Rapports sur la santé
Taux d’utilisation de la climatisation résidentielle au Canada

Résumé

Contexte

La climatisation dans les ménages est l’une des façons les plus efficaces pour réduire les répercussions de l’exposition à la chaleur sur la santé; toutefois, peu d’études ont mesuré le taux d’utilisation de la climatisation dans les ménages au Canada.

Données et méthodologie

Les données ont été obtenues à partir de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2017 et de l’Enquête sur les ménages et l’environnement de 2017. Statistique Canada a couplé les répondants à l’enquête et créé des poids d’enquête. Quatre populations vulnérables à la chaleur ont été définies : les personnes âgées, les personnes âgées vivant seules, les personnes âgées ayant au moins un problème de santé associé à une réduction de la thermorégulation et les personnes âgées vivant seules et ayant un problème de santé associé à une réduction de la thermorégulation. Des ratios pondérés et des modèles de régression logistique ont été utilisés pour analyser les taux d’utilisation de la climatisation au niveau de la personne pour les populations nationales et régionales et les populations vulnérables à la chaleur.

Résultats

Environ 61 % de la population nationale possédait un appareil de climatisation à la maison. Les taux régionaux variaient de 32 % en Colombie-Britannique à 85 % en Ontario. Les personnes vivant seules et les personnes qui n’étaient pas propriétaires d’un logement étaient beaucoup moins susceptibles d’avoir accès à la climatisation au Canada et dans la plupart des régions. Un groupe vulnérable à la chaleur, soit les personnes âgées vivant seules, affichait des taux d’utilisation de la climatisation considérablement plus faibles que les moyennes à l’échelle nationale et en Ontario, à 56 % et 81 %, respectivement.

Interprétation

La présente étude est la première à quantifier l’utilisation de la climatisation au Canada au niveau individuel. Les résultats de l’étude pourraient éclairer les politiques en matière de santé thermique et les stratégies d’adaptation aux changements climatiques qui visent à cerner les populations présentant des risques élevés de mortalité ou de morbidité liées à la chaleur et un accès limité à la climatisation à leur domicile.

Mots-clés

chaleur, changements climatiques, climatisation, isolement social, populations vulnérables, vieillissement

Auteurs

Matthew Quick et Michael Tjepkema travaillent à la Division de l’analyse de la santé de Statistique Canada.

Introduction

Il a été démontré que l’exposition à une chaleur extrême est associée à divers problèmes de santé. Au Canada, entre 0,2 % et 0,7 % de tous les décès de 1986 à 2009 ont été attribués à la chaleur^Note 1. Plus récemment, environ 280 décès sont survenus au cours de la vague de chaleur de 2010 au Québec^Note 2 et 619 décès sont survenus en Colombie-Britannique lors du  dôme de chaleur survenu en 2021 dans l’ouest de l’Amérique du Nord^Note 3. Outre la mortalité, l’exposition à la chaleur à court et à long terme peut entraîner diverses maladies et conséquences liées à la chaleur, y compris les coups de chaleur, l’épuisement, la déshydratation et les hospitalisations dues à des maladies respiratoires et cardiovasculaires^Note 4, ^Note 5, ^Note 6. Étant donné que l’on prévoit que les changements climatiques entraîneront des températures ambiantes plus élevées et des événements de chaleur extrême plus longs, plus fréquents et plus intenses^Note 7, les répercussions de l’exposition à la chaleur sur la santé devraient augmenter^Note 8, ^Note 9.

Des recherches antérieures ont invariablement montré que la climatisation des ménages est l’une des stratégies d’adaptation les plus efficaces pour réduire la mortalité et la morbidité liées à la chaleur^Note 10, ^Note 11, ^Note 12, ^Note 13, ^Note 14. Toutefois, jusqu’à présent, peu d’études ont porté sur le taux d’utilisation de la climatisation résidentielle au Canada. Des statistiques descriptives indiquent qu’environ 60 % des ménages canadiens possédaient un climatiseur en 2019; les estimations provinciales variaient de 18 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 85 % au Manitoba^Note 15. Richard et al.^Note 16 soulignent que 73 % de 238 adultes atteints d’une maladie cardiovasculaire et pulmonaire chronique à Montréal avaient un système de climatisation, et Alberini et al.^Note 17 constatent que 85 % de 1 100 ménages dans cinq villes canadiennes avaient un appareil de climatisation; les taux variaient de 97 % à Windsor (Ontario) à 53 % à Fredericton (Nouveau-Brunswick). Étant donné que les études existantes portent sur les ménages et les petites populations vivant dans quelques régions géographiques particulières, la compréhension des taux d’utilisation de la climatisation à l’échelle nationale est limitée, et l’on ne sait pas si le taux d’utilisation de la climatisation varie selon la région géographique et les caractéristiques individuelles (p. ex. les problèmes de santé) et dans quelle mesure il varie.

La présente étude permet d’examiner le taux d’utilisation de la climatisation dans les ménages au Canada au moyen de deux enquêtes nouvellement couplées : l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2017 et l’Enquête sur les ménages et l’environnement (EME) de 2017. Le premier objectif de l’étude consistait à quantifier et à décrire les tendances en ce qui concerne la climatisation dans les ménages en fonction de caractéristiques sociodémographiques et de problèmes de santé au niveau de la personne au Canada et dans cinq régions géographiques. Le deuxième objectif de l’étude était d’estimer les taux d’utilisation de la climatisation dans les ménages parmi les populations vulnérables à la chaleur ou les groupes de population à thermorégulation réduite et présentant de plus grands risques en matière de santé en cas d’exposition à la chaleur.

Méthodologie

Sources des données

Les données ont été obtenues à partir de l’ESCC de 2017 et de l’EME de 2017. L’ESCC est une enquête transversale qui permet de recueillir des renseignements au niveau de la personne liés à l’état de santé, aux déterminants de la santé et à l’utilisation des soins de santé^Note 18. La population cible de l’ESCC est composée de personnes âgées de 12 ans et plus vivant dans les 10 provinces et les trois capitales territoriales. Les personnes vivant dans les réserves et d’autres peuplements autochtones, les membres à temps plein des Forces canadiennes, les populations vivant en établissement institutionnel (p. ex. celles vivant dans des établissements correctionnels, des centres de soins de longue durée et des hôpitaux) et les enfants âgés de 12 à 17 ans vivant en famille d’accueil sont exclus de l’ESCC.

Onze variables de l’ESCC ont été prises en compte dans la présente étude. Sept variables ont permis d’enregistrer les caractéristiques sociodémographiques des participants : plus de 65 ans (oui = 1; non = 0), homme (oui = 1; non = 0), groupe racisé (oui = 1; non = 0), sans diplôme d’études secondaires (oui = 1; non = 0), situation de faible revenu (oui = 1; non = 0), personne vivant seule (oui = 1; non = 0) et non-propriétaire d’un logement (oui = 1; non = 0). Le terme « groupe racisé » est utilisé pour désigner le concept de minorité visible. Selon la Loi sur l’équité en matière d’emploi, « les personnes, autres que les Autochtones [sic], qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche » font partie des minorités visibles.

Quatre variables ont permis d’enregistrer les problèmes de santé associés à une réduction de la thermorégulation et à des risques élevés pour la santé découlant d’un stress dû à la chaleur^Note 19 : hypertension artérielle (oui = 1; non = 0), obésité (oui = 1; non = 0), maladie cardiovasculaire (oui = 1; non = 0) et diabète (oui = 1; non = 0). Les maladies cardiovasculaires comprennent les maladies du cœur et les accidents vasculaires cérébraux. On considérait que les personnes faisaient de l’hypertension artérielle si elles déclaraient avoir reçu un diagnostic ou avoir pris des médicaments connexes. Selon leur adresse résidentielle, les participants ont également été regroupés en cinq régions géographiques définies par Statistique Canada^Note 20 : provinces de l’Atlantique (Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard), Québec, Ontario, Prairies (Alberta, Manitoba et Saskatchewan) et Colombie-Britannique.

Les données sur la climatisation des ménages ont été extraites de l’EME. L’EME est une enquête transversale menée tous les deux ans par Statistique Canada pour mesurer les pratiques et les comportements des ménages en matière d’environnement^Note 21. L’EME est une enquête de suivi de l’ESCC. La population cible de l’EME comprend tous les ménages au Canada, à l’exclusion de ceux des territoires (c.-à-d. les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon), des réserves et d’autres peuplements autochtones, et ceux entièrement composés de membres à temps plein des Forces armées canadiennes. Les établissements institutionnels en sont également exclus. Pour la présente étude, on considérait que les personnes vivant dans un ménage doté d’un système de climatisation central ou autonome (p. ex. un climatiseur de fenêtre) avaient accès à la climatisation (oui = 1; non = 0).

Groupes de population vulnérables à la chaleur

Quatre groupes de population vulnérables à la chaleur ont été pris en compte dans la présente étude. Le premier groupe était composé de personnes âgées (de plus de 65 ans). Des recherches antérieures ont montré que l’âge est le facteur de risque non modifiable le plus important influençant la vulnérabilité à la chaleur et que les risques pour la santé des personnes de plus de 65 ans sont disproportionnellement élevés^Note 9, ^Note 19. Les adultes âgés peuvent également présenter une atténuation des sensations thermiques liée à l’âge et ne pas ressentir le besoin d’utiliser un climatiseur^Note 22. Le deuxième groupe de population vulnérable à la chaleur était composé de personnes âgées vivant seules. Des études antérieures laissent croire qu’un grand isolement social augmente les répercussions de la chaleur sur la santé^Note 23, ^Note 24. Le troisième groupe de population était composé de personnes âgées ayant au moins un des quatre problèmes de santé associés à une réduction de la thermorégulation (voir la section 2.1). Le quatrième groupe de population vulnérable à la chaleur était composé de personnes âgées vivant seules et ayant un problème de santé associé à une réduction de la thermorégulation. Ce dernier groupe vulnérable à la chaleur était représentatif de la plupart des personnes décédées pendant le dôme de chaleur survenu en 2021 en Colombie-Britannique^Note 3. Il convient de noter que d’autres groupes de population vulnérables à la chaleur, comme les nourrissons, les jeunes enfants et les personnes atteintes de schizophrénie, n’ont pas été pris en compte dans la présente étude.

Couplage de données et poids d’enquête

Les personnes prises en compte dans la présente étude étaient le sous-ensemble de participants à l’ESCC vivant dans des logements faisant partie de l’échantillon de l’EME et ayant répondu à l’EME et accepté les ententes de partage de données et de couplage d’enregistrements de l’ESCC et de l’EME. Environ le quart des participants à l’ESCC ont été couplés à l’EME. Des poids d’enquête ont été créés par Statistique Canada pour gonfler la population et représenter la population cible de l’ESCC. Selon les poids d’enquête d’origine créés pour l’ESCC^Note 18, les poids pour cette cohorte couplée ont été gonflés selon la province et le groupe d’âge pour tenir compte des taux de réponse à l’EME. Les poids ont été calés en fonction des totaux de population de l’intégralité de l’ESCC pour chaque province, chaque groupe d’âge et chaque sexe. Les variables relatives à la santé ont également été calées individuellement à l’aide de de l’intégralité de l’ESCC pour chaque province et chaque groupe d’âge. Pour saisir l’incertitude des poids d’enquête, 1 000 poids de rééchantillonnage bootstrap ont été créés à l’aide d’un échantillonnage avec remise des participants et d’un nouveau calcul des poids comme on l’a décrit précédemment. La cohorte couplée était composée de 14 418 personnes et pondérée pour représenter environ 31 millions de personnes. L’annexe A présente des statistiques descriptives pour les données pondérées et non pondérées.

Analyse des données

Les taux d’utilisation de la climatisation ont été calculés à l’aide de ratios pondérés; le numérateur étant le nombre pondéré de personnes ayant un système de climatisation et le dénominateur étant le chiffre de population pondéré. Les taux d’utilisation de la climatisation ont été calculés à l’échelle nationale et régionale et pour des groupes de population définis selon les sept caractéristiques sociodémographiques et les quatre problèmes de santé. Les taux d’utilisation de la climatisation ont également été calculés pour les quatre groupes de population vulnérables à la chaleur. Des modèles de régression logistique comportant 11 variables explicatives binaires (les caractéristiques sociodémographiques et les problèmes de santé) ont été appliqués pour analyser la variabilité de l’accès à la climatisation des ménages à l’échelle nationale et régionale.

Pour quantifier la mesure dans laquelle les taux d’utilisation de la climatisation des populations vulnérables à la chaleur étaient différents des moyennes nationales et régionales, on a utilisé des modèles de régression logistique à une seule variable binaire indiquant l’appartenance à un groupe de population vulnérable à la chaleur. Tous les ratios pondérés et les modèles de régression ont été estimés à l’aide des poids de rééchantillonnage bootstrap. Des analyses de données ont été effectuées dans la version 4.1.3^Note 25 du logiciel R à l’aide de la version 4.0^Note 26 des fonctions relatives à l’enquête.

Résultats

Taux nationaux et régionaux d’utilisation de la climatisation dans les ménages

Le tableau 1 présente les taux nationaux et régionaux d’utilisation de la climatisation pour les ménages des groupes de population définis selon les sept caractéristiques sociodémographiques et les quatre problèmes de santé. Environ 61 % de la population nationale avait un système de climatisation domestique, et des différences interrégionales substantielles ont été observées : le taux de personnes ayant un climatiseur était de 85 % en Ontario, de 58 % au Québec, de 49 % dans la région des Prairies, de 38 % dans la région de l’Atlantique et de 32 % en Colombie-Britannique. Ces résultats au niveau de la personne correspondent en grande partie aux données au niveau du ménage publiées antérieurement^Note 15. Comme le soulignent des recherches antérieures^Note 17, les variations régionales en matière de climatisation correspondent aux tendances climatiques historiques; la climatisation était plus courante dans les régions à climat humide (c.-à-d. l’Ontario et le Québec) et moins courante dans les régions à climat plus tempéré (c.-à-d. la Colombie-Britannique).



Comparativement à la moyenne nationale, les personnes atteintes d’obésité et de diabète affichaient des taux d’utilisation de la climatisation considérablement plus élevés (p < 0,05), alors que celles qui n’avaient pas de diplôme d’études secondaires, vivaient seules et n’étaient pas propriétaires d’un logement enregistraient des taux d’utilisation de la climatisation significativement plus faibles (p < 0,05). En tenant compte des moyennes régionales sous-jacentes, les personnes qui n’étaient pas propriétaires d’un logement et qui vivaient seules affichaient des taux d’utilisation de la climatisation inférieurs à la moyenne dans toutes les régions. Les personnes faisant partie de groupes racisés étaient significativement (p < 0,05) moins susceptibles d’avoir un climatiseur à la maison dans les régions de l’Atlantique, des Prairies et de la Colombie-Britannique, et les personnes vivant seules étaient significativement (p < 0,05) moins portées à posséder un appareil de climatisation dans les régions de l’Atlantique et de l’Ontario. Même si des taux plus élevés d’utilisation de la climatisation ont été observés pour les personnes atteintes d’obésité en Colombie-Britannique, de maladies cardiovasculaires dans la région de l’Atlantique et de diabète en Ontario, les tendances n’étaient pas cohérentes d’une région à l’autre. Les taux d’utilisation de la climatisation des personnes âgées, des hommes et des personnes en situation de faible revenu ne s’écartaient pas significativement des moyennes nationales et régionales.

Taux d’utilisation de la climatisation pour les populations vulnérables à la chaleur

La figure 1 illustre le taux d’utilisation de la climatisation dans les ménages des quatre groupes de population vulnérables à la chaleur. À l’échelle nationale et en Ontario, les taux d’utilisation de la climatisation des personnes âgées vivant seules étaient significativement (p < 0,05) inférieurs aux moyennes nationale et régionale respectives (estimations modélisées de 56 % par rapport à 62 % et de 81 % par rapport à 85 %, respectivement). En revanche, les taux d’utilisation de la climatisation des personnes âgées (p < 0,05) étaient significativement plus élevés que la moyenne dans la région des Prairies (estimations modélisées de 54 % par rapport à 49 %). Dans les régions de l’Atlantique, du Québec et de la Colombie-Britannique, les taux d’utilisation de la climatisation des quatre groupes de population vulnérables à la chaleur n’étaient pas significativement différents des moyennes régionales. D’autres résultats figurent à l’annexe B.

Description de la Figure 1



Figure 1
Taux d'utilisation de la climatisation de quatre groupes de population vulnérables à la chaleur au Canada, à l’exclusion des territoires, 2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux d'utilisation de la climatisation de quatre groupes de population vulnérables à la chaleur au Canada. Les données sont présentées selon Région et groupe de population vulnérable à la chaleur (titres de rangée) et Moyenne des groupes de population vulnérables à la chaleur, Erreur-type des groupes de population vulnérables à la chaleur, Moyenne régionale, Erreur-type régionale et Différence(figurant comme en-tête de colonne).

Région et groupe de population vulnérable à la chaleur	Moyenne des groupes de population vulnérables à la chaleur	Erreur-type des groupes de population vulnérables à la chaleur	Moyenne régionale	Erreur-type régionale	Différence
Canada
Adultes âgés	62,6	0,9	62,2	0,6	0,4
Adultes âgés vivant seuls	56,4	1,8	62,2	0,6	-5,8	Figure 1 Note ‡
Adultes âgés ayant un problème de santé	63,8	1,1	62,2	0,6	1,6
Adultes âgés vivant seuls et ayant un problème de santé	59,7	2,1	62,2	0,6	-2,4
Provinces de l’Atlantique
Adultes âgés	35,9	2,3	37,2	1,5	-1,4
Adultes âgés vivant seuls	33	3,8	37,2	1,5	-4,2
Adultes âgés ayant un problème de santé	36,6	2,8	37,2	1,5	-0,6
Adultes âgés vivant seuls et ayant un problème de santé	35,2	4,9	37,2	1,5	-2
Québec
Adultes âgés	57,4	2,1	57,8	1,3	-0,5
Adultes âgés vivant seuls	56,3	3,3	57,8	1,3	-1,5
Adultes âgés ayant un problème de santé	58,6	2,8	57,8	1,3	0,8
Adultes âgés vivant seuls et ayant un problème de santé	60,2	4,3	57,8	1,3	2,4
Ontario
Adultes âgés	86	1,3	85,3	0,9	0,6
Adultes âgés vivant seuls	80,5	2,6	85,3	0,9	-4,9	Figure 1 Note ‡
Adultes âgés ayant un problème de santé	87,4	1,4	85,3	0,9	2,1
Adultes âgés vivant seuls et ayant un problème de santé	82,8	2,7	85,3	0,9	-2,5
Prairies
Adultes âgés	54,3	2,4	48,9	1,1	5,5	Figure 1 Note §
Adultes âgés vivant seuls	48,6	3,8	48,9	1,1	-0,3
Adultes âgés ayant un problème de santé	54,8	3,2	48,9	1,1	5,9
Adultes âgés vivant seuls et ayant un problème de santé	50,5	4,6	48,9	1,1	1,6
Colombie-Britannique
Adultes âgés	31,4	2,6	31,9	1,6	-0,5
Adultes âgés vivant seuls	26,5	3,8	31,9	1,6	-5,5
Adultes âgés ayant un problème de santé	30,1	3,1	31,9	1,6	-1,8
Adultes âgés vivant seuls et ayant un problème de santé	26,7	4,9	31,9	1,6	-5,2
Note ‡ β < 0 et p < 0,05 selon les modèles de régression logistique Retour à la référence de note ‡ referrer Note § β>0 et p<0,05 selon les modèles de régression logistique Retour à la référence de note § referrer Note : Les chiffres représentent la différence entre les taux des populations nationales ou régionales et ceux des populations vulnérables à la chaleur. Source : Statistique Canada, données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2017 couplées avec celles de l’Enquête sur les ménages et l’environnement de 2017.

Discussion

La présente étude a permis de mesurer et de décrire la climatisation dans les ménages au Canada au moyen de deux enquêtes nouvellement couplées. En ce qui concerne plus particulièrement l’interprétation des caractéristiques sociodémographiques, on a constaté que les personnes n’étant pas propriétaires de leur logement étaient moins susceptibles d’avoir un appareil de climatisation au Canada et dans les régions du Québec, de l’Ontario, des Prairies et de la Colombie-Britannique (tableau 1). Cela reflète largement les recherches antérieures qui ont observé des taux d’utilisation de la climatisation plus bas dans les logements locatifs multifamiliaux^Note 27, ^Note 28. De plus, les locataires peuvent présenter des taux d’utilisation de la climatisation plus bas parce que les propriétaires ne fournissent pas de climatiseur ou les règlements des immeubles peuvent en interdire l’utilisation. On a en outre constaté que les personnes vivant seules enregistraient des taux d’utilisation de la climatisation plus faibles au Canada et dans les régions de l’Atlantique et de l’Ontario (tableau 1). Des tendances semblables selon lesquelles les personnes vivant seules ont un accès plus limité à la climatisation ont été observées ailleurs^Note 28, ^Note 29.

La présente étude a également révélé que les personnes âgées vivant seules étaient, en particulier, beaucoup moins susceptibles d’avoir accès à la climatisation à domicile au Canada et en Ontario. En général, on a constaté que les risques en matière de santé liés à la chaleur étaient élevés chez les personnes âgées vivant seules, car on pense qu’elles sont moins susceptibles d’avoir accès à des réseaux de soins informels (p. ex. les membres de leur famille prenant de leurs nouvelles), de recourir à des soins médicaux et de quitter leur logement non climatisé pour trouver refuge ailleurs^Note 12, ^Note 23, ^Note 24, ^Note 29.

L’un des points forts de l’étude est que les données sont au niveau de la personne et comprennent des renseignements sur les problèmes de santé. Cela permet d’estimer les taux d’utilisation de la climatisation pour divers groupes de population, y compris les personnes ayant des problèmes de santé réduisant la thermorégulation. Cela aide également à éclairer les stratégies en matière de santé thermique et les stratégies d’adaptation aux changements climatiques, qui visent à cerner les populations présentant des risques élevés en matière de santé liés à la chaleur et à un accès limité à la climatisation. Par exemple, la Stratégie nationale d’adaptation du Canada^Note 30 propose que la proportion de ménages ayant des systèmes de refroidissement soit utilisée comme indicateur de santé et de bien-être dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques.

Les limites de la présente étude sont les suivantes : le couplage des données est effectué pour une seule année; les populations vivant en établissement institutionnel et les populations vivant dans des peuplements autochtones qui peuvent également être vulnérables au stress dû à la chaleur sont exclues des enquêtes; les personnes vivant dans les trois territoires sont exclues des données; certains problèmes de santé peuvent être sous-déclarés ou ne pas être pris en compte dans l’ESCC. Dans le cadre de futurs travaux, on pourrait envisager de mesurer les taux d’utilisation de la climatisation de groupes de population plus précis, d’examiner les tendances temporelles du taux d’utilisation de la climatisation^Note 31 et de procéder à un couplage de données supplémentaire pour permettre la réalisation de recherches sur les liens entre la chaleur, la climatisation et les résultats en matière de santé. De futures recherches pourraient également porter sur l’exploration des causes et des répercussions des taux d’utilisation de la climatisation relevés dans la présente étude.