Rapports sur la santé
Qui demande de l’aide? Examen de l’accès aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances chez les filles et les jeunes femmes au Canada

Date de diffusion : le 21 mai 2025

DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202500500001-fra

Résumé

Contexte

Les filles et les jeunes femmes ont une moins bonne santé mentale que les garçons et les jeunes hommes, bien que ceux-ci soient plus susceptibles de présenter des troubles liés à la consommation de substances. Peu d’études fondées sur la population portent sur les expériences des filles et des jeunes femmes en ce qui a trait à l’accès aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances et à la prestation de ces services, particulièrement entre les groupes sociodémographiques. 

Données et méthodes

Les données tirées de l’Enquête sur la santé mentale et l’accès aux soins de 2022 ont été utilisées aux fins d’estimation des proportions de filles et de jeunes femmes qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont eu accès à du soutien formel en matière de santé mentale et de consommation de substances. Le type de soutien reçu, les raisons pour lesquelles les services n’ont pas été reçus et les liens entre les caractéristiques sociodémographiques et la probabilité d’indiquer que le soutien reçu était utile ont été examinés. L’étude concernait les filles et les femmes âgées de 15 à 29 ans, et l’échantillon d’analyse était composé de 1 254 personnes.

Résultats

Chez les filles et les jeunes femmes âgées de 15 à 29 ans, 38,5 % répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances en 2022. Parmi ces personnes, 54,6 % ont eu recours à des services formels en matière de santé mentale et de consommation de substances. Les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles atteintes d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient plus susceptibles de recourir à du soutien formel et de trouver ces services utiles comparativement à leurs homologues hétérosexuelles. Les filles et les jeunes femmes racisées étaient moins portées que leurs homologues non racisées à indiquer que les soins qu’elles ont reçus avaient été utiles. 

Interprétation

Certaines différences sociodémographiques quant aux expériences des filles et des jeunes femmes ont été observées lorsqu’il s’agissait d’accéder aux services formels en matière de santé mentale et de consommation de substances et de les recevoir. Les résultats ont fait ressortir la nécessité d’améliorer l’accessibilité des services formels en matière de santé mentale et de consommation de substances pour cette population.

Mots-clés

accès aux soins; troubles de santé mentale; services en santé mentale; santé des femmes; troubles liés à l’utilisation de substances; services de santé en matière de consommation de substances; adolescent; adolescente; jeune adulte.

Auteurs

Kristyn Frank et Mila Kingsbury travaillent au sein de la Division de l’analyse de la santé à Statistique Canada. Elizabeth Richards travaille au sein de la Division de l’analyse stratégique, des publications et de la formation à Statistique Canada.

 

Ce que l’on sait déjà sur le sujet

  • La prévalence des troubles de l’humeur et des troubles anxieux a augmenté chez les jeunes Canadiens au cours des dernières années et surtout pendant la pandémie de COVID-19.
  • Les différences entre les sexes se voient dans la prévalence des troubles de santé mentale et de consommation de substances. Les filles et les femmes sont plus susceptibles de présenter des troubles de l’humeur et des troubles anxieux, tandis que les garçons et les hommes sont plus susceptibles de présenter des troubles liés à l’utilisation de substances.
  • Des études antérieures ont révélé que certains facteurs sociodémographiques, comme le genre, le statut d’immigrant et l’origine ethnique et raciale minoritaire, étaient associés aux inégalités dans l’accès aux soins de santé mentale au Canada, tandis que le genre et l’âge se sont avérés associés aux différences dans l’accès aux services de santé en matière de consommation de substances.

Ce qu’apporte l’étude

  • Un peu plus de la moitié des filles et des femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’au moins un des troubles de santé mentale et de consommation de substances (dont le trouble anxieux généralisé, le trouble bipolaire, la phobie sociale, la dépendance à l’alcool et à d’autres substances) ont eu accès à du soutien formel en matière de santé en 2022.
  • Les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles ayant des troubles de santé mentale et de consommation de substances étaient plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuelles d’indiquer que le soutien reçu avait « beaucoup » servi, tandis que les filles et les jeunes femmes racisées étaient moins portées que leurs homologues non racisées à indiquer que le soutien reçu avait été utile.
  • Les filles et les jeunes femmes ont indiqué qu’elles n’avaient pas accédé aux services de soins formels en matière de santé mentale et de consommation de substances pour des raisons personnelles, comme le fait de préférer gérer elles-mêmes les symptômes et d’être trop occupées pour demander du soutien, de même que pour des raisons systémiques, comme l’abordabilité des services et le fait de ne pas savoir comment ou à quel endroit chercher du soutien formel. Ces résultats montrent le besoin de mieux informer les filles et les jeunes femmes sur la façon d’accéder aux services de soutien en matière de santé mentale et de consommation de substances et d’améliorer l’abordabilité de ces services pour cette population.

Introduction

La santé mentale des jeunes au Canada est une préoccupation croissante depuis quelques années, la prévalence des troubles de l’humeur et des troubles anxieux ayant augmenté chez les personnes âgées de 12 à 24 ans entre 2011 et 2018, en particulier chez les adolescentesNote 1. Cependant, les tendances observées ne sont pas aussi claires en ce qui a trait à la consommation de substances : la consommation excessive d’alcool a diminué chez les jeunes hommes, tandis que la consommation de cannabis et de drogues illicites est demeurée généralement stable au sein de cette populationNote 1. Ces résultats correspondent en grande partie aux tendances observées dans l’ensemble de la population du Canada entre 2012 et 2022Note 2.

De plus, la pandémie de COVID-19 a entraîné un déclin de la santé mentale chez les jeunes CanadiensNote 3, Note 4, Note 5; des problèmes de santé plus grave ont été observés chez les résidents des quartiers à faible revenu et des régions urbaines ainsi que chez les jeunes transgenres et non binaires et les jeunes de la diversité de genre par rapport à leurs homologuesNote 6, Note 7, Note 8, Note 9. Dans certaines études, on a également laissé entendre qu’il y a eu une augmentation de la consommation de substances pendant cette période. Cependant, les résultats varient d’une étude à l’autreNote 10. Par conséquent, il y a des préoccupations quant aux obstacles auxquels les jeunes Canadiens, en particulier ceux issus de groupes plus vulnérablesNote 11, font face pour accéder aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances.

Les différences entre les sexes se voient dans la prévalence des troubles de santé mentale et de consommation de substances. Les femmes sont plus susceptibles de présenter un trouble d’anxiété sociale et un trouble de l’humeurNote 12, Note 13, Note 14, tandis que les hommes représentent la plupart des cas de troubles liés à l’utilisation de substancesNote 15, Note 16. En outre, des études transnationales montrent que les filles ont une santé mentale moins bonne que celle des garçons pendant l’enfance et l’adolescence, ce qui met en évidence le besoin de mieux comprendre les expériences des filles et des jeunes femmesNote 17. Au Canada, les femmes de moins de 25 ans sont également plus susceptibles que les hommes de mentionner l’abordabilité et le fait de ne pas savoir où et comment obtenir de l’aide comme obstacles à l’accès aux services en matière de santé mentale et de consommation de substancesNote 18.

Un aspect clé de l’amélioration des connaissances sur les expériences des filles et des jeunes femmes atteintes de troubles de santé mentale et de consommation de substances est de déterminer si elles ont accès aux services de santé formels. En général, les médecins de famille sont le premier point de contact pour de nombreux Canadiens qui sont à la recherche de soins de santé mentaleNote 19 et représentent le « premier palier » des services de santé mentale, qui peuvent être couverts par le régime public d’assurance-maladieNote 20. Par conséquent, les soins primaires sont plus accessibles à la population générale, alors que les services spécialisés en matière de santé mentale et de consommation de substances ne sont fournis qu’aux patients ayant un besoin ne pouvant pas être comblé par les soins primaires.

En général, le recours aux services de santé est influencé par les caractéristiques sociodémographiquesNote 21, Note 22 des personnes, et leur genre est un élément clé dans la prévision du recours à ces servicesNote 23. Le statut d’immigrant ou de réfugiéNote 21, Note 24, l’appartenance à un groupe raciséNote 25, Note 26 et le fait d’avoir un faible revenu20,26 sont également associés à une probabilité plus faible d’accéder à des soins au Canada. Les femmes, quant à elles, sont généralement plus susceptibles d’accéder aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances que les hommesNote 23, Note 27. Par ailleurs, les personnes âgées sont moins susceptibles que les personnes plus jeunes d’accéder aux services de santé en matière de consommation de substancesNote 28.

Chez les jeunes, les difficultés d’obtention de services en matière de santé mentale et de consommation de substances ont notamment été attribuées à des facteurs individuels, comme la peur de la stigmatisation sociale et les problèmes perçus en matière de confidentialité, de même qu’à des facteurs systémiques, comme les coûts, les retards dans l’obtention des soins et les difficultés à passer d’un système de soins pour enfants à un système de soins pour adultesNote 11, Note 29, Note 30. Le genre, le statut d’immigrant, le revenu et l’origine ethnique et raciale minoritaire sont également associés aux inégalités d’accès aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances au CanadaNote 21, Note 25. Les groupes marginalisés peuvent rencontrer davantage de difficultés à obtenir les services appropriés en matière de santé mentale et de consommation de substances et diffèrent parfois dans la façon dont ils vivent de la stigmatisation liée à la maladie mentaleNote 31. Les jeunes lesbiennes, gais et bisexuels (LGB) peuvent courir un risque particulier en raison de la stigmatisation sociale et de la discriminationNote 32, qui contribuent aux taux élevés de troubles de santé mentale observés au sein de cette populationNote 33, Note 34. Cependant, même si la population LGB rencontre généralement plus d’obstacles à l’accès aux services de soins de santé mentale, des travaux de recherche canadiens révèlent qu’elle est aussi plus susceptible d’avoir recours à ces services que la population hétérosexuelleNote 35, Note 36.

Étant donné les variations des taux de troubles de santé mentale et de consommation de substances parmi les différents groupes sociodémographiques, davantage de renseignements sur les lacunes en matière de traitement et les difficultés d’accès aux soins chez les jeunes sont nécessaires. De plus, bien que des études aient permis de démontrer qu’un âge plus avancé et une meilleure santé sont associés à une plus grande satisfaction quant aux services reçusNote 27, Note 37, on s’est peu attardé à la satisfaction des jeunes patients à l’égard des services en matière de santé mentale et de consommation de substances.

Dans la présente étude, on examine si des facteurs de prédisposition (comme le statut d’immigrant, le groupe de population, l’appartenance à la population rurale ou urbaine, l’orientation sexuelle et le niveau de revenu du quartier) sont en corrélation avec la prévalence des troubles de santé mentale et de consommation de substances, l’accès aux services de santé formels et la satisfaction à l’égard de ces services chez les filles et les jeunes femmes au Canada. Plus précisément, on vise à :

  1. estimer la proportion de filles et de femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances au cours de l’année précédente, en examinant les différences en fonction des caractéristiques sociodémographiques;
  2. estimer la proportion d’entre elles qui ont eu accès à des services de santé formels et décrire leur utilisation de ces services de soutien selon les groupes sociodémographiques;
  3. déterminer si les filles et les jeunes femmes qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont eu accès à des services de santé formels les ont trouvé utiles, selon les groupes sociodémographiques.

Méthode

Source des données

Les données proviennent de l’Enquête sur la santé mentale et l’accès aux soins (ESMAS) de 2022, une enquête sur la santé mentale des Canadiens âgés de 15 ans et plus vivant dans les 10 provinces. La base de sondage était les répondants au questionnaire détaillé du recensement. La population cible a été stratifiée par groupe d’âge (15 à 24 ans, 25 à 44 ans, 45 à 64 ans et 65 ans et plus), par sexe (femme ou homme) et par groupe de population (Sud-Asiatiques, Noirs, Chinois, Philippins et autre). Les répondants ont répondu aux questions de l’enquête au moyen d’un questionnaire électronique en ligne, avec l’aide au téléphone d’un intervieweur formé. Le taux de réponse était de 20,2 % chez les filles et les femmes âgées de 15 à 24 ans et de 25,0 % chez les femmes âgées de 25 à 44 ans. L’échantillon d’analyse comprenait 1 254 filles et femmes âgées de 15 à 29 ans.

Mesures

Genre : Les répondants ont déclaré eux-mêmes leur sexe à la naissance (« masculin » ou « féminin ») et leur genre (« masculin », « féminin » ou « veuillez préciser »). L’échantillon de la présente étude était limité aux personnes qui ont déclaré être du genre féminin.

Santé mentale et consommation de substances : Les symptômes d’un épisode dépressif caractérisé, d’un trouble anxieux généralisé, d’un trouble bipolaire, d’une phobie sociale et d’une dépendance à l’alcool et à d’autres substances au cours de l’année précédente ont été évalués à l’aide d’une version modifiée du « Composite International Diagnostic Interview » de l’Organisation mondiale de la Santé. Pour la présente étude, on a examiné les répondantes qui répondaient aux critères de l’un de ces troubles au cours des 12 mois précédents, lesquelles ont été décelées par l’algorithme de l’ESMAS.

Soutien formel en matière de santé mentale : On a demandé aux participants s’ils avaient parlé des problèmes liés à leurs émotions, à leur santé mentale ou à leur consommation de substances à différents professionnels de la santé énumérés. Pour la présente étude, la consultation d’un psychiatre, d’un médecin de famille, d’un psychologue, d’une infirmière ou d’un travailleur social, l’hospitalisation et l’accès à une thérapie en ligne étaient considérés comme des formes de services formels en matière de santé mentale et de consommation de substances. Pour chacun de ces fournisseurs, on a demandé aux répondants : « En général, dans quelle mesure diriez-vous que ce [fournisseur] vous a aidé (pour vos problèmes reliés à vos émotions, votre santé mentale ou votre consommation d’alcool ou de drogues)? ». Une variable binaire a été créée pour comparer ceux qui ont indiqué que le fournisseur les avait « beaucoup » aidés à ceux qui ont indiqué « assez », « un peu » ou « pas du tout ». Pour les filles et les femmes ayant consulté plus d’un type de fournisseur, on a utilisé la cote d’aide correspondant au fournisseur le plus souvent consulté selon ce qu’elles ont indiqué.

Besoins non comblés : On a demandé aux répondants s’ils avaient reçu les types d’aide suivants au cours des 12 derniers mois « en raison de problèmes liés à [leurs] émotions, à[leur] santé mentale ou [leur] consommation d’alcool ou de drogues » : information à propos de ces problèmes, leurs traitements ou les services disponibles, médicaments, ou consultation ou thérapie. Ceux qui n’avaient pas reçu ces formes d’aide devaient indiquer leur besoin perçu pour chaque type d’aide. Ceux qui ont indiqué qu’ils n’avaient pas reçu chaque type d’aide, mais en avaient besoin  ont été invités à sélectionner, dans une liste, les raisons pour lesquelles ils n’avaient pas reçu chaque type d’aide nécessaire.

Plusieurs caractéristiques ont été considérées comme des prédicteurs des troubles de santé mentale et de consommation de substances. Il s’agissait notamment du groupe d’âge (15 à 19 ans, 20 à 23 ans, 24 à 29 ans), de la résidence dans les régions rurales plutôt que dans les centres de population et du statut d’immigrant (né au Canada ou à l’extérieur du Canada). Par ailleurs, les répondants ont déclaré leur orientation sexuelle (« hétérosexuel », « lesbienne ou gai », « bisexuel » ou « veuillez préciser »). À des fins d’analyse, une variable binaire a été créée pour comparer les personnes qui ont indiqué être hétérosexuelles à celles qui ont déclaré être lesbiennes, gaies ou bisexuelles, ou qui ont déclaré une autre orientation. Les répondants ont indiqué leur appartenance aux groupes de population racisés, classés comme suit aux fins d’analyse : Sud-Asiatiques, Chinois, Noirs, Philippins, autre ou groupes minoritaires racisés multiples, ou aucune appartenance à un groupe racisé. En raison de la petite taille des cellules de chaque catégorie, les groupes de population racisés ont été combinés dans certaines analyses. Bien que les répondants aient également déclaré leur identité autochtone (Premières Nations, Métis, Inuit ou non-Autochtones), les données n’ont pas pu être diffusées pour les Autochtones en raison de la petite taille des échantillons. Pour cette raison, les participants autochtones ont été exclus des analyses. Enfin, le revenu du quartier a servi de substitut pour le statut socioéconomique en raison d’inquiétudes concernant le fait que le revenu personnel ou le revenu du ménage pourrait ne pas représenter précisément ce concept dans le cas des jeunes âgés de 15 à 29 ans. Les déciles de revenu des quartiers (selon la région métropolitaine de recensement) ont été tirés des codes postaux des participants. Les catégories ont été regroupées en trois groupes aux fins d’analyse : « faible » (les trois déciles les plus faibles), « moyen » (les quatre déciles du milieu) et « élevé » (les trois déciles les plus élevés).

Analyse

Des tableaux croisés et des tests du khi carré de Rao-Scott ont été utilisés pour comparer les proportions de filles et de femmes répondant aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et cherchant à recevoir une forme de soutien formel selon les groupes sociodémographiques. À partir des caractéristiques sociodémographiques (entrés simultanément dans le modèle), la régression logistique a été utilisée pour estimer la cote exprimant la possibilité d’accéder à des services formels en matière de santé mentale et de consommation de substances chez les personnes qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances. Un deuxième ensemble de modèles de régression logistique a été utilisé pour estimer la cote exprimant la possibilité de recevoir des renseignements, des médicaments et des services de thérapie à partir des prédicteurs démographiques. Enfin, un troisième modèle de régression logistique a été utilisé pour estimer la cote exprimant la possibilité de déclarer que les services de santé formels ont « beaucoup » aidé à partir des prédicteurs sociodémographiques. Les analyses ont été pondérées à l’aide des poids de sondage, en fonction de la probabilité inverse de sélection et après un ajustement pour la non-réponse à l’enquête, ainsi que des poids bootstrap avec 1 000 rééchantillons.

Résultats

Caractéristiques des filles et des jeunes femmes qui répondaient aux critères de dépistage d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances

Dans l’ensemble, un peu moins de 4 filles et femmes sur 10 (38,5 %) âgées de 15 à 29 ans répondaient aux critères de dépistage d’un ou de plusieurs des troubles de santé mentale et de consommation de substances évalués (épisode dépressif caractérisé, trouble anxieux généralisé, trouble bipolaire, phobie sociale ou trouble lié à l’utilisation d’alcool ou trouble lié à l’utilisation de substances) en 2022 (tableau 1).


Tableau 1
Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances, 2022, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances pourcentage et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
pourcentage Intervalle de confiance de 95 %
de à
Dans l’ensemble 38,5 34,8 42,3
Groupe d’âge
15 à 19 ans 39,9 34,2 45,9
20 à 23 ans 43,0 37,2 49,0
24 à 29 ans 33,9 27,5 41,0
Région de résidence
Centre de population 38,5 34,8 42,4
Région rurale 38,4 27,7 50,3
Statut d’immigrante
Personnes nées au Canada 40,2 35,7 44,8
Personnes nées à l’extérieur du Canada 33,6 27,7 40,1
Groupe de population
Groupe de population non racisé 42,2 37,0 47,5
Sud-Asiatiques 30,3 23,2 38,5
Chinoises 29,8 22,5 38,4
Noires 35,7 27,2 45,2
Philippines 35,2 25,7 46,0
Autre ou groupes de population racisés multiples 32,5 22,9 43,8
Orientation sexuelle
Hétérosexuelle 32,1 28,3 36,1
Lesbienne ou bisexuelle 63,8 54,8 71,9Tableau 1 Note 
Tertile de revenu du quartier
Faible 40,2 33,6 47,1
Moyen 41,5 35,8 47,5
Élevé 32,7 26,9 39,0

Aucune différence statistiquement significative n’a été observée dans la proportion de filles et de jeunes femmes qui répondaient aux critères de dépistage d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances en fonction de la région de résidence, du statut d’immigrante, du groupe de population ou du tertile de revenu du quartier. Il convient toutefois de noter que les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles étaient statistiquement plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuelles de répondre aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances. Plus de 6 filles et femmes lesbiennes et bisexuelles sur 10 âgées de 15 à 29 ans répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances évalué (63,8 %) comparativement à près d’un tiers des filles et femmes hétérosexuelles de ce groupe d’âge (32,1 %).

Accès aux services formels en matière de santé mentale et de consommation de substances chez les filles et les jeunes femmes

Plus de la moitié des filles et des jeunes femmes qui répondaient aux critères de dépistage d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances ont déclaré avoir eu accès à des services de santé formels (54,6 %, tableau 2). Même si une certaine variation a été observée d’une caractéristique sociodémographique à l’autre, dans la plupart des cas, cette variation n’était pas significative sur le plan statistique. Une exception avait trait à l’orientation sexuelle : les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient plus susceptibles de recourir aux services de santé (69,6 %) que leurs homologues hétérosexuelles (46,7 %).


Tableau 2
Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont accédé aux services de soins de santé formels, 2022, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont accédé aux services de soins de santé formels pourcentage et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
pourcentage Intervalle de confiance de 95 %
de à
Dans l’ensemble 54,6 48,7 60,3
Groupe d’âge
15 à 19 ans 46,5 37,3 56,0
20 à 23 ans 57,0 47,7 65,9
24 à 29 ans 60,9 48,9 71,6
Statut d’immigrante
Personnes nées au Canada 54,5 47,5 61,4
Personnes nées à l’extérieur du Canada 39,4 29,4 50,4
Groupe de population
Groupe de population non racisé 58,9 51,2 66,1
Groupe de population racisé 45,2 37,2 53,5
Orientation sexuelle
Hétérosexuelle 46,7 39,7 53,8
Lesbienne ou bisexuelle 69,6 59,4 78,2Tableau 2 Note 
Tertile de revenu du quartier
Faible 55,0 44,1 65,5
Moyen 56,4 47,3 65,0
Élevé 50,9 40,1 61,6

Un modèle de régression logistique (résultats non présentés) a également été estimé pour examiner la contribution unique de chacun des facteurs sociodémographiques analysés dans le tableau 2. Seule l’orientation sexuelle avait un rapport statistiquement significatif avec l’accès au soutien en matière de santé lorsque l’on tenait compte des autres caractéristiques. En d’autres mots, les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuelles de recourir aux services de santé.

Types d’aide reçue et raisons invoquées pour ne pas avoir recouru au soutien en matière de santé mentale et de consommation de substances

La plupart des filles et des jeunes femmes qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont eu accès à des services de soins de santé formels pour un problème lié à leurs émotions, à leur santé mentale ou à leur consommation de substances ont consulté un médecin de famille ou un omnipraticien (63,2 %, graphique 1). Des proportions plus faibles ont consulté un travailleur social ou un conseiller (41,1 %), un psychologue (33,4 %), un psychiatre (26,8 %) ou une infirmière (13,2 %) au sujet de leur trouble.

Graphique 1 Types de fournisseurs de soins de santé formels consultés, filles et femmes de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont accédé aux services de soins de santé formels, 2022, Canada

Description de la graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Pourcentage et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Pourcentage Intervalle de confiance de 95 %
inférieur supérieur
Médecin de famille ou omnipraticien 63,2 54,8 70,9
Travailleur social ou conseiller 41,1 33,0 49,8
Psychologue 33,4 25,6 42,2
Psychiatre 26,8 20,2 34,7
Infirmière 13,2 8,5 20,0

Près de la moitié des filles et des jeunes femmes qui répondaient aux critères de dépistage d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances ont déclaré avoir reçu de l’aide sous forme de consultation ou de thérapie (49,2 %; intervalle de confiance [IC] de 95 % : 43,0, 55,3), tandis que plus de 3 personnes sur 10 ont indiqué avoir reçu de l’information (34,9 %; IC : 29,5, 40,7) ou des médicaments (30,7 %; IC : 25,2, 36,7). Pour ce groupe, la probabilité de recevoir de l’aide sous forme de consultation ou de thérapie en raison de problèmes liés aux émotions, à la santé mentale ou à la consommation de substances n’était pas considérablement différente selon le groupe d’âge, le statut d’immigrante, le groupe de population ou le revenu du quartier (tableau 3). Cependant, l’orientation sexuelle était associée à des différences dans les soins : les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuelles d’avoir reçu de l’aide sous forme de consultation ou de thérapie en raison de problèmes liés à leurs émotions, à leur santé mentale ou à leur consommation de substances (rapport de cotes [RC] : 2,19).


Tableau 3
Résultats des analyses de régression prédisant les types de services de soins de santé reçus à partir des caractéristiques sociodémographiques, filles et femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances, 2022, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Résultats des analyses de régression prédisant les types de services de soins de santé reçus à partir des caractéristiques sociodémographiques Personnes ayant reçu des services de consultation ou de thérapie, Personnes ayant reçu de l’information, Personnes ayant reçu des médicaments, Rapport de cotes et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Personnes ayant reçu des services de consultation ou de thérapie Personnes ayant reçu de l’information Personnes ayant reçu des médicaments
Rapport de cotes Intervalle de confiance de 95 % Rapport de cotes Intervalle de confiance de 95 % Rapport de cotes Intervalle de confiance de 95 %
de à de à de à
Groupe d’âge
15 à 19 ans (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
20 à 23 ans 1,14 0,65 2,00 1,42 0,78 2,62 2,14 1,09 4,21Tableau 3 Note §
24 à 29 ans 1,85 0,97 3,51 1,13 0,59 2,15 2,38 1,18 4,80Tableau 3 Note §
Statut d’immigrante
Personnes nées au Canada (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Personnes nées à l’extérieur du Canada 0,66 0,36 1,22 0,52 0,27 1,04 0,19 0,09 0,40Tableau 3 Note §
Groupe de population
Groupe de population non racisé (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Groupe de population racisé 0,93 0,54 1,6 1,10 0,63 1,93 1,06 0,60 1,88
Orientation sexuelle
Hétérosexuelle (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Lesbienne ou bisexuelle 2,19 1,24 3,85Tableau 3 Note § 0,99 0,56 1,74 3,65 2,00 6,66Tableau 3 Note §
Tertile de revenu du quartier
Faible 0,9 0,46 1,75 1,43 0,73 2,81 1,21 0,57 2,59
Moyen 1,26 0,68 2,34 1,17 0,63 2,17 0,87 0,42 1,81
Élevé (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

De même, les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuelles d’avoir reçu des médicaments en raison de problèmes liés à leurs émotions, à leur santé mentale ou à leur consommation de substances (RC : 3,65). En outre, les femmes âgées de 20 à 23 ans (RC : 2,14) et de 24 à 29 ans (RC : 2,38) étaient plus susceptibles que les filles et les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans d’avoir reçu des médicaments, tandis que les filles et les jeunes femmes immigrantes (RC : 0,19) étaient moins susceptibles que celles nées au Canada d’avoir reçu des médicaments. Aucune différence statistiquement significative n’a été relevée entre les groupes sociodémographiques pour les filles et les jeunes femmes qui ont reçu de l’information à propos des problèmes liés à leurs émotions, à leur santé mentale ou à leur consommation de substances.

Les principales raisons invoquées pour ne pas avoir cherché à obtenir des renseignements chez celles qui en avaient besoin comprenaient le fait de ne pas savoir comment ou à quel endroit obtenir ce type d’aide (46,3 %), le manque de temps (33,9 %), le manque de moyens financiers pour payer les services (31,6 %) et le fait de préférer se débrouiller par elles-mêmes (29,4 %). Environ un quart des personnes ont déclaré que l’aide n’était pas disponible (26,7 %) ou qu’elles ne faisaient pas confiance au système de soins de santé (24,0 %). Environ 2 personnes sur 10 ont indiqué qu’elles n’avaient pas obtenu des renseignements parce que leurs assurances ne couvraient pas les frais (20,2 %). Bien que l’accès à l’information soit généralement gratuit, cette constatation pourrait être le signe d’une faible littératie en santé mentale au sein de cette population. Il convient de noter que ces résultats doivent être utilisés avec prudence compte tenu de la petite taille des échantillons pour cette mesure, ce qui peut compromettre la qualité des données.

Les raisons le plus souvent invoquées pour ne pas avoir accédé aux services de consultation ou de thérapie comprenaient le fait de préférer se débrouiller par soi-même (39,2 %), le coût inabordable (37,2 %), le fait de ne pas savoir où obtenir ce type d’aide (36,2 %) et le manque de temps pour demander ce type d’aide (33,9 %). Les obstacles aux services de consultation ou de thérapie étaient également liés au système de santé, comme le fait que les personnes ne faisaient pas confiance au système (25,8 %), que l’aide n’était pas disponible (24,8 %) et que leurs assurances ne couvraient pas les frais des services (20,2 %). Les résultats concernant les raisons pour lesquelles les filles et les jeunes femmes qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont déclaré avoir besoin de médicaments, mais n’ont pas eu recours à ce type d’aide ne sont pas présentés en raison de la mauvaise qualité des données pour cette mesure (petite taille d’échantillon).

Caractéristiques associées à la déclaration indiquant si les services de soins de santé formels ont été utiles

Les différences sociodémographiques dans la probabilité que les filles et les jeunes femmes atteintes d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances déclarent que le fournisseur de services qu’elles ont le plus consulté les avait « beaucoup » aidées (par rapport à « assez », « un peu » ou « pas du tout ») sont présentées dans le tableau 4. Les filles et les jeunes femmes âgées de 20 à 23 ans qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont eu accès à des services de soins de santé formels étaient beaucoup plus susceptibles (RC : 3,85) que leurs homologues âgées de 15 à 19 ans de déclarer que les services les avaient beaucoup aidées.


Tableau 4
Résultats de régression logistique, probabilité de déclarer que les services de soins de santé reçus ont « beaucoup » aidé, filles et femmes âgées de 15 à 29 ans qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont accédé à des services de soins de santé formels, 2022, Canada
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Résultats de régression logistique Rapport de cotes et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Rapport de cotes Intervalle de confiance de 95 %
de à
Groupe d’âge
15 à 19 ans (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
20 à 23 ans 3,85 1,50 9,90Note **
24 à 29 ans 2,11 0,78 5,71
Statut d’immigrante
Personnes nées au Canada (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Personnes nées à l’extérieur du Canada 2,21 0,88 5,57
Groupe de population
Groupe de population non racisé (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Groupe de population racisé 0,24 0,10 0,54Note **
Orientation sexuelle
Hétérosexuelle (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Lesbienne ou bisexuelle 2,49 1,19 5,21Note *
Tertile de revenu du quartier
Faible 1,17 0,41 3,32
Moyen 1,21 0,45 3,25
Élevé (groupe de référence) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Les filles et les jeunes femmes atteintes d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances qui étaient membres d’un groupe racisé étaient beaucoup moins susceptibles (RC : 0,24) que leurs homologues non racisées de déclarer que leur recours aux services de santé les avait beaucoup aidées. De plus, les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient beaucoup plus susceptibles (RC : 2,49) que leurs homologues hétérosexuelles de déclarer que les services de santé auxquels elles ont eu accès les avaient beaucoup aidées.

Discussion

Globalement, près de 4 filles et jeunes femmes sur 10 âgées de 15 à 29 ans répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances, soit une proportion plus élevée que celle observée dans l’ensemble de la population canadienne, où moins de 2 personnes sur 10 âgées de 15 ans et plus répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances en 2022Note 2. Un peu plus de la moitié des filles et des jeunes femmes répondant aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances avaient accédé à des services de soins de santé formels. Même si des publications antérieures indiquent que les immigrants, les groupes racisés et les personnes à faible revenu sont moins susceptibles d’accéder aux services de santé que les non-immigrants, les personnes non racisées et les personnes à revenu plus élevé, respectivementNote 20, Note 21, Note 25, les résultats de la présente étude n’ont révélé aucune différence statistiquement significative entre ces groupes. Cependant, cela peut être attribuable à la petite taille de l’échantillon des filles et des jeunes femmes atteintes d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances dans l’ESMAS, ce qui a produit de grands intervalles de confiance.

Le type de fournisseur le plus fréquemment consulté par les filles et les jeunes femmes répondant aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances était un médecin de famille ou un omnipraticien, suivi d’un travailleur social ou d’un conseiller; une plus faible proportion avait consulté un psychologue ou un psychiatre. Cela correspond aux résultats observés pour l’ensemble de la population âgée de 15 ans et plusNote 2 et à ceux obtenus dans des travaux de recherche antérieurs, qui démontrent que les patients consultent généralement leur médecin de famille d’abord lorsqu’ils cherchent à obtenir des services formels en matière de santé mentale et de consommation de substancesNote 19. Ces résultats rendent vraisemblablement compte de la plus grande accessibilité des services de soins primaires, dont les coûts sont couverts par les régimes publics d’assurance-maladie, et du fait que les patients sont généralement envoyés en consultation chez des fournisseurs spécialisés en soins de santé mentale seulement s’il existe un besoin de services qui ne peut être comblé par les soins primairesNote 20.

Environ la moitié des filles et des jeunes femmes qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances ont déclaré avoir reçu des services de consultation ou de thérapie, tandis que des proportions plus faibles avaient reçu de l’information ou des médicaments. Les répondantes qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui n’avaient pas cherché à obtenir des renseignements ont invoqué des raisons personnelles, comme le manque de temps ou le fait de préférer se débrouiller par elles-mêmes, ainsi que des raisons systémiques, comme le manque de moyens financiers et le fait de ne pas savoir comment ou à quel endroit obtenir ce type d’aide. La préférence pour l’autogestion des symptômes pourrait être un moyen de réduire la stigmatisation sociale ou une stratégie utilisée en attendant qu’un traitement soit fourni par des fournisseurs de soins de santé formelsNote 38. Des raisons similaires ont été invoquées pour justifier le fait de ne pas avoir reçu de services de consultation ou de thérapie, ce qui indique la nécessité de fournir aux filles et aux jeunes femmes davantage de renseignements sur la façon d’accéder aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances et d’améliorer l’accessibilité de ces services pour les jeunes.

Différences sociodémographiques dans la satisfaction des critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et l’accès aux services de soins de santé formels

Conformément à la littérature antérieureNote 39, Note 40, une proportion plus élevée de filles et de jeunes femmes lesbiennes ou bisexuelles répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances comparativement à leurs homologues hétérosexuelles. On peut souvent expliquer cette différence à l’aide du modèle de stress des minorités, selon lequel les groupes de minorités sexuelles ont de moins bons résultats en matière de santé mentale en raison d’une probabilité plus élevée de faire l’objet de stigmatisation sociale, de discrimination et de harcèlement comparativement aux personnes hétérosexuellesNote 33, Note 34. Comme l’ont indiqué des études canadiennes antérieuresNote 35, Note 36, les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient plus susceptibles de recourir aux services de santé que leurs homologues hétérosexuelles. Cependant, il convient de noter que des études antérieures ont révélé que les groupes de personnes LGB+ rencontrent généralement davantage d’obstacles aux soins comparativement aux personnes hétérosexuellesNote 41, Note 42, Note 43.

Le plus grand recours aux services de santé formels observé chez les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles présentant des troubles de santé mentale et de consommation de substances pourrait être attribuable à la plus grande gravité des symptômes de ces troubles chez les personnes LGB+ par rapport aux personnes hétérosexuellesNote 32. Les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles atteintes de troubles de santé mentale et de consommation de substances étaient, par ailleurs, plus susceptibles d’avoir reçu des services de consultation ou de thérapie et des médicaments que leurs homologues hétérosexuelles, ce qui pourrait, encore une fois, s’expliquer par les différences relatives à la gravité des symptômes entre les personnes LGB et les personnes hétérosexuelles, qui mènent aux différents types de traitement.

Le statut d’immigrante a également eu une incidence sur les résultats. À l’instar des travaux de recherche antérieursNote 44, les filles et les jeunes femmes immigrantes atteintes de troubles de santé mentale et de consommation de substances étaient moins susceptibles de recevoir des médicaments comparativement à leurs homologues nées au Canada. Cela peut témoigner des obstacles uniques auxquels les immigrants sont confrontés lorsqu’ils accèdent aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances, tels que des difficultés à parler une langue officielle, à s’y retrouver dans un nouveau système de santé ou à trouver des services adaptés sur le plan culturelNote 45, Note 46. De plus, certains groupes d’immigrants pourraient ne pas être couverts par le système de santé universel à leur arrivée au CanadaNote 47 ou ressentir une plus grande peur de la stigmatisation sociale découlant des perceptions à l’égard des troubles de santé mentale et de consommation de substances dans leur pays d’origine, ce qui les empêcherait de recevoir des médicaments.

Parmi les filles et les jeunes femmes qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances et qui ont eu accès à des services de soins de santé formels, les personnes racisées étaient moins susceptibles que les personnes non racisées d’indiquer que les services les avaient beaucoup aidées. Cela est peut-être attribuable au manque de fournisseurs de soins de santé ayant suivi une formation en soins adaptés à la culture, qui permet de résoudre des problèmes propres aux groupes racisésNote 48. Les patients des groupes minoritaires déclarent souvent que la race et l’origine ethnique sont importantes pour leur santé mentale et qu’ils sont moins satisfaits du traitement lorsque leur fournisseur de soins de santé n’aborde pas ces questionsNote 49. Par conséquent, ces résultats pourraient témoigner de la nécessité que les fournisseurs de soins de santé canadiens acquièrent davantage de compétences culturelles et suivent plus de formations de sensibilisation pour comprendre, par exemple, la façon dont les personnes racisées peuvent être confrontées à des facteurs de stress uniques affectant leur santé mentale.              

Limites

Les données du ESMAS ont été collectées pendant la pandémie de COVID-19. Par conséquent, la prévalence estimée des troubles en matière de santé mentale et de consommation de substances chez les filles et les jeunes femmes peut ne pas être comparable aux résultats de recherche d'autres périodes. L’étude s’étant limitée aux filles et aux jeunes femmes âgées de 15 à 29 ans, certaines caractéristiques qui, d’après les conclusions antérieures, sont des facteurs de prédisposition à l’accès aux soins de santé, comme le niveau de scolarité, l’état matrimonial et le revenu, n’ont pas été examinées parce qu’elles pourraient ne pas s’appliquer aux répondantes les plus jeunes. Le niveau de revenu du quartier a également été utilisé comme substitut pour estimer les différences relatives au statut socioéconomique des répondantes. De plus, des études antérieures indiquent que les caractéristiques des parents et de la famille sont des facteurs clés de l’accès des jeunes aux services de santé mentaleNote 21, Note 50. Cependant, aucun renseignement n’était disponible sur les parents ou sur la structure familiale des répondants.

Étant donné la petite taille de l’échantillon, certaines estimations comportaient de grands intervalles de confiance, signe d’un faible degré de précision, ce qui limite l’évaluation des différences statistiques entre les sous-groupes. En outre, certaines caractéristiques sociodémographiques, comme l’identité autochtone et la région de résidence, n’ont pas été prises en compte en raison de préoccupations liées à la qualité des données attribuables à la petite taille des échantillons. La désagrégation des groupes de population a également été limitée par la petite taille des échantillons, puisque les données des groupes racisés ont dû être combinées pour obtenir des tailles d’échantillon suffisamment grandes lors de l’examen des filles et des jeunes femmes ayant un trouble de santé mentale ou de consommation de substances. Par ailleurs, étant donné que les troubles de santé mentale et de consommation de substances ont été regroupés, les différences potentielles entre les personnes aux prises avec divers types de troubles peuvent être masquées.

La gravité des troubles de santé mentale et de consommation de substances des personnes n’a pu être examinée dans le cadre de l’étude. Bien que les données de l’ESMAS aient fourni des renseignements sur un aspect particulier de la gravité — soit la mesure dans laquelle divers troubles de santé mentale et de consommation de substances ont eu une incidence sur des activités comme les responsabilités à la maison, à l’école et au travail — la désagrégation plus poussée en fonction de ces mesures a été limitée par la petite taille de l’échantillon des filles et des jeunes femmes. Ce renseignement pourrait servir à déterminer la raison pour laquelle certains groupes de filles et de jeunes femmes atteintes de troubles de santé mentale et de consommation de substances sont plus susceptibles d’accéder à des services de santé formels ou de recevoir certains types de traitement. Il serait utile de mener d’autres projets de recherche dans ce domaine.

Conclusion

Des hausses de la prévalence des troubles de santé mentale et de consommation de substances chez les jeunes Canadiens ont soulevé des préoccupations quant à leur accès aux services de soins de santé formels. Dans la présente étude, on a examiné en détail les expériences des filles et des femmes âgées de 15 à 29 ans au Canada. Notamment, on a constaté que les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles étaient plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuelles de répondre aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances, de recourir aux services de santé, ainsi que de recevoir des services de consultation ou de thérapie et des médicaments. Les filles et les jeunes femmes immigrantes qui répondaient aux critères d’un trouble de santé mentale ou de consommation de substances étaient moins susceptibles que leurs homologues nées au Canada de recevoir des médicaments. Parmi les personnes qui répondaient aux critères d’au moins un trouble de santé mentale ou de consommation de substances, les filles et les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles étaient plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuelles d’indiquer que le soutien reçu avait été utile, tandis que les filles et les jeunes femmes racisées étaient moins susceptibles que leurs homologues non racisées d’indiquer que le soutien reçu avait été utile.

Les personnes ont invoqué des raisons personnelles et systémiques pour expliquer le non-recours aux services de santé mentale, ce qui indique qu’il faut améliorer l’accessibilité des services pour les jeunes Canadiens et mieux les informer sur la façon d’accéder aux services en matière de santé mentale et de consommation de substances. Les résultats obtenus dans le cadre de la présente étude peuvent aider à informer les fournisseurs de soins de santé, les décideurs et les organismes communautaires au sujet des lacunes en matière de traitement et des obstacles aux soins observés chez les différents groupes de filles et de jeunes femmes canadiennes atteintes de troubles de santé mentale et de consommation de substances.

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