Intégration des immigrants formés à l'étranger au marché du travail canadien : facteurs déterminants de la réussite

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par Johanne Plante

Section 1

Résumé

Contrairement aux vagues d'immigrants arrivés dans les années 1950 et 1960, ceux qui sont arrivés au Canada depuis les années 1970 possèdent des niveaux de scolarité relativement élevés, ce qui grossit énormément le bassin de diplômés de niveau postsecondaire au Canada. Dès leur arrivée toutefois, de nombreux immigrants ont du mal à trouver un travail lié à leur domaine d'études ainsi qu'à obtenir un emploi relativement bien rémunéré.

L'intégration réussie des immigrants au marché du travail canadien présente un intérêt pour le grand public de même que pour les immigrants actuels et futurs. Bien que différentes mesures puissent être utilisées pour évaluer ce que l'on pourrait qualifier d'intégration « réussie » pour ces immigrants, le rapport porte exclusivement sur les deux résultats « positifs » suivants sur le plan de l'emploi : 1) le fait d'avoir un travail correspondant à son domaine d'études ou exigeant un niveau de compétence semblable ou plus élevé, et 2) le fait de toucher un revenu égal ou supérieur au revenu médian national établi pour la profession correspondant le mieux au domaine d'études.

Dans le contexte du présent rapport, on ne cherche nullement à définir « précisément » ce qui serait considéré comme une intégration « réussie » ou une « mauvaise » intégration des immigrants au marché du travail canadien. L'interprétation en est laissée complètement à la discrétion du lecteur puisque, de l'avis de l'auteure, un tel concept est arbitraire et se prête aux débats.

L'analyse de régression logistique produit des rapports de cotes qui, dans la présente étude, sont utilisés pour évaluer si, toutes choses étant égales par ailleurs, les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération et affichant des caractéristiques précises sont plus ou moins susceptibles de réussir leur intégration au marché du travail canadien comparativement aux membres d'un autre groupe (de référence). À l'aide des données du Recensement de 2006, l'analyse de régression logistique dont il est fait état ici prend tout d'abord en considération la contribution de caractéristiques « données » à la probabilité d'atteindre les deux résultats susmentionnés sur le plan de l'emploi. Les caractéristiques « données » sont le statut d'immigrant selon la période d'établissement et la région d'études.

Puis, d'autres variables sont progressivement ajoutées afin d'évaluer leurs effets indépendants et de déterminer si elles modifient les effets des variables déjà ajoutées. Ces variables supplémentaires sont le sexe et le groupe d'âge, l'état matrimonial et la présence d'enfants, le niveau de scolarité et le grand programme d'enseignement, la province, le territoire et le lieu de résidence, les compétences linguistiques, l'appartenance à une minorité visible et, dans le cas du résultat no 1 sur le plan de l'emploi au regard de la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles, une variable définissant le statut d'emploi à temps plein ou partiel et toute l'année ou une partie de l'année.

Logiquement, nous savons que les immigrants possèdent certaines caractéristiques « données » (c'est-à-dire qu'ils ont obtenu leur plus haut niveau de scolarité au Canada ou à l'étranger et qu'ils sont arrivés au Canada dans des périodes différentes). Leur situation sur le marché du travail canadien (favorable ou non) peut alors être tributaire de diverses caractéristiques sociodémographiques (le sexe, l'âge, l'état matrimonial et la présence d'enfants), de caractéristiques relatives aux études (niveau de scolarité et grand programme d'enseignement), de l'emplacement géographique (province, territoire et lieu de résidence) ainsi que de leur connaissance de l'une des deux langues officielles, de l'appartenance à une minorité visible et, dans le cas du résultat no 1 sur le plan de l'emploi, du statut d'emploi à temps plein ou partiel et toute l'année ou une partie de l'année.

Compte tenu de l'objectif du rapport, qui est de cerner les caractéristiques et les facteurs déterminants les plus susceptibles de mener à une intégration « réussie » des immigrants formés à l'étranger au marché du travail canadien, seules les personnes faisant partie du principal groupe d'âge actif (de 25 à 64 ans), ayant fait des études postsecondaires, ayant déclaré ne pas être aux études en 2006 et travaillant contre rémunération ont été prises en considération. Pour déterminer si ces personnes travaillaient dans une profession correspondant à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente, seules celles ayant déclaré avoir terminé leurs études postsecondaires dans l'un des programmes d'enseignement conduisant aux professions ciblées désignées par le Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers (PRTCE) de Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) ont été sélectionnées (voir la section Données et méthodologie pour plus de précisions).

Selon les données du Recensement de 2006, les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération étaient généralement moins susceptibles que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération et ayant fait des études postsecondaires de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles ou études-revenu d'emploi. Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération étaient également moins susceptibles que leurs homologues formés au Canada de déclarer travailler dans une profession correspondant à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. Il a été impossible de procéder à une comparaison semblable en ce qui concerne la probabilité d'avoir une bonne concordance études-revenu d'emploi, car les résultats n'étaient pas statistiquement significatifs pour les immigrants travaillant à temps plein toute l'année contre rémunération et ayant obtenu leurs titres de compétences au Canada.

La région où les titres de compétences ont été obtenus avait une incidence manifeste sur la probabilité d'avoir un emploi dans une profession connexe ou équivalente au domaine d'études pour ces travailleurs rémunérés. À l'exception des immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences dans des pays d'Europe septentrionale (et en Océanie dans le cas de la concordance études-revenu d'emploi), les immigrants qui avaient obtenu leur plus haut niveau d'études postsecondaires dans toutes les autres régions hors du Canada étaient moins susceptibles que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération de déclarer une situation « favorable » sur le marché du travail.

Le temps écoulé depuis l'établissement au pays figurait également parmi les caractéristiques et les facteurs déterminants plus étroitement associés à la situation « favorable » sur le marché du travail, en 2006, des immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération. En fait, ceux qui étaient établis au pays depuis plus de dix ans étaient généralement plus susceptibles que leurs homologues arrivés récemment et très récemment de travailler dans la profession correspondant le mieux à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente ou de déclarer une bonne concordance études-revenu d'emploi. Les facteurs signalés dans la littérature qui aident à expliquer cette constatation comprennent la dévalorisation, sur le marché du travail canadien, des compétences acquises à l'étranger et la reconnaissance du fait que les nouveaux immigrants, en particulier ceux qui arrivent sans emploi réservé, font face à une période d'adaptation culturelle et économique. Il convient toutefois de noter que, même si ces difficultés semblent s'atténuer au fil du temps, les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération et établis au pays depuis plus de dix ans étaient encore généralement moins susceptibles que leurs homologues nés au Canada de déclarer une situation « favorable » sur le marché du travail.

Les résultats du Recensement de 2006 montrent que les travailleurs rémunérés ayant étudié dans des domaines où existait un lien évident entre les diplômes et la capacité de répondre aux exigences de la profession (c'est le cas de la plupart des professions et des métiers réglementés) étaient généralement plus susceptibles de déclarer une situation « favorable » sur le marché du travail par rapport à ceux qui avaient étudié dans un domaine où ce lien était moins direct. Les travailleurs rémunérés diplômés d'un programme d'enseignement conduisant à des professions de la santé (professions généralement réglementées) étaient par exemple presque deux fois plus susceptibles (194 %) que ceux titulaires de titres de compétences en affaires, en finance et en administration de déclarer travailler dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. En ce qui concerne la seconde situation sur le marché du travail dont il est question dans le rapport, les personnes travaillant à temps plein toute l'année contre rémunération qui sont diplômées de programmes d'enseignement conduisant à des professions dans le domaine des métiers, du transport et de la machinerie ainsi qu'à des professions en santé avaient respectivement 313 % et 147 % plus de chances que celles titulaires de titres de compétences en affaires, en finance et en administration de toucher un revenu d'emploi égal ou supérieur au revenu médian pour la profession correspondant le mieux à leur domaine d'études.

Au niveau provincial, les travailleurs rémunérés vivant en Alberta et dans les territoires étaient plus susceptibles que leurs homologues de l'Ontario et des autres provinces de déclarer travailler dans la profession correspondant le mieux à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente ou de déclarer une bonne concordance études-revenu d'emploi. D'autre part, les travailleurs rémunérés vivant dans les provinces de l'Atlantique précédaient de peu ceux du Québec pour ce qui est de la faible probabilité d'avoir une situation aussi « favorable » sur le marché du travail canadien.

Enfin, notre analyse a révélé que la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles et études-revenu d'emploi était plus élevée chez les travailleurs rémunérés connaissant uniquement l'anglais (et les deux langues officielles dans le cas de la concordance études-compétences professionnelles) par rapport à ceux affichant d'autres profils linguistiques. Le fait d'être un homme, d'être marié ou de vivre en union libre, d'avoir des enfants d'âge préscolaire, de vivre dans un centre de population et de travailler à temps plein toute l'année dans le cas de la concordance études-compétences professionnelles figurent également parmi les caractéristiques et les facteurs déterminants plus étroitement liés à une intégration « réussie » des travailleurs rémunérés au marché du travail du Canada. Les incidences de l'âge et de l'appartenance à une minorité visible n'étaient pas aussi évidentes lorsque l'analyse portait sur les huit professions sélectionnées et elles ne pouvaient pas être généralisées.

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