Rapports sur la santé
Valeurs de référence pour la force de préhension des Canadiens de 6 à 79 ans : Enquête canadienne sur les mesures de la santé, 2007 à 2013

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par Suzy L. Wong

Date de diffusion : le 19 octobre 2016

La force de préhension est une mesure simple, rapide et fiable de la force maximale volontaire de la mainNote 1Note 2. Elle sert à évaluer les blessures aux mainsNote 2 et constitue un indicateur de la force musculaire globale, de l’état nutritionnel, de la masse musculaire et de la distance de marcheNote 1. La force de préhension est aussi un marqueur de l’hypertension et du diabète de type 2Note 3 et un facteur de prédiction de mortalité toutes causes confondues ainsi que par maladie cardiovasculaire ou non cardiovasculaire, de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébralNote 4, d’incapacité et de complications chirurgicalesNote 5.

À partir de données normatives, il est possible d’évaluer la force de préhension d’une personne en particulier par rapport à une population de référence. Des normes en matière de force de préhension, ou valeurs de référence, ont été établies pour évaluer les blessures à la main, fixer des objectifs de traitement, évaluer les résultats des traitements chirurgicaux et déterminer la capacité d’un patient à retourner au travailNote 6. Il existe des normes distinctes pour chaque main – gauche et droite, ou dominante et non dominante. Plus récemment, à mesure que l’intérêt porté à la force de préhension s’est étendu au-delà de l’évaluation de la fonction de la main pour toucher aussi l’évaluation de la force musculaire globale, de l’état nutritionnel et de l’invaliditéNote 1Note 5, les normes ont été définies comme correspondant à la force de préhension maximale mesurée dans l’une des deux mainsNote 1.

Les normes relatives à la force de préhension sont stratifiées en fonction de l’âge et du sexe. La taille et le poids peuvent aussi être pris en compte afin d’établir des normes plus précisesNote 1. En règle générale, la population de référence est en santé, bien que des normes aient été publiées pour des populations particulières, comme les adultes plus âgés atteints d’un problème de santé chroniqueNote 7.

De nombreuses études ont établi des normes pour la force de préhension, mais certaines étaient fondées sur des échantillons de petite taille ou non représentatifs à l’échelle nationaleNote 1. En outre, la plupart des études étaient axées sur les adultes, particulièrement les adultes plus âgés. Relativement peu d’études ont porté sur les enfants, les adolescents et les jeunes adultesNote 1.

Les variations nationales en matière de force de préhension indiquent que les normes établies pour un pays ne s’appliquent pas à d’autres paysNote 2. Au Canada, la force de préhension des personnes de 15 à 69 ans a été interprétée selon les normes du Guide du conseiller en condition physique et habitudes de vie (Guide du conseiller CPHV) en matière d’aptitudes musculosquelettiques, en vertu desquelles les valeurs de la force de préhension totale se divisent en cinq catégories d’évaluation des avantages pour la santé allant de « Excellent » à « Amélioration nécessaire »Note 8. Toutefois, les méthodes et la population de référence utilisées pour dériver les normes de ce guide ne sont pas documentées. En outre, l’utilisation de la force de préhension totale (somme de la force de préhension de la main droite et de celle de la main gauche) ne correspond pas aux autres normes et ne permet pas de faire des comparaisons avec les études antérieures.

La présente analyse avait pour but d’élaborer, à partir des données de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé pour la période allant de 2007 à 2013, des équations de référence pour évaluer la force de préhension maximale de la main droite et de la main gauche des Canadiens de 6 à 79 ans, d’après une population en santé représentative à l’échelle nationale. Ces équations peuvent servir à déterminer les valeurs de référence aux fins d’évaluation de la force de préhension d’une personne en particulier.

Données et méthodes

Enquête canadienne sur les mesures de la santé

Les données sont tirées des trois premiers cycles de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), une enquête permanente menée par Statistique Canada en partenariat avec l’Agence de la santé publique du Canada et Santé Canada. L’ECMS fournit des mesures directes de la santé complètes à l’échelle nationale pour la population à domicile. Elle comprend une interview du ménage sur place et une visite subséquente à un centre d’examen mobile (CEM). L’interview auprès du ménage a pour objet de recueillir des données démographiques et socioéconomiques, ainsi que des renseignements détaillés sur la santé, la nutrition et le mode de vie. La visite au CEM sert à la prise de mesures physiques directes, y compris la force de préhension, la taille et le poids. L’ECMS a reçu l’approbation déontologique du Comité d’éthique de la recherche de Santé Canada.

Au cours du cycle 1, qui s’est déroulé de mars 2007 à février 2009, des renseignements ont été recueillis auprès de participants de 6 à 79 ans. D’août 2009 à novembre 2011 et de janvier 2012 à décembre 2013, les cycles 2 et 3, respectivement, ont permis de recueillir des données auprès de participants de 3 à 79 ans. En tout, 16 606 personnes ont participé à la composante du CEM de l’un des trois cycles. Après correction des données pour tenir compte de la stratégie d’échantillonnage, le taux de réponse final des participants de 6 à 79 ans a été de 52,9 %. Des précisions sur l’enquête sont fournies à l’adresse Internet suivante : http://www.statcan.gc.ca/ecms.

Mesure de la force de préhension

La force de préhension a été mesurée à l’aide d’un dynamomètre à main. Les participants n’étaient pas admissibles s’ils avaient moins de 6 ans ou étaient atteints d’un problème de santé grave ou chronique faisant en sorte que le test de mesure de la force de préhension n’était pas sûr pour eux ou aurait donné des résultats non fiables ou non représentatifs de leur force de préhension habituelle.

La force de préhension a été mesurée au kilogramme (kg) près deux fois dans chaque main (en alternance) au moyen d’un dynamomètre à main Smedley III (Takei Scientific Instruments, Japon). La procédure de test était fondée sur le Guide du conseiller en condition physique et habitudes de vie (Guide du conseiller CPHV) (3e édition)Note 8. Les participants ont effectué le test debout, les pieds légèrement écartés, en tenant le dynamomètre à la hauteur de la cuisse en ayant le bras tendu et éloigné du corps. On leur a demandé de serrer le dynamomètre le plus fort possible, en expirant. Les valeurs les plus élevées obtenues pour chaque main ont été retenues pour l’évaluation de la force de préhension de la main droite et de la main gauche. La force de préhension maximale correspondait à la valeur la plus élevée obtenue pour n’importe laquelle des deux mains, qui est moins susceptible qu’une moyenne d’être influencée par le nombre d’essaisNote 9.

Autres mesures

L’âge correspond à l’âge autodéclaré à la visite au CEM. La taille a été mesurée au centième de centimètre près au moyen d’un stadiomètre numérique ProScale M150 (Accurate Technology Inc., Fletcher, États-Unis). Le poids a été mesuré au centième de kilogramme (kg) près au moyen d’une balance Mettler Toledo VLC, avec terminal Panther Plus (Mettler Toledo Canada, Mississauga, Canada). L’indice de masse corporelle (IMC) a été mesuré en kilogrammes par mètre carré.

Analyse statistique

Initialement, 16 572 participants étaient admissibles au test de mesure de la force de préhension. Les participants ont été exclus de l’analyse statistique s’ils avaient 80 ans au moment de la visite au CEM (n = 2); si les résultats du test de force de préhension correspondaient à une observation aberrante à l’inspection visuelle des nuages de points (n = 8); si les résultats du test n’ont pas été obtenus pour les deux mains (n = 135). Selon des études antérieuresNote 3Note 7Note 10 et des analyses préliminaires, les personnes atteintes de certains problèmes chroniques ont une force de préhension significativement plus faible que celles de leurs pairs en santé. En conséquence, les participants ont été exclus s’ils étaient atteints d’asthme, de fibromyalgie, d’arthrite, d’hypertension (y compris s’ils avaient pris des médicaments contre l’hypertension au cours du mois précédent), de bronchite chronique, d’emphysème, de la maladie pulmonaire obstructive chronique, de diabète de type 2 ou d’une maladie cardiaque; s’ils avaient déjà eu une crise cardiaque; s’ils avaient le cancer ou étaient en rémission d’un cancer; s’ils avaient des séquelles d’un accident vasculaire cérébral; s’ils marchaient généralement avec difficulté et de l’aide mécanique; s’ils n’étaient pas en mesure de prendre et de manipuler de petits objets (n = 5 319). L’échantillon final comptait donc 11 108 personnes (5 438 hommes et 5 670 femmes).

Toutes les analyses étaient fondées sur des données pondérées à l’aide des poids d’échantillon de l’ECMS pour les cycles 1, 2 et 3 combinésNote 11. Les statistiques descriptives ont été calculées à l’aide de la version 9.3 de SAS et de la version 11 de SUDAAN. Les erreurs types, les coefficients de variation et les intervalles de confiance de 95 % ont été estimés par la méthode du bootstrapNote 12Note 13. Le nombre de degrés de liberté a été fixé à 35 pour tenir compte du plan de sondage de l’ECMSNote 11.

Une régression quantile a été utilisée pour dériver les équations de référence pour les 5e, 10e, 25e, 50e, 75e, 90e et 95e centiles de la force de préhension maximale, de la main droite et de la main gauche pour les hommes et les femmes de 6 à 79 ans. La régression quantile permet d’estimer la médiane conditionnelle et les autres centiles, plutôt que la moyenne conditionnelleNote 14, et produit des estimations comparables à celles de la méthode des moindres carrés lorsqu’on l’utilise pour établir des courbes de croissanceNote 15. La régression quantile présente l’avantage de ne pas dépendre d’hypothèses concernant les distributions, comme une distribution normale, et est donc robuste à l’égard des valeurs aberrantes et de l’asymétrieNote 15. Des modèles de régression polynomiale faisant appel à différentes combinaisons de puissances entières de l’âge, de la taille et du poids ont été évalués à l’aide de tests de Wald, de la somme des carrés des résidus, d’une représentation graphique des valeurs prédites et d’une comparaison des valeurs prédites et des valeurs observées des centiles.

D’après les résultats de ces analyses préliminaires, la force de préhension a été modélisée en fonction de l’âge, de l’âge au carré, de la taille, de la taille au carré et du poids pour les hommes, et en fonction de l’âge, de l’âge au carré, de la taille au carré et du poids pour les femmes. Une régression quantile a été effectuée à l’aide de la procédure QUANTREG dans la version 9.3 de SAS selon une méthode d’estimation des intervalles de confiance par rééchantillonnage à 500 répétitions.

Pour déterminer l’ajustement du modèle, des graphiques ont été dessinés à partir de trois ensembles de valeurs du 50e centile de la force de préhension maximale à chaque âge. Un des ensembles de valeurs faisait appel à une extension des courbes de croissance de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) adaptées pour le CanadaNote 16 pour déterminer la taille et le poids médians selon l’âge et le sexe pour les 6 à 19 ans; pour les 20 à 79 ans, la taille et le poids médians ont été présumés constants. Ces valeurs pour la taille et le poids ont ensuite été utilisées dans les équations de référence pour obtenir des valeurs de la force de préhension (valeurs prédites de l’OMS). Un autre ensemble de valeurs a été obtenu en calculant la taille et le poids médians, selon l’âge et le sexe, de la population à l’étude et en les utilisant dans les équations de référence pour obtenir des valeurs de la force de préhension (valeurs prédites de l’ECMS). Le dernier ensemble de valeurs a été obtenu en calculant la force de préhension maximale médiane de la population à l’étude (valeurs observées). Les trois ensembles de valeurs ont ensuite été représentés graphiquement en fonction de l’âge.

Pour comparer la force de préhension maximale, la force de la main droite et la force de la main gauche, les valeurs du 50e centile ont été calculées à l’aide des valeurs des courbes de croissance de l’OMSNote 16 pour la taille et le poids médians selon l’âge et le sexe pour les 6 à 19 ans; la taille et le poids médians ont été présumés constants pour les personnes de 20 à 79 ans. Les valeurs de la force de préhension maximale et de la force de la main droite et de la main gauche ont été représentées graphiquement en fonction de l’âge.

Si la précision n’est pas essentielle et que la facilité d’utilisation est importante, un tableau des valeurs de référence pourrait être plus utile que le calcul de valeurs propres à chaque personne à l’aide des équations de référence. En conséquence, les valeurs de référence des 5e, 10e, 25e, 50e, 75e, 90e et 95e centiles de la force de préhension maximale ont été calculées à l’aide des valeurs des courbes de croissance de l’OMSNote 16 pour la taille et le poids médians selon l’âge et le sexe pour les 6 à 19 ans; la taille et le poids médians ont été présumés constants pour les personnes de 20 à 79 ans. Des valeurs de référence ont été calculées pour chaque âge pour les personnes de 6 à 19 ans, et par groupes d’âge de cinq ans pour les personnes de 20 à 79 ans.

Pour comparer les valeurs de référence de la présente étude à celles d’autres pays, les valeurs du 50e centile de la force de préhension maximale ont été fixées en fonction des courbes de croissance de l’OMSNote 16 de la façon décrite ci-dessus. Même si un grand nombre d’études ont produit des valeurs de référence pour les autres pays, seulement quatre ont été retenues aux fins de comparaisonNote 17Note 18Note 19Note 20, en fonction de la taille de l’échantillon, d’une grande fourchette d’âge, du caractère représentatif, de la mesure de la force de préhension en kilogrammes ou en livres, et de la date de publication. Toutes les études retenues ont été faites dans des pays différents. Dans le cas des études présentant des valeurs de référence pour la main droite et la main gauche, les valeurs pour la main droite ont été retenues aux fins de comparaison. Dans le cas des études présentant des valeurs de référence selon le groupe d’âge, l’âge du milieu de la fourchette a été retenu comme point de données. Les valeurs ont ensuite été représentées graphiquement en fonction de l’âge.

Résultats

L’âge moyen de la population étudiée était de 35,1 ans (IC de 95 % : 34,6 à 35,6) pour les hommes et de 36,0 ans (IC de 95 % : 35,5 à 36,6) pour les femmes. L’IMC moyen s’établissait à 25,7 (IC de 95 % : 25,4 à 26,0) pour les hommes et à 26,0 (IC de 95 % : 25,5 à 26,5) pour les femmes. La force de préhension maximale des hommes était significativement supérieure à celle des femmes : 42,8 kg contre 26,2 kg (tableau 1).

Les coefficients des équations de référence des 5e, 10e, 25e, 50e, 75e, 90e et 95e centiles de la force de préhension maximale, de la main droite et de la main gauche sont présentés au tableau 2. Les valeurs de référence fondées sur ces équations sont présentées selon l’âge au tableau 3. Une comparaison des valeurs de référence fondée sur les valeurs prédites à l’aide des courbes de croissance de l’OMSNote 16 et des valeurs médianes de la force de préhension maximale observées dans la population étudiée dans l’ECMS est illustrée à la figure 1.

La force de préhension augmentait de l’enfance à l’adolescence, pour atteindre un sommet entre 35 et 45 ans chez les hommes et entre 30 et 50 ans chez les femmes avant de diminuer. Les différences dans la force de préhension des hommes et des femmes étaient plus faibles durant l’enfance qu’à l’adolescence et à l’âge adulte.

Les valeurs prédites de la force de préhension maximale et de la force de préhension de la main droite et de la main gauche pour le 50e centile ont été comparées (figure 2). Chez les femmes, la main droite tend à être plus forte; chez les hommes, cette tendance était moins marquée. Chez les enfants, la force était comparable dans la main droite et dans la main gauche.

Les valeurs prédites par l’OMS pour le 50e centile de la force de préhension maximale ont été comparées aux résultats obtenus dans quatre autres paysNote 17Note 18Note 19Note 20 (figure 3). Les valeurs normales pour les hommes aux États-UnisNote 7 et en Grande-BretagneNote 18 augmentaient à partir de l’enfance pour atteindre un sommet autour de 30 ans, puis diminuaient. Les valeurs normales obtenues dans l’ECMS augmentaient plus rapidement durant l’adolescence, puis plus lentement par la suite pour atteindre un sommet autour de 40 ans. Les valeurs normales de l’ECMS étaient parmi les plus faibles pour les personnes de 20 à 30 ans, mais parmi les plus élevées pour les personnes de 40 ans ou plus. Les tendances chez les femmes étaient généralement comparables, sauf que les valeurs normales de l’ECMS n’augmentaient pas plus rapidement durant l’adolescence que les valeurs normales des autres étudesNote 17Note 18Note 19Note 20.

Discussion

À partir des données de l’ECMS pour 2007 à 2013, des équations de référence pour déterminer la force de préhension ont été élaborées pour les Canadiens de 6 à 79 ans. Ces équations peuvent servir à comparer la force de préhension mesurée d’une personne en particulier avec les valeurs prédites des 5e, 10e, 25e, 50e, 75e, 90e et 95e centiles de la force de préhension des personnes en santé du même groupe d’âge, du même sexe, de la même taille et du même poids. Contrairement aux valeurs de référence antérieures, les équations vont de l’enfance à l’âge adulte avancé et sont fondées sur un grand échantillon de personnes en santé représentatif à l’échelle nationale.

Les tendances des valeurs normales de la force de préhension au cours de la vie pour les hommes et les femmes correspondaient aux résultats d’autres étudesNote 2Note 17Note 18. Les hommes étaient plus forts que les femmes, bien que les écarts aient été plus faibles durant l’enfance qu’à l’adolescence et à l’âge adulte.

La relation avec l’âge était curvilinéaire. La force de préhension augmentait entre l’enfance et l’adolescence, atteignait un sommet à la moitié de la vie adulte, puis diminuait. L’âge auquel la force de préhension était la plus élevée variait d’une étude à l’autre. Les valeurs normales de l’ECMS les plus élevées pour les hommes s’observaient entre 40 et 44 ans, ce qui correspond à la fourchette de 20 à 49 ans obtenue par Massey-Westropp et coll.Note 19 mais constitue une tranche d’âge légèrement plus élevée que les âges de 30 ansNote 17, de 30 à 39 ansNote 20 et de 29 à 39 ansNote 18 obtenus dans d’autres études. Pour les femmes, les valeurs normales les plus élevées de l’ECMS étaient dans la fourchette de 30 à 49 ans, un résultat qui se compare à ceux d’autres études montrant un sommet entre 30 et 39 ansNote 19Note 20 et entre 26 et 42 ansNote 18, mais légèrement supérieur à la fourchette de 25 à 30 ans obtenue dans d’autres étudesNote 18.

Les valeurs prédites de l’OMS et celles de l’ECMS se rapprochaient des valeurs médianes observées pour la force de préhension maximale. Les valeurs étaient les plus semblables pour les enfants, et se ressemblaient généralement plus pour les femmes que pour les hommes. Les valeurs observées variaient plus d’un âge à l’autre pour les hommes que pour les femmes. Chez les adolescents de sexe masculin, les valeurs prédites de l’OMS étaient légèrement inférieures aux valeurs prédites et observées de l’ECMS. Cela porte à croire que la taille et le poids médians des adolescents en santé faisant l’objet de la présente étude dépassaient légèrement la taille et le poids médians des courbes de croissance de l’OMSNote 16. Pour les hommes, les valeurs prédites de l’OMS étaient un peu plus faibles que les valeurs observées pour les personnes de 20 à 40 ans et un peu plus élevées que les valeurs observées pour les personnes de 40 à 60 ans. Les valeurs prédites de l’OMS étaient aussi un peu plus élevées que les valeurs prédites de l’ECMS pour les personnes de 70 ans et plus. Ces différences peuvent être attribuables en partie à l’utilisation d’une valeur fixe pour la taille et le poids tout au long de l’âge adulte pour les valeurs prédites de l’OMS, et pourraient indiquer que la taille et le poids médians variaient selon l’âge chez les adultes étudiés. Toutefois, dans l’ensemble, les équations de référence correspondent relativement bien aux mesures de la force de préhension observées.

Les résultats de la comparaison entre les valeurs normales de la force de préhension maximale et de la force de préhension de la main droite et de la main gauche étaient conformes à ceux obtenus dans le cadre d’études antérieuresNote 21. Pour la grande majorité des personnes droitières, la main droite tend à être plus forte. En revanche, une proportion substantielle des personnes gauchères avaient une force de préhension plus élevée dans la main droite que dans la main gaucheNote 21. La différence dans la force des deux mains a tendance à être plus grande chez les personnes droitièresNote 22. Les hommes sont aussi légèrement plus susceptibles que les femmes d’être gauchersNote 23. En conséquence, on peut s’attendre à ce que les valeurs normales de la force de préhension maximale se rapprochent plus de la force de préhension de la main droite que de celle de la main gauche, en particulier chez les femmes.

Même s’il pourrait être plus exact de présenter les valeurs normales selon les deux mains et selon la main dominante, puisqu’environ 90 % des gens sont droitiersNote 24, les échantillons étaient généralement trop petits pour ce faireNote 19Note 25Note 26. En conséquence, les valeurs normales ont été publiées pour la main droite et la main gauche, ou pour la main dominante et la main non dominante, mais pas à la fois en fonction des côtés droit et gauche et de la dominance. Comme la main dominante n’a pas été déterminée dans le cadre de l’ECMS, les valeurs normales sont présentées selon les côtés gauche et droit. Si une main spécifique présente un intérêt particulier, par exemple pour évaluer le résultat d’une chirurgie à la main, des valeurs normales distinctes pour chaque main peuvent être utiles. Toutefois, dans la plupart des cas, l’utilisation des valeurs normales de la force de préhension maximale permet d’éliminer l’inexactitude associée aux valeurs normales présentées selon les côtés gauche et droit ou selon la main dominante.

Quand on a utilisé les données des courbes de croissance de l’OMSNote 16 dans l’équation de référence du 50e centile, les valeurs correspondaient aux valeurs normales obtenues dans d’autres étudesNote 17Note 18Note 19Note 20. Les différences pourraient être attribuables en partie au fait que les valeurs normales sont fondées sur des données pour les États-UnisNote 17, la Grande-BretagneNote 18, l’AustralieNote 19 et le BrésilNote 20. D’autres recherches antérieuresNote 2 ont déjà constaté des différences entre les valeurs normales de différents pays, ce qui soutient l’idée que les valeurs normales devraient être propres à chaque pays.

Les différences entre les valeurs normales pourraient aussi refléter la composition des échantillons étudiés. Dans la présente étude, les participants qui avaient une maladie chronique ou un autre problème susceptible d’influer sur la force de préhension ont été exclus. Au contraire, Peterson et KrishnanNote 17 et Dodds et coll.Note 18 n’ont pas exclu de participants pour obtenir un échantillon de personnes en santé. Massy-Westropp et coll.Note 19 et Schlussel et coll.Note 20 ont quant à eux exclu les personnes ayant certains problèmes de santé, comme une douleur ou de l’arthrose à la main, mais les critères d’exclusion n’étaient pas aussi rigoureux que ceux de la présente étude. La plus forte prévalence de problèmes chroniques comme les maladies cardiaques, le diabète de type 2 et la maladie pulmonaire obstructive chronique aux âges plus avancés pourrait expliquer pourquoi les valeurs prédites de l’OMS pour l’ECMS étaient plus élevées que pour les autres valeurs normales pour les personnes de 40 ans et plus.

La manière dont les valeurs normales ont été dérivées diffère également. Peterson et KrishnanNote 17 et Dodds et coll.Note 18 ont modélisé la force de préhension en fonction de l’âge, tandis que Massy-Westropp et coll.Note 19 et Schlussel et coll.Note 20 ont calculé la force de préhension moyenne à partir de la population échantillonnée. Les équations de référence de l’ECMS tiennent compte de l’âge, de la taille et du poids. Les valeurs médianes de la taille et du poids tirées des courbes de croissance de l’OMSNote 16 ont été utilisées pour prédire des valeurs à représenter graphiquement aux fins de comparaison avec d’autres valeurs normales. Les valeurs obtenues ne représentent donc pas le 50e centile de la totalité de la population canadienne, mais plutôt le 50e centile d’une population canadienne en santé ayant la taille et le poids médians des courbes de croissance de l’OMSNote 16. Les valeurs médianes de la force de préhension pour l’ensemble de la population canadienne varieraient dans la même mesure que la taille et le poids s’écartent des valeurs des courbes de croissance de l’OMS, et selon l’inclusion des personnes ayant une maladie chronique ou un autre problème influant sur la force de préhension.

La position dans laquelle la mesure est prise influe sur les résultats du test de force de préhension. L’American Society of Hand Therapists (ASHT) recommande de prendre la mesure en position assise, en tenant le coude plié à 90oNote 27. Dans le cadre de l’ECMS, toutefois, la force de préhension a été mesurée en vertu du protocole du Guide du conseiller CPHV, qui précise que le participant doit être debout et avoir le bras tendu. En position debout, il est possible d’exercer une force de préhension plus élevée qu’en position assise, mais les études concernant l’effet de l’angle du coude ne donnent pas de résultats concluantsNote 2. Bien que de nombreuses études aient adopté la position recommandée par l’ASHT, d’autres ne l’ont pas faitNote 2. La position de mesure utilisée dans l’ECMS correspond à celle qui a été utilisée dans le cadre d’enquêtes nationales antérieuresNote 17Note 28 et qui est recommandée par la Société canadienne de physiologie de l’exercice pour les évaluations de la condition physiqueNote 8.

Les équations de référence élaborées dans le cadre de la présente étude ne s’appliquent qu’aux personnes de 6 à 79 ans. Il s’agit d’une limite, particulièrement en raison de l’intérêt que présente la force de préhension des adultes plus âgés sur le plan clinique et pronostiqueNote 1Note 5. Pour dériver des équations de référence qui incluent les enfants de moins de 6 ans et les personnes de plus de 79 ans, il faudrait recueillir des données supplémentaires sur la force de préhension mesurée à l’aide d’un dynamomètre et d’un protocole similaire.

Des valeurs normatives permettent de comparer la force de préhension par rapport à une population de référence. La présente étude propose des équations et des valeurs de référence pour les 5e à 95e centiles, comme d’autres étudesNote 17Note 18. Le 5e centile a été proposé comme point de référence pour une force de préhension anormalement faibleNote 29. Toutefois, d’autres études sont nécessaires pour déterminer sa pertinence clinique et sa valeur aux fins de pronostic.

Mot de la fin

Les données de l’ECMS de 2007 à 2013 ont permis d’élaborer des équations de référence pour la force de préhension des Canadiens de 6 à 79 ans. Ces équations peuvent servir à comparer la force de préhension mesurée chez une personne en particulier à la force de préhension prédite d’une personne en santé du même âge, du même sexe, de la même taille et du même poids. Contrairement aux valeurs de référence antérieures, ces équations de référence sont fondées sur un grand échantillon de personnes de 6 à 79 ans représentatif à l’échelle nationale.

Références
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