Résumé

Contexte

L’insécurité alimentaire a été associée à des effets indésirables sur la santé mentale. Cette étude a permis d’évaluer le lien entre l’insécurité alimentaire des ménages et l’autoévaluation de l’état de santé mentale et les symptômes d’anxiété des Canadiens au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19.

Données et méthodes

La Série d’enquêtes sur les perspectives canadiennes 2 a permis de recueillir des données transversales, du 4 au 10 mai 2020, sur les Canadiens âgés de 15 ans et plus vivant dans les 10 provinces. Le bref module d’enquête sur la sécurité alimentaire des ménages comportant six questions a servi à déterminer si les ménages des participants étaient en situation de sécurité alimentaire ou s’ils étaient en situation d’insécurité alimentaire marginale, modérée ou grave au cours des 30 jours précédents. Une régression logistique a été utilisée pour évaluer les liens entre la situation de sécurité alimentaire et l’autoévaluation de la santé mentale comme passable ou mauvaise et les symptômes d’anxiété modérés ou graves, en tenant compte de covariables sociodémographiques.

Résultats

Environ 1 Canadien sur 7 (14,6 %) vivait dans un ménage connaissant une certaine situation d’insécurité alimentaire. De ce nombre, 9,3 % des personnes ont déclaré avoir récemment obtenu des aliments gratuits d’un organisme communautaire. Environ 1 Canadien sur 5 a fait état que sa santé mentale était passable ou mauvaise (22,0 %), ou a mentionné des symptômes d’anxiété modérés ou graves (18,2 %). Lorsque les covariables étaient corrigées, les personnes d’un ménage en situation d’insécurité alimentaire modérée affichaient une cote presque trois fois supérieure quand venait le temps de faire état d’une santé mentale passable ou mauvaise et de symptômes d’anxiété modérés ou graves par rapport aux personnes vivant dans un ménage en situation de sécurité alimentaire. Parmi les personnes connaissant une situation d’insécurité alimentaire grave, les rapports de cotes corrigés étaient de 4,0 (intervalle de confiance [IC] à 95 % : 2,0 à 7,9) pour la santé mentale passable ou mauvaise, et de 7,6 (IC à 95 % : 3,9 à 14,7) pour les symptômes d’anxiété modérés ou graves.

Interprétation

Au début de l’épidémie de COVID-19 au Canada, l’insécurité alimentaire des ménages était associée, de manière indépendante, à de moins bons résultats en matière de santé mentale. Il sera important de surveiller l’insécurité alimentaire et la santé mentale pendant que la pandémie de COVID-19 continue.

Mots-clés

sécurité alimentaire, santé mentale autoévaluée, GAD-7, répercussions financières de la COVID-19, SRAS-CoV-2, pandémie, autoévaluation

DOI : https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202001200001-fra

Résultats

Par insécurité alimentaire, on renvoie à l’incapacité d’avoir accès à une quantité ou à une variété suffisantes d’aliments en raison de contraintes financières. Il s’agit d’un marqueur établi de la privation matérielle au Canada. En fonction des données nationales accessibles les plus récentes, 8,8 % ou 1,2 million de ménages ont connu une situation d’insécurité alimentaire en 2017-2018. Certains groupes de la population sont plus susceptibles de connaître une situation d’insécurité alimentaire, comme les ménages ne comptant qu’un seul parent, les personnes qui comptent sur l’aide du gouvernement comme source principale de revenu, ainsi que les personnes qui louent leur résidence. [Article complet]

Auteures

Jane Y. Polsky (jane.polsky@canada.ca) et Heather Gilmour (heather.gilmour@canada.ca) travaillent au sein de la Division de l’analyse de la santé de Statistique Canada, à Ottawa, en Ontario.

Début de l'encadré

 

Ce que l'on sait déjà sur le sujet?

  • L’insécurité alimentaire attribuable au revenu a été associée à une qualité inférieure du régime alimentaire et à différents problèmes de santé physique et mentale.
  • Peu d’études ont examiné l’insécurité alimentaire dans le contexte d’événements stressants.
  • Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, l’expérience déjà stressante qu’est l’insécurité alimentaire peut être aggravée par l’isolement social imposé et les soucis relatifs à de nouveaux risques pour la santé et à l’insécurité financière.

Ce qu'apporte l'étude?

  • Il s’agit de la première étude qui examine le lien entre l’insécurité alimentaire des ménages et l’autoévaluation de la santé mentale et les symptômes d’anxiété des Canadiens dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
  • Par rapport aux personnes vivant dans un ménage en situation de sécurité alimentaire, les Canadiens vivant dans un ménage qui a connu une situation d’insécurité alimentaire attribuable au revenu au cours des 30 jours précédents étaient beaucoup plus susceptibles de faire état d’une santé mentale passable ou mauvaise et de symptômes d’anxiété modérés ou graves au début de la pandémie.
  • Dans l’ensemble, on évalue que 1,7 % des Canadiens ont déclaré que leur ménage avait récemment obtenu des aliments ou des repas gratuits d’un organisme communautaire. Le pourcentage correspondant était de 9,3 % chez les personnes vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire.

Fin de l'encadré

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