Rapports économiques et sociaux
Un indicateur du marché du travail utile

par René Morissette

Date de diffusion : le 24 mars 2021

DOI : https://doi.org/10.25318/36280001202100300001-fra

Souvent, les analystes utilisent les taux de chômage et d’activité comme indicateurs clés du dynamisme, ou du manque de dynamisme, du marché du travail, alors que certains analystes souhaitent connaître le pourcentage d’emplois qui sont temporaires ou à temps partiel, ou le pourcentage de travailleurs autonomes. Un indicateur du marché du travail résume l’influence de ces cinq facteurs, à savoir le pourcentage de la population ayant un emploi rémunéré à temps plein et permanentNote .

Le pourcentage de la population ayant un emploi rémunéré permanent à temps plein est obtenu en multipliant les cinq composantes suivantes : 1) le pourcentage d’employés à temps plein qui ont un emploi permanent; 2) le pourcentage d’employés ayant un emploi à temps plein; 3) le pourcentage des travailleurs qui sont des employés; 4) le pourcentage des personnes actives sur le marché du travail qui ont un emploi; 5) le pourcentage de la population qui est active sur le marché du travail.

La première composante tient compte des emplois précaires (c.-à-d. qui ne sont pas permanents) parmi les emplois rémunérés à temps plein. La deuxième composante mesure la proportion des emplois à temps partiel parmi les emplois rémunérés. La troisième composante équivaut à 1 moins le taux de travail autonome. La quatrième composante équivaut à 1 moins le taux de chômage, et la cinquième composante représente le taux d’activité.

L’indicateur ainsi obtenu permet aux analystes de répondre à la question suivante : Dans quelle mesure les variations au fil du temps dans le pourcentage de la population ayant un emploi rémunéré permanent à temps plein sont-elles attribuables à chacune des cinq composantes susmentionnées ? Par exemple, dans quelle mesure une diminution de ce pourcentage est-elle le résultat 1) d’un nombre inférieur d’emplois rémunérés à temps plein qui sont permanents, 2) d’un nombre inférieur d’emplois rémunérés qui sont à temps plein, 3) d’un nombre inférieur d’emplois qui sont rémunérés, 4) d’un taux de chômage plus élevé, 5) d’un taux d’activité moins élevé?

Pour illustrer l’utilité de cet indicateur, le tableau 1 fournit la réponse à cette question pour deux groupes de personnes : les hommes de 15 à 24 ans ayant fait des études secondaires (jeunes hommes titulaires d’un diplôme d’études secondaires) et les hommes de 55 à 64 ans ayant fait des études secondaires (hommes plus âgés titulaires d’un diplôme d’études secondaires).

La première colonne du tableau 1 montre que le pourcentage des jeunes hommes titulaires d’un diplôme d’études secondaires qui ont un emploi rémunéré permanent à temps plein a baissé, passant de 57,7 % en 1998-1999 à 47,1 % en 2018-2019, ce qui représente une diminution de 18,4 % (c.-à-d. -10,6 points de pourcentage divisés par 57,7 %).

La partie inférieure du tableau 1 montre que les baisses de la proportion des emplois rémunérés à temps plein qui sont permanents, de la proportion des emplois rémunérés qui sont à temps plein et du taux d’activité représentent chacune environ le tiers de cette diminution de 18,4 %. Les variations du taux de chômage des jeunes hommes titulaires d’un diplôme d’études secondaires ou du degré auquel ils sont des travailleurs autonomes étaient relativement faibles. C’est pourquoi ces variations n’ont pratiquement eu aucune incidence sur la baisse observéeNote .

Tandis qu’un nombre proportionnellement inférieur de jeunes hommes titulaires d’un diplôme d’études secondaires avaient un emploi rémunéré permanent à temps plein en 2018-2019 par rapport à 1998-1999, le contraire est observé dans le cas des hommes plus âgés titulaires d’un diplôme d’études secondaires. Pendant cette période, le pourcentage des hommes plus âgés titulaires d’un diplôme d’études secondaires qui avaient un emploi rémunéré permanent à temps plein a augmenté, passant de 32,6 % à 44,1 %. Cela représente une hausse de 35,3 % (c.-à-d. 11,5 points de pourcentage divisés par 32,6 %). Deux facteurs représentent chacun environ la moitié de cette hausse de 35,3 %, soit la proportion croissante des hommes plus âgés titulaires d’un diplôme d’études secondaires qui sont des travailleurs rémunérés (c.-à-d. une baisse de leur taux de travail autonome) et leur taux d’activité à la hausse.

En résumé, le pourcentage de la population ayant un emploi rémunéré permanent à temps plein fournit des renseignements utiles qui synthétisent le rôle que jouent les variations touchant les caractéristiques de l’emploi, les taux de chômage et les taux d’activité. Il peut servir à mettre en lumière les variations touchant les caractéristiques de l’emploi au fil du temps ou parmi des groupes de personnesNote .


Tableau 1
Variations de la proportion de la population ayant un emploi rémunéré permanent à temps plein, de 1998-1999 à 2018-2019, hommes de 15 à 24 ans et de 55 à 64 ans ayant fait des études secondaires
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Variations de la proportion de la population ayant un emploi rémunéré permanent à temps plein Hommes de 15 à 24 ans ayant fait des études secondaires et Hommes de 55 à 64 ans ayant fait des études secondaires, calculées selon pourcentage et points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Hommes de 15 à 24 ans ayant fait des études secondaires Hommes de 55 à 64 ans ayant fait des études secondaires
pourcentage
Pourcentage de la population ayant un emploi rémunéré permanent à temps plein
1998-1999 57,7 32,6
2018-2019 47,1 44,1
points de pourcentage
1. Variation -10,6 11,5
pourcentage
2. Variation en tant que pourcentage du chiffre de 1998-1999 -18,4 35,3
Portion de 2 qui est le résultat des variations concernant :
le pourcentage des emplois rémunérés à temps plein qui sont permanents 31,3 -5,9
le pourcentage des emplois rémunérés qui sont à temps plein 38,4 2,5
le pourcentagedes emplois qui sont rémunérés -2,6 51,9
le taux de chômage -2,1 1,6
le taux d’activité 35,0 49,9
Total 100,0 100,0

Auteur

René Morissette travaille au sein de la Division de l’analyse sociale et de la modélisation, Direction des études analytiques, Statistique Canada.

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