Rapports économiques et sociaux
Profil socioéconomique des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe au Canada de 2000 à 2020

Résumé

La présente étude permet d’examiner le profil socioéconomique des immigrants en âge de travailler (âgés de 25 à 64 ans) vivant au sein d’un couple de même sexe de 2000 à 2020 à l’aide de la Base de données longitudinales sur l’immigration. L’étude porte sur trois questions de recherche : 1) comment le nombre d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe a-t-il évolué depuis la légalisation du mariage de personnes de même sexe au Canada en 2005?; 2) quelle est la répartition géographique au Canada des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe?; 3) quel est le profil économique (taux d’emploi et revenu d’emploi médian) des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe par rapport à celui des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de sexe opposé? Les résultats montrent que le nombre d’hommes immigrants et de femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe a augmenté au Canada de 2000 à 2020. Auparavant, la plupart des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe avaient tendance à résider dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Toronto, Vancouver et Montréal, mais au cours des dernières années, une dispersion géographique croissante a été observée vers les petites RMR et les régions rurales au Canada. Enfin, pour la plupart des années, les hommes immigrants et les femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient des taux d’emploi et touchaient des revenus d’emploi médians supérieurs à ceux de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Cette tendance relative aux résultats est demeurée en grande partie la même après la prise en compte des différences entre les groupes concernant plusieurs caractéristiques sociodémographiques. Cependant, le revenu d’emploi des hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe était inférieur à celui de leurs homologues présentant des caractéristiques sociodémographiques semblables et vivant au sein d’un couple de sexe opposé.

Mots clés : couples de même sexe, emploi, immigrants, revenu.

Auteurs

Max Stick, Allison Leanage et Rubab Arim travaillent à la Division de l’analyse sociale et de la modélisation de la Direction des études analytiques et de la modélisation à Statistique Canada.

Remerciements

La présente étude a été financée par Femmes et Égalité des genres Canada. Les auteurs tiennent à remercier Feng Hou et d’autres examinateurs de Statistique Canada et de Femmes et Égalité des genres Canada pour leurs conseils et leurs commentaires concernant une version antérieure de l’article.

Introduction

Au Canada, environ 1 personne sur 4 est ou a été un immigrant admis ou un résident permanent. De 2016 à 2021, environ 1,3 million de nouveaux immigrants sont arrivés, ce qui représente 80 % de la croissance de la population active (Statistique Canada, 2022b). Le Plan des niveaux d’immigration 2023-2025 du Canada vise à admettre des immigrants afin de renforcer l’économie canadienne en continuant de combler les pénuries de main-d’œuvre et de soutenir la vitalité des communautés (gouvernement du Canada, 2023). L’immigration devrait demeurer à des niveaux élevés dans les années à venir.

Parallèlement à l’augmentation du nombre d’immigrants, une augmentation du nombre de couples de même sexe a été observée au Canada. En 2003, l’Ontario et la Colombie-Britannique sont devenus les premières provinces à légaliser le mariage de personnes de même sexe^Note , suivies du Québec au début de 2004 (Eichler, 2021). En juillet 2005, le mariage de personnes de même sexe avait été légalisé à l’échelle nationale (voir la Loi sur le mariage civil de 2005). De 2006 à 2016, le nombre de couples de même sexe (60,7 %) a augmenté plus rapidement que le nombre de couples de sexe opposé (9,6 %) [Statistique Canada, 2017]. De plus, en 2016, 72 880 couples de même sexe vivaient au Canada (Statistique Canada, 2017), tandis qu’on en dénombrait 117 640 selon les récents résultats du Recensement de 2021 (Statistique Canada, 2022a). La légalisation du mariage de personnes de même sexe à l’échelle nationale, conjuguée à l’augmentation du nombre de couples de même sexe, pourrait en partie entraîner une augmentation du nombre d’immigrants déclarant être en couple avec un partenaire du même sexe.

Plusieurs chercheurs ont utilisé par le passé la composition des couples selon le sexe pour déterminer l’« orientation sexuelle déduite »(voir Yang et coll., 2024). La présente étude repose sur les renseignements sur la composition des couples selon le sexe sans déduire l’orientation sexuelle compte tenu des normes pertinentes reconnues à l’échelle internationale (Statistique Canada, 2023). En outre, les personnes bisexuelles peuvent faire partie d’un couple de sexe opposé. Par exemple, selon une étude menée aux États-Unis, la majorité des personnes bisexuelles en couple vivaient dans une union de genre différent, 7,2 % d’entre elles étant mariées, et 18,6 % de celles qui cohabitaient vivaient dans une union de même genre (Hsieh et Liu, 2019). L’absence d’une mesure fondée sur la composition des couples selon le sexe pour saisir des données sur les personnes bisexuelles est particulièrement importante compte tenu des constatations cohérentes d’études antérieures montrant que les personnes bisexuelles obtiennent de moins bons résultats dans certains domaines tels que le marché du travail et le revenu (Statistique Canada, 2022c) et la santé(Tjepkema, 2008). Cependant, lorsque des données sur l’orientation sexuelle ne sont pas disponibles, il est toujours utile d’examiner une analyse des résultats en fonction de la composition des couples selon le sexe, car ils constituent des groupes différents dans la population. Par ailleurs, bien que la composition des couples selon le sexe ne soit pas utilisée comme indicateur de l’orientation sexuelle dans la présente étude, les deux mesures peuvent se chevaucher dans une certaine mesure. Les données d’études antérieures montrent que la majorité des personnes gaies et lesbiennes en couple vivaient dans une union de même genre, et que très peu de personnes hétérosexuelles en couple étaient dans un couple de même genre (Hsieh et Liu, 2019).

De plus en plus de recherches ont porté sur les résultats sur le marché du travail en fonction de la composition des couples selon le sexe (Klawitter, 2015; Waite et Denier, 2019; Waite et coll., 2019). Selon une méta-analyse menée antérieurement, la rémunération ou le revenu sur le marché du travail diffèrent en fonction de la composition des couples selon le sexe (Klawitter, 2015) et, par conséquent, la composition des couples selon le sexe peut être considérée comme une dimension de la stratification du marché du travail (Waite et Denier, 2015). À l’aide du Recensement de 2006, Waite et Denier (2015)^Note  ont trouvé une hiérarchie qui est rattachée au sexe en matière de revenu selon laquelle les hommes gagnent plus que les femmes au Canada. Les hommes vivant au sein d’un couple de sexe opposé gagnaient plus que les hommes vivant au sein d’un couple de même sexe, suivis des femmes vivant au sein d’un couple de même sexe. Les femmes vivant au sein d’un couple de sexe opposé gagnaient le moins (Waite et Denier, 2015; Denier et Waite, 2017). Plus précisément, les hommes vivant au sein d’un couple de même sexe gagnaient environ 5 % de moins que les hommes vivant au sein d’un couple de sexe opposé(Waite et Denier, 2015), tandis que les femmes vivant au sein d’un couple de même sexe gagnaient environ de 8 % (Waite et Denier, 2015) à 16 % (Mueller, 2014) de plus que les femmes vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Cependant, ces études antérieures ne tenaient pas compte du statut d’immigrant des personnes. Pourtant, il est nécessaire d’examiner le recoupement entre le statut d’immigrant et le statut de couple de même sexe, étant donné que les immigrants représentent près du quart de la population au Canada (Statistique Canada, 2022b) et, malgré l’augmentation de leur revenu observée de 2000 à 2015, le revenu des immigrants est demeuré inférieur à celui de leurs homologues nés au Canada (Crossman et coll., 2021).

La présente étude permet d’examiner le profil socioéconomique des immigrants en âge de travailler qui vivaient au sein d’un couple de même sexe de 2000 à 2020 afin de déterminer si les résultats économiques de ceux vivant au sein d’un couple de même sexe et de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé étaient semblables ou différents. L’étude porte sur trois questions de recherche : 1) comment le nombre d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe a-t-il évolué depuis la légalisation du mariage de personnes de même sexe au Canada en 2005?; 2) quelle est la répartition géographique au Canada des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe?, 3) quel est le profil économique (taux d’emploi^Note  et revenu d’emploi médian) des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe par rapport à celui des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de sexe opposé? Dans l’ensemble, l’étude vise à éclairer le Plan d’action fédéral 2ELGBTQI+ afin d’appuyer l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes.

La section suivante traite des méthodes utilisées dans l’étude, y compris les sources de données, et est suivie de la présentation des résultats. L’étude se termine par un sommaire des constatations, de ses limites et des orientations pour les recherches futures.

Données et méthodes

La présente étude s’appuie sur la Base de données longitudinales sur l’immigration (BDIM). La BDIM combine les fichiers des immigrants reçus (de 1980 à aujourd’hui) et les fichiers des données fiscales annuelles (de 1982 à aujourd’hui) tirés du Fichier des familles T1 (FFT1) [Statistique Canada, 2022d] sur les immigrants au Canada. Les fichiers des immigrants reçus contiennent des renseignements comme le sexe^Note , l’âge à l’admission, le pays d’origine, le plus haut niveau de scolarité atteint, la catégorie d’admission et la connaissance d’une langue officielle.

Avant 2019, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) ne recueillait que les renseignements sur le sexe dans les formulaires de demande d’immigration, ce qui réfère au fait qu’une personne est un homme ou une femme. L’identificateur de genre a été introduit dans les formulaires d’immigration en 2019, offrant une troisième option de genre, soit non binaire, selon l’identificateur « X » indiquant un autre genre. Ces changements sont conformes aux orientations stratégiques du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada visant à moderniser les pratiques du gouvernement du Canada en matière d’information relative au sexe et au genre, qui a été adoptée en 2018. Comme la BDIM ne contient pas de données historiques sur le genre, la terminologie relative au sexe (homme et femme) a été utilisée dans la présente étude afin de maintenir la cohérence avec la source de données au fil du temps.

La BDIM de Statistique Canada comprend des données administratives sur l’immigration recueillies par IRCC pour tous les immigrants et les résidents non permanents depuis 1980. Les résultats pour cette population sont disponibles à partir des fichiers de données fiscales depuis 1982. L’échantillon analytique était limité aux immigrants de 25 à 64 ans qui ont été admis de 1980 à 2020 et qui ont produit une déclaration de revenus lors d’une quelconque année de 2000 à 2020. Il excluait les personnes qui étaient principalement des étudiants (âgés de 15 à 24 ans) ou des retraités (âgés de 65 ans et plus) [voir Qiu et Schellenberg, 2022, pour obtenir un exemple]. Ci-après, l’échantillon sera appelé « immigrants en âge de travailler ». Selon le rapport technique de la BDIM, « Parmi les immigrants admis entre 1980 et 2020, 85,3 % étaient liés à au moins un FFT1 » (Statistique Canada, 2022d, p. 41). Les pourcentages étaient plus élevés pour les immigrants de 25 à 64 ans qui ont été admis. Plus précisément, 92,5 % des immigrants de 25 à 34 ans étaient liés à des FFT1, suivis de 92,6 % des immigrants de 35 à 49 ans et de 87,9 % des immigrants de 50 à 64 ans, comparativement à 57,6 % de ceux de 0 à 14 ans et à 76,0 % de ceux de 65 ans et plus (Statistique Canada, 2022d). Les fichiers de données fiscales contiennent des renseignements comme le revenu annuel, l’état matrimonial et le lieu de résidence. Pour déterminer si les immigrants étaient dans un couple de même sexe ou de sexe opposé, on a utilisé la variable « même sexe » de l’indicateur relatif à la famille du FFT1^Note , qui était disponible de 2000 à 2020^Note . Comme l’identificateur « de même sexe » n’est compris que dans le FFT1, l’échantillon se limite aux immigrants qui ont produit une déclaration de revenus.

Des statistiques descriptives ont été utilisées pour examiner la taille et le profil socioéconomique des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe selon l’année et le sexe. Dans certaines analyses, des tests de comparaison ont été menés pour examiner les différences entre les sexes ou selon le même sexe chez les immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe. Les résultats de ces analyses fournissent des renseignements sur les tendances et la diversité de la population d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe au cours des 20 dernières années, car ils portent sur la croissance de la taille de cette population (question de recherche 1), le lieu de résidence, soit où ils vivent selon la province et s’ils vivent dans une RMR (question de recherche 2), et leur taux d’emploi^Note  et leur revenu d’emploi médian (question de recherche 3).

Les caractéristiques socioéconomiques, comme l’âge, le niveau de scolarité, la catégorie d’admission, les cinq principaux pays (en 2020) d’origine des immigrants, leur connaissance d’une langue officielle, ainsi que le revenu d’emploi médian des immigrants en âge de travailler vivant dans un couple de même sexe ou de sexe opposé, ont également été examinées. Une dernière série d’analyses portait sur les différences dans le taux d’emploi et le revenu d’emploi après la prise en compte des différences dans les caractéristiques socioéconomiques.

Résultats

Le graphique 1 montre le nombre d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe qui ont produit une déclaration de revenus au Canada de 2000 à 2020, selon le sexe. Au cours de la période de 20 ans, le nombre d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe est passé d’environ 900 en 2000 à 20 470 en 2020. Les données désagrégées selon le sexe montrent que le nombre d’hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe était légèrement supérieur au nombre de femmes immigrantes au cours des premières années (p. ex.  400 femmes par rapport à 500 hommes en 2000). En 2020, on comptait 9 170 femmes comparativement à 11 300 hommes, un ratio semblable à celui de 2000.

Tableau de données du graphique 1



Tableau de données graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données graphique 1 Total, Femmes et Hommes, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

	Total	Femmes	Hommes
	nombre
2000	900	400	500
2001	1 510	670	840
2002	1 900	850	1 050
2003	2 260	980	1 280
2004	2 920	1 220	1 700
2005	3 650	1 500	2 150
2006	4 060	1 650	2 410
2007	6 530	2 760	3 770
2008	7 600	3 250	4 350
2009	8 590	3 650	4 940
2010	9 500	4 000	5 500
2011	10 560	4 510	6 050
2012	11 540	4 920	6 620
2013	12 560	5 330	7 230
2014	13 610	5 840	7 770
2015	14 670	6 350	8 320
2016	15 940	6 960	8 980
2017	17 080	7 530	9 550
2018	18 480	8 190	10 290
2019	19 590	8 760	10 830
2020	20 470	9 170	11 300
Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration, 2000 à 2020.

Le graphique 2 présente la proportion d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe de 2000 à 2020 parmi tous les immigrants en âge de travailler mariés ou vivant en union libre. En 2000, 0,1 % des immigrants en âge de travailler ont déclaré vivre au sein d’un couple de même sexe, une proportion qui a augmenté de façon constante au cours des années. En 2020, environ 0,7 % de tous les immigrants en âge de travailler vivaient au sein d’un couple de même sexe marié ou en union libre. Dans l’ensemble, le pourcentage d’hommes immigrants et de femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe a augmenté au cours des années, et ce groupe de population comptait systématiquement plus d’hommes que de femmes.

Tableau de données du graphique 2



Tableau de données graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données graphique 2 Total, Femmes et Hommes (catégorie de référence), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

	Total	Femmes	Hommes (catégorie de référence)
	pourcentage
2000	0,07	0,07Note *	0,08
2001	0,11	0,10Note *	0,12
2002	0,13	0,12Note *	0,14
2003	0,15	0,13Note *	0,16
2004	0,18	0,15Note *	0,20
2005	0,22	0,18Note *	0,25
2006	0,22	0,18Note *	0,26
2007	0,34	0,29Note *	0,38
2008	0,38	0,33Note *	0,42
2009	0,40	0,35Note *	0,46
2010	0,43	0,37Note *	0,49
2011	0,46	0,40Note *	0,51
2012	0,48	0,41Note *	0,54
2013	0,50	0,43Note *	0,57
2014	0,52	0,45Note *	0,59
2015	0,54	0,48Note *	0,60
2016	0,57	0,50Note *	0,63
2017	0,59	0,53Note *	0,66
2018	0,62	0,56Note *	0,69
2019	0,65	0,58Note *	0,71
2020	0,67	0,61Note *	0,73
Note * valeur significativement différente de l’estimation pour la catégorie de référence (p<0,05) Retour à la référence de note * referrer Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration, 2000 à 2020.

Le graphique 3 présente les proportions d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe avec un partenaire non immigrant. Le pourcentage d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe avec un partenaire non immigrant est passé de 23,6 % en 2000 à 43,0 % en 2006 chez les femmes et de 35,5 % à 47,6 % chez les hommes. Toutefois, après 2006, le pourcentage d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe avec un partenaire non immigrant a diminué et est demeuré stable chez les hommes (environ 40 %) et les femmes (environ 30 %) au cours des années restantes. Les tests de comparaison ont révélé que beaucoup plus d’hommes immigrants en âge de travailler, comparativement aux femmes immigrantes en âge de travailler, ont déclaré vivre au sein d’un couple de même sexe avec un partenaire non immigrant (sauf en 2006). Bien que la différence la plus faible observée entre les hommes et les femmes en âge de travailler qui ont déclaré vivre au sein d’un couple de même sexe avec un partenaire non immigrant ait été de 2,7 points de pourcentage en 2005, la différence la plus élevée (environ 12 points de pourcentage) a été observée en 2020. Dans l’ensemble, de 2000 à 2020, plus d’hommes que de femmes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe avaient un partenaire non immigrant.

Tableau de données du graphique 3



Tableau de données graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données graphique 3 Total, Femmes et Hommes (catégorie de référence), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

	Total	Femmes	Hommes (catégorie de référence)
	pourcentage
2000	59,1	23,6Note *	35,5
2001	72,9	33,5Note *	39,4
2002	75,0	34,8Note *	40,2
2003	82,4	38,9Note *	43,6
2004	83,2	39,7Note *	43,6
2005	83,5	40,4Note *	43,1
2006	90,5	43,0	47,6
2007	71,0	32,9Note *	38,1
2008	69,8	32,2Note *	37,6
2009	71,4	32,6Note *	38,8
2010	72,3	33,0Note *	39,3
2011	72,1	32,3Note *	39,9
2012	72,6	32,4Note *	40,2
2013	73,4	33,0Note *	40,4
2014	73,4	32,1Note *	41,4
2015	72,5	31,1Note *	41,5
2016	73,4	31,2Note *	42,2
2017	73,3	31,2Note *	42,0
2018	73,2	30,8Note *	42,4
2019	73,0	30,8Note *	42,2
2020	72,8	30,6Note *	42,3
Note * valeur significativement différente de l’estimation pour la catégorie de référence (p<0,05) Retour à la référence de note * referrer Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration, 2000 à 2020.

Le tableau 1 présente la répartition des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe selon la province ou le territoire et le lieu de résidence. Le lieu de résidence a été catégorisé de la façon suivante : Toronto, Vancouver, Montréal (les trois plus grandes RMR), les RMR moyennes (population supérieure à 500 000), les petites RMR (population de 100 000 à 500 000), les petites régions urbaines (agglomérations de recensement [AR]) et les régions rurales (à l’extérieur d’une RMR ou d’une AR)^{Note  Note} . Le découpage géographique de certaines RMR ou AR a changé au cours de la période à l’étude. Pour aborder cette question, la présente étude s’appuie sur un découpage géographique uniforme pour les RMR et les AR de 2016. L’Ontario comptait la plus forte proportion (environ 40 %) d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe, suivie de la Colombie-Britannique, du Québec, des Prairies, du Canada atlantique et des territoires. Cependant, au fil des ans, les proportions d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe en Ontario et en Colombie-Britannique ont légèrement diminué, tandis que les proportions de ceux résidant au Canada atlantique et dans les Prairies ont augmenté. Par exemple, en 2000, 28,4 % des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe vivaient en Colombie-Britannique; ce pourcentage a diminué de façon constante au fil du temps pour passer à 22,1 % en 2020. En revanche, la proportion d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe dans les Prairies a doublé, passant de 7,3 % en 2000 à 14,5 % en 2020.

Lorsque le lieu de résidence a été pris en compte, une tendance semblable a été observée. Les plus fortes proportions d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe étaient établies à Toronto (environ 30 %) et à Vancouver (environ 20 %). Au fil des ans, les proportions d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe à Toronto et à Vancouver ont diminué de façon constante, tandis qu’elles ont augmenté dans les RMR de taille moyenne et de petite taille ainsi que dans d’autres régions. Par exemple, en 2000, 25,8 % des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe résidaient à Vancouver; toutefois, en 2020, ce pourcentage a diminué de 9 points de pourcentage pour s’établir à 16,8 %. Parallèlement, en 2000, 1,9 % des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe résidaient dans d’autres régions (p. ex. de petites régions urbaines); en 2020, ce chiffre avait plus que doublé pour atteindre 5,4 %. Dans l’ensemble, une proportion relativement élevée d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe résidaient en Ontario et en Colombie-Britannique, y compris dans leurs RMR respectives. Cependant, au fil du temps, cette proportion a diminué de façon constante, ce qui indique un déplacement vers d’autres régions géographiques.



Les graphiques 4 et 5 présentent les caractéristiques économiques des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe, comparativement à celles de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Le graphique 4 montre le taux d’emploi annuel — les déclarants qui ont déclaré un revenu d’emploi de plus de 500 $^Note  au cours d’une année d’imposition donnée (en dollars constants de 2020) — des immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe ou de sexe opposé, selon le sexe. Indépendamment du sexe ou de la situation de couple, le taux d’emploi a augmenté de 2000 à 2020, sauf en 2020, où une légère diminution a été observée par rapport à 2019. Au cours de cette période, les hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient un taux d’emploi supérieur à celui des femmes immigrantes. Fait intéressant, l’écart était le plus important en 2000 (environ 9 points de pourcentage) et en 2001 (environ 10 points de pourcentage), et le plus faible en 2020 (environ 1 point de pourcentage). De même, comme on pouvait s’y attendre, de 2000 à 2020, les hommes vivant au sein d’un couple de sexe opposé affichaient systématiquement un taux d’emploi supérieur à celui des femmes vivant au sein d’un couple de sexe opposé.

Le graphique 4 permet également une comparaison selon le même sexe et au fil des ans du taux d’emploi entre les couples de même sexe et les couples de sexe opposé. Le taux d’emploi était plus élevé chez les femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe que chez leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé, pour toutes les années (sauf en 2000), et l’écart augmentait continuellement d’une année à l’autre. Par exemple, en 2001, les femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient un taux d’emploi de 63,6 %, comparativement à un taux d’emploi de 58,5 % observé chez les femmes vivant au sein d’un couple de sexe opposé(écart de 5,2 points de pourcentage). En 2020, les chiffres étaient de 82,0 % et de 64,7 %, respectivement (écart de 17,3 points de pourcentage).

Une tendance semblable qui comprend un écart beaucoup plus faible a été observée chez les hommes immigrants en âge de travailler pour toutes les années (sauf en 2000 et en 2001). En 2002, les hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient un taux d’emploi de 76,2 %, comparativement à un taux d’emploi de 73,9 % observé chez les hommes vivant au sein d’un couple de sexe opposé(écart de 2,3 points de pourcentage). En 2020, l’écart entre ces deux groupes était d’environ 6,5 points de pourcentage. Ensemble, les immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient généralement un taux d’emploi supérieur à celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé, peu importe leur sexe. Toutefois, l’écart était plus prononcé chez les femmes que chez les hommes.

Tableau de données du graphique 4



Tableau de données graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données graphique 4 Sexe et statut de la famille comptant un couple, Femmes, Hommes, Couple de sexe opposé (catégorie de référence) et Couple de même sexe, calculées selon percentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

	Sexe et statut de la famille comptant un couple
	Femmes		Hommes
	Couple de sexe opposé (catégorie de référence)	Couple de même sexe	Couple de sexe opposé (catégorie de référence)	Couple de même sexe
	percentage
2000	57,43	54,09	72,96	63,51Note *
2001	58,45	63,64Note *	73,79	73,81
2002	58,96	70,77Note *	73,86	76,16
2003	59,58	73,57Note *	74,23	78,53Note *
2004	60,33	76,15Note *	74,67	81,07Note *
2005	61,96	79,26Note *	77,13	82,25Note *
2006	61,24	80,04Note *	75,69	82,65Note *
2007	62,10	75,39Note *	76,15	81,16Note *
2008	62,46	76,52Note *	76,39	81,48Note *
2009	61,69	76,82Note *	75,50	80,79Note *
2010	61,47	76,59Note *	75,34	80,60Note *
2011	61,87	77,54Note *	76,01	82,12Note *
2012	62,28	77,10Note *	76,44	81,98Note *
2013	62,47	78,20Note *	76,65	82,17Note *
2014	62,94	79,70Note *	76,92	82,16Note *
2015	63,01	80,24Note *	76,56	82,52Note *
2016	63,23	80,50Note *	76,42	82,50Note *
2017	63,60	81,49Note *	77,65	83,37Note *
2018	64,24	81,84Note *	77,94	84,39Note *
2019	65,77	82,86Note *	78,60	84,39Note *
2020	64,72	82,00Note *	76,52	83,04Note *
Note * valeur significativement différente de l’estimation pour la catégorie de référence (p<0,05) Retour à la référence de note * referrer Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration, 2000 à 2020.

Le graphique 5 montre le revenu d’emploi médian (en dollars constants de 2020) des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe ou de sexe opposé, selon l’année et le sexe. Indépendamment de la composition du couple selon le sexe, le revenu d’emploi médian des hommes immigrants en âge de travailler était supérieur à celui des femmes immigrantes en âge de travailler pour toutes les années. En 2020, par exemple, le revenu d’emploi médian des femmes immigrantes en âge de travailler était d’environ 32 100 $ chez celles en couple de sexe opposé et de 43 400 $ chez celles en couple de même sexe. En revanche, les revenus étaient plus élevés (48 300 $ et 54 200 $, respectivement) chez les hommes immigrants en âge de travailler.

Pour toutes les années (sauf en 2000), les femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient systématiquement un revenu médian supérieur à celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Par exemple, en 2006, alors que le revenu d’emploi médian chez les femmes immigrantes vivant au sein d’un couple de même sexe était de 35 900 $, il était de 25 400 $ chez leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé, ce qui indique un écart de revenu de 10 500 $. En revanche, chez les hommes, les différences entre les couples de même sexe et les couples de sexe opposé n’étaient pas uniformes. Ce n’est qu’après 2011 que les hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient systématiquement un revenu d’emploi médian supérieur à celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. L’écart du revenu d’emploi médian le plus important a été observé en 2020, alors que les hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient un revenu d’emploi médian de 54 200 $, tandis que leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé touchaient un revenu d’emploi médian de 48 300 $ (une différence de 5 900 $).

Dans l’ensemble, les immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient un revenu d’emploi médian supérieur à celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Toutefois, cette différence était plus marquée et plus uniforme pour toutes les années (sauf en 2000) chez les femmes, tandis que des différences chez les hommes ont été observées systématiquement après 2011.

Tableau de données du graphique 5



Tableau de données graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données graphique 5 Sexe et statut de la famille comptant un couple, Femmes, Hommes, Couple de sexe opposé (catégorie de référence) et Couple de même sexe, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

	Sexe et statut de la famille comptant un couple
	Femmes		Hommes
	Couple de sexe opposé (catégorie de référence)	Couple de même sexe	Couple de sexe opposé (catégorie de référence)	Couple de même sexe
	dollars
2000	24 200	26 300	37 600	29 500Note *
2001	24 300	32 400Note *	37 900	37 400
2002	24 000	29 400Note *	37 300	38 300
2003	24 000	32 000Note *	37 200	39 500
2004	24 300	30 400Note *	37 900	39 400
2005	24 600	32 700Note *	38 400	39 700
2006	25 400	35 900Note *	39 700	39 900
2007	26 200	33 500Note *	41 000	39 900Note *
2008	26 800	35 000Note *	41 500	41 100
2009	27 100	35 100Note *	39 900	41 500Note *
2010	27 300	35 000Note *	40 200	41 300
2011	27 400	35 300	40 700	42 500Note *
2012	28 000	36 700	41 800	43 400Note *
2013	28 500	37 700	42 700	44 400Note *
2014	28 900	37 800	43 600	45 500Note *
2015	29 700	39 100	44 100	46 600Note *
2016	30 100	38 900	44 000	47 000Note *
2017	31 000	40 200	45 300	48 100Note *
2018	32 400	41 600	46 700	49 900Note *
2019	32 900	42 600	47 500	51 700Note *
2020	32 100	43 400	48 300	54 200Note *
Note * valeur significativement différente de l’estimation pour la catégorie de référence (p<0,05) Retour à la référence de note * referrer Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration, 2000 à 2020.

Comme le montre l’annexe A, les caractéristiques sociodémographiques des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe ou de sexe opposé variaient. Comparativement aux immigrants vivant au sein d’un couple de sexe opposé, les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe étaient légèrement plus jeunes pour toutes les années, sauf en 2000. L’écart le plus important a été observé en 2019 et en 2020, alors qu’il s’élevait à 4,7 ans. Les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe avaient un niveau de scolarité supérieur à ceux vivant au sein d’un couple de sexe opposé^Note . Par exemple, une plus grande proportion d’immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe étaient titulaires d’un diplôme d’études supérieures pour toutes les années, l’écart le plus faible ayant été observé en 2020 (environ 4 points de pourcentage) et l’écart le plus important ayant été observé en 2001 et en 2004 (environ 10 points de pourcentage). Les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe étaient également plus susceptibles d’être admis dans le cadre du Programme des candidats des provinces pour toutes les années. Toutefois, sauf pour la période allant de 2001 à 2006, les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe étaient moins susceptibles d’être admis dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés (fédéral) ou de la Catégorie de l’expérience canadienne. La proportion de réfugiés parmi les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe était plus faible pour toutes les années, et ils étaient plus susceptibles de connaître une langue officielle pour toutes les années, sauf en 2000. En 2020, les principaux pays d’origine des immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe étaient les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Chine et les Philippines, tandis que les principaux pays d’origine des immigrants vivant au sein d’un couple de sexe opposé étaient l’Inde, la Chine, les Philippines, le Royaume-Uni et le Pakistan.

Compte tenu de ces différences sociodémographiques, un ensemble de modèles des moindres carrés ordinaires^Note  a été réalisé pour examiner la mesure dans laquelle les différences de composition dans ces groupes de population étaient associées aux différences dans le taux d’emploi (annexe B) et dans le revenu d’emploi (annexe C)^Note .

Les résultats montrent qu’après avoir tenu compte des effets de l’âge, du niveau de scolarité, de la catégorie d’admission, du pays d’origine et de la connaissance d’une langue officielle, l’écart dans le taux d’emploi entre les couples de même sexe et les couples de sexe opposé, même s’il demeurait important, diminuait de 86 % chez les hommes et de 42 % chez les femmes. Ces résultats indiquent que les hommes immigrants et les femmes immigrantes vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient un taux d’emploi supérieur à celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé, même après avoir tenu compte de leurs caractéristiques sociodémographiques.

À l’instar du taux d’emploi, lorsque l’on tient compte des caractéristiques sociodémographiques, l’écart entre le revenu d’emploi des femmes immigrantes vivant au sein d’un couple de même sexe et celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé diminuait de 23 %. Cependant, selon les résultats, la tendance était inverse chez les hommes. Après avoir tenu compte des effets des caractéristiques sociodémographiques, les hommes immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient un revenu d’emploi inférieur à celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Bien que ces résultats montrent qu’il est important de tenir compte des différences de composition dans l’analyse, ils indiquent également que les hommes immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe présentaient des caractéristiques sociodémographiques qui faisaient en sorte qu’ils touchaient un revenu d’emploi supérieur par rapport à celui des hommes immigrants vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Par exemple, comme le montre l’annexe A, les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe étaient plus susceptibles d’être titulaires d’un baccalauréat ou d’un grade supérieur, comparativement aux immigrants vivant au sein d’un couple de sexe opposé.

Conclusion

Les recherches portant sur les caractéristiques sociodémographiques et économiques des immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe au Canada sont relativement nouvelles et en croissance. Les études antérieures menées sur les couples de même sexe et les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe au Canada se sont en grande partie limitées à des données transversales qui fournissent des renseignements temporels ou qui se fondent sur une seule année de données du recensement canadien. L’un des principaux points forts de la présente étude est l’utilisation de la BDIM, une source de données administratives longitudinales qui comprend tous les fichiers des immigrants reçus et les fichiers de données fiscales sur le taux d’emploi et le revenu pour chaque année. Par conséquent, la BDIM constitue une source de données fiable pour examiner les caractéristiques socioéconomiques des immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe au Canada au fil du temps.

Les constatations de la présente étude concordent aux études antérieures (Statistique Canada, 2022b) et révèlent une tendance à la hausse du nombre d’immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe au cours des 20 dernières années, celui-ci passant d’environ 900 en 2000 à 20 040 en 2020. Une désagrégation plus détaillée selon le sexe indique qu’il y avait plus d’hommes immigrants (environ 55 % à 60 %) que de femmes immigrantes (environ 40 % à 45 %) en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe au cours de la période de 20 ans. Ces constatations concordent avec un rapport précédent (Statistique Canada, 2017) indiquant que, dans le Recensement de 2001 au Canada, 55,5 % des couples de même sexe étaient composés d’hommes et 44,5 % étaient composés de femmes. En 2016, il y avait un peu plus de couples de même sexe composés d’hommes (51,9 %) que de femmes (48,1 %), un écart qui a progressivement diminué à chaque recensement (Statistique Canada, 2017).

La présente étude met également en lumière la proportion d’immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe avec un partenaire non immigrant. Conformément aux travaux antérieurs (Statistique Canada, 2017), les couples de même sexe représentaient 0,9 % de tous les couples au Canada au cours des années les plus récentes. De plus, plus d’hommes immigrants que de femmes immigrantes en âge de travailler ont déclaré avoir un partenaire de même sexe qui n’était pas immigrant (p. ex.  42,3 % par rapport à 30,6 % en 2020).

En ce qui concerne le lieu de résidence, les immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe habitaient principalement en Ontario, en Colombie-Britannique et au Québec et, plus précisément, dans les RMR de Toronto, de Vancouver et de Montréal. On s’attendait à une pareille constatation, car ces trois provinces ont été les premières à légaliser le mariage de personnes de même sexe avant la légalisation de ce type de mariage à l’échelle nationale en 2005. De plus, ces résultats concordaient avec les études antérieures montrant que plus de 90 % des immigrants récents en 2021 vivaient dans l’une des 41 RMR du Canada et que, au cours des 50 dernières années, Toronto, Vancouver et Montréal étaient les RMR qui accueillaient le plus d’immigrants (Statistique Canada, 2022b).

L’examen des résultats économiques des immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe au Canada est nécessaire, car les résultats économiques positifs ont été liés à une meilleure qualité de vie (Bor et coll., 2017; Eikemo et coll., 2008; Hu et coll., 2016; Mackenbach et coll., 2008; Zhang et Xiang, 2019). La présente étude montre que les hommes immigrants en âge de travailler (plus de 70 %), quel que soit leur statut de sexe opposé ou de même sexe de la famille comptant un couple, affichaient un taux d’emploi supérieur à celui des femmes immigrantes (plus de 50 %), pour toutes les années. Les femmes immigrantes vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient un taux d’emploi supérieur à celui des femmes vivant au sein d’un couple de sexe opposé (p. ex. 82,0 % par rapport à 64,7 % en 2020). Cette tendance a également été observée chez les hommes; ceux vivant au sein d’un couple de même sexe affichaient un taux d’emploi supérieur à celui des hommes vivant au sein d’un couple de sexe opposé (p. ex. 83,0 % par rapport à 76,5 % en 2020). Il convient de souligner que ces différences selon le même sexe étaient plus marquées chez les femmes que chez les hommes, ce qui laisse entendre que les femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe pourraient jouir d’un avantage accru sur le plan du taux d’emploi par rapport à leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé.

La présente étude a également montré que les femmes immigrantes en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient un revenu beaucoup plus élevé que celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé pour toutes les années à l’exception de 2000. De plus, les hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient 29 500 $ en 2000, tandis que leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé touchaient 37 600 $ en 2000. Au cours des années plus récentes (après 2011), les hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe ont déclaré un revenu d’emploi médian beaucoup plus élevé que celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé (p. ex. 54 200 $ par rapport à 48 300 $ en 2020), et l’écart entre les revenus semble s’être creusé au fil des ans (environ 6 000 $ en 2020). Dans l’ensemble, la présente étude a démontré que l’utilisation de données administratives pluriannuelles peut permettre de révéler des tendances concernant les résultats économiques qui peuvent passer inaperçues lorsque l’examen des données se limite à une seule année.

Un autre aspect important de la présente étude était l’analyse des différences observées dans les résultats sur le marché du travail après prise en compte des différences de composition. Les résultats montrent qu’après avoir tenu compte de plusieurs caractéristiques sociodémographiques, la tendance des résultats est demeurée essentiellement la même, à l’exception des différences entre les revenus d’emploi des hommes immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe et ceux de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. Plus précisément, une tendance inverse a été observée. Les hommes immigrants vivant au sein d’un couple de même sexe touchaient un revenu d’emploi inférieur à celui de leurs homologues vivant au sein d’un couple de sexe opposé. L’ensemble de ces résultats montrent l’importance de tenir compte des différences de composition lorsque l’on procède à une analyse pour fournir une interprétation plus juste des constatations.

Il faut reconnaître que la présente étude comporte plusieurs limites. Premièrement, l’étude n’a pas permis d’examiner l’orientation sexuelle des immigrants parce que les données sur l’orientation sexuelle ne sont pas disponibles dans la BDIM (ni dans le recensement). Toutefois, des études récentes ont montré qu’il est pertinent d’analyser les données sur la composition des couples selon le sexe en raison du chevauchement possible avec l’orientation sexuelle (voir Yang et coll., 2024).

Deuxièmement, l’étude ne portait que sur les personnes mariées ou vivant en union libre, car la BDIM ne comporte pas de variable qui tient compte des immigrants vivant dans d’autres types de relations, comme les personnes qui ne vivent pas en union libre. Troisièmement, le type de situation d’emploi n’était pas disponible dans le fichier de la BDIM, et la présente étude ne permettait pas de faire la différence entre les situations d’emploi, à savoir si les personnes travaillaient à temps plein ou à temps partiel, toute l’année ou une partie de l’année. Malgré ces limites, l’étude a été la première à porter sur les caractéristiques socioéconomiques et économiques des immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe au fil du temps et à reposer sur des sources de données administratives longitudinales pour fournir une représentation du taux d’emploi et du revenu des immigrants en âge de travailler au cours des 20 dernières années. De futures études pourraient porter davantage sur les facteurs pouvant contribuer aux disparités de revenu chez les immigrants en âge de travailler vivant au sein d’un couple de même sexe dans différentes populations (p. ex. populations noire et latino-américaine) et professions et dans différents groupes d’industries.

  

Bibliographie

Bor, J., Cohen, G. H. et Galea, S. 2017. « Population health in an era of rising income inequality: USA, 1980-2015 », Lancet 389(10077) : 1475–1490. https://doi.org/10.1016/s0140-6736(17)30571-8.

Crossman, E., Hou, F. et Picot, G. 2021. « Les écarts relatifs à la situation sur le marché du travail entre les immigrants et leurs homologues nés au Canada commencent-ils à se resserrer? », Rapports économiques et sociaux 1(4). https://doi.org/10.25318/36280001202100400004-fra.

Denier, N. et Waite, S. 2017. « Écarts salariaux selon l’orientation sexuelle sur les marchés locaux du travail : preuves en provenance de données canadiennes »,Relations industrielles / Industrial Relations,72(4), 734–762. https://doi.org/10.7202/1043174ar.

Eichler, M. 2021. « Mariage entre personnes de même sexe au Canada », L’Encyclopédie canadienne. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/same-sex-marriage-in-canada.

Eikemo, T. A., Huisman, M., Bambra, C. et Kunst, A. E. 2008. « Health inequalities according to educational level in different welfare regimes: a comparison of 23 European countries », Sociology of Health Illness, 30(4), 565–82. https://doi.org/10.1111/j.1467-9566.2007.01073.x.

Gouvernement du Canada. 2023, 17 mars. CIMM – Plan pluriannuel des niveaux 2023-2025 – 18 novembre 2022. https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/organisation/transparence/comites/cimm-18-nov-2022/plan-pluriannuel.html.

Hou, F., Crossman, E. et Picot, G. 2020. « Sélection des immigrants en deux étapes : pourquoi les résultats des immigrants sur le marché du travail varient-ils selon le programme d’admission? », Aperçus économiques, n^o 117. Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-626-x/11-626-x2020015-fra.htm.

Hou, F. et Picot, G. 2022. « Les résultats des immigrants sur le marché du travail en période de récession : comparaison entre la récession du début des années 1990, celle de la fin des années 2000 et celle liée à la COVID-19 », Rapports économiques et sociaux 2(2). https://doi.org/10.25318/36280001202200200003-fra.

Hsieh, N. et Liu, H. 2019. « Bisexuality, union status, and gender composition of the couple: Reexamining marital advantage in health », Demography, 56(5), 1791–1825. https://doi.org/10.1007/s13524-019-00813-2.

Hu, Y., van Lenthe, F. J., Borsboom, G. J., Looman, C. W. N., Bopp, M., Burstrom, B., Dzurova, D., Ekholm, O., Klumbiene, J., Lahelma, E., Leinsalu, M., Regidor, E., Santana, P., de Gelder, R. et Mackenbach, J. P. 2016. « Trends in socioeconomic inequalities in self-assessed health in 17 European countries between 1990 and 2010 », Journal Epidemiology Community Health, 70(7), 1–9. https://doi.org/10.1136/jech-2015-206780.

Kaida, L., Hou, F. et Stick, M. 2020. « Les réfugiés sont-ils plus susceptibles de quitter leur destination initiale que les personnes dans la catégorie de l’immigration économique? Preuves récentes fondées sur les données longitudinales administratives du Canada », Direction des études analytiques : documents de recherche, n^o 441, Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11f0019m/11f0019m2020004-fra.htm.

Klawitter, M. 2015. « Meta‐analysis of the effects of sexual orientation on earnings », Industrial Relations: A Journal of Economy & Society, 54(1), 4–32. https://doi.org/10.1111/irel.12075.

Mackenbach, J. P., Stirbu, I., Roskam, A. J., Schaap, M. M., Menvielle, G., Leinsalu, M. et Kunst, A. E. 2008. « European Union Working Group on Socioeconomic Inequalities in Health. Socioeconomic inequalities in health in 22 European countries », New England Journal of Medicine, 358(23): 2468–2481. https://doi.org/10.1056/nejmsa0707519.

Ministre de la Justice. 2005. Loi sur le mariage civil, ch. 33. https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/c-31.5/page-1.html.

Mueller, R. 2014. « Wage differentials of males and females in same-sex and different-sex couples in Canada, 2006-2010 », Canadian Studies in Population, 41(3-4):105-116. https://doi.org/10.25336/P60602.

Qiu, T. et Schellenberg, G. 2022. « La rémunération hebdomadaire des personnes nées au Canada appartenant à un groupe de minorité visible désigné et de celles de race blanche au milieu des années 2010 », Rapports économiques et sociaux 2(1). https://doi.org/10.25318/36280001202200100004-fra.

Statistique Canada. 2017. Recensement en bref : Les couples de même sexe au Canada en 2016, produit n^o 98-200-X2016007 au catalogue de Statistique Canada. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/as-sa/98-200-x/2016007/98-200-x2016007-fra.cfm.

Statistique Canada. 2022a. Guide de référence sur les familles, les ménages et l’état matrimonial, Recensement de la population, 2021, produit n^o 98-500-X au catalogue de Statistique Canada, n^o 2021002. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/ref/98-500/002/98-500-x2021002-fra.cfm.

Statistique Canada. 2022b, 26 octobre. « Les immigrants représentent la plus grande part de la population depuis plus de 150 ans et continuent de façonner qui nous sommes en tant que Canadiens », Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/daily-quotidien/221026/dq221026a-fra.pdf?st=rekEn1UU.

Statistique Canada. 2022c. « Caractéristiques du travail et caractéristiques économiques des personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles au Canada », Les faits, tout simplement! https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-28-0001/2022001/article/00003-fra.htm.

Statistique Canada. 2022d. « Base de données longitudinales sur l’immigration (BDIM) – Rapport technique, 2021 », Études analytiques : méthodes et références, produit n^o 11-633-X, n^o 46 au catalogue de Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-633-x/11-633-x2022009-fra.htm.

Statistique Canada. 2023, 15 août. Orientation sexuelle de la personne. https://www23.statcan.gc.ca/imdb/p3Var_f.pl?Function=DEC&Id=1223774.

Tjepkema, M. 2008. « Utilisation des services de santé par les gais, les lesbiennes et les bisexuels au Canada », Rapports sur la santé, 19(1). https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-003-x/2008001/article/10532-fra.pdf.

Waite, S. et Denier, N. 2015. « Gay pay for straight work: Mechanisms generating disadvantage », Gender and Society,29(4), 561–588. https://doi.org/10.1177/0891243215584761.

Waite, S. et Denier, N. 2019. « A research note on Canada’s LGBT data landscape: Where we are and what the future holds », Canadian Review of Sociology, 56(1), 93–117.https://doi.org/10.1111/cars.12232.

Waite, S., Ecker, J. et Ross, L. E. 2019. « A systematic review and thematic synthesis of Canada’s LGBTQ2S+ employment, labour market and earnings literature », PLOS ONE, 14(10): e0223372.https://doi.org/10.1371/journal.pone.0223372.

Yang, C. W., Denier, N., St-Denis, X. et Waite, S. 2024. « Studying individuals in same-sex couples using longitudinal administrative data from Canadian tax records: Opportunities and challenges », SocArXiv Papers. https://doi.org/10.31235/osf.io/j9skr.

Zhang, S. et Xiang, W. 2019. « Income gradient in health-related quality of life – the role of social networking time », International Journal for Equity in Health, 18(44): 1–10. https://doi.org/10.1186/s12939-019-0942-1.