Bulletin d'analyse : régions rurales et petites villes du Canada
Les perspectives des entreprises rurales, troisième trimestre de 2022

par Andrew Balcom , Anne Munro et Jacqueline Ha

Date de diffusion : le 20 septembre 2022

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En juillet 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 7,6 % d’une année à l’autre, après s’être accrus de 8,1 % d’une année à l’autre en juinNote . En outre, les salaires horaires moyens ont augmenté de 5,2 % depuis juillet 2021Note , et les prix des matières brutes achetées par les fabricants menant leurs activités au Canada ont progressé de 19,1 % d’une année à l’autreNote . On continue de constater des goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement pour les entreprises canadiennesNote , tandis qu’un taux de chômage historiquement faible de 4,9 % a été maintenu de juin à juilletNote . La forte inflation, associée à un taux de chômage très faible et à des problèmes persistants liés à la chaîne d’approvisionnement, a engendré un climat d’incertitude pour les entreprises rurales.

Les obstacles à court terme le plus souvent attendus par les entreprises rurales étaient la hausse de l’inflation (62,7 %), l’augmentation du coût des intrants (52,9 %), les coûts liés au transport (46,0 %) et la hausse des taux d’intérêt et des coûts liés à la dette (42,5 %). Ces obstacles ont été cités plus fréquemment par les entreprises rurales que par les entreprises urbaines. Cependant, des proportions semblables d’entreprises rurales et d’entreprises urbaines prévoyaient augmenter leurs prix au cours des trois prochains mois (33,7 % par rapport à 34,1 %).

Parmi les entreprises rurales qui s’attendaient à des défis liés à la chaîne d’approvisionnement, presque les deux tiers (64,3 %) ont déclaré que ces défis se sont aggravés au cours des trois derniers mois, ce qui représente une proportion plus élevée que celle des entreprises urbaines (56,7 %). Les facteurs le plus couramment cités par les entreprises rurales en ce qui concerne les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement étaient les retards de livraison (85,6 %), la hausse des prix (76,5 %) et les pénuries (71,6 %), et les entreprises urbaines avaient un avis semblable. Près des trois cinquièmes (59,2 %) des entreprises rurales qui prévoyaient des défis liés à chaîne d’approvisionnement nationale s’attendaient à ce qu’ils se poursuivent pendant six mois ou plus.

Une plus petite proportion d’entreprises rurales (8,3 %) que d’entreprises urbaines (11,5 %) ont indiqué qu’il était probable qu’elles adoptent des technologies d’automatisation et numériques. Le secteur rural ayant le plus exprimé cette idée était celui de la fabrication (21,5 %). On constate un écart de 9,0 points de pourcentage entre les entreprises rurales et les entreprises urbaines du secteur des soins de santé et de l’assistance sociale (15,3 % par rapport à 6,3 %) en ce qui concerne la probabilité d’adopter ces technologies, ce qui indique une différence distincte dans la manière dont les entreprises rurales et les entreprises urbaines de ce secteur prévoient pallier la pénurie de main-d’œuvre.

L’Enquête canadienne sur la situation des entreprises (ECSE) fournit des renseignements détaillés sur les perceptions des entreprises quant à l’environnement dans lequel elles mènent actuellement leurs activités ainsi que sur leurs attentes pour l’avenir. Dans cette analyse, on porte une attention particulière aux entreprises en région ruraleNote  en se fondant sur les données de l’ECSE du troisième trimestre de 2022, dont la collecte a eu lieu du 4 juillet au 8 août 2022Note .

Plus des trois cinquièmes des entreprises rurales se disent préoccupées par la hausse de l’inflation

La hausse de l’inflation a été l’obstacle à court terme le plus fréquemment citéNote  par les entreprises rurales au troisième trimestre de 2022 (62,7 %). Il s’agissait également de l’obstacle à court terme le plus fréquemment cité par les entreprises urbaines (59,4 %). La Banque du Canada a cité la guerre en Ukraine, les contraintes persistantes relatives à l’approvisionnement et la forte demande comme les principaux moteurs de l’inflation élevée dans le monde entierNote 

L’augmentation du coût des intrants était le deuxième obstacle à court terme le plus couramment cité par les entreprises rurales (52,9 %). Moins de la moitié des entreprises urbaines (45,8 %) était également préoccupées par l’augmentation du coût des intrants au cours des trois prochains mois. Ces intrants étaient la main-d’œuvre, le capital, l’énergie et les matières brutes, et la hausse des coûts dans ces domaines pourraient contribuer à la hausse de l’inflation et nuire aux entreprises. L’Indice des prix à la consommation (7,6 %)Note , l’Indice des prix des produits industriels (11,9 %)Note  et l’Indice des prix des matières brutes (19,1 %)Note  ont tous augmenté d’une année à l’autre en juillet 2022, ce qui indique que l’inflation était répandue dans tous les aspects de l’économie. 

Les coûts liés au transport étaient le troisième obstacle le plus couramment cité par les entreprises rurales (46,0 %). On constate un écart de près de 10 points de pourcentage entre les entreprises rurales et les entreprises urbaines (36,7 %); il en ressort que les entreprises rurales sont plus préoccupées par les coûts liés au transport en raison de leur plus grand isolement relatif. Les prix de l’énergie et des produits pétroliers ont baissé en juillet après six mois consécutifs de croissance, mais ils sont tout de même 57,5 % plus élevés d’une année à l’autreNote .

La hausse des taux d’intérêt et des coûts liés à la dette était le quatrième obstacle attendu le plus couramment cité par les entreprises rurales (42,5 %). La Banque du Canada a augmenté son taux d’intérêt de référence d’un plein point de pourcentage en juillet pour le porter à 2,5 %Note , ce qui constitue la plus forte augmentation annoncée depuis 1998Note . Plus du tiers (35,8 %) des entreprises urbaines ont aussi cité cette hausse comme étant un obstacle.

Le tiers (33,7 %) des entreprises rurales ont indiqué qu’elles prévoyaient augmenter leurs prix au cours des trois prochains mois, et une proportion semblable (34,1 %) des entreprises urbaines prévoyaient faire de même. De plus, 36,3 % des entreprises rurales et 35,8 % des entreprises urbaines s’attendaient à ce que leur rentabilité diminue à court terme. Alors que les entreprises rurales étaient plus préoccupées par les obstacles (tableau 1) que les entreprises urbaines, les deux types d’entreprises ont exprimé une probabilité similaire d’augmenter leurs prix.

Graphique 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Hausse de l’inflation, Augmentation du coût des intrants, Coûts liés au transport et Hausse des taux d’intérêt et des coûts liés à la dette, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Hausse de l’inflation Augmentation du coût des intrants Coûts liés au transport Hausse des taux d’intérêt et des coûts liés à la dette
pourcentage
Entreprises rurales 62,7 52,9 46,0 42,5
Entreprises urbaines 59,4 45,8 36,7 35,8

Les défis liés à la chaîne d’approvisionnement devraient persister pour les entreprises rurales

Une proportion semblable d’entreprises rurales (14,5 %) et d’entreprises urbaines (14,4 %) s’attendait à avoir de la difficulté à se procurer à court terme des intrants, des produits ou des fournitures à l’échelle internationale. En revanche, près du tiers (32,7 %) des entreprises rurales prévoyaient avoir de la difficulté à se procurer des intrants, des produits ou des fournitures au Canada dans un avenir proche, ce qui est plus élevé que le quart (25,5 %) d’entreprises urbaines ayant exprimé la même crainte. Cela peut être dû à la plus grande dépendance des entreprises rurales aux fournisseurs canadiens, ainsi qu’aux coûts liés au transport plus élevés et aux défis associés aux régions rurales éloignées.

Près des deux tiers (64,3 %) des entreprises rurales s’attendant à des défis liés à la chaîne d’approvisionnementNote  à court terme ont précisé que ces défis s’étaient aggravés au cours des trois derniers mois. Une plus faible proportion (56,7 %) d’entreprises urbaines s’attendant à des difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement a indiqué que ces problèmes avaient empiré au cours des trois derniers mois.

La majorité des entreprises rurales rencontrant des défis liées à la chaîne d’approvisionnement a attribué ces difficultés aggravées à l’augmentation des retards de livraison pour les intrants, les produits et les fournitures (85,6 %), à la hausse des prix des intrants, des produits et des fournitures (76,5 %) et aux pénuries ayant entraîné une diminution de la disponibilité des intrants, des produits ou des fournitures (71,6 %). Les entreprises urbaines ont attribué les difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement à ces raisons en proportions largement similaires à celles des entreprises rurales; cependant, elles étaient moins préoccupées que les entreprises rurales par les retards de livraison (82,0 % par rapport à 85,6 %) et plus préoccupées que les entreprises rurales par la hausse des prix (78,8 % par rapport à 76,5 %) et les pénuries (72,5 % par rapport à 71,6 %).

Graphique 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Augmentation des retards dans la livraison des intrants, des produits ou des fournitures, Augmentation des prix des intrants, des produits ou des fournitures et Pénuries ayant entraîné une diminution de la disponibilité des intrants, des produits ou des fournitures, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Augmentation des retards dans la livraison des intrants, des produits ou des fournitures Augmentation des prix des intrants, des produits ou des fournitures Pénuries ayant entraîné une diminution de la disponibilité des intrants, des produits ou des fournitures
pourcentage
Entreprises rurales 85,6 76,5 71,6
Entreprises urbaines 82,0 78,8 72,5

Parmi les entreprises rurales qui prévoyaient avoir de la difficulté à acquérir des intrants, des produits et des fournitures au Canada dans un avenir proche, près des trois cinquièmes (59,2 %) s’attendaient à ce que ces difficultés persistent pendant six mois ou plus. En revanche, 8,1 % s’attendaient à ce que ces difficultés s’évanouissent au cours des six prochains mois, tandis que 32,7 % ne savaient pas combien de temps les difficultés persisteraient.

Parmi les entreprises rurales qui prévoyaient avoir de la difficulté à acquérir des intrants, des produits et des fournitures à l’étranger, plus des trois cinquièmes (61,4 %) s’attendaient à ce que ces difficultés persistent pendant six mois ou plus, 4,0 % s’attendaient à ce qu’elles disparaissent au cours des six mois suivants et 34,6 % ne savaient pas combien de temps elles persisteraient.

Parmi les entreprises rurales qui prévoyaient avoir de la difficulté à maintenir leurs niveaux de stocks, plus de la moitié (53,4 %) s’attendait à ce que ces difficultés persistent pendant six mois ou plus, 13,4 % s’attendaient à ce qu’elles s’évanouissent au cours des six mois suivants et 33,2 % ne savaient pas combien de temps elles persisteraient.

La fabrication est le secteur rural affichant la proportion la plus élevée d’entreprises susceptibles d’adopter des technologies d’automatisation et numériques

En réponse à un taux de chômage historiquement basNote , certaines entreprises se tournent vers des variantes technologiques pour réduire leurs besoins en main-d’œuvre. Les entreprises rurales (8,3 %) étaient moins susceptibles que les entreprises urbaines (11,5 %) d’adopter des technologies d’automatisation et numériques qui pourraient réduire l’embauche au cours des 12 mois suivants. Le secteur de la fabrication affichait le taux d’adoption le plus élevé parmi les entreprises rurales (21,5 %). Les autres secteurs de l’industrie affichant une proportion élevée d’entreprises rurales qui ont indiqué qu’il était probable qu’elles adoptent de nouvelles technologies comprenaient ceux des soins de santé et de l’assistance sociale (15,3 %), des finances et des assurances (14,6 %), de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse (13,3 %), et de l’extraction minière, de l’exploitation en carrière et de l’extraction de pétrole et de gaz (11,8 %).

On a constaté pour le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale un écart de 9,0 points de pourcentage entre les entreprises rurales et les entreprises urbaines (15,3 % par rapport à 6,3 %). Cela indique une différence importante quant aux approches que les entreprises rurales et les entreprises urbaines dans ce secteur envisagent d’adopter pour résoudre les problèmes de pénurie de main-d’œuvre.

En revanche, le secteur des services administratifs, des services de soutien, des services de gestion des déchets et des services d’assainissement ainsi que le secteur des services immobiliers et des services de location et de location à bail affichaient des proportions beaucoup plus élevées d’entreprises urbaines indiquant qu’il était assez ou très probable qu’elles adoptent de nouvelles technologies qui pourraient réduire l’embauche (écarts de 11,9 points de pourcentage et de 10,2 points de pourcentage, respectivement). 

Graphique 3

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Entreprises rurales et Entreprises urbaines, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Entreprises rurales Entreprises urbaines
pourcentage
Toutes les industries 8,3 11,5
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 13,3 12,4
Extraction minière, exploitation en carrière et extraction de pétrole et de gaz 11,8 11,4
Construction 1,3 7,8
Fabrication 21,5 18,8
Commerce de gros 6,1 14,8
Commerce de détail 6,5 7,4
Transport et entreposage 7 14,3
Industrie de l’information et industrie culturelle 6,4 15
Finance et assurances 14,6 21,7
Services immobiliers et services de location et de location à bail 2,9 13,1
Services professionnels, scientifiques et techniques 9 15,9
Services administratifs, services de soutien, services de gestion des déchets et services d’assainissement 0,7 12,6
Soins de santé et assistance sociale 15,3 6,3
Arts, spectacles et loisirs 7,6 6,7
Services d’hébergement et de restauration 9,6 15,3
Autres services (sauf les administrations publiques) 3,9 5,1

Méthodologie

Du 4 juillet au 8 août 2022, des représentants d’entreprises de partout au Canada ont été invités à répondre à un questionnaire en ligne portant sur la situation des entreprises et leurs attentes pour l’avenir. L’Enquête canadienne sur la situation des entreprises utilise un échantillon aléatoire stratifié d’établissements commerciaux dans lequel les employés sont classés selon la région géographique, le secteur d’industrie et la taille d’entreprise. L’estimation des proportions se fait à l’aide de poids calés afin de calculer les totaux de population dans les domaines d’intérêt. La taille totale de l’échantillon pour ce volet de l’enquête est de 35 603 et les résultats sont basés sur les réponses d’un total de 17 013 entreprises ou organisations. Les entreprises ont été classées comme étant rurales ou urbaines en fonction de leur emplacement géographique. Le Fichier des limites des subdivisions de recensement de 2016 a été utilisé pour déterminer toutes les subdivisions de recensement (SDR) des entreprises en fonction de leur emplacement. Les entreprises situées dans des SDR classées comme des régions métropolitaines de recensement ou des agglomérations de recensement ont été classées comme étant urbaines. Toutes les entreprises situées dans d’autres emplacements étaient classées comme étant rurales.

Références

Statistique Canada. (2022). Enquête canadienne sur la situation des entreprises, troisième trimestre de 2022.


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