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Par Katherine Marshall
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La majorité des étudiants doivent compter sur des gains pour assumer une partie des coûts de leurs études. Toutefois, que les jeunes travailleurs soient aux études ou non, ils peuvent être particulièrement touchés par les ralentissements économiques. Entre octobre 2008 et octobre 2009, le taux d'emploi a chuté de près de 10 % chez les 15 à 24 ans, ce qui correspond à 225 000 emplois et à plus de la moitié de l'ensemble des emplois perdus pendant cette période (LaRochelle-Côté et Gilmore, 2009). Comme ils bénéficient d'une ancienneté, d'une permanence d'emploi et d'une protection d'emploi moindres, les jeunes travailleurs sont souvent les premiers à être mis à pied. De plus, trouver un emploi est plus difficile pour eux puisqu'ils ont peu ou pas d'expérience, même s'ils ont de solides attestations scolaires.
Pour financer leurs études, les étudiants postsecondaires étaient proportionnellement les plus nombreux à déclarer puiser dans leurs économies personnelles (79 %), puis, en deuxième lieu, dans leurs gains (63 %) (Ouellette, 2006). Plus de la moitié des étudiants ont déclaré qu'ils puisaient principalement dans leurs économies (27 %) ou dans leurs gains (26 %) pour payer leur année scolaire. Étant donné que le chômage chez les jeunes augmente pendant les ralentissements économiques, ces importantes sources de revenus des étudiants diminuent, et cette situation peut entraîner le recours accru à l'emprunt. [Traduction] « Selon les observations faites au sujet des récessions antérieures, chaque hausse de 1 % du chômage chez les jeunes semble entraîner une hausse d'un peu plus de 6 % du nombre d'étudiants emprunteurs. » (Usher et Dunn, 2009). L'accroissement de l'emprunt et de l'endettement chez les étudiants a été associé à des niveaux inférieurs d'épargne, d'investissement et d'actif longtemps après la fin de leurs études (Luong, 2010).
Les frais de scolarité ont augmenté à un rythme supérieur à celui de l'inflation depuis le début des années 1990 (Ouellette, 2006). Certains chercheurs prédisent que le ralentissement économique confrontera les établissements d'enseignement postsecondaire à diverses difficultés : baisse des revenus, hausse des coûts, hausse du nombre d'inscriptions aux études collégiales et aux études supérieures et hausse des coûts de l'aide aux étudiants. (Usher et Dunn, 2009). Selon ce scénario, les étudiants seraient confrontés à des coûts et à une compétition accrus pour certains programmes en raison de la diminution de leurs possibilités d'emploi.
Dernièrement, un nombre accru d'étudiants postsecondaires travaillaient pendant l'année scolaire et investissaient plus de temps dans leur emploi qu'auparavant (Usalcas et Bowlby, 2006). À la lumière de ces observations, il est donc utile de se demander si le travail pendant les études constitue une activité positive, négative ou négligeable. Dans le cadre de diverses études, on a tenté d'évaluer l'incidence du travail sur le rendement scolaire, sur le temps nécessaire pour compléter des études, sur la persévérance scolaire et sur le niveau de stress personnel (pour des exemples récents, voir : DeSimone, 2008; Motte et Schwartz, 2009; Riggert et coll., 2006; et Vickers et coll., 2003). Dans la plupart des cas, on conclut que de longues heures de travail peuvent nuire aux résultats scolaires, mais les résultats ne sont pas aussi concluants pour ce qui est du travail limité ou modéré. L'analyse de la relation entre les études et l'emploi est complexe en raison de diverses variables non observables, par exemple la motivation personnelle; la gestion du temps et les capacités organisationnelles; de même que la confiance en soi.
L'analyse s'appuie sur l'Enquête sur la population active (EPA) afin d'évaluer les tendances à long terme de l'emploi chez les jeunes de 15 à 24 ans inscrits à temps plein dans un collège, un cégep ou une université, dans le contexte particulier du récent ralentissement et de la reprise amorcée (voir Source de données et définitions). On dresse ensuite un portrait des étudiants qui occupaient un emploi pendant l'année scolaire 2009-2010, dont le nombre moyen d'heures de travail, les gains moyens et les caractéristiques de l'emploi. On décrit finalement les tendances à long terme de l'emploi pendant la période estivale (voir Un emploi d'été).
En 1976-1977, 12 % des jeunes de 15 à 24 ans (532 000) poursuivaient à temps plein des études postsecondaires, un pourcentage qui a sans cesse augmenté au fil des décennies. En 2009-2010, 27 % (1 193 000) des jeunes étudiaient à temps plein dans un collège, un cégep ou une université. L'augmentation de la fréquentation scolaire postsecondaire correspond à l'essor de l'économie du savoir et des emplois de haute spécialisation. Par ailleurs, la hausse de la poursuite d'études supérieures chez les jeunes femmes par rapport aux jeunes hommes constitue une autre tendance marquée. En 1976-1977, les femmes représentaient 46 % de l'ensemble des étudiants postsecondaires; cette proportion avait atteint 56 % en 2009-2010 (tableau 1). La part d'étudiants postsecondaires inscrits à temps plein à l'université a légèrement augmenté, passant de 57 % en 1976-1977 à 61 % en 2009-2010. Les femmes, en particulier, ont de plus en plus entrepris des études universitaires.
Non seulement la fréquentation scolaire postsecondaire a augmenté chez les jeunes, mais la part de ceux qui allient études et travail rémunéré a aussi augmenté. Au cours des 35 dernières années, le taux d'emploi chez les étudiants postsecondaires à temps plein est passé de un sur quatre à juste un peu moins de un sur deux. (graphique A). Par ailleurs, le taux d'emploi d'été chez ce même groupe est resté stable (voir Un emploi d'été). Depuis le début des années 1990, on a constaté une différence appréciable dans le taux d'emploi entre les hommes et les femmes, c'est-à-dire une participation des étudiantes supérieure à celle de leurs confrères masculins. La différence du taux d'emploi a continué de s'accentuer au cours de la dernière décennie, atteignant pour la première fois une différence de plus de 10 points de pourcentage en 2004-2005, c'est-à-dire que 52 % des étudiantes à temps plein occupaient un emploi pendant l'année scolaire par rapport à 41 % de leurs confrères masculins. Les tendances de l'emploi en fonction du sexe sont également observables chez les étudiants plus jeunes et plus âgés (tableau 6) comme on l'a constaté lors de recherches antérieures en utilisant des données sur l'emploi du temps (Marshall, 2007).
On a observé une baisse marquée du taux d'emploi chez l'ensemble des étudiants entre 2007-2008 et 2009-2010, soit une baisse de 2,6 points de pourcentage chez les étudiants et de 2,4 points chez les étudiantes. Toutefois, d'un trimestre à l'autre, il devient évident que le ralentissement économique, qui a commencé vers la fin de 2008, a eu un effet initial important sur les possibilités d'emploi pour les étudiants postsecondaires. On a relevé certains signes d'amélioration depuis (graphique B). Bien que le taux d'emploi chez les étudiants postsecondaires à temps plein ait chuté de 3,3 points de pourcentage entre les trimestres d'automne 2008 (de septembre à décembre) et d'hiver 2009 (de janvier à avril), dans l'ensemble, il y a eu des hausses à chacun des trimestres suivants, particulièrement au cours de l'hiver 2010.
Le nombre moyen d'heures de travail des étudiants postsecondaires a augmenté constamment jusqu'à la fin des années 1990 et s'est maintenu autour de 16 heures par semaine depuis (graphique C et tableau 7). Bien que le nombre moyen d'heures de travail ait augmenté, 9 étudiants sur 10 travaillent tout de même à temps partiel pendant l'année scolaire. La tendance et la fluctuation du cycle économique des heures de travail des étudiants étaient semblables pour les deux sexes; cependant, les hommes ont travaillé en moyenne entre 1,5 et 2,5 heures de plus par semaine que les femmes.
Le temps moyen passé au travail a affiché une tendance à la baisse depuis le récent ralentissement économique, puis a augmenté légèrement à l'automne 2009 avant de redescendre au cours de l'hiver 2010. Le nombre moyen d'heures de travail pour l'ensemble des étudiants occupant un emploi se situait à 15,6 au cours de l'hiver 2010, le niveau le plus bas depuis environ une décennie (graphique D).
Étant donné que, pendant la récente récession, le nombre hebdomadaire d'heures de travail a légèrement diminué et que les gains horaires sont passés de 10,75 $ en 2007-2008 à 11,80 $ en 2009-2010, les gains hebdomadaires moyens se sont chiffrés à près de 200 $ en 2009-2010 (tableau 2). Si l'on tient pour acquis que les étudiants ont conservé leur emploi à temps partiel pendant l'année scolaire (de septembre à avril, soit environ 34 semaines), les gains moyens en 2009-2010 se seraient situés à environ 6 300 $. Les étudiants qui sont parvenus à conserver ou à trouver un emploi pendant le ralentissement économique ont donc pu maintenir leurs gains. La hausse de 2,5 % du chômage laisse cependant penser que si le taux d'emploi s'était maintenu pendant la récession, 30 000 étudiants de plus auraient occupé un emploi (soit 2,5 % de la population étudiante en 2009-2010). Des analyses ont démontré que la baisse du taux d'emploi chez les étudiants entre 1982 et 1990 a été suivie par des hausses importantes du nombre de bénéficiaires du Programme canadien de prêts aux étudiants (Usher et Dunn, 2009).
L'importance des gains pour le financement des études a aussi été mise en évidence par l'Enquête sur la participation aux études postsecondaires de 2002. Cette étude a montré que le coût médian d'une année scolaire en 2001-2002 pour les étudiants postsecondaires âgés de 18 à 24 ans se situait à 10 900 $ et que 3 000 $ des gains des étudiants ayant un emploi servaient à payer ce montant (Ouellette, 2006).
Comme les étudiants de sexe masculin travaillaient environ deux heures de plus par semaine et gagnaient un salaire légèrement plus élevé que leurs consœurs (12,15 $ par rapport à 11,55 $ en 2009-2010), leurs gains hebdomadaires pendant l'année scolaire étaient supérieurs. Les gains pendant l'année scolaire s'élevaient à environ 6 900 $ pour les hommes et à 6 000 $ pour les femmes.
Les étudiants âgés de 20 à 24 ans étaient comparativement plus susceptibles que les étudiants âgés de 15 à 19 ans de travailler pendant leurs études, pendant de plus longues heures et à un salaire supérieur. La fourchette des gains potentiels s'étend d'environ 5 000 $ chez les jeunes étudiants à plus de 7 000 $ chez les étudiants plus âgés. Les conséquences financières pour les étudiants plus âgés sans emploi sont donc plus graves que pour les étudiants plus jeunes. De surcroît, les étudiants plus âgés sont moins susceptibles de pouvoir compter sur le soutien financier de leurs parents.
Quelles sont les caractéristiques personnelles et liées à l'emploi des étudiants qui travaillent? Il a déjà été constaté que les étudiants plus âgés et les femmes sont plus susceptibles d'occuper un emploi pendant l'année scolaire. Les étudiants immigrants sont nettement moins susceptibles de travailler pendant les études (32 %) comparativement à leurs homologues nés au Canada (49 %) (tableau 3). Bien que la différence entre les sexes se maintienne chez ces deux groupes, les femmes immigrantes affichent un taux d'emploi supérieur à celui des hommes immigrants (35 % comparativement à 29 %); ces deux taux sont quand même inférieurs à celui des étudiantes nées au Canada (53 %) et à celui de leurs confrères nés au Canada (43 %). Le fait d'étudier dans un grand centre urbain, milieu offrant des possibilités d'emploi accrues, augmente aussi les chances des étudiants d'occuper un emploi (47 %) comparativement aux étudiants vivant dans de plus petites villes (39 %). Le fait de vivre à la maison ne semble pas augmenter le taux d'emploi chez les étudiants. « Vivre à la maison » consiste pour les étudiants à habiter au moins 30 jours par an avec l'un ou l'autre de ses parents, les étudiants qui habitent dans une résidence scolaire et rentrent à la maison pour l'été font donc partie de cette catégorie1. Bien que la part des étudiants vivant à la maison varie considérablement en fonction de l'âge, 85 % chez ceux âgés de 15 à 19 ans, comparativement à 61 % chez ceux âgés de 20 à 24 ans, on n'observe aucune variation notable du taux d'emploi en fonction de l'âge et du lieu de résidence (graphique E). Enfin, une proportion supérieure d'étudiants de niveau collégial (49 %) que d'étudiants de niveau universitaire (43 %) occupent un emploi pendant leurs études.
On constate une différence de moins de deux heures pour le nombre moyen d'heures travaillées par semaine chez l'ensemble des étudiants toutes caractéristiques confondues. Dans le cas des hommes immigrants, bien que leur taux d'emploi ait été inférieur, ceux qui occupaient un emploi travaillaient en moyenne plus d'heures par semaine, soit 17,3 heures. Pour ce qui est des longues heures de travail, moins d'un étudiant sur cinq (18 %) travaillait plus de 20 heures par semaine. Il a été démontré qu'il s'agit là d'un seuil important : selon certaines études, un grand nombre d'heures de travail peut nuire aux résultats scolaires postsecondaires et à la persévérance scolaire.
Enfin, les taux d'emploi et les moyennes d'heures travaillées correspondent aux tendances historiques dans les provinces (Usalcas et Bowlby, 2006). Au cours de l'année scolaire 2009-2010, le Manitoba et le Québec affichaient un taux d'emploi supérieur à 50 %, tandis que le Nouveau-Brunswick (27 %) et Terre-Neuve-et-Labrador affichaient les taux moyens les plus bas (34 %) (graphique F). Le nombre moyen d'heures de travail hebdomadaires allait de 17,3 en Saskatchewan à 15,2 au Québec.
Parmi les 542 000 étudiants postsecondaires qui occupaient un emploi pendant l'année scolaire 2009-2010, presque tous (96 %) travaillaient dans le secteur des services comparé à 78 % des non-étudiants occupant aussi un emploi dans ce secteur (tableau 4). Le commerce au détail, en particulier, regroupait plus d'un tiers des emplois des étudiants, soit 32 % chez les étudiants masculins, et 38 % chez les étudiantes (données non présentées). Le commerce des aliments et des boissons (p. ex. épiceries) et les boutiques de vêtements rassemblaient la moitié des emplois. Les autres catégories d'emploi dans cette industrie comptaient les magasins de marchandises générales, les magasins de soins de santé et de soins personnels (p. ex. pharmacies) et les magasins de sports, de loisirs, de livres et de musique. La vente au détail convient aux étudiants puisqu'il est possible d'y travailler à temps partiel, le soir ou les fins de semaine et que peu d'expérience est exigée. Entre septembre 2009 et avril 2010, le marché de la vente au détail offrait 2,0 millions d'emplois. Les plus ou moins 200 000 étudiants qui travaillent dans ce secteur occupent 10 % de l'ensemble des emplois du secteur.
La restauration offre aussi beaucoup de possibilités d'emplois aux étudiants. En effet, 18 % d'entre eux travaillent dans cette industrie, comparativement à 5 % chez les autres travailleurs. La représentation des étudiants est aussi supérieure dans les secteurs des services d'enseignement, des arts, du divertissement et des loisirs, où bon nombre travaillent comme assistants de recherche et comme instructeurs dans les loisirs et les sports.
Si la plupart des étudiants ont toujours travaillé pendant l'été, les profils d'emploi pendant l'année scolaire ont pour leur part beaucoup changé. Depuis la fin des années 1990, près de un étudiant à temps plein sur deux occupe un emploi pendant l'année scolaire, comparativement à un sur quatre à la fin des années 1970. Parallèlement, le nombre d'heures de travail a augmenté, puis s'est stabilisé, atteignant une moyenne d'environ 16 heures par semaine au cours de la dernière décennie.
Au cours de l'année scolaire 2009-2010, non seulement un nombre proportionnellement supérieur de jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans poursuivaient des études postsecondaires (56 % par rapport à 44 %), mais elles étaient aussi plus susceptibles d'occuper un emploi (50 % en comparaison à 40 %). Toutefois, en moyenne, les étudiants masculins occupant un emploi travaillent pendant un plus grand nombre d'heures par semaine que leurs consœurs (16,7 par rapport à 15,3). Les étudiants plus âgés et les étudiants nés au Canada étaient eux aussi nettement plus susceptibles de travailler pendant leurs études. L'essentiel des étudiants occupant un emploi travaillaient dans le secteur des services (96 %), dont 36 % dans la vente au détail et 18 % dans la restauration.
Les étudiants n'ont pas été épargnés par le récent ralentissement économique : ils ont affiché une baisse de leur taux d'emploi et du nombre moyen d'heures travaillées. Le taux d'emploi des étudiants postsecondaires à temps plein a chuté de plus de 3 points de pourcentage entre le trimestre d'automne 2008 et le trimestre d'hiver 2009. Bien que le taux soit passé à 46,5 % pendant l'hiver 2010, il restait tout de même inférieur au taux de l'automne 2007, soit 47,9 %.
Beaucoup d'étudiants comptent sur leurs gains pour financer en partie leurs études (Ouellette, 2006). Les gains estimés des étudiants occupant un emploi pendant l'année scolaire se situaient à environ 6 000 $ avant et pendant le ralentissement économique (de 2007-2008 à 2009-2010). Bien que les étudiants ayant un emploi aient réussi à maintenir leurs gains, leur nombre a chuté d'environ 30 000 pendant cette période.
L'été 2009 a été la pire période pour les étudiants postsecondaires âgés de 20 à 24 ans depuis les récessions de 1982 et de 1993. Entre l'été 2008 et l'été 2009, le taux d'emploi a chuté de 70,3 % à 63,0 %, le taux de chômage est passé de 9,0 % à 13,6 %, et le pourcentage d'étudiants occupant un emploi à temps plein pendant l'été est tombé de 60,7 % à 56,6 %. Il est particulièrement difficile pour les étudiants d'être sans emploi pendant l'été en raison de la perte de gains que cette situation peut entraîner. Les étudiants ayant occupé un emploi pendant l'été 2009 ont gagné en moyenne 6 700 $.
Les récentes baisses du taux d'emploi des étudiants pendant l'année scolaire et pendant l'été, entraînées par le ralentissement économique, et par conséquent la hausse du taux de chômage, peuvent indiquer qu'un plus grand nombre d'étudiants auraient occupé un emploi rémunéré s'ils avaient pu en trouver un. Heureusement, la plupart des programmes collégiaux et universitaires s'étendent sur plusieurs années, alors, compte tenu des signes de reprise de l'emploi pour les étudiants, ceux d'entre eux qui souhaitent travailler pourraient avoir bientôt de meilleures probabilités d'obtenir à nouveau un emploi.
Beaucoup d'étudiants commencent à penser à se trouver un emploi d'été bien avant la fin du deuxième trimestre. Les quatre mois d'été offrent à bon nombre d'étudiants une occasion bien courte mais fort utile d'acquérir une précieuse expérience de travail et, plus important encore, de gagner les sommes nécessaires pour poursuivre leurs études. La compétition peut être féroce : des dizaines de milliers d'étudiants se lancent en même temps sur le marché du travail.
En 1997, le gouvernement fédéral a lancé la Stratégie emploi jeunesse (SEJ) afin d'aider les jeunes à se trouver un emploi et à acquérir de l'expérience professionnelle. La SEJ comprend notamment le volet Expérience emploi été, ciblant particulièrement les étudiants secondaires et postsecondaires qui retournent aux études à temps plein l'automne suivant. Le programme offre des subventions salariales aux employeurs afin d'encourager l'embauche d'étudiants, en plus d'assurer le soutien de bureaux d'emploi d'été (voir RHDCC, 2010 pour de plus amples renseignements).
L'Enquête sur la population active (EPA) recueille aussi des données sur les tendances relatives à l'emploi d'été des étudiants : on pose à l'ensemble des répondants âgés de 15 à 24 ans deux questions supplémentaires destinées aux étudiants lors de chacun des entretiens se tenant de mai à août (voir Source de données et définitions). La première question vise à relever si le répondant étudiait à temps plein au mois de mars de l'année en cours, et, si « oui », si il ou elle s'attend à retourner aux études à temps plein à l'automne. Les données se rapportent ici aux répondants ayant répondu positivement aux deux questions. De plus, comme le type d'établissement scolaire fréquenté en mars n'est pas connu (secondaire ou postsecondaire), l'échantillon se limite aux répondants âgés de 20 à 24 ans, ce qui assure que la majorité des répondants sont soit au niveau collégial, soit au niveau universitaire (la population cible de notre étude).
Bien que le taux d'emploi pendant l'année scolaire ait constamment augmenté au cours des dernières décennies, le taux d'emploi pendant l'été chez les étudiants postsecondaires âgés de 20 à 24 ans s'est toujours situé en moyenne autour de 70 % (graphique G). Tout comme le taux d'emploi général, le taux d'emploi pendant l'été chez les étudiants suit les hausses et les baisses du cycle économique. La baisse observée entre l'été 2008 et l'été 2009, de 70 % à 63 %, constituait la chute la plus importante d'une année à l'autre depuis 1981 et 1982, années où le taux était passé de 72 % à 62 %.
Comme on l'a énoncé précédemment, les étudiants âgés de 20 à 24 ans qui occupaient un emploi pendant l'année scolaire gagnaient en moyenne environ 7 000 $ en 2009-2010. Les salaires horaires sont sensiblement les mêmes pendant l'année scolaire et l'été, mais la part des étudiants qui travaillent à temps plein quadruple (de 12 % pendant l'année scolaire 2009-2010 à 57 % pendant l'été 20092). Ainsi, en raison de l'augmentation du nombre d'heures travaillées, le même groupe a gagné plus ou moins la même somme (6 700 $) pendant l'été 2009 (tableau 5). Même si les gains de l'été ne couvrent pas totalement les coûts d'une année scolaire, ils permettent d'assumer certains frais. Le taux d'épargne est probablement relativement élevé dans le cas des étudiants qui retournent chez leurs parents pour l'été, car ils évitent ainsi des dépenses de loyer et de nourriture.
Malgré la baisse du nombre moyen d'heures travaillées entre l'été 2008 et l'été 2009 (de 30,0 à 28,8), les gains pour la période estivale étaient sensiblement équivalents en raison de la légère hausse du salaire horaire (de 12,40 $ à 12,85 $). Bien que les étudiants ayant un emploi s'en tiraient à peu près de manière équivalente pour ces deux années, il ne faut pas oublier qu'environ 40 000 étudiants de moins occupaient un emploi pendant l'été 2009.
Le taux d'emploi pendant l'été chez les étudiants a chuté entre 2008 et 2009 dans la plupart des provinces, mais, pour ces deux années, les Maritimes affichaient des taux supérieurs à la moyenne (à l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador), tout comme la Saskatchewan et le Manitoba. En outre, les étudiants qui occupaient un emploi dans ces provinces ont travaillé un nombre d'heures supérieur à la moyenne. Étant donné que le salaire horaire était le plus élevé dans les provinces de l'Ouest, les étudiants de l'Alberta et de la Saskatchewan sont parvenus à gagner environ 9 000 $ pendant l'été 2009.
Nota : Les données définitives sur l'emploi de l'été 2010 chez les étudiants (mai à août) ont été diffusées lors de la préparation du présent article. Les principaux résultats indiquent que les taux d'emploi et de chômage pour les étudiants postsecondaires âgés de 20 à 24 ans se situaient respectivement à 66,4 % et à 8,3 %. Les étudiants ont travaillé en moyenne 27,7 heures par semaine et leur rémunération horaire moyenne était de 12,80 $. Enfin, le taux d'emploi à temps plein chez les étudiants au cours de l'été 2010 s'établissait à 51,8 %.
L'Enquête sur la population active (EPA) est une enquête mensuelle auprès des ménages visant à recueillir des données relatives à l'activité sur le marché du travail de toutes les personnes de 15 ans et plus. On demande de plus aux répondants s'ils fréquentent l'école en ce moment, à temps partiel ou à temps plein, et dans quel type d'établissement. Pour analyser le comportement d'emploi des étudiants pendant l'année scolaire, on utilise les données de septembre à avril, soit huit mois.
On ajoute des questions particulières à l'intention des étudiants pendant les mois d'été (de mai à août) afin d'identifier les jeunes qui étaient aux études au mois de mars de l'année en cours et qui prévoient retourner aux études à temps plein l'automne suivant. Ces questions sont seulement posées aux répondants âgés de 15 à 24 ans, et on ne tient pas compte du type d'établissement. Comme la présente étude porte sur les étudiants postsecondaires, on ne se penche que sur les données se rapportant aux tendances en matière d'emploi d'été des répondants âgés de 20 à 24 ans.
La population cible comprend les personnes âgées de 15 à 24 ans ayant déclaré fréquenter un établissement collégial ou universitaire pendant l'année scolaire (soit de septembre à avril).
Les étudiants vivant à la maison incluent ceux qui habitent en ce moment chez leurs parents et ceux qui habitent temporairement à l'extérieur pour leurs études. Les étudiants font partie de cette catégorie s'ils habitent au moins 30 jours par an chez leurs parents. Les étudiants qui ne retournent pas chez leurs parents au moins 30 jours par an sont comptés dans le ménage qu'ils occupaient au cours de la semaine de référence de l'enquête et sont désignés comme vivant à l'extérieur de la maison.
On recueille des données sur la rémunération de tous les travailleurs pour leur emploi principal; il s'agit de leurs gains avant impôts et autres déductions, incluant les pourboires. Presque l'ensemble des étudiants occupant un emploi sont rémunérés (98 % en 2009-2010).
Le nombre habituel moyen d'heures de travail se rapporte au nombre d'heures normalement passées au travail par l'employé, sans compter les heures supplémentaires. Cependant, avant 1997, les employés devaient inclure les heures supplémentaires si elles faisaient généralement partie de leur horaire.
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Katherine Marshall travaille à la Division de la statistique du travail. Il est possible de la joindre au 613-951-6890 ou à perspective@statcan.gc.ca.