Rapports économiques et sociaux
Estimations de l’activité économique dans les zones inondées en Colombie-Britannique et autour de celles-ci
DOI: https://doi.org/10.25318/36280001202101200003-fra
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Résumé
Cet article présente les estimations expérimentales de l’activité économique dans les zones inondées de la Colombie-Britannique et autour de celles-ci. Il se fonde sur un ensemble de données à l’échelle des entreprises pour localiser géographiquement les emplacements d’entreprises susceptibles d’avoir été touchés par les inondations causées par les pluies importantes qui sont tombées du 13 au 15 novembre 2021. Ces estimations portent plus précisément sur l’activité économique dans la vallée du Fraser (tout particulièrement dans la prairie Sumas), à Merrit et à Princeton. Dans ces trois régions, les emplacements d’entreprises les plus susceptibles d’avoir été directement touchés par les inondations étaient à l’origine de 0,9 % du produit intérieur brut de la Colombie-Britannique en 2018. De plus, les inondations dans la prairie Sumas ont touché des régions où se trouvent d’importantes parts du cheptel de bétail et de volaille de la Colombie-Britannique.
Auteurs
Robby Bemrose et Ryan Macdonald travaillent à la Division de l’analyse économique de la Direction des études analytiques et de la modélisation de Statistique Canada.
Introduction
Le présent article traite de l’importance de l’activité économique au sein des zones inondées en Colombie-Britannique et autour de celles-ci. Il s’intéresse tout particulièrement à l’activité la plus susceptible d’avoir été touchée directement par les inondations dans les zones d’Abbotsford et de Chilliwack, ainsi qu’à Merritt et Princeton. Autour d’Abbotsford et de Chilliwack, les effets ont été particulièrement dévastateurs dans la prairie Sumas, où les fermes et le bétail ont été inondés, alors que dans les villes de Merritt et de Princeton, les inondations ont conduit à la cessation quasi totale de l’activité économique et à la destruction du capital physique.
Pour fournir une indication de l’ampleur de l’activité économique dans ces économies, des estimations expérimentales de la valeur de la production (produit intérieur brut [PIB]) pour les emplacements d’entreprises (unités d’exploitation) dans ces régions ont été utilisées. Dans les trois régions en question, les emplacements d’entreprises les plus susceptibles d’avoir été directement touchés par les inondations ont généré 0,9 % du PIB de la Colombie-Britannique en 2018. Bien que les régions touchées représentent une faible part de l’économie de la Colombie-Britannique, elles représentent, à l’échelle régionale, 15,0 % de l’économie de la vallée du Fraser, 4,6 % de l’économie de Thompson-Nicola et 6,2 % de l’économie d’Okanagan–Similkameen. De plus, les inondations dans la prairie Sumas ont touché des régions où se trouvent d’importantes parts du cheptel de bétail et de volaille de la Colombie-Britannique.
Les pluies torrentielles et les régions touchées
Du 13 au 15 novembre, des pluies torrentielles se sont abattues sur certaines régions de la Colombie-Britannique. Au total, de 150 millimètres à 200 millimètres (de 6 à 8 pouces) de pluie sont tombés sur une bonne partie du sud-ouest de la province. Squamish, Chilliwack, Agassiz, Coquihalla Summit et Hope ont enregistré plus de 200 millimètres de précipitations pendant le déluge (Accuweather, 2021). La région métropolitaine de Vancouver, où se situe le plus grand port du Canada, a reçu plus de 125 millimètres de précipitations (CBC, 2021a). Ces pluies diluviennes et les inondations qu’elles ont provoquées ont causé des interruptions généralisées de l’activité économique, y compris des perturbations des principales voies de transport.
Les cinq régions de la Colombie-Britannique qui ont été les plus durement touchées par les averses sont le Grand Vancouver, la vallée du Fraser, Squamish–Lillooet, Thompson-Nicola et Okanagan–Similkameen. La vallée du fleuve Fraser, Thompson-Nicola et Okanagan-Similkeen étaient les régions où la plus grande étendue des inondations s'est produite en Colombie-Britannique (Carte 1), et leurs villes et villages ont fait l’objet de plus grand nombre d’avertissements d’inondation et d’ordres d’évacuation.
Cet article fournit des estimations de l'activité économique dans et autour de ces zones inondées. Il rend compte du PIB des entreprises et de l'emploi dans et autour de ces zones inondées. Ces estimations ne représentent pas l'impact total que les inondations auront sur l'économie de la Colombie-Britannique. Par exemple, l'érosion des infrastructures de transport aura un impact sur l'activité économique au-delà des zones inondées.
Description de la carte 1
Cette carte montre les zones inondées dans les régions du Grand Vancouver, de la vallée du Fraser, de Squamish–Lillooet, de Thompson–Nicola et d’Okanagan–Similkameen en Colombie-Britannique. Les régions sont délimitées par des lignes noires.
Dans la légende, elles sont appelées : « Zones inondées »
Les noms des régions sont indiqués en lettres noires. Les zones inondées sont montrées en rouge.
La région de la prairie Sumas ainsi que les villes de Merritt et de Princeton sont représentées par des points sur la carte.
Source : Statistique Canada, calculs des auteurs.
Activité économique dans les zones inondées
Les pluies diluviennes ont causé des inondations autour d’Abbotsford et de Chilliwack dans la vallée du Fraser, ont provoqué l’inondation de la ville de Princeton à Okanagan-Similkameen, et ont donné lieu à des ordres d’évacuation pour Merritt à Thompson-Nicola. Au total, l’activité économique dans ces zones était à l’origine d’environ 0,9 % du PIB de la Colombie-Britannique en 2018 (tableau 1). Cette activité a pris place dans 7 452 emplacements d’entreprises et était associée à 7 940 emplois, selon les données du Recensement de 2016Note .
% du produit intérieur brut (PIB), 2018 | % du PIB régional, 2018 | Nombre d’emplois selon le Recensement de 2016 | Emplacements d’entreprises, 2018 | |
---|---|---|---|---|
Vallée du Fraser | 4,2 | 100,0 | 139 125 | 46 332 |
Zones inondées à Abbotsford et Chilliwack | 0,3 | 7,5 | 3 810Tableau 1 Note ‡ | 2 572 |
Thompson-Nicola | 2,1 | 100,0 | 61 955 | 19 321 |
Merritt | 0,1 | 4,6 | 2 960 | 1 198 |
Okanagan-Similkameen | 1,0 | 100,0 | 35 085 | 15 200 |
Princeton | 0,1 | 6,2 | 1 170 | 655 |
|
Les importantes inondations survenues autour d’Abbotsford et de Chilliwack ont surtout touché les terres agricoles, évitant en bonne partie les endroits de plus grandes parts du PIB sont générées. On peut le constater lorsque les valeurs de production de la région d’Abbotsford et de Chilliwack sont tracées en utilisant des carreaux de grille de 1 kilomètre carré. Pour ce faire, les valeurs du PIB pour chaque emplacement d’entreprise sont additionnées à l’intérieur du carreau de la grille où il est généré. Les carreaux de grille sont ensuite classés par quintile pour l’ensemble de la région. Les carreaux de grille sont ombragés en fonction du quintile auquel ils appartiennent : les carreaux où les plus grandes parts du PIB sont générées (ceux du quintile supérieur) sont de couleur plus foncée. Dans la région d’Abbotsford et de Chilliwack, les carreaux les plus foncés ont tendance à ne pas coïncider avec les zones inondées, et il n’y en a pas dans la prairie Sumas (carte 2). Les zones inondées, particulièrement dans la prairie Sumas, ont tendance à appartenir au quintile inférieur (les couleurs les plus claires) ou n’ont pas de valeur de production déclarée. Cela se produit, par exemple, lorsque le carreau de grille est constitué de champs agricolesNote . Le fait que les inondations autour d’Abbotsford et de Chilliwack aient touché, pour la plus grande part, des zones qui sont utilisées moins intensivement pour la création du PIB explique pourquoi, malgré l’importance des inondations et des dommages causés aux fermes, l’activité économique touchée était à l’origine de seulement 0,7 % du PIB de la Colombie-Britannique en 2018.
Description de la carte 2
Cette carte montre l’intensité de la création de produit intérieur brut (PIB) dans un rayon de 1 kilomètre carré par quintile dans la région d’Abbotsford et de Chilliwack. Les carrés de la grille sont ombragés en fonction de la valeur du PIB créée au sein des emplacements d’entreprises dans les carreaux de grille.
La légende s’intitule « Quintile de PIB ». Il y a cinq quintiles et chacun est associé à une couleur, comme suit :
- le quintile supérieur est de couleur marron foncé
- le quintile sous le quintile supérieur est de couleur marron
- le quintile du milieu est de couleur marron clair
- le quintile au-dessus du quintile inférieur est de couleur pêche foncé
- le quintile inférieur est de couleur pêche pâle
La carte comporte deux parties.
La première partie de la carte offre une vue plus large de la région d’Abbotsford et de Chilliwack. Elle comprend les routes principales et a des étiquettes pour Abbotsford, la prairie Sumas, Chilliwack, l’autoroute transcanadienne, la vallée du Fraser, la Colombie-Britannique et les États-Unis. Les carreaux de grille ombrés montrent une concentration de carreaux sombres sur les zones urbaines d’Abbotsford et de Chilliwack, et de carreaux plus clairs autour de la prairie Sumas.
La deuxième partie de la carte offre une vue rapprochée de la prairie Sumas. Elle comprend une deuxième légende indiquant que l’étendue de l’inondation est présentée par une zone hachurée.
Cette vue rapprochée montre les zones inondées au moyen de zones hachurées, ainsi que les carreaux de grille ombragés par quintile. Elle montre aussi les lignes ferroviaires, les routes et les autoroutes. Elle comprend des étiquettes suivantes :
- Abbotsford
- Sahhacum
- Clayburn
- Vye
- Ruisseau Poignant
- Pic McKee
- Straiton
- Kilgard
- Upper Sumas
- Norton
- Ruisseau Marshall
- Bourbier Arnold
- Arnold
- Sumas Mountain
- Prairie Sumas
- Pic Taggart
- Lac Chadsey
- Barrowtown
- États-Unis
Les carreaux de grille qui correspondent aux zones inondées sont pour la plupart ombragés pour montrer qu’ils se situent dans le quintile inférieur des valeurs de PIB. Certains carreaux de grille autour de la partie nord d’Abbotsford et autour d’Arnold indiquent des valeurs de PIB plus élevées. Environ la moitié des carreaux de grille qui sont inondés ne montrent pas les valeurs de PIB.
Source : Statistique Canada, calculs des auteurs.
Bien que la mesure du PIB autour d’Abbotsford et de Chilliwack qui est susceptible d’avoir été directement touchée par les inondations soit limitée, par rapport à l’ensemble de l’économie de la Colombie-Britannique, les zones touchées représentent tout de même une partie importante de l’économie régionale, et les inondations constituent un choc important pour l’industrie agricole de la Colombie-Britannique. Selon les estimations, les inondations a eu une incidence directe sur 15,0 % de l’économie de la vallée du Fraser, et une bonne part des inondations ont touché des zones agricoles. La région d’Abbotsford et de Chilliwack est un secteur important pour l’élevage de bétail en Colombie-Britannique. Elle génère près du quart des revenus agricoles et représente le cinquième du capital agricole de la province (tableau 2). La production de bovins laitiers, de volailles et de porcs pour la Colombie-Britannique est concentrée dans cette région, elle représente une importante source de nourriture pour la province et elle fournit des intrants pour l’industrie de la fabrication des aliments.
Nombre d’exploitations agricoles | Bovins dans les fermes laitières | Tous les autres bovins | Production de volaille (kg) | Nombre de porcs | Employés agricoles | Revenus agricoles totaux (en milliers de dollars) | Capital agricole total (en milliers de dollars) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nombre | 2 234 | 78 130 | 10 861 | 147 269 884 | 69 689 | 8 628 | 1 569 814 | 7 879 811 |
Pourcentage du total pour la Colombie-Britannique | 12,75 | 51,39 | 2,14 | 61,90 | 78,42 | 25,11 | 38,46 | 21,00 |
|
À l’extérieur de la vallée du Fraser, Merritt et Princeton ont été frappés par des inondations majeures. Merritt a fait l’objet d’un ordre d’évacuation, tandis que la moitié de Princeton a été inondée après une rupture des digues (CBC, 2021b; CBC, 2021c). Au total, 4,6 % de l’économie de Thompson-Nicola et 6,2 % de l’économie d’Okanagan-Similkameen semblent avoir été directement touchés par les perturbations subies dans ces villes. Cela représente 0,2 % de l’économie de la Colombie-Britannique en 2018.
Mesurer l’activité économique dans les zones inondées
Bien qu’il soit possible de produire des mesures expérimentales de l’activité économique, le processus n’est pas simple et les estimations comportent un certain degré d’incertitude. Pour déterminer l’ampleur de l’activité économique qui a été potentiellement touchée par ces pluies diluviennes, il faut d’abord déterminer les entreprises qui ont été touchées et la valeur de production que cela représente. Une estimation est fournie ici pour les emplacements d’entreprises situés dans les zones inondées et à moins de 500 mètres de ces dernières. On suppose ces emplacements d’entreprises sont les plus susceptibles d’avoir été directement touchés par les inondations. Les emplacements qui ont subi des répercussions indirectes, comme le port de Vancouver ou les emplacements d’entreprises de camionnage du Lower Mainland qui ont dû reporter des expéditions en raison de la fermeture de routes dans la vallée du Fraser, ne sont pas inclus. Il n’est pas clair dans quelle mesure les entreprises et les exploitations agricoles situées à l’extérieur des zones inondées ont cessé ou réduit leurs activités. Par conséquent, l’estimation ici porte uniquement sur les emplacements d’entreprises ayant la plus grande probabilité de perturbation directe.
Pour déterminer la valeur de la production qui a pu être perturbée, le point de départ était les données à l’échelle de l’entreprise utilisées pour mesurer le PIB selon la taille de l’entrepriseNote . Ces données sont des mesures directes du PIB pour les emplacements de petites entreprises et des estimations des valeurs de production pour les emplacements de grandes entreprises à emplacements multiples. Comme les données utilisées pour créer le fichier ne sont accessibles qu’avec un décalage, la plus récente année est 2018, et les valeurs de cette année sont présentées ici.
Pour déterminer la valeur de l’activité économique qui peut avoir été touchée, les renseignements à l’échelle de l’entreprise ont été combinés aux coordonnées géographiques du Registre des entreprises de Statistique Canada pour localiser géographiquement les emplacements d’entreprises. Les renseignements sur l’ampleur des inondations tirés des images satellitaires ont ensuite été utilisés pour déterminer les emplacements d’entreprises se trouvant à moins de 500 mètres des zones inondées et, par conséquent, la proportion du PIB qui peut avoir été directement touchée.
Cette approche fournit une méthode pour estimer le pourcentage du PIB et le nombre d’emplacements d’entreprises qui peuvent avoir subi les répercussions directes des inondations. Toutefois, une mise en garde s’impose. Les estimations du PIB à l’échelle de l’entreprise n’ont pas été établies pour faire des comparaisons à un niveau géographique détaillé. Elles comprennent un certain nombre de caractéristiques qui peuvent produire des erreurs à un niveau détailléNote . Les estimations doivent donc être considérées comme une indication de l’ampleur des perturbations plutôt que comme une comptabilisation exacte de ses effets.
Conclusion
Les estimations expérimentales démontrent l’utilité de la géolocalisation des activités de production. Dans le cas des inondations en Colombie-Britannique, les inondations semblent avoir touché directement des zones qui représentaient environ 0,9 % du PIB de la Colombie-Britannique en 2018, et cet effet semble être concentré dans un certain nombre d'endroits. Les inondations autour d'Abbotsford-Chilliwack représentaient environ 0,7 point de pourcentage du PIB, tandis que les inondations dans et autour des villes de Merritt et de Princeton représentaient chacune 0,1 point de pourcentage du PIB. Bien que ces estimations ne présentent pas l'intégralité de l'impact des inondations, elles constituent une base à partir de laquelle les impacts peuvent commencer à être calculés.
Références
Accuweather. (2021). Consulté le 25 novembre 2021. https://www.accuweather.com/en/severe-weather/death-toll-climbs-following-catastrophic-flooding-in-british-columbia/1049096.
Brown M. et R. Rispoli. (2014). Produit intérieur brut métropolitain : estimations expérimentales, 2001 à 2009 (Aperçus économiques, no 42). Statistique Canada.
CBC. (2021a). Consulté le 25 novembre 2021. These graphics show just how much record-breaking rain hit southern B.C. recently. https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/bc-record-rainfall-graphics-1.6254271.
CBC. (2021b). Consulté le 26 novembre 2021. City of Merritt releases return-home plan for flooded-out residents. https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/merritt-residents-returning-1.6258088.
CBC. (2021c). Consulté le 26 novembre 2021. Town of Princeton swamped after floodwaters breach dike. https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/princeton-flooding-2021-1.6249710.
Innovation, Science et Développement économique Canada. (2021). Principales statistiques relatives aux petites entreprises. https://www.ic.gc.ca/eic/site/061.nsf/fra/h_03126.html
Leung, D., Rispoli, L., et Chan, R. (2012). Les petites, moyennes et grandes entreprises dans l’économie canadienne : mesure de leur contribution au produit intérieur brut de 2001 à 2008 (Série de documents de recherche sur l’analyse économique, no 82). Statistique Canada.
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