Rapports sur la santé
Changements de l’espérance de vie à la naissance pendant la pandémie de COVID-19 et contributions selon la cause de décès en Colombie-Britannique, Canada
par Xibiao Ye, Ioana Sevcenco, Richard Mercer, Henry Ngo, Alyssa Parker, Viet Dao, Reiko Okamoto et Bonnie Henry
DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202500200001-fra
Résumé
Contexte
Des études ont montré que la surmortalité toutes causes confondues pendant la pandémie de COVID-19 a entraîné une diminution de l’espérance de vie à la naissance (EV0) dans la plupart des pays du monde, après des décennies d’amélioration avant la pandémie. Toutefois, ces études portaient rarement sur la contribution de causes de décès particulières autres que la COVID-19.
Méthodologie
Cette étude fait appel à la méthode de Chiang pour estimer l’EV0 de 2000 à 2022 pour chaque année en Colombie-Britannique et les changements de 2019 à 2020, 2021 et 2022. Chaque cas de décès a été classé dans l’une des 23 catégories, notamment la COVID-19, la toxicité des drogues non réglementées, les maladies cardiovasculaires et les blessures, conformément à la Classification internationale des maladies, 10e révision (CIM-10). Les variations de l’EV0 ont été décomposées selon l’âge et les causes de décès au moyen de la méthode Arriaga.
Résultats
Comparativement à 2019, l’EV0 des hommes a diminué de 1,16 an en 2020, de 1,81 an en 2021 et de 1,62 an en 2022; l’EV0 des femmes n’a pas changé en 2020, mais a diminué de 0,65 an en 2021 et de 0,56 an en 2022. La COVID-19 et la toxicité des drogues non réglementées étaient les deux principales causes de décès contribuant au déclin de l’EV0 chez les hommes et les femmes, la COVID-19 étant la principale cause de décès chez les femmes et la toxicité des drogues non réglementées étant la première cause de décès chez les hommes.
Interprétation
La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions sur la santé de la population non seulement par ses effets directs, mais aussi par ses effets indirects sur d’autres problèmes de santé, notamment la crise de toxicité des drogues non réglementées. Ces effets combinés ont été des facteurs déterminants dans la diminution de l’espérance de vie à la naissance.
Mots-clés
espérance de vie, COVID-19, toxicité des drogues non réglementées, inégalités
Auteurs
Xibiao Ye, Ioana Sevcenco, Richard Mercer, Henry Ngo, Alyssa Parker et Bonnie Henry travaillent au Bureau de l’administrateur en chef de la santé publique, ministère de la Santé, Colombie-Britannique. Xibiao Ye travaille également à l’Université de Victoria. Henry Ngo et Bonnie Henry travaillent également à l’Université de la Colombie-Britannique. Viet Dao travaille actuellement pour Foundry BC. Reiko Okamoto travaille actuellement à l’Institut de recherche Bruyère.
Ce que l’on sait déjà sur le sujet
- L’espérance de vie à la naissance a diminué dans la plupart des pays du monde pendant la pandémie de COVID-19.
- En Colombie-Britannique, le taux de mortalité pour les décès liés à la toxicité des drogues non réglementées a augmenté pendant la pandémie.
Ce qu’apporte l’étude
- L’espérance de vie à la naissance en Colombie-Britannique a diminué au cours des deux premières années de la pandémie de COVID-19, mais a commencé à se redresser en 2022.
- Bien que la COVID-19 et les décès liés à la toxicité des drogues non réglementées aient été les deux principales causes contribuant à la baisse de l’espérance de vie à la naissance chez les hommes et les femmes, la COVID-19 était la principale cause de mortalité chez les femmes et la toxicité des drogues non réglementées était la principale cause de mortalité chez les hommes.
- De futures recherches devraient permettre d’examiner plus en détail les tendances de contribution selon le genre, la race, l’origine ethnique et d’autres facteurs socioéconomiques.
Introduction
Depuis que la COVID-19 a été reconnue comme pandémie le 11 mars 2020, il y a eu au moins 772 millions de cas confirmés et 6,9 millions de décès confirmés dans le mondeNote 1. Au Canada, on comptait 59 083 décès liés à la COVID-19Note 2 en date du 9 septembre 2024, dont 6 852 en Colombie-BritanniqueNote 3. Mondialement, la pandémie de COVID-19 a entraîné 120,3 décès supplémentaires pour 100 000 habitants (intervalle de confiance à 95 % [IC à 95 %] : 113,1 à 129,3) en 2020 et 2021 combinésNote 4. L’étude a permis d’estimer qu’il y avait 5 260 décès supplémentaires au cours de la même période (IC à 95 % : 4 350 à 6 250) causés par la pandémie en Colombie-Britannique et 43 700 décès supplémentaires (IC à 95 % : 39 900 à 47 300) au Canada. Une autre étude reposant sur une méthode statistique différente fait état d’une estimation encore plus élevée des décès supplémentaires causés par la COVID-19 en Colombie-BritanniqueNote 5.
Des études antérieures démontrent que ces décès supplémentaires ont entraîné une diminution de l’espérance de vie à la naissance (EV0) — une mesure agrégée de la santé de la population — dans le monde au cours des deux premières années de la pandémieNote 6, Note 7, Note 8. Par exemple, Aburto et ses collaborateurs6 ont relevé des baisses de l’EV0 dans 27 pays sur 29 en 2020. Islam et ses collaborateurs se sont penchés sur 37 pays à revenu intermédiaire supérieur et à revenu élevé dans le monde et ont constaté des résultats similairesNote 7. Bon nombre de ces études ont révélé d’autres répercussions disproportionnées de la pandémie sur l’EV0. Aux États-Unis, la plus forte baisse de l’EV0 a été observée au sein de la population hispanique, suivie de la population noire non hispaniqueNote 8, Note 9. La population vivant dans les collectivités à faible revenu a connu une baisse de l’EV0 plus importante que celle vivant dans les collectivités à revenu élevéNote 9. Des analyses selon le sexe ont également révélé une baisse de l’EV0 plus élevée chez les hommes que chez les femmes dans de nombreux paysNote 10, Note 11.
Ces études étaient principalement axées sur la quantification de l’incidence globale de la pandémie sur l’EV0, mais on en savait peu sur les contributions des décès attribuables à la COVID-19 et la surmortalité en raison d’autres causes indirectement liées à la COVID-19. Alors que la plupart des décès supplémentaires étaient directement attribuables à la COVID-19, environ 17 % d’entre eux étaient attribuables aux effets indirects de la COVID-19Note 12. En Colombie-Britannique, les décès liés à l’usage d’opioïdes ont augmenté depuis le début de la pandémieNote 13. Une augmentation des décès liés à la toxicité des opioïdes a également été observée dans d’autres administrations au Canada et aux États-UnisNote 14, Note 15. Des études ont permis d’examiner l’évolution de l’espérance de vie au cours des deux premières années de la pandémie, mais on en sait peu sur la poursuite des tendances à la baisse en 2022, compte tenu de l’évolution de la situation liée à la COVID-19. La présente étude vise à quantifier les changements entre 2019 et chaque année de la pandémie et les contributions de la COVID-19, de la toxicité des drogues non réglementées et d’autres causes de décès en Colombie-Britannique, au Canada.
Documents et méthodes
Sources des données
Le registre des décès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique contient tous les décès de résidents de la Colombie-Britannique. La présente étude inclut tous les décès consignés dans le registre comme étant survenus entre 2000 et 2022. Un certificat médical de décès comportant des détails sur la cause du décès est rempli par un certificateur, c’est-à-dire un médecin, une infirmière praticienne ou un coroner. Le British Columbia Coroners Service (BCCS) est tenu de déterminer la cause du décès pour tous les décès inattendus et non naturels dans la province. Les codeurs médicaux du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique examinent les certificats médicaux de décès papier pour vérifier qu’ils sont complets, cohérents, qu’il n’y a pas d’erreurs évidentes et qu’ils ne présentent pas de problèmes particuliers. Ils communiquent avec les certificateurs pour obtenir des éclaircissements ou des renseignements supplémentaires. Le personnel de codage médical traduit l’information sur la cause de décès inscrite sur le certificat médical de décès par le certificateur en codes de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, 10e révision (CIM-10). Les codes de la CIM‑10 sont classés dans l’une des causes de décès énumérées au tableau 1 en annexe. Les décès associés à la COVID-19 sont codés U07.1 ou U07.2 dans le registre. Les cas sans cause connue de décès sont codés comme suit : « R99 – Autres causes de mortalité mal définies et non précisées ».
Pour cette étude, les décès par toxicité des drogues non réglementées (c’est-à-dire les décès attribuables à des drogues contrôlées telles que l’héroïne, la cocaïne et le fentanyl illicite, et les décès attribuables à des médicaments non prescrits au défunt, mais obtenus ou achetés par des moyens inconnus ou lorsque l’origine du médicament n’est pas connue) ont été classés à l’aide des données du registre des décès pour les cas survenus entre 2000 et 2017. Pour les décès survenus entre 2018 et 2022, la liste du BCCS des décès signalés comme des cas suspects de toxicité des drogues non réglementées a été utilisée pour déterminer les cas, en raison du délai d’enquête ou de confirmation de ces cas. Les autres cas dont la cause du décès était inconnue (« R99 ») ont été inclus dans la catégorie « Autres causes ». Le dénominateur a été établi à partir de la liste des clients du ministère de la Santé, une base de données provinciale qui contient des renseignements sur presque toutes les personnes qui vivent ou ont vécu en Colombie-Britannique au fil du temps et qui se sont inscrites au système de soins de santé de la province.
Analyse statistique
Les taux de mortalité toutes causes confondues et par cause normalisés selon l’âge ont été calculés en utilisant la population de la Colombie-Britannique en 2011 comme population type. La méthode Chiang a été utilisée pour construire des tables de mortalité par période et estimer l’EV0 pour les hommes et les femmes pour chaque annéeNote 16. Les changements dans l’EV0 ont été estimés entre 2019 et chaque année de 2020 à 2022 pour les hommes et les femmes. Chaque changement a ensuite été divisé en groupes d’âge et en causes de décès, notamment la COVID-19 et la toxicité des drogues non réglementées, à l’aide de la méthode de décomposition d’ArriagaNote 17. Une analyse de sensibilité a été réalisée en supprimant tous les décès soupçonnés d’être attribuables à la toxicité des drogues non réglementées (c’est-à-dire en utilisant uniquement le Bureau de l’état civil comme source pour la cause du décès de 2018 à 2022). Toutes les données et les analyses statistiques ont été exécutées dans R. Cette étude a été menée dans le cadre d’un programme de recherche sur la santé de la population approuvé par le comité d’éthique de la recherche de l’Université de la Colombie-Britannique. (CER no H22-01818).
Résultats
De 2000 à 2014, l’EV0 a augmenté à un taux moyen de 0,18 an par année pour les femmes et de 0,21 an par année pour les hommes (graphique 1). De 2015 à 2018, l’EV0 des deux sexes a diminué, puis s’est redressée, atteignant un nouveau niveau élevé en 2019 (85,47 ans pour les femmes, 80,99 ans pour les hommes). Comparativement à 2019, l’EV0 chez les femmes n’a pas changé au cours de la première année de la pandémie en 2020, mais a diminué de 0,65 an en 2021. Toutefois, chez les hommes, l’EV0 a diminué de 1,16 an en 2020 et la tendance s’est poursuivie en 2021, entraînant une baisse cumulative de 1,81 an. L’EV0 s’est légèrement redressée en 2022 chez les deux sexes, enregistrant une augmentation de 0,09 an chez les femmes et de 0,19 an chez les hommes à partir de 2021.
Description de la graphique 1
Femmes | Hommes | |
---|---|---|
nombre d’années | ||
2000 | 82,71 | 77,86 |
2001 | 82,78 | 77,80 |
2002 | 82,77 | 78,09 |
2003 | 82,93 | 78,42 |
2004 | 83,01 | 78,54 |
2005 | 83,36 | 78,52 |
2006 | 83,44 | 78,95 |
2007 | 83,67 | 79,04 |
2008 | 83,67 | 79,28 |
2009 | 84,21 | 79,94 |
2010 | 84,57 | 80,36 |
2011 | 84,82 | 80,49 |
2012 | 84,89 | 80,84 |
2013 | 85,01 | 80,80 |
2014 | 85,25 | 80,87 |
2015 | 85,12 | 80,87 |
2016 | 84,99 | 80,42 |
2017 | 84,99 | 79,89 |
2018 | 85,26 | 80,16 |
2019 | 85,47 | 80,99 |
2020 | 85,47 | 79,84 |
2021 | 84,82 | 79,19 |
2022 | 84,91 | 79,38 |
Source : Registre des décès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique, 2000 à 2022. |
Les taux de mortalité toutes causes confondues normalisés selon l’âge chez les hommes et les femmes ont diminué de façon constante de 2000 à 2014, puis ont légèrement augmenté de 2015 à 2017. Les taux ont diminué de nouveau en 2018 et ont atteint leur niveau le plus bas en 2019 (791 décès pour 100 000 habitants chez les hommes et 552 décès pour 100 000 habitants chez les femmes), avant de commencer à augmenter de nouveau pendant la pandémie (graphique 1 en annexe). Les taux normalisés selon l’âge pour les deux principales causes de décès, soit les maladies cardiovasculaires et les tumeurs malignes, ont diminué pendant la période d’étude, tandis que les taux pour les autres causes, y compris la toxicité des drogues non réglementées, les problèmes neurologiques et d’autres causes, ont augmenté tant chez les hommes que chez les femmes (graphique 2). Le taux de mortalité liée à la toxicité des drogues non réglementées a augmenté de 2014 à 2017, affichant une baisse importante entre 2018 et 2019, mais a commencé à augmenter considérablement en 2020. Alors que la plupart des décès liés à la COVID-19 se sont produits chez des aînés âgés de 80 ans et plus, les adultes âgés de 20 à 69 ans représentaient la majorité des décès attribuables à la toxicité des drogues non réglementées, tant chez les hommes que chez les femmes (tableau 1).
Description de la graphique 2
Femmes | |||||
---|---|---|---|---|---|
Décès liés à la COVID-19 | Décès liés aux drogues non réglementées | Tumeurs malignes | Problèmes neurologiques | Maladies cardiovasculaires | |
taux (pour 100 000 habitants) | |||||
2000 | 0,0 | 3,6 | 199,1 | 47,5 | 264,3 |
2001 | 0,0 | 4,6 | 195,9 | 50,9 | 254,9 |
2002 | 0,0 | 4,4 | 202,2 | 52,7 | 247,7 |
2003 | 0,0 | 3,9 | 199,5 | 50,3 | 241,3 |
2004 | 0,0 | 3,9 | 201,4 | 50,1 | 239,0 |
2005 | 0,0 | 4,5 | 188,4 | 45,9 | 225,7 |
2006 | 0,0 | 4,3 | 191,5 | 52,9 | 212,8 |
2007 | 0,0 | 4,7 | 190,1 | 54,2 | 206,9 |
2008 | 0,0 | 5,8 | 184,7 | 57,8 | 210,4 |
2009 | 0,0 | 4,8 | 180,2 | 55,7 | 188,3 |
2010 | 0,0 | 4,9 | 183,9 | 55,0 | 176,3 |
2011 | 0,0 | 6,0 | 176,0 | 60,4 | 163,2 |
2012 | 0,0 | 5,1 | 179,0 | 62,9 | 157,7 |
2013 | 0,0 | 5,3 | 174,1 | 62,6 | 156,0 |
2014 | 0,0 | 5,6 | 172,4 | 65,4 | 152,4 |
2015 | 0,0 | 6,9 | 173,0 | 68,4 | 152,3 |
2016 | 0,0 | 10,9 | 169,8 | 65,0 | 150,1 |
2017 | 0,0 | 12,6 | 166,9 | 74,5 | 150,0 |
2018 | 0,0 | 12,9 | 157,7 | 73,3 | 142,0 |
2019 | 0,0 | 9,3 | 158,9 | 75,2 | 139,0 |
2020 | 12,7 | 13,1 | 151,6 | 72,1 | 137,5 |
2021 | 22,8 | 19,8 | 154,9 | 79,0 | 133,2 |
2022 | 33,9 | 19,3 | 147,1 | 84,4 | 130,4 |
Hommes | |||||
2000 | 0,0 | 12,0 | 282,0 | 50,1 | 393,8 |
2001 | 0,0 | 11,9 | 286,0 | 53,5 | 393,2 |
2002 | 0,0 | 9,4 | 273,5 | 46,7 | 368,7 |
2003 | 0,0 | 10,1 | 272,1 | 49,3 | 357,3 |
2004 | 0,0 | 11,3 | 274,0 | 49,2 | 343,3 |
2005 | 0,0 | 11,1 | 273,7 | 51,0 | 323,8 |
2006 | 0,0 | 11,3 | 259,4 | 54,7 | 309,3 |
2007 | 0,0 | 10,8 | 268,5 | 56,1 | 304,2 |
2008 | 0,0 | 9,3 | 260,9 | 57,4 | 296,6 |
2009 | 0,0 | 10,3 | 254,4 | 57,1 | 272,6 |
2010 | 0,0 | 11,7 | 245,4 | 57,9 | 257,9 |
2011 | 0,0 | 12,3 | 239,8 | 61,7 | 237,3 |
2012 | 0,0 | 12,1 | 235,7 | 61,1 | 228,1 |
2013 | 0,0 | 13,5 | 238,6 | 65,3 | 224,6 |
2014 | 0,0 | 14,6 | 241,0 | 65,7 | 213,9 |
2015 | 0,0 | 20,6 | 227,5 | 70,1 | 217,8 |
2016 | 0,0 | 36,4 | 225,5 | 70,9 | 219,7 |
2017 | 0,0 | 52,5 | 227,2 | 75,4 | 220,4 |
2018 | 0,0 | 50,5 | 218,3 | 73,7 | 208,1 |
2019 | 0,0 | 30,0 | 215,1 | 76,2 | 197,4 |
2020 | 20,4 | 56,6 | 213,8 | 76,8 | 202,6 |
2021 | 39,3 | 69,1 | 204,6 | 83,8 | 202,2 |
2022 | 58,3 | 70,3 | 195,5 | 91,8 | 204,6 |
Source : Registre des décès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique, 2000 à 2022. |
Sexe, année et cause du décès | Groupe d’âge | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
0 à 19 ans | 20 à 29 ans | 30 à 39 ans | 40 à 49 ans | 50 à 59 ans | 60 à 69 ans | 70 à 79 ans | 80 à 89 ans | 90 ans et plus | |
taux | |||||||||
Femmes | |||||||||
2020 | |||||||||
Drogues non réglementées | 2,5 | 16,3 | 22,3 | 22,3 | 18,7 | 9,8 | 0,4 | 0,0 | 0,0 |
COVID-19 | 0,0 | 0,0 | 0,3 | 0,0 | 3,3 | 5,2 | 25,8 | 158,4 | 542,1 |
2021 | |||||||||
Drogues non réglementées | 3,7 | 23,3 | 33,2 | 32,7 | 34,9 | 8,7 | 1,7 | 0,0 | 0,0 |
COVID-19 | 0,4 | 1,2 | 3,1 | 7,7 | 17,9 | 27,8 | 71,0 | 196,3 | 463,4 |
2022 | |||||||||
Drogues non réglementées | 4,6 | 25,0 | 32,0 | 29,5 | 30,0 | 13,7 | 1,6 | 0,0 | 0,0 |
COVID-19 | 0,2 | 0,6 | 2,0 | 4,9 | 11,0 | 29,4 | 76,0 | 357,1 | 1 294,1 |
Hommes | |||||||||
2020 | |||||||||
Drogues non réglementées | 3,5 | 66,3 | 84,9 | 100,4 | 95,1 | 48,6 | 7,5 | 0,0 | 0,0 |
COVID-19 | 0,0 | 0,0 | 0,5 | 1,6 | 3,1 | 13,8 | 59,0 | 245,6 | 686,5 |
2021 | |||||||||
Drogues non réglementées | 3,9 | 63,8 | 103,8 | 113,3 | 129,9 | 71,0 | 13,5 | 0,0 | 0,0 |
COVID-19 | 0,0 | 0,3 | 5,9 | 11,5 | 32,1 | 61,5 | 129,5 | 317,7 | 658,7 |
2022 | |||||||||
Drogues non réglementées | 5,3 | 60,3 | 102,0 | 120,9 | 132,1 | 72,6 | 13,4 | 0,0 | 0,0 |
COVID-19 | 1,0 | 1,9 | 2,2 | 5,0 | 19,6 | 56,0 | 161,0 | 619,6 | 1 870,9 |
Source : Registre des décès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique, 2020 à 2022. |
Le tableau 2 montre les contributions de la COVID-19, de la toxicité des drogues non - COVID-19 ont causé presque la même perte de l’EV0 chez les hommes en 2020 (-0,25 an), mais des contributions plus importantes à la perte de l’EV0 chez les hommes en 2021 (-0,57 an) et 2022 (-0,75 an). Toutefois, la toxicité des drogues non réglementées a été la principale cause de décès pour la perte de l’EV0 chez les hommes de 2020 à 2022. Les décès attribuables à la toxicité des drogues non réglementées ont contribué à la diminution de l’EV0 chez les hommes de 0,67 an en 2020, de 0,94 an en 2021 et de 0,96 an en 2022. Chez les femmes, la contribution des décès attribuables à la toxicité des drogues non réglementées représentait la moitié de celle de la COVID-19. L’analyse de sensibilité effectuée après avoir supprimé tous les décès présumés par toxicité des drogues non réglementées faisant l’objet d’une enquête du BCCS a montré des contributions plus faibles, mais toujours prononcées, en particulier chez les hommes. Les comparaisons par rapport à 2014 présentaient des différences semblables (données non présentées).
Cause de décès | Hommes | Femmes | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
2020 | 2021 | 2022 | 2020 | 2021 | 2022 | |
années | ||||||
Écart toutes causes confondues | -1,16 | -1,81 | -1,62 | 0 .00 | -0,65 | -0,57 |
Décès liés à la COVID-19 | -0,25 | -0,57 | -0,75 | -0,24 | -0,46 | -0,65 |
Décès liés à la toxicité des drogues non réglementées | -0,67 | -0,94 | -0,96 | -0,12 | -0,31 | -0,32 |
Maladies infectieuses et parasitaires | 0,01 | -0,01 | 0,01 | 0,01 | 0,02 | 0,02 |
Infections respiratoires | 0,02 | 0,11 | 0,08 | 0,10 | 0,20 | 0,18 |
Affections maternelles | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,01 | 0,01 | 0,00 |
Affections néonatales | 0,01 | 0,05 | 0,06 | 0,00 | -0,01 | -0,07 |
Carences nutritionnelles | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | -0,01 | 0,00 |
Tumeurs malignes | 0,06 | 0,18 | 0,32 | 0,15 | 0,10 | 0,23 |
Autres néoplasmes | 0,00 | 0,01 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 |
Diabète sucré | -0,02 | 0,11 | 0,17 | 0,00 | 0,04 | 0,11 |
Troubles endocriniens, sanguins et immunitaires | -0,02 | -0,01 | -0,04 | -0,02 | -0,02 | -0,05 |
Troubles mentaux et comportementaux | -0,06 | -0,05 | -0,01 | 0,01 | 0,01 | 0,01 |
Problèmes neurologiques | -0,03 | -0,10 | -0,20 | 0,07 | -0,07 | -0,16 |
Maladies des organes sensoriels | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 |
Maladies cardiovasculaires | -0,08 | -0,13 | -0,15 | 0,03 | 0,09 | 0,14 |
Maladies respiratoires | 0,05 | 0,12 | 0,08 | 0,10 | 0,15 | 0,10 |
Maladies digestives | -0,06 | -0,10 | -0,03 | 0,00 | -0,04 | -0,03 |
Maladies génito-urinaires | -0,01 | 0,01 | 0,01 | 0,02 | 0,02 | 0,05 |
Maladies de la peau | 0,00 | 0,00 | 0,00 | -0,01 | -0,01 | 0,00 |
Troubles musculosquelettiques | -0,01 | 0,00 | -0,01 | -0,01 | -0,01 | -0,02 |
Anomalies congénitales | 0,00 | -0,02 | -0,04 | -0,03 | -0,02 | 0,00 |
Blessures | 0,17 | 0,08 | 0,33 | 0,07 | -0,08 | 0,14 |
Autres causes | -0,28 | -0,63 | -0,61 | -0,14 | -0,32 | -0,32 |
Source : Registre des décès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique, 2019 à 2022. |
Les contributions de la COVID-19 et des décès attribuables à la toxicité des drogues non réglementées étaient inégalement réparties entre les différents groupes d’âge (graphique 3). En 2021, les décès par toxicité des drogues non réglementées chez les hommes âgés de 20 à 59 ans ont contribué à hauteur de -0,81 an à la baisse de l’EV0 par rapport à 2019, représentant 86 % de la perte totale (-0,94 an) attribuable à cette cause chez les hommes. Cette proportion était plus élevée chez les femmes du même groupe d’âge (90 %). Au cours de la même période, les décès liés à la COVID-19 chez les hommes et les femmes âgés de 60 ans et plus représentaient 74 % de la perte totale.
Description de la graphique 3
Femmes | |||
---|---|---|---|
COVID-19 | Drogues non réglementées | Autres causes non liées à la COVID-19 ou aux drogues non réglementées | |
contribution (années) | |||
Moins de 20 ans | 0,00 | -0,04 | -0,10 |
20 à 29 ans | 0,00 | -0,09 | 0,02 |
30 à 39 ans | -0,01 | -0,07 | 0,01 |
40 à 49 ans | -0,02 | -0,05 | 0,04 |
50 à 59 ans | -0,03 | -0,06 | 0,04 |
60 à 69 ans | -0,06 | -0,02 | -0,02 |
70 à 79 ans | -0,10 | 0,00 | 0,08 |
80 à 89 ans | -0,19 | 0,00 | 0,13 |
90 ans et plus | -0,23 | 0,00 | 0,19 |
Hommes | |||
Moins de 20 ans | -0,01 | -0,04 | -0,03 |
20 à 29 ans | -0,01 | -0,13 | 0,06 |
30 à 39 ans | -0,01 | -0,21 | -0,02 |
40 à 49 ans | -0,02 | -0,26 | -0,02 |
50 à 59 ans | -0,05 | -0,22 | 0,02 |
60 à 69 ans | -0,10 | -0,09 | -0,07 |
70 à 79 ans | -0,16 | -0,01 | -0,01 |
80 à 89 ans | -0,22 | 0,00 | 0,11 |
90 ans et plus | -0,17 | 0,00 | 0,04 |
Source : Registre des décès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique, 2019 à 2022. |
Les taux accrus de mortalité pour des problèmes neurologiques et d’autres causes ont eu des contributions négatives (c.-à-d. réduction de l’EV0) chez les deux sexes. Malgré la baisse globale de l’EV0 chez les deux sexes, les diminutions des taux de mortalité attribuables à d’autres causes ont entraîné des contributions positives (c.-à-d. une augmentation de l’EV0). Il s’agit notamment des infections respiratoires excluant la COVID-19 (de 0,1 à 0,2 an chez les femmes et de 0,02 à 0,11 an chez les hommes de 2020 à 2022), des tumeurs malignes (de 0,15 à 0,23 an chez les femmes et de 0,05 à 0,32 an chez les hommes de 2020 à 2022) et du diabète (de 0,03 à 0,11 an chez les femmes et de 0,11 à 0,17 an chez les hommes de 2021 à 2022). La mortalité attribuable aux maladies cardiovasculaires a augmenté chez les hommes (ce qui réduit l’EV0), mais a diminué chez les femmes (ce qui augmente l’EV0). Les taux de mortalité liés aux blessures ont également diminué, entraînant des contributions positives chez les hommes (allant de 0,10 à 0,42 an de 2020 à 2022).
Discussion
La présente étude révèle que l’EV0 chez les femmes et les hommes a diminué pendant la pandémie. De 2019 à 2021, l’EV0 des hommes a diminué de 1,81 an, une perte équivalant à près de 9 ans de gains de l’EV0, selon l’augmentation moyenne de l’EV0 de 0,2 an par année au cours des cinq dernières décenniesNote 18. La perte chez les femmes a été plus faible (équivalant à quatre ans de hausses dans le passé). Cette évolution reflète une tendance mondiale, même si l’ampleur du déclin varie selon les régions. À l’échelle mondiale, l’EV0 des deux sexes augmente depuis 1950, mais les tendances se sont inversées à compter de 2020, avec une baisse totale de 1,6 an de 2019 à 2021 (-0,9 an en 2020 et -0,7 an en 2021). L’EV0 a diminué dans 84 % des pays du monde, les baisses variant de 0,3 an à 3,7 ansNote 11, Note 19. Malgré le recul observé en 2020 et 2021, l’EV0 a commencé à se redresser en Colombie-Britannique en 2022. Cette tendance a été observée dans deux autres provinces (la Saskatchewan et l’Alberta), mais pas dans le reste des provinces et des territoires du CanadaNote 20. Un redressement semblable a été observé dans d’autres pays, comme les États-Unis et le Royaume-UniNote 10, Note 21. Toutefois, l’EV0 n’est pas revenue au niveau de la période prépandémie dans ces régions.
Les baisses observées dans la présente étude et celles enregistrées ailleurs étaient attribuables à la mortalité toutes causes confondues pendant la pandémieNote 4, Note 22. À l’échelle mondiale, la COVID-19 était le facteur le plus important contribuant directement à la mortalité excessive et à la baisse de l’EV0Note 11. Toutefois, la pandémie a également eu des répercussions indirectes sur la mortalité en raison de causes autres que la COVID-19, bien que ces répercussions indirectes varient selon les régions et les différentes vagues de la pandémie. En Colombie-Britannique, la COVID-19 et les décès liés à la toxicité des drogues non réglementées étaient les deux principaux facteurs contribuant à la baisse de l’EV0, leurs contributions variant entre les hommes et les femmes. Plus précisément, la COVID-19 était la principale cause de décès liés à la baisse de l’EV0 chez les femmes, mais la toxicité des drogues non réglementées était le principal facteur contribuant au déclin de l’EV0 chez les hommes en Colombie-Britannique. La province a déclaré une urgence de santé publique en raison de la crise de toxicité des opioïdes en avril 2016. Une analyse précédente a montré qu’en Colombie-Britannique, l’EV0 a commencé à se stabiliser en 2015, puis a diminué pour la première fois en 2016, après trois décennies d’augmentations continues, en partie en raison de la crise de toxicité des opioïdesNote 23. Les mesures d’intervention de la province ont permis de stabiliser, voire de réduire, les taux de mortalité liée à la toxicité des drogues non réglementées à partir de 2018, puis en 2019. Toutefois, la pandémie a accéléré le nombre de décès liés à la toxicité des drogues non réglementées en Colombie-Britannique et dans d’autres secteurs de compétenceNote 14, Note 15, en particulier chez les hommesNote 15. Cette augmentation a été le principal facteur (-0,93 an) à l’origine de la baisse de l’EV0 chez les hommes de 2019 à 2021 en Colombie-Britannique. Les premières données probantes donnent également à penser que les ventes d’alcool, ainsi que les visites à l’urgence pour des problèmes de santé mentale, ont augmenté pendant la pandémie par rapport à la période prépandémieNote 24, Note 25, Note 26. Ces constatations soulignent l’importance d’un accès continu aux services de réduction des méfaits, aux traitements contre la toxicomanie, aux soutiens en matière de santé mentale et à d’autres stratégies de réduction des risques.
Des études ont fait état des différentes répercussions de la pandémie sur d’autres taux de surmortalité liés à des causes particulièresNote 27, Note 4. Les mesures de lutte contre la pandémie, notamment la distanciation physique, l’hygiène des mains, l’obligation de porter un masque et la vaccination, ont permis de réduire considérablement le taux de mortalité lié aux infections respiratoiresNote 19. Des données préliminaires font état d’une surmortalité attribuable à d’autres causes au cours de la pandémie, notamment les maladies du cœur, la maladie d’Alzheimer et la démence ainsi que le diabète en OntarioNote 28, en ChineNote 29, aux États-UnisNote 30 et dans les pays européensNote 31. Cette surmortalité non liée à la COVID-19 a également contribué à la baisse de l’EV0. L’augmentation du taux de mortalité pour les problèmes neurologiques en Colombie-Britannique concorde avec les résultats d’autres études, qui révèlent un risque accru de mortalité lié au parkinsonisme, à la démence, à l’encéphalopathie et aux accidents vasculaires cérébraux au cours de la pandémieNote 32, Note 33. Les mécanismes de l’augmentation du risque de mortalité pour les problèmes neurologiques ne sont pas entièrement compris, mais le vieillissement, le déclin cognitif, les comorbidités et l’état vaccinal peuvent jouer un rôleNote 33. La présente étude révèle une réduction des taux de mortalité pour les tumeurs malignes, le diabète, les blessures chez les hommes et les femmes, et les maladies cardiovasculaires chez les femmes seulement. La baisse de la mortalité liée aux blessures peut s’expliquer par la diminution des activités physiques extérieures et intérieures et des déplacements, ainsi que par le retard des enquêtes sur les causes de décès menées par le service des coroners pendant la pandémie. Les retards dans les enquêtes ont également contribué en partie à l’augmentation de la mortalité dans la catégorie « Autres causes ».
Les répercussions disproportionnées de la COVID-19 et des décès attribuables à la toxicité des drogues non réglementées ont été signalées en fonction du sexe, de la race, de l’identité autochtone et du revenu. Cette étude montre une incidence plus importante chez les hommes que chez les femmes (et par conséquent une baisse de l’EV0 plus importante chez les hommes et un plus grand écart de l’EV0 entre les hommes et les femmes) en Colombie-Britannique, également observée dans d’autres pays et d’autres régionsNote 6, Note 10. Les hommes étaient plus susceptibles de développer une forme grave de COVID-19 et de mourir de la maladie que les femmesNote 34. Les différences entre les sexes peuvent résulter de facteurs biologiques liés au sexe, tels que les réponses immunitaires et les comorbidités, ainsi que de facteurs sociaux et comportementaux tels que le tabagismeNote 34. Ces faits observés soulignent la nécessité d’effectuer des analyses fondées sur le sexe et le genre et d’élaborer des stratégies d’intervention clinique et de santé publique fondées sur le sexe et le genre. Des travaux menés en collaboration avec la Régie de la santé des Premières Nations en Colombie-Britannique révèlent également que les membres des Premières Nations (-5,8 ans) ont subi une baisse de l’EV0 plus importante que les autres résidents (-1,1 an) de la provinceNote 35. Cela a été attribué à des taux de mortalité plus élevés pour la COVID-19Note 36 et la toxicité des drogues non réglementées chez les Premières Nations que chez les autres résidents de la Colombie-BritanniqueNote 37. De même, les Indiens d’Amérique ou les Autochtones de l’Alaska ont connu une baisse de l’EV0 plus importante que les autres habitants des États-UnisNote 23. La COVID-19 a eu des répercussions disproportionnées sur certains groupes racisés, par exemple la population hispanique et la population noire non hispanique aux États-Unis, ce qui a entraîné une surmortalité toutes causes confondues et donc une diminution plus importante de l’EV0 dans ces populations38. Les personnes vivant dans des quartiers à faibles revenus ont été plus durement touchées par la pandémieNote 9, Note 39. Les patients atteints de cancer, de fibrose kystique, ayant subi une greffe d’organe, souffrant d’une maladie rénale chronique ou présentant des troubles graves du développement étaient plus susceptibles de subir des complications graves de la COVID-19, notamment l’hospitalisation et le décèsNote 40, Note 41. De nombreux facteurs, tels que le racisme systémique (p. ex. la ségrégation résidentielle), le risque professionnel (c.-à-d. moins de chances de travailler à domicile ou nécessité d’occuper des emplois en contact avec le public) et les conditions de logement, ont joué un rôle dans l’apparition de ces disparitésNote 42, Note 43, Note 44.
Après des décennies d’amélioration continue, l’inversion des tendances de l’EV0 reflète les répercussions importantes des situations d’urgence en matière de santé publique, telles que la crise de la toxicité des drogues non réglementées et la pandémie de COVID-19. Ces résultats, ainsi que des constatations semblables tirées d’autres études décrites ci-dessus, ont deux répercussions sur la santé publique. Tout d’abord, les mesures d’intervention en cas d’urgence en matière de santé publique doivent tenir compte des conséquences imprévues qui peuvent être directement et indirectement associées à l’urgence. La pandémie a eu non seulement des effets directs immédiats sur la santé physique et mentale, mais aussi des conséquences sociétales plus larges sur des aspects tels que le revenu, l’accès aux services médicaux et sociaux, l’emploi et l’éducation, qui sont des facteurs déterminants pour la santé d’une population sur le long terme. Il est également important de se rappeler que les populations vulnérables, y compris les groupes racisés, les personnes désavantagées sur le plan socioéconomique et les personnes handicapées ont été touchées de façon disproportionnée, ce qui indique qu’il est nécessaire de donner la priorité à ces groupes et de cibler les interventions qui leur sont destinées. En Colombie-Britannique, les patients cliniquement extrêmement vulnérables, les Autochtones âgés de 55 ans et plus, les autres personnes âgées de 65 ans et plus et les résidents d’établissements de soins de longue durée et d’aide à la vie autonome ont été prioritaires pour les vaccins et les traitements contre la COVID-19.
La présente étude examine les répercussions de la double urgence de santé publique en Colombie-Britannique (COVID-19 et crise de toxicité des drogues non réglementées), mais d’autres provinces canadiennes, telles que l’Ontario, et d’autres pays, tels que les États-Unis, ont vécu une situation similaire (c.-à-d. aggravation des surdoses de drogues illicites pendant la pandémie). L’utilisation des données du BCCS comme source d’identification des décès liés à la toxicité des drogues non réglementées peut entraîner une surestimation du nombre de ces décès pour les cinq dernières années, puisqu’elles incluent à la fois les cas confirmés et les cas suspects. Toutefois, ce problème est atténué par l’analyse de sensibilité, qui montre encore des répercussions considérables des décès sur les changements observés dans l’EV0. La catégorie « Autres causes » comprend les autres enquêtes non concluantes ou en cours sur les causes de décès par le BCCS et les décès codés R99 (représentant 4,4 % de tous les enregistrements de décès au cours des trois dernières années en Colombie-Britannique en date du 16 septembre 2024). Souvent, ces décès finissent par être liés à des blessures, dont des décès attribuables à la toxicité des drogues non réglementées. De plus, la cause sous-jacente de nombreux décès peut avoir fait l’objet d’une classification erronéeNote 45.
Description de la annexe graphique 1
Femmes | Hommes | Total | |
---|---|---|---|
taux (pour 100 000 habitants) | |||
2000 | 725 | 1 069 | 867 |
2001 | 715 | 1 077 | 864 |
2002 | 720 | 1 034 | 853 |
2003 | 709 | 1 013 | 839 |
2004 | 703 | 1 003 | 833 |
2005 | 680 | 994 | 815 |
2006 | 674 | 966 | 801 |
2007 | 661 | 960 | 792 |
2008 | 662 | 946 | 786 |
2009 | 628 | 899 | 747 |
2010 | 607 | 864 | 719 |
2011 | 595 | 852 | 709 |
2012 | 589 | 835 | 698 |
2013 | 580 | 827 | 692 |
2014 | 570 | 813 | 681 |
2015 | 578 | 818 | 687 |
2016 | 576 | 832 | 693 |
2017 | 579 | 856 | 707 |
2018 | 561 | 827 | 686 |
2019 | 554 | 791 | 665 |
2020 | 552 | 851 | 692 |
2021 | 582 | 883 | 724 |
2022 | 573 | 878 | 716 |
Source : Registre des décès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique, 2000 à 2022. |
Classification de la cause initiale de décès | Code CIM-10 |
---|---|
Toxicité des drogues non réglementées | T36.0-T48.6, T52.8, T53.91Note * |
COVID-19 | U07.1, U07.2 |
Maladies infectieuses et parasitaires | A00-B99, G00, G03-G04, N70-N73 |
Infections respiratoires | J00-J22, H65-H66, P23, U04 |
Affections maternelles | O00-O99 |
Affections néonatales | P00-P96 (sauf P23, P37.3, P37.4) |
Carences nutritionnelles | E00-E02, E40-E46, E50-E64, D50-D53, D64.9 |
Tumeurs malignes | C00-C97 |
Autres néoplasmes | D00-D48 |
Diabète sucré | E10-E14 |
Troubles endocriniens, sanguins et immunitaires | D55-D64 (sauf D64.9), D65-D89, E03-E07, E15-E34, E65-E88 |
Troubles mentaux et comportementaux | F04-F99, X41-X42, X45 |
Problèmes neurologiques | F01-F03, G06-G98 |
Maladies des organes sensoriels | H00-H61, H68-H93 |
Maladies cardiovasculaires | I00-I99 |
Maladies respiratoires | J30-J98 |
Maladies digestives | K20-K92 |
Maladies génito-urinaires | N00-N64, N75-N76, N80-N98 |
Maladies de la peau | L00-L98 |
Troubles musculosquelettiques | M00-M99 |
Anomalies congénitales | Q00-Q99 |
Blessures | V01-Y89 (sauf X41-X42, X45) |
Autres causes | Tous les autres décès |
Note : * Présence du code dans l’une des causes de décès figurant sur le certificat médical de décès. CIM-10 = Classification internationale des maladies, 10e révision. Source : Classification internationale des maladies, 10e révision. |
- Date de modification :