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en-tête principal pour « L'emploi et le revenu en perspective »
sous-titre « L'édition en ligne »

Septembre 2001     Vol. 2, no. 9

Retraite anticipée : tendances

Patrick Kieran

Au début des années 70, un Canadien sur cinq était âgé de 50 ans ou plus. En 2008, un Canadien sur trois fera partie de ce groupe d'âge. Le phénomène du vieillissement de la population a poussé de nombreux chercheurs à s'intéresser aux conséquences potentielles des retraites massives. Les questions importantes sur l'avenir du marché du travail abondent. Y aura-t-il suffisamment de travailleurs pour assurer un développement économique et social soutenu? Les retraités seront-ils en mesure de subvenir à leurs besoins sur le plan financier? Le nombre de contribuables sera-t-il suffisant pour assurer le maintien de l'ensemble des services publics actuellement offerts? Les besoins d'information sur le vieillissement de la main-d'ouvre n'ont jamais été aussi criants et continueront vraisemblablement de s'intensifier au cours des prochaines années.

La situation démographique du marché du travail est aggravée par la tendance que manifestent les travailleurs à prendre leur retraite plus tôt (voir Qu'est-ce que la retraite anticipée?). Depuis 1976, l'âge médian de la retraite est passé de 65 ans à près de 60 ans, un nombre croissant de Canadiens prenant leur retraite plus jeunes. Compte tenu que les membres les plus âgés de la génération du baby-boom atteignent leur 54e année en 2001, le mouvement prévu de sortie massive des travailleurs plus âgés du marché du travail pourrait s'amorcer bientôt.

Le présent article dresse un portrait de ceux qui prennent actuellement leur retraite avant d'avoir atteint 60 ans. Les taux de retraite anticipée sont présentés selon la catégorie de travailleurs, le sexe, le niveau de scolarité, la branche d'activité, la province et la situation d'activité.

Les Canadiens prennent leur retraite plus tôt

Au Canada, les retraites anticipées sont plus fréquentes aujourd'hui qu'elles ne l'étaient à la fin des années 80. Entre 1987 et 1990, seulement 29 % des retraités récents ont pris leur retraite avant l'âge de 60 ans. Au cours de la période allant de 1997 à 2000, qui se caractérise par une croissance économique similaire, cette proportion est passée à 43 %. La popularité de la retraite à 65 ans diminue à mesure qu'augmente le taux de retraite anticipée; cet âge demeure néanmoins l'âge de la retraite le plus fréquent (graphique A). Entre 1987 et 1990, 19 % des retraités récents ont quitté le marché du travail à 65 ans. Cette proportion a diminué pour se situer à 12 % en moyenne pendant la période allant de 1997 à 2000.

De 1998 à 2000, le taux de retraite anticipée a diminué, bien que ce phénomène soit resté nettement plus fréquent qu'une décennie avant. Les retraites anticipées dans le secteur public ont animé la tendance générale (graphique B). La réduction des effectifs dans les administrations publiques au milieu des années 90 a poussé bon nombre de travailleurs plus âgés à accepter des primes de retraite anticipée, de sorte que le taux de retraite anticipée dans le secteur public a grimpé pour se fixer à 65 % en 1997. Le taux global a atteint un sommet de 46 % cette année-là. Depuis, toutefois, le taux global a diminué pour s'établir à 40 % en 2000. Il n'en reste pas moins que la proportion des retraités récents qui ont quitté le marché du travail avant l'âge de 60 ans était d'environ 10 points de pourcentage plus élevée qu'au début des années 90.

Les données relatives aux allocations de retraite note 1  confirment l'incidence de la réduction des effectifs du secteur public sur la retraite (graphique C). De 1990 à 1996, les indemnités de départ versées aux employés du secteur public ont quadruplé. Elles ont atteint un sommet de 2,5 milliards de dollars en 1996 et ensuite baissé à moins de 1,5 milliard de dollars en 1999 note 2 , suivant la même courbe que le taux de retraite anticipée.

Les travailleurs du secteur public sont ceux qui prennent leur retraite le plus tôt

Le taux de retraite anticipée est beaucoup plus élevé dans le secteur public que dans le secteur privé, même s'il a diminué au cours des dernières années. Entre 1997 et 2000, 63 % des retraités récents du secteur public ont quitté leur emploi avant l'âge de 60 ans — un taux près de deux fois plus élevé que celui observé dans le secteur privé. Ce phénomène est vraisemblablement attribuable aux prestations de retraite plus avantageuses et aux programmes de retraite anticipée offerts aux fonctionnaires. Certains employés du secteur public ayant un minimum de deux années d'expérience au sein de la fonction publique peuvent prendre leur retraite dès l'âge de 50 ans et toucher néanmoins une allocation annuelle. Les employés dont la période d'affectation est de 30 ans ou plus ont droit aux prestations de retraite à 55 ans. La possibilité de toucher des prestations à 55 ans fait de cet âge le moment de la retraite le plus populaire chez les employés du secteur public (graphique D). Les employés du secteur privé avaient tendance à prendre leur retraite à 65 ans. Les travailleurs indépendants se retiraient encore plus tard - moins du quart de ces derniers ont pris leur retraite avant 60 ans et seulement environ le dixième ont opté pour une retraite à 65 ans. Le travail indépendant offre une certaine souplesse dont ne jouissent ni les employés du secteur public ni ceux du secteur privé. Les travailleurs indépendants peuvent réduire graduellement leurs activités à mesure qu'ils vieillissent. En outre, ils sont moins susceptibles d'avoir un régime privé de pension, et il se peut que certains d'entre eux continuent de travailler faute de pouvoir faire autrement.

Plus de femmes que d'hommes prennent une retraite anticipée

Les femmes sont nettement plus susceptibles que les hommes de prendre une retraite anticipée (graphique E). Au cours de la période allant de 1997 à 2000, environ la moitié des Canadiennes ont pris leur retraite avant l'âge de 60 ans, comparativement à un peu moins de 40 % dans le cas des hommes. En outre, l'intensification des retraites anticipées dans certaines branches d'activité du secteur public à la fin des années 90 semble avoir creusé le fossé entre les hommes et les femmes à ce chapitre.

Entre 1987 et 1996, l'écart entre le taux de retraite anticipée des hommes et celui des femmes était inférieur à 4 points de pourcentage. Il est passé à 12 points en moyenne au cours des quatre années suivantes. Alors que le taux de retraite anticipée des hommes s'est accru de 4 points de 1996 à 1997, celui des femmes a bondi, passant de 41 % à 53 %. Cet écart peut s'expliquer par des changements survenus dans certaines branches d'activité à prédominance féminine au milieu des années 90. De 1996 à 1997, le taux de retraite anticipée dans les services de soins de santé et les services d'enseignement a grimpé de 21 points (de 37 % à 58 %) et de 13 points (de 53 % à 66 %), respectivement. Ces hausses sont significatives puisque ces deux branches d'activité emploient plus du quart de l'ensemble de la main-d'ouvre féminine.

Un autre facteur peut avoir trait à la différence d'âge des hommes et des femmes au moment du mariage. Dans la plupart des couples mariés, l'homme est plus âgé que la femme — depuis 1974, l'écart s'est constamment maintenu à environ deux ans. Quand vient le temps de la retraite, de nombreux conjoints prennent leur retraite en même temps (Gower, 1998). Si l'homme est âgé de 60 ans ou plus, la femme peut être âgée de moins de 60 ans et donc comptée parmi les personnes ayant pris une retraite anticipée. En 1997, le tiers des couples mariés ont pris leur retraite « en même temps » (c'est-à-dire dans les 12 mois l'un de l'autre). Dans le cas de ces couples, les femmes étaient âgées en moyenne de 58,5 ans comparativement à 60,7 ans pour les hommes (Gower, 1998). Par ailleurs, 37 % des femmes mariées qui ont pris leur retraite en 1997 ont quitté le marché du travail plus d'un an avant leur conjoint. Ces femmes étaient âgées en moyenne de 56,4 ans, comparativement à 62,2 ans pour leur époux. On considère que ces femmes ont pris une retraite anticipée, ce qui n'est pas le cas pour leur conjoint.

La retraite anticipée augmente en fonction du revenu et de la scolarité

Les travailleurs très scolarisés semblent plus susceptibles de prendre une retraite anticipée que les personnes moins scolarisées (graphique F). Moins de 29 % des retraités récents ne détenant pas un diplôme d'études secondaires ont quitté le marché du travail avant l'âge de 60 ans. Les bacheliers et les titulaires d'un grade supérieur affichaient des taux de retraite anticipée de 58 % et de 52 %, respectivement. Les retraités récents ayant un niveau de scolarité intermédiaire se situaient entre ces extrémités.

Comme on peut s'y attendre, les Canadiens ayant un niveau de scolarité plus élevé touchent des gains plus élevés. En 2000, les employés détenant un diplôme d'études secondaires touchaient en moyenne 14,69 $ l'heure. Les titulaires d'un diplôme ou d'un certificat d'un collège communautaire (cégep) gagnaient 17,32 $, et les bacheliers, 21,90 $.

Les probabilités d'épargne s'accroissent à mesure qu'augmente le niveau de revenu, rendant la retraite anticipée plus réalisable. En 1999, seulement 15 % des déclarants ayant un revenu total inférieur à 20 000 $ ont cotisé à un régime enregistré d'épargne-retraite ou bénéficiaient d'un régime de pension d'employeur. Environ 63 % des déclarants ayant un revenu total de 20 000 $ à 39 999 $ ont mis de l'argent de côté. Cette proportion s'élevait à 92 % dans le cas de ceux ayant un revenu total supérieur à 60 000 $ (Statistique Canada, 2001).

Malgré la tendance générale, les retraités récents titulaires d'un baccalauréat affichaient des taux de retraite anticipée nettement supérieurs à ceux des titulaires d'une maîtrise ou d'un doctorat (58 % comparativement à 52 %). Cet écart pourrait être partiellement attribuable aux années supplémentaires d'études du dernier groupe de diplômés, années qui se traduisent par une entrée plus tardive sur le marché du travail et, probablement, par une fin de carrière plus tardive aussi.

Retraite anticipée selon la branche d'activité

Conformément à la tendance de la retraite anticipée dans le secteur public, les taux les plus élevés de retraite anticipée sont observés dans les secteurs des services publics, des administrations publiques et des services d'enseignement, les moyennes sur cinq ans s'établissant respectivement à 78 %, 64 % et 63 % (graphique G). Le secteur agricole enregistre le taux de retraite anticipée le plus faible, soit 4 %.

Influence de la catégorie de travailleurs

La tendance liée à la retraite anticipée selon la branche d'activité peut s'expliquer en partie par les catégories de travailleurs qu'on retrouve dans chaque branche d'activité — par exemple, une relation claire existe entre la retraite anticipée et la proportion des travailleurs du secteur public dans une branche d'activité (tableau 1). Les branches d'activité caractérisées par les taux de retraite anticipée les plus bas étaient également celles dans lesquelles on observait les proportions les plus faibles de travailleurs du secteur public; celles affichant les taux de retraite anticipée les plus élevés comptaient les proportions les plus fortes.

Une analyse plus détaillée de la catégorie de travailleurs permet d'expliquer les taux extrêmement faibles de retraite anticipée dans le secteur agricole. Ce secteur est essentiellement composé de travailleurs indépendants (69 % comparativement à 17 % en moyenne dans l'ensemble de l'économie). De plus, bon nombre d'agriculteurs sont des travailleurs à plus faible revenu — les gains moyens des employés agricoles sont inférieurs à 11 $ l'heure comparativement à une moyenne globale de 17 $. Certains agriculteurs et leurs employés n'ont d'autre choix que de remettre la retraite jusqu'au jour où ils auront droit aux prestations du Régime de pensions du Canada ou du Régime de rentes du Québec.

En outre, la nature même de l'exploitation agricole peut décourager la retraite anticipée. Traditionnellement, les fermes familiales, principale source de revenu de la famille, étaient transmises d'une génération à l'autre. La mécanisation des entreprises agricoles a réduit les besoins en main-d'ouvre. Parallèlement, de nombreux enfants ont quitté la ferme familiale en quête de nouvelles possibilités d'emploi — plus du quart de la population canadienne vivait dans une ferme en 1941, comparativement à seulement 2 % en 1996. Les études comparant les données de 1971 et de 1996 ont révélé un exode de plus en plus marqué des jeunes venant des régions rurales partout au Canada (Tremblay, 2001). Il est possible qu'un grand nombre d'agriculteurs âgés ne puissent plus céder leur ferme à leurs enfants, de sorte qu'ils continuent à travailler après 60 ans pour conserver l'entreprise familiale.

Retraite anticipée selon la province

On observe dans les provinces de l'Atlantique des taux de retraite anticipée beaucoup plus élevés que dans le reste du pays, Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick se classant dans les quatre premières places à cet égard (graphique H). Terre-Neuve se classait en tête de liste, 59 % des retraités récents de cette province ayant pris une retraite anticipée. Les provinces de l'Ouest arrivaient aux derniers rangs, aucune de ces dernières n'enregistrant un taux supérieur à 39 %. La Saskatchewan occupait la toute dernière place : seulement le quart des retraités récents de cette province ont quitté le marché du travail avant l'âge de 60 ans.

L'importance de l'agriculture constitue un bon indicateur

La composition de l'économie de chaque province selon la branche d'activité peut expliquer en partie les différences. Le ratio très faible de travailleurs agricoles au sein de la main-d'ouvre pourrait être l'un des principaux facteurs à l'origine des taux élevés de retraite anticipée à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick (tableau 2). En Saskatchewan, où l'on relevait le taux le plus bas de retraite anticipée, un travailleur sur sept ouvrait dans le secteur agricole. La proportion de travailleurs agricoles dans chaque province a une incidence sur les taux de retraite anticipée, dans la mesure où très peu de travailleurs agricoles prennent une retraite anticipée.

La retraite anticipée est liée au chômage provincial

Une autre explication possible des différences provinciales peut se rapporter à la situation économique de chaque province. Le rapport étroit observé entre le chômage et la retraite anticipée pourrait indiquer que certains Canadiens des provinces de l'Atlantique ont été forcés de quitter le marché du travail avant l'âge de 60 ans. Alors que les provinces de l'Est affichaient les taux de chômage et de retraite anticipée les plus élevés, l'Ouest canadien enregistrait les taux les plus faibles à ces deux égards (graphique I). A Terre-Neuve, notamment, le taux de chômage s'établissait à 17,6 % et le taux de retraite anticipée atteignait 59 %, soit des pourcentages nettement supérieurs aux moyennes nationales de 8 % et de 43 % pour la période allant de 1997 à 2000. Par contre, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Colombie-Britannique, le taux de chômage était inférieur à 6 % et environ le tiers des travailleurs prenaient une retraite anticipée.

Une étude antérieure a établi un lien entre les taux élevés de retraite anticipée et les facteurs économiques en comparant la récession de 1990-1992 avec une période de trois ans avant la récession (Siroonian, 1993). Les retraites anticipées attribuables aux mises à pied, aux fermetures d'entreprises et aux indemnités de départ ont augmenté de manière significative au cours de la période de récession. Aujourd'hui, dans les provinces caractérisées par une croissance économique plus faible, des travailleurs plus âgés peuvent être forcés de prendre une retraite anticipée. En outre, les travailleurs plus âgés mis à pied peuvent se trouver en situation de concurrence avec des travailleurs plus jeunes et plus scolarisés pour des emplois dans des branches d'activité nouvelles et en expansion. Plutôt que de s'engager dans une recherche d'emploi ardue, certains travailleurs plus âgés peuvent opter pour la retraite anticipée.

La protection en matière de pension influe sur les tendances provinciales

Si, dans la plupart des provinces, les facteurs économiques permettent de cerner les tendances de retraite anticipée, certaines provinces font exception. A l'Ile-du-Prince-Édouard, le taux de chômage était presque deux fois plus élevé que le taux national et, pourtant, le taux de retraite anticipée était parmi les plus bas. Cette situation peut être attribuable à la proportion relativement faible des travailleurs de cette province qui sont protégés par un régime de pension d'employeur — en 1997, seulement 24 % de la population active provinciale était protégée par un tel régime, comparativement à 33 % à l'échelle nationale. Les régimes de pension permettent également d'expliquer les taux élevés de retraite anticipée à Terre-Neuve et au Québec, où les taux de protection s'établissaient à 39 % et 35 % respectivement.

La retraite anticipée plus fréquente chez les travailleurs à temps plein

Les Canadiens qui, au cours de leur dernier emploi, travaillaient à temps plein affichaient des taux de retraite anticipée supérieurs à ceux des travailleurs à temps partiel — 46 % des retraités récents qui travaillaient à temps plein ont quitté le marché du travail avant l'âge de 60 ans comparativement à 30 % dans le cas des retraités récents qui travaillaient à temps partiel. Ces résultats ne sont pas surprenants puisque les travailleurs à temps plein touchent des gains plus élevés et peuvent donc épargner davantage en vue de la retraite. En fait, en 1996, 58 % des employés à temps partiel ou des employés qui occupaient un emploi une partie de l'année gagnaient moins de 10 000 dollars par année. De plus, les travailleurs à temps partiel n'ont peut-être pas droit à bon nombre d'avantages liés à la retraite dont profitent leurs homologues à temps plein. Seulement un travailleur à temps partiel sur cinq touchait des prestations d'un régime de pension d'employeur, comparativement à près de trois sur cinq dans le cas des travailleurs à temps plein. Les taux plus bas de retraite anticipée chez les travailleurs à temps partiel peuvent également s'expliquer par un mouvement des travailleurs plus âgés en faveur d'un emploi à temps partiel. Ce choix facilite une transition vers la retraite, contrairement au travail à temps plein, qui mène à une fin de carrière soudaine (Walsh, 1999).

Résumé

Au moment où se dessine l'exode massif de la génération du baby-boom du marché du travail, la compréhension des tendances relatives à la retraite n'a jamais été aussi importante. Aujourd'hui, les Canadiens prennent leur retraite beaucoup plus tôt qu'ils ne le faisaient il y a 10 ans à peine. Toutefois, la réduction des effectifs dans les administrations publiques au cours des années 90 pourrait être une raison principale de la poussée de la retraite anticipée pendant la dernière décennie. Après avoir atteint un sommet en 1997, les taux de retraite anticipée se sont mis à fléchir, ce qui laisse penser que la croissance des années 90 n'est pas nécessairement un indicateur des tendances futures.

La propension à prendre une retraite anticipée n'est pas uniquement animée par les tendances de l'emploi dans le secteur public. Elle semble également reliée à des facteurs financiers — notamment l'accès à un régime de pension ou à d'autres types de revenu de retraite supplémentaire. Les travailleurs qui ont épargné ou qui ont droit à des prestations de retraite sont plus susceptibles de prendre leur retraite avant l'âge de 60 ans parce qu'ils ne dépendent pas des prestations du Régime de pensions du Canada ou du Régime de rentes du Québec.

Il est impossible de prévoir si les taux de retraite anticipée continueront d'augmenter au cours des prochaines années ou s'ils suivront le repli amorcé après 1997. Le changement observé quant à la tendance rend incertaine toute projection à long terme fondée sur le comportement récent. Quoi qu'il en soit, l'âge auquel les travailleurs choisiront de prendre leur retraite au cours des prochaines décennies aura des répercussions sociales et économiques à l'échelle du pays.

 

Qu'est-ce que la retraite anticipée?

Définir la retraite n'est pas ce qu'il y a de plus simple (Gower, 1997). Pour les besoins de la présente étude, une approche très limitative a été adoptée. Dans l'Enquête sur la population active, on demande à tous ceux qui ne travaillent pas, mais qui avaient un emploi au cours des 12 derniers mois, pourquoi ils ont quitté leur dernier emploi. La retraite peut être une des raisons. Certains de ces « retraités » peuvent en fait être à la recherche d'un emploi, tandis que d'autres pourraient ultimement réintégrer le marché du travail. Mais sans aucun doute, ces gens n'ont présentement pas d'emploi et ils sont « retraités » de leur dernier emploi.

Les retraités récents sont les personnes qui ont travaillé au cours des 12 mois précédant l'enquête et qui ont quitté leur emploi pour prendre leur retraite. Les personnes qui ont pris leur retraite avant cette période de 12 mois ne sont pas comprises.

Les personnes ayant pris une retraite anticipée sont des retraités récents âgés de moins de 60 ans.

Le taux de retraite anticipée représente le nombre de personnes ayant pris une retraite anticipée en pourcentage du nombre de retraités récents.

Au Canada, bien qu'il n'y ait pas d'âge prévu par la loi pour la retraite, le seuil des 60 ans a été retenu parce qu'il correspond probablement aux attentes normales d'une « retraite anticipée » et qu'il s'agit de l'âge minimal auquel on peut toucher les prestations du Régime de pensions du Canada ou du Régime de rentes du Québec (sauf en cas d'incapacité). Les travailleurs qui commencent à recevoir des prestations entre 60 et 64 ans subissent une pénalité correspondant à 0,5 % de leurs prestations mensuelles pour chaque mois entre le début des prestations et leur 65e anniversaire de naissance. Les retraités qui commencent à toucher une pension à 65 ans ont droit au plein montant des prestations. La pension de sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti sont des revenus de retraite complémentaires visant à aider les Canadiens de 65 ans et plus à subvenir à leurs besoins.

Notes

  1. Les allocations de retraite (ou indemnités de départ) représentent un montant versé aux cadres ou aux employés au départ à la retraite ou après, en reconnaissance des longs états de service ou relativement à la perte d'une charge ou d'un emploi. Les allocations de retraite comprennent le paiement des crédits de congés de maladie et le montant versé pour la cessation d'emploi; elles excluent cependant les prestations de retraite ou d'autres pensions, les sommes versées pour le décès d'un employé ou les sommes relatives à certains services de conseils.
  2. Les diverses périodes de référence des sources pourraient expliquer l'écart entre les années de pointe du taux de retraite anticipée et des indemnités de retraite. Selon l'Enquête sur la population active, les retraités qui ont quitté le marché du travail au cours des 12 mois précédant l'enquête sont considérés avoir pris leur retraite durant l'année de l'enquête, ce qui ne correspond pas nécessairement à l'année réelle de leur retraite. Ainsi, les répondants ayant pris leur retraite en juillet 1996 peuvent avoir participé à l'enquête en juin 1997. Même s'ils ont quitté le marché du travail en 1996, on les considérera comme des retraités récents de 1997. Bon nombre des employés du secteur public ayant pris leur retraite en 1996 ont pu être considérés comme des retraités récents de 1997. Les données sur les indemnités de retraite proviennent de l'Agence des douanes et du revenu du Canada et ne comprennent que les paiements effectués entre janvier et décembre d'une année donnée. Par conséquent, le sommet atteint en 1996 au chapitre des indemnités de retraite pourrait directement coïncider avec le sommet du taux de retraite anticipée observé en 1997.

Documents consultés

Auteur

Patrick Kieran était au service de la Division de la statistique du travail. Pour plus de renseignements concernant cet article, on peut communiquer avec Geoff Bowlby au (613) 951-3325 ou à geoff.bowlby@statcan.gc.ca.

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© Statistique Canada - Conditions d'utilisation Date de publication : 2001-09-19