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Appartenance à la communauté et perception de l'état de santé : Premiers résultats de l'ESCC (janvier à juin 2005)La majorité des personnes ont un sentiment d’appartenance à l’égard de leur communauté locale Au cours des 25 dernières années, les recherches ont clairement démontré une association causale entre les relations sociales et la santé1, 4. Les personnes qui sont isolées socialement et qui ont peu de liens avec autrui sont plus susceptibles d’avoir un mauvais état de santé physique et mentale et de mourir prématurément. Plus récemment, la notion de « capital social » a suscité davantage d’attention dans le cadre des recherches sur la santé. Le capital social est généralement défini comme constitué des aspects de l’organisation sociale, comme la participation communautaire et la confiance à l’égard des autres, qui favorisent la coopération entre les membres d’une même communauté9. Des niveaux élevés de capital social ont été liés à des taux de mortalité et de criminalité plus faibles et à une autoévaluation positive de l’état de santé8, 9, 10, 11, 12. On se demande toutefois si le capital social profite à l’ensemble de la communauté ou à ses membres individuellement, c’est à dire qui profite directement du sentiment d’appartenance à la communauté. Selon une étude récente, l’association entre le capital social et l’autoévaluation positive de l’état de santé est plus importante au niveau individuel12. On émet l’hypothèse que le sentiment d’appartenance à la communauté favorise un bon état de santé, les liens créés suscitant un respect mutuel et augmentant par conséquent l’estime de soi. Il existe une autre possibilité, à savoir que l’interaction entre les membres de la communauté donne lieu à la transmission de normes sociales liées à des comportements favorables à la santé, comme l’activité physique et le fait de ne pas fumer1, 4. Depuis son lancement, en 2000 2001, l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) comprend une question sur l’appartenance à la communauté. Il est par conséquent possible de déterminer le degré d’appartenance des Canadiens à leur communauté locale. Dans un document antérieur fondé sur les données de l’ESCC de 2000 2001, on faisait ressortir une association entre le sentiment d’appartenance des personnes et la façon dont elles évaluaient généralement leur état de santé14. À partir des données des six premiers mois (janvier à juin) de l’ESCC de 2005, le présent article vise à faire le point par rapport à l’article précédent. On compare les taux d’appartenance à la communauté au niveau provincial et de la région sociosanitaire. Étant donné que l’ESCC de 2005 comprend des questions concernant l’autoévaluation de l’état de santé mentale ainsi que de l’état de santé général, on peut élargir l’analyse précédente en mesurant les associations entre l’appartenance à la communauté et la santé mentale et physique. La majorité des personnes ont un sentiment d’appartenance à l’égard de leur communauté locale En 2005, près des deux tiers des Canadiens (64 %) déclaraient un fort sentiment d’appartenance à leur communauté; cela comprend les 17 % de personnes qui ont décrit leur sentiment d’appartenance comme très fort, et les 47 % qui l’ont qualifié de plutôt fort. Un peu plus du quart (26 %) ont déclaré un sentiment d’appartenance plutôt faible et 9 %, un sentiment très faible. La probabilité de déclarer un fort sentiment d’appartenance à la communauté variait considérablement selon la province (graphique 1, tableau 1). Environ les trois quarts des résidents des provinces de l’Atlantique déclaraient un fort sentiment d’appartenance, les habitants de Terre Neuve affichant le taux le plus élevé au pays, soit 79 %. Des taux relativement élevés ont aussi été enregistrés en Saskatchewan (73 %) et en Colombie Britannique (69 %). Les résidents du Québec étaient les moins susceptibles d’avoir un sentiment d’appartenance, seulement 54 % déclarant un fort sentiment d’appartenance. Une étude précédente a révélé que les Québécois étaient aussi moins susceptibles de déclarer un fort sentiment d’appartenance au Canada, mais que leur sentiment d’appartenance à leur province était similaire à celui des autres Canadiens16. Le degré d’appartenance des résidents des régions sociosanitaires de chaque province à leurs communautés respectives variait aussi considérablement. Les régions sociosanitaires constituées de grands centres urbains avaient tendance à afficher les taux les plus faibles d’appartenance à la communauté. Par exemple, en Ontario, les taux les plus faibles étaient déclarés par les résidents des régions sociosanitaires de York et la ville de Toronto; au Manitoba, le taux le plus faible était enregistré à Winnipeg; en Saskatchewan, à Saskatoon; en Alberta, à Calgary et dans la région sociosanitaire de la capitale (Edmonton); et en Colombie Britannique, à Vancouver. À l’opposé, les régions sociosanitaires à prédominance rurale enregistraient des taux plus élevés d’appartenance. Dans le cas des personnes vivant dans des régions sociosanitaires à prédominance urbaine, le taux moyen d’appartenance à la communauté se situait à 63 %. Par contre, la moyenne pour les personnes vivant dans des régions sociosanitaires à prédominance rurale était de 77 % (graphique 2). Le taux d’appartenance le plus élevé au pays, soit 89 %, a été enregistré dans la région sociosanitaire de Labrador Grenfell, à Terre Neuve et Labrador, et le plus faible, dans la région sociosanitaire de Laval, au Québec (44 %). Le sentiment d’appartenance à la communauté était moins répandu chez les personnes divorcées ou séparées (57 %) ou jamais mariées (54 %) comparativement aux personnes mariées ou vivant en union libre (65 %). Les personnes ayant de jeunes enfants étaient légèrement plus susceptibles que celles n’en ayant pas d’avoir un fort sentiment d’appartenance. De faibles associations ont été observées entre l’appartenance à la communauté et le statut socioéconomique. Les personnes faisant partie d’un ménage à faible revenu étaient moins susceptibles de déclarer un fort sentiment d’appartenance à la communauté, mais on ne notait pas de différence entre les personnes dont le revenu du ménage se situait au niveau moyen-inférieur, moyen, moyen-supérieur ou supérieur. La seule association avec le niveau de scolarité avait trait aux diplômés postsecondaires, qui étaient légèrement moins susceptibles d’avoir un sentiment d’appartenance que les personnes qui avaient fait uniquement des études secondaires. Au niveau provincial, des associations significatives entre l’appartenance à la communauté et la perception de l’état de santé général sont ressorties dans toutes les provinces, sauf l’Île du Prince Édouard et le Québec (graphique 5). Les associations étaient particulièrement fortes en Colombie Britannique et en Ontario. En Colombie Britannique, 64 % des résidents ayant un fort sentiment d’appartenance déclaraient avoir un état de santé général excellent ou très bon, comparativement à 51 % de ceux qui avaient un faible sentiment d’appartenance; en Ontario, les proportions étaient de 64 % comparativement à 55 %. Ces conclusions sont particulièrement pertinentes compte tenu des preuves qui existent que la perception de l’état de santé général est un prédicteur de l’incidence de la maladie chronique, de l’utilisation des services médicaux, de la guérison, de la perte fonctionnelle et de la mortalité2, 3, 5, 6, 7, 18. La probabilité de déclarer une excellente ou une très bonne santé mentale diminuait aussi en parallèle avec les baisses du sentiment d’appartenance, allant de 81 % pour les personnes ayant un très fort sentiment d’appartenance à 63 % pour les personnes ayant un très faible sentiment d’appartenance à leur communauté (graphique 6). Au niveau provincial, un fort sentiment d’appartenance à la communauté était lié à une probabilité accrue de déclarer une excellente ou une très bonne santé mentale dans toutes les provinces, sauf l’Île du Prince Édouard (graphique 7). Même une fois pris en compte d’autres facteurs éventuellement confusionnels, le sentiment d’appartenance à la communauté comportait un lien étroit avec l’autoévaluation de l’état de santé général ou de la santé mentale (tableau 3). Comparativement à celles ayant un faible sentiment d’appartenance à la communauté, les personnes ayant un très fort sentiment d’appartenance montraient des cotes deux fois plus élevées de déclarer un état de santé général excellent ou très bon (modèle 1). De même, celles ayant un très fort sentiment d’appartenance était plus de deux fois plus susceptibles d’avoir une excellente ou une très bonne santé mentale (modèle 3). Lorsqu’on demande aux personnes d’évaluer leur état de santé général, des facteurs psychologiques jouent un rôle dans leur perception17. Par conséquent, on ne sait pas dans quelle mesure les facteurs de santé physique et mentale contribuent aux associations entre le sentiment d’appartenance à la communauté et la perception de l’état de santé général. Toutefois, lorsque le rapport entre le sentiment d’appartenance à la communauté et l’autoévaluation de l’état de santé général est examiné dans le cadre d’un modèle tenant compte de l’autoévaluation de la santé mentale, en plus d’autres variables confusionnelles possibles, le rapport de cotes pour le sentiment d’appartenance diminue, mais demeure significatif (modèle 2). Cela laisse supposer que le sentiment d’appartenance à la communauté est lié à la fois à la santé physique et mentale des personnes. Toutefois, en raison de la nature transversale de la présente analyse, il n’est pas possible de déterminer si c’est la santé qui influe sur le sentiment d’appartenance à la communauté ou le contraire. Pour obtenir l’autoévaluation de l’état de santé, on a posé la question suivante : « En général, diriez vous que votre santé est : excellente? très bonne? bonne? passable? mauvaise? » Pour obtenir l’autoévaluation de la santé mentale, on a posé la question suivante : « En général, diriez vous que votre santé mentale est : excellente? très bonne? bonne? passable? mauvaise? » Le revenu du ménage était fondé sur le nombre de personnes dans le ménage et le revenu total du ménage de toutes les sources au cours des 12 mois précédant l’entrevue.
Une variable urbaine/rurale a été attribuée à chaque enregistrement selon la composition urbaine en pourcentage de la région sociosanitaire où vivait la personne interrogée. Les régions urbaines ont été définies comme les régions métropolitaines de recensement (RMR), les agglomérations de recensement (AR) ou les collectivités non incluses dans les RMR/AR dont au moins 30 % de la population active occupée se rend dans une RMR/AR pour travailler. La composition urbaine en pourcentage a été calculée pour chaque région en divisant la population vivant dans ces régions urbaines par la population totale de la région sociosanitaire. |
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