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Analyse — Quatrième trimestre 2008

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Le solde du compte courant avec le reste du monde (après désaisonnalisation) a accusé un déficit de 7,5 milliards de dollars au quatrième trimestre de 2008, le premier depuis le deuxième trimestre de 1999. Ce revirement vers un déficit pendant le trimestre est attribuable à un plus faible surplus du commerce des biens, qui reflète principalement l’affaiblissement continu du volume des exportations auquel s’ajoute une baisse notable du prix à l’exportation des produits de base au quatrième trimestre, surtout pour la majorité des produits énergétiques. L’aggravation du déficit au titre du revenu de placements a aussi contribué au déficit du compte courant.

Dans le compte capital et financier (non désaisonnalisé), les Canadiens ont rapatrié des fonds au quatrième trimestre de 2008, les investisseurs ayant réduit leurs avoirs en titres étrangers d’un montant record. Les investissements directs étrangers entrants et sortants ont tous deux ralenti, ce qui reflète la conjoncture économique mondiale et celle du crédit.

Note aux lecteurs

La balance des paiements retrace l'ensemble des transactions économiques entre les résidents du Canada et les non-résidents. Elle comprend le compte courant et le compte capital et financier.

Le compte courant porte sur les transactions sur les biens, les services, les revenus découlant des placements et les transferts courants. Les transactions telles que les exportations et les revenus d'intérêts correspondent à des recettes, alors que les importations et les versements d'intérêts correspondent à des paiements. Le solde de ces transactions détermine si le Canada enregistre un surplus ou un déficit au compte courant.

Le compte capital et financier porte principalement sur les transactions liées à des instruments financiers. L'actif et le passif financiers découlant des transactions avec les non-résidents sont présentés selon trois catégories fonctionnelles, soit les investissements directs, les investissements de portefeuille et tous les autres types d'investissement. Ces investissements appartiennent soit à des résidents canadiens (l'actif étranger des investisseurs canadiens), soit à des non-résidents (le passif canadien envers les investisseurs étrangers). Les transactions sont dites positives si elles représentent une entrée de capital au Canada et négatives si elles représentent une sortie de capital du Canada.

Un solde du compte courant en surplus ou en déficit correspond, en principe, à une sortie ou à une entrée nette de fonds équivalente au compte capital et financier. Autrement dit, l'addition des deux comptes devrait donner zéro. En pratique, les données étant compilées à partir d'une multitude de sources, les deux comptes s'égalisent rarement, ce qui donne lieu à une erreur de mesure. La divergence statistique est l'entrée ou la sortie nette non observée.

Compte courant

Le plus faible excédent au chapitre des biens en presque 15 ans, sous l’effet d’une forte diminution de la majorité des prix de l’énergie

Au quatrième trimestre de 2008, l’excédent au chapitre des biens a fléchi de 10,6 milliards de dollars pour s’établir à 3,7 milliards de dollars, son plus faible niveau depuis le premier trimestre de 1994.

La valeur des biens exportés a reculé de 12,6 milliards de dollars au quatrième trimestre. Cette situation faisait suite à trois trimestres de hausses attribuables à de fortes augmentations de prix (alimentées par l’énergie) au premier semestre de l’année, malgré une diminution du volume des exportations. Les plus fortes baisses dans les exportations pendant le trimestre ont touché les produits énergétiques (-26,6 %), bien que les volumes se soient accrus, et ont entièrement été imputables à des prix beaucoup plus bas pour presque tous les produits énergétiques.

Les exportations des biens industriels ont reculé de 4,0 milliards de dollars sous l’effet combiné d’une diminution du volume et des prix au quatrième trimestre. La baisse de volume a été généralisée, le cuivre et le nickel (y compris les minerais et alliages) accusant la plus forte diminution de prix. Les exportations de produits de l’automobile ont repris leur tendance à la baisse. Toutefois, les exportations de machines et matériel ont progressé sous l’effet d’une hausse des prix des aéronefs et des autres matériel et outillage.

Au quatrième trimestre, la valeur des importations de biens a diminué de 2,0 milliards de dollars, les prix de l’énergie représentant là aussi un facteur important. Les importations de produits énergétiques ont reculé de 16,7 % malgré une hausse des volumes. Les importations de produits de l’automobile ont atteint leur plus bas niveau en plus de 10 ans, plus des deux tiers de cette diminution s’expliquant par une baisse des importations de voitures particulières. Les hausses de prix ont fait monter les importations de machines et matériel à un sommet, en dépit d’un recul général des volumes.

Accroissement du déficit au titre du revenu de placements de portefeuille

Le déficit au titre du revenu de placements a crû de 0,8 milliard de dollars au quatrième trimestre de 2008 sous l’effet d’une diminution des revenus provenant des placements de portefeuille et d’une hausse des paiements au titre des placements de portefeuille. Une diminution des avoirs et des rendements des titres de créance étrangers a donné lieu à un repli de 0,5 milliard de dollars des intérêts touchés par les Canadiens. Cependant, les intérêts versés sur les obligations canadiennes ont progressé de 0,4 milliard de dollars. Cette hausse a surtout visé les obligations de sociétés libellées en dollars américains et reflétait la baisse prononcée (-14%) du dollar canadien par rapport au dollar américain pendant le trimestre.

Le revenu des filiales d’investisseurs directs canadiens et étrangers a fléchi au quatrième trimestre, dans la même veine que les profits des sociétés, surtout dans le secteur énergétique.

Légère hausse du déficit au chapitre des services, reflétant l'activité des voyages et des services commerciaux

La hausse des paiements au titre des services commerciaux, neutralisée en partie par l’augmentation des recettes des voyages, a donné lieu à une légère progression du déficit des services au quatrième trimestre.

Alors que le dollar canadien se dépréciait par rapport au dollar américain au cours du trimestre, les voyageurs canadiens ont diminué leurs dépenses aux destinations des États-Unis mais ont accru celles pour les destinations d’outre-mer. Les recettes perçues à la fois des voyageurs américains et outre-mer ont légèrement augmenté pendant le trimestre, les dépenses des voyageurs américains au Canada ayant été plus élevées que dans tout autre trimestre de 2008.

Compte capital et financier

Les investisseurs canadiens se départissent de titres étrangers

Dans un contexte de marchés financiers mondiaux en turbulence et d’une baisse appréciable du dollar canadien, les investisseurs canadiens se sont départis d’un montant sans précédent de titres étrangers de leur portefeuille au quatrième trimestre. Ce désinvestissement en instruments d’emprunt et en actions a atteint 21,2 milliards de dollars et a mis fin à une période de 29 années d’investissements nets en titres étrangers de la part des Canadiens.

Les Canadiens ont encore une fois diminué leurs avoirs en instruments d’emprunt étrangers pendant le quatrième trimestre, poursuivant une tendance qui s’est amorcée en août 2007. Pendant le quatrième trimestre de 2008, un désinvestissement de 15,5 milliards de dollars a été enregistré, principalement au chapitre des obligations étrangères. De plus, les investisseurs ont vendu des actions étrangères pendant le trimestre pour la première fois en presque six ans. Le désinvestissement en titres étrangers est survenu en grande partie en octobre lorsque les bourses mondiales ont affiché des pertes appréciables. Les avoirs canadiens sous forme d’actions étrangères ont diminué davantage au cours du trimestre en raison d’importantes pertes en capital non réalisées.

Les investissements directs canadiens à l’étranger fléchissent

Les investissements directs canadiens à l’étranger ont augmenté de 11,6 milliards de dollars. Bien que relativement élevé, ce niveau représente environ la moitié des investissements réalisés au trimestre précédent. L’activité liée aux prises de contrôle est demeurée modeste au quatrième trimestre, les sorties de fonds s’étant surtout composées de sommes investies dans des filiales étrangères existantes. Plus de 80 % des investissements ont été dirigés vers l’économie américaine, et près des trois quarts dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Cette activité a mis un terme à une année soutenue d’investissements directs canadiens à l’étranger.

Les investissements directs étrangers au Canada ralentissent aussi

Les investissements directs étrangers au Canada ont atteint un niveau similaire à celui des investissements directs canadiens à l’étranger. Les entrées de fonds ont ralenti pour s’établir à 10,0 milliards de dollars au quatrième trimestre, à la suite d’une diminution de la valeur des actions et des bénéfices des sociétés canadiennes. Les entrées de fonds ont été réparties également entre les acquisitions et les autres flux. Pour un deuxième trimestre de suite, les investissements directs étrangers ont été concentrés dans le secteur canadien de l’énergie et des minerais métalliques. Les investissements dans ce secteur ont atteint 6,3 milliards de dollars au moment où les prix de l’énergie subissaient un recul appréciable. Les investissements directs au Canada en 2008 ont atteint moins de la moitié de leur niveau de 2007.

Les non-résidents rajustent leurs portefeuilles de titres canadiens

Les investisseurs étrangers ont retranché 4,1 milliards de dollars de leurs avoirs en titres canadiens au quatrième trimestre, surtout des obligations. Le désinvestissement en obligations canadiennes a atteint 12,5 milliards de dollars, soit le montant le plus élevé observé depuis le troisième trimestre de 2003, et s'expliquait par les remboursements d'obligations du gouvernement fédéral et de sociétés privées.

Les non-résidents ont largement modifié leurs portefeuilles en faveur de placements plus liquides du marché monétaire canadien, alors que le dollar canadien se dépréciait et que le différentiel des taux d’intérêt à court terme entre le Canada et les États-Unis favorisait dans une large mesure les investissements au Canada. Les achats étrangers d’effets canadiens à court terme ont atteint un sommet de 9,9 milliards de dollars et ont surtout touché des émissions du gouvernement fédéral et d’entreprises fédérales. Cette activité a pu aussi avoir été attribuable à l’offre importante de bons du Trésor canadiens au quatrième trimestre.

Chiffres annuels pour 2008

Opérations du compte courant

Pour toute l’année 2008, l’excédent du compte courant a rétréci à 10,2 milliards de dollars, contre 13,6 milliards de dollars en 2007, sous l’impulsion d’un déficit plus élevé au titre des voyages et, dans une moindre mesure d’un excédent moins marqué au chapitre des biens.

La valeur de l’excédent au chapitre des biens a continué de se contracter en 2008, l’augmentation des importations ayant été plus forte que celle des exportations. Au chapitre des exportations, les plus forts gains ont touché les produits énergétiques à cause de la hausse des prix, et ce malgré une diminution des prix au quatrième trimestre. Les exportations de biens industriels et de produits agricoles ont aussi monté sous l’effet d’une augmentation des prix en 2008. Les exportations de produits de l’automobile ont régressé fortement pendant l’année à cause de volumes beaucoup moins élevés. Les hausses pour les importations ont été imputables aux produits énergétiques, les volumes et les prix s’étant raffermis pendant les trois premiers trimestres de l’année. Les importations de produits de l’automobile ont progressé à cause d’une diminution du volume de camions et de pièces.

Pour une troisième année consécutive, le déficit au chapitre du revenu de placements est demeuré relativement peu élevé en 2008. La forte baisse des bénéfices qu’ont touchés les investisseurs directs canadiens a en grande partie a été neutralisée par des paiements d’intérêts moins élevés versés sur les positions bancaires.

Le déficit au titre des services a prix de l’ampleur pour la quatrième année d’affilée, surtout à cause de paiements accrus au chapitre des services de voyage. Alors que la plus grande partie de l’augmentation des paiements de voyage en 2007 a été attribuable à une hausse des dépenses des voyageurs canadiens au sud de la frontière, l’augmentation en 2008 a été répartie plus équitablement entre les dépenses aux États-Unis et les destinations d’outre-mer.

Opérations du compte capital et financier

L’année 2008 a marqué la fin d’une période de 29 années d’investissements nets en titres étrangers par les Canadiens. En fait, le désinvestissement a commencé au second semestre de 2007 et coïncidait avec la crise des hypothèques à haut risque aux États-Unis qui a eu pour effet d’amplifier les inquiétudes à propos du marché du crédit. Les investisseurs canadiens ont d’abord réagi en se départissant d’un montant élevé d’instruments du marché monétaire étrangers au cours des cinq derniers mois de 2007. Cette activité s’est étendue aux obligations étrangères en 2008 et par la suite aux actions étrangères après l’effondrement des marchés boursiers mondiaux en octobre 2008.

En revanche, les investissements directs des sociétés canadiennes à l’étranger ont été soutenus à 80,3 milliards de dollars en 2008, ayant enregistré de loin la plus forte sortie annuelle de fonds. L’économie américaine et le secteur de la finance et des assurances ont reçu la plus grande partie des sommes investies par les investisseurs directs canadiens en 2008, un reflet possible des problèmes de liquidité auxquels les sociétés affiliées étrangères ont pu faire face étant donné les turbulences sur les marchés financiers dans le monde.

Les investissements directs étrangers au Canada ont atteint 49,0 milliards de dollars en 2008, moins de la moitié des entrées enregistrées en 2007. Les acquisitions étrangères en 2008 ont fléchi substantiellement après deux années de forte activité qui traduisait un regroupement mondial accru dans le secteur de l’énergie et des minerais métalliques. La détérioration des conditions de crédit en 2008 a sans doute ralentit cette activité, tout comme l’effondrement des marchés boursiers dans le monde en octobre 2008.

Malgré un désinvestissement au second semestre de 2008, les non-résidents ont acquis pendant l’année des titres négociables canadiens pour une valeur élevée de 26,8 milliards de dollars, la plupart sous forme d’instruments d’emprunt. L’acquisition d’instruments d’emprunt à long terme a dominé la première moitié de l’année alors que les investisseurs étrangers ont surtout acheté des effets à court terme au cours du deuxième semestre, au moment où le dollar canadien se dépréciait et le différentiel des taux d’intérêt à court terme entre le Canada et les États-Unis favorisait les investissements au Canada. Les investissements étrangers en actions canadiennes ont été modérés alors que les prix diminuaient de 35 %, surtout lors des quatre derniers mois de l’année.