Résumé

Contexte

Les chercheurs, les décideurs et les urbanistes ont besoin d’outils pour mieux comprendre la relation complexe entre l’embourgeoisement et la santé. L’outil GENUINE (GENtrification, Urban INterventions and Equity; c’est-à-dire embourgeoisement, interventions urbaines et équité) est un outil cartographique librement accessible qui permet aux utilisateurs d’explorer des mesures d’embourgeoisement dans les villes canadiennes et de les intégrer à leurs travaux.

Données et méthodes

Le phénomène d’embourgeoisement se manifeste différemment selon les villes. L’outil GENUINE a été conçu pour comprendre quatre mesures distinctes de l’embourgeoisement utilisées aux États-Unis et au Canada qui sont fondées sur diverses combinaisons de variations d’indicateurs du recensement liés au revenu, au logement, à la profession, au niveau de scolarité et à l’âge. Les mesures ont été calculées pour tous les secteurs de recensement des 36 régions métropolitaines de recensement canadiennes afin de cerner les zones où un embourgeoisement était possible en 2006 et celles ayant fait l’objet d’un embourgeoisement entre 2006 et 2016.

Résultats

Selon la mesure utilisée, en 2016, de 2 % à 20 % des secteurs de recensement avaient fait l’objet d’un embourgeoisement; c’est-à-dire qu’entre 2 % (418 065 personnes) et 17 % (4 266 434 personnes) de la population canadienne vivait dans des zones embourgeoisées. En général, les régions métropolitaines comptant une population supérieure à 1 million d’habitants enregistraient une proportion plus élevée de la population vivant dans des zones embourgeoisées (de 2 % à 18 %) par rapport aux régions métropolitaines comptant moins de 250 000 habitants (de 1 % à 14 %).

Interprétation

En portant uniquement attention aux villes en santé en essor, l’outil GENUINE permet de fournir des indicateurs d’embourgeoisement pancanadiens, qui peuvent faire partie intégrante de recherches axées sur les solutions et aider les villes à concevoir des collectivités saines et équitables.

Mots clés

changement urbain, embourgeoisement, équité, logement, mesure, quartier, revenu

DOI : https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202100500002-fra

Résultats

La rénovation urbaine offre un immense potentiel d’amélioration de la santé de la population dans les villes, mais elle peut également entraîner des conséquences involontaires dans le domaine de l’équité en santé. Les inégalités en matière de santé peuvent être renforcées par un manque d’investissements dans des quartiers défavorisés ainsi que par des processus d’embourgeoisement inattendus. L’embourgeoisement est un processus au niveau de la zone dans le cadre duquel des quartiers anciennement en déclin et manquant de ressources reçoivent de nouveaux investissements et une immigration interne de nouveaux résidents de plus en plus aisés. La transformation des environnements physiques, sociaux et économiques des quartiers du fait du processus d’embourgeoisement peut entraîner une multitude de conséquences. Au Canada, les causes et les conséquences de l’embourgeoisement ont été examinées dans le cadre d’études ayant souligné les bénéficiaires et les victimes de tels changements au sein des quartiers. Dans les villes canadiennes, un signe d’embourgeoisement peut être des changements particuliers de l’environnement bâti, comme un meilleur accès aux réseaux de transports rapides ainsi que des parcs et des espaces verts, associés aux zones faisant l’objet d’un embourgeoisement. Ce dernier influe sur le tissu social des quartiers par le biais d’une diminution de la mixité sociale, de la diversité ethnique et de la concentration d’immigrants, ainsi que par l’augmentation des évictions de logements. Cependant, une efficacité collective accrue peut également en résulter. Les décideurs, les urbanistes et les chercheurs ont besoin de données et d’outils cohérents et fiables, afin de documenter l’embourgeoisement et de contribuer à la conception de villes en santé. [Article complet]

Auteurs

Caislin L. Firth (caislin_leah_firth@sfu.ca) travaille à l’Université Simon-Fraser, à Burnaby, en Colombie-Britannique. Benoit Thierry (benoit.thierry@crchum.qc.ca) travaille à l’Université de Montréal, Centre de recherche du CHUM, Pavillon S, à Montréal, au Québec. Daniel Fuller (dfuller@mun.ca) travaille à l’Université Memorial de Terre-Neuve, à St. John’s, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Meghan Winters (mwinters@sfu.ca) travaille à l’Université Simon-Fraser, à Burnaby, en Colombie-Britannique. Yan Kestens (yan.kestens@umontreal.ca) travaille à l’Université de Montréal, Centre de recherche du CHUM, Pavillon S, à Montréal, au Québec.

Remerciements

Les auteurs aimeraient remercier Margaret de Groh, Ph. D., et l’Agence de la santé publique du Canada pour leur soutien à l’élaboration de l’outil GENUINE et à la révision de ce texte.

Financement

Tous les auteurs ont été soutenus par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) dans le cadre de la bourse INTERACT (INTErventions, Research and Action in Cities Team; numéro IP2-1507071C) et Sustainable Healthy Cities: The Interplay between Urban Interventions, Gentrification, and Population Health (numéro PJT-165955). Ce contenu est sous la responsabilité exclusive des auteurs et ne représente pas nécessairement les opinions officielles des IRSC. Meghan Winters a été soutenue par une bourse de la Fondation Michael Smith pour la recherche en santé. Daniel Fuller a été soutenu par une chaire de recherche du Canada en activité physique de la population. Yan Kestens a été soutenu par une chaire en santé publique appliquée des IRSC en interventions urbaines et santé des populations.

Début de l'encadré

 

 

Ce que l'on sait déjà sur le sujet?

  • L’embourgeoisement transforme les environnements physiques, sociaux et économiques des quartiers et peut entraîner des effets bénéfiques pour certains résidents et néfastes pour d’autres.
  • Pour l’instant, la plupart des mesures de l’embourgeoisement et des études des répercussions sur la santé ne se sont pas concentrées sur les villes canadiennes.
  • Les villes canadiennes ont besoin de mesures de l’embourgeoisement quantitatives pouvant être reproduites au fil du temps afin de faciliter les comparaisons entre les villes.

Ce qu'apporte l'étude?

  • L’outil GENUINE (embourgeoisement, interventions urbaines et équité) est un outil cartographique librement accessible pour les régions métropolitaines de recensement canadiennes.
  • En fonction de la mesure utilisée, entre 2 % (418 065 personnes) et 17 % (4 266 434 personnes) de la population canadienne vivaient dans des zones embourgeoisées en 2016.
  • L’outil GENUINE évoluera à mesure du suivi longitudinal de l’embourgeoisement lors du recensement à venir et de l’ajout d’indicateurs complémentaires; cela pourrait contribuer à cerner des processus liés à l’embourgeoisement, ainsi que des causes et conséquences possibles.

Fin de l'encadré

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