Rapports économiques et sociaux
Les étudiants étrangers comme source de main-d’œuvre : transition vers la résidence permanente

Date de diffusion : le 23 juin 2021

DOI: https://doi.org/10.25318/36280001202100600002-fra

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Résumé

Les étudiants étrangers sont de plus en plus considérés comme un bassin prometteur de personnes qualifiées qui peuvent être mises à contribution pour participer au marché du travail canadien. Il s’agit d’un important facteur de motivation pour offrir à ces étudiants des voies d’accès à la résidence permanente. Cet article examine la proportion d’étudiants étrangers qui sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement selon diverses caractéristiques sociodémographiques. Les résultats indiquent que les étudiants étrangers arrivés au Canada pendant les années 2000 et au début des années 2010 affichent des taux semblables de transition vers la résidence permanente cinq ans après avoir reçu leur premier permis d’études. Parmi les étudiants étrangers qui sont arrivés dans les années 2000, environ 3 sur 10 sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans suivant leur arrivée. Cette proportion passe à 5 sur 10 pour les étudiants à la maîtrise et à 6 sur 10 pour les étudiants au doctorat. La proportion d’étudiants étrangers qui ont travaillé pendant leurs études ou après avoir obtenu leur diplôme est en croissance. Parmi les étudiants étrangers qui ont travaillé pendant leurs études ou par la suite, 6 sur 10 sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études. Des niveaux plus élevés de revenus d’emploi pendant les études ou après l’obtention du diplôme sont associés à une probabilité accrue de transition vers la résidence permanente.

Auteurs

Youjin Choi et Feng Hou travaillent à la Division de l’analyse sociale et de la modélisation, au sein de la Direction des études analytiques à Statistique Canada. Eden Crossman travaille à la Direction de la recherche et de l’évaluation à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Remerciements

Cette étude a été menée en collaboration avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Les auteurs tiennent à remercier Cédric de Chardon, Rebeka Lee, Katherine Wall et Linda Wang de leurs conseils et leurs commentaires relatifs à version antérieure de la présente.

Introduction

Un nombre croissant d’étudiants étrangers choisissent le Canada comme destination d’études, et le nombre de titulaires de permis d’études est passé de 122 700 en 2000 à 642 500 en 2019 (IRCC, 2020). De plus en plus, les étudiants étrangers sont considérés comme un bassin prometteur de personnes qualifiées qui peuvent être mises à contribution pour participer au marché du travail canadien. Selon la Stratégie en matière d’éducation internationale 2019-2024 du gouvernement du Canada, les étudiants étrangers sont « d’excellents candidats à la résidence permanente : ils sont relativement jeunes, maîtrisent au moins une des deux langues officielles, possèdent des diplômes canadiens et peuvent aider à répondre aux besoins actuels et futurs du marché du travail canadien, particulièrement en ce qui concerne les travailleurs hautement qualifiés » (gouvernement du Canada, 2019, p. 5). En tant que résidents permanents, les anciens étudiants étrangers peuvent bénéficier de certains avantages sur le marché du travail par rapport aux immigrants qui ont étudié à l’étranger. Les étudiants étrangers se heurtent à moins d’obstacles en ce qui concerne la reconnaissance des titres de compétences et la maîtrise de la langue, ils connaissent la culture et ils ont déjà établi des réseaux sociaux au Canada. Pour ces raisons, il y a un intérêt considérable à mieux comprendre le contexte dans lequel les étudiants étrangers obtiennent le statut de résident permanent ainsi que la mesure dans laquelle ils le deviennent.

En plus de servir à attirer et à sélectionner des étudiants étrangers, le Programme des étudiants étrangers du Canada a évolué pour aider ces étudiants à accéder à des possibilités d’emploi et à faire la transition vers la résidence permanente. Des possibilités de résidence permanente sont offertes aux étudiants étrangers actuels et aux nouveaux diplômés, dont ceux qui travaillent déjà au Canada à titre de travailleurs temporaires. Les titres de compétence et l’expérience de travail au Canada aident les résidents temporaires à obtenir la résidence permanente. La catégorie de l’expérience canadienne été créée en 2008, dans l’intention expresse d’offrir des possibilités de résidence permanente aux travailleurs étrangers temporaires qualifiés, y compris ceux qui ont passé du temps au Canada à titre d’étudiants étrangers. De nombreux programmes des candidats des provinces ont également été instaurés pour attirer de nouveaux diplômés (avec ou sans offre d’emploi) ainsi que des travailleurs étrangers temporaires. En vertu du système de sélection et de gestion des demandes Entrée express (mis sur pied en 2015), des points sont accordés aux personnes qui ont étudié ou travaillé au pays ou dont le conjoint ou la conjointe, le cas échéant, a étudié ou travaillé au Canada.

Les anciens étudiants étrangers peuvent être admissibles à travailler au Canada après l’obtention de leur diplôme grâce à un permis de travail postdiplôme (PTPD). Le Programme de permis de travail postdiplôme (PPTPD), qui s’adresse aux travailleurs temporaires, s’inscrit dans le Programme de mobilité internationale (PMI) et est considéré comme une composante clé du Programme des étudiants étrangers. Le PPTPD permet aux étudiants qui ont obtenu leur diplôme auprès d’un établissement d’enseignement postsecondaire canadien reconnu d’acquérir de l’expérience de travail au Canada et possiblement l’expérience de travail nécessaire pour présenter une demande d’admission à divers programmes d’immigration économique.

Le présent article fait état des tendances dans les taux de transition des étudiants étrangers au Canada vers la résidence permanente, et les résultats présentés viennent compléter les travaux de Lu et Hou (2015). Il porte sur les titulaires d’un premier permis d’études, obtenu en 2000 ou plus tardNote . Le terme « titulaire d’un premier permis d’études » désigne les étudiants étrangers qui n’ont reçu aucun autre permis d’études au cours des 10 années précédentes (très peu de titulaires actuels d’un permis d’études possédaient un autre permis d’études 10 ans plus tôt)Note . Les étudiants étrangers sont regroupés en trois cohortes selon l’année de délivrance du premier permis d’études (2000 à 2004, 2005 à 2009 et 2010 à 2014). Les transitions du statut de résident temporaire au statut de résident permanent sont établies à partir des taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente (par cohorte), c’est-à-dire la proportion d’étudiants étrangers qui sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement un certain nombre d’années après avoir obtenu leur premier permis d’études. L’analyse est fondée sur les données de la Base de données longitudinales sur l’immigration (BDIM), qui ont été intégrées aux fichiers de données fiscales T4Note .

Cet article s’inscrit dans une série de publications dressant un portrait général des étudiants étrangers comme source de main-d’œuvre au Canada. Il y est question de la proportion d’étudiants étrangers qui sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement selon diverses caractéristiques sociodémographiques au moment de leur arrivée au Canada, y compris le niveau de scolarité prévu. L’article traite aussi de la transition vers la résidence permanente selon des facteurs postérieurs à l’arrivée, comme l’expérience de travail pendant la période d’études et après l’obtention du diplôme. Enfin, on propose une comparaison des étudiants étrangers et des titulaires d’un autre type de permis de séjour temporaire arrivés au Canada à titre de travailleurs temporaires en ce qui concerne la transition vers la résidence permanente.

Trois titulaires d’un premier permis d’études sur 10 sont devenus des résidents permanents dans les 10 ans

Le graphique 1 montre les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente chez les étudiants étrangers pour les cohortes qui sont arrivées entre 2000 et 2004, entre 2005 et 2009 et entre 2010 et 2014. Parmi les étudiants étrangers qui ont obtenu leur premier permis d’études entre 2000 et 2004, 21 % ont obtenu la résidence permanente dans les cinq ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études. Cette proportion est passée à 31 % lorsqu’on a prolongé la période d’observation aux 10 premières années suivant l’obtention du premier permis d’études, et à 33 % lorsqu’on l’a prolongée à la 15e année.

Les trois cohortes successives affichaient des tendances relativement semblables pour les taux de transition cumulatifs. Le délai entre l’obtention du premier permis d’études et l’immigration semble avoir augmenté. Il est important de noter qu’une part décroissante d’étudiants étrangers sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement au cours des trois premières années suivant l’obtention de leur premier permis d’études (13 % pour la cohorte de 2000 à 2004 et 8 % pour la cohorte de 2010 à 2014). Toutefois, les taux de transition cumulatifs n’ont pas diminué à long terme, mais ont légèrement augmenté avec les cohortes successives.

Graphique 1 Taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente chez les étudiants étrangers

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Années depuis l’obtention du premier permis d’études (titres de rangée) et Cohorte de 2000 à 2004, Cohorte de 2005 à 2009 et Cohorte de 2010 à 2014, calculées selon taux de transition cumulatifs (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années depuis l’obtention du premier permis d’études Cohorte de 2000 à 2004 Cohorte de 2005 à 2009 Cohorte de 2010 à 2014
taux de transition cumulatifs (%)
1 4,3 3,5 2,0
2 8,4 7,3 4,2
3 13,1 11,4 8,3
4 17,1 15,4 14,5
5 20,5 19,2 19,5
6 23,3 22,4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
7 25,7 25,4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
8 27,8 28,2 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
9 29,4 30,5 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
10 30,5 31,7 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
11 31,3 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
12 31,9 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
13 32,3 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
14 32,7 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
15 32,9 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

La moitié des titulaires d’un premier permis d’études qui sont venus faire des études supérieures sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans

Les taux de transition des étudiants étrangers vers la résidence permanente varient en fonction de différentes caractéristiques sociodémographiques, comme le sexe, l’âge, le niveau de scolarité, la province de destination et le pays d’origine. Le tableau 1 présente ces taux de transition selon les caractéristiques sociodémographiques à la cinquième et à la dixième année suivant l’obtention du premier permis d’études par les étudiants étrangers.

Dans l’ensemble des cohortes, les étudiants étrangers de sexe masculin et féminin affichaient des taux semblables de transition vers la résidence permanente. Parmi les trois plus jeunes groupes d’âge (les 17 ans et moins, les 18 à 24 ans et les 25 à 34 ans), le groupe le plus âgé affichait les taux de transition les plus élevés, et ceux-ci se sont également accrus avec les cohortes successives. En revanche, les taux de transition cumulatifs sur cinq ans pour les étudiants ayant obtenu leur premier permis d’études à l’âge de 17 ans ou moins ont diminué au fil des trois cohortes.

Chez ceux qui ont obtenu leur premier permis d’études pour des études postsecondaires au Canada, on a constaté une relation positive entre le niveau de scolarité du premier permis et les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente au cours de la dixième année suivant l’obtention du premier permis d’études. Les études de cycles supérieurs étaient associées à des taux de transition cumulatifs plus élevés que les études postsecondaires de niveau inférieur. En effet, 5 étudiants à la maîtrise et 6 étudiants au doctorat sur 10 sont devenus des résidents permanents dans les 10 ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études, comparativement à 1 étudiant au baccalauréat sur 3.

Dans l’ensemble des cohortes, on observe d’importants changements dans les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente sur cinq ans, selon le niveau de scolarité, le plus marqué étant l’augmentation du taux de transition chez les étudiants de niveau collégial. De la cohorte de 2000 à 2004 à la cohorte de 2010 à 2014, la proportion d’étudiants étrangers qui sont devenus des résidents permanents cinq ans après avoir obtenu leur premier permis d’études a plus que doublé pour les titulaires d’un permis d’études postsecondaires non universitaires, mais a diminué de moitié pour les titulaires d’un permis d’études aux niveaux du baccalauréat et du doctorat (et est demeurée relativement stable pour les titulaires d’un permis d’études au niveau de la maîtrise)Note .

Les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente différaient également selon la province de destination pour le premier permis d’études. Pour la cohorte arrivée au début des années 2000, le taux de transition cumulatif sur 10 ans était le plus faible parmi les étudiants qui devaient initialement étudier en Colombie-Britannique (20 %) et le plus élevé parmi ceux qui devaient initialement étudier à Terre-Neuve-et-Labrador (39 %) et en Ontario (38 %). Lorsqu’on compare cette cohorte antérieure avec celle arrivée entre 2005 et 2009, on observe une forte augmentation du taux de transition cumulatif sur 10 ans pour les étudiants qui devaient initialement étudier en Alberta et à l’Île-du-Prince-Édouard. Pour la cohorte de 2005 à 2009, le taux de transition était le plus élevé en Alberta (42 %) et était encore le plus faible en Colombie-Britannique (21 %).

Le taux de transition variait aussi grandement selon le pays d’origine des étudiants étrangers. Lu et Hou (2015) ont déterminé que le taux de transition vers la résidence permanente pour les étudiants étrangers est influencé par le niveau de développement économique dans leur pays d’origine. En effet, les étudiants étrangers provenant d’un pays dont le produit intérieur brut (PIB) par habitant est faible (comme l’Inde) affichaient en général des taux de transition vers la résidence permanente plus élevés que ceux provenant d’un pays dont le PIB par habitant est plus élevé (comme la Corée du Sud). La transition vers la résidence permanente chez les étudiants étrangers est déterminée par une combinaison de plusieurs contraintes (p. ex. le respect des exigences en matière de résidence permanente et la motivation; les étudiants provenant d’un pays dont les conditions socioéconomiques sont semblables à celles du Canada sont moins enclins à demander la résidence permanente au Canada). Parmi les pays d’origine énumérés au tableau 1, les étudiants étrangers du Nigeria, de l’Inde, du Vietnam et de la Chine présentaient des taux de transition de deux à trois fois plus élevés que ceux des autres pays dans les 10 ans suivant l’obtention du premier permis d’études. Notamment, les taux de transition cumulés des étudiants étrangers du Nigeria, du Vietnam et de la Chine cinq ans après avoir obtenu leur premier permis d’études ont diminué considérablement dans les trois cohortes successives, tandis que ceux des étudiants indiens ont augmenté.


Tableau 1
Nombre d’étudiants étrangers et leurs taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente 5 ans et 10 ans après avoir obtenu leur premier permis d’études, selon les caractéristiques sociodémographiques au moment de l'obtention du premier permis d’études
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre d’étudiants étrangers et leurs taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente 5 ans et 10 ans après avoir obtenu leur premier permis d’études Nombre de titulaires d’un premier permis d’études, Taux de transition cumulatifs par cohorte, 5 ans après avoir obtenu un premier permis d’études, 10 ans après avoir obtenu un premier permis d’études, 2000
à 2004, 2005
à 2009 et 2010
à 2014, calculées selon nombre et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nombre de titulaires d’un premier permis d’études Taux de transition cumulatifs par cohorte
5 ans après avoir obtenu un premier permis d’études 10 ans après avoir obtenu un premier permis d’études
2000
à 2004
2005
à 2009
2010
à 2014
2000
à 2004
2005
à 2009
2010
à 2014
2000
à 2004
2005
à 2009
nombre pourcentage
Tous 354 510 357 580 530 290 21 19 20 31 32
Sexe
Homme 181 230 190 090 288 370 21 19 20 31 32
Femme 173 280 167 490 241 920 20 19 19 30 32
Âge au moment de l’obtention du premier permis d’études
0 à 17 ans 80 230 83 920 108 340 25 19 15 31 25
18 à 24 ans 185 760 192 770 304 970 14 14 16 27 31
25 à 34 ans 72 780 67 830 99 750 28 31 34 35 40
35 à 44 ans 11 950 9 940 13 580 41 41 33 47 49
45 à 54 ans 2 910 2 360 2 970 39 41 30 44 47
55 ans et plus 820 610 580 38 34 21 41 40
Niveau de scolarité pour le premier permis d’études obtenu
Primaire 30 310 33 430 27 100 38 27 35 45 32
Secondaire 59 100 54 920 87 230 18 14 9 26 21
Postsecondaire non universitaire 101 040 81 240 110 140 13 17 30 24 30
Universitaire – baccalauréat 52 890 70 090 93 380 17 13 8 35 36
Universitaire – maîtrise 21 550 27 140 40 890 42 40 41 50 53
Universitaire – doctorat 6 660 9 760 13 730 50 44 23 59 59
Autre 82 920 79 420 120 960 19 17 12 26 26
Non déclaré 70 1 540 36 860 44 41 33 56 59
Destination pour le premier permis d’études obtenu
Terre-Neuve-et-Labrador 1 520 2 500 2 920 26 20 19 39 36
Île-du-Prince-Édouard 600 1 040 1 430 14 21 13 22 33
Nouvelle-Écosse 9 290 10 230 13 790 13 13 11 24 25
Nouveau-Brunswick 4 820 5 440 5 830 19 20 16 37 35
Québec 54 670 54 920 75 200 26 23 20 34 37
Ontario 132 480 126 330 229 830 26 22 23 38 37
Manitoba 8 510 7 900 11 140 22 22 22 34 37
Saskatchewan 5 880 6 110 7 000 21 25 32 35 39
Alberta 26 160 26 210 28 900 19 27 30 29 42
Colombie-Britannique 110 290 116 710 149 970 12 12 13 20 21
Territoires 250 180 110 15 27 27 25 32
Pays d’origine
États-Unis 23 890 19 950 18 880 12 11 11 17 19
Mexique 17 580 12 800 15 270 9 10 11 12 16
Brésil 6 270 8 050 23 650 11 12 8 15 17
France 18 900 22 130 33 510 14 12 9 20 23
Nigeria 2 340 3 650 10 550 52 38 30 72 67
Chine 47 750 55 420 119 950 22 17 13 49 43
Japon 28 890 21 170 19 670 4 5 4 7 8
Corée du Sud 64 270 66 220 41 420 11 9 10 15 14
Vietnam 2 450 2 040 5 520 41 23 21 60 53
Inde 9 710 17 520 69 950 39 42 46 58 66
Autre pays 132 410 128 620 171 970 31 28 22 41 40

Au total, 6 titulaires d’un premier permis d’études sur 10 qui ont travaillé pendant ou après leurs études sont devenus des résidents permanents

Au-delà du permis d’études dont ils étaient titulaires à leur arrivée au Canada, de nombreux étudiants étrangers ont aussi acquis une expérience supplémentaire à titre de résidents temporaires, que ce soit en prolongeant leurs études, en occupant un emploi pendant leurs études ou en décrochant un emploi après l’obtention de leur diplôme. Cette section présente les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente pour les étudiants étrangers selon certaines caractéristiques postérieures à l’arrivée. Ces caractéristiques postérieures à l’arrivée ont trait au changement du statut de résident temporaire et à l’expérience de travail au Canada avant de devenir un immigrant admis ou avant la plus récente année de données de feuillets T4 disponibles (2017).

Les trois premières colonnes du tableau 2 présentent la répartition des étudiants étrangers selon certaines caractéristiques postérieures à l’arrivée pour les trois cohortes. En ce qui concerne les changements du statut de résident temporaire, plus de la moitié des étudiants étrangers ont obtenu un permis de séjour temporaire supplémentaire (de travail, d’études ou autre, comme indiqué dans le tableau 2) après avoir obtenu leur premier permis d’études; cette proportion a augmenté pour les trois cohortes successives. La proportion d’étudiants étrangers qui ont obtenu un PTPD a notamment triplé au fil du temps, atteignant 33 % parmi ceux qui sont arrivés pour la première fois comme étudiants étrangers entre 2010 et 2014Note . Pendant ce temps, la proportion d’étudiants étrangers qui sont demeurés au Canada avec un permis d’études (c.-à-d. qui n’ont jamais obtenu d’autres types de permis de séjour temporaire) a diminué dans les trois cohortes. Autrement dit, une proportion croissante d’étudiants étrangers sont restés au Canada et y ont travaillé après y être venus, à l’origine, comme étudiants étrangers. Rendant compte de ce changement, une proportion croissante d’étudiants étrangers touchaient un revenu au Canada après l’obtention de leur premier permis d’études; près de la moitié de ceux arrivés au cours de la période de 2010 à 2014 avaient de l’expérience de travail au Canada. Parmi les étudiants étrangers ayant déclaré un revenu d’emploi, plus de la moitié gagnaient moins de 20 000 $ par année (en dollars de 2017).

Les autres colonnes du tableau 2 présentent les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente pour les étudiants étrangers à compter des cinquième et dixième années suivant l’obtention de leur premier permis d’études, selon certaines caractéristiques postérieures à l’arrivée. Les étudiants étrangers qui ont obtenu un permis de séjour temporaire supplémentaire affichaient un taux de transition deux fois plus élevé à compter de la cinquième année suivant leur arrivée au Canada et trois fois plus élevé à compter de la dixième année, comparativement à ceux qui n’ont obtenu qu’un permis d’études. Il est possible que les étudiants qui avaient l’intention de demander la résidence permanente aient été plus susceptibles de demander des permis supplémentaires pour prolonger leur séjour au Canada afin d’améliorer leurs qualifications pour la sélection des immigrants.

Les étudiants étrangers qui ont obtenu un permis de travail affichaient un taux de transition vers la résidence permanente beaucoup plus élevé que ceux qui n’en ont pas obtenu. Pour la cohorte de 2010 à 2014, les étudiants étrangers qui ont obtenu un PTPD avaient un taux de transition sur cinq ans plus élevé que ceux qui ont obtenu d’autres types de permis de travail dans le cadre du PMI, bien que le contraire ait été le cas pour les deux cohortes précédentes. Parmi les étudiants étrangers qui ont obtenu un PTPD, 62 % sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études, une proportion légèrement plus élevée que celle des étudiants étrangers qui ont obtenu un autre type de permis de travail dans le cadre du PMI (59 % et 46 % pour les cohortes de 2000 à 2004 et de 2005 à 2009, respectivement) et plus du double de la proportion de ceux qui ont obtenu un permis d’études seulement (28 % et 23 % pour les cohortes de 2000 à 2004 et de 2005 à 2009, respectivement).

Conformément aux constatations antérieures, 6 étudiants étrangers sur 10 qui ont perçu un revenu au Canada sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études. Pour la cohorte de 2005 à 2009, il y avait un lien positif évident entre le niveau de revenu annuel des résidents temporaires au Canada et les taux de transition cumulatifs sur 10 ans. Environ 9 étudiants étrangers sur 10 qui touchaient un revenu canadien de plus de 50 000 $ (en dollars de 2017) sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études, alors que la proportion correspondante pour ceux qui touchaient moins de 20 000 $ était plus près de la moitié (p. ex. 87 % par rapport à 46 % pour la cohorte de 2005 à 2009).

En résumé, les étudiants étrangers qui ont acquis de l’expérience de travail au Canada pendant leurs études ou après l’obtention de leur diplôme étaient beaucoup plus susceptibles de devenir des immigrants admis. De plus, il semble y avoir une relation positive entre le niveau de rémunération et le taux de transition vers la résidence permanente, ce qui donne à penser que les personnes ayant un emploi mieux rémunéré ou un degré de qualification professionnelle plus élevé étaient plus susceptibles de devenir des résidents permanents.


Tableau 2
Taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente pour les étudiants étrangers, 5 ans et 10 ans après avoir obtenu leur premier permis d’études, selon certaines caractéristiques postérieures à l’arrivée
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente pour les étudiants étrangers Caractéristiques, Taux de transition cumulatifs, Premier permis d’études obtenu, 5 ans après avoir obtenu un premier permis d’études, 10 ans après avoir obtenu un premier permis d’études, 2000
à 2004, 2005
à 2009 et 2010
à 2014, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Taux de transition cumulatifs
Premier permis d’études obtenu 5 ans après avoir obtenu un premier permis d’études 10 ans après avoir obtenu un premier permis d’études
2000
à 2004
2005
à 2009
2010
à 2014
2000
à 2004
2005
à 2009
2010
à 2014
2000
à 2004
2005
à 2009
pourcentage
Dans l’ensemble 100 100 100 21 19 20 31 32
Possédait un autre permis de séjour temporaire au Canada
Non 42 38 28 12 12 10 13 13
Oui 58 62 72 27 24 23 43 43
Permis de travail postdiplôme 11 23 33 16 21 33 62 62
Autre permis de travail en vertu du Programme de mobilité internationale (PMI) (aucun permis de travail postdiplôme obtenu) 14 16 16 43 34 21 59 46
Permis de travail en vertu du Programme des travailleurs étrangers temporaires (aucun permis de travail obtenu dans le cadre du PMI) 1 0 0 29 36 37 56 53
Demande d’asile ou permis de séjour temporaire (aucun permis de travail obtenu) 1 0 0 29 17 25 40 24
Autre permis d’études (aucun autre type de permis temporaire obtenu) 31 23 22 23 19 11 28 23
Touchait un revenu au Canada
Non 69 62 53 13 11 9 16 13
Oui 31 38 47 37 32 32 63 62
Revenu annuel le plus élevé au Canada (en dollars de 2017)
Moins de 20 000 $ 19 20 25 41 33 19 57 46
20 000 $ à 49 999 $ 9 13 16 34 32 44 73 76
50 000 $ ou plus 3 5 5 24 31 59 73 87

Les titulaires d’un premier permis de travail étaient plus susceptibles de devenir des résidents permanents à court terme, mais les taux de transition pour les titulaires d’un premier permis d’études ont comblé l’écart à long terme

La dernière partie de cette analyse vise à déterminer si les étudiants étrangers affichaient des taux plus élevés de transition vers la résidence permanente que les personnes arrivées au Canada en tant que travailleurs temporaires. Le graphique 2 compare les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente entre les personnes qui sont arrivées pour la première fois au Canada dans les années 2000 pour y étudier et celles qui sont arrivées pour la première fois au Canada dans les années 2000 pour y travailler. Cette comparaison porte sur les titulaires d’un premier permis d’études et d’un premier permis de travail qui n’avaient pas obtenu un permis de séjour temporaire au cours des 10 années précédentes. Veuillez noter que cette section définit les titulaires d’un premier permis d’études de façon plus restrictive que la section précédente, où ils auraient pu obtenir un autre type de permis de séjour temporaire avant leur premier permis d’études.

Parmi les personnes arrivées au début des années 2000, la proportion de celles qui sont devenues des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement était plus élevée chez les titulaires d’un premier permis de travail au cours des cinq premières années suivant leur arrivée. Cependant, à long terme, la part des titulaires d’un premier permis d’études a rattrapé et dépassé le taux pour les titulaires d’un permis de travail. La proportion d’étudiants étrangers qui ont fait la transition vers la résidence permanente a atteint 29 % au cours de la 15e année suivant leur arrivée au Canada; le taux correspondant était de 22 % pour les titulaires d’un premier permis de travail.

Pour la cohorte de 2005 à 2009, les taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente pour les titulaires d’un premier permis de travail étaient considérablement plus élevés que ceux de la cohorte précédente. Bien que les taux de transition cumulatifs pour ces deux cohortes aient commencé à un niveau semblable, le taux de transition pour la dernière cohorte a atteint 33 % la 10e année, comparativement à 21 % pour la cohorte précédente. La croissance des taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente pour les titulaires d’un premier permis de travail est attribuable aux participants du Programme des travailleurs étrangers temporaires, un groupe dont le taux cumulatif de transition vers la résidence permanente s’élève à 46 % à la 10e année suivant l’arrivée au Canada (par rapport à 24 % pour les participants du PMI). Même si le taux de transition vers la résidence permanente des étudiants étrangers arrivés au cours de la deuxième moitié des années 2000 était également plus élevé que celui de leurs homologues de la cohorte précédente, leur taux de transition cumulatif à la 10e année, qui s’est chiffré à 30 %, était inférieur à celui des titulaires d’un permis de travail.

Graphique 2 Taux cumulatifs de transition vers la résidence permanente chez les titulaires d’un premier permis d’études et d’un premier permis de travail

Tableau de données du graphique2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Années écoulées depuis l’obtention du premier permis de séjour temporaire (titres de rangée) et Titulaires d'un permis d’études, cohorte de 2000 à 2004, Titulaires d'un permis d’études, cohorte de 2005 à 2009, Titulaires d'un permis de travail, cohorte de 2000 à 2004 et Titulaires d'un permis de travail, cohorte de 2005 à 2009, calculées selon taux de transition cumulatifs (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années écoulées depuis l’obtention du premier permis de séjour temporaire Titulaires d'un permis d’études, cohorte de 2000 à 2004 Titulaires d'un permis d’études, cohorte de 2005 à 2009 Titulaires d'un permis de travail, cohorte de 2000 à 2004 Titulaires d'un permis de travail, cohorte de 2005 à 2009
taux de transition cumulatifs (%)
1 2,3 2,5 5,9 5,6
2 5,3 5,7 8,8 10,2
3 9,3 9,5 12,9 16,3
4 13,1 13,4 16,6 21,4
5 16,3 17,1 18,6 25,3
6 19,1 20,4 19,7 28,3
7 21,6 23,4 20,3 30,3
8 23,7 26,3 20,7 31,6
9 25,3 28,7 21,0 32,4
10 26,5 30,0 21,3 32,8
11 27,3 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 21,4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
12 27,9 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 21,6 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
13 28,3 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 21,7 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
14 28,7 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 21,8 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
15 28,9 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 21,9 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Conclusion

Au cours des 20 dernières années, l’arrivée d’étudiants étrangers au Canada a considérablement augmenté. Le présent article fait état des taux de transition vers la résidence permanente chez les étudiants étrangers ainsi que de l’évolution de ces taux au fil du temps. Selon les résultats, environ 3 étudiants étrangers sur 10 arrivés au Canada en 2000 ou plus tard sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études. Cette proportion s’élève à plus de la moitié chez les étudiants étrangers qui sont venus étudier pour obtenir une maîtrise ou un doctorat.

Parmi les étudiants étrangers qui sont arrivés au Canada entre 2010 et 2014, la proportion d’étudiants qui sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les cinq ans suivant leur arrivée était la plus élevée parmi ceux qui avaient l’intention de s’inscrire à un programme d’enseignement postsecondaire non universitaire ou à un programme de maîtrise. Ces programmes sont généralement d’une durée relativement courte, de un à deux ans dans bien des cas.

Les résultats ont aussi démontré que 6 étudiants étrangers sur 10 qui travaillaient pendant leurs d’études ou après l’obtention de leur diplôme sont devenus des immigrants ayant obtenu le droit d’établissement dans les 10 ans suivant l’obtention de leur premier permis d’études. Des niveaux plus élevés de revenu d’emploi pendant les études ou après l’obtention du diplôme étaient associés à une probabilité accrue de transition vers la résidence permanente. Ensemble, ces résultats indiquent que le fait d’avoir acquis de l’expérience de travail au Canada, particulièrement dans des emplois bien rémunérés, rend compte de la motivation des étudiants étrangers à s’établir de façon permanente au Canada et de leur capacité de satisfaire aux exigences de qualification pour la résidence permanente.

References

Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). 2010. Évaluation du Programme des étudiants étrangers. Division de l’évaluation. Ottawa : IRCC.

Gouvernement du Canada. 2019. Miser sur le succès : la Stratégie en matière d’éducation internationale (2019-2024). Ottawa : gouvernement du Canada.

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). 2020. Canada – Titulaires de permis d’études en date du 31 décembre selon la province / le territoire de destination envisagé(e) et niveau études, 2000 – 2020 [tableau de données]. http://www.cic.gc.ca/opendata-donneesouvertes/data/IRCC_M_TRStudy_0008_F.xls (consulté le 10 décembre 2020).

Lu, Y. et F. Hou. 2015. Les étudiants étrangers qui deviennent des résidents permanents au Canada. Regards sur la société canadienne. Produit no 75-006-X au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

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