Logement et santé des enfants inuits
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par Dafna E. Kohen, Evelyne Bougie et Anne Guèvremont
Les enfants inuits sont généralement en moins bonne santé que les autres enfants au Canada. Cette disparité a été associée à des facteurs socioéconomiques ainsi qu'à des caractéristiques du ménageNote 1,Note 2, y compris les conditions de logement.
L'incidence du milieu de vie physique et psychosocial sur la santé des enfants est reconnue depuis longtempsNote 3. Dans le milieu physique, les facteurs qui entrent en jeu comprennent les questions de sécurité (par exemple, le risque d'incendie) et l'exposition à des contaminants biologiques et chimiques (par exemple, à des substances toxiques comme la fumée de tabac et les moisissures). Le milieu psychosocial concerne le sentiment de sécurité, de contrôle et d'attachement (par exemple, l'accession à la propriété et la satisfaction à l'égard du logement).
La petite enfance est particulièrement importante pour l'étude des liens entre les conditions de logement et la santé. Les jeunes enfants passent la majeure partie de leur temps à l'intérieur, et une exposition dès les premières années de vie peut avoir des conséquences à long terme sur la santé.
Selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement, pour être considéré comme « acceptable », le logement doit être de taille convenable (les occupants n'y vivent pas à l'étroit), de qualité convenable (le logement ne nécessite pas de réparations majeures) et abordable (le ménage consacre moins de 30 % de son revenu avant impôtNote 4 au logement). Selon les résultats du Recensement de 2006Note 5, un nombre considérable d'Inuits vivent dans un logement qui ne satisfait pas à un ou à plusieurs de ces critèresNote 6,Note 7. Par exemple, 31 % d'entre eux vivaient dans des logements où l'on comptait plus d'une personne par pièce, et 28 % dans des logements nécessitant des réparations majeures; les chiffres correspondants pour les non-Autochtones étaient de 3 % et de 7 %, respectivement.
Pour les jeunes enfants, le fait de vivre à l'étroit ou dans un logement nécessitant des réparations a été associé à des problèmes de santé comme l'asthme, les infections des voies respiratoires et la grippeNote 8-16, à des blessuresNote 16,Note 17 et à des problèmes de comportement comme l'agressivité, le conflit, le retrait social, la détresse psychologique, des difficultés d'adaptation scolaire et des compétences sociales inférieuresNote 14,Note 18-22. Le caractère inabordable du logement a été associé à des problèmes de comportement chez les enfantsNote 19,Note 22.
La fumée de tabac dans l'environnement a été associée à une incidence accrue d'otites, d'infections respiratoires, d'asthme, de bronchite, de pneumonie et de grippeNote 9-11,Note 15,Note 23-27. Ce fait est d'une importance particulière, en raison de la prévalence du tabagisme quotidien chez les Inuits, qui est trois fois plus élevée que chez les adultes au CanadaNote 28. Par conséquent, les enfants inuits sont plus susceptibles que les enfants non autochtones d'être exposés à la fumée secondaireNote 29.
La satisfaction à l'égard du logement a été associée à une meilleure évaluation de la santé des enfants par les parentsNote 1. Enfin, l'accession à la propriété a été associée à une diminution des problèmes de comportementsNote 30,Note 31.
Toutefois, bon nombre des études ayant souligné des liens entre les conditions physiques et psychosociales de logement et la santé des enfants étaient fondées sur de petits échantillons ou sur une seule collectivité, portaient sur un seul facteur de logement par rapport à un seul résultat pour la santé, ou ne tenaient pas compte de facteurs socioéconomiques comme le revenu et la scolarité. En revanche, la présente étude examine plusieurs résultats pour la santé physique et mentale dans un échantillon représentatif de la population des enfants inuits de deux à cinq ans par rapport à un certain nombre de conditions physiques et psychosociales de logement, et elle tient compte des caractéristiques démographiques et socioéconomiques.
Méthodes
Source de données
Les données sont tirées de l'Enquête sur les enfants autochtones (EEA) de 2006, une enquête nationale portant sur les enfants autochtones (Premières Nations hors réserve, Métis et Inuits) de moins de six ansNote 32. Comme la base de sondage de l'EEA a été établie à partir de la liste de recensement, les caractéristiques de logement du Recensement de 2006 ont été incluses dans l'ensemble de données de l'EEA.
L'échantillon étudié comprenait 1 233 enfants âgés de deux à cinq ans, déclarés par un parent ou un tuteur comme étant inuits (identité unique ou combinée à une autre identité autochtone). Les trois quarts des enfants vivaient dans l'Inuit Nunangat, l'appellation collective désignant l'ensemble des quatre régions inuites créées par la signature d'accords de revendications territoriales : 49 % vivaient au Nunavut; 20 % au Nunavik; 3 % au Nunatsiavut; et 4 % dans la région inuvialuite. Les 24 % restants vivaient en dehors de l'Inuit Nunangat. Pour les comparaisons avec les enfants non autochtones, on a utilisé les données du Recensement de 2006 et de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ) de 2006-2007.
Caractéristiques physiques du logement
Trois caractéristiques du logement ont été dérivées des données du Recensement de 2006. Le surpeuplement a été défini comme plus d'une personne par pièce (les résultats des analyses fondées sur un seuil de 1,5 personne par pièce étaient comparables et peuvent être fournis sur demande). Un logement nécessitant des réparations majeures est défini à partir de la réponse à la question : « Ce logement nécessite-t-il des réparations? (non, entretien régulier, réparations mineures, réparations majeures) ». Un logement inabordable a été défini comme un logement auquel le ménage consacre plus de 30 % de son revenu avant impôtNote 4. L'exposition régulière à la fumée de tabac à la maison a été déterminée à partir de la réponse à la question « En comptant les membres du ménage et les visiteurs réguliers, y a-t-il quelqu'un qui fume à l'intérieur de votre maison, chaque jour ou presque chaque jour? (oui/non) » de l'EEA.
Caractéristiques psychosociales du logement
Deux caractéristiques psychosociales du logement ont été prises en compte : l'accession à la propriété et la satisfaction à l'égard du logement. L'accession à la propriété a été dérivée de la réponse à la question « Êtes-vous (ou un membre du ménage est-il) propriétaire de ce logement ou en train de le payer? » du Recensement de 2006. La satisfaction parentale à l'égard du logement a été dérivée de la réponse à la question « Comment évaluez-vous votre satisfaction par rapport à votre logement? (très satisfait(e), satisfait(e), insatisfait(e), très insatisfait(e)) » de l'EEA.
L'analyse portait sur cinq variables socioéconomiques et démographiques : niveau de scolarité le plus élevé du parent ou tuteur, revenu du ménage (corrigé en fonction de la taille du ménage), région de résidence (dans l'Inuit Nunangat ou en dehors), ainsi que le sexe et l'âge de l'enfant.
Les résultats pour la santé physique des enfants étaient les suivants : état de santé de l'enfant d'après le parent ou tuteur (santé excellente/très bonne par rapport à bonne/passable/mauvaise); deux otites ou plus au cours de la dernière année; limitation d'activité (oui/non); deux problèmes de santé chroniques ou plus (oui/non); et troubles respiratoires chroniques (allergies, asthme et/ou bronchite).
Les résultats pour la santé mentale et le comportement ont été mesurés au moyen de quatre sous-échelles (comportement prosocial, hyperactivité ou inattention, symptômes émotifs et troubles de comportement) tirées du Questionnaire sur les points forts et les points faiblesNote 33, qui a été validé pour l'échantillon de l'EEANote 34.
Analyses
Les analyses descriptives des caractéristiques du logement et des caractéristiques socioéconomiques et démographiques ont été examinées. Des analyses de régression distinctes ont été réalisées pour chaque résultat pour la santé des enfants, et deux modèles ont été bâtis. Le modèle 1 comprend les indicateurs physiques relatifs au logement. Le modèle 2 tient compte en plus des caractéristiques psychosociales du logement et des caractéristiques socioéconomiques et démographiques. (Les résultats d'un modèle intégrant les caractéristiques psychosociales du logement avant l'inclusion des contrôles socioéconomiques et démographiques peuvent être fournis sur demande.) La multicolinéarité entre les prédicteurs a été évaluée au moyen de corrélations. Les analyses s'appuient sur des données d'enquête qui ont été pondérées de manière à être représentatives des chiffres du Recensement de 2006 pour les enfants de moins de six ans. La méthode bootstrap a été utilisée pour tenir compte du plan d'échantillonnage complexe de l'enquête.
Résultats
Les enfants inuits âgés de deux à cinq ans étaient plus susceptibles que les enfants non autochtones de vivre dans un logement surpeuplé et nécessitant des réparations majeures. Plus particulièrement, 36 % des enfants inuits vivaient dans un ménage où l'on comptait plus d'une personne par pièce, et 29 % vivaient dans des structures nécessitant des réparations majeures (tableau 1). Les chiffres correspondants pour les enfants non autochtones étaient de beaucoup inférieurs : 7 % vivaient dans un logement surpeuplé et 8 % dans un logement nécessitant des réparations majeures. Par ailleurs, 20 % des enfants inuits vivaient dans un milieu où ils étaient régulièrement exposés à la fumée de tabac.
Toutefois, en 2006, seulement 9 % des enfants inuits vivaient dans un logement coûtant plus de 30 % du revenu du ménage, une proportion bien en deçà de celle des enfants non autochtones (25 %).
Le quart (24 %) des enfants inuits vivaient dans un logement appartenant à un membre du ménage, comparativement aux trois quarts (74 %) des enfants non autochtones. La majorité (69 %) des parents ou tuteurs d'enfants inuits se disaient satisfaits ou très satisfaits de leurs conditions de logement.
Plus de la moitié (58 %) des enfants inuits avaient des parents ou tuteurs n'ayant pas de diplôme d'études secondaires, comparativement à 7 % des enfants non autochtones. Le quart (25 %) des enfants inuits vivaient dans des familles monoparentales, contre 15 % des enfants non autochtones.
Les analyses descriptives des caractéristiques de logement pour chaque région inuite sont présentées au tableau A en annexe.
Caractéristiques physiques du logement
Comparativement aux enfants inuits vivant dans des logements non surpeuplés, ceux qui vivaient dans des logements surpeuplés étaient moins susceptibles d'être jugés en excellente ou très bonne santé et plus susceptibles d'avoir souffert d'au moins deux otites au cours de l'année précédente, en plus d'obtenir des cotes plus élevées sur les échelles d'évaluation des symptômes émotifs et des troubles de comportement (modèle 1 dans les tableaux 2 et 3). Un logement nécessitant des réparations majeures a été associé à une probabilité inférieure d'être en excellente ou en très bonne santé. Les enfants vivant dans des logements inabordables étaient plus susceptibles de souffrir de deux problèmes de santé chroniques ou plus et de troubles respiratoires chroniques. L'exposition régulière à la fumée de tabac à la maison a été associée à des troubles de comportement.
Aucune caractéristique du logement n'a pu être associée de façon significative avec une limitation des activités physiques ou des blessures graves au cours de l'année précédente; ces résultats ne sont donc pas présentés dans le tableau 2, mais peuvent être fournis sur demande.
Caractéristiques psychosociales du logement
Une fois les facteurs psychosociaux du logement et les caractéristiques socioéconomiques et démographiques pris en compte (modèle 2 dans les tableaux 2 et 3), bon nombre des relations entre les caractéristiques physiques du logement et la santé des enfants inuits disparaissent. Les associations entre un logement surpeuplé et une excellente ou très bonne santé, les otites, les symptômes émotifs et les troubles de comportement ne sont plus significatives. En fait, un rapport significatif négatif entre le fait de vivre dans un logement surpeuplé et des problèmes de santé chroniques émerge : un logement surpeuplé a été associé à une probabilité moindre de souffrir d'au moins deux problèmes de santé chroniques.
L'association entre un logement nécessitant des réparations et l'évaluation parentale de la santé de l'enfant n'était pas statistiquement significative dans le modèle exhaustif. De plus, une association significative négative avec les symptômes émotifs est aussi ressortie, les enfants vivant dans des logements nécessitant des réparations majeures ayant tendance à obtenir des cotes inférieures sur l'échelle des symptômes émotifs.
Dans le modèle exhaustif, l'exposition régulière à la fumée de tabac à la maison est demeurée associée de façon significative avec des troubles de comportement. Étonnamment, une exposition régulière à la fumée de tabac était associée à une probabilité plus élevée que l'enfant soit jugé en excellente ou en très bonne santé.
L'accession à la propriété était associée à une probabilité plus élevée d'excellente ou de très bonne santé et à des cotes inférieures sur les échelles des symptômes émotifs et des troubles de comportement.
La satisfaction parentale à l'égard du logement était associée à une probabilité élevée d'excellente ou de très bonne santé, à une probabilité faible d'otites, de problèmes de santé chroniques et de problèmes respiratoires et à des cotes inférieures sur les échelles de l'inattention ou de l'hyperactivité et des symptômes émotifs. Des analyses plus poussées ont toutefois montré que la satisfaction parentale à l'égard du logement était étroitement liée aux conditions physiques du logement (moins surpeuplé, ne nécessitant pas de réparations majeures) et à l'accession à la propriété (tableau 4).
Discussion
La présente étude révèle des associations entre les caractéristiques physiques et psychosociales du logement et la santé des enfants inuits. Conformément aux résultats publiés d'études antérieuresNote 6,Note 7,Note 35, les données de l'EEA montrent que la situation de logement des enfants inuits est moins favorable que celles des enfants non autochtones au Canada. Si l'on examine séparément le surpeuplement, la nécessité d'effectuer des réparations et le caractère abordable du logement, l'analyse indique que ces paramètres sont associés à des résultats négatifs pour la santé physique et mentale des enfants inuits.
Un logement inabordable pourrait être indirectement lié à la santé des enfants, en ce sens que les coûts du logement peuvent réduire les ressources disponibles pour les soins de santé, une alimentation adéquate et la sécurité à la maisonNote 19,Note 22. En outre, des pressions financières chroniques peuvent influer sur les comportements et le stress parentaux et, en fin de compte, sur les résultats pour les enfantsNote 19,Note 22,Note 36. De fait, lorsqu'on tient compte des facteurs psychosociaux du logement et des caractéristiques socioéconomiques et démographiques, les associations entre le caractère abordable du logement et les problèmes de santé chroniques ne sont plus significatives.
De même, si l'on tient compte de l'accession à la propriété et de la satisfaction à l'égard du logement, le surpeuplement n'est plus associé de façon significative avec des évaluations de santé inférieures, des otites, des symptômes émotifs et des troubles de comportement, et un logement nécessitant des réparations majeures n'est plus associé à une moins bonne santé.
Les relations entre la satisfaction parentale à l'égard du logement et les problèmes de santé persistent même quand on tient compte des caractéristiques socioéconomiques et démographiques. La satisfaction parentale à l'égard du logement a été associée à une probabilité accrue d'excellente ou de très bonne santé et à un risque réduit d'otites et de troubles respiratoires. L'accession à la propriété demeure associée de manière significative avec une bonne santé.
La probabilité moindre de problèmes de santé chroniques chez les enfants vivant dans des logements surpeuplés pourrait s'expliquer par un accès limité à des services de soins de santéNote 35 et donc par des maladies non diagnostiquéesNote 23 dans les régions du Nord, où le surpeuplement est le plus prévalent. Toutefois, les tendances sont les mêmes en dehors de l'Inuit Nunangat (données non présentées). Des définitions plus nuancées des concepts pourraient faciliter l'interprétation de ces constatations. Par exemple, un ménage multigénérationnel pourrait être décrit comme « surpeuplé », alors qu'un tel mode de vie peut présenter des avantagesNote 37,Note 38.
Le taux relativement faible d'exposition à la fumée à l'intérieur (compte tenu de la prévalence du tabagisme quotidien) dans l'étude se compare aux résultats d'autres recherchesNote 39 et pourrait être attribuable à la réussite des programmes de sensibilisation et de préventionNote 40,Note 41. De plus, l'exposition régulière à la fumée à l'intérieur était associée à des évaluations favorables de la santé des enfants. Bien qu'ils ne correspondent pas aux attentes, ce n'est pas la première fois que l'on constate de tels résultatsNote 10,Note 39. Kovesi et coll.Note 10 ont attribué l'absence d'association entre le tabagisme à l'intérieur et les infections des voies respiratoires chez les enfants inuits à un manque de variabilité dans le comportement de tabagisme, puisqu'il y a des fumeurs dans presque tous les foyers. Egeland et coll.Note 39 ont avancé qu'en dépit de la forte prévalence du tabagisme chez les Inuits, les messages de santé publique visant à réduire le tabagisme à l'intérieur pourraient avoir contribué à réduire l'exposition et donc, les liens avec la santé des enfants. En effet, l'EEA interrogeait spécifiquement les répondants à propos du tabagisme à l'intérieur. Il est également possible que des problèmes respiratoires soient moins souvent diagnostiqués chez les Inuits, et donc sous-déclarés. Néanmoins, dans le cas des enfants exposés à la fumée de tabac à l'intérieur, l'association avec des troubles de comportement est demeurée statistiquement significative même si l'on tient compte des caractéristiques psychosociales du logement et des caractéristiques sociodémographiques.
Dans le modèle exhaustif, l'accession à la propriété et la satisfaction à l'égard du logement étaient des facteurs importants pour la santé aussi bien physique que mentale des enfants inuits. Toutefois, comme on l'a constaté dans d'autres étudesNote 42,Note 43, la satisfaction à l'égard du logement était liée aux conditions physiques du logement. En conséquence, les conditions du logement peuvent influencer directement la santé des enfants par le truchement d'associations avec des facteurs psychosociaux.
Conformément aux constatations des études antérieuresNote 44, les effets positifs de l'accession à la propriété persistent en ce qui concerne l'évaluation parentale de la santé des enfants, les symptômes émotifs et les troubles de comportement. L'accession à la propriété est quant à elle liée à la qualité du logement : les propriétaires sont moins susceptibles que les locataires de vivre dans des conditions de surpeuplement ou dans des logements nécessitant des réparations majeures (données non présentées). L'accession à la propriété est également associée à un environnement de meilleure qualité, plus stimulant et plus sûr, ainsi qu'à une supervision parentale, une estime de soi des parents, un soutien émotif à la maisonNote 31,Note 42, une participation à la collectivité et une stabilité géographique et scolaireNote 42 accrus. Ces facteurs pourraient contribuer aux associations entre l'accession à la propriété et les résultats positifs pour les enfants.
Limites
Les résultats de la présente analyse doivent être interprétés en fonction de plusieurs limites. Les associations entre les caractéristiques du logement et les résultats déclarés pour les enfants sont corrélationnelles; aucune relation de causalité ne peut être inférée. Les données de l'Enquête auprès des enfants autochtones de 2006 reflètent les conditions sociodémographiques et de logement d'il y a dix ans, et non pas les conditions les plus récentes.
Les limites comprennent aussi la variance de la méthode commune, c'est-à-dire la variance attribuable à la méthode de mesure (l'enquête) plutôt qu'aux concepts (conditions de logement) que les mesures sont censées représenter. Cette question est importante quand on recueille en même temps des données autodéclarées auprès des mêmes participants, particulièrement lorsque les variables sont des mesures perceptuelles. Aux fins de la présente analyse, tous les résultats pour les enfants sont fondés sur les déclarations des parents. Toutefois, trois des caractéristiques physiques du logement (surpeuplement, abordabilité et réparations nécessaires) proviennent du Recensement et les autres, de l'Enquête sur les enfants autochtones. Tous les renseignements étaient autodéclarés, mais pas en même temps ni nécessairement par la même personne. Bien que cela n'exclue pas la possibilité d'un biais de déclaration ou d'autres facteurs confusionnels, les corrélations entres les caractéristiques du logement, les caractéristiques socioéconomiques et les résultats pour les enfants allaient de faibles à modérées.
Les constatations doivent être vérifiées par réplication et mettent en évidence la nécessité d'obtenir des données longitudinales pour l'examen des associations au fil du temps et des données objectives comme des mesures directes de la qualité de l'air à l'intérieur.
Conclusion
La présente étude révèle des associations entre les caractéristiques physiques et psychosociales du logement et les résultats pour la santé des enfants inuits. Les futures recherches bénéficieraient d'une compréhension des processus par lesquels les conditions de logement influent sur la santé des enfants. Par exemple, la satisfaction à l'égard du logement et l'accession à la propriété influent-elles sur l'enfant par le biais de leur association avec la santé mentale et le stress des parents ou avec les comportements des parentsNote 45? Il serait utile, aux fins des futures analyses, d'inclure d'autres mesures comme des évaluations objectives des conditions de logement et des résultats normalisés ou non déclarés par les parents à propos des enfants.
Remerciements
La présente étude a été financée par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada. Les auteures remercient Benita Tam pour son aide dans la préparation du manuscrit.
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