86 crimes pour 1 000 personnes) (tableau 5, tableau 6).
Il est possible que la violence trouve en partie sa source dans les mêmes structures sociales que la discrimination. Ainsi, les Autochtones les plus marginalisés pourraient également être les plus susceptibles de subir de la discrimination et de la violence. Selon l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, la discrimination figure parmi les facteurs expliquant les taux élevés de violence à l’égard des femmes autochtones (Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019).
Début de l'encadré 5
Encadré
5
La
victimisation des Autochtones LGBTQ2+
Des études précédentes ont montré que les personnes LGBTQ2+Note étaient plus susceptibles que les personnes n’étant pas LGBTQ2+ d’être agressées sexuellement ou physiquement, de même que de faire l’objet de comportements sexuels non désirés (Jaffray, 2020; Perreault, 2020). Ces mêmes études ont souligné le risque de victimisation accru parmi les personnes LGBTQ2+ qui s’identifiaient également à un autre groupe de population marginalisé, comme les personnes ayant une incapacité et les Autochtones.
La taille de l’échantillon de l’Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens de 2019 (victimisation) ne permet pas de produire des estimations fiables au sujet des Autochtones LGBTQ2+. Cependant, les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018 montrent que, comparativement aux non-Autochtones n’étant pas LGBTQ2+, les Autochtones LGBTQ2+ étaient plus susceptibles d’avoir été agressés sexuellement ou physiquement ou d’avoir vécu de la violence de la part d’un partenaire intime (VPI). Plus précisément, les Autochtones LGBTQ2+ étaient environ deux fois plus susceptibles d’avoir été agressés sexuellement ou physiquement par un adulte lorsqu’ils étaient âgés de moins de 15 ans (58 % par rapport à 26 %), à avoir été agressés sexuellement ou physiquement depuis l’âge de 15 (82 % par rapport à 41 %) et d’avoir vécu de la VPI depuis l’âge de 15 ans (81 % par rapport à 40 %) (graphique de l’encadré 5).
Graphique de l’encadré 5 début
Tableau de données du graphique de l’encadré 5
Type de victimisation | Autochtones LGBTQ2+ | Autochtones cisgenres et hétérosexuels | Non-Autochtones LGBTQ2+ | Non-Autochtones cisgenres et hétérosexuelsTableau de données du graphique 1 de l'encadré 4 Note ‡ | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||||
de | à | de | à | de | à | de | à | |||||
Agression avant l'âge de 15 ansTableau de données du graphique 1 de l'encadré 4 Note 1 | 58,0 | 43,2 | 71,4 | 37,0 | 33,4 | 40,7 | 41,5 | 37,2 | 45,9 | 26,3 | 25,6 | 27,0 |
Agression depuis l'âge de 15 ansTableau de données du graphique 1 de l'encadré 4 Note 2 | 82,3 | 70,1 | 90,2 | 60,9 | 57,3 | 64,5 | 62,4 | 57,8 | 66,8 | 41,4 | 40,6 | 42,2 |
VPI depuis l'âge de 15 ansTableau de données du graphique 1 de l'encadré 4 Note 3 | 80,8 | 67,3 | 89,6 | 56,2 | 52,4 | 60,0 | 60,1 | 55,1 | 65,0 | 39,5 | 38,7 | 40,3 |
Agression au cours des 12 mois précédentsTableau de données du graphique 1 de l'encadré 4 Note 2 | 28,3 | 16,4 | 44,2 | 10,6 | 7,8 | 14,1 | 13,6 | 11,0 | 16,6 | 5,9 | 5,4 | 6,3 |
VPI au cours des 12 mois précédentsTableau de données du graphique 1 de l'encadré 4 Note 3 | 36,7 | 19,8 | 57,7 | 17,3 | 13,8 | 21,6 | 23,7 | 19,1 | 28,9 | 12,6 | 11,9 | 13,3 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, 2018. |
Graphique de l’encadré 5 fin
Le portrait était similaire en ce qui concerne la victimisation plus récente, mais les différences étaient encore plus marquées. Comparativement aux non-Autochtones n’étant pas LGBTQ2+, les Autochtones LGBTQ2+ étaient environ trois fois plus susceptibles d’avoir vécu de la VPI au cours des 12 mois précédant l’enquête (37 % par rapport à 13 % des non-Autochtones n’étant pas LGBTQ2+), et près de cinq fois plus susceptibles d’avoir vécu une agression sexuelle ou physique au cours des 12 mois précédant l’enquête (28 % par rapport à 5,9 %).
Fin de l’encadré 5
Caractéristiques des incidents de victimisation avec violence
Dans le cadre de l’ESG de 2019, on a demandé aux répondants ayant été victimes d’actes criminels de fournir certains renseignements au sujet de chacun de ces crimes. Toutefois, la taille de l’échantillon ne permet pas l’analyse des caractéristiques pour les crimes ayant fait une victime autochtone.
À titre de complément à l’ESG, l’ESEPP de 2018 est une autre source de données sur la victimisation criminelle. Comparativement à l’ESG, la plus grande taille de l’échantillon peut permettre d’analyser certains renseignements supplémentaires sur les crimes ayant fait une victime autochtoneNote . Cependant, alors que l’ESG permet de recueillir des renseignements sur chacun des événements de victimisation criminelle vécu par les personnes ayant répondu à l’enquête, l’ESEPP se limite à l’agression physique et à l’agression sexuelle que la victime a jugée comme étant la plus grave au cours des 12 mois précédant l’enquête.
La section suivante présente quelques-uns des principaux résultats tirés des données de l’ESEPP au sujet des principales caractéristiques de l’agression sexuelle ou physique la plus grave ayant été vécue par les Canadiens au cours des 12 mois précédant l’enquêteNote . Pour près de la moitié (46 %) des non-Autochtones et du tiers (33 %) des Autochtones, l’agression la plus grave était une agression sexuelleNote . Les caractéristiques des crimes excluent les agressions perpétrées par un partenaire intime, qui ont été recueillies au moyen d’un ensemble de questions distinct.
Plus du tiers des victimes autochtones ont été blessées au moment de l’agression la plus grave qu’elles ont subie
Selon les données de l’ESEPP, les victimes autochtones étaient plus susceptibles que les victimes non autochtones d’avoir été blessées lors de l’agression la plus grave. Plus précisément, plus du tiers (36 %) des victimes autochtones ont subi des blessures physiques lors de l’agression la plus grave qu’ils ont vécue au cours des 12 mois précédant l’enquête. Cette proportion représentait plus du double de celle observée chez les victimes non autochtones (15 %). De même, près du tiers (32 %) des victimes autochtones ont indiqué que leur agresseur était armé, comparativement à 13 % des victimes non autochtones (tableau 10, graphique 11).
Graphique 11 début
Tableau de données du graphique 11
Certaines caractéristiques de l'agression la plus grave | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 11 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
La victime s'est sentie blâméeTableau de données du graphique 11 Note 1 | 27,8 | 16,5 | 42,9 | 21,5 | 17,9 | 25,5 |
La victime a eu recours à des services aux victimes | 29,8Note * | 15,7 | 49,2 | 7,7 | 6,0 | 9,8 |
Le crime a été signalé à la police | 39,3Note * | 25,0 | 55,7 | 17,8 | 14,8 | 21,2 |
La victime a subi des blessures | 36,2Note * | 21,7 | 53,7 | 15,0 | 12,3 | 18,3 |
L'agresseur était armé | 32,2Note * | 20,0 | 47,4 | 12,8 | 10,1 | 16,2 |
Lié à la consommation de l'agresseur | 46,6 | 31,6 | 62,3 | 35,7 | 31,6 | 40,1 |
Perpétré par un hommeTableau de données du graphique 11 Note 2 | 87,9 | 79,5 | 93,1 | 81,4 | 77,5 | 84,7 |
Perpétré par un étrangerTableau de données du graphique 11 Note 3 | 31,7 | 20,1 | 46,1 | 45,5 | 41,0 | 50,2 |
A eu lieu dans une résidence privée | 38,7 | 25,7 | 53,5 | 32,1 | 27,9 | 36,7 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, 2018. |
Graphique 11 fin
La présence de blessure ou d’une arme peuvent être des indicateurs du niveau de gravité potentielle des agressions. Notamment, il s’agit de facteurs déterminants dans la classification de niveaux d’agression sexuelle et de voies de fait dans le Code criminel.
Les Autochtones sont deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir signalé l’agression la plus grave à la police
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, la majorité des agressions que les victimes ont jugées être les plus graves qu’elles aient vécues au cours des 12 mois précédant l’ESEPP n’ont pas été signalées à la police. Cependant, les agressions les plus graves dont les Autochtones ont été victimes étaient environ deux fois plus susceptibles d’être portées à l’attention de la police, soit à la suite du signalement de l’incident par la victime, soit d’une autre façon.
Parmi les victimes autochtones, près de 4 agressions sur 10 (39 %) ont été portées à l’attention de la police, comparativement à 18 % parmi les victimes non autochtones. La différence était particulièrement marquée chez les femmes, parmi lesquelles le tiers (32 %) des Autochtones et 12 % des non-Autochtones ont signalé l’agression la plus grave (tableau 10, graphique 11). Les taux de signalement plus élevés pourraient être un autre indicateur d’un niveau de gravité plus élevé, puisque le taux de signalement a tendance à augmenter en fonction de la gravité (Sinha, 2015).
Les Autochtones étaient également plus susceptibles d’avoir eu recours à des services aux victimes. Près du tiers (30 %) des victimes autochtones ont indiqué avoir eu recours à des services à la suite de l’agression la plus grave, comparativement à 7,7 % des victimes non autochtones. Parmi les victimes qui n’ont pas eu recours à des services aux victimes, la majorité (51 %) ont indiqué qu’elles n’en ressentaient pas le besoin et 29 % ont déclaré que l’incident était trop mineurNote .
Près de la moitié des femmes autochtones se sont senties blâmées
On utilise parfois le terme « victimisation secondaire » pour désigner les reproches faits à la victime ou le fait de lui faire sentir qu’elle est responsable de sa propre victimisation. En effet, l’absence de soutien envers la victime ou les reproches qui lui sont faits peuvent l’amener à se blâmer elle-même, et donc à garder le silence au lieu de se confier à autrui, de signaler l’incident ou de demander de l’aide. Les reproches faits aux victimes peuvent avoir de nombreuses répercussions émotionnelles négatives sur celles-ci, comme avoir une plus grande méfiance à l’égard des autres, ou encore, souffrir d’anxiété ou de dépression (Harber et autres, 2015).
Près de la moitié (44 %) des femmes autochtones victimes d’un crime violent ont indiqué s’être senties blâmées pour l’agression la plus grave qu’elles avaient subie au cours des 12 mois précédant l’ESEPP. Cette proportion est plus du double de celle enregistrée chez les hommes autochtones (17 %). Chez les femmes non autochtones, il était plus rare que celles-ci se soient senties blâmées, les trois-quarts (75 %) d’entre elles ayant indiqué ne pas avoir senti de reproches ou de blâme en lien avec leur agression la plus grave (tableau 10).
Les victimes autochtones sont moins susceptibles d’avoir été agressées par un étranger
Des études antérieures ont montré que les victimes autochtones étaient généralement moins susceptibles que les victimes non-autochtones d’avoir été agressées par un étranger (Allen 2020; Boyce 2016; Heidinger 2022). Les données de l’ESEPP confirment cette tendance, alors qu’un peu moins du tiers (32 %) des agressions les plus graves vécues par les Autochtones au cours des 12 mois précédant l’enquête, excluant les agressions commises par un partenaire intime, avaient été perpétrées par un étranger (tableau 10, graphique 11).
En comparaison, c’était le cas de près de la moitié (46 %) des victimes non autochtones. La différence était particulièrement prononcée chez les femmes, 19 % des femmes autochtones ayant été agressées par un étranger, comparativement à 39 % des femmes non autochtones.
Il est possible que cette différence soit en partie attribuable au fait qu’une plus grande proportion d’Autochtones que de non-Autochtones vit en région rurale ou éloignée, où les interactions avec des étrangers peuvent être moins fréquentes. D’autres études ont d’ailleurs montré que les crimes commis par des étrangers étaient moins fréquents en milieu rural qu’en milieu urbain (Burczycka, 2022; Perreault, 2020)
La majorité des Autochtones victimes ont été agressés par un homme
Tant chez les Autochtones (88 %) que chez les non-Autochtones (81 %), la majorité des victimes d’un crime commis par une personne autre qu’un ou une partenaire intime ont été agressées par un homme ou des hommes. Les Autochtones (6,3 %) étaient cependant moins susceptibles que les non-Autochtones (16 %) d’avoir été agressés par une femme ou des femmes. Cette différence était particulièrement marquée chez les hommes, alors que 6,6 % des hommes autochtones ont été agressés par une femme ou des femmes, comparativement à 20 % des hommes non autochtones (tableau 10).
Les Autochtones sont moins susceptibles que les non-Autochtones d’avoir été agressés dans un commerce ou un établissement institutionnel
Dans l’ensemble, une proportion relativement importante des agressions en 2018 sont survenues dans un établissement commercial ou institutionnel (37 %), le plus souvent dans un restaurant ou un bar (15 % de l’ensemble des victimes). Les victimes autochtones étaient cependant moins susceptibles que les victimes non autochtones d’avoir été agressées dans un établissement commercial ou institutionnel (21 % par rapport à 38 %). Les hommes autochtones, plus particulièrement, étaient davantage susceptibles que les hommes non autochtones d’avoir été agressés dans la rue ou un autre endroit public (51 % par rapport à 25 %) (tableau 10).
Pour leur part, les femmes autochtones étaient toutefois plus susceptibles que les femmes non autochtones de considérer que l’agression pouvait avoir un lien avec la consommation d’alcool ou de drogue de l’agresseur. Ainsi, un peu plus de la moitié (52 %) des femmes autochtones croyaient que l’agression la plus grave qu’elles avaient subie pouvait être liée à la consommation de l’agresseur, comparativement à 29 % des femmes non autochtones.
Les victimes autochtones sont plus susceptibles que les victimes non autochtones de s’être retirées d’activités sociales en raison de l’agression la plus grave
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, la grande majorité des personnes ayant subi une agression physique ou sexuelle au cours des 12 mois précédant l’ESEPP de 2018 ont dit avoir souffert de répercussions émotionnelles ou psychologiques en raison de l’agression la plus grave. Comparativement aux victimes non autochtones, les victimes autochtones étaient cependant un peu moins susceptibles de déclarer avoir été peu affectées (4,1 % par rapport à 12 %) (graphique 12).
Graphique 12 début
Tableau de données du graphique 12
Type de répercussion | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 12 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
Répercussions émotionnelles | ||||||
A eu des répercussions émotionnelles (total) | 93,1 | 75,7 | 98,3 | 88,5 | 84,9 | 91,4 |
Fâché, en colère | 57,0 | 41,2 | 71,4 | 45,5 | 40,7 | 50,4 |
Dérangé | 55,6 | 40,8 | 69,4 | 42,6 | 37,9 | 47,5 |
Bouleversé, frustré | 49,6 | 34,5 | 64,8 | 43,1 | 38,3 | 47,9 |
Rendu plus prudent, précautionneux | 43,8 | 29,9 | 58,7 | 42,5 | 37,9 | 47,3 |
Déçu, blessé | 39,2 | 25,7 | 54,6 | 25,4 | 21,4 | 29,9 |
Sous le choc, incrédule | 36,4 | 22,0 | 53,7 | 32,1 | 27,8 | 36,6 |
Perte de confiance envers les autres | 30,5 | 18,7 | 45,7 | 23,9 | 19,7 | 28,7 |
Peur | 29,2 | 17,5 | 44,4 | 24,8 | 20,8 | 29,3 |
Victimisé | 27,7 | 16,3 | 43,0 | 21,9 | 18,0 | 26,4 |
Dépression, crises d'anxiété | 23,6 | 12,8 | 39,5 | 9,8 | 7,2 | 13,3 |
Perte de confiance en soi | 21,2 | 10,8 | 37,4 | 9,8 | 7,2 | 13,4 |
Problèmes de sommeil | 15,4 | 6,5 | 32,2 | 8,5 | 6,6 | 10,9 |
Peur pour les enfants | 14,5 | 5,5 | 32,8 | 6,3 | 4,5 | 8,9 |
Honte, Culpabilité | 11,9 | 4,8 | 26,6 | 12,4 | 9,3 | 16,3 |
Problèmes avec les hommes/femmes | 11,1 | 4,1 | 26,8 | 10,5 | 7,4 | 14,5 |
Peu affecté | 4,1Note * | 1,5 | 10,4 | 12,4 | 9,5 | 16,2 |
Symptômes de stress post-traumatique | ||||||
Potentiel TSPTTableau de données du graphique 12 Note 1 | 20,7 | 10,5 | 36,9 | 9,5 | 6,8 | 13,2 |
Sur ses gardes | 33,6Note * | 21,1 | 49,0 | 18,2 | 14,6 | 22,5 |
Se sent détaché des autres | 33,5Note * | 20,4 | 49,6 | 16,1 | 12,5 | 20,5 |
Évite les situations rappelant l'événement | 23,7 | 13,0 | 39,2 | 17,9 | 14,6 | 21,7 |
Cauchemars en lien avec l'événement | 17,7 | 8,3 | 33,8 | 14,6 | 11,1 | 18,8 |
Changement de comportement | ||||||
Au moins un changement d'habitude | 53,9 | 38,7 | 68,4 | 40,3 | 35,6 | 45,2 |
Évite certaines personnes | 33,8 | 20,6 | 50,0 | 21,0 | 17,2 | 25,4 |
Évite certains endroits | 33,4 | 21,2 | 48,4 | 20,1 | 16,2 | 24,5 |
Reste à la maison | 27,9Note * | 16,4 | 43,2 | 9,3 | 6,7 | 12,8 |
S'est retiré d'activités sociales | 23,2Note * | 12,5 | 39,0 | 8,6 | 6,0 | 12,1 |
A changé la façon de se présenter en public | 21,7 | 11,3 | 37,6 | 11,2 | 8,5 | 14,6 |
Emporte un objet pour se défendre | 14,6 | 6,5 | 29,5 | 7,1 | 4,8 | 10,5 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, 2018. |
Graphique 12 fin
Tous devraient se sentir libres d’exercer leurs activités en sécurité mais, bien que les victimes ne soient pas responsables de leur victimisation, certaines d’entre elles modifient néanmoins leurs habitudes ou limitent des activités afin de retrouver un certain sentiment de sécurité (Ullman et autres, 2018). Certaines victimes peuvent aussi modifier leurs habitudes pour éviter des situations qui leur rappelleraient l’agression (p. ex. éviter l’endroit où a eu lieu l’agression). Les changements d’habitudes peuvent ainsi être un certain indicateur de l’ampleur des répercussions de l’agression pour la victime. Comparativement aux victimes non autochtones, les victimes autochtones étaient plus susceptibles de s’être retirées d’activités sociales (23 % par rapport à 8,6 %) ou de rester plus souvent à la maison (28 % par rapport à 9,2 %) (graphique 12).
En plus de répercussions émotionnelles et de changements d’habitudes, certaines victimes peuvent souffrir de conséquences à long terme compatibles avec les symptômes d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT). L’ESEPP de 2018 comprenait quatre questions conçues pour évaluer si la victime pouvait avoir un TSPTNote . Selon ces critères, un peu plus de 1 victime autochtone sur 5 (21 %) pourrait ainsi potentiellement avoir un TSPT en raison de l’agression la plus grave, c’est-à-dire qu’elle a identifié au moins trois des quatre symptômes mesurés.
En outre, comparativement aux victimes non autochtones, les victimes autochtones étaient notamment plus susceptibles de se sentir engourdies ou détachées des autres ou des activités (33 % par rapport à 16 %) ou d’être constamment aux aguets ou sur leurs gardes (34 % par rapport à 18 %). Des recherches tendent à montrer que l’effet cumulatif de multiples facteurs de stress et d’expériences traumatisantes au cours de la vie est corrélé avec le développement et la gravité du TSPT (Bombay et autres, 2009; O’Neil et autres, 2018; Scott, 2007). Ainsi, il est possible que les niveaux plus élevés de TSPT parmi les victimes autochtones soient, au moins en partie, liés aux traumatismes intergénérationnels découlant des répercussions historiques et actuelles de la colonisation, du racisme systémique et individuel, ainsi que des expériences de violence durant l’enfance.
Les Autochtones victimes d’homicide
L’enjeu des taux élevés d’homicides ayant une victime autochtone est une préoccupation majeure au Canada. De nombreuses études ont mis en lumière les importantes disparités entre les Autochtones et les non-Autochtones au niveau des taux d’homicides. Cet enjeu a d’ailleurs mené à la création, en 2016, de la Commission d’enquête sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, dont le rapport final a été déposé en 2019 (Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019).
Statistique Canada travaille en collaboration avec la communauté policière canadienne afin d’améliorer la qualité des données recueillies sur l’identité autochtone des victimes et des auteurs présumés. Depuis quelques années, ces renseignements sont recueillis dans le cadre de l’Enquête sur les homicides, permettant ainsi de mieux quantifier la nature et l’étendue des homicides faisant une victime autochtone et de suivre l’évolution des progrès en la matière. La prochaine section présente les principales tendances en ce qui concerne les homicides chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits de 2015 à 2020.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur les victimes d’homicide chez les Autochtones, voir le tableau de données 35-10-0156-01 ou consulter les articles de Juristat intitulés « L’homicide au Canada, 2020 » (Armstrong et Jaffray, 2021) et « L’homicide au Canada, 2014 » (Miladinovic et Mulligan, 2015)Note .
Le taux d’homicides faisant une victime autochtone atteint son plus haut niveau depuis 2015
En 2020, les services de police au Canada ont déclaré un total de 201 Autochtones victimes d’homicide. Ce chiffre correspond à un taux de 10,05 homicides pour 100 000 habitants, soit le taux le plus élevé enregistré depuis 2015. Cette hausse était principalement attribuable à un nombre plus élevé que par les années passées d’hommes autochtones assassinés, le taux d’homicides chez les femmes autochtones ayant plutôt légèrement reculé en 2020 par rapport aux trois années précédentesNote . Malgré le recul taux de d’homicide chez les femmes autochtones, ce taux était près de deux fois supérieur à celui des hommes non autochtones et plus de cinq fois supérieur au taux enregistré chez les femmes non autochtones (tableau 11, graphique 13).
Chez les non-Autochtones, le taux d’homicides (1,41 pour 100 000 non-Autochtones en 2019) est demeuré relativement stable, étant plus élevé de 5,2 % par rapport au taux observé en 2015, mais néanmoins inférieur aux taux enregistrés en 2017 et 2018.
Graphique 13 début
Tableau de données du graphique 13
Identité autochtone et genre | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2015-2020 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
taux pour 100 000 personnes | |||||||
Autochtones | |||||||
Femmes | 4,87 | 3,29 | 4,05 | 4,67 | 4,76 | 3,76 | 4,23 |
Hommes | 12,49 | 12,76 | 13,04 | 10,34 | 13,60 | 16,50 | 13,16 |
Total | 8,62 | 7,96 | 8,48 | 7,47 | 9,12 | 10,05 | 8,64 |
Non-Autochtones | |||||||
Femmes | 0,78 | 0,71 | 0,76 | 0,68 | 0,56 | 0,69 | 0,69 |
Hommes | 1,90 | 2,02 | 2,13 | 2,25 | 2,13 | 2,14 | 2,10 |
Total | 1,34 | 1,36 | 1,44 | 1,46 | 1,34 | 1,41 | 1,39 |
Note : Les Autochtones comprennent les victimes identifiées comme Premières Nations, Métis, Inuits ou faisant partie d’un groupe autochtone inconnu de la police. Les totaux excluent les homicides pour lesquels l'identié autochtone était inconnue. L'année 2019 a marqué le premier cycle de collecte des données de l'Enquête sur les homicides pour lequel des renseignements sur l'identité de genre ont été déclarés à la fois pour les victimes et les personnes accusées d'homicide. L'identité de genre fait référence au genre qu'une personne exprime publiquement dans sa vie quotidienne, y compris au travail, lorsqu'elle magasine ou accède à d'autres services, dans son milieu de vie ou dans la communauté plus vaste. Avant 2019, les données de l'Enquête sur les homicides étaient présentées selon le sexe des victimes et des accusés. Le sexe et le genre font référence à deux concepts différents. La comparaison des dénombrements pour le sexe avec ceux pour le genre doit être faite avec prudence. Compte tenu de l’existence possible d’un petit nombre de victimes et de personnes accusées d'homicide identifiées comme étant « de diverses identités de genre », les données agrégées de l’Enquête sur les homicides accessibles au public ont été recodées de sorte à attribuer à ces victimes et accusés la valeur de « homme » ou « femme », afin d’assurer la protection de la confidentialité et de la vie privée. La valeur « homme » ou « femme » a été attribuée aux victimes et aux accusés de diverses identités de genre en fonction de la répartition régionale des victimes ou des accusés selon le genre. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par le Centre de démographie de Statistique Canada. Source : Statistique Canada, Enquête sur les homicides. |
Graphique 13 fin
Afin de permettre une analyse plus détaillée sur les caractéristiques des homicides faisant une victime autochtone, notamment selon le groupe autochtone, les données sur les homicides de 2015 à 2020 ont été combinées. Pour la suite de cette section, les analyses porteront sur l’ensemble de la période allant de 2015 à 2020Note . Durant cette période, 69 % des Autochtones victimes d’homicide étaient des Premières Nations, 5,8 % étaient Métis, 6,7 % étaient Inuits et 18 % ont été identifiés comme Autochtones, mais dont le groupe était inconnu ou non préciséNote .
Le taux moyen d’homicides ayant fait une victime autochtone pour la période allant de 2015 à 2020 s’est établi à 8,64 homicides pour 100 000 Autochtones, soit un taux six fois supérieur au taux observé chez les non-Autochtones durant la même période (1,39). Plus précisément, les taux moyens d’homicides pour la période de 2015 à 2020 sont de 13,16 homicides pour 100 000 hommes autochtones et 4,23 homicides pour 100 000 femmes autochtones. Chez les non-Autochtones, ces taux sont de 2,09 pour 100 000 hommes et 0,69 pour 100 000 femmes (graphique 13). Autrement dit, bien que les Autochtones représentent environ 5 % des personnes vivant au Canada, ceux-ci représentaient le quart (25 %) des victimes d’homicide durant cette période, tant chez les hommes que chez les femmes.
Le taux d’homicides chez les Autochtones de la Saskatchewan est 13 fois plus élevé que le taux observé chez les non-Autochtones
Dans presque toutes les provinces, les Autochtones affichent des taux moyens plus élevés d’homicides déclarés par la police de 2015 à 2020 que les taux enregistrés chez les non-Autochtones. Les seules exceptions sont l’Île-du-Prince-Édouard, où aucun Autochtone n’a été assassiné durant cette période, et la Nouvelle-Écosse (graphique 14).
Dans l’ensemble, les taux d’homicides chez les Autochtones étaient les plus faibles dans les provinces de l’Atlantique et les plus élevés dans les Prairies et dans les territoires. Parmi les provinces, c’est en Saskatchewan qu’on a enregistré le plus haut taux moyen d’homicides chez les Autochtones (17,57 homicides pour 100 000 Autochtones). C’est aussi en Saskatchewan qu’on a observé la plus importante différence entre les Autochtones et les non-Autochtones, alors que le taux d’homicides des premiers était 13 fois plus élevé que celui des non-Autochtones (1,38 homicides pour 100 000 non-Autochtones).
Les taux plus élevés d’homicides chez les Autochtones contribuent d’ailleurs aux taux d’homicides relativement élevés généralement enregistrés dans ces provinces. Par exemple, le Manitoba et la Saskatchewan ont enregistré des taux d’homicides plus de deux fois plus élevés que le taux pour l’ensemble du Canada en 2020 (Moreau, 2021). Or, dans ces provinces, le taux d’homicides chez les non-Autochtones est très semblable à la moyenne nationale.
Graphique 14 début
Tableau de données du graphique 14
Province ou territoire | Autochtones | Non-Autochtones |
---|---|---|
taux pour 100 000 habitants | ||
Terre-Neuve-et-Labrador | 2,04 | 0,56 |
Île du Prince-Édouard | 0,00 | 0,68 |
Nouvelle-Écosse | 1,45 | 1,61 |
Nouveau-Brunswick | 2,04 | 1,64 |
Québec | 3,69 | 0,89 |
Ontario | 4,60 | 1,42 |
Manitoba | 14,47 | 1,45 |
Saskatchewan | 17,57 | 1,38 |
Alberta | 13,24 | 1,87 |
Colombie-Britannique | 4,76 | 1,78 |
Yukon | 20,43 | 3,33 |
Territoires du Nord-Ouest | 16,11 | 2,24 |
Nunavut | 13,25 | 3,23 |
Canada | 8,65 | 1,39 |
Note : Les Autochtones comprennent les victimes identifiées comme Premières Nations, Métis, Inuits ou faisant partie d’un groupe autochtone inconnu de la police. Les totaux excluent les homicides pour lesquels l'identié autochtone était inconnue. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par le Centre de démographie de Statistique Canada. Source : Statistique Canada, Enquête sur les homicides. |
Graphique 14 fin
C’est néanmoins au Yukon qu’on enregistre le taux d’homicides le plus élevé chez les Autochtones (20,43 homicides pour 100 000 Autochtones). Le Nunavut est le territoire ayant enregistré le plus faible taux d’homicides ayant fait une victime autochtone, celui-ci s’établissant tout de même à 13,25 victimes d’homicide pour 100 000 Autochtones.
Les femmes autochtones assassinées étaient deux fois plus susceptibles que les hommes autochtones d’avoir été portées disparues
La question des femmes et jeunes filles autochtones disparues est un enjeu de sécurité, de justice et de politique important au Canada. Pour répondre aux besoins d’information sur le sujet, l’enquête sur les homicides comprend, depuis 2015, une question pour déterminer si les victimes d’homicide étaient préalablement portées disparues.
Un peu moins de 1 victime autochtone sur 10 (8,1 %, 9,1 % des Premières Nations, 7,1 % des Métis et 7,7 % des Inuits) avait ainsi été portée disparue avant que l’homicide ne vienne à l’attention de la police. Cette proportion était relativement comparable parmi les victimes non autochtones (7,3 %) (tableau 12).
Cette proportion était environ deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Parmi les femmes autochtones victimes d’homicide de 2015 à 2020, 32 (13 %) étaient portées disparues, comparativement à 47, soit 6,4 %, parmi les hommes autochtones.
Les homicides ayant fait une victime autochtone sont plus susceptibles d’avoir été classés que les homicides ayant fait une victime non autochtone
Dans l’ensemble, les homicides ayant fait une victime autochtone de 2015 à 2020 étaient plus susceptibles d’avoir été classés (résolus) que les homicides ayant fait une victime non autochtoneNote . Plus de 8 homicides sur 10 (84 %) ayant fait une victime autochtone (85 % des Premières Nations, 80 % des Métis et 91 % Inuits) ont été classés, soit par mise en accusation (81 %) ou autrement (2,9 %)Note . Cette proportion est relativement semblable chez les femmes (86 %) et chez les hommes (83 %) (tableau 13).
Les homicides ayant fait une victime non autochtone étaient moins susceptibles d’être classés : 70 % ont été classés (63 % chez les hommes, 90 % chez les femmes), y compris 62 % par mise en accusation et 8,0 % autrement. Cependant, dans le cas des homicides où la victime avait été préalablement portée disparue, le taux de classement était relativement comparable qu’il s’agisse de victimes autochtones (67 %) ou de victimes non autochtones (68 %).
Les taux de classement plus élevés pour les homicides ayant fait une victime autochtone pourraient être en partie attribuables au fait que ceux-ci sont moins susceptibles d’être commis par des étrangers ou d’être liés aux gangs, ces types de crimes étant généralement plus difficiles à élucider (Hotton Mahony et Turner, 2012; Ouimet et Paré, 2003; Paré et autres, 2007). D’ailleurs, les homicides ayant fait une victime autochtone de 2015 à 2020 ont été, en moyenne, résolus plus rapidement que les homicides ayant fait une victime non autochtone, soit 82 jours comparativement à 45 jours. Cette différence est surtout attribuable aux homicides ayant nécessité plus de 30 jours à résoudre. Ceux-ci représentaient 21 % des homicides classés dont la victime était non-Autochtone, comparativement à 17 % lorsque la victime était Autochtone.
La majorité des victimes ont été tuées par une personne qu’elles connaissaient
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, les homicides commis par un étranger sont relativement rares, tout comme les homicides où la victime a été choisie au hasard. Parmi les homicides déclarés par la police de 2015 à 2020 et pour lesquels un auteur présumé a été identifié, moins de 1 victime autochtone sur 10 (8,8 %, 5,9 % des Premières Nations, 18 % des Métis et 1,8 % des Inuits) a été tuée par un étranger, et 6,0 % (4,3 % des Premières Nations, 9,4 % des Métis et 4,7 % des Inuits) avaient été choisies au hasard. Parmi les victimes non autochtones, ces proportions étaient un peu plus élevées : 19 % avaient été tuées par un étranger et 9,2 % avaient été choisies au hasard (tableau 12, tableau 13). Comme mentionné précédemment, la proportion plus élevée d’Autochtones vivant dans les régions rurales, où les interactions avec des étrangers sont moins fréquentes qu’en milieu urbain, pourrait expliquer en partie ces différences.
Comparativement aux victimes non autochtones, les victimes autochtones étaient davantage susceptibles d’avoir été tuées par un ami ou un ami de la famille. C’était le cas d’environ le tiers (34 %) des Autochtones (36 % des Premières Nations, 31 % des Métis et 29 % des Inuits) victimes d’homicides déclarés par la police de 2015 à 2020, comparativement à 22 % des victimes non autochtones.
En outre, les Autochtones étaient plus susceptibles d’avoir été tués par un membre de la famille élargie, comme un oncle ou un cousin. Un peu plus de 1 victime autochtone sur 10 (11 %, 13 % des Premières Nations, 4,4 % des Métis et 16 % des Inuits) a été tuée par un membre de la famille élargie, comparativement à 3,2 % des victimes non autochtones.
Au total, 1 homicide sur 6 impliquant une victime autochtone a été perpétré par un conjoint ou un partenaire intime
Parmi les homicides déclarés par la police de 2015 à 2020 et pour lesquels un auteur présumé a été identifié, environ 1 victime autochtone sur 6 (16 %, ou 17 % des victimes de 15 ans et plus) avait été tuée par un conjoint ou un partenaire intime, actuel ou ancien. Cette proportion est relativement semblable à celle enregistrée parmi les victimes non autochtones (18 %, ou 19 % des victimes de 15 ans et plus) (tableau 13). Dans l’ensemble, les femmes autochtones (42 %, ou 47 % chez les 15 ans et plus) et les femmes non autochtones (45 %, 49 % chez les 15 ans et plus) victimes d’homicide étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir été tuées par un partenaire intime que ne l’étaient les hommes autochtones (7,1 %, ou 7,3 % chez les 15 ans et plus) et les hommes non autochtones (4,5 %, ou 4,6 % chez les 15 ans et plus). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les homicides commis contre des femmes autochtones, consulter l’article de Juristat intitulé « La victimisation criminelle des femmes des Premières Nations, Métisses et Inuites au Canada » (Heidinger, 2022).
La proportion d’homicides perpétrés par un conjoint ou un partenaire intime varie également selon l’identité autochtone détaillée. Ainsi, 8,9 % des victimes métisses (10 % chez les 15 ans et plus) ont été tuées par un conjoint ou un partenaire intime. Cette proportion s’établissait à 17 % chez les victimes des Premières Nations (18 % chez les 15 ans et plus) et à 31 % chez les victimes inuites (34 % chez les 15 ans et plus). Les proportions pour les groupes détaillés sont cependant fondées sur un nombre relativement faible d’homicides, particulièrement chez les Métis et les Inuits. Par conséquent, les tendances globales peuvent varier plus facilement en fonction des caractéristiques de chaque homicide.
Parmi les personnes qui ont été tuées par un conjoint, un partenaire intime ou un membre de la famille, il était plus fréquent d’observer des antécédents de violence familiale entre la victime et l’auteur présumé. Chez les victimes autochtones, des antécédents de violence familiale ou de violence entre partenaires intimes ont été notés dans plus de la moitié (53 %, 52 % des Premières Nations, 38 % des Métis et 65 % des Inuits) des homicides familiaux ou perpétrés par un conjoint ou un partenaire intime. Chez les non-Autochtones, cette proportion était de 38 %.
Les homicides ayant fait une victime autochtone étaient moins susceptibles d’avoir impliqué une arme à feu ou d’être liés aux gangs
Une arme à feu est l’arme la plus fréquemment à l’origine des décès par homicide chez les non-Autochtones. De 2015 à 2020, un peu moins de la moitié (44 %) des homicides ayant fait une victime non autochtone avaient été perpétrés au moyen d’une arme à feu, le plus souvent une arme de poing (60 % des homicides par arme à feu). Chez les Autochtones, les homicides commis au moyen d’une arme à feu étaient plus rares, représentant moins du quart (23 %) des homicides. Chez les Inuits, cette proportion diminuait pour s’établir à 11 %. Probablement un reflet de la proportion relativement élevée d’Autochtones vivant en région rurale, les homicides commis au moyen d’une arme à feu et ayant fait une victime autochtone ont généralement été perpétrés à l’aide d’une carabine ou d’un fusil de chasse (73 % des homicides par arme à feu), plutôt qu’une arme de poing (15 %) (tableau 12).
Comparativement aux homicides ayant fait une victime non autochtone, les homicides déclarés par la police de 2015 à 2020 et ayant fait une victime autochtone étaient également moins susceptibles d’être liés à des activités criminelles. Ainsi, chez les non-Autochtones, le quart (25 %) des homicides étaient liés aux gangs, ou soupçonnés de l’être. Chez les Autochtones, cette proportion était près de la moitié inférieure (13 %). De même, chez les Autochtones, 15 % des homicides étaient liés au commerce de drogues, comparativement à 28 % chez les non-Autochtones (tableau 13).
La majorité des homicides ayant fait une victime autochtone étaient non prémédités
La majorité des homicides ayant fait une victime autochtone n’étaient pas liés aux gangs, ni à des activités criminelles, pas plus qu’ils n’étaient prémédités. En fait, 6 homicides sur 10 (60 %) ayant fait une victime autochtone (57 % chez les Premières Nations, 61 % chez les Métis et 65 % chez les Inuits) et ayant été classés par la police ont mené à des accusations de meurtre non prémédité (2e degré), et une proportion supplémentaire de 19 % étaient des homicides involontaires coupables. En comparaison, 38 % des homicides ayant fait une victime non autochtone de 2015 à 2020 étaient non prémédités (c.-à-d. 2e degré) et 10 % étaient des homicides involontaires coupables (tableau 13). Ces constats sont semblables à ceux d’une étude sur les crimes déclarés par les services de police desservant une population majoritairement autochtone (Allen, 2020).
La consommation de substance intoxicante pourrait avoir été un facteur dans l’absence de préméditation dans certains cas. Dans 90 % des homicides ayant fait une victime autochtone, la police a noté que l’auteur présumé avait consommé de l’alcool ou des drogues au cours de la période précédant l’événement. Parmi les homicides ayant fait une victime non autochtone, cette proportion est de 62 % (tableau 13).
Les expériences de victimisation depuis l’âge de 15 ans
En plus de recueillir des renseignements sur les expériences de victimisation durant l’enfance et au cours des 12 mois précédant l’enquête, l’ESEPP de 2018 comprenait des questions pour mesurer l’étendue de la victimisation avec violence depuis l’âge de 15 ans. La victimisation mesurée au moyen de l’ESEPP comprenait les agressions sexuelles et les agressions physiques, qu’elles aient été perpétrées par un partenaire intime ou non.
Il convient de noter que la victimisation au cours de la vie est plus susceptible que la victimisation récente d’être sous-déclarée, notamment en raison des biais de mémoire (Desai et Saltzman, 2001; Glasner et van der Wander, 2007; Sutton, 2010; Yoshima et Gillepsie, 2002). Sa mesure peut néanmoins être informative, puisque les expériences dont se souviennent les personnes répondant aux enquêtes sont possiblement celles les ayant le plus marquées. Pour obtenir de plus amples renseignements sur la victimisation depuis l’âge de 15 ans chez les Autochtones, consulter le tableau de données 35-10-0168-01.
Près des deux tiers des Autochtones ont subi au moins une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ans
À l’instar de ce que les données de l’ESG de 2019 révélaient pour la victimisation au cours des 12 mois précédant l’enquête, les données de l’ESEPP de 2018 montrent que les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir subi au moins une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ans. Plus précisément, c’était le cas près des deux tiers (62 %) des Autochtones (61 % des Premières Nations, 64 % des Métis et 51 % des Inuits), comparativement à 42 % des non-Autochtones (tableau 3, tableau 14).
Plus précisément, près du tiers (31 %) des Autochtones (31 % des Premières Nations, 32 % des Métis et 20 % des Inuits) ont subi au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans, et près de 6 Autochtones sur 10 (57 %, 57 % des Premières Nations, 60 % des Métis et 48 % des Inuits) ont subi au moins une agression physique depuis l’âge de 15 ans. En comparaison, 21 % des non-Autochtones ont subi au moins une agression sexuelle et 36 % ont subi au moins une agression physique.
Les Autochtones de Terre-Neuve-et-Labrador et du Québec affichent les taux les plus faibles de victimisation depuis l’âge de 15 ans
La proportion d’Autochtones ayant subi au moins une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ans varie de part et d’autre du pays. À l’échelle du Canada, 62 % des Autochtones ont été victimes d’au moins une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ans. Cette proportion était toutefois moins élevée à Terre-Neuve-et-Labrador (45 %), au Québec (47 %) et au Nunavut (53 %) (tableau 14, graphique 15).
Graphique 15 début
Tableau de données du graphique 15
Province ou territoire | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 15 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
Terre-Neuve-et-Labrador | 45,2Note ** | 33,6 | 57,3 | 35,9Note ** | 33,2 | 38,7 |
Ile-du-Prince-Édouard | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 41,5 | 37,9 | 45,2 |
Nouvelle-Écosse | 59,7Note * | 48,4 | 70,1 | 47,4Note ** | 44,9 | 50,0 |
Nouveau-Brunswick | 53,8 | 39,5 | 67,4 | 41,1 | 38,7 | 43,4 |
Québec | 46,6Note ** | 35,7 | 57,8 | 35,8Note ** | 34,4 | 37,2 |
Ontario | 67,2Note * | 57,1 | 76,0 | 42,0 | 40,5 | 43,6 |
Manitoba | 58,6Note * | 51,1 | 65,8 | 43,3 | 41,1 | 45,4 |
Saskatchewan | 61,9Note * | 54,3 | 69,0 | 42,8 | 40,9 | 44,7 |
Alberta | 69,1Note *** | 60,3 | 76,6 | 46,5Note ** | 44,6 | 48,3 |
Colombie-Britannique | 66,4Note * | 56,4 | 75,1 | 46,7 | 45,0 | 48,5 |
Yukon | 71,8 | 58,1 | 82,4 | 63,6Note ** | 59,2 | 67,7 |
Territoires du Nord-Ouest | 64,0 | 58,8 | 68,8 | 57,2Note ** | 52,1 | 62,2 |
Nunavut | 53,5Note *** | 49,6 | 57,2 | 65,3Note ** | 58,8 | 71,2 |
Canada | 61,6Note * | 58,0 | 64,9 | 41,8 | 41,1 | 42,6 |
F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, 2018. |
Graphique 15 fin
L’Alberta a enregistré la plus proportion (69 %) la plus élevée d’Autochtones ayant subi au moins une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ansNote . En outre, les plus importantes différences quant aux taux de victimisation entre les Autochtones et les non-Autochtones ont été enregistrées en Ontario (+25 points de pourcentage chez les Autochtones), en Alberta (+23 points de pourcentage), en Colombie-Britannique (+20 points de pourcentage) et en Saskatchewan (+19 points de pourcentage).
Les Autochtones de 35 à 44 ans enregistrent les taux les plus élevés de victimisation depuis l’âge de 15 ans
Dans l’ensemble, les caractéristiques qui étaient associées à de plus hauts taux de victimisation en 2019 étaient également associées à des taux plus élevés de victimisation depuis l’âge de 15 ans. À l’instar de ce qui était observé pour la victimisation récente, les Autochtones de 35 à 44 ans ont affiché la proportion la plus élevée de victimisation depuis l’âge de 15 ans (74 %, 75 % des Premières Nations, 75 % des Métis et 64 % des Inuits). En outre, les Autochtones de tous les groupes d’âge ont été proportionnellement plus nombreux que leurs homologues non autochtones à avoir été victimes d’au moins une agression sexuelle ou une agression physique depuis l’âge de 15 ans (Tableau 15).
Comme c’était le cas pour la victimisation récente, les antécédents d’agressions sexuelles ou physiques durant l’enfance, de pratiques parentales sévères ou d’exposition à la violence conjugale étaient aussi étroitement associés à des taux plus élevés de victimisation depuis l’âge de 15 ans. Par exemple, 91 % des Autochtones ayant subi à la fois au moins une agression sexuelle et au moins une agression physique de la part d’un adulte avant l’âge de 15 ans ont subi au moins une agression depuis l’âge de 15 ans. En comparaison, 48 % des Autochtones n’ayant subi aucune agression avant l’âge de 15 ans ont subi au moins une agression depuis l’âge de 15 ans. De même, 84 % des Autochtones (86 % des Premières Nations, 84 % des Métis et 68 % des Inuits) ayant été témoins de violence conjugale avant l’âge de 15 ans ont également subi au moins une agression sexuelle ou physique après l’âge de 15 ans, comparativement à 54 % des Autochtones n’ayant pas été témoins de violence conjugale.
Les Autochtones ayant une incapacité physique ou mentale affichent des taux de victimisation plus élevés
Des études récentes ont souligné les taux de victimisation élevés parmi les personnes ayant une incapacité (Burczycka, 2018; Cotter, 2018; Savage 2021). Une autre étude a noté que les taux peuvent être encore plus élevés parmi les personnes s’identifiant à plus d’un groupe de population, comme les femmes autochtones ayant une incapacité (Perreault, 2020).
Selon les données de l’ESEPP, près des trois quarts (72 %) des Autochtones ayant une incapacité physique, cognitive ou relative à la santé mentale (75 % des Premières Nations, 70 % des Métis et 67 % des Inuits) ont subi au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans, comparativement à 52 % des Autochtones n’ayant aucune incapacité et à 54 % des non-Autochtones ayant une incapacité.
Les antécédents de victimisation criminelle sont souvent associés à d’autres enjeux sociaux ou de santé
Des études antérieures ont montré que la victimisation criminelle était souvent associée à d’autres enjeux sociaux ou de santé, tels qu’un mauvais état de santé physique ou mentale, ou encore la consommation de drogues ou d’alcool (Andersen et autres, 2014; Cotter, 2021; Hughes et autres, 2014; Perreault, 2015; Perreault, 2020). Les données de l’ESEPP confirment que tant les Autochtones que les non-Autochtones qui ont été victimes d’au moins une agression depuis l’âge de 15 ans étaient plus susceptibles de déclarer être confrontés à certains enjeux sociaux ou de santé ou de l’avoir été.
Par exemple, près du quart (23 %) des Autochtones (24 % des Premières Nations, 23 % des Métis et 14 % des Inuits) ayant vécu au moins une agression depuis l’âge de 15 ans jugeaient leur état de santé mentale comme étant passable ou mauvais, comparativement à 11 % des Autochtones n’ayant jamais été victimes (tableau 16).
De même, environ 4 victimes autochtones sur 10 (41 %, 44 % des Premières Nations, 38 % des Métis et 48 % des Inuits ayant été victimes) ont déjà sérieusement considéré le suicide, comparativement à 16 % des Autochtones n’ayant jamais été victimes. Enfin, près du tiers (31 %) des Autochtones (34 % des Premières Nations, 29 % des Métis et 40 % des Inuits) ayant subi au moins une agression ont déclaré que leur consommation d’alcool a déjà été la source d’ennuis avec leur entourage, comparativement à 7,2 % des Autochtones n’ayant pas été victimes.
Il convient toutefois de souligner que ces données ne permettent pas d’établir de lien de cause à effet; il est impossible de déterminer si les expériences de victimisation sont la cause des autres enjeux sociaux ou de santé (p. ex. consommer de l’alcool ou des drogues afin de composer avec les expériences de violence), ou si ces enjeux peuvent contribuer à accroître l’exposition à la violence, ou encore de déterminer si la victimisation et les autres enjeux ont simplement des sources communes.
Les perceptions des Autochtones à l’égard du système de justice pénale et de la sécurité
Les questions relatives au lien de confiance fragile et aux relations parfois tendues entre les Autochtones et la police, ou plus largement, la perception des Autochtones à l’égard de l’ensemble du système justice pénale, sont bien documentés (Boyce, 2016; Cao, 2014; Conseil des académies canadiennes, 2019; Cotter, 2015; David, 2019; Ibrahim, 2020; Nilson et Mantello, 2019).
La relation entre les Autochtones et le système de justice a été largement définie par le colonialisme, le racisme, les préjugés, la discrimination et les différences culturelles et sociétales fondamentales (Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019). Ainsi, les Autochtones s’adressant au système de justice pénale sont souvent confrontés à une personne, à une politique, à une procédure ou à un comportement qui démontre peu ou pas de sensibilité à leur égard ou une incompréhension des histoires et des complexités caractérisant les relations entre les peuples autochtones et la police (Enquête nationale sur femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019). De même, la Commission de vérité et réconciliation souligne l’incidence sur la confiance des Autochtones à l’égard de la police qu’a eue la participation de cette dernière au système des pensionnats autochtones (Centre national pour la vérité et la réconciliation, 2015).
Récemment, il y a également eu beaucoup de discussions au sujet de la discrimination et du racisme systémique au Canada, et plus précisément en ce qui concerne les relations entre la police et les Autochtones (Canada, Parlement, 2020; Colombie-Britannique, 2020). En juin 2020, la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) reconnaissait qu’au cours de son histoire, le service de police n’avait pas toujours traité les personnes racisées et les Autochtones de façon équitable, et que c'était toujours le cas aujourd'hui. Parallèlement, elle appelait à redoubler d’efforts pour apporter des changements relativement à cette question (Gendarmerie royale du Canada, 2020).
Dans le cadre de l’ESG de 2019, les répondants ont été interrogés au sujet de leurs expériences de victimisation. L’enquête comprenait également un ensemble de questions visant à mesurer les perceptions de la population à l’égard du système de justice pénale ainsi qu’au sujet de leur sentiment de sécurité. La prochaine section présente les principaux résultats de l’enquête au sujet de cet enjeu.
Les Autochtones ont un plus faible degré de confiance à l’égard de leur police locale que les non-Autochtones
Les données de l’ESG de 2019 révèlent que la majorité (82 %) des Autochtones au Canada (81 % des Premières Nations, 85 % des Métis et 70 %E des Inuits) a au moins une certaine confiance envers leur service de police local ou détachement de la GRC. En revanche, 17 % des Autochtones (19 % des Premières Nations, 15 % des Métis et 29 %E des Inuits) ont affirmé n’avoir aucune ou que très peu confiance envers leur police locale, soit une proportion près de deux fois plus élevée que chez les non-Autochtones (9,2 %) (tableau 17). Cependant, les proportions d’Autochtones ayant une faible confiance envers la police pourraient être sous-estimées, puisque ceux ayant peu de confiance à l’égard de la police ont possiblement aussi peu de confiance envers les institutions en général, et donc pourraient être plus réfractaires à répondre à une enquête menée par le gouvernement fédéral.
À l’échelle du pays, les différences entre les Autochtones et les non-Autochtones quant au degré de confiance à l’égard de la police locale étaient les plus marquées dans les territoires, ainsi qu’en Saskatchewan. À l’inverse, il y avait peu ou pas de différence entre les perceptions des Autochtones et des non-Autochtones du Québec, du Manitoba et de l’Alberta (graphique 16).
Graphique 16 début
Tableau de données du graphique 16
Province ou territoire | Autochtones | Non-AutochtonesTableau de données du graphique 16 Note ‡ | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | |||
de | à | de | à | |||
Provinces de l'Atlantique | 19,6Note * | 10,2 | 34,6 | 7,2Note ** | 6,0 | 8,6 |
Québec | 7,2Note E: à utiliser avec prudence Note ** | 2,5 | 18,9 | 7,3Note ** | 6,0 | 8,9 |
Ontario | 21,3Note E: à utiliser avec prudence | 11,4 | 36,4 | 10,1Note ** | 8,9 | 11,5 |
Manitoba | 16,4Note E: à utiliser avec prudence | 8,3 | 29,8 | 12,2Note ** | 9,8 | 15,2 |
Saskatchewan | 26,8Note E: à utiliser avec prudence Note * | 13,5 | 46,2 | 6,8Note ** | 5,0 | 9,1 |
Alberta | 13,9Note E: à utiliser avec prudence | 6,8 | 26,4 | 9,0 | 7,5 | 10,8 |
Colombie-Britannique | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 10,5 | 8,8 | 12,6 |
Yukon | 32,1Note *** | 19,9 | 47,3 | 9,1 | 6,4 | 12,7 |
Territoires du Nord-Ouest | 24,3Note * | 19,0 | 30,6 | 10,5 | 7,2 | 15,0 |
Nunavut | 31,4Note *** | 21,7 | 43,1 | 5,0Note ** | 2,5 | 9,9 |
Canada | 17,5Note * | 13,5 | 22,3 | 9,2 | 8,5 | 9,9 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 16 fin
Lorsqu’on leur a demandé d’évaluer des aspects précis du travail de leur police locale, c’est au sujet des missions de base de la police que les Autochtones se trouvaient à être les plus critiques par rapport aux non-Autochtones. Ainsi, les Autochtones étaient environ deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones de considérer que leur police locale fait un mauvais travail pour ce qui est de faire respecter la loi (10 % par rapport à 5,2 %), de répondre rapidement aux appels (16 % par rapport à 7,1 %) et d’assurer la sécurité des citoyens (11 % par rapport à 5,4 %).
Près de la moitié des Autochtones ont eu un contact avec la police en 2019
Selon les données de l’ESG de 2019, les Autochtones étaient plus susceptibles d’avoir été, pour une raison ou une autre, en contact avec la police au cours des 12 mois précédant l’enquête. Ainsi, près de la moitié (45 %) des Autochtones (43 % des Premières Nations, 50 % des Métis et 33 %E des Inuits) ont eu un contact avec la police, comparativement à 34 % des non-Autochtones (tableau 17).
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, la raison du contact la plus souvent mentionnée était dans le contexte du travail ou de bénévolat (14 % des Autochtones et 12 % des non-Autochtones). Les différences les plus marquées avaient toutefois trait aux contacts en tant que témoins d’un crime (8,0 % par rapport à 4,6 %) ou encore pour des problèmes émotionnels ou de consommation d’un proche (9,9 % par rapport à 2,5 %) ou de soi-même (2,5 % par rapport à 0,6 %).
Le fait d’avoir des contacts avec la police peut avoir une certaine influence sur la confiance envers celle-ci. Dans l’ensemble, les personnes qui ont eu un contact avec la police étaient un peu plus susceptibles de dire n’avoir aucune ou que très peu confiance en leur police locale (11 % par rapport à 8,5 % des personnes n’ayant pas eu de contact avec la police). Chez les Autochtones, cette différence était particulièrement marquée, alors que 25 % des Autochtones ayant eu un contact avec la police ont dit n’avoir aucune ou que très peu confiance en leur police locale, comparativement à 12 % des Autochtones n’ayant pas eu de contact.
Néanmoins, la majorité (80 %) des Autochtones (76 % des Premières Nations et 85 % des Métis) qui ont eu un contact avec la police ont jugé que, dans l’ensemble, l’expérience lors de ces contacts avait été positive, soit une proportion plus faible que parmi les non-Autochtones (88 %).
Pour obtenir plus de renseignements sur les perceptions des Autochtones à l’égard du système de justice pénale et leurs interactions avec celui-ci, consulter l’article de Juristat intitulé « Perceptions et expériences relatives à la police et au système de justice au sein des populations noire et autochtone du Canada » (Cotter, 2022).
Les Autochtones se disent aussi satisfaits que les non-Autochtones de leur sécurité personnelle face au crime
Dans l’ensemble, la plupart des Autochtones se sont dits satisfaits ou très satisfaits de leur sécurité personnelle face au crime. Plus précisément, environ les trois quarts (76 %) des Autochtones (73 % des Premières Nations, 78 % des Métis et 71 %E des Inuits) pensaient ainsi, soit une proportion semblable à celle notée parmi les non-Autochtones (78 %). Comme chez les non-Autochtones, les femmes autochtones étaient moins susceptibles que les hommes autochtones de se dire satisfaites ou très satisfaites de leur sécurité personnelle en général (69 % par rapport à 82 %) (graphique 17).
Graphique 17 début
Tableau de données du graphique 17
Identité autochtone | Femmes | HommesTableau de données du graphique 17 Note ‡ | Total | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | pourcentage | intervalle de confiance de 95 % | ||||
de | à | de | à | de | à | ||||
Premières Nations | 67,7 | 56,6 | 77,1 | 78,6Note E: à utiliser avec prudence | 66,1 | 87,4 | 72,7 | 64,1 | 79,8 |
Métis | 71,3 | 61,1 | 79,7 | 83,2Note E: à utiliser avec prudence | 72,5 | 90,3 | 78,1 | 71,1 | 83,8 |
Inuits | 62,4Note E: à utiliser avec prudence | 40,7 | 80,0 | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note F: trop peu fiable pour être publié | 71,5 | 55,0 | 83,7 |
Ensemble des Autochtones | 69,4Note * | 62,2 | 75,7 | 81,6 | 74,2 | 87,3 | 75,6 | 70,3 | 80,2 |
Non-Autochtones | 74,4Note * | 73,0 | 75,7 | 81,6 | 80,3 | 82,9 | 77,9 | 76,9 | 78,9 |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2019. |
Graphique 17 fin
Lorsqu’interrogés au sujet de leur sentiment de sécurité dans des situations précises, les Autochtones affichaient, dans l’ensemble, des sentiments de sécurité semblables aux non-Autochtones. Par exemple, 78 % des Autochtones et 80 % des non-Autochtones ont dit se sentir en sécurité lorsqu’ils marchent seuls dans leur quartier quand il fait noir. Les Premières Nations étaient cependant un peu moins nombreuses à en dire autant, puisque 72 % ont dit se sentir en sécurité dans cette situation (tableau 17).
Dans l’ensemble, les Autochtones (14 %) étaient toutefois un peu plus susceptibles que les non-Autochtones (8,3 %) de dire ne jamais marcher seuls dans leur quartier quand il fait noir. Cela était le cas en particulier chez les Premières Nations, parmi lesquelles 17 % ont déclaré ne jamais marcher seules dans leur quartier quand il fait noir. Les femmes représentaient également 88 % de tous les Autochtones disant ne jamais marcher seules le soir.
Bien que plusieurs raisons autres que des motifs de sécurité peuvent faire en sorte qu’une personne ne marche jamais seule quand il fait noir, 44 % des Autochtones et 33 % des non-AutochtonesNote disant ne jamais marcher seuls quand il fait noir ont dit qu’ils le feraient s’ils se sentaient davantage en sécurité.
Résumé
En raison des répercussions de la colonisation et du racisme systémique, y compris l’expérience des pensionnats autochtones, les systèmes de protection de l’enfance et la rafle des années 1960, plusieurs Autochtones doivent composer aujourd’hui avec des traumatismes intergénérationnels et des circonstances sociales et économiques parfois difficiles, lesquels peuvent être liées à la victimisation avec violence.
Environ 4 Autochtones sur 10 de 15 ans et plus ont vécu de la violence physique ou sexuelle durant leur enfance. Notamment, plus du quart (26 %) des femmes autochtones ont subi de la violence sexuelle durant l’enfance, comparativement à 9,2 % femmes non autochtones et à 5,8 % des hommes autochtones. La surreprésentation des Autochtones parmi les victimes de violence durant l’enfance s’amenuise toutefois au fil des nouvelles cohortes. Dans l’ensemble, des proportions semblables d’Autochtones et de non-Autochtones de 15 à 34 ans ont été victimes de violence durant l’enfance; ces proportions étaient deux fois moins élevées que celle observée chez les Autochtones de 55 ans et plus.
Plusieurs Autochtones ont vécu de la violence durant l’enfance alors qu’ils étaient sous la responsabilité légale de l’État. Ainsi, plus du tiers des personnes de 15 ans et plus ayant vécu de la violence alors qu’elles étaient sous la responsabilité de l’État au Canada sont des Autochtones. Un peu plus de 1 Autochtone sur 10 (11 %) de 15 ans et plus a déjà été sous la responsabilité de l’État, soit une proportion 10 fois supérieure à celle notée chez les non-Autochtones. La gravité et la fréquence de la violence ou de la négligence vécue durant l’enfance ne parvenaient pas à expliquer la totalité de cet écart.
Les Autochtones étaient également surreprésentés parmi les victimes d’un crime violent au cours des 12 mois précédant l’ESG de 2019. Près de 1 Autochtone sur 10 (8,4 %) ayant été victime d’un crime violent au cours de cette période, comparativement à 4,2 % des non-Autochtones. De plus, selon les données déclarées par la police dans le cadre de l’enquête sur les homicides, le taux d’homicide pour la période allant de 2015 à 2020 était six fois supérieur chez les Autochtones (8,64 victimes pour 100 000 Autochtones) que chez les non-Autochtones (1,39 victime pour 100 000 non-Autochtones).
Tout comme pour la victimisation durant l’enfance, la surreprésentation des Autochtones parmi les victimes de violence à l’âge adulte tend à diminuer au fil des nouvelles générations. Les Autochtones de 15 à 24 ans ont été victimes d’un crime violent au cours des 12 mois précédant l’ESG dans une proportion semblable aux non-Autochtones du même âge, alors que les Autochtones de 35 à 54 ans ont été victimes dans une proportion trois fois plus élevée que leurs homologues non autochtones.
Plus de 1 Autochtone sur 10 (13 %) ayant un partenaire intime, actuel ou ancien, a vécu de la violence de la part de ce partenaire au cours des cinq années précédant l’enquête, soit une proportion plus de deux fois plus élevée que chez les non-Autochtones (5,7 %). De plus, près de la moitié des femmes autochtones assassinées de 2015 à 2020 avaient été tuées par un partenaire intime. Néanmoins, la proportion de femmes autochtones ayant été victimes de violence conjugale affiche une tendance à la baisse, étant passée de 15 %E en 2009 à 7,5 % en 2019 dans les provinces.
Malgré des taux de victimisation de victimisation plus élevés que les non-Autochtones, la majorité des Autochtones disent se sentir en sécurité lorsqu’ils marchent seuls le soir dans leur voisinage lorsqu’il fait noir. Toutefois, les Autochtones étaient un peu plus susceptibles de déclarer ne jamais marcher seuls le soir, notamment pour des raisons de sécurité. Une majorité d’Autochtones ont aussi déclaré avoir confiance en leur police locale, mais la proportion de personnes ayant peu ou pas confiance en la police était plus élevée chez les non-Autochtones.
Tableaux de données détaillés
Tableau 11 Homicides, selon l’identité autochtone, le genre et l’année, Canada, 2015 à 2020
Description de l’enquête
Enquête sociale générale (ESG) sur la sécurité des Canadiens (victimisation)
En 2019, Statistique Canada a mené l’ESG sur la victimisation pour la septième fois. Les cycles précédents ont été menés en 1988, 1993, 1999, 2004, 2009 et 2014. La population cible était composée des personnes de 15 ans et plus vivant dans les provinces et les territoires, à l’exception des personnes vivant en établissement à temps plein.
La collecte des données a eu lieu au cours de la période allant d’avril 2019 à mars 2020. Les réponses ont été obtenues au moyen d’interviews téléphoniques assistées par ordinateur (ITAO), d’interviews en personne (dans les territoires seulement) et, pour la première fois, d’une option d’autocollecte par Internet offerte aux répondants à l’ESG sur la victimisation dans les provinces et les capitales territoriales. Les personnes ont pu répondre dans la langue officielle de leur choix.
Une personne de 15 ans et plus a été choisie au hasard au sein de chaque ménage pour répondre à l’enquête. Un suréchantillon d’Autochtones, y compris ceux résidant dans des réserves autochtones, a été ajouté à l’ESG de 2019 sur la victimisation afin de permettre une analyse plus approfondie des personnes appartenant à ce groupe de population. En 2019, la taille de l’échantillon final était de 22 412 répondants. En 2019, le taux de réponse global s’établissait à 37,6 %. Parmi les non-répondants figuraient les personnes qui ont refusé de participer à l’enquête, celles qui ne pouvaient pas être jointes et celles qui ne parlaient ni le français ni l’anglais. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont été pondérés afin que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et plus ne vivant pas en établissement.
Comme c’est le cas pour toutes les enquêtes auprès des ménages, les données comportent certaines limites. Les résultats reposent sur un échantillon et sont donc sujets à des erreurs d’échantillonnage. Des résultats légèrement différents auraient pu être obtenus si la population entière avait participé à l’enquête.
En ce qui a trait à la qualité des estimations, les limites inférieure et supérieure des intervalles de confiance sont présentées dans les tableaux et les graphiques. Les intervalles de confiance doivent être interprétés de la façon suivante : si l’enquête devait être répétée à de nombreuses reprises, 95 % du temps (ou 19 fois sur 20), l’intervalle de confiance couvrirait la valeur de la population réelle. Tout au long du présent article, sauf indication contraire, des différences statistiquement significatives ont été déterminées à l’aide d’intervalles de confiance de 95 %.
En plus des intervalles de confiance, les estimations sont classées dans des catégories de qualité en fonction de la taille de l’échantillon non pondéré. Les estimations inférieures à seuils minimaux sont marquées de la lettre F. De plus, les estimations marquées de la lettre E sont jugées de qualité marginale et doivent être utilisées avec prudence; c’est le cas notamment de l’ensemble des estimations pour les Inuit.
Statistique Canada a confiance en la qualité des données diffusées tirées de l’ESG de 2019 et veille à ce que les données soient adaptées à leur utilisation dans la présente analyse. Il est important de souligner que tout changement significatif dans la méthodologie d’enquête peut avoir des répercussions sur la comparabilité des données au fil du temps. Il est impossible de déterminer avec certitude si, et dans quelle mesure, les différences concernant une variable sont attribuables à un changement réel dans la population ou à des changements dans la méthodologie d’enquête. Il y a cependant des raisons de croire que l’utilisation du questionnaire électronique pourrait avoir une incidence sur les estimations. À chaque étape du traitement, de la vérification et de la diffusion, des efforts considérables ont été déployés pour produire les données les plus précises possible en ce qui a trait à leur niveau de détail et pour veiller à ce que les estimations publiées soient de bonne qualité, conformément aux normes de Statistique Canada. Toutefois, en raison de ces changements, il n’est pas approprié de comparer directement les résultats de l’ESG de 2019 à ceux des cycles précédents.
Il convient de souligner que, même lorsque la proportion de personnes ayant répondu à l’enquête en ligne est semblable, il se peut que l’effet du mode d’enquête soit différent d’une population à l’autre.
Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP)
En 2018, Statistique Canada a mené le premier cycle de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP). Cette enquête a pour objet de recueillir des renseignements sur les expériences vécues par les Canadiens en public, au travail, en ligne et dans leurs relations intimes.
La population cible de l’ESEPP est composée des personnes de 15 ans et plus résidant dans les provinces et les territoires, y compris les personnes résidant dans une réserve autochtone. Les personnes vivant en établissement ne sont pas incluses. Une fois qu’un ménage était joint, une personne de 15 ans et plus était sélectionnée au hasard pour participer à l’enquête.
Dans les provinces, la collecte des données s’est déroulée d’avril à décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un questionnaire à remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par un intervieweur au téléphone. Les répondants ont été en mesure de répondre dans la langue officielle de leur choix. La taille de l’échantillon dans les 10 provinces s’établissait à 43 296 répondants. Le taux de réponse dans les provinces s’établissait à 43,1 %.
Dans les territoires, la collecte des données s’est déroulée de juillet à décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un questionnaire à remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par un intervieweur au téléphone. Les répondants ont été en mesure de répondre dans la langue officielle de leur choix. La taille de l’échantillon dans les trois territoires s’établissait à 2 597 répondants. Le taux de réponse dans les territoires s’établissait à 73,2 %. Comparativement aux provinces, une plus grande proportion de la population des territoires a été sélectionnée pour participer à l’enquête, et ce afin de permettre des analyses détaillées. Ainsi, les estimations pour les Inuit pourraient refléter principalement les expériences des Inuit vivant dans les territoires.
Parmi les non-répondants figuraient les personnes qui ont refusé de participer à l’enquête, celles qui ne pouvaient pas être jointes et celles qui ne parlaient ni le français ni l’anglais. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont été pondérés afin que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et plus ne vivant pas en établissement.
Comme c’est le cas pour toutes les enquêtes auprès des ménages, les données comportent certaines limites. Les résultats reposent sur un échantillon et sont donc sujets à des erreurs d’échantillonnage. Des résultats légèrement différents auraient pu être obtenus si la population entière avait participé à l’enquête.
En ce qui a trait à la qualité des estimations, les limites inférieure et supérieure des intervalles de confiance sont présentées. Les intervalles de confiance doivent être interprétés de la façon suivante : si l’enquête devait être répétée à de nombreuses reprises, 95 % du temps (ou 19 fois sur 20), l’intervalle de confiance couvrirait la valeur de la population réelle.
Enquête sur les homicides
L’Enquête sur les homicides permet de recueillir des données auprès de la police sur les caractéristiques de l’ensemble des affaires, des victimes et des auteurs présumés d’homicide au Canada. Certains homicides sont portés à l’attention de la police des mois ou des années après avoir été commis. Ces affaires sont comptabilisées dans l’année au cours de laquelle la police en a été informée (d’après la date du rapport). Les renseignements sur les auteurs présumés d’homicide sont accessibles uniquement en ce qui concerne les affaires résolues (c.-à-d. celles dans lesquelles au moins un auteur présumé a été identifié).
L’identité autochtone est déclarée par la police dans le cadre de l’Enquête sur les homicides et est déterminée à partir des renseignements trouvés sur la victime ou l’auteur présumé (comme une carte de statut) ou à partir de l’information fournie par la famille de la victime ou la famille de l’auteur présumé, par l’auteur présumé lui-même, par des membres de la communauté ou d’autres sources (p. ex. les registres de la bande). Les preuves médicolégales, comme les résultats de tests génétiques, peuvent aussi être acceptées pour déterminer l’identité autochtone des victimes.
Dans le cadre de l’Enquête sur les homicides, l’identité autochtone comprend les personnes identifiées comme Premières Nations (Indiens inscrits ou non), Métis, Inuits ou faisant partie d’un groupe autochtone inconnu de la police. Une identité non autochtone désigne les cas où la police a confirmé qu’une victime ou qu’un auteur présumé n’a pas été identifié comme Autochtone. L’identité autochtone déclarée comme étant « inconnue » de la police désigne les cas où la police a été incapable de déterminer l’identité autochtone de la victime ou de l’auteur présumé, où l’identité autochtone n’a pas été consignée par le service de police, ou encore les cas où l’auteur présumé a refusé de révéler son identité autochtone à la police.
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