Enquête sur la population active : bilan de la fin de l'année 2011
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Par Ted Wannell et Jeannine Usalcas
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- Un bon début d'année, mais une fin plus difficile
- L'Alberta est à l'origine de plus de la moitié de la création nette d'emplois
- L'effectif des 55 ans et plus augmente de 282 000 personnes et intensifie le vieillissement de la main-d'œuvre
- La main-d'œuvre âgée de 25 à 54 ans augmente également
- La reprise plafonne chez les jeunes
- Les taux d'activité et d'emploi des immigrants récents diminuent
- Les travailleurs autochtones se tirent mieux d'affaire en 2011 qu'au cours des deux années précédentes
- Le secteur des services surpasse le secteur des biens
- L'emploi se replie pour certaines profession de col blancs
- Forte croissance de l'emploi dans les professions de la santé
- Les effectifs des cols bleus augmentent
- Les diplômés du secondaire profitent d'une poussée de l'emploi, mais leur taux de chômage reste élevé
- Sources de données et définitions
Début du texte
Un bon début d'année, mais une fin plus difficile
Le marché du travail a poursuivi sa remontée durant la majeure partie de 2011, mais a montré des signes d'essoufflement vers la fin de l'année (graphique A). L'emploi a progressé de 1,3 % de décembre 2010 à septembre 2011, puis a fléchi de 0,3 % avant de se redresser quelque peu en décembre 2011, ce qui s'est traduit par une croissance de 1,1 % sur 12 mois. Cette croissance représente une hausse nette de 190 000 travailleurs par rapport à décembre 2010, tous dans le travail à temps plein.
L'augmentation du nombre de personnes ayant trouvé un emploi au cours des trois premiers trimestres de 2011 a entraîné une baisse constante du taux de chômage, qui est passé de 7,6 % en décembre 2010 à 7,2 % en septembre 2011 — son plus bas niveau depuis décembre 2008. Le taux de chômage a augmenté de 0,3 point de pourcentage par la suite pour atteindre 7,5 % à la fin de l'année, juste sous le niveau enregistré en décembre 2010.
Malgré une augmentation de l'emploi au cours de l'année, le taux d'emploi est demeuré le même qu'en décembre 2010, soit 61,7 %, le taux d'emploi croissant au même rythme que celui de la population (1,1 %).
Si l'emploi a dépassé le niveau atteint avant le ralentissement économique en janvier, le nombre d'heures effectivement travaillées n'a rattrapé tout le terrain perdu qu'en juillet. Le nombre d'heures effectivement travaillées a crû de 1,9 % de décembre à août, puis est resté à peu près inchangé jusqu'à la fin de l'année, les faibles hausses du nombre moyen d'heures travaillées par travailleur ayant neutralisé les faibles baisses de l'emploi.
L'Alberta est à l'origine de plus de la moitié de la création nette d'emplois
En 2011, l'emploi a progressé dans toutes les provinces, sauf au Québec (graphique B). En Alberta, le nombre de travailleurs a augmenté de près de 100 000, soit plus de la moitié de la croissance nette de l'ensemble du pays. L'emploi a connu une hausse de 85 000 en Ontario et de 33 000 en Colombie-Britannique, mais s'est replié de 56 000 au Québec.
La région de l'Atlantique et les provinces de l'Ouest ont enregistré à peu près le même taux de croissance de l'emploi. Cependant, le taux de chômage est resté nettement plus élevé dans l'Atlantique que dans l'Ouest du pays, variant de sommets de 12,7 % à Terre-Neuve-et-Labrador et de 11,2 % à l'Île-du-Prince-Édouard à des creux de 5,2 % en Saskatchewan et de 4,9 % en Alberta.
L'effectif des 55 ans et plus augmente de 282 000 personnes et intensifie le vieillissement de la main-d'œuvre
Le vieillissement de la population continue de jouer un rôle moteur sur le marché du travail (tableau 1). Les plus grandes cohortes de la génération du baby-boom commencent à franchir le cap des 55 ans, ce qui concentre la croissance démographique dans un groupe présentant des taux d'activité plus faibles. Le vieillissement de la population aura donc un effet à la baisse sur le taux global d'activité à moins que le taux d'activité des 55 ans et plus n'augmente suffisamment pour neutraliser cet effet de composition. En fait, le taux d'activité des Canadiens plus âgés a légèrement augmenté en 2011, cette hausse s'étant entièrement manifestée chez les femmes de ce groupe d'âge.
L'emploi a continué de progresser dans la population des 55 ans et plus, presque exclusivement en raison d'une augmentation d'environ 282 000 personnes dans ce groupe. Après 15 années de croissance, les taux d'emploi des hommes et des femmes de 55 ans et plus ont terminé l'année à peu près là où ils l'avaient commencé. Les baisses des taux d'emploi des hommes de 65 à 69 ans et des femmes de 60 à 64 ans ont atténué les faibles hausses observées dans les autres groupes de la population plus âgée.
La main-d'œuvre âgée de 25 à 54 ans augmente également
Le taux d'emploi des travailleurs dans la force de l'âge actif a augmenté, passant 80,6 % à 81,1 %, de décembre à décembre. Cette hausse s'est surtout manifestée chez les femmes dans la force de l'âge actif, le taux d'emploi de celles-ci ayant augmenté de 0,8 point de pourcentage, comparativement à 0,2 point de pourcentage pour les hommes. Dans les deux cas, les taux d'emploi sont restés sous les sommets antérieurs à la récession, d'environ 1 point pour les femmes et de 2,5 points pour les hommes.
La reprise plafonne chez les jeunes
Les jeunes ont beaucoup plus de terrain à reprendre pour atteindre le taux d'emploi antérieur à la récession. Leur taux d'emploi a diminué de 0,3 point de pourcentage au cours de l'année et reste plus de 5 points de pourcentage sous le sommet atteint avant la récession. Par conséquent, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans a augmenté, passant de 14,0 % en décembre 2010 à 14,4 % en mars 2011, avant de redescendre à 14,1 % en décembre 2011 (graphique C). Le relâchement du marché du travail pour les jeunes a poussé ce groupe aux études : la proportion des jeunes de 15 à 24 ans faisant des études est passée de 59,8 % à l'automne 2008 à 61,8 % à l'automne 2011.
La persistance du chômage chez les jeunes après le ralentissement économique n'est pas sans précédent. Les niveaux actuels de chômage chez les jeunes sont semblables à ceux observés trois ans après le début de la récession des années 1980, mais restent bien en deçà des niveaux élevés de chômage affichés par les jeunes durant la majeure partie des années 1990.
Les taux d'activité et d'emploi des immigrants récents diminuent
Les taux d'emploi des immigrants reçus et des Canadiens nés au pays sont restés pratiquement inchangés en 2011, de sorte que l'écart de 7 points de pourcentage en faveur des Canadiens nés au pays s'est maintenu (tableau 2). La tendance pour les immigrants varie selon le temps passé au Canada : le taux d'emploi des immigrants établis depuis plus de 10 ans a augmenté, alors qu'il a diminué dans le cas des immigrants arrivés plus récemment — surtout pour ceux qui sont au Canada depuis 5 ans ou moins. Toutefois, le taux d'activité de ces immigrants très récents a baissé davantage que leur taux d'emploi, si bien que le taux de chômage de ce groupe a reculé de 1,7 point de pourcentage.
Les travailleurs autochtones se tirent mieux d'affaire en 2011 qu'au cours des deux années précédentes
En 2011, le taux d'emploi des Autochtones a augmenté de 2,7 points de pourcentage après avoir diminué de 5,6 points de pourcentage entre 2008 et 2010 (tableau 3). Les taux d'emploi ont progressé dans tous les groupes d'âge en 2011 sauf pour ceux âgés de 55 ans et plus, la plus forte hausse en chiffres absolus ayant été observée chez les Autochtones dans la force de l'âge actif. L'emploi a gagné du terrain tant chez les Autochtones des Premières nations que chez les Métis au cours de l'année.
Le secteur des services surpasse le secteur des biens
La croissance de l'emploi a considérablement varié selon l'industrie en 2011 (graphique D). Dans l'ensemble, la croissance de l'emploi a été plus forte dans le secteur des services (+1,4 %)a que dans le secteur des biens (+0,2 %)a, mais des signes de force et de faiblesse ont été constatés dans chacun des secteurs.
La plupart des niches de croissance dans le secteur des biens ont été notées dans les industries primaires. De décembre 2010 à décembre 2011, le nombre de travailleurs augmentaient dans les industries de l'extraction minière, pétrolière et gazière, cette hausse étant surtout attribuable à la vigueur de l'industrie pétrolière et gazière et de celle des activités de soutien.
Le nombre de travailleurs dans le secteur de la fabrication a diminué de 49 000a entre décembre 2010 et décembre 2011, malgré les bons résultats obtenus dans certaines industries. L'emploi a progressé dans la fabrication de machines, et l'industrie de la fabrication de matériel de transport.
Les emplois dans les industries manufacturières à forte intensité de main-d'œuvre ont continué de disparaître en 2011. Les usines de textile et de produits textiles, la fabrication de vêtements, la fabrication de produits en cuir et de produits analogues, et la fabrication de meubles et de produits connexes ont toutes perdu de leurs effectifs au cours des douze mois suivants.
Les industries de produits chimiques, de produits en plastique et en caoutchouc et de produits minéraux non métalliques ont, elles aussi, connu une année difficile. L'emploi a également diminué dans l'industrie des produits informatiques et électroniques.
L'emploi dans la construction a progressé de 2,9 % (36 000)a en 2011. En revanche, les services publics comptaient 9,5 %a de travailleurs de moins en décembre 2011 qu'en décembre 2010.
Dans le secteur des services, les niches de croissance ont été notées dans deux sous-secteurs généralement associés à une rémunération plus élevée. Les services professionnels, scientifiques et techniques ont connu une hausse de 6,2 %a au chapitre de l'emploi. L'emploi a progressé de 56 000a dans le sous-secteur des soins de santé et de l'assistance sociale, les fortes hausses observées dans les services de soins ambulatoires et dans les services de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes ayant été tempérées par le repli de l'emploi dans l'assistance sociale.
Certains secteurs associés à une rémunération peu élevée ont aussi connu une forte croissance en 2011. Entre décembre 2010 et décembre 2011, l'emploi dans les services d'hébergement et de restauration a enregistré une hausse de 65 000a, animée par une augmentation annuelle dans les services d'hébergement. Dans la même mouvance, le nombre de travailleurs a crû dans les ménages privés représentant plus de la moitié de la progression nette de l'emploi dans le secteur des « autres services ».
Les autres grands sous-secteurs de services ont obtenu des résultats mitigés. Le commerce de détail, qui regroupe plus de 2,0 millions d'employés, comptait 19 000 travailleurs (+0,9 %)b de plus en 2011, cette hausse étant le résultat net de tendances très variées au sein du secteur. Ainsi, l'emploi a connu une forte croissance dans les magasins de vêtements et d'accessoires vestimentaires ainsi que dans les magasins de produits de santé et de soins personnels, alors qu'il s'est considérablement replié dans les magasins de meubles et d'accessoires de maison de même que chez les détaillants hors magasin. Dans l'ensemble, les gains dans le commerce de détail ont été annulés par les pertes dans le secteur du commerce de gros, il y a donc eu peu de changement au cours de l'année.
L'emploi a progressé de 1,0 %a dans les services d'enseignement, les hausses dans les universités et les autres établissements et services de soutien à l'enseignement ayant contrebalancé les baisses observées dans les établissements d'enseignement primaire, secondaire et postsecondaire.
L'emploi dans les administrations publiques a peu bougé en 2011 (+0,3 %)a. En effet, la croissance de l'emploi dans les administrations publiques locales, municipales et régionales a neutralisé les baisses dans les administrations fédérale et provinciales. De même, le secteur de l'information, de la culture et des loisirs a enregistré une croissance de l'emploi de 0,4 %a de décembre à décembre.
L'emploi s'est contracté de 3,1 %a dans le secteur de la finance, des assurances et de l'immobilier entre décembre 2010 et décembre 2011, sous l'effet d'une perte dans le sous-secteur bancaire et dans les services de location et de location à bail. Le secteur du transport et de l'entreposage a également perdu un grand nombre d'emplois en 2011, les reculs s'étant répartis dans diverses industries. Cependant, des hausses de l'emploi dans ce secteur a aussi été observé principalement dans le transport par camion et l'entreposage.
L'emploi se replie dans les professions de la gestion ainsi que des affaires, de la finance et de l'administration
L'emploi a progressé dans la plupart des professions, mais a perdu du terrain dans les professions dans les sciences sociales, l'enseignement, l'administration publique et la religion; les professions des affaires et de la finance et de l'administration; et les professions de la gestion. Entre décembre 2010 et décembre 2011, l'emploi a reculé de 69 000 dans ces trois groupes de profession combinés.
Forte croissance de l'emploi dans les professions de la santé
À l'instar des tendances constatées dans l'industrie, l'emploi dans les professions de la santé a augmenté de 69 000 (+6,2 %), et la croissance a été plus forte pour le personnel technique et le personnel de soutien que pour le personnel professionnel de la santé. En pourcentage, la croissance a été encore plus marquée dans les professions des arts, de la culture, des sports et des loisirs, l'emploi ayant crû de 9,2 % (+50 000) de décembre à décembre. Les professions des sciences naturelles et appliquées et les professions apparentées (+1,3 %) de même que les professions des ventes et des services (+0,6 %) ont enregistré une croissance modérée de l'emploi.
Les effectifs des cols bleus augmentent
Les professions de cols bleus ont donné des signes de vigueur et ont été à l'origine de plus de la moitié de la création nette d'emplois en 2011. En chiffres absolus, les plus fortes hausses de l'emploi ont été signalées dans les professions des métiers, du transport et de la machinerie (+68 000), et l'emploi a progressé de 3,5 % dans les professions de la transformation, de la fabrication et des services d'utilité publique. La croissance de l'emploi a été modérée dans les professions propres au secteur primaire.
Les diplômés du secondaire profitent d'une poussée de l'emploi, mais leur taux de chômage reste élevé
L'augmentation des emplois de cols bleus va de pair avec la poussée de l'emploi pour les personnes n'ayant qu'un diplôme d'études secondaires (tableau 4). Ces diplômés du secondaire occupaient 229 000 emplois de plus en décembre 2011 qu'en décembre 2010. L'emploi a également progressé de 74 000 chez les diplômés universitaires, mais a fortement baissé chez ceux qui n'ont pas terminé leurs études postsecondaires. Malgré la croissance de l'emploi chez les diplômés du secondaire, ce groupe affiche un taux d'emploi de 13,5 points de pourcentage inférieur à celui des diplômés universitaires et un taux de chômage de 3,1 points de pourcentage plus élevé.
Source des données et définitions
L'Enquête sur la population active (EPA) est une enquête-ménage qui recueille chaque mois des données relatives à l'activité sur le marché du travail auprès de la population civile hors établissement institutionnel âgée de 15 ans et plus. L'enquête est menée auprès d'un échantillon rotatif d'environ 54 000 ménages, chaque ménage demeurant dans l'échantillon pendant six mois consécutifs.
Aux fins de l'EPA, la population en âge de travailler est divisée en trois catégories s'excluant mutuellement : les personnes occupées, les chômeurs et les inactifs. Le Guide de l'Enquête sur la population active (Statistique Canada, 2011) présente la liste complète des variables de l'EPA, ainsi que leur description.
Le taux d'emploi représente le nombre de personnes occupées exprimé en pourcentage de la population de 15 ans et plus. Le taux d'emploi d'un groupe particulier (par exemple les jeunes de 15 à 24 ans) correspond au nombre de personnes occupées dans ce groupe exprimé en pourcentage de la population dans le même groupe.
Le taux de chômage représente le nombre de chômeurs exprimé en pourcentage de la population active. Le taux de chômage d'un groupe particulier correspond au nombre de chômeurs dans ce groupe exprimé en pourcentage de la population active dans le même groupe.
Les fluctuations des séries chronologiques économiques sont causées par des mouvements saisonniers, cycliques et irréguliers. Une série désaisonnalisée est une série dont on a éliminé les effets des mouvements saisonniers. Les données mensuelles pour les immigrants, les Autochtones, les emplois selon le niveau de scolarité et les sous-groupes à trois chiffres des industries n'ont pas été désaisonnalisées. Toutes les autres données présentées dans cet article ont été désaisonnalisées.
La présente analyse s'appuie sur les estimations de l'emploi selon l'industrie définie par le code à deux chiffres du Système de classification des industries de l'Amérique du Nord. Dans certains cas, l'analyse renvoie à des sous-catégories à trois chiffres qui respectent les lignes directrices relatives à la qualité des données à des fins de publication.
Notes
1. Les données présentées au niveau de deux chiffres ont été désaisonnalisées et sont représentées dans le texte par a.
2. Les données présentées au niveau de trois chiffres n'ont pas été désaisonnalisées et sont représentées dans le texte par b.
Document consulté
Statistique Canada. 2011. Guide de l'Enquête sur la population active, no 71-543-G au catalogue de Statistique Canada, mars, Ottawa, (consulté le 6 mars 2012).
Auteurs
Ted Wannell et Jeannine Usalcas sont au service de la Division de la statistique du travail. Ted Wannell peut être joint au 613-951-3546. Jeannine Usalcas peut être joint au 613-951-4720 ou l'un ou l'autre à perspective@statcan.gc.ca.
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