Logo StatCan et la COVID-19 : Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleurÉtat de la santé mentale des immigrants canadiens durant la pandémie de COVID-19

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par Rose Evra et Eric Mongrain

Début de l’encadré

Le présent article fournit des données désagrégées afin de mieux comprendre les répercussions de la COVID-19 sur certains groupes. Visitez le Carrefour de statistiques sur le genre, la diversité et l’inclusion pour obtenir davantage d’analyses, notamment des données désagrégées sur le travail, la sécurité publique, la santé et bien plus encore.

Fin de l’encadré

Au moment du plus récent recensement, mené en 2016, les immigrants représentaient 22 % de l’ensemble de la population canadienne. Selon les données de l’Enquête sur la population active d’avril 2020 (Statistique Canada, 2020a), les immigrants récents (admis au Canada cinq ans auparavant ou moins) et les immigrants établis (admis au Canada six ans auparavant ou plus) ont connu une baisse de l’emploi plus marquée de février à avril 2020 (-23 % et -17 %, respectivement) que les personnes nées au Canada (-14 %) (Statistique Canada, 2020b). Par ailleurs, des niveaux d’anxiété plus élevés ont été déclarés par les personnes qui ont été financièrement touchées par la COVID-19, en raison notamment de l’incidence de la pandémie sur leur situation d’emploi (Statistique Canada, 2020b). Le présent article examine les répercussions de la COVID-19 sur la santé mentale des immigrants au Canada et fait partie d’une série d’articles sur les répercussions de la pandémie sur la santé mentale des groupes vulnérables.

Cet article utilise les données recueillies du 24 avril au 11 mai 2020 dans le cadre d’une initiative de collecte par approche participative menée par Statistique Canada, intitulée Répercussions de la COVID-19 sur les Canadiens – Votre santé mentale. Il convient de noter que contrairement aux données des autres enquêtes de Statistique Canada, celles de l’initiative d’approche participative ne sont pas recueillies au moyen d’un plan de sondage probabiliste; il importe donc faire preuve de prudence au moment d’interpréter les résultats, et aucune conclusion ne doit être tirée quant à l’ensemble de la population canadienne.

Les immigrants récents étaient plus susceptibles que les autres participants de déclarer une santé mentale passable ou mauvaise

Selon les résultats d’études antérieures, les immigrants arrivent généralement au Canada avec une meilleure santé mentale autoévaluée que les Canadiens, mais leur santé mentale se détériore après avoir passé un certain temps au pays (Salami, 2017). Or, les résultats de l’initiative de collecte par approche participative indiquent le contraire : parmi les participants, 28 % des immigrants récents ont déclaré une santé mentale autoévaluée passable ou mauvaise, comparativement à 20 % des immigrants établis et à 24 % des personnes nées au Canada (graphique 1). La proportion plus élevée d’immigrants récents ayant déclaré une santé mentale passable ou mauvaise pourrait avoir un lien avec la pandémie.

Graphique 1 Santé mentale perçue des participants selon le statut d’immigrant et la période d’immigration

Tableau de données pour le graphique 1 
Tableau de donnés du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de donnés du graphique 1 Excellente ou très bonne et Passable ou mauvaise, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Excellente ou très bonne Passable ou mauvaise
pourcentage
Immigrants récents (0 à 5 ans depuis l'admission) 43 28
Immigrants établis (6 ans ou plus depuis l'admission) 51 20
Personnes nées au Canada 45 24

La santé mentale de plus de la moitié des immigrants récents s’est détériorée depuis l’instauration des mesures de distanciation physique

On a demandé aux participants en quoi leur santé mentale avait changé depuis l’instauration des mesures de distanciation physique. Plus de la moitié (52 %) des participants qui étaient des immigrants récents ont indiqué que leur santé mentale était « un peu moins bonne » ou « bien moins bonne », comparativement à 44 % de ceux qui étaient des immigrants établis et à 53 % des personnes nées au Canada. Cependant, 12 % des immigrants récents et des immigrants établis ont déclaré une santé mentale « un peu meilleure » ou « bien meilleure » depuis l’instauration des mesures de distanciation physique, comparativement à 9 % des personnes nées au Canada (graphique 2).

Graphique 2 Santé mentale perçue des participants comparativement à avant l’instauration des mesures de distanciation physique selon le statut d’immigrant et la période d’immigration

Tableau de données pour le graphique 2 
Tableau de donnés du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de donnés du graphique 2 Bien meilleure, Un peu meilleure, À peu près la même, Un peu moins bonne et Bien moins bonne, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Bien meilleure Un peu meilleure À peu près la même Un peu moins bonne Bien moins bonne
pourcentage
Immigrants récents (0 à 5 ans depuis l'admission) 4 8 36 43 9
Immigrants établis (6 ans ou plus depuis l'admission) 4 8 44 37 7
Personnes nées au Canada 2 7 38 44 9

Les immigrants récents étaient plus susceptibles que les autres participants de déclarer des symptômes d’anxiété

Les répercussions de la pandémie de COVID-19 peuvent être ressenties de diverses manières : sentiment de dépression, deuil, peur, panique, anxiété, etc. Ces sentiments peuvent être des réactions normales à des situations dans lesquelles les routines quotidiennes sont perturbées et les circonstances sont incertaines et perçues comme étant potentiellement dangereuses (Statistique Canada, 2020b). Les participants à l’initiative de collecte ont répondu à un certain nombre de questions concernant leurs sentiments d’anxiété.

Les immigrants récents étaient plus susceptibles de déclarer avoir eu au moins un symptôme d’anxiété (91 %) au cours des deux semaines ayant précédé leur participation au projet de collecte que les immigrants établis (82 %) et que les personnes nées au Canada (86 %). Le symptôme le plus souvent déclaré par les immigrants récents qui ont eu au moins un symptôme d’anxiété était le « sentiment de nervosité, d’anxiété ou de tension » (81 %), suivi de la « difficulté à se détendre » (79 %) et du fait de « devenir facilement contrarié ou irritable » (78 %). Ces mêmes symptômes étaient également les plus fréquents chez les participants qui étaient des immigrants établis et chez ceux qui étaient nés au Canada.

L’anxiété a été mesurée au moyen de l’échelle GAD-7, laquelle est utilisée dans les enquêtes sur la santé de la population afin de déterminer les cas probables de trouble d’anxiété généralisée (TAG) et de mesurer le degré de gravité des symptômes d’anxiété. Les immigrants récents étaient plus susceptibles de faire état de symptômes correspondant à une anxiété modérée à sévère (30 %) que les immigrants établis (21 %) et que les personnes nées au Canada (26 %) (graphique 3).

Graphique 3 Degré d’anxiété (GAD-7) des participants selon le statut d’immigrant et la période d’immigration

Tableau de données pour le graphique 3 
Tableau de donnés du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de donnés du graphique 3 Aucun symptôme, Symptômes minimes, Symptômes légers, Symptômes modérés et Symptômes sévères, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Aucun symptôme Symptômes minimes Symptômes légers Symptômes modérés Symptômes sévères
pourcentage
Immigrants récents (0 à 5 ans depuis l'admission) 9 28 33 17 14
Immigrants établis (6 ans ou plus depuis l'admission) 16 33 29 12 9
Personnes nées au Canada 12 31 30 15 11

Les immigrantes récentes étaient plus susceptibles de déclarer des symptômes d’anxiété

Les enquêtes précédentes sur la santé mentale et le sexe ont démontré que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de déclarer des niveaux plus élevés de santé mentale passable ou mauvaise (Statistique Canada, 2020c). Au sein du groupe des immigrants récents, les femmes étaient plus susceptibles de déclarer des symptômes correspondant à une anxiété modérée à sévère (39 %) que les hommes (26 %). On a observé la même tendance parmi les immigrants établis et les personnes nées au Canada.

Les immigrants récents qui ont été financièrement touchés par la pandémie affichaient des degrés plus élevés d’anxiété

Dans une étude de Robert (2012), un lien est établi entre le niveau de stress autoévalué des immigrants récents et leur revenu. Selon les résultats de la collecte par approche participative, les immigrants récents étaient plus susceptibles d’être d’accord ou tout à fait d’accord qu’ils pourraient perdre leur emploi ou leur principale source de revenu (21 %) que les immigrants établis (11 %) et les personnes nées au Canada (11 %). Parmi les immigrants récents qui ont déclaré avoir peur de perdre leur emploi, 44 % ont fait état de symptômes correspondant à une anxiété modérée à sévère comparativement à 19 % de ceux qui n’avaient pas peur de perdre leur emploi. Une tendance similaire a été observée chez les immigrants établis et les personnes nées au Canada. Les immigrants récents (42 %) étaient également plus susceptibles de croire que la COVID-19 aurait une incidence majeure ou modérée sur leur capacité de respecter leurs obligations financières que les immigrants établis (24 %) et les personnes nées Canada (23 %).

Selon des études antérieures, au Canada, la santé mentale des jeunes et des femmes a été plus durement touchée par la pandémie que celle des personnes plus âgées et des hommes (Moyser, 2020). Par conséquent, la composition des participants selon l’âge et le sexe en général, et celle des participants qui étaient des immigrants récents en particulier, peut jouer un rôle dans les résultats qu’ils ont déclarés en matière de santé mentale pendant la pandémie de COVID-19. Il importe de souligner que 31 % des participants qui étaient des immigrants récents avaient moins de 30 ans, comparativement à 17 % des participants qui étaient des immigrants établis et à 11 % des participants qui étaient nés au Canada. De plus, 33 % des participants qui étaient des immigrants récents se sont identifiés comme des femmes, comparativement à 44 % des participants qui étaient des immigrants établis et à 52 % des participants nés au Canada.

Au cours des prochaines semaines, Statistique Canada continuera de rendre compte des répercussions de la pandémie sur les populations vulnérables, et mettra notamment à profit les données de la série Répercussions de la COVID-19 sur les Canadiens, une initiative de collecte par approche participative qui vise à recueillir des renseignements en continu sur des sujets liés à la pandémie de COVID-19.

Méthodologie

La présente étude est fondée sur les données obtenues au moyen du questionnaire des Répercussions de la COVID-19 sur les Canadiens – Votre santé mentale, une initiative de collecte par approche participative de Statistique Canada. Le questionnaire permet de recueillir des données sur la situation économique et sociale actuelle, ainsi que sur la santé physique et mentale des personnes, pour bien évaluer les besoins des collectivités et mettre en place des mesures de soutien adéquates pendant et après la pandémie Cette nouvelle méthode de collecte de renseignements peut être utilisée comme complément aux données provenant de sources plus traditionnelles, en particulier parce qu’elle est relativement peu coûteuse à mettre en œuvre et qu’elle permet d’accroître rapidement le degré de précision des données. Plus de 46 000 personnes ont répondu au questionnaire du 24 avril au 11 mai 2020. Des ajustements ont été apportés à la méthodologie pour tenir compte des différences selon l’âge, le sexe et la province.

Le trouble d’anxiété généralisée (TAG) est un état caractérisé par des soucis fréquents et persistants ainsi qu’une anxiété excessive à l’égard de plusieurs événements ou activités. Les participants dont le score était de 10 ou plus sur l’échelle GAD-7 étaient considérés comme ayant eu des symptômes d’anxiété modérés à sévères au cours des deux semaines ayant précédé leur participation au projet de collecte. Les données déclarées ne font pas nécessairement état d’un diagnostic professionnel d’anxiété. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, où la population a été exposée de manière inattendue à une crise mondiale sans précédent engendrant des répercussions très grandes, notamment des perturbations importantes au chapitre de l’emploi, de l’école et des routines, et l’augmentation des risques pour la santé, il importe de souligner que les sentiments d’anxiété peuvent être considérés comme des réactions naturelles et ne sont pas nécessairement des indicateurs d’un trouble de santé mentale à long terme. 

Références

MOYSER, M. 2020. « Différences entre les genres en matière de santé mentale durant la pandémie de COVID-19 », Statistique Canada.

ROBERT, A.-M. 2012. « Mental health and well-being of recent immigrants in Canada: Evidence from the Longitudinal Survey of Immigrants to Canada », Recherche et évaluation, IRCC.

SALAMI, B. 2017. Mental Health of Immigrants and Non-immigrants in Canada: Evidence from the Canadian Health Measures Survey and Service Provider Interviews in Alberta.

STATISTIQUE CANADA. 2020a. « Enquête sur la population active, avril 2020 », Le Quotidien, 8 mai,  produit no 11-001-X au catalogue de Statistique Canada..

STATISTIQUE CANADA. 2020b. « La santé mentale des Canadiens durant la pandémie de COVID-19 », Le Quotidien, 27 mai, produit no 11-001-X au catalogue de Statistique Canada.

STATISTIQUE CANADA. 2020c. Santé mentale perçue, population âgée de 12 ans et plus, selon le sexe, tableau no 13-10-0805-02 de Statistique Canada.

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