Regards sur l'industrie agro-alimentaire et la communauté agricole
Regard statistique sur l’histoire récente du revenu agricole
par Brian Biggs
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Introduction
L’agriculture canadienne est actuellement confrontée à plusieurs défis, notamment un accès restreint aux exportations de canola et de viande vers la Chine et une incertitude quant à l’issue de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et à ses répercussions sur les prix des produits de base. Les conséquences de ces événements et d’autres situations perturbatrices se refléteront dans les recettes monétaires agricoles et le revenu agricole net en 2019Note . Afin de situer le contexte, le présent article se penche sur les variations qu’a connues le revenu net réalisé de la période allant de 2008 à 2018, en mettant l'accent sur la période à partir de 2011 et sur certains des principaux facteurs à l’origine de ces variations.
Au cours de cette période de 10 ans de changements de revenu net agricole, le revenu net réalisé a fluctué à la hausse et à la baisse et a connu, en 2018, une diminution marquée qui l’a ramené (en dollars constants) à des niveaux très similaires à ceux de 2008Note . Pendant une bonne partie de la période de 10 ans, le revenu net réalisé a été bien supérieur au niveau de 2008 en raison de hausses temporaires des prix des cultures et du bétail, de la faiblesse du dollar canadien, d’une production record des grandes cultures, de taux d’intérêt historiquement bas et de brefs épisodes marqués par une diminution des prix de l’énergie.
Les statistiques agrégées sur le revenu agricole net mesurent les gains tirés de la production agricole et sont l’un des indicateurs utilisés par les responsables des politiques pour évaluer la conjoncture économique dans le secteur agricole. Un aperçu de la fluctuation de l’une de ces mesures au Canada pendant la période de 2008 à 2018 est présenté ci-dessous. L’accent est mis sur le revenu net réalisé, lequel tient compte de l’écart entre les recettes monétaires et les dépenses d’exploitation en ajoutant le revenu en nature et en soustrayant les frais d’amortissement. Il s’agit donc d’une mesure du revenu de l’exploitation agricole et non du revenu du ménage agricole.
Les autres mesures du revenu agricole comprennent le revenu net comptant et le revenu net total.
Le présent document décompose cette période en trois parties: la reprise de 2011 à 2014, une période de revenus stables et élevés de 2014 à 2018 et une baisse marquée des revenus en 2018.
Tableau de données du graphique 1
Année | Revenu agricole net réalisé |
---|---|
billions of constant 2012 dollars |
|
2008 | 3,9 |
2009 | 3,3 |
2010 | 3,7 |
2011 | 5,7 |
2012 | 6,5 |
2013 | 6,1 |
2014 | 6,9 |
2015 | 7,1 |
2016 | 7,1 |
2017 | 6,7 |
2018 | 3,6 |
Sources : Tableaux 32-10-0052-01 et 36-10-0206-01 de Statistique Canada. |
2011 : Le point de départ des revenus élevés
Le revenu agricole a connu une augmentation en 2010, mais c’est en 2011 que la période de revenus agricoles élevés a réellement débuté en raison d’une montée des prix de nombreux produits de base, attribuable en partie à une demande accrue de la part de marchés émergents tels que la Chine. Cet essor des produits de base a un effet aussi bien sur les prix des extrants que sur ceux des intrants, mais a surtout eu une incidence très positive sur les prix des produits agricoles, ce qui a eu pour effet de faire augmenter les recettes monétaires des agriculteurs à un rythme plus soutenu que celui des dépenses en intrants.
La fluctuation de l’Indice des prix des produits agricoles (IPPA), qui mesure les variations des prix qu’obtiennent les agriculteurs de la vente de produits agricoles, témoigne clairement de ce phénomène. En 2011, l’indice a grimpé de 15,7 % — l’augmentation annuelle la plus importante depuis sa création en 1981 — au moment où les indices des cultures et du bétail affichaient de fortes progressions (18,8 % et 12,2 %, respectivement). En revanche, les prix des intrants agricoles mesurés par l’Indice des prix des entrées dans l’agriculture (IPEA) ont augmenté de 9,5 %. L’écart observé entre les deux (6,2 %) a été le plus élevé pendant la période en question et a contribué à la plus importante hausse annuelle du revenu net réalisé (+53,8 %) enregistrée au cours de la période allant de 2009 à 2018.
Tableau de données du graphique 2
Année | IPPA | IPEA | Revenu net réalisé |
---|---|---|---|
variation en pourcentage | |||
2009 | -6,7 | -4,7 | -16,2 |
2010 | -0,2 | -2,4 | 13,9 |
2011 | 15,7 | 9,5 | 53,8 |
2012 | 4,4 | 6,0 | 13,9 |
2013 | 1,7 | 1,6 | -5,6 |
2014 | 1,2 | 6,5 | 12,6 |
2015 | 4,7 | 3,5 | 3,3 |
2016 | -4,1 | -3,6 | -0,2 |
2017 | 0,8 | 1,6 | -5,5 |
2018 | -1,2 | 3,8 | -46,0 |
Sources : Tableaux 32-10-0099-01, 18-10-0258-01, 32-10-0052-01 et 36-10-0206-01 de Statistique Canada. |
Les prix plus élevés des bovins soutiennent la croissance du revenu net en 2011 et au cours des années suivantes
La croissance des prix des céréales et des oléagineux observée en 2011 était certes plus importante, mais une hausse considérable de 18,6 % des prix des bovins et des veaux selon l’IPPA a également été enregistrée — à cette date, il s’agissait de la plus forte augmentation de cette composante jamais enregistrée depuis la première publication de l’IPPA en 1981Note . Les prix plus élevés des céréales fourragères et la faiblesse des stocks ont contribué à la hausse des prix. L’offre excédentaire d’animaux de marché découlant de la fermeture des frontières internationales aux bovins vivants et au bœuf canadiens à la suite de la découverte d’un cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) dans une ferme albertaine en 2003 avait fait place, en 2011, à des pénuries favorisant une hausse des prixNote . De fortes augmentations des prix des bovins et des veaux ont également été observées en 2014 et en 2015 et ont contribué à maintenir les hausses de recettes et de revenu net. Les prix des bovins et des veaux ont atteint leur plus haut niveau en 2015, mais ils sont par la suite demeurés à des niveaux comparativement élevés.
À la fin de 2018, le nombre de bovins (à l’exclusion des vaches laitières) était inférieur de 13,2 % au niveau observé à la fin de 2008, au moment où l’industrie bovine s’adaptait à une nouvelle normalité découlant en partie d’une diminution de la demande intérieure pour la viande de bœuf. La quantité de bœuf disponible par personne pour la consommation a chuté de 15,5 % de 2008 à 2018. Pendant cette même période, les recettes provenant des bovins et des veaux ont augmenté de 38,9 %, les prix ayant bondi de 72,5 %.
Tableau de données du graphique 3
Année | Total de l’indice | Total des cultures | Total du bétail et des produits d’origine animale |
---|---|---|---|
2007 = 100 | |||
2008 | 112,4 | 123,2 | 102,0 |
2009 | 104,9 | 108,2 | 102,1 |
2010 | 104,7 | 102,4 | 107,8 |
2011 | 121,1 | 121,6 | 121,0 |
2012 | 126,4 | 128,7 | 124,4 |
2013 | 128,6 | 129,1 | 128,8 |
2014 | 130,2 | 112,9 | 152,6 |
2015 | 136,3 | 120,8 | 156,2 |
2016 | 130,7 | 123,2 | 139,2 |
2017 | 131,7 | 123,9 | 140,7 |
2018 | 130,1 | 123,6 | 137,1 |
Source : Tableau 32-10-0099-01 de Statistique Canada. |
2014 à 2017 : Des revenus nets stables et supérieurs à la moyenne soutenus par l’augmentation des recettes provenant des lentilles et par un dollar canadien plus faible
Le niveau le plus élevé de revenu net réalisé a été atteint en 2015 avec 7,15 milliards de dollars (en dollars de 2012) — en hausse de 25,0 % par rapport au niveau de 2011, mais se situant dans une fourchette de 7 % des niveaux enregistrés de 2014 à 2017. Au cours de cette période marquée par des revenus nets réalisés supérieurs à la moyenne et raisonnablement stables, la hausse des prix des produits et des intrants s’est affaiblie par rapport aux niveaux de 2011 — l’IPPA et l’IPEA ayant tous deux enregistré des baisses en 2016. Cette stabilité était évidente à la lumière des faibles variations des recettes monétaires agricoles et des dépenses d’exploitation, dont les taux de croissance annuels moyens observés de 2014 à 2017 atteignaient 2,8 % et 2,5 % respectivement.
L’une des raisons à l’origine de la stabilité des revenus agricoles est la production record de grandes cultures de 2013, laquelle a eu pour effet de stimuler les mises en marchéNote en 2014 — une année au cours de laquelle les prix des céréales et des oléagineux ont chuté de près de 20 %. La hausse des mises en marché a compensé la majeure partie de l’effet négatif de la baisse des prix sur les recettes des cultures. Par la suite, la production est demeurée supérieure aux niveaux observés avant 2013, car des rendements supérieurs à la moyenne ont continué d’être observés dans la plupart des cultures.
La conversion de terres agricoles non productives (p. ex. jachère, pâturage) en terres cultivables productives a également contribué au maintien des niveaux de production des cultures au cours de la période allant de 2008 à 2018. Les superficies en jachère ont connu une diminution légèrement supérieure à 70 % au cours de cette période. Les recettes provenant des cultures ont également été rehaussées par le remplacement des superficies en foin par des superficies de cultures de plus grande valeur.
C’est également au cours de cette période de stabilité des chiffres agrégés que les lentilles ont gagné et perdu en importance dans les estimations nationales des recettes monétaires agricoles. Les lentilles, dont la culture est concentrée en Saskatchewan, font partie intégrante du régime alimentaire des populations du sous-continent indien. De mauvaises conditions de croissance en Inde ont stimulé la demande pour les exportations canadiennes, si bien que les recettes ont plus que doublé en 2015, les prix ayant progressé de 58 % et les quantités vendues ayant augmenté 33,2 %. Ainsi, les lentilles représentaient 7,0 % des recettes provenant des cultures en 2015 — un record (la contribution moyenne des lentilles aux recettes des cultures était de 3,5 % au cours de la période allant de 2008 à 2018). Les recettes provenant des lentilles ont fléchi légèrement en 2016 avant d’afficher un recul de 46,0 % en 2017 et de 35,1 % en 2018, au moment où les marchés d’exportation ont connu un déclin marqué en raison d’un retour à de meilleures récoltes en Inde et de l’imposition de droits d’importation par le gouvernement indien à la fin de 2017.
Mis à part les lentilles qui ont contribué de manière éphémère à l’accroissement des recettes, la dépréciation du dollar canadien a favorisé le maintien des prix obtenus par les producteurs agricoles canadiens au cours de cette période de quasi-stagnation du revenu net réalisé. Les prix mondiaux sont exprimés en dollars américains, ce qui signifie que la dépréciation du dollar canadien a pour effet de faire augmenter les prix payés aux producteurs pour les exportations et pour les produits de base dont les prix sont établis sur les marchés à terme des États-Unis. Une telle situation a été observée en 2015 lorsque la faiblesse du dollar a permis aux producteurs agricoles canadiens d’éviter dans une large mesure la forte baisse des prix mondiaux des céréales et des oléagineux qui a frappé les agriculteurs des États-Unis.
Tableau de données du graphique 4
Année | Dollar US en dollar CA |
---|---|
2008 | 1,1 |
2009 | 1,1 |
2010 | 1,0 |
2011 | 1,0 |
2012 | 1,0 |
2013 | 1,0 |
2014 | 1,1 |
2015 | 1,3 |
2016 | 1,3 |
2017 | 1,3 |
2018 | 1,3 |
Source : Tableau 33-10-0163-01 de Statistique Canada. |
Le ralentissement de 2018
1) Les recettes ont peu varié en 2018, car la diminution des recettes provenant du canola et des porcs et les paiements versés en vertu de programmes ont largement contrebalancé la croissance des recettes provenant du blé, du cannabis et des produits de base assujettis à la gestion de l’offre
Cette période de revenus agricoles stables et supérieurs à la moyenne a pris fin en 2018, année qui a été marquée par une diminution de 46,0 % du revenu net réalisé (en dollars constants de 2012) — découlant d’une faible variation des recettes et d’une augmentation des dépenses. Là encore, les prix ont joué un rôle important. En effet, les prix des produits selon l’IPPA ont reculé de 1,2 %, alors que les prix des intrants ont grimpé de 3,8 % selon l’IPEA.
Comme ce fut le cas pendant toute la période s’étendant de 2008 à 2018, les recettes provenant du canola ont eu une incidence significative sur les recettes monétaires agricoles et le revenu net en 2018. La baisse de 6,5 %, qui était seulement la deuxième baisse enregistrée au cours de cette période, s’est avérée être le frein le plus important à la croissance des recettes des cultures en 2018. Les prix sont demeurés stables, mais les mises en marché ou les quantités vendues en Alberta, soit le deuxième producteur en importance, ont connu une diminution marquée en raison de perturbations du transport ferroviaire, de récoltes tardives et d’une production plus faible.
Au cours de la période allant de 2008 à 2018, le canola a représenté, en moyenne, un peu plus du quart (25,5 %) des recettes provenant des cultures — oscillant entre 21,4 % en 2008 et 29,4 % en 2011. Le canola était la culture la plus vendue pendant toute cette période, la production ayant grimpé de 60,9 % en réponse à une forte demande domestiques et à l’exportation. Les exportations de canola (en tonnes) ont affiché une croissance marquée de 57,4 % en raison des exportations vers la Chine qui ont plus que triplé (+232,8 %). En 2018, près de la moitié des exportations de canola (46,7 %) étaient destinées aux marchés chinois, comparativement à 22,1 % en 2008. En raison d’investissements dans la construction d’usines, la capacité de broyage a plus que doublé, ce qui a entraîné une croissance similaire de la quantité de canola broyé (120,2 %) pendant cette période. La teneur élevée en huile du canola et ses bienfaits perçus sur la santé des artères — par sa faible teneur en gras saturés et sa teneur élevée en gras mono-insaturés — conjugués au fait que le canola sert à la production de tourteaux pour l’alimentation animale riche en protéines ont contribué à sa popularité.
2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcent | |||||||||||
Blé (à l’exclusion du blé dur) | 15,5 | 14,1 | 11,2 | 13,7 | 14,3 | 16,8 | 15,8 | 15,5 | 13,1 | 14,6 | 16,2 |
Canola (y compris le colza) | 21,4 | 22,0 | 24,8 | 29,4 | 27,7 | 23,4 | 24,1 | 24,9 | 27,0 | 28,7 | 26,6 |
Avoine | 2,5 | 1,6 | 1,8 | 2,0 | 1,8 | 1,7 | 1,5 | 1,6 | 1,4 | 1,3 | 1,4 |
Orge | 3,7 | 3,2 | 2,1 | 2,3 | 2,6 | 3,3 | 2,5 | 2,5 | 2,0 | 2,0 | 2,4 |
Soya | 4,9 | 5,8 | 6,9 | 6,0 | 8,0 | 8,2 | 7,8 | 7,6 | 8,7 | 8,5 | 8,7 |
Maïs-grain | 6,8 | 5,7 | 7,0 | 8,0 | 8,2 | 7,5 | 6,5 | 5,8 | 6,0 | 5,9 | 6,5 |
Lentilles | 2,6 | 3,7 | 3,2 | 2,5 | 1,8 | 2,7 | 3,5 | 7,0 | 5,8 | 3,1 | 2,0 |
Total des légumes frais | 8,0 | 8,8 | 9,9 | 9,0 | 8,1 | 8,4 | 9,0 | 8,9 | 8,8 | 9,1 | 9,4 |
Total des fruits frais | 3,3 | 2,9 | 3,0 | 3,1 | 2,9 | 2,8 | 3,1 | 3,1 | 3,1 | 3,1 | 3,3 |
Produits de floriculture et de pépinière, et gazon en plaques | 7,2 | 7,4 | 7,9 | 6,8 | 6,0 | 5,8 | 6,1 | 6,0 | 5,2 | 5,1 | 5,2 |
Autres recettes des cultures | 24,2 | 24,8 | 22,2 | 17,1 | 18,5 | 19,5 | 20,0 | 17,1 | 18,8 | 18,4 | 18,4 |
Somme de ce qui précède | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Source : Tableau 32-10-0045-01 de Statistique Canada. |
Le blé (à l’exclusion du blé dur) est demeuré une importante source de revenus pendant toute la période allant de 2008 à 2018, même si, en 2011, il a été détrôné par le canola en matière de superficies ensemencées. En 2018, les revenus tirés de la production de blé (à l’exclusion du blé dur) ont connu leur deuxième augmentation consécutive d’au moins 10 %, laquelle a partiellement compensé la baisse des recettes provenant du canola. Tant les prix que les mises en marché étaient à la hausse, les exportations vers la Chine ayant presque tripléNote . Au cours de la période de 2008 à 2018, les recettes provenant du blé (à l’exclusion du blé dur) ont progressé de 58,5 %, ce qui représente 17,4 % de la croissance des recettes provenant des cultures.
Les recettes provenant du soya ont représenté une part similaire de la croissance des recettes des cultures (16,1 %) au cours de la période de 2008 à 2018, en hausse de 171,6 % en raison d’une forte augmentation des mises en marché (+154,9 %). La superficie ensemencée a doublé puisque de nouvelles variétés mieux adaptées aux conditions de croissance dans les Prairies ont été adoptées. Des augmentations de recettes provenant du soya ont été enregistrées durant 8 des 10 années de la période étudiée, y compris en 2018 (+3,2 %).
Les recettes des producteurs de cannabis autorisés, comptabilisées depuis 2016, ont commencé à avoir des répercussions notables sur les estimations nationales en 2018. Les recettes provenant du cannabis ont presque triplé en 2018 en raison de la légalisation de la consommation à des fins récréatives en octobre de la même annéeNote . Bien que cette croissance ait contribué à la légère augmentation des recettes provenant des cultures, le cannabis a représenté seulement 1,6 % des recettes provenant des cultures et 0,9 % des recettes monétaires agricoles en 2018.
2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
pourcent | |||||||||||
Bovins et veaux | 34,5 | 32,5 | 32,6 | 30,8 | 31,4 | 31,7 | 38,2 | 41,0 | 36,7 | 36,1 | 36,3 |
Porcs | 16,9 | 16,0 | 17,9 | 19,4 | 18,4 | 18,9 | 19,9 | 16,5 | 17,2 | 18,0 | 16,4 |
Total des productions assujetties à la gestion de l’offre | 44,5 | 47,4 | 45,2 | 45,5 | 45,6 | 45,0 | 38,1 | 38,4 | 42,4 | 42,3 | 43,6 |
Autres animaux | 4,1 | 4,0 | 4,3 | 4,3 | 4,5 | 4,5 | 3,7 | 4,1 | 3,8 | 3,6 | 3,7 |
Somme de ce qui précède | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Source : Tableau 32-10-0045-01 de Statistique Canada. |
Les recettes provenant des porcs ont chuté de 8,9 % en 2018, ce qui a contribué à maintenir les recettes provenant du bétail à un niveau très similaire à celui de 2017. Les niveaux record de stocks de porcs en Amérique du Nord ont engendré une baisse des prix. Les stocks ont commencé à augmenter au cours des derniers mois de 2014, compensant ainsi les pertes subies lors de l’éclosion du virus de la diarrhée épidémique porcine aux États-Unis. La croissance des stocks s’est poursuivie jusqu’à la fin de 2018. Avant 2018, la croissance des exportations de porcs a contribué à atténuer la pression à la baisse que ce niveau élevé des stocks exerçait sur les prix. La croissance des exportations a pris fin en 2018, lorsque la Chine et le Mexique ont imposé aux États-Unis des tarifs de rétorsion sur le porc. Malgré les fluctuations enregistrées durant la période allant de 2008 à 2018, les recettes provenant des porcs ont augmenté 6 années sur 10, et une hausse de 28,9 % attribuable à une augmentation des prix a été observée.
En 2018, une augmentation de 2,8 % des recettes dans les secteurs assujettis à la gestion de l’offre a modéré la diminution des recettes provenant du bétail, en grande partie grâce à des hausses de 5,9 % et de 6,5 % dans les recettes provenant des poulets et des œufs respectivement. Au cours de la période de 2008 à 2018, les recettes dans les secteurs assujettis à la gestion de l’offre sont demeurées plus stables que les ventes de porcs, ayant augmenté 9 années sur 10. Plus de 50 % de cette hausse continue sur 10 ans est attribuable au secteur laitier, mais de légères diminutions des prix au cours des 3 ou 4 dernières années de cette période sont venues modérer la croissance des recettes dans ce secteur. Les prix du lait ont subi l’influence négative du faible niveau des prix mondiaux au moment où un accès accru aux importations a été accordé pour de nouveaux produits laitiers en vogue, comme le lait ultrafiltré.
Tableau de données du graphique 5
Année | Recettes des cultures | Recettes du bétail | Total des paiements directs |
---|---|---|---|
% des recettes monétaires agrioles totales |
|||
2008 | 50,0 | 41,1 | 9,0 |
2009 | 52,1 | 40,5 | 7,4 |
2010 | 50,4 | 42,5 | 7,1 |
2011 | 52,3 | 40,8 | 7,0 |
2012 | 55,2 | 38,5 | 6,3 |
2013 | 56,4 | 38,7 | 4,8 |
2014 | 52,4 | 44,0 | 3,6 |
2015 | 53,8 | 42,6 | 3,6 |
2016 | 56,6 | 39,4 | 4,0 |
2017 | 55,8 | 40,3 | 3,9 |
2018 | 56,2 | 40,2 | 3,6 |
Source : Tableau 32-10-0045-01 de Statistique Canada. |
Les paiements directs aux producteurs ont régressé de 8,9 % en 2018, ce qui a également contribué à freiner la croissance des recettes. Ces paiements versés en vertu de programmes n’ont cessé de diminuer pendant une grande partie de la période, passant de 9,0 % des recettes monétaires agricoles en 2008 à 3,6 % en 2018. La majeure partie de la diminution observée au cours de cette période s’explique par la réduction des programmes de stabilisation, en raison notamment de niveaux de revenu net historiquement élevés.
2) Augmentation des dépenses en 2018
Si les recettes monétaires agricoles totales ont peu varié en 2018, on ne peut pas en dire autant des dépenses agricoles totales, qui ont augmenté de 5,9 %, soit la hausse annuelle la plus importante depuis 2012 (+7,9 %). Un ensemble de facteurs — des stocks restreints d’aliments pour animaux, la hausse des taux d’intérêt et de la dette agricole, l’augmentation des coûts de l’énergie ainsi qu’une flambée des salaires en espèces — ont contribué à cette augmentation.
Tableau de données du graphique 6
Année | Total des intrants agricoles | Production des cultures | Production animale |
---|---|---|---|
2007 = 100 | |||
2008 | 113,5 | 125,3 | 110,0 |
2009 | 108,2 | 123,2 | 109,1 |
2010 | 105,6 | 112,2 | 107,6 |
2011 | 115,7 | 120,1 | 122,2 |
2012 | 122,6 | 128,9 | 132,8 |
2013 | 124,5 | 127,0 | 134,6 |
2014 | 132,6 | 130,8 | 152,4 |
2015 | 137,3 | 132,8 | 163,8 |
2016 | 132,4 | 130,0 | 145,5 |
2017 | 134,5 | 130,5 | 146,8 |
2018 | 139,7 | 134,2 | 152,0 |
Source : Tableau 18-10-0258-01 de Statistique Canada. |
Une vision à long terme des dépenses agricoles
Au cours de la période de 2008 à 2018, les dépenses agricoles totales, qui comprennent à la fois les coûts d’exploitation et les frais d’amortissement, se sont accrues de 37,9 %. L’indice des prix associé au concept de dépenses agricoles totales, soit l’Indice des prix des entrées dans l’agriculture (IPEA), affichait une hausse de 23,0 %. La composante des prix a certes été un facteur important, mais d’autres éléments, comme la sélection des cultures, ont joué un rôle dans la croissance des dépenses au cours de cette période.
Depuis 2008, les facteurs qui ont le plus contribué à la hausse des dépenses totales sont l’amortissement de la machinerie, les salaires, les aliments pour les animaux, les engrais et les semences. Les frais d’amortissement de la machinerie, qui comprennent les frais d’amortissement associés à l’équipement et aux véhicules, ont augmenté de 54,0 % — une hausse similaire à celle de la valeur de ces biens (54,1 %). L’accroissement de la taille des exploitations agricoles a favorisé l’achat de machines plus imposantes et plus coûteuses, tandis que l’adoption généralisée de pratiques de gestion des terres, par exemple les techniques sans travail du sol, a contraint les agriculteurs à investir dans des machines spécialisées. L’ajout continu de composantes de technologies de l’information aux machines, allant des systèmes de traite robotisés aux machines pour les cultures dotées de systèmes de localisation GPS, a également contribué à l’accroissement de la valeur de la machinerie et, par le fait même, aux frais d’amortissement plus élevés.
Depuis 2008, l’Enquête sur la population active a enregistré une hausse de 39,4 % du taux moyen de rémunération horaire des travailleurs dont l’emploi principal faisait partie du secteur agricole, ce qui correspond à peu près à l’augmentation de 44,9 % des dépenses salariales observée au cours de la période s’étendant de 2008 à 2018. Hormis les facteurs à l’origine de la forte hausse des dépenses salariales observée en 2018 (p. ex. salaire minimum plus élevé, production accrue de cannabis dans certaines provinces), la prolongation de la tendance de longue date à la constitution en société a également eu une incidence positive sur les estimations pour la période en question. En effet, elle a permis d’enregistrer les services de gestion et de supervision des exploitants comme traitements plutôt que comme excédent d’exploitation des fermes non constituées en société.
La hausse de 9,6 % observée en 2018 a également fait en sorte que les aliments commerciaux pour les animaux soient l’un des facteurs ayant le plus contribué à la croissance des dépenses totales pendant la période allant de 2008 à 2018. L’estimation des dépenses en aliments commerciaux pour les animaux a augmenté de 27,1 % en raison de la hausse de 14,2 % des prix des aliments commerciaux pour les animaux selon l’IPEA et de la forte croissance (plus de 20 %) des mises en marché assujetties à la gestion de l’offre pendant cette période, laquelle a contribué à la hausse des quantités d’aliments pour les animaux utilisées.
La croissance de 36,0 % des dépenses en engrais s’est produite en dépit des prix inférieurs observés en 2018 comparativement à 2008. Les expéditions d’engrais par les principaux fabricants, les distributeurs en gros et les principaux détaillants sur les marchés agricoles canadiens indiquent que l’utilisation d’engrais a connu une forte augmentation, de plus de 60 %. Selon certains guides de production des cultures, les coûts des engrais par acre pour le canola sont supérieurs de près de 50 % aux coûts des engrais pour l’orge et l’avoineNote . Les superficies de canola ont grimpé de 41 % au cours de cette période.
Les coûts des semences commerciales ont presque doublé au cours de la période allant de 2008 à 2018 (+92,5 %). Les prix des semences commerciales ont grimpé de 45,1 % selon l’IPEA, en réponse à la hausse des prix des céréales et des oléagineux. Le remplacement de superficies en foin, en jachère, en orge ou en avoine par des cultures plus coûteuses, comme le canola, le soya, les lentilles et le maïs, a également contribué à l’augmentation des dépenses en semences.
Une forte augmentation a également été observée au chapitre des frais de location qui ont bondi de 88,7 %. Selon le Rapport sur la valeur des terres agricoles, produit par Financement agricole Canada, cette augmentation est principalement attribuable au fait que la valeur des terres agricoles nues par acre a presque triplé (+194,7 %) au cours de la période allant de 2008 à 2018.
Conclusion
Les chiffres provisoires indiquent que le recul observé en 2018 a eu pour effet de ramener le revenu net réalisé en dollars constants à des niveaux semblables à ceux enregistrés au cours de la période allant de 2008 à 2010 — en effet, il ne diffère que de 1 % par rapport à la moyenne de ces trois années. Si ces chiffres provisoires se révèlent raisonnablement exacts, la régression de 2018 marquera la fin d’une période de sept ans pendant laquelle les revenus nets réalisés étaient supérieurs à la moyenne (2011 à 2017).
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