Rapports sur la santé
Au Canada, les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer diffèrent-ils selon l’origine ethnique?
par Jeremiah Hwee et Evelyne Bougie
DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202100800001-fra
On s’attend à ce que le cancer soit la principale cause de décès et qu’il constitue le principal obstacle à l’augmentation de l’espérance de vie dans le monde au 21e siècleNote 1. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le cancer est la première ou la deuxième cause de décès avant l’âge de 70 ans dans plus de 53 % des pays du monde entier et l’une des quatre principales causes de décès dans 22 autres pays. L’incidence du cancer et la mortalité attribuable au cancer continuent d’augmenter partout dans le monde. Les facteurs qui contribuent à cette augmentation sont complexes et comprennent les écarts dans la répartition de la prévalence des facteurs de risque et d’autres facteurs socioéconomiques. De plus, ces écarts contribuent probablement aux différences observées entre les pays relativement aux taux de mortalité et à l’incidence du cancer.Note 2Note 3Note 4Note 5Note 6Note 7.
À l’échelle mondiale, les types de cancers les plus couramment diagnostiqués et ceux à l’origine du plus grand nombre de décès varient considérablementNote 1; cette variation pourrait expliquer les différences entre les groupes ethniques au Canada. Dans le monde entier, il existe 10 types de cancers plus couramment diagnostiqués chez les hommes et 5 chez les femmes. De même, il existe à l’échelle mondiale 9 causes types de cancers à l’origine du plus grand nombre de décès chez les hommes et 6 chez les femmes. Non seulement les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer diffèrent d’un pays à l’autre, mais des écarts existent également selon l’origine ethnique au sein d’un même pays. Aux États-Unis, les taux d’incidence du cancer étaient les plus faibles chez les hommes originaires d’Asie et des îles du Pacifique, alors que les taux de cancer étaient 85 % plus élevés chez les hommes noirs non hispaniques que chez les hommes blancs non hispaniquesNote 8. En Écosse, les taux d’incidence du cancer étaient les plus faibles au sein de la population indienne d’Asie du Sud. La population chinoise du pays présentait quant à elle des taux de cancer modérément plus élevés, tandis qu’on retrouvait les taux les plus élevés au sein de la population écossaise blancheNote 6.
On s’attend à ce que d’ici 2031, le tiers de la population du Canada appartienne à un groupe ethnique non blancNote 9. Des études antérieures menées au Canada et en Europe ont révélé que les femmes sud-asiatiques étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer du sein à un stade plus avancé et qu’elles étaient moins susceptibles de se soumettre à un dépistage du cancer du seinNote 10Note 11. Bien que les femmes asiatiques âgées de 50 à 69 ans et vivant au Canada aient été moins nombreuses que les femmes nées en Amérique du Nord à avoir passé une mammographie au cours des deux années précédentes, d’autres études sont nécessaires pour déterminer les facteurs sous-jacents qui peuvent expliquer les variations observéesNote 12Note 13.
Aux États-Unis, les hommes noirs étaient deux fois plus susceptibles que les hommes blancs de mourir d’un cancer de la prostate, alors que les hommes noirs âgés étaient beaucoup moins susceptibles que les hommes blancs âgés de présenter l’antigène prostatique spécifique servant au dépistage du cancer de la prostate, après correction pour tenir compte du statut socioéconomique et des comorbiditésNote 1Note 14. D’autres études ont également révélé que les taux de cancer de la prostate sont plus élevés chez les AfricainsNote 8Note 15Note 16. En Écosse, les Sud-Asiatiques affichaient les taux globaux de cancer les plus faibles, tandis que la population écossaise blanche observait les taux de cancer les plus élevésNote 6. Aux États-Unis, ce sont aussi les personnes originaires de l’Asie et des îles du Pacifique qui présentaient les taux les plus faibles de cancer et de mortalité attribuable au cancerNote 1.
Il a été démontré que les différences interculturelles dans la consommation de fruits et de légumes et les différences physiopathologiques relatives aux effets de l’usage du tabac selon les origines ethniques influencent le risque de cancerNote 17Note 18Note 19. Près de 33 % à 37 % des cancers peuvent être attribués à des facteurs extrinsèques, y compris à des facteurs environnementaux, comportementaux, liés au mode de vie et socioéconomiques, ainsi qu’à des infectionsNote 20Note 21. Les facteurs extrinsèques comme l’usage du tabac et l’obésité demeurent les principaux facteurs de risque de cancer, mais les taux d’usage du tabac et d’obésité et leurs liens avec le cancer diffèrent selon les origines ethniquesNote 22Note 23.
Des rapports antérieurs ont révélé d’importants écarts entre les différents groupes ethniques au Canada en ce qui concerne le nombre de cigarettes fumées quotidiennement et la proportion de fumeurs quotidiens ou occasionnels. En effet, il a été démontré que les immigrants blancs et les personnes nées au Canada fumaient en moyenne un plus grand nombre de cigarettes par jour que tous les autres groupes ethniquesNote 24. L’usage du tabac a été associé à 25 types de cancers différents et fortement associé au risque de cancer du foie, de la vessie, des reins et du pancréas, ainsi que de lymphomeNote 25Note 26.
Il a également été démontré que la prévalence de l’embonpoint et de l’obésité au Canada varie selon l’origine ethnique, les Canadiens blancs ayant affiché la plus forte proportion d’obésité (17 %) et d’embonpoint (52 %)Note 27. En revanche, les Asiatiques du Sud-Est et les Sud-Asiatiques présentaient les proportions les plus faibles d’obésité (de 3 % à 8 %) et d’embonpoint (de 22 % à 40 %)Note 28. Après correction pour tenir compte d’autres importants facteurs de risque comme l’âge, l’usage du tabac, la consommation d’alcool, l’activité physique et l’apport calorique total, l’embonpoint ou l’obésité ont été associés à un risque accru de cancer au Canada et ailleurs dans le monde.Note 29Note 30. L’obésité ou l’embonpoint peuvent être à l’origine de jusqu’à 33 % du surnombre de cancers.
En portant sur la consommation d’alcool, une étude sur les adultes ontariens a révélé une plus grande prévalence de consommation autodéclarée à long terme, actuelle et à risque chez les Canadiens et les Européens comparativement à d’autres groupes ethniques, comme les Sud-Asiatiques, les Asiatiques du Sud-Est et les Asiatiques de l’EstNote 31Note 32. La consommation d’alcool a été associée à un risque accru de développer plusieurs types de cancers, dont les cancers du sein, du pancréas, colorectaux, buccaux, œsophagiens, de l’estomac et du foie, entre autresNote 33Note 34Note 35. Ensemble, ces différences importantes en ce qui concerne les facteurs de risque de cancer (usage du tabac, obésité et consommation d’alcool) jouent probablement un rôle important dans les écarts relatifs à l’incidence du cancer et à la mortalité attribuable au cancer entre les groupes ethniques.
Il s’est avéré que l’effet de l’immigrant en bonne santé existe au sein de la population canadienne. Les immigrants récents possèdent un net avantage en matière de survie, mais ces avantages liés à l’effet de l’immigrant en bonne santé disparaissent à mesure qu’augmente le temps passé dans le pays d’accueilNote 36. En ce qui a trait au cancer, les immigrants récents sont beaucoup moins susceptibles que les non-immigrants de recevoir un diagnostic de cancer quelconque ou d’un des types de cancers les plus courantsNote 37.
Au Canada, les connaissances relatives aux problèmes de santé et à l’état de santé de la population sont lacunaires, notamment en ce qui concerne l’incidence du cancer et la mortalité attribuable au cancer selon le groupe ethnique, ce qui s’explique par le manque de donnéesNote 38. Traditionnellement, les travaux de recherche réalisés dans ce domaine ont surtout porté sur l’origine ethnique des immigrantsNote 39Note 40, tandis que les groupes ethniques nés au Canada, y compris les Canadiens de deuxième génération, ont été négligés en dépit de leur importance. Depuis 2011, 3 Canadiens de deuxième génération sur 10 font partie de minorités visiblesNote 41. Le manque de connaissances concerne donc une grande proportion de la population. La présente étude a été menée avant la surmortalité attribuable à la pandémie de COVID-19. L’objectif était d’évaluer les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer au sein des différents groupes ethniques du Canada, en fonction des types de cancers.
Méthodologie
Sources des données
Aux fins de l’étude, les données couplées de la Cohorte santé et environnement du recensement canadien (CSERCan) de 2006 ont été utilisées. Les CSERCan sont des ensembles de données couplées fondés sur la population qui combinent les données des répondants au questionnaire détaillé du recensement (ou celles des répondants à l’Enquête nationale auprès des ménages) avec celles d’ensembles de données administratives sur la santé qui comprennent des renseignements sur la mortalité, le cancer, les hospitalisations, les soins ambulatoires et les codes postaux des adresses postales annuellesNote 42. De 2006 à 2016, de 99,1 % à 99,8 % des couplages effectués entre les enregistrements sur le cancer et les enregistrements sur la mortalité ont été fructueux. Le Recensement de 2006 comprenait des questions sur les origines ethniques et les caractéristiques sociodémographiques. Les renseignements sur l’incidence du cancer ont été obtenus par couplage avec le Registre canadien du cancer (RCC), un registre national fondé sur la population qui comprend des renseignements sur tous les nouveaux cancers primaires diagnostiqués depuis 1992. Les diagnostics de cancer sont classés selon la troisième édition de la Classification internationale des maladies — Oncologie (CIM-O-3). Les règles du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) concernant les tumeurs primaires multiples ont été utilisées pour les cas du RCC. Les données concernant les nouveaux cancers primaires de l’ensemble de données de la CSERCan étaient disponibles jusqu’en 2016, et jusqu’en 2010 dans le cas des résidents du Québec. Les données sur la mortalité attribuable au cancer (cause de décès) ont été tirées de la Base canadienne de données sur l’état civil — Décès (BCDECD). La BCDECD permet de recueillir annuellement des renseignements démographiques et des renseignements sur les causes de décès à partir des registres des décès de la statistique de l’état civil de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada. Les données sur les décès proviennent des provinces et des territoires où les décès sont survenus et sont fournies à Statistique Canada sur une base régulière aux fins d’inclusion dans la BCDECD; celle-ci contient les renseignements sur la cause du décès de tous les résidents canadiens et non-résidents décédés au Canada depuis 1950.
Population étudiée
La présente étude a été réalisée à partir du Recensement de la population de 2006, qui a été mené le 16 mai 2006, dans le cadre duquel 20 % des ménages ont reçu à la fois le questionnaire abrégé et le questionnaire détaillé qui comportait des questions sur la scolarité, l’origine ethnique, le revenu, la mobilité et l’emploi. La population vivant en établissement institutionnel au moment du recensement n’était pas admissible comme membre de la cohorte à l’étude. Les pensionnaires d’un établissement institutionnel se définissent comme les personnes vivant dans un établissement institutionnel, par exemple un établissement de soins infirmiers, un pénitencier ou un foyer collectif.
Définition de l’origine ethnique
L’origine ethnique désigne les origines ethniques ou culturelles des ancêtres de la personne et ne doit pas être confondue avec la citoyenneté ou la nationalitéNote 43. La question du recensement se lisait comme suit : « Quelles étaient les origines ethniques ou culturelles des ancêtres de cette personne? ». Une personne pouvait déclarer une origine ethnique ou plus. L’origine ethnique a été classée selon les groupes mutuellement inclusifs suivants : origine non autochtone de l’Amérique du Nord; origine européenne; origine caribéenne; origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud; origine africaine; origine asiatique de l’Est; origine sud-asiatique; origine de l’Asie centrale occidentale et du Moyen-Orient [voir le tableau 1 en annexe]. Les personnes ayant déclaré plus d’une origine ethnique peuvent être incluses dans plus d’un groupe. Ces groupes correspondent aux catégories normalisées du Dictionnaire du recensement et devraient permettre d’illustrer les différences entre les taux de cancer à l’échelle mondialeNote 1Note 43.
Définition du cancer
Les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer au Canada ont été estimés au niveau de la population en fonction de l’origine ethnique. Ces deux indicateurs peuvent servir de référence en ce qui concerne l’état de santé des différents groupes ethniques relativement aux cas de cancer. Ils ont été définis à l’aide de la CIM-O-3. Les nouveaux cas de cancer ont été définis comme ceux survenus de 2006 à 2016. Les règles du CIRC concernant les tumeurs primaires multiples ont été utilisées pour les cas du RCC de l’ensemble des provinces et des territoires. Les décès attribuables au cancer sont ceux résultant d’une forme de cancer qu’un médecin a confirmé être la principale cause initiale de décès. Les données sur la mortalité portaient sur la période de 2006 à 2016. Le terme décès attribuable au cancer a été défini à l’aide de la 10e édition de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes. Les types de cancers et les décès attribuables aux divers types de cancers sont énumérés dans le tableau 2 en annexe. Les tumeurs bénignes ont été omises.
Analyse statistique
Les cas de cancer et les décès attribuables au cancer ont été classés selon le sexe, la tranche d’âge de cinq ans, l’origine ethnique et le type de cancer. Les taux de cancer de chaque catégorie ont été calculés en divisant le nombre de cas ou de décès dans la catégorie par le nombre respectif de personnes-années du suivi de 2006 à 2016, ou jusqu’à ce qu’un décès soit enregistré. Les taux normalisés selon le sexe et l’âge ont été calculés au moyen de la méthode directe, en pondérant les taux selon l’âge pour chacune des tranches d’âge de cinq ans en fonction de la répartition type de la population canadienne selon l’âge en 2011. Il a été démontré que les taux de cancer varient selon le sexe et requièrent, par conséquent, des estimations distinctes en fonction du sexe. Les tranches d’âge ont ensuite été regroupées (de 0 à 39 ans, de 40 à 54 ans, de 55 à 64 ans, de 65 à 74 ans et 75 ans et plus) afin de distinguer les cancers qui touchent les enfants, les adolescents et les jeunes adultes de ceux qui touchent les adultes. Afin de tenir compte des différences entre les taux de couplage et de la représentativité de la CSERCan de 2006, des facteurs de pondération ont été créés à partir du des données existantes du recensement pour neutraliser les échecs de couplage. Des poids bootstrap ont également été appliqués pour tenir compte de la variance.
Résultats
La cohorte comprenait 5 871 337 personnes dont l’âge moyen variait de 28,5 ans pour les personnes d’origine africaine à 39,9 ans pour les personnes d’origine européenne (tableau 3 en annexe). La répartition selon l’âge variait en fonction de l’origine ethnique : les groupes d’origine européenne et d’origine non autochtone de l’Amérique du Nord comptaient un plus grand nombre de personnes de 55 ans et plus. La proportion de personnes ayant déclaré une seule origine ethnique variait de 55,4 % à 86,3 %. Plus précisément, 62,1 % des personnes se sont autodéclarées comme étant d’origine européenne; 32,5 % d’origine non autochtone de l’Amérique du Nord; 6,3 % d’origine asiatique de l’Est; 3,9 % d’origine sud-asiatique; 1,8 % d’origine de l’Asie centrale occidentale et du Moyen-Orient; 1,6 % d’origine africaine; 1,5 % d’origine caribéenne et 1,2 % d’origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud. Les groupes d’origine asiatique de l’Est, d’origine sud-asiatique, d’origine de l’Asie centrale occidentale et du Moyen-Orient, d’origine caribéenne, d’origine africaine et d’origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud étaient majoritairement composés d’immigrants. Plus de 44 % des personnes d’originede l’Amérique latine, centrale et du Sud et celles d’origine non autochtone de l’Amérique du Nord ont déclaré plus d’une origine ethnique et plus du tiers des personnes appartenant aux groupes d’origine africaine et d’origine caribéenne ont fait de même.
Incidence du cancer
Le graphique 1 montre que les taux d’incidence du cancer étaient les plus élevés chez les Européens des deux sexes et de la plupart des groupes d’âge. Chez les femmes, les Européennes affichaient les taux d’incidence du cancer les plus élevés, tandis que les femmes de l’Amérique latine, centrale et du Sud présentaient les taux les plus faibles. De même, chez les hommes, les Européens affichaient les taux d’incidence du cancer les plus élevés, tandis que les Sud-Asiatiques présentaient les taux globaux les plus faibles.
Pour les deux sexes, les taux d’incidence des trois principaux cancers variaient selon l’origine ethnique (graphique 2). Chez les femmes, les Européennes présentaient les taux les plus élevés de cancer du sein, de cancer du poumon et de cancer colorectal. Chez les hommes, les Caribéens présentaient le taux d’incidence le plus élevé de cancer de la prostate, tandis que les Européens a les taux d’incidence les plus élevés de cancer du poumon et de cancer colorectal.
La répartition du nombre de cas parmi les 10 principaux types de cancers chez les hommes et chez les femmes différait selon l’origine ethnique (tableau 1). Chez les femmes, cinq types de cancers figuraient parmi les trois principaux types de cancers selon l’origine ethnique. Les trois principaux types de cancers représentaient de 48,3 % des cas chez les Caribéennes à 54,4 % des cas chez les femmes sud-asiatiques. Le cancer du sein était le type de cancer le plus fréquent, tandis que le cancer du poumon et des bronches, le cancer colorectal et le cancer de la thyroïde s’échangeaient les trois premières places. Le cancer de l’utérus faisait partie des trois principaux types de cancers chez les femmes sud-asiatiques. Au total, 15 types de cancers figuraient parmi les 10 principaux cancers selon l’origine ethnique, représentant de 77,5 % des cas chez les Caribéennes à 82,4 % des cas chez les femmes de l’Amérique latine, centrale et du Sud. Le cancer du pancréas s’est classé parmi les 10 principaux types de cancers chez les Africaines et les femmes asiatiques de l’Est. Le myélome multiple était fréquent chez les Africaines et les Caribéennes. Le mélanome était fréquent uniquement chez les femmes non autochtones de l’Amérique du Nord et les Européennes. Les cancers du col de l’utérus et de l’estomac se sont classés parmi les 10 principaux types de cancers chez les Caribéennes et les femmes asiatiques de l’Est.
Chez les hommes, cinq types de cancers figuraient parmi les trois principaux types de cancers selon l’origine ethnique. La variation des trois principaux types de cancers allait de 46,5 % des cas chez les hommes sud-asiatiques à 61,9 % des cas chez les Caribéens. Le cancer de la prostate était le plus fréquent, tandis que le cancer du poumon et des bronches, le cancer colorectal, le lymphome non hodgkinien et les cancers du rein et du bassinet du rein s’échangeaient les trois premières places selon l’origine ethnique. Au total, 16 types de cancers figuraient parmi les 10 principaux cancers selon l’origine ethnique, représentant de 77,3 % des cas chez les hommes sud-asiatiques à 83,5 % des cas chez les Caribéens. Le mélanome figurait parmi les 10 principaux types de cancers chez les hommes non autochtones de l’Amérique du Nord et les Européens, mais chez aucun des autres groupes ethniques. Le cancer du foie représentait une forte proportion des cas de cancer chez les hommes asiatiques de l’Est et les Africains. Le cancer de l’estomac était fréquent chez les Africains et les Caribéens ainsi que chez les hommes de l’Amérique latine, centrale et du Sud et les hommes asiatiques de l’Est. Les cancers du cerveau et du système nerveux central faisaient partie des 10 principaux types de cancers chez les hommes sud-asiatiques seulement.
Mortalité attribuable au cancer
Le graphique 3 montre la variation des taux de mortalité selon l’origine ethnique. Les personnes non autochtones de l’Amérique du Nord détiennent les taux de mortalité attribuable au cancer les plus élevés chez les deux sexes. Les taux de mortalité attribuable au cancer étaient les plus faibles chez les femmes sud-asiatiques, suivies de près par les femmes de l’Amérique latine, centrale et du Sud. Dans l’ensemble, les hommes sud-asiatiques détenaient le taux le plus faible de mortalité attribuable au cancer.
La mortalité attribuable au cancer du sein était la plus élevée chez les Européennes et la plus faible chez les femmes de l’Amérique latine, centrale et du Sud (graphique 4). Les taux de mortalité attribuable aux cancers du poumon et colorectal étaient les plus élevés chez les femmes non autochtones de l’Amérique du Nord. Alors que les femmes sud-asiatiques détenaient les taux les plus faibles de cancer du poumon et de cancer colorectal, les hommes non autochtones de l’Amérique du Nord détenaient, pour leur part, les taux de mortalité les plus élevés pour ces deux types de cancer. Le taux de mortalité attribuable au cancer de la prostate était le plus élevé chez les hommes caribéens, soit 29,4 cas pour 100 000 personnes.
La répartition parmi les 10 types de cancers à l’origine du plus grand nombre de décès chez les hommes et chez les femmes variait selon l’origine ethnique (tableau 2). Chez les femmes, quatre types de cancers figuraient parmi les trois principales causes de mortalité attribuable au cancer selon l’origine ethnique, dont les proportions variaient de 36,1 % des décès attribuables au cancer chez les femmes sud-asiatiques à 53,3 % des décès attribuables au cancer chez les femmes non autochtones de l’Amérique du Nord. Les principales causes de mortalité attribuable au cancer chez les femmes variaient entre le cancer du poumon et des bronches et le cancer du sein. Le cancer colorectal figurait également parmi les trois principales causes de mortalité attribuable au cancer selon l’origine ethnique, tandis que le cancer des ovaires se situait près des trois principales causes de décès chez les femmes sud-asiatiques. Au total, 14 types de cancers figuraient parmi les 10 principales causes de mortalité attribuable au cancer selon l’origine ethnique, représentant de 71,9 % des décès attribuables au cancer chez les femmes sud-asiatiques à 78,1 % des décès attribuables au cancer chez les femmes de l’Asie centrale occidentale et du Moyen-Orient. Les 10 types de cancers à l’origine du plus grand nombre de décès concordaient entre les différents groupes ethniques; toutefois, le myélome multiple se taillait une place au classement chez les Africaines, les Caribéennes et les femmes de l’Amérique latine, centrale et du Sud. Le cancer du col de l’utérus figurait parmi les 10 types de cancer à l’origine du plus grand nombre de décès chez les Caribéennes, tandis que le cancer du foie y figurait chez les femmes asiatiques de l’Est, tout comme le cancer de la bouche chez les femmes sud-asiatiques.
Chez les hommes, cinq types de cancers figuraient parmi les trois principales causes de mortalité attribuable au cancer selon l’origine ethnique, dont les proportions variaient de 46,5 % des décès attribuables au cancer chez les hommes sud-asiatiques à 61,9 % des décès attribuables au cancer chez les Caribéens. Le cancer du poumon était à l’origine du plus grand nombre de décès attribuables au cancer, tandis que le cancer colorectal et le cancer de la prostate occupaient les deuxième et troisième rangs chez la plupart des groupes ethniques. Le cancer de l’estomac figurait parmi les trois types à l’origine du plus grand nombre de décès chez les hommes de l’Amérique latine, centrale et du Sud, tout comme le cancer du foie chez les hommes asiatiques de l’Est. Au total, 14 types de cancers figuraient parmi les 10 types de cancers à l’origine du plus grand nombre de décès selon l’origine ethnique, représentant de 71,5 % des décès attribuables au cancer chez les hommes sud-asiatiques à 79,7 % des décès attribuables au cancer chez les Caribéens. La plupart des 10 types de cancers à l’origine du plus grand nombre de décès concordaient entre les différentes origines ethniques : les cancers du rein et du bassinet du rein, les cancers du cerveau et du système nerveux central, le myélome multiple, le cancer de la bouche et le cancer du foie figuraient parmi les 10 principales causes de mortalité attribuable au cancer.
Analyses de sensibilité
Puisque l’origine ethnique et le statut d’immigrant sont souvent liés et qu’une corrélation a été démontrée entre ces éléments et les résultats en matière de santé, une analyse de sensibilité a été effectuée afin d’évaluer les écarts en ce qui concerne les taux de cancer selon les groupes ethniques et le statut d’immigrant. L’analyse stratifiée selon le statut d’immigrant et le sexe montre que les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer étaient généralement plus élevés chez les non-immigrants que chez les immigrants (graphique 5). Parmi les groupes ethniques comptant une plus grande proportion d’immigrants, notamment les personnes d’origine asiatique de l’Est, d’origine sud-asiatique, d’origine de l’Asie centrale occidentale et du Moyen-Orient, d’origine caribéenne, d’origine africaine et d’origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud, les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer étaient beaucoup plus élevés chez les non-immigrants que chez les immigrants. Les taux d’incidence étaient de 25 % à 30 % plus élevés chez les hommes et les femmes non immigrants d’origine africaine que chez leurs homologues immigrants. Chez les non-immigrants d’origine africaine, les taux de mortalité étaient supérieurs à ceux des immigrants d’origine africaine, de 86 % chez les hommes et de 49 % chez les femmes, respectivement. Chez les femmes non immigrantes d’origine caribéenne, le taux de mortalité attribuable au cancer était 53 % supérieur à celui des Caribéennes immigrantes. Chez les hommes et les femmes non immigrants d’origine asiatique de l’Est, les taux d’incidence du cancer étaient légèrement plus élevés et les taux de mortalité attribuable au cancer jusqu’à 38 % plus élevés que chez leurs homologues immigrants. Les taux de mortalité attribuable au cancer chez les non-immigrants d’origine européenne et d’origine non autochtone de l’Amérique du Nord étaient respectivement de 9 % à 20 % supérieurs à ceux de leurs homologues immigrants. Les taux d’incidence étaient respectivement de 14 % à 21 % plus élevés chez les hommes et les femmes non immigrants d’origine non autochtone de l’Amérique du Nord que chez leurs homologues immigrants. Chez les hommes non immigrants d’origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud, les taux d’incidence du cancer étaient 18 % supérieurs à ceux de leurs homologues immigrants, tandis que les taux de mortalité étaient pour leur part supérieurs de 34 % à 36 % respectivement chez les hommes et les femmes non immigrants d’origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud, comparativement à leurs homologues immigrants. En ce qui concerne les taux d’incidence du cancer chez les femmes et les hommes non immigrants d’origine sud-asiatique, ils étaient de 23 % à 64 % plus élevés que chez leurs homologues immigrants. Pour leur part, les taux de mortalité attribuable au cancer étaient respectivement de 1,4 à 1,6 fois plus élevés chez les femmes et les hommes non immigrants d’origine sud-asiatique que chez leurs homologues immigrants. Les taux d’incidence du cancer étaient de 26 % à 36 % plus élevés chez les femmes et les hommes non immigrants d’origine de l’Asie centrale occidentale et du Moyen-Orient que chez leurs homologues immigrants, tandis que les taux de mortalité attribuable au cancer étaient de 77 % à 83 % plus élevés. Les hommes et les femmes non-immigrants d’origine sud-asiatique n’affichaient plus les taux le plus faibles d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer. Les femmes non immigrantes d’origine sud-asiatique et les hommes non immigrants d’origine africaine présentaient plutôt les taux les plus élevés de mortalité attribuable au cancer chez les femmes et les hommes.
Discussion
À la connaissance des auteurs, il s’agit de la première étude canadienne faisant état de la variabilité ethnique dans l’incidence du cancer et la mortalité attribuable au cancer. Il est essentiel de désagréger les taux de cancer dans la population canadienne pour comprendre les différences au sein de la population diversifiée du Canada et organiser les efforts de prévention, de diagnostic et de traitement.
Les Européens présentaient les taux d’incidence du cancer les plus élevés et les non-Autochtones de l’Amérique du Nord, les taux de mortalité attribuable au cancer les plus élevés. Certains cancers, comme le cancer de l’estomac, étaient plus répandus chez les groupes d’origine asiatique de l’Est, d’origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud, d’origine africaine et d’origine caribéenne. Au sein des groupes d’origine asiatique de l’Est, d’origine sud-asiatique, d’origine de l’Asie centrale occidentale et du Moyen-Orient, d’origine caribéenne, d’origine africaine et d’origine de l’Amérique latine, centrale et du Sud, les taux de cancer étaient beaucoup plus élevés chez les non-immigrants que chez leurs homologues immigrants. Par exemple, les Africains non immigrants présentaient les taux d’incidence du cancer les plus élevés chez les hommes, tandis que les Sud-Asiatiques non immigrantes affichaient, chez les femmes, les taux de mortalité attribuable au cancer les plus élevés. L’étude a révélé que les taux de cancer variaient selon l’origine ethnique, que certains cancers sont plus répandus au sein de certains groupes et que les taux sont plus élevés chez les non-immigrants que chez les immigrants.
Les Européens et les non-Autochtones de l’Amérique du Nord observaient les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer les plus élevés, ce qui reflète probablement leur exposition accrue aux principaux facteurs de risque de cancer, notamment l’usage du tabac, l’obésité et la consommation d’alcool. Les Européens et les non-Autochtones de l’Amérique du Nord sont les groupes comptant la plus forte proportion de Canadiens de deuxième et de troisième génération; les études qui traitent des « Canadiens nés au Canada » portent probablement sur ce groupeNote 44. Parmi tous les groupes ethniques, ce sont les Canadiens nés au Canada qui fumaient en moyenne le plus grand nombre de cigarettes par jourNote 24. Chez les Canadiens de race blanche, les prévalences d’obésité et de surcharge pondérale sont également les plus élevées, soit 17 % et 52 % respectivementNote 27. De plus, les Européens et les Canadiens de race blanche affichaient les taux les plus élevés de consommation d’alcool à long terme, actuelle et à risque et en consommaient plus que les autres groupes ethniquesNote 31Note 32.
Les taux d’incidence plus faibles de cancer du sein chez les femmes sud-asiatiques observés lors de la présente étude pourraient s’expliquer par une autre étude qui a révélé que les femmes sud-asiatiques étaient moins susceptibles de se soumettre à un dépistage du cancer du sein comparativement à la population généraleNote 10. De plus, le taux de mortalité attribuable au cancer globalement plus élevé chez les femmes non immigrantes d’origine sud-asiatique pourrait s’expliquer par le fait qu’il soit plus probable qu’elles reçoivent un diagnostic de cancer du sein à un stade plus avancé, comparativement à la population généraleNote 10Note 11. Une autre étude a également révélé que les femmes asiatiques âgées de 50 à 69 ans étaient moins susceptibles d’avoir subi une mammographie que les Nord-AméricainesNote 12Note 13. D’autres études sont nécessaires pour déterminer les facteurs sous-jacents qui contribuent aux variations mentionnées, puisque les données probantes demeurent mitigées en ce qui concerne les plus faibles taux d’utilisation des services de cancérologie, d’achèvement des traitements et de suiviNote 12Note 13.
Les taux plus élevés d’incidence du cancer de la prostate et de mortalité attribuable au cancer de la prostate observés lors de la présente étude chez les hommes caribéens et africains sont semblables à ceux observés aux États-Unis, où les hommes noirs sont deux fois plus susceptibles que les hommes blancs de mourir d’un cancer de la prostateNote 1Note 14. D’autres études ont également signalé des taux plus élevés de cancer de la prostate chez les hommes africainsNote 8Note 15Note 16. La présente étude a également révélé que le taux de mortalité attribuable au cancer était globalement plus élevé chez les hommes non immigrants d’origine africaine, suivis de près par les hommes non immigrants d’origine non autochtone de l’Amérique du Nord. De futures études devront permettre d’examiner les facteurs sociodémographiques et comportementaux ainsi que l’accès aux soins et sur d’autres facteurs qui contribuent à accroître les taux de mortalité.
Dans le cadre de la présente étude, les taux de cancer étaient systématiquement moins élevés chez les Asiatiques de l’Est, mais cela n’était pas le cas au sein de la population non immigrante d’origine sud-asiatique. Des taux de cancer plus faibles chez les Asiatiques de l’Est ont également été rapportés dans d’autres paysNote 1. Toutefois, une étude antérieure menée en Écosse a révélé que les taux de cancer étaient globalement inférieurs chez les Sud-Asiatiques comparativement à la population généraleNote 6, ce qui peut être attribuable à un effet de l’immigrant en bonne santé chez les Écossais d’origine sud-asiatique. L’effet de l’immigrant en bonne santé observé dans le cadre de la présente étude peut également expliquer les faibles taux de cancer dans la population sud-asiatique.
Les variations entre les principaux types de cancers et les principales causes de décès attribuable au cancer en fonction de l’origine ethnique sont semblables à celles observées dans le cadre d’autres études et rendent probablement compte des différences sous-jacentes relatives aux risques de base, aux périodes de transition sociale et économique et aux différences interculturellesNote 1Note 2. Des différences interculturelles en matière d’alimentation, d’usage du tabac d’obésité, de comportement et de mode de vie, ainsi que dans les facteurs socioéconomiques, ont été signalées selon l’origine ethnique, ce qui se répercute de façon importante sur les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancerNote 17Note 18Note 19Note 20Note 21Note 22Note 23.
Dans la présente étude, les taux moins élevés d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer chez les immigrants reflètent l’effet de l’immigrant en bonne santé. Lorsque les non-immigrants ont été comparés aux immigrants de la même origine ethnique, les immigrants perdaient leur avantage en matière de survie, et celui-ci pourrait avoir disparu à mesure qu’augmentait le temps passé dans le pays d’accueilNote 36. L’étude a également révélé que les taux d’incidence du cancer sont en général plus faibles chez les immigrants que chez les non-immigrants de la même origine ethnique. Cela traduit probablement une combinaison de l’effet de l’immigrant en bonne santé et du fait que les immigrants récents sont moins susceptibles que les non-immigrants de recevoir un diagnostic de cancer quelconque ou d’un des types de cancers les plus courantsNote 37.
La présente étude comporte néanmoins des limites. D’abord, il n’a pas été possible de comparer directement les différents groupes ethniques, en raison des catégories mutuellement inclusives. Ensuite, l’étude visait à estimer les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer selon l’origine ethnique, ainsi qu’à caractériser les différences entre les taux de cancer selon l’origine ethnique. Enfin, les taux globaux de cancer illustrent ce qui se produit dans de grands groupes de personnes et donnent un aperçu du fardeau du cancer pour ce groupe à un moment précis.
De futurs travaux de recherche devront être axés sur les comparaisons directes entre les origines ethniques et sur une étude plus minutieuse des facteurs qui contribuent aux variations observées dans les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer. Elles devront également porter sur les écarts entre les groupes ethniques et analyser d’autres différences au sein de chacune des origines ethniques. Les données sur l’incidence des cas de cancer au Québec n’étaient pas disponibles à partir de 2010 et celles sur les personnes vivant dans des établissements institutionnels n’étaient pas incluses dans les données de la CSERCan. Ces facteurs rendent les résultats de l’étude moins généralisables à l’ensemble du Canada. Néanmoins, des poids d’échantillonnage ont été utilisés lors de l’analyse afin de créer des estimations qui devraient être généralisables à la population ne résidant pas dans un établissement institutionnel.
On a constaté une sous-estimation des taux de mortalité dans la CSERCan comparativement aux taux de mortalité tirés des tableaux officiels pour l’ensemble de la population canadienneNote 42. Les taux de mortalité infantile et ceux des groupes plus âgés (80 ans et plus) avaient tendance à être sous-estimés, tandis que les taux des autres groupes d’âge (de 1 an à 69 ans) étaient semblables. Cela indique que les résultats de la présente étude pourraient constituer des estimations prudentes des taux réels d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer.
Conclusion
Il s’agit de la première étude canadienne qui traite de la répartition des taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer selon l’origine ethnique à l’échelle du pays à partir d’un ensemble de données couplées du recensement fondé sur une population de plus de 5 millions de répondants. Les taux d’incidence du cancer et de mortalité attribuable au cancer variaient considérablement entre les différentes origines ethniques. Ces écarts rendent probablement compte des différences entre les facteurs de risque de cancer, le recours aux tests de dépistage et d’autres interventions préventives et curatives. Les données fondées sur la population quant à l’incidence du cancer et la mortalité attribuable au cancer peuvent être utilisées pour orienter les efforts visant à réduire le fardeau du cancer chez différents groupes ethniques et pour suivre les progrès réalisés dans l’amélioration des résultats en matière de santé.
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