Revue du marché du travail en 2009

Par Jeannine Usalcas

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Le ralentissement économique mondial, qui a pris de l'ampleur au dernier trimestre de 2008, s'est poursuivi au premier trimestre de 2009, de sorte que l'emploi a reculé en 2009 après 16 années de croissance. Les pertes d'emploi se sont surtout fait sentir au premier trimestre (-255 000 ou -1,5 %). De mars à juillet, l'emploi s'est stabilisé, puis les cinq derniers mois de l'année ont affiché une tendance à la hausse. Cependant, les gains observés au cours de cette dernière partie de l'année n'ont pas suffi à neutraliser les fortes baisses du premier trimestre, laissant l'emploi en baisse de 1,1 % ou 189 000 à la fin de l'année (voir Sources des données et définitions) [graphique A].

En décembre 2009, le taux de chômage s'établissait à 8,4 % et était supérieur de 1,6 point de pourcentage au taux enregistré en décembre 2008; il s'agissait du taux le plus élevé depuis 1997 et de la plus forte hausse de décembre à décembre depuis la récession du début des années 1990 (voir Variation de décembre à décembre).

En 2009, ce sont les travailleurs à plein temps et les employés du secteur privé qui ont été les plus touchés par les pertes d'emploi. Les jeunes et les hommes âgés de 25 à 54 ans ont affiché les plus fortes baisses. Par contre, une amélioration de l'emploi a été observée chez les personnes âgées de 55 ans et plus, particulièrement les femmes, et chez les travailleurs autonomes.

Lorsque le marché du travail s'est replié au Canada à partir d'octobre 2008, les employeurs ont réduit davantage le nombre d'heures travaillées que le nombre de travailleurs. Les baisses les plus marquées quant aux heures et aux emplois se sont produites au dernier trimestre de 2008 et au premier trimestre de 2009, mais les heures ont diminué plus rapidement que les emplois. Malgré une baisse d'une année à l'autre en 2009, le nombre d'heures affiche une tendance à la hausse depuis le mois de mai (graphique B).

L'emploi dans la fabrication a reculé en 2009; ce secteur comptait en décembre 2009 177 000 travailleurs de moins qu'un an auparavant. Le nombre de travailleurs du secteur de la fabrication est descendu à un nouveau creux en août 2009, légèrement inférieur aux niveaux très bas des récessions du début des années 1980 et 1990. Bien que la part de l'effectif total détenue par le secteur de la fabrication ait diminué depuis des décennies, elle s'établissait à 10,4 % en décembre 2009, comparativement à une moyenne de 17 % au milieu des années 1980 et de 14 % au milieu des années 1990.

L'Ontario a subi les plus fortes baisses de l'emploi en 2009 (-121 000 ou -1,8 %), surtout en raison des pertes dans le secteur de la fabrication. La Colombie-Britannique a également accusé des baisses plus importantes que la moyenne (-27 000 ou -1,2 %). En Alberta, l'emploi a reculé de 20 000 ou -1,0 %.

Accélération des pertes d'emploi dans la fabrication en 2009

Dans le passé, l'emploi dans la fabrication augmentait au cours des périodes de croissance économique et était parmi les premiers à se contracter lors des récessions. Toutefois, le déclin de l'emploi dans la fabrication a précédé ce ralentissement, les usines ayant perdu 341 000 emplois (-15 %) entre mai 2004 et octobre 2008 (Bernard, 2009).

À mesure que l'économie se dégradait, le nombre de travailleurs de la fabrication chutait encore plus rapidement (-10,5 % ou -208 000); en août 2009, il s'établissait à 1,745 million, son plus bas niveau depuis 1976. Depuis août, l'emploi dans ce secteur a toutefois légèrement remonté, en hausse de 1,0 % (18 000) [graphique C].

L'emploi a diminué dans la plupart des grands groupes d'industries de la fabrication au cours du récent ralentissement économique, les pertes les plus importantes ayant touché le matériel de transport (particulièrement les véhicules automobiles, carrosseries et pièces), les produits métalliques, les machines, les produits en bois, les produits en plastique et en caoutchouc, les produits informatiques et électroniques, ainsi que les métaux de première transformation (graphique D).

Dans la fabrication d'aliments et de boissons, l'emploi est resté stable de décembre 2008 à décembre 2009. Les ventes ou livraisons d'aliments ont grimpé de 2,1 % au cours de l'année, principalement en Alberta, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et en Ontario.

Pendant de nombreuses années, les industries de la fabrication d'aliments et de matériel de transport étaient les plus grands employeurs dans le secteur de la fabrication, chacune comptant plus de 200 000 travailleurs. Avec la diminution graduelle du nombre de travailleurs dans l'industrie du matériel de transport, particulièrement dans la fabrication de véhicules automobiles et de pièces, l'industrie de la fabrication d'aliments est devenue le principal employeur dans le secteur de la fabrication. En décembre 2009, on dénombrait 221 000 travailleurs dans la fabrication d'aliments, contre 161 000 dans la fabrication de matériel de transport.

Recul d'autres industries produisant des biens

La foresterie, la pêche, l'extraction minière et l'extraction de pétrole et de gaz ont également affiché des pertes d'emploi au cours de l'année, en baisse de 36 000 ou 10,6 % (tableau 1). Les industries les plus touchées ont été l'extraction minière, l'exploitation en carrière et l'extraction de pétrole et de gaz. Malgré la stabilité observée au cours des quatre derniers mois de l'année, le nombre de travailleurs dans ces industries avait diminué de 14,3 % en décembre 2009 par rapport à un an auparavant.

Dans le cas de la foresterie, de l'exploitation forestière et des services de soutien, l'emploi a diminué jusqu'en avril 2009 avant de remonter peu à peu. Malgré ces gains, l'emploi en fin d'année était de 11,7 % (-5 200) inférieur au niveau de décembre 2008.

Dans le secteur de la construction, l'emploi a reculé de façon marquée de décembre 2008 à juillet 2009 (-86 000), mais il s'est redressé au cours des cinq derniers mois de l'année (57 000), terminant l'année avec un nombre de travailleurs inférieur de 2,4 %.

Le camionnage et les services d'emploi également touchés par le ralentissement économique

La faiblesse de la demande de produits fabriqués s'est traduite par une baisse de la demande de services de camionnage en 2009, ce qui a entraîné des pertes d'emploi dans l'industrie du transport et de l'entreposage (-75 000) [graphique E].

L'accalmie du marché du travail a donné lieu à un repli de la demande de services d'emploi (services de placement et de dépannage). Les entreprises ont également réduit les services de soutien, entraînant une baisse de l'emploi dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien au cours de l'année (-54 000).

Croissance dans certaines industries de services

En général, les services d'enseignement et le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale ne sont pas touchés par les ralentissements économiques ou les récessions. Ils ont affiché des hausses de l'emploi en 2009.

Dans les services d'enseignement, l'emploi a progressé dans les universités, les collèges communautaires et cégeps, ainsi que les écoles primaires et secondaires. Dans le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale, les gains ont été observés dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes, les établissements de soins communautaires et les hôpitaux, ainsi que les cabinets de médecins, de dentistes et d'autres professionnels de la santé, et les centres de soins ambulatoires.

Expansion du travail autonome au cours du récent ralentissement

Le secteur privé a assumé l'ensemble des pertes d'emploi (-273 000 ou -2,5 %) au cours de l'année, alors que le nombre d'employés du secteur public est presque demeuré au même niveau en décembre 2009 par rapport à décembre 2008.

Par ailleurs, le travail autonome a grimpé de 3,1 % (82 000) [graphique F]. Cette hausse s'est surtout produite parmi les propriétaires d'entreprise sans aide rémunérée de mars à octobre 2009, immédiatement après cinq mois de baisses significatives dans l'emploi rémunéré.

Le travail autonome tend à progresser plus vite lorsque la situation du marché du travail est difficile ou pendant les récessions (Picot et Heisz, 2000). Cependant, une étude récente montre que ce n'est en général qu'une faible proportion de travailleurs rémunérés qui deviennent travailleurs autonomes à la suite d'un licenciement (LaRochelle-Côté, 2010), ce qui laisse entendre que d'autres facteurs, y compris d'autres effets possibles du ralentissement économique sur le marché du travail, ont contribué à l'essor récent du travail autonome.

Recul du nombre d'heures effectivement travaillées dans la première moitié de 2009, et remontée après six mois

Étant donné la concentration des pertes d'emploi dans le travail à plein temps (-1,1 %), il n'est que naturel de constater une diminution des heures effectivement travaillées (-0,8 %) en 2009. Toutefois, ce chiffre de fin d'année ne dit pas tout ce qui en est puisque les employeurs ont réduit les heures travaillées dans une bien plus grande mesure (-3,3 %) que le nombre de travailleurs (-1,8 %) du quatrième trimestre de 2008 au deuxième trimestre de 2009. Cela a fait fléchir le nombre moyen d'heures travaillées, qui est passé de 33,4 à 32,9 heures du quatrième trimestre de 2008 au deuxième trimestre de 2009 (graphique G).

Du deuxième au quatrième trimestre de 2009, les employeurs ont augmenté le nombre d'heures à un taux plus élevé (1,1 %) que le nombre d'emplois (0,3 %), ce qui a fait passer le nombre moyen d'heures travaillées de 32,9 à 33,2, soit un niveau à peine inférieur à celui du dernier trimestre de 2008 (33,4).

Taux de chômage le plus élevé en 12 ans

Le taux de chômage est passé de 6,8 % en décembre 2008 à un sommet de 8,7 % en août 2009, puis il s'est stabilisé à 8,4 % pour les trois derniers mois de 2009. Ce sont la Colombie-Britannique, l'Alberta et l'Ontario qui ont connu les augmentations les plus prononcées au chapitre du chômage. En contrepartie, le taux de chômage n'a affiché qu'une faible hausse en Saskatchewan, au Québec et au Nouveau-Brunswick, alors que l'Île-du-Prince-Édouard a enregistré une baisse du taux de chômage au cours de cette période (graphique H). 

Le nombre de prestataires d'assurance-emploi a atteint un sommet (829 300) en juin 2009, à la suite d'une hausse de 51,1 % par rapport à décembre 2008, avant de reculer à 744 000 en décembre 2009. Bien que le nombre de prestataires ait diminué au cours de la deuxième moitié de l'année, il y avait tout de même 195 000 (35,5 %) personnes de plus qui recevaient des prestations d'assurance-emploi en décembre 2009 comparativement à un an auparavant.

Les régions métropolitaines où le nombre de prestataires d'assurance-emploi a augmenté le plus en 2009 sont les suivantes : Vancouver, Victoria et Abbotsford-Mission en Colombie-Britannique; Calgary et Edmonton en Alberta; Grand Sudbury, Oshawa, Toronto et Hamilton en Ontario.

Hausse marquée du chômage chez les jeunes et les hommes dans la force de l'âge actif

Avec un taux de chômage ayant atteint 16,0 % en décembre 2009, en hausse de 2,9 points de pourcentage par rapport à un an auparavant, les jeunes âgés de 15 à 24 ans ont connu une situation difficile au cours du repli du marché du travail. C'est le groupe le plus jeune qui a eu le plus de difficulté à trouver de l'emploi, puisque 20,8 % des jeunes de 15 à 19 ans faisant partie de la population active étaient en chômage en décembre 2009, contre 12,9 % des jeunes de 20 à 24 ans.

L'été 2009 s'est révélé l'une des périodes les plus difficiles des dernières années pour les étudiants en ce qui a trait au marché du travail. Leur taux de chômage moyen a été de 19,2 % au cours des mois d'été, taux qui n'a été dépassé qu'une fois depuis que des données comparables sont devenues accessibles en 1977. En plus d'un taux de chômage élevé, les étudiants ont connu durant l'été le nombre moyen d'heures travaillées le plus bas depuis 1977, soit 23,4 heures par semaine.

La progression du chômage n'a pas touché que les jeunes, puisque le taux de chômage dans le cas des hommes âgés de 25 à 54 ans a atteint 8,1 % en décembre 2009, en hausse de 2,1 points de pourcentage par rapport à un an auparavant. Les pertes d'emploi chez les hommes adultes sont surtout survenues au cours du premier trimestre de 2009, alors que l'emploi chez les jeunes a continué à fléchir jusqu'en octobre 2009 (graphique I).

Sous-emploi chez les hommes de 25 ans et plus

Un indicateur du sous-emploi souvent examiné en période de contraction du marché du travail ou de récession est le nombre de personnes qui travaillent à temps partiel faute de mieux, à cause de la conjoncture économique ou parce qu'elles ne parviennent pas à trouver un emploi à plein temps.

Le pourcentage de personnes n'ayant pas choisi le temps partiel qui travaillaient moins de 30 heures par semaine a grimpé à 26,8 % en décembre 2009, par rapport à 22,3 % en décembre 2008. La hausse du temps partiel non choisi s'est surtout fait sentir parmi les travailleurs âgés de 25 ans et plus, particulièrement les hommes. En décembre 2009, 42,5 % des hommes de 25 ans et plus qui travaillaient à temps partiel le faisaient à défaut de mieux, contre 35,6 % en décembre 2008.

Un autre indicateur de la sous-utilisation de la main-d'œuvre est le plus large des huit taux supplémentaires du chômage (R8). Ce taux ajoute au taux de chômage officiel certains groupes de personnes qui ne sont normalement pas incluses parce qu'elles ne sont présentement pas à la recherche d'un emploi ou disponibles pour travailler. Ce sont les personnes qui pensent qu'il n'y a pas d'emplois disponibles (découragées), les personnes qui s'attendent à être rappelées au travail ou à recevoir des réponses d'employeurs éventuels ou qui doivent commencer un nouvel emploi à moyenne échéance, ainsi que les travailleurs à temps partiel involontaire (en équivalents temps plein).

En décembre 2009, ce taux se chiffrait à 11,1 %, en hausse de 2,1 points de pourcentage par rapport à un an auparavant. Les augmentations enregistrées en cours d'année ont été variables selon les groupes démographiques et les provinces, mais les plus fortes ont été observées chez les jeunes et les hommes âgés de 25 ans et plus, ainsi qu'en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario et au Manitoba.

Les immigrants récents touchés de façon importante par le ralentissement

Les immigrants qui sont arrivés au Canada au cours des cinq années précédentes affichaient en 2009 des pertes d'emploi plus élevées que les personnes nées au pays. Parmi ces immigrants récents, l'emploi a diminué de 9,7 % (-50 000) au cours de l'année, et le taux de chômage a grimpé de 3,3 points de pourcentage pour s'établir à 14,7 % en décembre 2009. En revanche, l'emploi a reculé de 2,0 % chez les personnes nées au Canada, alors que leur taux de chômage a augmenté de 1,5 point de pourcentage pour se situer à 7,3 %1.

Les immigrants de longue date — ceux qui sont au Canada depuis plus de 10 ans — ont affiché des hausses au chapitre de l'emploi (2,6 % ou 62 000) entre décembre 2008 et décembre 2009. Cependant, la croissance de cette population a été supérieure à la croissance de l'emploi, de sorte que leur taux d'emploi a diminué de presque 1 point de pourcentage au cours de l'année, pour s'établir à 54,6 %. Le taux de chômage des immigrants de longue date a grimpé à 8,2 %, en hausse de 2,6 points de pourcentage, parce qu'un plus grand nombre d'entre eux sont entrés sur le marché du travail à la recherche d'un emploi.

Pertes d'emploi chez la population autochtone

Pour les Autochtones vivant hors réserve, l'emploi s'est contracté plus rapidement que pour la population non autochtone entre décembre 2008 et décembre 2009. Le taux d'emploi des Autochtones a reculé de 4,4 points de pourcentage pour s'établir à 55,8 % en décembre 2009, alors que celui de la population non autochtone a diminué de 1,8 point de pourcentage pour se situer à 61,6 %1.

Les perspectives d'emploi étant à la baisse, le taux de chômage des Autochtones a grimpé à 13,5 % en décembre 2009, ce qui représente une hausse de 3,7 points de pourcentage en un an. Les plus fortes hausses ont été enregistrées dans la région de l'Atlantique, en Ontario et dans les provinces de l'Ouest.

Comparaisons internationales

La récession aux États-Unis, qui a débuté officiellement en décembre 2007, a amené le taux de chômage du pays à 10,0 % en décembre 2009, soit le double de ce qu'il était au début de la récession (5,0 %). Au Canada, le repli du marché du travail a été moins marqué, amenant le taux de chômage ajusté en fonction des concepts américains à 7,5 % en décembre 2009, en hausse de 2,1 points de pourcentage par rapport au sommet de l'emploi en octobre 2008.

En 2009, le taux de chômage aux États-Unis était supérieur de 2,5 points de pourcentage au taux de chômage comparable pour le Canada. Il s'agit du plus grand écart en faveur du Canada depuis au moins 1976 (graphique J).

Fait inhabituel, les États-Unis se sont classés devant un groupe de pays en ce qui touche le taux de chômage le plus élevé et l'augmentation la plus prononcée en un an. Venaient ensuite la Suède, la France, le Canada et l'Italie, alors que l'Allemagne, le Japon et l'Australie affichaient les plus faibles hausses du taux de chômage (graphique K).

En Ontario, concentration des pertes d'emploi dans la fabrication

En Ontario, le ralentissement économique s'est traduit par une baisse de l'emploi de 243 000 en sept mois, d'octobre 2008 à mai 2009. En pourcentage, il s'agit de la plus forte diminution en sept mois dans cette province depuis la récession du début des années 1990. Cependant, de mai à décembre 2009, l'emploi a repris un peu de vigueur, affichant une hausse de 54 000 (0,8 %).

Malgré ce gain, l'Ontario a terminé l'année avec 121 000 (-1,8 %) travailleurs de moins. Le taux de chômage a atteint 9,2 % en décembre 2009, en hausse par rapport à 7,4 % en décembre 2008, et s'est révélé le plus élevé en 13 ans.

Près des deux tiers des pertes d'emploi se sont produites dans le secteur de la fabrication. Ces pertes étaient non seulement liées aux véhicules automobiles et aux pièces, mais aussi aux métaux de première transformation et aux produits métalliques, aux produits en plastique et en caoutchouc, aux machines, ainsi qu'aux produits informatiques et électroniques (graphique L).

Un certain nombre d'autres industries ont enregistré des pertes d'emploi au cours de l'année, dont le transport et l'entreposage; le commerce; les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien; la construction; les administrations publiques.

Pertes dans le secteur de la production de biens en Colombie-Britannique

En Colombie-Britannique, l'emploi a reculé jusqu'en mars 2009, et il affiche depuis une tendance à la hausse. À la fin de l'année, toutefois, la province comptait 27 000 travailleurs de moins.

Le taux de chômage en Colombie-Britannique a grimpé de 2,8 points de pourcentage au cours de l'année. Il s'établissait à 8,3 % en décembre 2009, soit le taux le plus élevé depuis 2003.

Les pertes d'emploi étaient concentrées dans le secteur de la production de biens, les plus fortes étant observées dans les industries suivantes : extraction minière, exploitation en carrière et activités de soutien; fabrication de produits en bois, de papier, de produits métalliques et de machines; construction.

Bien que le secteur des services ait terminé l'année sur une note positive, les hausses ont été atténuées par des baisses dans les catégories suivantes : transport et entreposage; services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien; hébergement et services de restauration.

Forte hausse du taux de chômage en Alberta

Bien que la population en âge de travailler de l'Alberta ait augmenté de 2,5 % en 2009, la province a connu une baisse de l'emploi (-20 000 ou -1,0 %). Étant donné la faiblesse du marché du travail jumelée à une croissance démographique, le chômage a grimpé de façon marquée.

Au début du ralentissement économique en octobre 2008, le taux de chômage de l'Alberta se chiffrait à 3,5 %. En août 2009, il avait plus que doublé pour atteindre 7,3 %, son niveau le plus élevé en 13 ans. Les hausses de l'emploi observées au cours des deux derniers mois de l'année ont ramené le taux de chômage à 6,6 % en décembre 2009.

Les pertes d'emploi survenues au cours de l'année étaient principalement attribuables au secteur de la production de biens, particulièrement aux industries suivantes : fabrication de métaux de première transformation, de produits métalliques et de machines; extraction de pétrole et de gaz et activités de soutien; agriculture.

Des pertes ont également été enregistrées dans les services professionnels, scientifiques et techniques, notamment l'architecture, le génie et les services connexes, ainsi que les services de conseils en gestion et de conseils scientifiques et techniques.

Pertes d'emploi moindres au Québec, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse

À la fin de l'année, le Québec avait perdu 18 000 emplois (-0,5 %), étant donné que les baisses des trois premiers mois de l'année ont été épongées en partie par les hausses des cinq derniers mois. Comme un plus grand nombre de personnes étaient à la recherche d'un emploi, le taux de chômage a augmenté de 0,8 point de pourcentage pour s'établir à 8,4 % (graphique M).

Des variations compensatoires ont été observées dans diverses industries au Québec au cours de l'année. Alors que le secteur de la fabrication et un bon nombre d'activités du secteur des services ont subi des pertes, quelques autres ont affiché des gains importants, notamment les services professionnels, scientifiques et techniques, le commerce de gros et de détail, ainsi que les services d'enseignement. De toutes les provinces, c'est le Québec qui a connu la plus forte hausse du nombre de travailleurs autonomes (33 000) au cours de l'année.

Le Québec a perdu des emplois en usine (-4,0 %), mais dans une moindre mesure que l'Ontario (-8,7 %), la Colombie-Britannique (-15,5 %) et l'Alberta (-22,1 %). Au Québec, les pertes dans le secteur de la fabrication ont surtout touché les industries suivantes : produits en bois, papier, impression, produits métalliques, machines et produits aérospatiaux.

Après une progression de 1,8 % en 2008, l'emploi au Manitoba a reculé de 0,8 % en 2009. Malgré une hausse de 1,4 point de pourcentage de son taux de chômage en 2009, qui a atteint 5,8 %, le Manitoba reste au deuxième rang parmi l'ensemble des provinces au chapitre du plus bas taux de chômage. Presque toutes les pertes d'emploi ont été observées dans le secteur des biens, plus précisément dans la fabrication, la construction et l'agriculture.

De faibles baisses de l'emploi ont été enregistrées au Nouveau-Brunswick (-0,7 %) et en Nouvelle-Écosse (-0,3 %) en 2009. En Nouvelle-Écosse, le taux de chômage a augmenté de façon soutenue d'octobre 2008 à décembre 2009, en hausse de 2,1 points de pourcentage pour atteindre 9,6 %. Au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage avait peu varié à la fin de l'année et s'établissait à 8,9 %.

Quelques zones de croissance de l'emploi…

En décembre 2009, c'est la Saskatchewan qui affichait le taux de chômage le plus faible, soit 4,8 %. Dans cette province, l'emploi est resté stable tout au long de l'année; en décembre 2009, il n'avait augmenté que de 0,5 %.

L'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador ont également terminé l'année avec des hausses de l'emploi. L'Île-du-Prince-Édouard est la seule province où le taux de chômage a diminué au cours de l'année, en baisse de 1,8 point de pourcentage pour s'établir à 10,8 %. L'emploi dans cette province a grimpé de 3,3 % en 2009, après quatre années de croissance faible ou nulle.

Pour une troisième année de suite, l'emploi à Terre-Neuve-et-Labrador a peu changé. Cependant, en raison d'un nombre accru de personnes sur le marché du travail et à la recherche d'un emploi, le taux de chômage est passé à 15,2 % en 2009, en hausse de 1,5 point de pourcentage par rapport à décembre 2008.

Variation de décembre à décembre

Dans la présente analyse, les variations de l'emploi et autres indicateurs du marché du travail en 2009 sont déterminés en comparant les chiffres désaisonnalisés de décembre 2009 avec ceux de décembre 2008, ce qui permet de constater les variations plus tôt que si on utilisait les moyennes annuelles. Par exemple, la moyenne des emplois a été de 16,8 millions en 2009, chiffre inférieur de -1,6 % ou -277 000 au chiffre de 2008. Cela semblerait indiquer des pertes d'emploi plus élevées en 2009 que si l'on examine la variation de décembre à décembre (-189 000 ou -1,1 %), laquelle peut également être considérée comme la somme des variations mensuelles de l'emploi pour l'année.

La perte annuelle au chapitre de l'emploi basée sur les moyennes annuelles est plus élevée que celle basée sur la comparaison de décembre à décembre pour 2009 parce que l'emploi a continué d'augmenter pendant une bonne partie de 2008. Cela crée une base de référence plus élevée pour les pertes d'emploi puisque l'emploi avait déjà commencé à diminuer au cours des deux mois précédant décembre 2008.

À l'évidence, aucune de ces deux méthodes n'est parfaite. La variation de décembre à décembre peut induire en erreur à cause du biais introduit par le point limite. Dans ce cas, la plus grande volatilité des chiffres mensuels peut donner lieu à différentes interprétations d'une tendance qu'il pourrait être préférable de décrire avec des estimations moyennes trimestrielles ou annuelles plus stables.

Sources des données et définitions

L'Enquête sur la population active (EPA) est une enquête-ménage qui recueille chaque mois des données relatives à l'activité sur le marché du travail auprès de la population civile hors établissement institutionnel âgée de 15 ans et plus. Elle est menée auprès d'un échantillon rotatif d'environ 54 000 ménages, chaque ménage demeurant dans l'échantillon pendant six mois consécutifs.

Aux fins de l'EPA, la population en âge de travailler est divisée en trois catégories s'excluant mutuellement : les personnes occupées, les chômeurs, et les inactifs. Le Guide de l'Enquête sur la population active (Statistique Canada, 2010) présente la liste complète des variables de l'EPA, ainsi que leur description.

Le taux d'emploi est le pourcentage de personnes occupées par rapport à la population âgée de 15 ans et plus. Le taux d'emploi pour un groupe donné (par exemple, les jeunes de 15 à 24 ans) correspond au pourcentage de personnes occupées dans ce groupe par rapport à la population dans ce groupe.

Le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs par rapport à la population active. Le taux de chômage pour un groupe donné correspond au pourcentage de chômeurs dans ce groupe par rapport à la population active dans ce groupe.

L'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH) est produite à partir de la combinaison des résultats de l'Enquête sur la rémunération auprès des entreprises et des données administratives sur les retenues salariales reçues de l'Agence du revenu du Canada. Elle fournit des renseignements détaillés sur le nombre total d'employés rémunérés, les masses salariales et les heures à des niveaux industriel, provincial et territorial détaillés.

La présente analyse repose sur des estimations de l'emploi selon l'industrie tirées de l'EPA et de l'EERH. Les tendances et les estimations de l'emploi au niveau du code à deux chiffres du Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN) proviennent de l'Enquête sur la population active (p. ex., tableau 1), alors que les analyses plus détaillées de l'emploi selon l'industrie au niveau des codes à trois ou quatre chiffres sont basées sur les données de l'EERH (p. ex., graphique E, employés de l'industrie du camionnage).


Note

  1. Les estimations sont basées sur des moyennes mobiles de trois mois et ne sont pas désaisonnalisées.

Documents consultés

BERNARD, André. 2009. « Tendances de l'emploi manufacturier », L'emploi et le revenu en perspective, vol. 10, no 2, février, no 75-001-X au catalogue de Statistique Canada, (consulté le 23 mars 2010).

LAROCHELLE-CÔTÉ, Sébastien. 2010. «Le travail autonome pendant le repli économique », L'emploi et le revenu en perspective, vol. 11, no 3, mars, no 75-001-X au catalogue de Statistique Canada, (consulté le 31 mars 2010).

PICOT, Garnett, et Andrew HEISZ. 2000. Le marché du travail des années 1990, no 11F0019MPF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 42 p., « Direction des études analytiques : documents de recherche », no 148, (consulté le 23 mars 2010).

STATISTIQUE CANADA. 2010. Guide de l'Enquête sur la population active, no 71-543-G au catalogue de Statistique Canada, (consulté le 25 mars 2010).

Auteur

Jeannine Usalcas est au service de la Division de la statistique du travail. On peut la joindre au 613-951-4720 ou à perspective@statcan.gc.ca.

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