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Résultats : interactions sociales et changement de comportement

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Selon les faits énoncés précédemment, la seule inférence qui peut être appuyée est que les personnes communiquent plus que jamais auparavant et que leur réseau de relations est plus large. Il reste à confirmer si cela donne lieu ou non à des séances de communication plus courtes, mais on sait avec certitude que ces séances sont plus fréquentes. En tout cas, les théories selon lesquelles les personnes sont davantage confinées chez elles ou vivent en marge de la société ne sont pas appuyées par les preuves présentées ici. (Évidemment il y a des personnes qui passent toute leur journée seules en ligne, mais cela n'est pas très répandu.) Le modèle de communication et d'interaction a changé. La réalité est que les personnes parlent à d'autres personnes, qu'il s'agisse de leur voisin ou d'une personne située à des milliers de kilomètres et dans un fuseau horaire lointain. Ainsi, les personnes ne deviennent pas antisociales; elles ont plutôt des interactions sociales différentes.

Il ressort que les personnes trouvent certainement une utilité à cela et doivent en tirer satisfaction, étant donné qu'elles le font de leur plein gré. Les personnes accordent de la valeur au fait d'avoir un réseau élargi de gens avec qui communiquer, et un sentiment d'appartenance, notamment à la collectivité, à un niveau très différent (Florida, 2003). Par ailleurs, comme on le verra plus loin, les personnes sont prêtes à payer pour cela.

Collectivement, l'utilisation des TIC absorbe plusieurs heures supplémentaires au quotidien et, si l'on se fie aux données disponibles, cela n'est pas totalement attribuable à l'utilisation des TIC pour faire des activités qui étaient effectuées différemment auparavant. Ce résultat a certainement des conséquences, étant donné qu'il se heurte à l'inéluctable contrainte des 24 heures. D'où provient ce temps « additionnel »?

Tout d'abord, ce temps rend compte du fait que nous utilisons les TIC partout, dans nos divers rôles au quotidien, au travail et à la maison. Il est évident qu'au travail, l'utilisation des TIC a remplacé d'autres méthodes de travail et façons de faire les choses. Les personnes utilisent des ordinateurs à la place de calculatrices et remplacent des processus manuels par des TIC. Non seulement y a-t-il substitution d'anciennes méthodes par des méthodes faisant appel aux TIC, mais cela s'observe aussi à l'intérieur des TIC, en raison par exemple des courriels qui réduisent le nombre d'appels téléphoniques nécessaires ou l'utilisation de papillons adhésifs. Selon le contexte particulier et la connaissance des technologies, ces substitutions n'ajoutent pas nécessairement du temps à notre vie au travail. Il existe toutefois au moins deux domaines qui nécessitent d'être explorés davantage. L'un d'eux est le temps moyen consacré au travail, qui a augmenté, et l'autre, la référence fréquente à l'absence de distinction entre le travail et le jeu, qui peut faire en sorte que les personnes ont l'impression d'être plus occupées qu'auparavant (Statistique Canada, 1999b). Sans aucun doute, l'utilisation des TIC par les employés ne résout pas totalement la question du temps, et il faut aussi tenir compte des aspects sociaux.

Les données montrent que l'utilisation des TIC à la maison a augmenté considérablement aussi. Les appels téléphoniques en dehors des heures de pointe (c.-à-d. essentiellement les appels en dehors des heures de travail) ont diminué globalement, ce qui explique les incitatifs en matière de prix offerts par les exploitants de réseaux par fil et sans fil en période de pointe quand il y a pression sur la capacité des réseaux. En fait, certaines données sur l'utilisation des réseaux sans fil aux États-Unis montrent qu'en 2002, les appels sortants entre 7 h et 19 h représentaient presque 70 % du total - ce qui est toutefois inférieur à la proportion de 73 % enregistrée en 2000. Toutefois, les minutes d'appels inter-États seulement montrent que la proportion d'appels en dehors des heures de pointe (19 h à 7 h) a augmenté, passant de moins de 30 % en 2000 à 41 % en 2002. Les données indiquent entre outre que plus de 40 % des appels se font la fin de semaine, comparativement à 31 % en 2000. Cela souligne la hausse du nombre d'appels à des fins sociales.

Le deuxième facteur important est que l'utilisation du temps est assujettie au cumul des tâches -c'est-à-dire le fait de faire deux ou plusieurs choses en même temps. Les personnes parlent au cellulaire en conduisant ou en faisant des courses, ou parlent au téléphone en faisant des tâches ménagères. Ainsi, on ne sait pas clairement si ce temps additionnel empiète sur d'autres activités, et dans quelle mesure. Des enquêtes bien conçues sur l'emploi du temps seraient nécessaires pour jeter davantage de lumière sur ces questions. Parallèlement, les personnes doivent reconnaître le fait que l'étude de l'emploi du temps peut être complexe, étant donné qu'elle dépend des possibilités technologiques qui prévalent et qui évoluent rapidement (Voir aussi Veenhof, 2006). Il suffit de dire qu'une heure consacrée à Internet grâce à un accès commuté ne permet peut-être pas d'accomplir autant que quelques minutes au moyen d'un accès à haute vitesse.

Généralement, toutefois, peu importe si les TIC ajoutent au cumul des tâches ou entraînent le remplacement d'autres activités comportant une courbe d'apprentissage - ou les deux - tout cela contribue au sentiment d'être occupé. La situation est de toute évidence plus grave chez le groupe appréciable des utilisateurs de TIC, et davantage encore au sein du sous-groupe plus petit des utilisateurs intensifs. Même si ces personnes peuvent sentir plus de contraintes que les autres, les répercussions se font sentir sur le reste de la société, contribuant à la perception que les personnes sont plus occupées que jamais. En ce sens, les TIC peuvent s'ajouter au large spectre des technologies qui permettent d'économiser du temps, mais qui entraînent ironiquement des vies plus occupées. Encore une fois, toutefois, étant donné que les personnes font tout cela de leur plein gré, elles doivent accorder de la valeur à ces transformations et changements.

Dépenses des consommateurs

À ce chapitre, la démonstration repose sur la volonté des personnes de payer. Les résultats des TIC dans la vie des gens ne s'arrêtent pas avec l'évolution de leurs comportements, mais ils se traduisent aussi par une modification des modèles de dépenses. Au début des années 80, les dépenses consacrées à ce que l'on considérait être des TIC se limitaient dans une large mesure au téléphone et à la télévision. Aujourd'hui, les ménages qui consacrent de l'argent aux TIC dépensent beaucoup pour des ordinateurs, des téléphones cellulaires, Internet et des branchements par satellite. Non seulement les dépenses au chapitre des TIC ont-elles augmenté au fur et à mesure que de nouvelles TIC ont vu le jour, mais leur composition a aussi changé. Par exemple, les dépenses des ménages au chapitre des services téléphoniques représentaient 35,4 % des dépenses totales liées aux TIC en 1997, mais 26,9 % en 2003. Par ailleurs, les dépenses pour Internet ont augmenté, passant de 1,7 % à 6,2 % au cours de la même période. Près de 7 ménages sur 10 déclaraient posséder un ordinateur en 2003, et environ 22 % des ménages déclaraient avoir acheté du nouveau matériel informatique au cours de la même année, un chiffre qui est en augmentation constante ces dernières années (Statistique Canada, 2004b).

Au Canada, les dépenses moyennes des ménages liées aux TIC ont augmenté pour passer de 2 118 $ à 2 780 $ au cours d'une brève période (entre 1997 et 2003) (Statistique Canada, 2004b). Non seulement cela représente-t-il une hausse significative en termes absolus ces dernières années, mais aussi une augmentation de la proportion des dépenses totales, celle-ci étant passée de 4,2 % à 4,5 %. Cela est d'autant plus remarquable, étant donné que cela s'est produit au cours d'une période pendant laquelle les prix de TIC étaient en baisse. En fait, les prix des ordinateurs ont diminué de 10 % entre 2002 et 2003 seulement (Statistique Canada, Indices des prix des ordinateurs et des périphériques). Par ailleurs, étant donné que les prix ont baissé, et même si la pénétration des ordinateurs au foyer a augmenté, pour passer de 39,8 % en 1997 à 66,8 % en 2003, les dépenses en matériel et fournitures informatiques au cours de cette période sont passées d'une moyenne de 299 $ par ménage en 1997 à 326 $ en 2003 (Statistique Canada, 2004b).

Une analyse plus détaillée révèle que la majorité des dépenses agrégées liées aux TIC sont le fait de personnes ayant des revenus élevés, ce qui comporte un lien avec le problème de la fracture numérique. En 2002, les ménages du quintile de revenu supérieur étaient responsables du tiers de toutes les dépenses, tandis que les ménages du deuxième quintile de revenu en importance étaient responsables de presque un quart des dépenses totales (graphique 6).

Toutefois, les dépenses en TIC représentent une proportion plus élevée des dépenses des ménages à faible revenu. En 2002, les dépenses en TIC représentaient 6,3 % des dépenses moyennes totales des ménages du quintile de revenu inférieur, comparativement à 3,9 % des dépenses moyennes totales des ménages du quintile supérieur. Par ailleurs, le désir de participer à la société de l'information prend toute sa signification lorsqu'on examine la part des dépenses moyennes courantes14 parmi les ménages déclarant des dépenses en TIC dans le quintile inférieur de revenu, qui était de près de 20 % (tableau 14).

Cela vient du fait qu'une somme substantielle de dépenses liées aux TIC sont fixes, comme le prix des ordinateurs, des services téléphoniques et de câblodistribution de base ou de branchement à Internet. Par ailleurs, les dépenses discrétionnaires, comme l'utilisation des services téléphoniques interurbains, peuvent être contrôlées et représentent par conséquent une proportion plus faible des dépenses totales liées aux TIC.

Graphique 6
Proportion des dépenses des ménages liées aux TIC selon le quintile de revenu, Canada, 2002

Graphique 6 Proportion des dépenses des ménages liées aux TIC selon le quintile de revenu, Canada, 2002

Source :Statistique Canada, Enquête sur les dépenses des ménages, 2002.