Participation aux études postsecondaires dans les groupes sous-représentés et minoritaires

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Kathryn McMullen
Centre de la statistique de l'éducation
Statistique Canada

Aperçu descriptif
Effet de l'appartenance à plus d'un groupe sous-représenté ou minoritaire
Prise en compte de l'expérience des élèves au secondaire et d'autres facteurs connexes
Interaction entre l'appartenance à un groupe sous-représenté ou minoritaire et les facteurs relatifs à l'école secondaire et les facteurs connexes
Conclusion

Un nombre important et croissant de travaux de recherche s'intéressent aux caractéristiques des jeunes les plus susceptibles d'entreprendre des études collégiales ou universitaires après l'obtention du diplôme d'études secondaires, de même qu'aux facteurs qui influent sur cette décision. Par exemple, des recherches ont montré que les jeunes issus de familles dont les revenus sont plus élevés et, de façon plus manifeste, ceux dont les parents ont un niveau de scolarité plus élevé sont susceptibles de poursuivre des études postsecondaires, et tout particulièrement des études universitaires.

Toutefois, comme le notent Finnie, Childs et Wismer (2011)1 dans un rapport récent, la situation est moins claire pour d'autres jeunes, non seulement pour ceux qui viennent de familles à faible revenu ou pour ceux dont les parents n'ont pas fait d'études collégiales ou universitaires, mais aussi pour ceux qui appartiennent à d'autres groupes. Le présent article résume les principaux résultats des travaux de ces chercheurs relativement aux jeunes issus de familles à faible revenu, aux jeunes dont les parents n'ont pas entrepris d'études postsecondaires, aux jeunes vivant dans les régions rurales, aux enfants d'immigrants de première et de deuxième générations, aux jeunes issus de familles monoparentales (ou d'autres familles « non traditionnelles »), et aux jeunes Autochtones. Dans l'article, tous ces groupes sont désignés par le terme « groupes sous-représentés et minoritaires ».

L'analyse s'appuie sur les données de la cohorte A de l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET), regroupant des jeunes qui étaient âgés de 15 ans en 2000. Les élèves ont été interviewés de nouveau en 2002, 2004, 2006 et 2008 (cycles 2, 3, 4 et 5). L'analyse se fonde sur la situation du répondant concernant l'éducation postsecondaire en 2006 (cycle 4), ce qui représente le compromis optimal entre la capacité de déterminer la participation aux études postsecondaires (qui augmente avec l'âge dans cette cohorte) et la taille de l'échantillon (qui diminue à chaque cycle subséquent de l'enquête). À ce cycle de l'enquête, les jeunes alors âgés de 21 ans (en date de décembre 2005, soit la date de référence du cycle 4) ont déjà pris au moins une décision initiale quant aux études postsecondaires (EPS)2.

Aperçu descriptif

Le tableau 1 montre le pourcentage de jeunes qui, à l'âge de 21 ans en 2005, avaient fréquenté un collège ou une université, selon un ensemble de caractéristiques.

Certains groupes affichent des taux nettement plus faibles de participation aux études postsecondaires (collégiales ou universitaires). Il s'agit notamment des jeunes Autochtones comparativement aux jeunes non-Autochtones (écart de 24,3 points de pourcentage), des jeunes dont les parents n'ont pas fait d'études postsecondaires comparativement à ceux dont les parents ont fait de telles études (écart de 19,8 points de pourcentage), et des jeunes issus des familles du tiers inférieur de la répartition du revenu (revenu annuel inférieur à 50 000 $) comparativement aux jeunes issus de familles ayant un revenu annuel plus élevé (écart de 12,8 points de pourcentage).

Des écarts un peu moins marqués sont observés entre les jeunes des régions rurales et les jeunes des centres de population (écart de 10 points de pourcentage), de même qu'entre les jeunes issus de familles monoparentales et ceux issus de familles biparentales (écart de 7,5 points de pourcentage).

Finnie et coll. indiquent que, dans l'ensemble, pour les groupes historiquement sous-représentés dans l'éducation postsecondaire, le taux de participation aux études universitaires en particulier est bien inférieur à celui des autres jeunes, alors que dans tous les cas (exception faite des jeunes Autochtones), le taux de participation de ces jeunes aux études collégiales est légèrement supérieur à celui des jeunes des groupes de comparaison.

Tableau 1
Taux d'accès au collège et à l'université des groupes sous-représentés et minoritaires, EJET, cohorte A, cycle 41
  Toutes les provinces
Collège Université Collège ou université
pourcent
Tous 33,0 41,7 74,7
Revenu familial
Inférieur à 50 000 $ 34,8 31,4 66,2
Supérieur à 50 000 $ 32,1 46,9 79,0
Niveau de scolarité des parents
Sans études postsecondaires 36,6 24,3 60,9
Au moins des études postsecondaires partielles 31,5 49,2 80,7
Type de collectivité
Région rurale 35,5 31,5 67,0
Centre de population 32,3 44,7 77,0
Type de famille
Famille monoparentale 35,5 33,0 68,5
Famille biparentale 32,5 43,5 76,0
Statut d'immigrant
Immigrant de première génération 29,6 57,0 86,6
Immigrant de deuxième génération 30,0 53,0 83,0
Non-immigrant 34,2 37,0 71,2
Satut d'Autochtone
Autochtone 28,0 23,1 51,1
Non-Autochtone 33,2 42,2 75,4
1 La cohorte A de l'EJET regroupe les jeunes qui étaient âgés de 15 ans en 2000. Les élèves ont été interviewés de nouveau en 2002, 2004, 2006 et 2008 (cycles 2, 3, 4 et 5). L'analyse se fonde sur la situation des répondants concernant l'éducation postsecondaire en 2006 (cycle 4) lorsqu'ils étaient âgés de 21 ans.
Source : Statistique Canada. Enquête auprès des jeunes en transition, cohorte A, cycle 4.

Par contre, les enfants d'immigrants de première et de deuxième générations affichent des taux de participation aux études postsecondaires supérieurs à ceux des jeunes non immigrants. Ces résultats sont largement attribuables aux taux de participation des premiers aux études universitaires, des écarts de 20,0 points de pourcentage et de 16,0 points de pourcentage séparant respectivement les enfants d'immigrants de première génération et les enfants d'immigrants de deuxième génération des jeunes non immigrants.

Effet de l'appartenance à plus d'un groupe sous-représenté ou minoritaire

Si les statistiques descriptives simples permettent de cerner les différences entre les groupes, il est nécessaire de recourir à une analyse statistique plus poussée pour dénouer l'écheveau des relations complexes qui sous-tendent ces différences. Dans leur analyse, Finnie et coll. tiennent compte simultanément de l'appartenance à des groupes sous-représentés et minoritaires pour mieux comprendre les facteurs qui influencent la probabilité de poursuivre des études postsecondaires.

Ainsi, bien qu'un certain nombre d'études aient montré que les jeunes issus de familles à faible revenu sont moins susceptibles d'entreprendre des études postsecondaires, des recherches récentes indiquent que cet effet est fortement corrélé à d'autres facteurs, notamment le niveau de scolarité des parents. Finnie et coll. observent que plus de 40 % de l'effet associé à l'appartenance au groupe à faible revenu sur l'accès à l'université est éliminé lorsque d'autres variables – y compris les antécédents des parents quant aux études postsecondaires – sont prises en compte.

Leurs résultats montrent aussi que les étudiants « de première génération » au niveau postsecondaire présentent des profils d'accès très différents de ceux de leurs camarades. Comme on l'a souligné précédemment, le taux de participation aux études postsecondaires des jeunes dont les parents n'ont pas fait d'études supérieures est nettement inférieur à celui des jeunes dont les parents ont fait de telles études. Ces effets restent assez robustes, ceux-ci conservant plus de 80 % de leur influence, lorsque l'appartenance aux autres groupes est prise en compte.

Cette observation met en évidence l'influence prépondérante du niveau de scolarité des parents en ce qui a trait à l'accès aux études postsecondaires. En fait, l'effet associé à des parents sans antécédents d'études postsecondaires est plus important que l'effet de l'appartenance à tout autre groupe sous-représenté ou minoritaire. L'appartenance à une famille sans antécédents d'études postsecondaires a beaucoup plus d'influence que le fait d'être issu d'une famille à faible revenu ou de vivre en milieu rural, ou même d'être d'origine autochtone.

Les jeunes des régions rurales sont également sous-représentés dans l'éducation postsecondaire dans son ensemble, et à l'université tout particulièrement, la sous représentation à ce niveau étant partiellement contrebalancée par une surreprésentation au niveau collégial. Ainsi, les élèves qui fréquentent une école secondaire en milieu rural sont moins susceptibles que les autres jeunes de fréquenter une université par une marge de 14,6 points de pourcentage, mais plus susceptibles de fréquenter un collège par une marge de 5,6 points de pourcentage. Ces effets sont considérablement réduits lorsque les autres caractéristiques des élèves sont prises en compte, les écarts se fixant à 9,2 et à 4,5 points de pourcentage respectivement. Ces résultats semblent indiquer que si une partie de la sous-représentation des élèves des régions rurales dans les études postsecondaires s'explique par d'autres caractéristiques démographiques observables des élèves (notamment l'appartenance à un ménage à faible revenu ou l'absence d'antécédents familiaux d'études postsecondaires), une partie appréciable de l'écart, l'effet « net », reste inexpliqué.

Les jeunes de familles monoparentales (et d'autres types de familles non biparentales) – souvent considérés comme un groupe défavorisé – sont moins susceptibles, en moyenne, par une marge de 10,8 points de pourcentage, de fréquenter une université que les jeunes issus de familles biparentales. Là encore, ces effets semblent être liés, en grande partie ou en totalité, à d'autres caractéristiques des élèves, les écarts qui subsistent étant minces et statistiquement non significatifs. Bref, le type de famille, en soi, ne semble pas représenter un facteur important. L'appartenance à une famille monoparentale tend plutôt à être associée à un revenu familial peu élevé, à un parent qui n'a pas fait d'études postsecondaires et à d'autres facteurs eux-mêmes liés à des taux plus faibles de participation aux études postsecondaires.

Les enfants d'immigrants de première et de deuxième générations, considérés ensemble, sont beaucoup plus susceptibles que les autres jeunes de poursuivre des études postsecondaires, notamment des études universitaires. En outre, une partie appréciable de l'effet des études universitaires – 87,2 % pour les enfants d'immigrants de première génération et 74,0 % pour les enfants d'immigrants de deuxième génération – ne s'explique pas par les autres caractéristiques des élèves traitées dans le modèle. Les écarts se rapportant aux taux supérieurs d'accès aux études universitaires se maintiennent donc à 17,0 points de pourcentage pour les enfants d'immigrants de première génération et à 10,8 points de pourcentage pour les enfants d'immigrants de deuxième génération, alors que ces deux groupes sont moins susceptibles que leurs camarades de fréquenter un collège, par des marges d'environ 5 et de 3 points de pourcentage respectivement.

Les jeunes Autochtones sont très sous-représentés au niveau postsecondaire. L'écart moyen au niveau universitaire s'élève à 16,7 points de pourcentage, et cet écart ne s'accompagne que d'un faible effet de contrepartie pour le collège. Cependant, l'écart est réduit de moitié environ, pour s'établir à 8,5 points de pourcentage, lorsque les autres caractéristiques des élèves sont prises en compte. L'écart semble donc partiellement attribuable aux faibles revenus familiaux, aux antécédents moins fréquents d'études postsecondaires au sein de la famille, à la vie en milieu rural, etc., mais aussi à d'autres facteurs au-delà de ces variables.

En résumé, ces résultats illustrent certains écarts « bruts » et « nets » importants entre les groupes sous-représentés et minoritaires et les autres groupes quant à la participation aux études postsecondaires (EPS). Les écarts sont plus marqués au niveau universitaire et sont, dans la plupart des cas, partiellement contrebalancés par des taux plus élevés de participation aux études collégiales.

Prise en compte de l'expérience des élèves au secondaire et d'autres facteurs connexes

À l'étape suivante de leur analyse, Finnie et coll. ajoutent des ensembles de variables explicatives qui mesurent le rendement au secondaire et des variables connexes. Les auteurs notent que ces variables n'ont pas forcément d'effet causal sur la participation aux études postsecondaires, bien qu'elles soient associées à des taux plus élevés de participation. Par exemple, les élèves qui décident de faire des études collégiales ou universitaires peuvent s'efforcer, pour cela, d'obtenir de meilleures notes au secondaire. Autrement dit, ce ne sont pas tant les notes elles-mêmes qui comptent que l'effort déployé par les élèves pour obtenir ces notes.

En ce qui concerne les notes au secondaire, les élèves affichant des notes de 10 % supérieures sont plus susceptibles que leurs camarades de faire des études universitaires par une marge de 22,2 points de pourcentage, moins susceptibles de fréquenter un collège par une marge de 8,9 points de pourcentage, et donc plus susceptibles d'entreprendre des études postsecondaires sous une forme ou une autre par une marge de 13,3 points de pourcentage. Ces effets s'estompent quelque peu lorsque les autres variables supplémentaires sont prises en compte.

Les scores mesurant l'engagement scolaire dans son ensemble sont associés aux effets les plus importants des variables relatives à l'école traitées dans l'analyse, probablement parce qu'ils couvrent à la fois l'identification à la vie étudiante, qui est fortement corrélée aux aspirations d'études postsecondaires, et la participation à la vie étudiante, qui comprend des renseignements sur les habitudes d'étude et d'autres comportements associés à la réussite scolaire. L'effet associé à l'indicateur de l'efficacité personnelle est aussi assez important. L'effet négatif de la mesure du soutien social pourrait indiquer que les jeunes ayant des réseaux sociaux plus développés sont (une fois l'effet des autres variables neutralisé) simplement moins enclins à faire des études universitaires que ne le sont les autres jeunes. Les auteurs estiment que ce phénomène pourrait s'expliquer par un intérêt moins marqué de ces jeunes pour les études que pour la vie sociale.

Les effets du comportement des parents sont peu importants, mais positifs. Enfin, les auteurs soulignent également une relation positive et étroite avec le score obtenu au test de lecture administré dans le cadre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) lorsque les jeunes étaient âgés de 15 ans, qui représente à la fois les capacités non observées et les compétences scolaires (comme en témoigne la réduction de l'effet des notes au secondaire lorsque les scores de lecture sont intégrés au modèle). Un écart positif de 100 points dans le score du PISA est associé à une hausse de 19,3 points de pourcentage de la probabilité de fréquenter une université, à une diminution de 6,5 points de pourcentage de la probabilité de fréquenter un collège, et donc à une augmentation globale de 12,8 points de pourcentage de faire des études postsecondaires.

Interaction entre l'appartenance à un groupe sous-représenté ou minoritaire et les facteurs relatifs à l'école secondaire et les facteurs connexes

Lorsque les notes au secondaire sont ajoutées aux autres variables du modèle, l'effet négatif de l'appartenance à une famille à faible revenu sur la probabilité de faire des études universitaires est réduit, celui-ci passant de 8,8 points de pourcentage à 5,9 points de pourcentage, ce qui laisse penser que le revenu intervient, entre autres, par l'intermédiaire des notes de l'élève au secondaire. Lorsque les indicateurs de l'engagement scolaire, de l'efficacité personnelle, du soutien social, du comportement des parents et des scores au test de lecture du PISA sont pris en compte, l'écart associé à l'appartenance à une famille à faible revenu est encore réduit et s'établit à 3,7 points de pourcentage.

En revanche, lorsque le même ensemble de variables est ajouté au modèle pour les jeunes dont les parents n'ont pas fait d'études postsecondaires, le fait d'appartenir à ce dernier groupe continue d'avoir un effet négatif direct important sur la poursuite d'études universitaires, mais cet effet est considérablement réduit, l'écart à ce chapitre passant de 20,0 points de pourcentage à 9,5 points de pourcentage lorsque toutes les variables relatives à l'école secondaire et les variables connexes sont intégrées au modèle. Il semble donc que le niveau de scolarité des parents exerce une influence appréciable sur ce qui se passe à l'école secondaire, mais qu'il a aussi un effet direct important sur la situation des jeunes relativement aux études postsecondaires. En outre, l'ajout des variables supplémentaires a pour effet d'éliminer la faible relation positive avec la fréquentation d'un collège.

L'effet négatif associé à la vie dans une région rurale sur la participation aux études postsecondaires, et sur la poursuite d'études universitaires tout particulièrement, reste aussi assez fort lorsque les variables supplémentaires sont ajoutées au modèle, bien que l'écart passe de 9,2 points de pourcentage à 6,8 points de pourcentage. Ces résultats soutiennent l'hypothèse selon laquelle une partie de l'effet rural est associé à d'autres facteurs – non seulement le niveau de scolarité des parents, le revenu familial et d'autres facteurs précités, mais aussi les expériences à l'école secondaire et d'autres facteurs connexes. Toutefois, les résultats montrent également qu'un effet rural « net », abstraction faite de ces facteurs, subsiste. Il s'explique peut-être parce que les jeunes en milieu rural doivent supporter des coûts plus élevés d'accès aux études postsecondaires – particulièrement au niveau universitaire – compte tenu de l'éloignement des établissements d'enseignement, parce que ces jeunes ont des préférences différentes en matière d'études supérieures, ou encore parce qu'il existe d'autres facteurs culturels qui ne sont pas pris en compte dans le modèle.

Le type de famille, lorsque l'effet des autres facteurs est neutralisé, continue de n'avoir aucun effet statistiquement significatif sur l'accès aux études postsecondaires. Comme on l'a observé plus tôt, l'écart « brut » important semble être attribuable aux revenus peu élevés, au fait d'avoir des parents sans antécédents d'études postsecondaires et à d'autres facteurs, plutôt qu'au type de famille en soi.

L'ajout au modèle des variables relatives à l'école secondaire et des variables connexes ne réduit que légèrement l'effet positif associé aux enfants d'immigrants de première et de deuxième générations sur la poursuite d'études universitaires, et cet effet demeure important. Ces résultats tendent à indiquer que l'effet d'avoir des parents immigrants sur la participation aux études postsecondaires n'agit pas par l'intermédiaire du rendement scolaire et du comportement au secondaire. Il s'agit là d'une observation intéressante : ces jeunes sont proportionnellement beaucoup plus nombreux à entreprendre des études postsecondaires, particulièrement au niveau universitaire, non pas simplement parce qu'ils obtiennent de meilleurs résultats au secondaire, mais parce qu'ils sont sensibles à d'autres facteurs, l'un d'eux étant l'importance qu'accordent bon nombre de familles immigrantes à l'éducation et, par conséquent, les attentes élevées des parents quant aux études des enfants3.

Par contre, l'ajout des variables relatives à l'école secondaire au modèle réduit considérablement l'effet associé aux jeunes Autochtones – l'écart « brut » de 19,1 points de pourcentage observé pour la poursuite d'études universitaires, est réduit à un écart de 8,5 points de pourcentage dans le modèle qui tient compte simultanément de l'appartenance à tous les groupes sous-représentés et minoritaires, à un écart négligeable de 3,4 points de pourcentage lorsque toutes les variables sont intégrées au modèle (les effets collégiaux ne sont significatifs dans aucun cas).

Ces résultats semblent indiquer que les taux de participation plus faibles des jeunes Autochtones aux études universitaires sont étroitement liés à ce qui se passe à l'école secondaire et durant cette période : ces jeunes obtiennent de moins bonnes notes et affichent des scores moins élevés pour les indicateurs de l'engagement scolaire, de l'efficacité personnelle, du soutien social et du comportement des parents, et de moins bons résultats au test de lecture du PISA. Ils sont donc proportionnellement moins nombreux à entreprendre des études postsecondaires, et seul un faible effet résiduel non expliqué subsiste.

Conclusion

L'analyse montre que si l'importance des écarts globaux au chapitre de la participation aux études postsecondaires est déterminante, l'importance de la variation de ces écarts à la suite de l'ajout des diverses variables explicatives au modèle l'est tout autant.

L'effet associé à l'appartenance à une famille à faible revenu, par exemple, diminue considérablement lorsqu'on tient compte de l'appartenance des jeunes aux autres groupes à l'étude (c'est-à-dire absence d'antécédents parentaux d'études postsecondaires, résidence en milieu rural, etc.), et diminue encore plus lorsqu'on intègre au modèle les diverses mesures relatives à l'école secondaire et les variables connexes. Ces résultats vont dans le même sens que des travaux récents qui ne révèlent qu'une relation modérée entre le revenu de la famille et la poursuite d'EPS par le jeune, une fois neutralisé l'effet des autres caractéristiques familiales et individuelles.

Dans l'ensemble, à la lumière des résultats obtenus, Finnie et coll. concluent que le niveau de scolarité des parents représente le facteur le plus déterminant de la participation des jeunes aux études postsecondaires. Il faudra effectuer de nouvelles recherches pour mieux comprendre tous les mécanismes par lesquels cette influence se matérialise. Certains de ces mécanismes comprendront probablement une « culture » de l'éducation à la maison, alors que d'autres traduiront plus simplement le fait que les parents n'auront pas été exposés aux études postsecondaires ou n'auront pas fait l'expérience de telles études.

Comme l'ont montré d'autres analystes, le fait de venir d'une région rurale pose un risque important pour la poursuite d'études postsecondaires, et d'études universitaires tout particulièrement. Et bien que ce facteur soit modérément lié aux autres caractéristiques de la famille prises en compte dans l'analyse, il subsiste un « effet rural » pur appréciable. Une partie de cet effet semble attribuable à ce qui se passe durant les études secondaires (à l'école et à la maison), et une autre partie reste inexpliquée par ces variables. De nouvelles recherches seront nécessaires pour déterminer jusqu'à quel point l'effet rural résiduel est lié aux coûts des études postsecondaires, aux attitudes à l'égard des EPS ou à d'autres facteurs.

Les auteurs notent également que le fait de vivre au sein d'une famille monoparentale n'a pas d'effet indépendant sur la participation aux études universitaires une fois que l'appartenance aux autres groupes est prise en compte. Le faible écart « brut » global observé dans les données ne semble donc pas attribuable à la structure familiale elle-même, mais s'expliquerait par les autres caractéristiques familiales associées à la structure familiale : faible revenu, absence d'antécédents parentaux d'EPS, etc.

Dans le même ordre d'idées, l'effet autochtone est considérable dans les données brutes, mais se dissipe dans une large mesure, d'abord lorsque les caractéristiques des autres groupes sont prises en compte, et plus encore lorsque les variables relatives à l'école secondaire et les variables connexes sont prises en compte.

Enfin, le fait que les enfants d'immigrants affichent des taux de participation aux études postsecondaires supérieurs à ceux de la population née au pays est de plus en plus établi. Il importe toutefois de noter que les résultats varient d'un groupe d'immigrants à l'autre. Comme le montrent d'autres recherches, les résultats résumés ici indiquent que les taux plus élevés de participation aux études postsecondaires des enfants d'immigrants ne sont particulièrement liés ni aux caractéristiques générales de la famille, ni à l'expérience des jeunes à l'école secondaire ou aux attributs connexes, y compris les notes. Là aussi, des recherches plus poussées permettront de mieux comprendre les influences qui conditionnent cet effet immigrant.

Notes :

  1. Finnie, Ross, Stephen Childs et Andrew Wismer. 2011. Access to Post-secondary Education among Under-represented and Minority Groups: Measuring the Gaps, Assessing the Causes. Initiative de recherche sur les politiques. Rapport de recherche no 2011-01.

  2. Finnie et coll. observent que les taux d'accès ne changent que modérément après l'âge de 21 ans et que la structure de l'accès relativement aux variables comprises dans le modèle semble changer très peu, de sorte que les résultats obtenus tiendraient si les jeunes étaient suivis sur une plus longue période.

  3. Pour obtenir plus de renseignements sur les enfants d'immigrants, voir Finnie, R. et R.E. Mueller. 2009b. Access to Post-Secondary Education in Canada among the Children of Canadian Immigrants. Projet de MEAFE. Toronto (Ontario) : Educational Policy Institute, et Finnie, Ross et Richard E. Mueller. 2010. « They Came, They Saw, They Enrolled: Access to Post-Secondary Education by the Children of Canadian Immigrants », dans Finnie, Ross, Marc Frenette, Richard E. Mueller et Arthur Sweetman (dir.). 2010. Pursuing Higher Education in Canada : Economic, Social and Policy Dimensions. Montréal et Kingston : McGill-Queen's University Press, p. 191- 216.