Rapports économiques et sociaux
Prix à l’importation et inflation au Canada

Date de diffusion : le 28 juin 2023

DOI : https://doi.org/10.25318/36280001202300600002-fra

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Résumé

Le présent article porte sur la mesure dans laquelle la forte inflation actuelle au Canada est attribuable à la hausse des prix à l’importation, et il présente les principaux facteurs ayant contribué à la hausse des prix à l’importation. Dans le cadre de l’étude, on a procédé à la décomposition de l’inflation mesurée par la demande intérieure finale (DIF) en fonction de sa composante intérieure et de sa composante d’importation, afin de déterminer que le rapport entre la hausse des prix à l’importation et l’inflation mesurée par la DIF augmente depuis le deuxième trimestre de 2021, et avait atteint 50 % à la fin de 2022. La forte demande en importations et la dépréciation considérable du dollar canadien par rapport au dollar américain semblent avoir fait grimper les prix à l’importation. D’autres facteurs externes, comme les risques géopolitiques, ont aussi eu une incidence sur les prix à l’importation. Cela se reflète par la montée en flèche des prix de produits énergétiques importés. De plus, l’inflation des importations est gonflée par les importations de biens intermédiaires et de biens d’équipement plutôt que par les importations de biens de consommation.

Mots-clés : inflation, prix à l’importation.

Auteur

Weimin Wang travaille à la Division de l’analyse économique de la Direction des études analytiques et de la modélisation à Statistique Canada.

Remerciements

L’auteur tient à remercier David Boileau et Nguyen Luu (Affaires mondiales Canada), Fares Bounajm (Banque du Canada) et Matthew MacDonald (Statistique Canada) pour leurs précieux commentaires et suggestions.

Introduction

Le Canada connaît une forte inflation depuis le début de 2022. Selon Statistique Canada (2023a), l’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 6,8 % (moyenne annuelle) en 2022, en hausse par rapport au taux de 3,4 % observé en 2021 et de 0,7 % enregistré en 2020. Cet indice a aussi atteint son plus haut sommet en 40 ans, soit depuis 1982. Sans l’énergie, la moyenne annuelle de l’IPC a augmenté de 5,7 % en 2022 et de 2,4 % en 2021.

Les prix à la hausse ont fait grimper le coût de la vie pour les Canadiens, surtout ceux ayant un revenu faible et fixe, car les prix des biens essentiels ont observé la plus forte hausse. Par exemple, en 2022, les prix du transport, des aliments et du logement ont augmenté de 10,6 %, de 8,9 % et de 6,9 %, respectivement. Des données probantes récentes montrent que les effets de l’inflation se font davantage ressentir par les Canadiens qui se trouvent dans les tranches de revenus inférieuresNote .

À l’heure actuelle, la politique monétaire vise à ramener le taux d’inflation à une fourchette cible de 1 % à 3 %. Pour que la politique produise les résultats voulus, les décideurs doivent comprendre les sources attribuables à la forte inflation actuelle. Le Canada est une petite économie ouverte où il existe un rapport élevé entre les échanges et le produit intérieur brut (PIB). Les rapports entre les exportations et importations du Canada et le PIB se situaient à environ 34 % en 2022. En tant que petite économie ouverte, le Canada est vulnérable aux pressions inflationnistes mondiales et aux contraintes d’approvisionnement, mais a peu d’influence sur elles, ce qui laisse supposer que toute hausse des prix à l’importation pourrait accroître le niveau global des prix. Au cours de la période allant du deuxième trimestre de 2021 jusqu’au quatrième trimestre de 2022, l’indice implicite de prix des importations au Canada a augmenté de plus de 19 %Note , alors que l’IPC a augmenté de 9 % pendant cette même période.

Le présent article porte sur la mesure dans laquelle la forte inflation actuelle est touchée par la hausse des prix à l’importation. Puisque les biens importés représentent une part importante du panier de consommation, une hausse des prix à l’importation pourrait occasionner une forte augmentation du niveau agrégé des prix, ce qui ferait donc grimper le taux d’inflation. Une hausse des prix à l’importation peut aussi mener à une augmentation des coûts de production lorsque les entreprises dépendent beaucoup des biens et des services importés comme facteurs de production. Pour maintenir leurs marges bénéficiaires, il est possible que les entreprises doivent hausser le prix de leurs produits finaux en vue de « refiler » ces coûts additionnels aux consommateurs.

Les prix à l’importation sont influencés par des facteurs attribuables à l’offre et à la demande. Le Canada a connu une forte croissance de la demande en importations pendant la période où l’inflation était élevée. D’une année à l’autre, l’inflation trimestrielle de l’IPC a atteint un sommet au deuxième trimestre de 2022. Au cours de la période allant du deuxième trimestre de 2021 au deuxième trimestre de 2022, les importations réelles ont augmenté de 10,8 % et les prix à l’importation, de 14,5 %. La hausse des prix à l’importation au Canada peut aussi être attribuable à divers facteurs externes, notamment l’appréciation de la devise américaine, la hausse des prix des produits de base, les changements dans les risques géopolitiques mondiaux et les conditions économiques, ainsi que les événements météorologiques.

Dans le cadre du présent article, on a procédé à la décomposition de l’inflation mesurée par la demande intérieure finale (DIF) en fonction de sa composante intérieure et de sa composante d’importation, afin de déterminer que l’inflation mesurée par la DIF était attribuable en grande partie aux prix à l’importation pendant la période de forte inflation. L’inflation des importations représente environ 50 % de l’inflation de la DIF pour la période allant du deuxième au quatrième trimestre de 2022. Cette constatation cadre avec les rapports sur la politique monétaire de la Banque du Canada, qui montrent que les prix des produits de base et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont contribué considérablement à l’écart entre l’inflation mesurée par l’IPC et la cible de 2 %Note . Le présent article permet aussi de déterminer que la hausse de l’inflation liée aux importations était attribuable en grande partie aux importations de biens intermédiaires et de biens d’équipement, plutôt qu’aux importations de biens de consommation. Cela est conforme au fait que 70 % des importations au Canada sont des biens intermédiaires et des biens d’équipementNote .

Inflation de la demande intérieure finale et prix à l’importation

L’approvisionnement total dans une économie est la somme du PIB et des importations, et la demande totale est la somme de la DIF et des exportations. L’équilibre entre l’offre et la demande au niveau agrégé sous-entend ce qui suit :

PIB + importations = DIF + exportations. MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaGaaeiuaiaabM eacaqGcbGaaeiiaiaabUcacaqGGaGaaeyAaiaab2gacaqGWbGaae4B aiaabkhacaqG0bGaaeyyaiaabshacaqGPbGaae4Baiaab6gacaqGZb Gaaeiiaiaab2dacaqGGaGaaeiraiaabMeacaqGgbGaaeiiaiaabUca caqGGaGaaeyzaiaabIhacaqGWbGaae4BaiaabkhacaqG0bGaaeyyai aabshacaqGPbGaae4Baiaab6gacaqGZbGaaeOlaaaa@57F6@

La DIF correspond à la demande en consommation finale et en investissement, et les fluctuations des prix de la DIF permettent de mesurer les variations dans le pouvoir d’achat pour les dépenses de consommation et d’investissement. Par conséquent, la DIF est une mesure de rechange de l’inflation. Comparativement à l’inflation totale fondée sur l’IPC, l’inflation mesurée par la DIF a une portée plus large, car elle permet de mesurer non seulement les fluctuations des prix auxquels sont confrontés les ménages, mais aussi les fluctuations des prix qui touchent les gouvernements, les institutions sans but lucratif et les investisseurs. Le graphique 1 présente l’inflation mesurée par la DIF et l’inflation mesurée par l’IPC pour les 10 dernières années. Il n’est pas surprenant que l’inflation mesurée par la DIF et l’inflation mesurée par l’IPC aient suivi la même trajectoire la plupart du tempsNote .

Graphique 1 : Inflation trimestrielle d’une année à l’autre : demande intérieure finale par rapport à l’Indice des prix à la consommation

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Inflation de la demande intérieure finale (croissance logarithmique) et Inflation de l’Indice des prix à la consommation (croissance logarithmique), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Inflation de la demande intérieure finale (croissance logarithmique) Inflation de l’Indice des prix à la consommation (croissance logarithmique)
pourcentage
2012
Trimestre 1 2,16 2,31
Trimestre 2 1,79 1,57
Trimestre 3 1,43 1,21
Trimestre 4 1,17 0,94
2013
Trimestre 1 1,53 0,90
Trimestre 2 1,46 0,76
Trimestre 3 1,86 1,14
Trimestre 4 1,93 0,93
2014
Trimestre 1 2,09 1,38
Trimestre 2 2,50 2,20
Trimestre 3 2,26 2,06
Trimestre 4 2,32 1,91
2015
Trimestre 1 1,81 1,07
Trimestre 2 1,41 0,90
Trimestre 3 1,62 1,19
Trimestre 4 1,38 1,32
2016
Trimestre 1 1,35 1,53
Trimestre 2 1,08 1,54
Trimestre 3 0,79 1,22
Trimestre 4 1,02 1,38
2017
Trimestre 1 1,29 1,89
Trimestre 2 1,66 1,31
Trimestre 3 1,14 1,36
Trimestre 4 1,43 1,77
2018
Trimestre 1 1,17 2,04
Trimestre 2 1,33 2,27
Trimestre 3 1,97 2,65
Trimestre 4 1,65 2,02
2019
Trimestre 1 1,87 1,60
Trimestre 2 2,01 2,13
Trimestre 3 1,77 1,92
Trimestre 4 2,07 2,07
2020
Trimestre 1 1,99 1,79
Trimestre 2 1,47 0,02
Trimestre 3 1,64 0,27
Trimestre 4 1,66 0,78
2021
Trimestre 1 2,58 1,43
Trimestre 2 3,35 3,29
Trimestre 3 4,32 3,98
Trimestre 4 5,18 4,62
2022
Trimestre 1 5,92 5,67
Trimestre 2 6,42 7,28
Trimestre 3 5,75 6,91
Trimestre 4 5,21 6,45

La DIF englobe les composantes intérieures et les composantes d’importation. Les composantes d’importation sont formées de l’utilisation finale des importations et de la valeur des importations utilisées en tant qu’intrants de production intermédiaires. Une fois que l’on connaît les renseignements sur les prix et la quantité des composantes de la DIF, la contribution des fluctuations des prix d’importation à l’inflation mesurée par la DIF peut être estimée à l’aide de la formule de l’indice de prix de TornqvistNote , c’est-à-dire :

ln( P t DIF P t4 DIF )= w t + w t4 2 ln( P t importation P t4 importation )+( 1 w t + w t4 2 )ln( P t intérieure P t4 intérieure ).   (1) MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaGaciiBaiaac6 gadaqadaqaamaalaaabaGaamiuamaaDaaaleaacaWG0baabaGaamir aiaadMeacaWGgbaaaaGcbaGaamiuamaaDaaaleaacaWG0bGaeyOeI0 IaaGinaaqaaiaadseacaWGjbGaamOraaaaaaaakiaawIcacaGLPaaa cqGH9aqpdaWcaaqaaiaadEhadaWgaaWcbaGaamiDaaqabaGccqGHRa WkcaWG3bWaaSbaaSqaaiaadshacqGHsislcaaI0aaabeaaaOqaaiaa ikdaaaGaciiBaiaac6gadaqadaqaamaalaaabaGaamiuamaaDaaale aacaWG0baabaGaamyAaiaad2gacaWGWbGaam4BaiaadkhacaWG0bGa amyyaiaadshacaWGPbGaam4Baiaad6gaaaaakeaacaWGqbWaa0baaS qaaiaadshacqGHsislcaaI0aaabaGaamyAaiaad2gacaWGWbGaam4B aiaadkhacaWG0bGaamyyaiaadshacaWGPbGaam4Baiaad6gaaaaaaa GccaGLOaGaayzkaaGaey4kaSYaaeWaaeaacaaIXaGaeyOeI0YaaSaa aeaacaWG3bWaaSbaaSqaaiaadshaaeqaaOGaey4kaSIaam4DamaaBa aaleaacaWG0bGaeyOeI0IaaGinaaqabaaakeaacaaIYaaaaaGaayjk aiaawMcaaiGacYgacaGGUbWaaeWaaeaadaWcaaqaaiaadcfadaqhaa WcbaGaamiDaaqaaiaadMgacaWGUbGaamiDaiaadMoacaWGYbGaamyA aiaadwgacaWG1bGaamOCaiaadwgaaaaakeaacaWGqbWaa0baaSqaai aadshacqGHsislcaaI0aaabaGaamyAaiaad6gacaWG0bGaamy6aiaa dkhacaWGPbGaamyzaiaadwhacaWGYbGaamyzaaaaaaaakiaawIcaca GLPaaacaGGOaGaaGymaiaacMcaaaa@9599@                   

La partie gauche de l’équation (1) permet de calculer la croissance logarithmique de l’indice implicite de prix de la DIF (ou l’inflation mesurée par la DIF), ce qui est la moyenne pondérée de la croissance logarithmique des prix à l’importation et de la croissance logarithmique des prix de la composante intérieure de la DIF. Les facteurs de pondération constituent les parts nominales moyennes de chaque composante de la DIF au cours du même trimestre pendant deux années consécutives.

Pour estimer la mesure dans laquelle les fluctuations des prix à l’importation contribuent à l’inflation mesurée par la DIF à l’aide de l’équation (1), il est nécessaire de diviser les importations totales en deux : le contenu importé de la DIF et le contenu importé des exportations. À cette fin, on suppose que le principe de proportionnalité s’applique, c’est-à-dire :

importations de la DIF =  DIF DIF + exportations × total des importations.    (2) MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaGaaeyAaiaab2 gacaqGWbGaae4BaiaabkhacaqG0bGaaeyyaiaabshacaqGPbGaae4B aiaab6gacaqGZbGaaeiiaiaabsgacaqGLbGaaeiiaiaabYgacaqGHb GaaeiiaiaabseacaqGjbGaaeOraiaabccacaqG9aGaaeiiamaalaaa baGaaeiraiaabMeacaqGgbaabaGaaeiraiaabMeacaqGgbGaaeiiai aabUcacaqGGaGaaeyzaiaabIhacaqGWbGaae4BaiaabkhacaqG0bGa aeyyaiaabshacaqGPbGaae4Baiaab6gacaqGZbaaaiabgEna0kaabc cacaqG0bGaae4BaiaabshacaqGHbGaaeiBaiaabccacaqGKbGaaeyz aiaabohacaqGGaGaaeyAaiaab2gacaqGWbGaae4BaiaabkhacaqG0b GaaeyyaiaabshacaqGPbGaae4Baiaab6gacaqGZbGaaeOlaiaabIca caqGYaGaaeykaaaa@76C2@               

On suppose également que le contenu importé de la DIF et le contenu importé des exportations ont le même prix que les importations totales. La contribution des fluctuations des prix d’importation à l’inflation mesurée par la DIF peut alors être calculée. Bien que l’on ne connaisse pas le prix de la composante intérieure de la DIF, sa contribution peut tout de même être déduite par recoupement.

Le graphique 2 présente la décomposition de l’inflation mesurée par la DIF à partir de 2018. Comme on peut le voir, l’inflation mesurée par la DIF était stable à environ 1 % à 2 % de 2018 à 2020. Elle a commencé à augmenter, passant de 1,7 % au quatrième trimestre de 2020 à 6,4 % au deuxième trimestre de 2022, avant de diminuer pour passer à 5,2 % au quatrième trimestre de 2022. La hausse des prix à l’importation a stagné pendant trois trimestres, mais a rebondi rapidement pour atteindre 4,6 % au troisième trimestre de 2021, suivant une croissance négative au trimestre précédent, avant de grimper à plus de 10 % pendant les quatre trimestres de 2022. De ce fait, les fluctuations des prix à l’importation se sont grandement répercutées sur l’inflation mesurée par la DIF pendant la période de forte inflation. L’inflation est passée de 1,1 point de pourcentage (ou 25,3 %) au troisième trimestre de 2021 à 3,3 points de pourcentage (51,9 %) au deuxième trimestre de 2022 et à 2,7 points de pourcentage (ou 51,0 %) au quatrième trimestre de 2022. Ces résultats portent à croire que les facteurs externes sont des déterminants importants de la forte inflation actuelle au Canada. Puisque les politiques nationales ont une influence limitée sur les facteurs externes qui orientent les prix à l’importation, la durée de la forte inflation actuelle pourrait dépendre en grande partie des pressions inflationnistes mondiales et des contraintes d’approvisionnement.

Graphique 2 : Décomposition de l’inflation de la demande intérieure finale

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Inflation de la demande intérieure finale, Contribution de la composante d’importation et Contribution de la composante intérieure, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Inflation de la demande intérieure finale Contribution de la composante d’importation Contribution de la composante intérieure
pourcentage
2018
Trimestre 1 1,17 -0,06 1,23
Trimestre 2 1,33 0,05 1,28
Trimestre 3 1,97 1,64 0,33
Trimestre 4 1,65 1,36 0,29
2019
Trimestre 1 1,87 1,17 0,70
Trimestre 2 2,01 0,83 1,18
Trimestre 3 1,77 -0,04 1,81
Trimestre 4 2,07 -0,19 2,26
2020
Trimestre 1 1,99 0,24 1,75
Trimestre 2 1,47 -0,40 1,87
Trimestre 3 1,64 -0,24 1,88
Trimestre 4 1,66 -0,17 1,83
2021
Trimestre 1 2,58 -0,75 3,33
Trimestre 2 3,35 -0,08 3,44
Trimestre 3 4,32 1,09 3,23
Trimestre 4 5,18 1,73 3,46
2022
Trimestre 1 5,92 2,52 3,40
Trimestre 2 6,42 3,33 3,09
Trimestre 3 5,75 2,73 3,03
Trimestre 4 5,21 2,66 2,55

La décomposition de l’équation (1) tient compte de deux façons dont les fluctuations des prix à l’importation peuvent se répercuter : la hausse des prix des biens et des services destinés à l’utilisation finale; la hausse des coûts de production des entreprises qui utilisent directement ou indirectement des intrants importés. L’équation (1) suppose implicitement que la hausse des coûts de production sera entièrement transférée aux prix des extrants et, par conséquent, qu’elle produit une limite supérieure en ce qui a trait aux effets directs et indirects de la hausse des prix à l’importation. Lorsqu’une entreprise utilise des produits importés pour produire un produit, une hausse des prix à l’importation pourrait augmenter le prix de son produit si elle refile ces coûts additionnels aux consommateurs. Peu importe si le produit de l’entreprise est destiné à l’utilisation finale ou intermédiaire, les effets du prix à l’importation devraient être pris en compte lorsque les importations totales sont utilisées.  Les effets directs et indirects sont donc pris en compte.

Une autre approche serait d’utiliser des tableaux des ressources et des emplois détaillés pour examiner les répercussions d’un élément particulier importé. Toutefois, en ce qui a trait à l’effet global de toutes les importations, cette approche de rechange et celle basée sur l’équation (1) pourraient donner des résultats semblables, car les deux approches tiennent compte de l’effet de la hausse des prix des produits importés sur la consommation finale et sur l’utilisation intermédiaire pour la production. Dans les deux approches, on doit présumer que la hausse des coûts de production est entièrement refilée aux consommateurs.

Hausse des prix à l’importation

Comme on l’a mentionné précédemment, divers facteurs peuvent avoir une incidence sur les prix à l’importation. Un de ces facteurs est le taux de change, surtout le taux de change entre le Canada et les États-Unis, car les États-Unis sont la principale source d’importations pour le Canada.

Le graphique 3 illustre les données de l’indice trimestriel des prix à l’importation et du taux de change entre le Canada et les États-Unis pour la période allant du premier trimestre de 2018 jusqu’au quatrième trimestre de 2022. Comme le montre le graphique, il semblait avoir peu de répercussions des fluctuations du taux de change entre le Canada et les États-Unis sur les prix à l’importation au Canada avant la forte inflation liée aux importations qui a commencé à grimper au deuxième trimestre de 2021. Après le deuxième trimestre de 2021, le dollar canadien a déprécié de 10,6 % par rapport au dollar américain, et les prix à l’importation ont augmenté de 19,4 %. La hausse simultanée des prix à l’importation et du taux de change entre le Canada et les États-Unis après le deuxième trimestre de 2021 pourrait indiquer que la dépréciation du dollar canadien s’est répercutée sur les prix à l’importation.

Graphique 3 : Indice des prix à l’importation et taux de change

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 indice des prix à l’importation et $ CAN par $ US (échelle de droite)(figurant comme en-tête de colonne).
Indice des prix à l’importation $ CAN par $ US (échelle de droite)
2018
Trimestre 1 111,01 1,26
Trimestre 2 113,21 1,29
Trimestre 3 115,95 1,31
Trimestre 4 116,15 1,32
2019
Trimestre 1 116,15 1,33
Trimestre 2 116,92 1,34
Trimestre 3 115,76 1,32
Trimestre 4 115,27 1,32
2020
Trimestre 1 117,24 1,34
Trimestre 2 115,01 1,39
Trimestre 3 114,66 1,33
Trimestre 4 114,46 1,30
2021
Trimestre 1 113,70 1,27
Trimestre 2 114,59 1,23
Trimestre 3 120,09 1,26
Trimestre 4 122,98 1,26
2022
Trimestre 1 126,44 1,27
Trimestre 2 131,26 1,28
Trimestre 3 134,06 1,31
Trimestre 4 136,82 1,36

Les fluctuations des prix à l’importation totaux sont habituellement attribuables aux fluctuations des prix des biens importés, car la majorité des importations sont des biens. Au Canada, les biens représentent environ 80 % des importations totales. Le graphique 4 présente les fluctuations de l’inflation liées aux importations totales, de l’inflation liée aux biens importés et de l’inflation liée aux services importés pour les 10 dernières années. Comme le montre le graphique, l’inflation liée aux importations totales et l’inflation liée aux biens importés sont fortement corrélées. Leur coefficient de corrélation se situe à environ 99,2 %. Cela indique que les fluctuations de l’inflation liée aux importations totales et celles de l’inflation liée aux biens importés sont presque identiques.

Graphique 4 : Inflation des importations selon les importations totales, les importations de biens et les importations de services

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4 Total des importations, Importations de biens et Importations de services, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Total des importations Importations de biens Importations de services
pourcentage
2012
Trimestre 1 3,19 3,75 0,79
Trimestre 2 2,44 2,66 1,47
Trimestre 3 -0,33 -0,28 -0,60
Trimestre 4 -2,54 -2,97 -0,73
2013
Trimestre 1 -0,35 -1,16 3,10
Trimestre 2 -1,19 -1,86 1,61
Trimestre 3 2,38 1,77 4,93
Trimestre 4 2,80 2,21 5,25
2014
Trimestre 1 5,47 5,51 5,32
Trimestre 2 5,53 5,96 3,75
Trimestre 3 3,32 3,73 1,62
Trimestre 4 4,36 4,65 3,20
2015
Trimestre 1 2,72 2,73 2,70
Trimestre 2 2,76 2,67 3,17
Trimestre 3 6,26 6,54 5,15
Trimestre 4 4,74 5,25 2,63
2016
Trimestre 1 2,87 2,84 2,98
Trimestre 2 0,08 -0,39 1,99
Trimestre 3 -1,46 -2,11 1,19
Trimestre 4 0,02 -0,51 2,19
2017
Trimestre 1 -0,05 -0,40 1,35
Trimestre 2 4,24 4,23 4,27
Trimestre 3 -1,31 -1,50 -0,57
Trimestre 4 -1,31 -1,58 -0,24
2018
Trimestre 1 -0,23 -0,18 -0,39
Trimestre 2 0,19 0,09 0,57
Trimestre 3 6,68 6,90 5,81
Trimestre 4 5,50 5,46 5,65
2019
Trimestre 1 4,64 4,21 6,27
Trimestre 2 3,27 2,82 4,98
Trimestre 3 -0,16 -0,95 2,86
Trimestre 4 -0,76 -1,46 1,89
2020
Trimestre 1 0,94 0,10 3,97
Trimestre 2 -1,63 -3,09 3,67
Trimestre 3 -0,96 -1,67 1,27
Trimestre 4 -0,71 -1,12 0,21
2021
Trimestre 1 -3,02 -2,79 -4,58
Trimestre 2 -0,36 1,01 -6,05
Trimestre 3 4,74 6,06 -0,94
Trimestre 4 7,44 9,18 0,16
2022
Trimestre 1 11,21 12,70 4,97
Trimestre 2 14,55 16,03 8,38
Trimestre 3 11,64 12,22 9,17
Trimestre 4 11,26 10,92 12,65

On examine la contribution à l’inflation des biens importés selon le groupe de produits à l’aide d’une variante de l’indice de prix de Tornqvist, c’est-à-dire :

ln( P t biens P t4 biens )= produits i ( w it + w it4 2 ) ln( P it P it4 ).   (3) MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaGaciiBaiaac6 gadaqadaqaamaalaaabaGaamiuamaaDaaaleaacaWG0baabaGaamOy aiaadMgacaWGLbGaamOBaiaadohaaaaakeaacaWGqbWaa0baaSqaai aadshacqGHsislcaaI0aaabaGaamOyaiaadMgacaWGLbGaamOBaiaa dohaaaaaaaGccaGLOaGaayzkaaGaeyypa0Zaaabeaeaadaqadaqaam aalaaabaGaam4DamaaBaaaleaacaWGPbGaamiDaaqabaGccqGHRaWk caWG3bWaaSbaaSqaaiaadMgacaWG0bGaeyOeI0IaaGinaaqabaaake aacaaIYaaaaaGaayjkaiaawMcaaaWcbaGaaeiCaiaabkhacaqGVbGa aeizaiaabwhacaqGPbGaaeiDaiaabohacaqGGaGaamyAaaqab0Gaey yeIuoakiGacYgacaGGUbWaaeWaaeaadaWcaaqaaiaadcfadaWgaaWc baGaamyAaiaadshaaeqaaaGcbaGaamiuamaaBaaaleaacaWGPbGaam iDaiabgkHiTiaaisdaaeqaaaaaaOGaayjkaiaawMcaaiaac6cacaGG OaGaaG4maiaacMcaaaa@6D7A@                                    

L’équation (3) démontre que la croissance logarithmique du prix des biens importés équivaut à la somme pondérée de la croissance logarithmique de chaque produit importé, et que les facteurs de pondération correspondent aux parts nominales moyennes de chaque produit importé au cours du même trimestre pendant deux années consécutives.

Selon des données accessibles au public publiées sur le site Web de Statistique Canada, la contribution à l’inflation liée aux biens importés est estimée pour 11 groupes de produits pour la période allant du deuxième trimestre de 2021 jusqu’au quatrième trimestre de 2022. Les résultats sont présentés dans le tableau 1. Comme on peut le voir, du deuxième trimestre de 2021 au quatrième trimestre de 2022, les prix des produits énergétiques importés ont augmenté de 59,7 %. Il s’agit de l’augmentation la plus importante en ce qui concerne les groupes de produits, laquelle est suivie d’une augmentation de 28,2 % pour les produits agricoles et de la pêche et les produits intermédiaires des aliments importés; de 25,2 % pour les produits forestiers et de matériaux de construction et d’emballage importés; de 21,7 % pour les produits chimiques de base et industriels, les produits en plastique et en caoutchouc importés; et de 20,0 % pour les machines, le matériel et les pièces industriels importés. En revanche, l’inflation des importations liées aux biens d’investissement a enregistré une moyenne plus faible pendant cette période. En ce qui concerne les contributions, 20,8 % de l’inflation liée aux biens importés au cours de cette période découlaient de l’inflation liée aux biens de consommation importés, 19,0 % découlaient de l’inflation liée aux produits énergétiques importés, 30,8 % découlaient de l’inflation liée aux biens d’investissement importésNote et 29,5 % découlaient de l’inflation liée aux intrants intermédiaires importésNote . Les résultats portent à croire que même si la hausse des prix à l’importation aura une incidence immédiate sur l’inflation en raison de l’augmentation du prix des produits énergétiques et des biens de consommation, l’inflation sera davantage touchée par la hausse des prix des biens d’investissement importés et des biens intermédiaires importés. Cela est conforme au fait que 70 % des importations au Canada sont des biens intermédiaires et des biens d’équipement. Toutefois, les biens de consommation et les produits énergétiques ont contribué d’une manière disproportionnée à l’inflation liée aux biens importés.


Tableau 1
Contribution à l’inflation des biens importés selon le groupe de produits
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Contribution à l’inflation des biens importés selon le groupe de produits. Les données sont présentées selon Biens importés selon le groupe de produits (titres de rangée) et Deuxième trimestre de 2021 au quatrième trimestre de 2022, Croissance logarithmique des prix et Contribution, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Biens importés selon le groupe de produits Deuxième trimestre de 2021 au quatrième trimestre de 2022
Croissance logarithmique des prix Contribution
pourcentage
Total des biens importés (à l’exclusion des transactions commerciales spéciales) 17,8 100,0
Biens de consommation 17,8 20,8
Produits énergétiques 59,7 19,0
Machines, matériel et pièces industriels 20,0 12,8
Produits chimiques de base et industriels, produits en plastique et en caoutchouc 21,7 10,1
Véhicules automobiles et pièces pour véhicule automobile 11,8 9,9
Produits forestiers et matériaux de construction et d’emballage 25,2 6,6
Produits en métal et produits minéraux non métalliques 13,9 6,4
Produits agricoles et de la pêche et produits intermédiaires des aliments 28,2 5,7
Matériel et pièces électroniques et électriques 9,0 5,6
Aéronefs et autres matériel et pièces de transport 13,2 2,4
Minerais et minéraux non métalliques 4,8 0,6

Conclusion

Les données probantes présentées dans le présent article démontrent que les prix à l’importation ont joué un rôle important dans l’augmentation de l’inflation au Canada en raison de la dépendance du pays à l’égard des biens et des services importés. En tant que nation commerçante, le Canada importe une grande part des biens qu’il consomme, y compris des produits énergétiques, des biens de consommation, des matières premières et des biens d’équipement. Par conséquent, une augmentation des prix de ces importations peut considérablement réduire le pouvoir d’achat des consommateurs et augmenter les coûts de production, et donc, les prix des extrants.

Étant donné l’importance de la hausse des prix à l’importation, la surveillance de ces prix et une coordination mondiale du contrôle de l’inflation deviennent essentielles au maintien de la stabilité des prix et au soutien de la santé globale de l’économie canadienne.

Bibliographie

Banque du Canada. 2022. Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2022.

Banque du Canada. 2023. Rapport sur la politique monétaire – Janvier 2023.

Statistique Canada. 2023a, 17 janvier. « Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2022 », Le Quotidien.

Statistique Canada. 2023b. Tableau 36-10-0104-01  Produit intérieur brut, en termes de dépenses, Canada, trimestriel (x 1 000 000) [tableau de données].

Statistique Canada. 2023c. Tableau 12-10-0143-01 Le commerce international de marchandises selon les grandes catégories économiques et les soixante principaux partenaires commerciaux (x 1 000) [tableau de données].

Uppal, S. (2023). « La hausse des prix et ses répercussions sur les plus vulnérables financièrement : un profil des personnes faisant partie du quintile inférieur de revenu familial », Regards sur la société canadienne, Statistique Canada.

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