Série thématique sur les peuples autochtones
Facteurs liés à l’enfance qui sont associés à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires, d’une attestation d’équivalence ou d’un diplôme de niveau supérieur chez les enfants des Premières Nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits

Date de diffusion : le 6 avril 2023

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Note de reconnaissance

La présente étude a été financée par Services aux Autochtones Canada (SAC).

Résumé

La présente étude s’intéresse aux facteurs liés à l’enfance qui sont associés à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou d’une attestation d’équivalence ou d’un diplôme de niveau supérieur chez les enfants des Premières Nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits. Pour ce faire, elle s’appuie sur un ensemble de données longitudinales créé grâce au couplage de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2006 et des données du questionnaire détaillé du Recensement de 2016. La corrélation entre les caractéristiques liées à l’enfance et l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, selon l’identité autochtone, est présentée. De plus, à partir d’un échantillon regroupé, l’étude examine l’association entre les facteurs liés à l’enfance et les résultats, à l’aide d’une analyse multivariée pour tenir compte des facteurs de confusion.

Les enfants autochtones de certaines régions étaient plus susceptibles d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux d’autres régions. Les enfants des Premières Nations (55,0 %) et métis (66,3 %) vivant dans la région des Prairies étaient moins susceptibles d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016 que leurs homologues en Ontario (68,9 % et 77,5 %, respectivement). Les enfants inuits vivant dans les communautés de l’Inuit Nunangat (38,1 %) étaient moins susceptibles d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux vivant à l’extérieur de l’Inuit Nunangat (66,5 %). Les garçons et les filles des Premières Nations et métis plus âgés étaient près de deux fois plus susceptibles d’avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que les plus jeunes. Chez les Inuit, les garçons plus âgés (56,5 %) étaient plus susceptibles d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que les garçons plus jeunes (29,7 %E). Cependant, cette relation n’a pas été constatée chez les filles. Dans les trois groupes, les enfants vivant dans un logement de taille convenable, c’est-à-dire non surpeuplé, étaient plus susceptibles d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux vivant dans un logement de taille non convenable. Cette tendance était manifeste chez les filles et les garçons métis, ainsi que chez les garçons des Premières Nations. Chez les filles, la taille convenable du logement n’a pas eu une incidence significative sur l’obtention ou non d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Les enfants des Premières Nations et les enfants métis qui vivaient au sein d’un ménage biparental étaient plus susceptibles d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux qui vivaient dans un ménage monoparental, mais cette relation n’a pas été constatée chez les enfants inuits.

Les résultats du modèle de régression logistique montrent que l’âge, le surpeuplement du ménage, le revenu du ménage et le rendement scolaire pendant l’enfance sont étroitement liés au fait d’avoir obtenu ou non un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Les enfants plus âgés étaient près de trois fois plus susceptibles (rapport de cotesNote  ou RC=2,75) de détenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que les enfants plus jeunes. Les garçons autochtones qui habitaient dans un logement de taille non convenable pendant leur enfance étaient près de deux fois moins susceptibles (RC=0,52) d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux qui habitaient dans un logement de taille convenable. Bien qu’on ait observé une tendance à la hausse de la probabilité d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur associée à l’augmentation du revenu du ménage, ce n’est que chez les filles autochtones qu’un résultat significatif a été observé. Celles dont le revenu du ménage se situait dans le troisième quartile (RC=2,67) et le quatrième quartile (RC=4,23) étaient environ trois fois et quatre fois plus susceptibles, respectivement, d’obtenir leur diplôme que celles dont le revenu du ménage se situait dans le premier quartile. Enfin, la perception du rendement scolaire permettait de prédire l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. En fait, la probabilité de détenir un diplôme d’études secondaires augmentait avec l’amélioration du rendement scolaire. Les garçons dont le rendement scolaire était très bon pendant leur enfance étaient près de deux fois plus susceptibles (RC=2,17) d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux dont le rendement scolaire se situait dans la moyenne. En revanche, les filles dont le rendement scolaire était mauvais ou très mauvais avaient 73 % moins de chances d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que celles dont le rendement scolaire se situait dans la moyenne.

Après un ajustement pour tenir compte d’autres facteurs liés à l’enfance, la région de résidence, le type de ménage, l’expérience vécue par la famille dans les pensionnats autochtones, la participation antérieure à un programme de développement de la petite enfance et la capacité de parler ou de comprendre une langue autochtone ou les deux n’étaient pas associés de manière significative à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur.

Les conclusions de l’étude corroborent les recherches antérieures et offrent des leviers stratégiques potentiels pour l’élaboration de programmes et de politiques visant à augmenter les taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur chez les enfants des Premières Nations vivant hors réserve, ainsi que chez les enfants métis et inuits.

Contexte

Il est largement reconnu que l’éducation est bénéfique pour le parcours de vie d’une personne. L’obtention d’un diplôme d’études secondaires, qui est souvent un prérequis pour s’inscrire dans un établissement d’enseignement postsecondaire, représente un tremplin important pour améliorer les résultats scolaires. L’amélioration des résultats scolaires des Autochtones permettra ainsi d’améliorer les conditions sociales, car il a été démontré qu’un niveau de scolarité élevé mène à de meilleurs emplois et à des revenus plus élevés (Richards, 2014). Bien que l’éducation soit avantageuse pour tous, le système d’éducation a longtemps été limité à une perspective occidentale. De nombreux appels à l’action ont été lancés pour que des changements soient apportés aux programmes d’enseignement dans l’ensemble du pays afin de mieux tenir compte de l’histoire des peuples autochtones, ainsi que des appels à une hausse des financements et des investissements ciblant particulièrement les étudiants autochtones (Gordon et White, 2014; CVR, 2015). Il est donc essentiel de mieux comprendre les conditions qui favorisent l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur chez les peuples autochtones afin de concevoir des politiques d’éducation efficaces.

L’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou d’une attestation d’équivalence peut s’expliquer par diverses caractéristiques sociodémographiques comme le sexe et l’âge. Les filles des Premières Nations vivant hors réserve sont plus susceptibles de réussir à l’école que les garçons (Bougie, 2009). De même, dans les réserves et dans les communautés des Premières Nations du Nord, les filles et les jeunes de 12 à 14 ans étaient plus susceptibles d’obtenir principalement des A dans leur dernier bulletin scolaire et d’avoir une bonne fréquentation scolaire, comparativement aux garçons et aux enfants plus âgés (Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, 2020). Selon les données de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012, les femmes métisses et inuites de 18 à 44 ans étaient également plus susceptibles d’avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires que leurs homologues masculins (Arriagada, 2016). Certaines différences concernant le niveau de scolarité ont également été constatées entre les groupes d’identité autochtone : 60 % des membres des Premières Nations vivant hors réserve, 68 % des Métis et 38 % des Inuit avaient obtenu un diplôme d’études secondaires en suivant un cheminement régulier selon les données de l’EAPA de 2017 (O’Donnell et Arriagada, 2019).

En outre, il est nécessaire de prendre en compte les différences entre les provinces et les territoires, étant donné que l’éducation relève des provinces et que de nombreuses études ont révélé des différences entre les provinces et les territoires des taux d’abandon des études secondaires chez les populations autochtones (O’Donnell et Arriagada, 2019; Gordon et White, 2014).

Une autre caractéristique qui s’est avérée un facteur déterminant pour l’obtention d’un diplôme d’études secondaires chez les Autochtones est le rendement scolaire pendant l’enfance. Les enfants autochtones qui obtiennent de bons résultats à l’école continuent de connaître la réussite scolaire plus tard dans la vie (Frenette, 2011).

Il convient également de souligner que de nombreux étudiants autochtones obtiennent leur diplôme d’études secondaires plus tard dans la vie grâce à un programme d’équivalence (Bougie et coll., 2013; O’Donnell et Arriagada, 2019). Selon les données de l’EAPA de 2017, 10 % des adultes autochtones de 20 ans et plus avaient réussi un programme d’équivalence tandis que 63 % avaient obtenu un diplôme d’études secondaires, ce qui indique qu’une partie de la population autochtone retourne aux études plus tard au cours de leur vie pour obtenir leur diplôme d’études secondaires (O’Donnell et Arriagada, 2019). Il a été constaté que la parentalité précoce était liée à l’abandon des études secondaires avant d’avoir obtenu un diplôme, ainsi qu’au fait de retourner aux études. En outre, Wilk, White et Guimond ont constaté que « les étudiants métis continuent de faire des études postsecondaires jusqu’à la fin de la trentaine (2009, p. 57)».

Pour les enfants autochtones et non autochtones, le revenu familial est étroitement lié au niveau de scolarité. Ferguson et coll. (2007) fournissent un résumé complet des études sur la pauvreté des ménages et son [traduction] « influence significative, omniprésente et persistante sur la réussite scolaire.» Les enfants des Premières Nations vivant hors réserve dans un ménage à revenu plus élevé avaient un rendement scolaire perçu comme étant plus élevé (Bougie, 2009). Cependant, même si les enfants autochtones étaient plus susceptibles d’avoir un rendement perçu comme étant « très bon ou bon » à l’école s’ils provenaient d’un ménage à revenu élevé, ils étaient moins susceptibles de bien réussir à l’école s’ils provenaient d’un ménage composé d’un grand nombre de personnes (c.-à-d. six personnes ou plus) (Bougie et Senécal, 2010). Pour mettre un terme à la pauvreté chez les enfants autochtones, Macdonald et Wilson (2013) préconisent de concentrer les efforts sur les causes sous-jacentes : l’accès à l’éducation, les opportunités d’emploi, la formation à l’entrepreneuriat et l’élimination du racisme.

Pour les communautés des Premières Nations vivant dans des réserves et du Nord, le niveau de scolarité des parents est un prédicteur particulièrement important en ce qui concerne la réussite scolaire de l’enfant. Les enfants dont les parents ont un diplôme universitaire étaient plus susceptibles d’obtenir principalement des A dans leur dernier bulletin scolaire que les enfants dont les parents n’avaient pas de diplôme d’études secondaires (Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, 2020). De plus, le fait que les parents avaient entrepris des études postsecondaires était étroitement associé à un absentéisme plus faible chez les enfants inuits (Arim et coll., 2016).

Comme l’ont montré des études antérieures, le fait d’avoir des parents qui ont fréquenté un pensionnat autochtone est associé à la perception d’une moins bonne réussite scolaire (Bougie, 2009). La fréquentation d’un pensionnat autochtone par les parents, médiée par certaines caractéristiques du ménage, semble avoir un effet négatif sur les enfants. Les parents qui ont fréquenté un pensionnat autochtone étaient plus susceptibles de vivre dans un ménage de plus grande taille et à faible revenu. Cet effet persiste d’une génération à l’autre et pourrait être associé négativement au niveau de scolarité des enfants (Bougie et Senécal, 2010). De plus, O’Donnell et Arriagada (2019) ont constaté que les Autochtones dont aucun membre de la famille n’a fréquenté un pensionnat autochtone étaient plus nombreux à être titulaires d’un diplôme d’études secondaires que ceux dont un membre de la famille a fréquenté un pensionnat (71 % par rapport à 57 %). Les répercussions des pensionnats sur le niveau de scolarité des peuples autochtones doivent être comprises par le biais du traumatisme intergénérationnel qui a touché les peuples autochtones, qu’ils aient fréquenté ou non les pensionnats (CVR, 2015).

Certaines recherches suggèrent qu’un programme d’études qui comprend l’histoire et les coutumes autochtones est positivement corrélé avec l’obtention d’un diplôme d’études secondaires (O’Gorman et Pandey, 2015). D’autres facteurs, comme la capacité de parler une langue autochtone, peuvent aussi jouer un rôle (Bougie et Senécal, 2010). Pour les enfants vivant dans l’Inuit Nunangat, l’exposition quotidienne à une langue inuite en dehors de la maison a eu un effet positif et statistiquement significatif sur la réussite scolaire (Arim et coll., 2016).

En revanche, Bougie et coll. (2018) ont constaté que le niveau de scolarité était plus faible chez les personnes qui parlaient une langue autochtone dans les réserves et hors réserve, et ce, pour toutes les différentes périodes examinées. Hors des réserves, ceux qui parlaient une langue autochtone ont obtenu de meilleurs résultats sur le plan du niveau de scolarité au fil du temps, par rapport à ceux qui ne parlaient aucune langue autochtone. Dans les réserves, les locuteurs d’une langue autochtone ont obtenu de meilleurs résultats en ce qui concerne l’obtention d’un diplôme comparativement aux non-locuteurs, mais ne présentaient aucune différence au chapitre des études postsecondaires. En outre, les auteurs ont constaté que l’apprentissage d’une langue autochtone à l’école peut avoir des retombées plus positives pour les enfants inuits, étant donné qu’ils sont plus susceptibles d’avoir appris la langue avant de commencer l’école (Bougie et coll., 2018). Arim et coll. ont constaté que « les enfants inuits exposés quotidiennement à une langue inuite en dehors de leur foyer étaient moins susceptibles d’avoir redoublé une année (2016, p. 43)». Par ailleurs, O’Gorman et Pandey (2015) ont constaté que le fait d’apprendre une langue autochtone montrait une corrélation négative avec l’obtention d’un diplôme d’études secondaires.

En tenant compte de l’objectif de la présente étude, il est important d’examiner comment les différents auteurs expliquent la façon dont les diverses populations autochtones atteignent leur niveau de scolarité. Qiu et Wu (2011) expliquent que pour comprendre le rendement scolaire d’un étudiant dans son ensemble, les caractéristiques de la personne tout comme celles de l’école doivent être prises en compte. Le modèle conceptuel présenté par Kyriakides (2006) a établi quatre niveaux pour expliquer ce qu’ils appellent « l’efficacité de l’éducation »: le niveau national, le niveau de l’école, le niveau de la salle de classe et le niveau de l’élève (Nilsen, Gustafsson et Blömeke, 2016). Une autre théorie met plutôt l’accent sur les interactions entre les obstacles financiers et non financiers pour expliquer l’incidence sur l’accès des personnes aux études postsecondaires (Tian, 2012).

Par ailleurs, même si ces modèles sont utiles pour comprendre la complexité du niveau de scolarité, ils ne tiennent pas compte de la réalité et de l’histoire des peuples autochtones au Canada. Pour beaucoup d’Autochtones, l’éducation est synonyme de traumatisme. Des générations d’Autochtones ont dû fréquenter des pensionnats où ils ont été victimes de préjudices physiques, psychologiques, sexuels et spirituels (Corrado et Cohen, 2003). Par conséquent, ces personnes peuvent voir les écoles, les enseignants et l’éducation avec un regard différent de celui de la population non autochtone. Notre cadre conceptuel doit donc reconnaître que le contexte entourant l’éducation chez les peuples autochtones est différent et que nous ne pouvons pas supposer que les modèles décrits précédemment peuvent être appliqués de la même manière à la population autochtone. Il est également important de reconnaître que les Autochtones n’ont pas tous vécu les mêmes expériences et qu’ils ne réagissent pas tous de la même manière aux expériences traumatisantes.

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Données et méthodes

Ensemble de données intégré

Les données de l’EAPA de 2006 ont été couplées à celles du questionnaire détaillé du Recensement de 2016 afin de constituer un ensemble de données longitudinales permettant d’examiner les associations entre les caractéristiques et les résultats à deux moments dans le temps à 10 ans d’intervalle. Les noms, la date de naissance et le sexe des répondants ont été utilisés pour coupler les deux ensembles de données au moyen d’un couplage probabiliste. Le couplage d’ensembles de données d’enquête est une nouvelle approche pour rassembler des données longitudinales, ce qui implique réaliser un couplage d’enregistrements des échantillons et la repondération des enregistrements couplés pour s’assurer qu’ils sont représentatifs de la population cible. Dans le cas présent, la population visée était constituée des personnes âgées de 6 ans ou plus, vivant dans un logement privé au Canada (à l’exclusion des établissements indiens et des réserves indiennes) qui se sont identifiées comme autochtones ou qui ont déclaré avoir une ascendance autochtone et qui étaient toujours en vie au moment du Recensement de la population de 2016.

La combinaison de ces deux sources d’information permet d’identifier les mêmes personnes dans les deux enquêtes et, ainsi, il devient possible d’examiner la relation entre les expériences des enfants, des jeunes et des adultes autochtones en 2006 et leurs résultats en 2016 en tant que jeunes adultes ou adultes plus âgés. L’EAPA et le recensement sont deux importantes sources d’information qui se complètent. Par exemple, l’EAPA de 2006 fournit des renseignements sur le revenu des ménages, l’utilisation des soins de santé, l’apprentissage des enfants et des jeunes, l’expérience liée aux pensionnats autochtones des personnes, des parents et des tuteurs, ainsi que la participation aux activités culturelles, tandis que le Recensement de 2016 fournit des renseignements sur le niveau de scolarité, l’activité sur le marché du travail et le revenu.

Échantillon et population d’intérêt

Cette étude avait pour objectif d’examiner l’association entre les facteurs liés à l’enfance et les résultats scolaires au début de l’âge adulte. Par conséquent, l’échantillon a été restreint aux personnes qui étaient âgées de 8 à 14 ans en 2006. On pourrait raisonnablement s’attendre à ce que ces dernières aient obtenu leur diplôme d’études secondaires en 2016, vers l’âge de 18 à 24 ans, car les élèves terminent généralement leurs études secondaires vers l’âge de 18 ans. La population d’intérêt a également été limitée à ce groupe d’âge pour des raisons méthodologiques : les données de l’EAPA de 2006 portaient sur des répondants âgés de 6 à 14 ans; par conséquent, les jeunes les plus âgés qui pouvaient être inclus dans l’échantillon étaient ceux de 14 ans (âgés de 24 ans en 2016). Les enfants de 6 et 7 ans ont été exclus, car on ne s’attendait pas à ce qu’ils obtiennent leur diplôme d’études secondaires en 2016, année durant laquelle ils auraient eu 16 et 17 ans.

L’échantillon final de l’analyse était composé de 2 275 enfants des Premières Nations vivant hors réserve, enfants métis et enfants inuits âgés de 18 à 24 ans au moment du Recensement de 2016.

Mesure du taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires

En 2007, le Conseil canadien sur l’apprentissage, en collaboration avec des partenaires des Premières Nations, des Métis et des Inuit, a élaboré le Modèle holistique d’apprentissage continu. Ce cadre novateur propose de concevoir l’apprentissage autochtone comme un processus holistique et permanent. Bien que la « redéfinition de la réussite » dans le contexte de l’éducation autochtone ait été examinée dans d’autres publications, ce sujet important est hors du champ de la présente étude, laquelle est limitée en raison de la conception et du contenu de l’EAPA de 2006, ainsi que du Recensement de 2016. Le résultat qui est examiné dans cette étude est « l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur », tel que mesuré par le Recensement de 2016. Les personnes qui n’ont pas obtenu leur diplôme d’études secondaires comprennent celles qui fréquentent actuellement une école et celles qui n’en fréquentent pas.

Méthodes statistiques

Dans la première partie de la section des résultats, on a produit des tableaux croisés entre l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur et les caractéristiques sociodémographiques pour examiner les corrélations entre les deux. Les poids bootstrap qui ont été spécialement mis au point pour ces données couplées ont été utilisés pour calculer les estimations de la variance, qui ont ensuite été utilisées pour effectuer les tests de signification. Dans la deuxième partie de la section des résultats, on a examiné les associations après la prise en compte des variables indépendantes à l’aide d’un modèle de régression logistique.

(Y=β0 + β1X1…+ βΡXP + résidu)
Le modèle corrigé permet d’exécuter toutes les variables indépendantes simultanément afin de voir si chacune d’entre elles est associée à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur après la prise en compte de toutes les autres variables. L’article présente les rapports de cotes (RC) entre le fait d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou un diplôme supérieur et le fait de ne pas avoir obtenu de diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence.

La sélection des variables indépendantes a été fondée sur des études antérieures et des modèles conceptuels de l’obtention d’un diplôme d’études secondaires et du niveau de scolarité mentionnés plus haut, ainsi que sur les contributions de spécialistes du domaine, y compris des organisations autochtones nationales (OAN). Pour l’analyse de régression, les trois groupes autochtones ont été regroupés pour augmenter la taille de l’échantillon. Dans la présente étude, tous les groupes autochtones sont regroupés à des fins méthodologiques uniquement : il est important de reconnaître l’hétérogénéité des populations autochtones. Il faut toujours privilégier les recherches fondées sur les distinctions, mais cela n’a pas été possible dans le cas présent.

Facteurs liés à l’enfance :

Certaines provinces et certains territoires ont été regroupés pour augmenter la taille des cellules et pour obtenir des résultats pouvant être publiés. Les provinces de l’Atlantique ont été regroupées en une seule catégorie, tout comme l’ont été les provinces des Prairies, et les territoires. Pour obtenir la variable de ceux vivant à l’intérieur d’une région métropolitaine de recensement (RMR) ou d’une agglomération de recensement (AR) ou à l’extérieur de celles-ci, les régions qui correspondaient à des zones d’influence des régions métropolitaines de recensement et des agglomérations de recensement fortes, modérées, faibles ou nulles ont été codées comme «à l’extérieur d’une RMR/AR », tandis que les autres régions ont été codées comme «à l’intérieur d’une RMR/AR ». Pour les statistiques par identité autochtone, seules les personnes qui ont déclaré appartenir à un seul groupe d’identité autochtone ont été incluses. Par conséquent, celles qui ont déclaré appartenir à plusieurs groupes d’identité autochtone, comme les Premières Nations et les Métis ou les Métis et les Inuit, ont été exclues. Les données sur le niveau de scolarité des parents n’ont pas été recueillies dans l’EAPA de 2006. Cependant, des données sur le niveau de scolarité le plus élevé de la personne la mieux renseignée (PMR) au sujet de l’enfant ont été recueillies. Dans cette analyse, elles ont été regroupées en deux catégories : celles qui ont obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou de niveau supérieur et celles qui ne l’ont pas obtenu. Les ménages ont été classés en ménages monoparentaux et en ménages biparentaux. Le revenu autodéclaré du ménage a été utilisé pour générer les quartiles de revenu du ménage par province et territoire. La taille convenable du logement, laquelle est une mesure de surpeuplement, indique si le logement contient ou non suffisamment de chambres pour la taille et la composition du ménage, selon les exigences de la Norme nationale d’occupation (NNO). Aux fins de l’analyse, un « logement de taille non convenable » désigne un logement qui compte trop peu de chambres, et un « logement de taille convenable » désigne un logement qui en compte suffisamment.

Caractéristiques scolaires :

On a demandé aux PMR d’indiquer le rendement scolaire de leur enfant. Pour ce faire, on leur posait la question suivante : « D'après votre connaissance des travaux scolaires de l'enfant, y compris les bulletins, dans l'ensemble, comment réussissait-il/elle durant sa dernière année scolaire?» et les catégories de réponse suivantes étaient proposées pour commenter le rendement : Très bien, bien, dans la moyenne, mal et très mal. Pour cette analyse, les catégories « mal » et « très mal » ont été regroupées en une seule catégorie (« Mauvais ou très mauvais »), tandis que les autres ont été conservées séparément (les catégories « Très bien » et « Bien » sont devenues « Très bon » et « Bon », respectivement). On a également demandé aux PMR si leur enfant avait déjà participé à un programme de développement de la petite enfance (DPE) et s’il s’agissait d’un programme spécialement conçu pour les Autochtones ou non.

Afin de mesurer les antécédents familiaux liés à la fréquentation d’un pensionnat autochtone, on a utilisé les questions de l’EAPA de 2006 qui demandaient si l’enfant avait un parent ou un grand-parent qui avait fréquenté « un pensionnat fédéral ou une école industrielle fédérale ». Une variable comportant des catégories telles qu’« au moins un parent ou au moins un grand-parent » et « ni un parent ni un grand-parent » a été créée, tandis que les valeurs manquantes ont été ajoutées comme troisième catégorie, étant donné que de nombreux répondants peuvent avoir refusé de répondre à ces questions en raison de leur nature délicate.

D’autres caractéristiques ont été initialement prises en compte, mais comme elles n’étaient pas significativement associées au résultat de l’analyse bivariée, elles ont été exclues de l’analyse multivariée. Quelques exemples comprenaient la perception de la qualité de l’école, la fréquence de la participation à des activités culturelles et la fréquence du temps passé avec les Aînés.

Afin de s’assurer que le modèle statistique correspond adéquatement aux données, certains essais diagnostiques ont été effectués, y compris ceux qui visaient à vérifier la multicolinéarité. En se fondant sur les recherches antérieures, on s’attendait à ce que certaines variables indépendantes du modèle soient corrélées (p. ex. le revenu du ménage et le surpeuplement du ménage). Après avoir vérifié la corrélation polychorique, les résultats ont montré que, bien qu’il y ait effectivement une certaine corrélation entre certaines variables (le revenu du ménage était corrélé avec le surpeuplement ainsi qu’avec le type de ménage), la corrélation n’était pas assez forte pour rendre le modèle problématique et il a donc été décidé de conserver le modèle tel quel.

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Résultats

Population à l’étude

Selon les résultats de l’EAPA de 2006, qui porte sur les membres des Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les Inuit, 53,3 % des enfants autochtones de 8 à 14 ans étaient des membres des Premières Nations, tandis que 40,9 % et 5,7 % étaient respectivement des Métis et des InuitNote  (tableau 1). Une grande proportion des enfants des Premières Nations vivaient en Ontario (27,9 %), dans les provinces des Prairies (33,8 %) et en Colombie-Britannique (21,1 %). Les enfants métis vivaient principalement dans les Prairies (51,6 %), tandis que la majorité des enfants inuits vivaient dans l’Inuit NunangatNote  (77,3 %), le territoire traditionnel des Inuit au Canada.

Ensuite, on a examiné les répartitions de la population totale d’intérêt, ainsi que celles des personnes ayant ou non obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou un diplôme de niveau supérieur (désignées par l’expression « obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur » dans le texte qui suit) par province et résidence et à l’intérieur d’une RMR/AR en 2006, afin de voir s’il y avait des sous-représentations ou des surreprésentations. Bien que les jeunes adultes des Premières Nations représentent 53,3 % de la population autochtone visée par l’EAPA, ils sont sous-représentés parmi ceux qui ont obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur (51,7 %). Les Inuit sont également sous-représentés, puisqu’ils représentent 5,7 % de la population autochtone totale visée, mais seulement 3,8 % de la population détient un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Par ailleurs, les jeunes adultes métis, qui représentent 40,9 % de la population d’intérêt, sont surreprésentés parmi ceux qui possèdent un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur (44,5 %).

Environ 40 % des enfants autochtones vivaient dans les provinces des Prairies. Cependant, ces enfants ne constituaient que 36,1 % des enfants autochtones ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016, ce qui indique des écarts potentiels dans l’obtention du diplôme d’études secondaires dans ces provinces. En revanche, 17,7 % des enfants autochtones habitaient en Colombie-Britannique, mais 21,4 % d’entre eux avaient obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016.

De plus, alors qu’un peu moins des deux tiers (63,2 %) des enfants vivaient à l’intérieur d’une RMR/AR en 2006, un peu plus des deux tiers (66,2 %) de ceux qui habitaient dans ces agglomérations avaient obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016, indiquant une surreprésentation parmi ceux qui vivaient à l’intérieur d’une RMR/AR.


Tableau 1
Pourcentage des jeunes adultes autochtones ayant obtenu ou non leur diplôme d’études secondaires ou une attestation d'équivalence ou un diplôme de niveau supérieur, selon certaines caractéristiques pendant l’enfance, 2006
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage des jeunes adultes autochtones ayant obtenu ou non leur diplôme d’études secondaires ou une attestation d'équivalence ou un diplôme de niveau supérieur. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Total, Aucun diplôme d’études secondaires ou attestation d’équivalence et Ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou un diplôme de niveau supérieur, calculées selon Pourcentage (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
CaractéristiquesTableau 1 Note 1 Total Aucun diplôme d’études secondaires Ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou un diplôme de niveau supérieur
pourcentage
Identité autochtone
Premières Nations vivant hors réserve 53,3 56,6 51,7
Métis 40,9 33,9 44,5
Inuit 5,7 9,5 3,8
Province ou région de résidence
Atlantique 5,9 62Note E: à utiliser avec prudence 5,8
Québec 7,6 8,2 7,4
Ontario 23,0 19,4Note E: à utiliser avec prudence 24,8
Prairies 39,4 46,2 36,1
Colombie-Britannique 17,7 10,4Note E: à utiliser avec prudence 21,4
Territoires 6,2 9,8 4,5
Résidence à l’intérieur ou à l’extérieur d’une RMR/AR
À l’intérieur d’une RMR/AR 63,2 57,0 66,2
À l'extérieur d’une RMR/AR 36,8 43,0 33,8
Groupe d'âge (2006)
8 à 10 ans 42,7 55,7 36,2
11 à 14 ans 57,3 44,3 63,8
Sexe
Homme 51,2 58,0 47,7
Femme 48,8 42,0 52,3
Taille convenable du logement
Taille convenable 81,1 71,2 86,0
Taille non convenable 18,9 28,8 14,0
Type de ménage
Ménage monoparental 35,9 42,9 32,4
Ménage biparental 64,1 57,2 67,6
Obtention par la PMR d’un diplôme d’études secondaires ou d’une attestation d’équivalence
La PMR a obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence 69,6 55,0 76,9
La PMR n’a pas obtenu de diplôme d’études secondaires ou d’attestation d’équivalence 30,4 44,9 23,1
Quartile de revenu total du ménage
Premier quartile 25,0 33,4 20,7
Deuxième quartile 25,0 29,5 22,7
Troisième quartile 25,3 22,3 26,7
Quatrième quartile 24,8 14,8Note E: à utiliser avec prudence 29,8
Fréquentation d’un pensionnat autochtone par les membres de la famille
Au moins un parent OU un grand-parent 22,4 27,6Note E: à utiliser avec prudence 19,9
Ni un parent NI un grand-parent 64,0 56,7 67,6
Ne sais pas/refusé de répondre/non déclaré 13,6 15,7 12,5
Perception du rendement scolaireTableau 1 Note 2
Très bon 42,1 33,8 46,2
Bon 30,0 30,6 29,8
Dans la moyenne 22,4 27,9 19,7
Très mauvais à mauvais 5,5 7,8Note E: à utiliser avec prudence 4,3
Participation à un programme de développement de la petite enfance (DPE)
N’a pas participé à un programme de DPE 40,0 44,6 37,7
A participé à un programme de DPE conçu spécialement pour les enfants autochtones 13,3Note E: à utiliser avec prudence 19,3Note E: à utiliser avec prudence 10,3Note E: à utiliser avec prudence
A participé à un programme de DPE non conçu spécialement pour les enfants autochtones 46,7 36,1 52,0
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone ou les deux
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone 16,7 25,1 12,4Note E: à utiliser avec prudence
Capable de comprendre, mais pas de parler une langue autochtone 26,6 26,3Note E: à utiliser avec prudence 26,7
Incapable de parler et de comprendre une langue autochtone 56,7 48,6 60,9

L’âge, le niveau de scolarité de la PMR de l’enfant, le revenu du ménage et le rendement scolaire sont liés à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur dans les trois groupes autochtones

À l’échelle nationale, 64,7 % des enfants des Premières Nations vivant hors réserve ainsi que 72,5 % des enfants métis avaient obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016 (tableau 3). Pour la population inuite, ce pourcentage s’est chiffré à 44,5 %. Parmi les enfants des Premières Nations, c’est dans les provinces des Prairies que le pourcentage le plus faible a été observé, où ils étaient 55,0 % à avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Ce pourcentage était nettement inférieur à celui observé en Ontario (68,9 %), la province de référence dans cette analyse. C’est également dans les provinces des Prairies où l’on observait le plus faible pourcentage d’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur chez les enfants métis (66,3 %). Parmi les Inuit, les deux tiers (66,5 %) de ceux qui vivaient à l’extérieur de l’Inuit Nunangat avaient obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou un diplôme de niveau supérieur, comparativement à 38,1 % de ceux qui vivaient dans l’Inuit Nunangat.

Comme première étape de l’analyse de l’association entre les facteurs liés à l’enfance et l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, les liens bivariés entre les deux facteurs ont été examinés séparément selon le groupe autochtone. Ces facteurs ont été cernés au moyen d’une analyse documentaire, mais l’analyse s’est limitée aux facteurs pour lesquels des données ont été recueillies dans le cadre de l’EAPA de 2006.

Dans les deux groupes d’âge observés, une différence statistiquement significative a été constatée entre le pourcentage d’enfants des Premières Nations âgés de 8 à 10 ans (55,1 %) en 2006 et ceux âgés de 11 à 14 ans (72,3 %) en 2006 qui ont poursuivi leurs études pour obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016. Plus précisément, 51,0 % des garçons des Premières Nations de 8 à 10 ans et 64,2 % de ceux de 11 à 14 ans avaient obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016; chez les filles, les proportions correspondantes étaient de 59,1 % et de 81,6 % (tableau 2). La même tendance a été observée chez les garçons métis et les filles métisses. Toutefois, chez les Inuit, cette tendance a été observée chez les garçons, mais la différence n’était pas statistiquement significative pour les filles (39,1 % pour les plus jeunes par rapport à 49,3 % pour les plus âgées).

La taille convenable du logement était en étroite corrélation avec le fait d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, mais cette corrélation variait en fonction du sexe chez les enfants des Premières Nations et les enfants métis. Les garçons des Premières Nations qui vivaient dans un logement de taille convenable (62,5 %) étaient plus susceptibles d’avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux qui vivaient dans un logement de taille non convenable (44,5 %E ). Toutefois, une telle relation n’a pas été observée chez les filles des Premières Nations. Chez les Métis, les garçons (71,9 %) et les filles (79,3 %) vivant dans un logement de taille convenable étaient plus susceptibles d’être titulaires d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que les garçons (52,5 %E) et les filles (58,1 %) qui ne vivaient pas dans un tel logement. Ce constat valait aussi pour les Inuit. Les garçons (55,4 %) et les filles (52,9 %) habitant dans un logement de taille convenable étaient plus susceptibles d’avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que les garçons (28,9 %E) et les filles (35,6 %) vivant dans un logement de taille non convenable.

Le type de ménage était lié à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, mais seulement chez les enfants des Premières Nations et les enfants métis, et avec des différences selon le sexe. Les enfants des Premières Nations qui vivaient au sein d’un ménage biparental (68,3 %) étaient plus susceptibles de détenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux qui vivaient dans un ménage monoparental (59,2 %). C’était également le cas pour les enfants métis (76,5 % par rapport à 63,4 %). Toutefois, contrairement aux enfants des Premières Nations chez qui aucune différence entre les sexes n’a été observée, seuls les garçons métis qui vivaient dans une famille biparentale (74,5 %) étaient plus susceptibles que leurs homologues qui vivaient dans une famille monoparentale (59,0 %) d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Aucune corrélation ne s’est dégagée chez les Inuit entre le type de ménage et l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur (44,7 % par rapport à 47,8 %).

Le niveau de scolarité de la PMR de l’enfant semble être un facteur important quant à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Parmi les enfants des Premières Nations dont la PMR détenait un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, 70,5 % ont obtenu un diplôme d’études secondaires. Cette proportion était de 50,0 % pour les enfants dont la PMR ne détenait pas de diplôme d’études secondaires (tableau 2). La même tendance a été constatée chez les enfants métis (75,4 % pour ceux dont la PMR avait obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur comparativement à 55,6 % pour ceux dont le tuteur n’avait pas obtenu de diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence) et chez les enfants inuits (56,7 % par rapport à 37,4 %).

Le revenu du ménage constitue un autre corrélat important de l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Une plus forte proportion d’enfants autochtones vivant dans un ménage à revenu plus élevé en 2006 avaient obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016. Pour les enfants des Premières Nations, on a observé une tendance claire selon les quartiles de revenu du ménage, 53,9 % dans le premier quartile, 61,6 % dans le deuxième quartile, 73,6 % dans le troisième quartile et 76,3 % dans le quatrième quartile ont obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. En outre, les écarts entre le premier quartile et le troisième quartile, ainsi qu’entre le premier quartile et le quatrième quartile, étaient statistiquement significatifs (tableau 2). Chez les enfants métis, 63,7 % de ceux dont le ménage appartenait au premier quartile avaient obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou un diplôme de niveau supérieur, comparativement à 86,0 % de ceux dont le ménage appartenait au quatrième quartile. Chez les Inuit, la tendance semblait quelque peu différente. Les personnes dont le ménage appartenait au deuxième (42,5 %), au troisième (48,6 %) et au quatrième (58,3 %) quartiles étaient plus susceptibles d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que celles du premier quartile (21,2 %E), ce qui laisse supposer que les résultats sont nettement inférieurs chez les personnes du quartile le plus pauvre.

Les données montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur et la fréquentation d’un pensionnat autochtone par les membres de la famille. Si l’on examine l’incidence de ce dernier facteur, il n’y avait pas de différence significative entre ceux dont au moins un parent ou un grand-parent avait fréquenté un pensionnat autochtone et ceux dont ni un parent ni grand-parent n’avait fréquenté un tel pensionnat en ce qui concerne le pourcentage d’enfants des Premières Nations et des enfants métis et inuits qui ont obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur.

La perception du rendement scolaire, selon les déclarations de la personne la mieux renseignée (PMR), semble comporter un lien étroit avec l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur pour les enfants des Premières Nations vivant hors réserve et les enfants métis. Chez les enfants des Premières Nations dont la perception du rendement scolaire durant l’enfance était « très bon », 71,7 % avaient obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou un diplôme de niveau supérieur en 2016, comparativement à 55,1 % de ceux dont la perception du rendement scolaire était « dans la moyenne », une différence statistiquement significative (tableau 2). Un résultat semblable a été observé chez les enfants métis; 78,1 % des enfants dont le rendement scolaire était perçu comme « très bon » avaient obtenu diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou de niveau supérieur comparativement à 66,0 % de ceux dont le rendement scolaire était perçu comme étant « dans la moyenne ». La perception du rendement scolaire chez les Inuit durant l’enfance ne semble pas avoir eu d’incidence sur leur niveau de scolarité.

Chez les garçons des Premières Nations, il existe une différence statistiquement significative entre ceux qui n’ont pas participé à un programme de développement de la petite enfance (DPE) (50,8 %) et ceux qui ont participé à un programme de DPE non conçu spécialement pour les enfants autochtones (68,3 %) en ce qui concerne la probabilité d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur au début de l’âge adulte (tableau 2). Parmi les enfants métis, 67,6 % de ceux qui n’ont pas participé à un programme de DPE avaient obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, ce qui est un taux significativement inférieur à celui observé chez ceux qui ont participé à un programme de DPE non conçu spécialement pour les enfants autochtones (77,9 %). Chez les filles métisses, mais pas chez les garçons, une différence statistiquement significative a été observée (66,8 % par rapport à 83,7 %) entre celles qui n’ont pas participé à un programme de DPE et celles qui ont participé à un programme non conçu spécialement pour des enfants autochtones (tableau 3). La participation à un programme de DPE n’a pas eu d’incidence sur l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur chez les enfants inuits.

En outre, la connaissance d’une langue autochtone semble également être liée à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur chez les Métis et les Inuit. Chez les filles métisses, 44,7 %E de celles qui étaient capables à la fois de parler et de comprendre une langue autochtone avaient obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, comparativement à 78,3 % de celles qui ne pouvaient ni parler ni comprendre une langue autochtone. Cette tendance n’a cependant pas été observée chez les garçons métis. Le fait de parler ou de comprendre une langue autochtone était également lié au niveau de scolarité des enfants inuits : 40,3 % de ceux qui pouvaient parler et comprendre une langue autochtone ont obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence ou de niveau supérieur, alors que c’était le cas pour 73,8 %E de ceux qui ne pouvaient ni parler ni comprendre une langue autochtone.

Les autres caractéristiques socioéconomiques et démographiques prises en compte ici n’étaient pas significativement corrélées à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur chez les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les Inuit. Parmi ces facteurs, on comptait le fait de vivre à l’intérieur ou à l’extérieur d’une RMR/AR, le type de ménage, la capacité de parler ou de comprendre une langue autochtone ou les deux (tableaux  2 à 4), la qualité perçue de l’école, la fréquence de la participation à des activités culturelles et la fréquence du temps passé avec les aînés (données non présentées).


Tableau 2
Pourcentage d’enfants des Premières Nations vivant hors réserve ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016, selon le sexe et certaines caractéristiques pendant l’enfance, 2006
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage d’enfants des Premières Nations ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Total - Sexe, Hommes et Femmes, calculées selon Percent (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
CaractéristiquesTableau 2 Note 1 Total Hommes Femmes
pourcentage
Province ou région de résidence
Canada 64,7 58,6 71,0
Atlantique 56,5Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 71,1Note E: à utiliser avec prudence
Québec 61,0Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 72,4
Ontario (ref.) 68,9 65,7 72,8Note E: à utiliser avec prudence
Prairies 55,0Note * 50,3 60,1
Colombie-Britannique 79,6 72,8 84,7
Territoires 57,8 51,9Note E: à utiliser avec prudence 65,6
Résidence à l’intérieur ou à l’extérieur d’une RMR/AR
À l’intérieur d’une RMR/AR (réf.) 67,3 61,6 72,5
À l'extérieur d’une RMR/AR 59,0 53,2 67,0
Groupe d'âge (2006)
8 à 10 ans (réf.) 55,1 51,0 59,1
11 à 14 ans 72,3Note * 64,2Note * 81,6Note *
Taille convenable du logement
Taille convenable (réf.) 68,2 62,5 73,9
Taille non convenable 49,6Note * 44,5Note E: à utiliser avec prudenceNote * 56,7Note E: à utiliser avec prudence
Type de ménage
Ménage monoparental 59,2Note * 53,6 65,3
Ménage biparental (réf.) 68,3 62,7 74,1
Obtention par la PMR d’un diplôme d’études secondaires ou d’une attestation d’équivalence
La PMR a obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence (réf.) 70,5 65,0 76,1
La PMR n’a pas obtenu de diplôme d’études secondaires ou d’attestation d’équivalence 50,0Note * 44,0Note E: à utiliser avec prudenceNote * 57,2Note E: à utiliser avec prudence
Quartile de revenu total du ménage
Premier quartile (réf.) 53,9 50,3Note E: à utiliser avec prudence 57,6
Deuxième quartile 61,6 58,2 65,6
Troisième quartile 73,6Note * 62,7 83,4Note *
Quatrième quartile 76,3Note * 68,3 84,3Note *
Fréquentation d’un pensionnat autochtone par les membres de la famille
Au moins un parent OU un grand-parent 56,7 50,6Note E: à utiliser avec prudence 62,4
Ni un parent NI un grand-parent (réf.) 69,8 64,6 75,5
Ne sais pas/refusé de répondre/non déclaré 62,2 52,8 74,2
Perception du rendement scolaireTableau 2 Note 2
Très bon 71,7Note * 72,2Note * 71,3
Bon 64,8 58,9 70,1
Dans la moyenne (réf.) 55,1 44,3Note E: à utiliser avec prudence 73,3
Très mauvais à mauvais 47,8Note E: à utiliser avec prudence 46,2Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié
Participation à un programme de développement de la petite enfance (DPE)
N’a pas participé à un programme de DPE (réf.) 61,0 50,8 70,9
A participé à un programme de DPE conçu spécialement pour les enfants autochtones 52,0 47,3Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié
A participé à un programme de DPE non conçu spécialement pour les enfants autochtones 72,4 68,3Note * 77,0
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone ou les deux
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone 53,7 49,6Note E: à utiliser avec prudence 59,0
Capable de comprendre, mais pas de parler une langue autochtone 64,8 57,8Note E: à utiliser avec prudence 71,4
Incapable de parler et de comprendre une langue autochtone (réf.) 67,3 61,0 73,8

Tableau 3
Pourcentage d’enfants métis ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016, selon le sexe et certaines caractéristiques pendant l’enfance, 2006
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage d’enfants métis ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Total, Hommes et Femmes, calculées selon Percent (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
CaractéristiquesTableau 3 Note 1 Total Hommes Femmes
pourcentage
Province ou région de résidence
Canada 72,5 69,5 75,5
Atlantique 79,7 76,0 Note F: trop peu fiable pour être publié
Québec 78,8 82,7 74,1
Ontario (ref.) 77,5 78,1 77,0
Prairies 66,3Note * 62,8 70,4
Colombie-Britannique 81,7 77,5 87,0
Territoires 65,6 Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Résidence à l’intérieur ou à l’extérieur d’une RMR/AR
À l’intérieur d’une RMR/AR (réf.) 74,2 71,7 76,6
À l'extérieur d’une RMR/AR 69,5 65,7 73,4
Groupe d'âge (2006)
8 à 10 ans (réf.) 62,1 59,3 65,1
11 à 14 ans 79,4Note * 76,7Note * 82,2Note *
Taille convenable du logement
Taille convenable (réf.) 75,4 71,9 79,3
Taille non convenable 55,8Note * 52,5Note E: à utiliser avec prudenceNote * 58,1Note *
Type de ménage
Ménage monoparental 63,4Note * 59,0Note * 68,4
Ménage biparental (réf.) 76,5 74,5 78,5
Obtention par la PMR d’un diplôme d’études secondaires ou d’une attestation d’équivalence
La PMR a obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence (réf.) 78,4 74,9 81,9
La PMR n’a pas obtenu de diplôme d’études secondaires ou d’attestation d’équivalence 55,6Note * 55,8Note * 55,2Note *
Quartile de revenu total du ménage
Premier quartile (réf.) 63,7 64,9 62,1Note E: à utiliser avec prudence
Deuxième quartile 63,1 60,2 65,3
Troisième quartile 70,3 64,4 76,3
Quatrième quartile 86,0Note * 82,9 89,5Note *
Fréquentation d’un pensionnat autochtone par les membres de la famille
Au moins un parent OU un grand-parent 76,9 75,2 78,7
Ni un parent NI un grand-parent (réf.) 72,9 69,8 76,4
Ne sais pas/refusé de répondre/non déclaré 65,2 Note F: trop peu fiable pour être publié 68,6
Perception du rendement scolaireTableau 3 Note 2
Très bon 78,1Note * 72,2 82,7Note *
Bon 70,8 65,5 75,6
Dans la moyenne (réf.) 66,0 68,3 61,7
Très mauvais à mauvais 70,4 77,8 Note F: trop peu fiable pour être publié
Participation à un programme de développement de la petite enfance (DPE)
N’a pas participé à un programme de DPE (réf.) 67,6 68,4 66,8
A participé à un programme de DPE conçu spécialement pour les enfants autochtones 60,9 Note F: trop peu fiable pour être publié 70,8
A participé à un programme de DPE non conçu spécialement pour les enfants autochtones 77,9Note * 72,6 83,7Note *
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone ou les deux
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone 49,1Note * 53,3Note E: à utiliser avec prudence 44,7Note E: à utiliser avec prudenceNote *
Capable de comprendre, mais pas de parler une langue autochtone 73,4 73,3 73,4
Incapable de parler et de comprendre une langue autochtone (réf.) 74,4 70,8 78,3

Tableau 4
Pourcentage d’enfants inuits ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016, selon le sexe et certaines caractéristiques pendant l’enfance, 2006
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage d’enfants inuits ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur en 2016. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Total, Hommes et Femmes, calculées selon Pourcentage (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
CaractéristiquesTableau 4 Note 1 Total Hommes Femmes
pourcentage
Province ou région de résidence
Canada 44,5 44,0 44,9
Dans l'Inuit Nunangat (réf..) 38,1 38,7 37,6
À l'extérieur de l'Inuit Nunangat 66,5Note * 65,4Note * 67,4Note E: à utiliser avec prudenceNote *
Résidence à l’intérieur ou à l’extérieur d’une RMR/AR
À l’intérieur d’une RMR/AR (réf.) 50,0Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
À l'extérieur d’une RMR/AR 43,7 44,0 43,8
Groupe d'âge (2006)
8 à 10 ans (réf.) 34,2 29,7Note E: à utiliser avec prudence 39,1
11 à 14 ans 52,9Note * 56,5Note * 49,3
Taille convenable du logement
Taille convenable (réf.) 54,2 55,4 52,9
Taille non convenable 32,4Note * 28,9Note E: à utiliser avec prudenceNote * 35,6Note *
Type de ménage
Ménage monoparental 44,1 Note F: trop peu fiable pour être publié 47,8
Ménage biparental (réf.) 45,0 45,4 44,7
Obtention par la PMR d’un diplôme d’études secondaires ou d’une attestation d’équivalence
La PMR a obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence (réf.) 56,7 51,9 61,6
La PMR n’a pas obtenu de diplôme d’études secondaires ou d’attestation d’équivalence 37,4Note * 40,3 34,8Note *
Quartile de revenu total du ménage
Premier quartile (réf.) 21,2Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Deuxième quartile 42,5Note * 37,6 46,3Note *
Troisième quartile 48,6Note * 50,0Note * 45,6Note E: à utiliser avec prudenceNote *
Quatrième quartile 58,3Note * 59,0Note * FNote *
Fréquentation d’un pensionnat autochtone par les membres de la famille
Au moins un parent OU un grand-parent 44,1 42,1 45,9Note E: à utiliser avec prudence
Ni un parent NI un grand-parent (réf.) 46,0 48,3 44,4
Ne sais pas/refusé de répondre/non déclaré 42,2 40,3 45,5Note E: à utiliser avec prudence
Perception du rendement scolaireTableau 4 Note 2
Très bon 47,1 46,2 47,9
Bon 44,4 46,8 42,2Note E: à utiliser avec prudence
Dans la moyenne (réf.) 46,1 46,2 45,1Note E: à utiliser avec prudence
Très mauvais à mauvais Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Participation à un programme de développement de la petite enfance (DPE)
N’a pas participé à un programme de DPE (réf.) 48,7 45,7 52,5
A participé à un programme de DPE conçu spécialement pour les enfants autochtones 39,8 37,7Note E: à utiliser avec prudence 42,3
A participé à un programme de DPE non conçu spécialement pour les enfants autochtones 48,2 53,8Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone ou les deux
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone 40,3Note * 41,0 39,5Note *
Capable de comprendre, mais pas de parler une langue autochtone Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Incapable de parler et de comprendre une langue autochtone (réf.) 73,8Note E: à utiliser avec prudence 66,7Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié

Après avoir pris en compte d’autres facteurs, les enfants plus âgés, ceux qui habitaient dans un logement de taille convenable, ceux qui vivaient au sein d’un ménage ayant un revenu plus élevé et ceux qui avaient obtenu de bons résultats scolaires pendant l’enfance étaient plus susceptibles d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, mais cela variait selon le sexe

Si l’analyse bivariée permet d’examiner les corrélations entre le résultat et chaque variable indépendante individuellement, il est important d’analyser les associations en tenant compte de toutes les autres variables du modèle. À cette fin, une analyse multivariée a été entreprise, dont les résultats sont présentés dans le tableau 5. Afin d’accroître la taille de l’échantillon nécessaire à cette analyse, les trois groupes autochtones ont été regroupés.

Après avoir pris en compte d’autres facteurs, il a été constaté que la région de résidence des enfants autochtones n’était pas significativement associée au fait d’avoir ou non obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur.

Les enfants autochtones de 11 à 14 ans avaient une probabilité significativement plus élevée (RC=2,75) d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur 10 ans plus tard, comparativement à ceux de 8 à 10 ans. Ces résultats montrent que l’âge représente l’un des facteurs les plus étroitement liés à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur parmi les caractéristiques sélectionnées qui ont fait l’objet d’un examen. Ce résultat confirme les observations des études antérieures selon lesquelles certains étudiants autochtones ont tendance à obtenir leur diplôme d’études secondaires plus tard dans la vie en suivant un programme d’équivalence (Bougie et coll., 2013). En outre, l’association semble plus forte chez les filles que chez les garçons, étant donné que les filles de 11 à 14 ans étaient plus susceptibles (RC=3,74) que celles de 8 à 10 ans d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. À titre comparatif, les garçons plus âgés étaient 2,21 fois plus susceptibles que les garçons plus jeunes d’avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur.

Les enfants autochtones qui vivaient dans un logement de taille non convenable avaient 46 % moins de chances d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux qui habitaient dans un logement de taille convenable. Cette situation était similaire chez les garçons et les filles, mais l’association n’était significative que chez les garçons (RC=0,52) et non chez les filles (RC=0,56, p=0,0596). De plus, contrairement aux résultats bivariés qui indiquaient que le niveau de scolarité de la PMR était lié à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur dans les trois groupes, aucune association significative ne s’est dégagée entre le niveau de scolarité de la PMR et les résultats scolaires, tant chez les garçons (RC=0,60; p=0,0863) que chez les filles (RC=0,44; p=0,099).

Le revenu du ménage, ressortant des analyses bivariées, était significativement associé au résultat. Les enfants autochtones appartenant au troisième quartile (RC=1,79) et au quatrième quartile (RC=2,56) de revenu du ménage pendant leur enfance avaient une probabilité significativement plus élevée d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux appartenant au premier quartile de revenu du ménage. Cette association était significative pour les filles autochtones : celles appartenant au troisième quartile (RC=2,67) et au quatrième quartile (RC=4,23) de revenu du ménage étaient environ trois ou quatre fois plus susceptibles d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que celles appartenant au premier quartile de revenu du ménage.

La perception du rendement scolaire pendant l’enfance était un autre facteur important associé à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Parmi les enfants autochtones, ceux dont la PMR avait jugé leur rendement scolaire comme étant « très bon » étaient deux fois plus susceptibles (RC=2,03) d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur par rapport à ceux dont la PMR avait jugé leur rendement scolaire comme étant « dans la moyenne ». En fait, la probabilité d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur semblait augmenter avec l’amélioration du rendement scolaire. On a observé cette tendance autant chez les garçons que chez les filles. Chez les filles, le rendement scolaire jugé « mauvais ou très mauvais » par la PMR semblait réduire les probabilités (RC=0,27) d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur.

Il n’y a pas de lien significatif entre la participation à un programme de DPE ou l’expérience vécue par la famille dans les pensionnats autochtones et l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur.


Tableau 5
Rapports de cotes corrigés (stratifiés en fonction du sexe) des jeunes adultes autochtones ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou un diplôme de niveau supérieur, selon certaines caractéristiques pendant l’enfance, 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Rapports de cotes corrigés (stratifiés en fonction du sexe) des jeunes adultes autochtones ayant obtenu un diplôme d’études secondaires ou un diplôme de niveau supérieur. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Total, Homme et Femme, calculées selon Rapport de cotes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
CaractéristiquesTableau 5 Note 1 Total Homme Femme
rapport de cotes
Province ou région de résidence
Atlantique 0,68 0,61 0,73
Québec 0,89 0,91 0,77
Ontario (ref.) 1,00 1,00 1,00
Prairies 0,69 0,76 0,60
Colombie-Britannique 1,67 1,40 2,00
Territoires 0,70 0,95 0,44
Résidence à l’intérieur ou à l’extérieur d’une RMR/AR
À l’intérieur d’une RMR/AR (réf.) 1,00 1,00 1,00
À l'extérieur d’une RMR/AR 0,75 0,71 0,87
Groupe d'âge (2006)
8 à 10 ans (réf.) 1,00 1,00 1,00
11 à 14 ans 2,75Note * 2,21Note * 3,74Note *
Taille convenable du logement
Taille convenable (réf.) 1,00 1,00 1,00
Taille non convenable 0,54Note * 0,52Note * 0,56
Type de ménage
Ménage monoparental 0,92 0,81 1,04
Ménage biparental (réf.) 1,00 1,00 1,00
Obtention par la PMR d’un diplôme d’études secondaires ou d’une attestation d’équivalence
La PMR a obtenu un diplôme d’études secondaires ou une attestation d’équivalence (réf.) 1,00 1,00 1,00
La PMR n’a pas obtenu de diplôme d’études secondaires ou d’attestation d’équivalence 0,53 0,60 0,44
Quartile de revenu total du ménage
Premier quartile (réf.) 1,00 1,00 1,00
Deuxième quartile 1,28 1,23 1,32
Troisième quartile 1,79Note * 1,27 2,67Note *
Quatrième quartile 2,56Note * 1,78 4,23Note *
Fréquentation d’un pensionnat autochtone par les membres de la famille
Au moins un parent OU un grand-parent 0,76 0,70 0,83
Ni un parent NI un grand-parent (réf.) 1,00 1,00 1,00
Ne sais pas/refusé de répondre/non déclaré 0,88 0,75 1,02
Perception du rendement scolaireTableau 5 Note 2
Très bon 2,03Note * 2,11Note * 1,66
Bon 1,25 1,16 1,16
Dans la moyenne (réf.) 1,00 1,00 1,00
Très mauvais à mauvais 0,55 0,71 0,27Note *
Participation à un programme de développement de la petite enfance (DPE)
N’a pas participé à un programme de DPE (réf.) 1,00 1,00 1,00
A participé à un programme de DPE conçu spécialement pour les enfants autochtones 1,00 0,90 1,00
A participé à un programme de DPE non conçu spécialement pour les enfants autochtones 1,36 1,34 1,33
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone ou les deux
Capable de parler ou de comprendre une langue autochtone 0,80 0,83 0,76
Capable de comprendre, mais pas de parler une langue autochtone 1,14 1,06 1,24
Incapable de parler et de comprendre une langue autochtone (réf.) 1,00 1,00 1,00

Discussion

L’objectif de la présente étude était de déterminer les facteurs liés à l’enfance qui sont associés à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur chez les enfants des Premières Nations vivant hors réserve, et les enfants métis et inuits, à l’aide d’un nouvel ensemble de données couplées qui couplaient les ensembles de données de l’EPA de 2006 et du Recensement de 2016. Les résultats du modèle de régression logistique montrent que plusieurs facteurs sont associés à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Parmi ces facteurs figurent l’âge de l’enfant, le surpeuplement du ménage, le revenu et la perception du rendement scolaire de l’enfant.

Les résultats montrent que les enfants autochtones de 11 à 14 ans (âgés de 21 à 24 ans en 2016) étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur au début de l’âge adulte que ceux âgés de 8 à 10 ans. Ces résultats sont conformes aux recherches antérieures selon lesquelles les Autochtones ne suivent pas tous une trajectoire directe vers l’obtention d’un diplôme d’études secondaires : certaines personnes peuvent quitter l’école temporairement, mais finissent par y retourner et remplir les conditions requises pour obtenir leur diplôme d’études secondaires en suivant un programme d’équivalence (Bougie et coll., 2013).

Alors que les filles et les garçons plus âgés étaient plus susceptibles d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, l’association semblait être plus prononcée chez les filles que chez les garçons. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que les mères plus jeunes ont tendance à quitter l’école secondaire sans avoir obtenu leur diplôme, mais aussi à retourner à l’école plus tard (O’Donnell et Arriagada, 2019). Les diverses responsabilités liées à prendre soin d’un enfant rendent difficile la poursuite des études. Bien que des programmes d’équivalence comme le test de formation générale et des cours tels que le certificat de formation de base des adultes et le certificat Accès carrières études soient offerts par les établissements d’enseignement pour permettre aux gens de retourner aux études, ces programmes et ces cours sont différents d’une province à l’autre et d’un territoire à l’autre (O’Donnell et Arriagada, 2019).

Des recherches futures pourraient être entreprises pour mesurer l’accessibilité de ces programmes et de ces cours pour les jeunes parents autochtones. La proportion d’adultes autochtones de 20 ans et plus vivant hors réserve qui ont suivi un programme de mise à niveau ou d’équivalence d’études secondaires était beaucoup plus élevée chez les personnes qui sont devenues parents à l’adolescence, et près de 1 personne sur 5 avait choisi ce cheminement (O’Donnell et Arriagada, 2019). On pourrait envisager de futures analyses ayant pour objectif d’explorer dans quelle mesure la maternité précoce joue un rôle dans le retard pris pour obtenir un diplôme d’études secondaires et si un phénomène semblable existe pour les pères adolescents.

Une autre caractéristique du ménage, soit la taille convenable du logement ou le surpeuplement, était associée de manière significative au niveau de scolarité. Les résultats montrent que les enfants autochtones qui habitaient dans un logement de taille non convenable étaient moins susceptibles d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que ceux qui vivaient dans un ménage non surpeuplé. L’association était significative chez les garçons, mais pas chez les filles. D’après une étude antérieure, l’incidence du surpeuplement n’est significative que pour les personnes de 15 à 18 ans, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que les enfants plus âgés « sont obligés d’assumer davantage de responsabilités d’adultes, comme la garde des enfants, ce qui peut limiter leur capacité à étudier » (Lopoo et London, 2016, p. 718). Le modèle actuel ne permet pas de vérifier cette hypothèse, étant donné que l’échantillon ne comprenait pas d’enfants de plus de 14 ans. Un rapport récent publié par le Congrès des peuples autochtones a montré que la taille convenable du logement n’était pas un facteur significatif concernant l’obtention d’un diplôme d’études secondaires, mais que cela avait une influence positive sur la fréquentation scolaire (CAP, 2021). Comme ce rapport utilise des données transversales, des recherches plus poussées pourraient examiner l’incidence de vivre dans un ménage convenable à l’aide de données longitudinales, car la situation liée au logement peut changer au fil du temps.

Le niveau de scolarité de la PMR de l’enfant n’était pas significativement associé à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Auparavant, l’importance du niveau de scolarité des parents a été constatée, même après avoir pris en compte le revenu des parents (St-Denis et Renée, 2022). Cependant, comme le lien n’a pas été examiné en fonction du sexe et des différents groupes de population, il est difficile de savoir si ce lien pourrait être observé chez les Autochtones et d’autres groupes de population. D’autres études suggèrent que le lien entre le niveau de scolarité des parents et le rendement scolaire des enfants varie selon le groupe de population (David-Kean, 2005). Dans l’échantillon comportant des Américains d’origine européenne, le niveau de scolarité des parents avait un effet direct et indirect sur le rendement scolaire des enfants, alors qu’il n’avait qu’un effet indirect dans l’échantillon afro-américain. Les effets indirects sont influencés par la qualité des interactions parent-enfant à la maison et la quantité de lecture effectuée par l’enfant ainsi que le nombre de livres disponibles à la maison. Il reste à déterminer si l’effet du niveau de scolarité des parents est indirect chez les enfants autochtones.

Le revenu du ménage pendant l’enfance est un autre facteur important quant à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Les résultats de la régression logistique montrent que les enfants autochtones vivant au sein d’un ménage dont le revenu se situe dans le troisième quartile ou le quatrième quartile sont plus susceptibles d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur que les enfants dont le revenu du ménage se situe dans le premier quartile. Quand elle est examinée par sexe, cette corrélation n’a été relevée que chez les filles, malgré la tendance selon laquelle l’augmentation des revenus accroît la probabilité pour les garçons et les filles. Les répercussions du revenu du ménage constatées dans les résultats sont conformes aux conclusions antérieures selon lesquelles [traduction] « le revenu et le statut socioéconomique de la famille sont associés à la réussite scolaire des enfants » (CGIPN, 2020, p. 8). Plus précisément, il a été constaté que [traduction] « la pauvreté compromet la préparation d’un enfant à l’école sur le plan de la santé, de la vie familiale, des études et du quartier » (Ferguson et coll., 2007, p. 701). Il faudrait réaliser une analyse plus approfondie afin de déterminer pourquoi le revenu du ménage est associé à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur pour les filles autochtones, mais pas pour leurs homologues masculins, après avoir tenu compte des autres facteurs. Des études antérieures qui ont examiné le rôle relatif du revenu et du niveau de scolarité des parents semblent indiquer que le revenu est associé de façon statistiquement significative à la scolarité des enfants après avoir pris en compte celle des parents. Toutefois, cette association n’a pas fait l’objet d’un examen en fonction du sexe ou de différents groupes de population. Cette étude vient donc s’ajouter au nombre croissant d’ouvrages publiés dans ce domaine.

Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada reconnaît que les pensionnats autochtones ont eu des effets durables et profonds sur les survivants et leurs enfants. L’héritage dévastateur des pensionnats a mené « au chômage chronique ou au sous-emploi, à la pauvreté, au logement inadéquat, à la toxicomanie, à la violence familiale et à des problèmes de santé, dont de nombreux anciens élèves ont souffert à l’âge adulte » (2015, p. 149). Dans la présente étude, on a observé une absence d’association entre la fréquentation des pensionnats autochtones par des membres de la famille et l’obtention d’un diplôme. Le modèle de régression logistique semble indiquer que les jeunes adultes autochtones dont au moins un parent ou un grand-parent a fréquenté un pensionnat sont moins susceptibles d’obtenir leur diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur (RC=0,76), ce qui est conforme aux recherches antérieures, mais ce résultat n’est pas significatif sur le plan statistique. Une analyse plus poussée reste à faire pour mieux comprendre les interactions entre la fréquentation des pensionnats autochtones par les membres de la famille et d’autres caractéristiques telles que la taille et le revenu du ménage.

La perception du rendement scolaire durant l’enfance reste significativement associée à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, même après avoir pris en compte le revenu du ménage, la taille convenable du logement et de l’âge, ce qui constitue une constatation importante. On a également constaté une importante relation dose-effet entre une meilleure perception du rendement scolaire et la probabilité d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, et ce, aussi bien chez les filles que chez les garçons.

La capacité de parler ou de comprendre une langue autochtone, ou les deux, n’était pas associée à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur. Selon le modèle multivarié de l’ensemble des trois groupes autochtones, les jeunes adultes autochtones qui pouvaient parler et comprendre une langue autochtone pendant l’enfance étaient moins susceptibles (RC=0,80) d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires ou de niveau supérieur, comparativement à ceux qui ne pouvaient ni parler ni comprendre une langue autochtone. Toutefois, cette constatation n’était pas statistiquement significative. Le lien entre la connaissance d’une langue autochtone et les résultats scolaires peut évoluer au fil du temps, étant donné que différentes cohortes de locuteurs autochtones avancent dans la vie pendant que se produisent d’importants changements sociaux et culturels (Bougie et coll., 2018). Des analyses supplémentaires sur l’incidence des langues autochtones restent à faire.

Points forts et limites de la présente étude

L’ensemble de données couplées est un ensemble de données longitudinales qui combine des données recueillies à deux moments dans le temps. Par conséquent, il permet d’explorer le lien entre les facteurs qui existaient pendant l’enfance et les résultats qui se produisent au début de l’âge adulte dans la population d’enfants des Premières Nations vivant hors réserve et des enfants métis et inuits, sans les limites du biais de rappel à long terme. De plus, l’important échantillon représentatif permet d’examiner les taux et les facteurs dans de nombreuses sous-populations selon le sexe, la région géographique, le groupe d’âge, le revenu du ménage, entre autres facteurs, et permet d’évaluer les taux et les résultats qui sont représentatifs de la population cible de l’EAPA de 2006. L’analyse de validation laisse entendre qu’il est non seulement représentatif de la population autochtone représentée dans l’échantillon de l’EAPA de 2006, mais aussi de la population autochtone de 2016 fondée sur la répartition des caractéristiques socioéconomiques (publication à venir).

La présente étude permet également de tirer parti des riches données recueillies dans le cadre de l’enquête postcensitaire auprès des peuples autochtones, y compris les données sur le rendement scolaire, la fréquentation des pensionnats autochtones par les membres de la famille et la connaissance d’une langue autochtone. Certaines de ces données ne sont pas habituellement recueillies dans d’autres enquêtes sociales de Statistique Canada. Plus particulièrement, dans cette étude, le recours à une analyse multivariée permet d’examiner l’association des facteurs liés à l’enfance tout en tenant compte d’autres possibles facteurs de confusion.

Toutefois, il convient de reconnaître certaines limites des données et de l’analyse. Étant donné que l’ensemble de données a été créé par le couplage de deux ensembles de données, certains enregistrements peuvent ne pas avoir été couplés ou peuvent avoir été mal couplés. Bien que de nouveaux poids aient été conçus pour tenir compte des taux de couplage, des non-liens peuvent avoir réduit la nature représentative. Par ailleurs, même s’il s’agit d’un ensemble de données longitudinales, aucune causalité ne peut être établie en fonction des résultats. En outre, il a été établi précédemment que l’inclusion du niveau de scolarité des deux parents dans l’analyse multivariée revêtait un caractère important. Cependant, l’EAPA de 2006 n’a recueilli que des données sur la personne la mieux renseignée au sujet de l’enfant. Par conséquent, il n’a pas été possible de prendre en compte le niveau de scolarité des deux parents ou tuteurs.

De plus, l’analyse et l’interprétation peuvent être influencées par la mobilité des réponses liée à l’identité du groupe ou au changement de groupe autochtone auquel les personnes déclarent appartenir d’une enquête à l’autre. En outre, toute comparaison avec la population non autochtone était impossible parce que la source de données pour la population d’intérêt était l’EAPA, laquelle ne vise pas les personnes non autochtones. Les personnes non dénombrées dans le cadre du Recensement ou de l’EAPA sont également exclues. Ces personnes comprennent celles ne vivant pas dans un ménage privé au moment du recensement, y compris celles qui se trouvent dans un hôpital, un établissement de soins infirmiers, une maison de retraite ou une prison, ainsi que celles en situation d’itinérance. Un biais peut survenir si les personnes visées par l’enquête sont systématiquement différentes de celles qui ne sont pas visées par l’enquête. Si les personnes qui ne participent pas aux enquêtes (ou celles qui sont plus difficiles à joindre) partagent des caractéristiques communes, les résultats ne tiendront pas compte de ces personnes, créant ainsi un biais. Enfin, dans les zones urbaines, le nombre d’Autochtones semble être sous-estimé (Rotondi, O’Brien et coll., 2017). Les écarts liés à la couverture des deux enquêtes (l’EAPA et le Recensement de 2016) peuvent également avoir aggravé les taux de sous-dénombrement.

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