Logo StatCan et la COVID-19: Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleur La désinformation pendant la pandémie de COVID-19

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

par Karine Garneau et Clémence Zossou

Text begins

Depuis le début de la pandémie, beaucoup d’informations ont circulé en ligne et sur les réseaux sociaux concernant la COVID-19, et les Canadiens ont été nombreux à se tourner vers les ressources en ligne pour s’informer à ce sujet.

La pandémie de la COVID-19 a été accompagnée d’une infodémie, soit une surabondance d’informations, dont certaines sont véridiques et d’autres non, rendant ainsi la recherche de faits et de sources fiables très difficiles pour la population. La désinformation dans le contexte de la COVID-19 peut également mettre en danger la santé de la population, en particulier lorsque les nouvelles répandues portent sur de fausses mesures préventives, de faux traitements ou ébranlent la confiance de la population envers les services de santé et les institutions publiques et politiques (OMS, 2020; OCDE, 2020).

Depuis déjà quelques années, des organismes nationaux et internationaux tentent de mieux comprendre les mécanismes de la désinformation et la façon d’en limiter la portée. Pour contrer la désinformation, la population et les décideurs ont besoin de s’appuyer sur des environnements d'information sains et résilients (OCDE, 2020). En ce sens, les institutions publiques, les plateformes en ligne et les utilisateurs d’Internet ont tous un rôle à jouer pour diminuer les effets de la désinformation.

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) identifiait trois piliers de la lutte contre la désinformation : l’importance d’une communication stratégique transparente de la part des institutions publiques, le rôle des plateformes en ligne en tant qu'acteurs pertinents pouvant restreindre la circulation de fausses allégations et enfin l’éducation, soit équiper les générations futures des compétences numériques et médiatiques appropriées (OCDE, 2020; Goch, 2020).

À l’échelle nationale, le gouvernement canadien s’engage depuis quelques années dans la lutte contre la désinformation, notamment en soutenant des initiatives qui visent l’éducation à la citoyenneté numérique et à la création d’écosystèmes d’information sains (Patrimoine Canadien s.d.a; Patrimoine Canadien, s.d.b).

Le présent article s’appuie sur les données de la quatrième Série d'enquêtes sur les perspectives canadiennes : les sources d'information consultées pendant la pandémie (SEPC), qui s’est déroulée du 20 au 26 juillet 2020Note auprès des Canadiens âgés de 15 ans et plus vivant dans les 10 provinces. Il s’intéresse aux informations vues sur Internet par les Canadiens ayant consulté des sources en ligne pour s’informer au sujet de la COVID-19 ainsi qu’au partage d’informations sur la COVID-19. L’article examine notamment les méthodes de vérification employées par les Canadiens pour s’assurer de l’exactitude de l’information trouvée en ligne, ainsi que les informations suspectesNote vues en ligne au sujet de la COVID-19.

Presque tous les Canadiens ont cru voir de la désinformation circuler en ligne au sujet de la COVID-19

Pendant la pandémie, neuf Canadiens sur dix (90 %) ont eu recours à différentes sources d’information en ligne pour s’informer sur la COVID-19, les trois principales étant les journaux en ligne ou les sites d’actualités (63 %), les publications sur les médias sociaux d’organismes de presse ou magazines (35 %) ainsi que celles sur les médias sociaux d’autres utilisateurs ou d’influenceurs (30 %).

Au cours des premiers mois de cette crise sanitaire, 96 % des Canadiens ayant utilisé Internet pour s’informer ont vu des informations sur la COVID-19 qu'ils ont soupçonnées être trompeuses, fausses ou inexactes. Parmi eux, le quart (25 %) ont vu des informations suspectes plusieurs fois par jour, 14 %, une fois par jour, et 29 %, au moins une fois par semaine. Un peu moins du tiers des Canadiens (28 %) ont indiqué avoir rarement vu de fausses informations et 4 % ont répondu ne jamais en avoir vu.

De plus, près de deux Canadiens sur cinq (40 %), quel que soit le sexe, rapportaient avoir déjà cru que des informations liées à la COVID-19 étaient vraies pour ensuite réaliser que ce n'était pas le cas.

Seulement un Canadien sur cinq a toujours vérifié l'exactitude des informations trouvées en ligne sur la COVID-19

L’enquête révélait également que plusieurs Canadiens n’avaient pas l’habitude de vérifier l’exactitude des informations trouvées en ligne, avec seulement 21 % des répondants qui l’ont fait toujours et 37 % qui l’ont fait souvent. En effet, environ 36 % des Canadiens ont répondu avoir vérifié parfois (24 %) ou rarement (12 %) l'exactitude des informations sur la COVID-19 trouvées sur Internet, ce qui facilite le partage d’informations potentiellement trompeuses, fausses ou inexactes.

La raison la plus fréquemment énoncée par les 1,5 million (6 %) de Canadiens n’ayant jamais vérifié l’exactitude des informations était qu’ils faisaient confiance à la source (53 %). Parmi les autres raisons mentionnées, 22 % rapportaient ne pas avoir pensé faire de vérification, 20 % ne se sont pas souciés de vérifier la source, 11 % ont dit ne pas savoir comment vérifier et 10 % n'ont pas eu le temps de vérifier. Les proportions observées chez les hommes et les femmes étaient semblables pour chacune des raisons énoncées.

La moitié des Canadiens ont déjà partagé des informations sur la COVID-19 trouvées en ligne sans en connaître l'exactitude

Au cours des premiers mois de la pandémie, un peu plus de la moitié des Canadiens (53 %) ont partagé de l’information sur la COVID-19 trouvée en ligne sans en connaître l'exactitude (22 % toujours, souvent ou parfois et 31 % rarement), tandis que l’autre moitié (47 %) n’ont jamais partagé de l’information non vérifiée. Les habitudes de partage de l’information ne variaient pas selon le sexe, mais des différences étaient observées selon le groupe d’âge et le niveau de scolarité des répondants.


Tableau 1
Fréquence de partage des informations relatives à la COVID-19 sans connaitre leur exactitude, selon l'âge et le plus haut niveau de scolarité atteint
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Fréquence de partage des informations relatives à la COVID-19 sans connaitre leur exactitude A partagé toujours, souvent ou parfois, A partagé rarement et N'a jamais partagé, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
A partagé toujours, souvent ou parfois A partagé rarement N'a jamais partagé
pourcentage
15 ans et plus Total des 15 ans et plus 21,9Note * 31,3Note * 46,8
Diplôme secondaire ou moins 26,6Note *Tableau 1 Note  30,3Note * 43,0Tableau 1 Note 
Diplôme post-secondaire non universitaire 22,4Note *Tableau 1 Note  32,2Note * 45,4Tableau 1 Note 
Diplôme d’études universitaires 17,0Note * 31,2Note * 51,8
15 - 54 ans Total des 15 à 54 ans 20,2Note *Tableau 1 Note  29,5Note *Tableau 1 Note  50,4Tableau 1 Note 
Diplôme secondaire ou moins 25,6Note E: à utiliser avec prudenceNote * 27,5Note * 47,0
Diplôme post-secondaire non universitaire 19,5Note * 31,3Note * 49,2
Diplôme d’études universitaires 16,2Note * 29,3Note * 54,6
55 ans et plus Total des 55 ans et plus 25,3Note * 34,8Note * 39,9
Diplôme secondaire ou moins 28,5Note *Tableau 1 Note  35,4 36,1Tableau 1 Note 
Diplôme post-secondaire non universitaire 27,9Note *Tableau 1 Note  34,0 38,1
Diplôme d’études universitaires 18,8Note * 35,1Note * 46,1

Les Canadiens âgés de 55 ans et plus (25 %) étaient plus susceptibles que ceux âgés de 15 à 54 ans (20 %) de partager toujours, souvent ou parfois des informations sur la COVID-19 sans en avoir vérifié l’exactitude (tableau 1). En outre, les Canadiens âgés de 15 ans et plus possédant un diplôme d’études universitaires (17 %) étaient moins susceptibles que ceux ayant un diplôme d’études secondaires ou moins (27 %) et ceux ayant fait des études postsecondaires non universitaires (22 %) de partager toujours, souvent ou parfois des informations non vérifiées.

Enfin, plus les répondants âgés de 55 ans et plus étaient scolarisés, moins ils étaient susceptibles de partager, toujours, souvent ou parfois, des informations dont ils n’étaient pas certains de l’exactitude (tableau 1). Chez les Canadiens âgés de 15 à 54 ans, le niveau de scolarité ne semble pas avoir un effet sur le fait de partager ou non des informations non vérifiées.

La consultation d'autres sources était la stratégie la plus utilisée par les Canadiens pour vérifier l'exactitude des informations sur le COVID-19 trouvées sur Internet

Les Canadiens ont utilisé différentes méthodes pour vérifier l'exactitude des informations trouvées en ligne sur la COVID-19. Les deux méthodes les plus utilisées étaient la consultation d’autres sources (69 %) et cliquer sur le lien afin de lire l’article au complet (53 %). La vérification de la date des renseignements venait en troisième position et elle était utilisée par environ un Canadien sur trois (29 %) (graphique 1).

Graphique 1 Méthodes utilisées pour valider l’information sur la COVID-19 trouvée en ligne

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
Pourcentage
Consulter d’autres sources 69
Cliquer le lien afin de lire l’article au complet 53
Vérifier la date des renseignements 29
Faire une recherche sur l’auteur ou sur la source pour vérifier la crédibilité 27
Lire les commentaires ou prendre connaissance des discussions sur le sujet 26
Consulter amis, famille, réseau en ligne 22
Vérifier URL pour la crédibilité 20
Autre 6

Le choix des méthodes de vérification de l’exactitude des informations trouvée en ligne sur la COVID-19 variait selon le niveau de scolarité et le groupe d’âge, mais ne différait pas selon le sexe.

Les répondants ayant un plus haut niveau de scolarité étaient plus susceptibles que les répondants ayant un niveau de scolarité moins élevé de consulter d’autres sources ou de cliquer sur le lien afin de lire l’article au complet pour vérifier les informations. Par exemple, 77 % des Canadiens ayant un diplôme d’études universitaires ont utilisé la stratégie consistant à consulter d’autres sources, comparativement à 68 % chez ceux ayant un diplôme d’études postsecondaires et à 61 % chez ceux possédant un diplôme d’études secondaires ou moins (tableau 2). La même tendance est observée pour la méthode qui consiste à cliquer sur le lien pour lire l’article au complet.

Ensuite, pour chacune des méthodes de vérification énoncées dans l’enquête, les Canadiens âgés de 15 à 54 ans étaient plus susceptibles que ceux de 55 ans et plus de les utiliser pour vérifier l’exactitude des informations trouvées en ligne. Par exemple, le fait de cliquer sur le lien pour lire l’article au complet était une stratégie utilisée par 57 % des Canadiens âgés de moins de 55 ans et par 45 % de ceux de 55 ans et plus.

Parmi les autres méthodes de vérification utilisées, un peu moins de 30 % des Canadiens ont fait une recherche pour en savoir plus sur la crédibilité de l'auteur ou de la source (27 %) ou lu les commentaires pour voir la discussion sur le sujet ou la source (26 %).


Tableau 2
Méthodes utilisées pour valider l’information sur la COVID-19 trouvée en ligne, selon l’âge et le plus haut niveau de scolarité atteint
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Méthodes utilisées pour valider l’information sur la COVID-19 trouvée en ligne. Les données sont présentées selon Méthode de vérification (titres de rangée) et Total, Groupe d’âge, Plus haut niveau de scolarité atteint, 15 à 54 ans, 55 ans et plus, Diplôme secondaire ou moins, Diplôme post-secondaire non universitaire et Diplôme d’études universitaires, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Méthode de vérification Total Groupe d’âge Plus haut niveau de scolarité atteint
15 à 54 ans 55 ans et plus Diplôme secondaire ou moins Diplôme post-secondaire non universitaire Diplôme d’études universitaires
pourcentage
Consulter d’autres sources 68,7 70,6Note * 64,9 60,5Tableau 2 Note  68,0Tableau 2 Note  77,1
Cliquer le lien afin de lire l’article au complet 52,8 56,6Note * 45,2 46,0Tableau 2 Note  51,3Tableau 2 Note  60,7
Vérifier la date des renseignements 28,7 33,1Note * 20,1 23,8Tableau 2 Note  28,5 33,5
Faire une recherche sur l’auteur ou sur la source pour vérifier la crédibilité 26,9 29,8Note * 21,2 28,0 23,8Tableau 2 Note  29,5
Lire les commentaires ou prendre connaissance des discussions sur le sujet 26,0 27,8Note * 22,4 26,4 26,1 25,5
Consulter amis, famille, réseau en ligne 21,9 26,4Note * 13,1 23,8 18,7Tableau 2 Note  23,8
Vérifier URL pour la crédibilité 19,6 24,9Note * 9,1 15,0Note E: à utiliser avec prudence Tableau 2 Note  20,5 22,9
Autre 5,9 6,2Note E: à utiliser avec prudence 5,3 Note F: trop peu fiable pour être publié 6,3Note E: à utiliser avec prudence 4,9Note E: à utiliser avec prudence

Bibliographie

ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES. 2020a. Combattre la désinformation sur le COVID-19 sur les plateformes en ligne, OCDE, Paris, http://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/combattre-la-desinformation-sur-le-covid-19-sur-les-plateformes-en-ligne-e17b4532/ (site consulté le 4 décembre 2020).

GOCH, Anthony. 2020b. Fighting Disinformation: A key pillar of the COVID-19 recovery, OCDE, Paris, https://www.oecd-forum.org/posts/fighting-disinformation-a-key-pillar-of-the-covid-19-recovery (site consulté le 4 décembre 2020).

ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ. 2020. Novel Coronavirus (‎‎‎2019-nCoV)‎‎‎: rapport de situation, 13, Organisation mondiale de la Santé, https://extranet.who.int/iris/restricted/handle/10665/330778 (site consulté le 5 novembre 2020)

PATRIMOINE CANADIEN. s.d.a. Programme de contributions en matière de citoyenneté numérique, version mise à jour le 26 octobre 2020, https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/services/desinformation-en-ligne/programme-contributions-citoyennete-numerique.html (site consulté le 4 décembre 2020).

PATRIMOINE CANADIEN. s.d.b. Aider les citoyens à renforcer leur pensée critique et leur résilience face aux dangers de la désinformation en ligne, version mise à jour le 26 octobre 2020, https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/nouvelles/2019/07/aider-les-citoyens-a-renforcer-leur-pensee-critique-et-leur-resilience-face-aux-dangers-de-la-desinformation-en-ligne.html (site consulté le 4 décembre 2020).

STATISTIQUE CANADA. 2019. « Enquête canadienne sur l'utilisation de l'Internet ». Le Quotidien,  29 octobre, produit no 11-001-X20193024208 au catalogue de Statistique Canada, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/191029/dq191029a-fra.htm (site consulté le 19 novembre 2020).

Date de modification :