Direction des études analytiques : documents de recherche
Obtention de la citoyenneté et présence active des immigrants au Canada

Date de diffusion : le 16 mai 2025

DOI : https://doi.org/10.25318/11f0019m2025006-fra

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Remerciements

La présente étude a été menée en collaboration avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Les auteurs tiennent à remercier Nicolas Bastien, Julien Bérard-Chagnon, Marc Frenette, Chantal Goyette, Maciej Karpinski et Catherine Tuey pour les conseils et les commentaires fournis au sujet d’une version antérieure du présent article.

Résumé

Selon des études internationales, certains immigrants améliorent leur « capital de mobilité» par l’obtention de la citoyenneté dans leur pays d’accueil. Le présent article vise à étudier le lien qui pourrait exister entre l’acquisition de la citoyenneté canadienne et le maintien d’une présence active au Canada, mesurée par la production de déclarations de revenus. Dans l’ensemble, la proportion d’immigrants ayant une présence active au Canada après 10 ans était beaucoup plus élevée parmi les immigrants naturalisés que parmi les immigrants non naturalisés. De plus, la présence active a augmenté chez les cohortes d’immigrants plus récents, peu importe le statut de citoyenneté. L’analyse révèle qu’environ 2 % des immigrants naturalisés ont cessé de maintenir une présence active au Canada au cours de la période allant d’un an avant l’obtention de la citoyenneté à un an après. Cette diminution de la présence active au Canada a toutefois été moins importante comparativement à la baisse annuelle d’environ 3 points de pourcentage observée parmi les immigrants n’ayant pas acquis la citoyenneté canadienne. Ces résultats indiquent qu’une très petite proportion d’immigrants sont passés d’une présence active à une présence inactive au Canada après être devenus citoyens canadiens. Pour la plupart des immigrants, une faible variation de leur statut de présence active a été associée à leur naturalisation. Ces résultats laissent supposer que les immigrants qui choisissent de devenir citoyens canadiens sont fermement déterminés à rester au Canada.

Mots-clés : immigration, citoyenneté, naturalisation, présence active.

1 Introduction

Récemment, des inquiétudes ont été soulevées quant à la tendance des immigrants à quitter le Canada après leur admission. Compte tenu des données disponibles, il est difficile de déterminer dans quelle mesure les immigrants quittent le Canada de façon permanente, que ce soit pour retourner dans leur pays d’origine ou pour déménager dans un pays tiersNote  . Tout en reconnaissant la difficulté à établir le nombre réel de sorties, une méthode proposée récemment fait appel à la notion de « présence active » (Hou, 2024). La présence active désigne la mesure dans laquelle les immigrants admis au Canada participent activement à la société canadienne, comme l’indiquent des activités comme la production de déclarations de revenus et la participation au marché du travail.

Une bonne façon d’estimer la présence active est d’utiliser le comportement en matière de déclaration de revenus. Sur le plan opérationnel, maintenir une présence active signifie produire une déclaration de revenus (ou figurer dans les données fiscales) au Canada au cours d’une année civile. Le comportement en matière de déclaration de revenus est un indicateur important de la participation socioéconomique des immigrants au Canada pour plusieurs raisons. Le fait que les immigrants aient obtenu un revenu témoigne clairement de leur activité économique. En outre, les dossiers fiscaux servent souvent à déterminer l’admissibilité à des prestations et à des services particuliers. En produisant leur déclaration de revenus, les immigrants ont accès à ces prestations et à ces services. La production régulière de déclarations de revenus peut également aider les immigrants à établir leurs antécédents de crédit, ce qui est essentiel pour diverses activités financières, comme louer une maison, obtenir des prêts et lancer une entreprise.

Un très grand nombre d’immigrants déclarent leurs revenus, et ce, même si ces derniers sont faibles ou nuls. Ainsi, 90 % des immigrants admis en 2020 ont produit une déclaration de revenus au cours de la première année complète suivant leur immigration. Le pourcentage d’immigrants ayant une présence active au Canada (c’est-à-dire produisant des déclarations de revenus) 10 ans après leur immigration a augmenté, pour passer de 77 % chez ceux ayant obtenu la résidence permanente de 1990 à 1994 à 80 % au sein de la cohorte d’immigrants admis au pays de 2005 à 2009. Il existe peu de preuves permettant de supposer que la propension des immigrants à être actifs au Canada décroissait d’une cohorte d’admission à une autre (Hou, 2024).

Le présent article permet d’examiner le lien entre l’acquisition de la citoyenneté et la présence active au Canada. Les immigrants qui choisissent de devenir des citoyens canadiens démontrent généralement un engagement plus grand à l’égard de leur pays d’accueil et planifient souvent d’y rester à long terme, comparativement à leurs homologues qui ne deviennent pas citoyens (Hou et Picot, 2021). Par exemple, 93 % des immigrants qui sont arrivés au Canada pendant la période allant de 2008 à 2012 et qui sont devenus des citoyens canadiens avaient une présence active 10 ans après leur admission, comparativement à 67 % de ceux qui ne sont pas devenus citoyens (tableau 1). Plusieurs raisons expliquent cette différence. Certains immigrants peuvent quitter le Canada avant même de devenir des citoyens canadiens, tandis que d’autres qui sont moins déterminés à rester au Canada à long terme peuvent renoncer à la citoyenneté canadienne s’ils prévoient résider moins longtemps au pays.

Le présent article vise à répondre à deux questions précises. Parmi ceux qui choisissent de devenir citoyens canadiens, l’acte de devenir citoyen canadien mène-t-il à une plus grande mobilité internationale? Si tel est le cas, dans quelle mesure? Autrement dit, la présence active des immigrants au Canada diminue-t-elle après qu’ils ont acquis la citoyenneté canadienne et, dans l’affirmative, quelle en est l’ampleur? L’augmentation du « capital de mobilité » lié à l’acquisition de la citoyenneté peut entraîner davantage de mobilité à l’échelle mondiale. 

La mobilité internationale après l’acquisition de la citoyenneté peut signifier soit une migration circulaire vers le pays d’origine, soit une migration subséquente vers un pays tiers. Bien qu’elle ne soit pas nécessairement permanente, cette mobilité peut aboutir à davantage de migrations cycliques. Il se peut que ce phénomène soit dicté par des facteurs comme les possibilités économiques offertes dans d’autres pays, le coût de la vie ou les problèmes de logement dans le pays d’accueil, les événements familiaux ou commerciaux dans le pays d’origine, ou des changements liés à la santé(de Hoon et coll., 2020). Pour faciliter cette mobilité, les immigrants peuvent acquérir la citoyenneté du pays d’accueil. Le passeport canadien peut être important pour certains immigrants, car il leur permet d’avoir accès à de nombreux pays sans visa ou simplement avec un visa à l’arrivée. De plus, la citoyenneté canadienne offre une protection contre l’expulsion, garantit le droit de vivre au Canada indéfiniment et assure le droit de revenir au pays même après avoir vécu à l’étranger pendant de nombreuses années. Trois études européennes ont conclu que la naturalisation était, dans certains cas, liée à de plus grandes probabilités d’émigration (Galeano et coll., 2022; de Hoon et coll., 2020; Bratsberg et Raaum, 2011).

2 Le taux de citoyenneté changeant au Canada

Le taux de citoyenneté traditionnel des immigrants récents (la proportion d’immigrants vivant au Canada qui sont des citoyens canadiens) est en baisse depuis le milieu des années 1990 (Hou et Picot, 2024). Ces statistiques sur la citoyenneté sont fondées sur le recensement et correspondent aux immigrants résidant au Canada au moment du recensement . Elles ne comprennent pas les immigrants qui n’étaient pas présents au Canada au moment du recensement, qu’ils aient obtenu la citoyenneté canadienne ou non.

Étant donné que la présente analyse vise à évaluer la relation entre l’acquisition de la citoyenneté et le maintien d’une présence active au Canada, il est nécessaire de recueillir des renseignements sur les immigrants naturalisés (c’est-à-dire ceux qui ont obtenu la citoyenneté canadienne), et ce, qu’ils continuent de demeurer au Canada ou non. Ayant fait défaut par le passé, ces données sont désormais disponibles dans la Base de données longitudinales sur l’immigration (BDIM). Cette analyse met l’accent sur les immigrants qui ont été admis au Canada de 2003 à 2012 et qui se situaient dans le groupe d’âge d’activité maximale (25 à 54 ans) au moment de leur admission. Cette période d’admission a été choisie d’après les données disponibles sur la citoyenneté dans la BDIM afin d’assurer une période de suivi minimale de 10 ansNote  . Le concept principal utilisé dans la présente étude correspond à celui de la présence active, ce qui signifie la production d’une déclaration de revenus au Canada par l’immigrant au cours d’une année donnée. Un immigrant est considéré comme « inactif » s’il n’a pas maintenu une présence active, ce qui signifie qu’il a quitté le Canada ou qu’il est resté dans le pays sans produire de déclaration de revenusNote  .

Le graphique 1 présente les taux de citoyenneté pour tous les immigrants admis au Canada et pour ceux ayant maintenu une présence active dans le pays. Plusieurs constatations marquantes peuvent être tirées de ce graphique .

Premièrement, au cours de chacune des années, le taux de citoyenneté parmi tous les immigrants d’une cohorte d’arrivée précise, la mesure utilisée dans le présent document, est inférieur à celui observé chez les immigrants ayant maintenu une présence active au Canada. Cela s’explique par le fait que les immigrants qui quittent le Canada sont moins susceptibles d’être des citoyens canadiens que ceux qui restent au pays. Par exemple, après 15 ans, le taux de citoyenneté parmi tous les immigrants admis de la cohorte d’admission de 2003 à 2007 était de 72 %, alors qu’il était de 82 % parmi ceux ayant maintenu une présence active au Canada, ce qui est semblable au taux estimé à partir du recensement (Hou et Picot, 2024).

Deuxièmement,les deux mesures montrent que le taux de citoyenneté a diminué entre la cohorte d’admission de 2003 à 2007 et celle de 2008 à 2012. Cette observation concorde avec celles faites lors de travaux de recherche antérieurs fondés sur les données du recensement.

Troisièmement,outre la baisse du taux de citoyenneté parmi les nouveaux immigrants, on a aussi relevé une pratique récurrente qui consiste à retarder l’acquisition de la citoyenneté. Par exemple, cinq ans après leur admission, le taux de citoyenneté de la cohorte plus récente de 2008 à 2012 (36 %) était inférieur d’environ 9 points de pourcentage à celui observé au sein de la cohorte précédente (45 %). Cependant, après 10 ans au Canada, l’écart a diminué pour s’établir à environ 7 points de pourcentage (61 % pour la cohorte de 2008 à 2012 et 68 % pour la cohorte de 2003 à 2007), ce qui porte à croire que certains immigrants de la cohorte la plus récente ont retardé l’acquisition de la citoyenneté par rapport à ceux de la cohorte plus ancienne.

Graphique 1 : Taux de citoyenneté de l’ensemble des immigrants admis au Canada et des immigrants ayant une présence active au Canada et âgés de 25 à 54 ans à l’admission, selon le nombre d’années écoulées depuis l’admission et la cohorte d’admission

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Les données sont présentées selon Nombre d’années écoulées depuis l’admission (titres de rangée) et Cohorte de 2003 à 2007, Cohorte de 2008 à 2012, Tous les immigrants admis, Immigrants ayant une présence active, Tous les immigrants admis et Immigrants ayant une présence active, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nombre d’années écoulées depuis l’admission Cohorte de 2003 à 2007 Cohorte de 2008 à 2012
Tous les immigrants admis Immigrants ayant une présence active Tous les immigrants admis Immigrants ayant une présence active
pourcentage
Note ...

n'ayant pas lieu de figurer

Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration.
4 26,9 29,7 16,3 17,9
5 45,3 50,5 35,6 39,4
6 53,8 60,2 47,7 53,0
7 59,4 66,7 53,8 59,9
8 63,4 71,3 57,0 63,6
9 66,0 74,4 59,2 66,2
10 67,8 76,8 61,4 68,7
11 69,0 78,5
12 69,9 79,7
13 70,5 80,5
14 71,0 81,2
15 71,5 82,0

3 Les immigrants naturalisés ont une présence active au Canada plus grande que ceux n’ayant pas la citoyenneté canadienne

La présence active des immigrants ayant obtenu la citoyenneté canadienne avait tendance à diminuer en fonction du nombre d’années qui se sont écoulées depuis l’admission (graphique 2 et tableau 1), tandis que l’inactivité avait tendance à augmenter. Par exemple, au sein de la cohorte de 2008 à 2012, 4 % des immigrants devenus citoyens étaient inactifs 5 ans après leur admission, une proportion qui grimpe lentement pour atteindre 7 % 10 ans après l’admission, ce qui dénote que certains immigrants qui deviennent citoyens canadiens renoncent à leur présence active au Canada après leur naturalisation. Cependant, cela pourrait être associé à l’acquisition de la citoyenneté ou à d’autres raisons. Le taux de présence active diminue avec les années écoulées depuis l’admission, que l’immigrant devienne citoyen ou non.

Il n’est pas étonnant que les immigrants qui ne deviennent pas des citoyens canadiens soient beaucoup moins susceptibles de maintenir une présence active au Canada que leurs homologues naturalisés, ce qui laisse croire que ce dernier groupe a un engagement beaucoup plus fort à l’égard du Canada. C’est ce que montre le graphique 2 où, par exemple, 93 % des immigrants naturalisés de la cohorte de 2008 à 2012 avaient une présence active 10 ans après leur admission, comparativement à 67 % de ceux qui ne sont pas devenus citoyens. La baisse de la présence active au fil du temps au sein d’une cohorte d’admission a été beaucoup plus forte chez les non-citoyens. Cependant, entre la cohorte de 2003 à 2007 et celle de 2008 à 2012, la présence active a augmenté proportionnellement plus chez les non-citoyens (passant de 58 % à 67 % au cours de la 10e année) que chez les citoyens (passant de 91 % à 93 %). On peut en conclure que même si les taux de citoyenneté ont diminué, une plus grande proportion d’immigrants maintiennent une présence active au Canada, et ce, peu importe le statut de citoyen.

Tableau 1
Taux de citoyenneté et pourcentage d’immigrants ayant une présence active et inactive, selon le statut de citoyenneté et le nombre d’années écoulées depuis l’admission parmi les immigrants qui ont été admis de 2003 à 2012 et qui étaient âgés de 25 à 54 ans à leur admission Sommaire du tableau
Les données sont présentées selon Cohorte d’admission et nombre d’années écoulées depuis l’admission (titres de rangée) et Chiffre de population, Taux de citoyenneté, Parmi les citoyens, Parmi les non-citoyens, Présence active, Présence inactive, Présence active et Présence inactive, calculées selon nombre et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Cohorte d’admission et nombre d’années écoulées depuis l’admission Chiffre de population Taux de citoyenneté Parmi les citoyens Parmi les non-citoyens
Présence active Présence inactive Présence active Présence inactive
nombre pourcentage
Note : Les chiffres de population sont arrondis au dixième près.
Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration.
Cohorte de 2003 à 2007  
4 795 720 26,9 95,2 4,8 82,8 17,2
5 795 390 45,3 94,6 5,4 77,0 23,0
6 795 010 53,8 93,9 6,1 72,3 27,7
7 794 600 59,4 93,1 6,9 68,0 32,0
8 794 150 63,4 92,5 7,5 64,3 35,7
9 793 680 66,0 91,8 8,2 61,2 38,8
10 793 160 67,8 91,2 8,8 58,1 41,9
11 792 560 69,0 90,5 9,5 55,5 44,5
12 792 010 69,9 90,0 10,0 53,4 46,6
13 791 350 70,5 89,4 10,6 51,6 48,4
14 790 630 71,0 89,0 11,0 50,2 49,8
15 789 830 71,5 88,7 11,3 49,0 51,0
Cohorte de 2008 à 2012  
4 848 600 16,3 96,6 3,4 86,5 13,5
5 848 260 35,6 96,3 3,7 82,0 18,0
6 847 850 47,7 95,6 4,4 77,3 22,7
7 847 460 53,8 94,8 5,2 73,8 26,2
8 847 000 57,0 93,9 6,1 71,2 28,8
9 846 490 59,2 93,2 6,8 69,1 30,9
10 845 880 61,4 92,7 7,3 67,1 32,9

Graphique 2 : Pourcentage d’immigrants ayant une présence active au Canada et âgés de 25 à 54 ans à l’admission, selon la cohorte d’admission, le statut de citoyen et le nombre d’années écoulées depuis l’admission

Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Les données sont présentées selon Nombre d’années écoulées depuis l’admission (titres de rangée) et Cohorte de 2003 à 2007, Cohorte de 2008 à 2012, Citoyens, Non-citoyens, Citoyens et Non-citoyens, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nombre d’années écoulées depuis l’admission Cohorte de 2003 à 2007 Cohorte de 2008 à 2012
Citoyens Non-citoyens Citoyens Non-citoyens
pourcentage
Note ...

n'ayant pas lieu de figurer

Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration.
4 95,2 82,8 96,6 86,5
5 94,6 77,0 96,3 82,0
6 93,9 72,3 95,6 77,3
7 93,1 68,0 94,8 73,8
8 92,5 64,3 93,9 71,2
9 91,8 61,2 93,2 69,1
10 91,2 58,1 92,7 67,1
11 90,5 55,5 ... n'ayant pas lieu de figurer ... n'ayant pas lieu de figurer
12 90,0 53,4 ... n'ayant pas lieu de figurer ... n'ayant pas lieu de figurer
13 89,4 51,6 ... n'ayant pas lieu de figurer ... n'ayant pas lieu de figurer
14 89,0 50,2 ... n'ayant pas lieu de figurer ... n'ayant pas lieu de figurer
15 88,7 49,0 ... n'ayant pas lieu de figurer ... n'ayant pas lieu de figurer

4 Variation en fonction des facteurs liés au capital humain et au pays de naissance

La tendance des immigrants (qu’ils soient citoyens canadiens ou non) à avoir une présence active peut varier de façon importante en fonction de leurs caractéristiques. Par exemple, les immigrants très scolarisés, qui ont plus de possibilités de mobilité internationale, peuvent afficher un taux d’inactivité plus élevé au Canada que ceux qui sont moins scolarisés. Les immigrants provenant de pays développés (pouvant leur offrir de meilleures possibilités économiques) peuvent aussi davantage opter pour une migration de retour vers leur pays d’origine que ceux provenant de pays en développement, ce qui explique leur taux de présence active moins élevé au Canada.

Pour évaluer ces possibilités, le taux de présence active (production de déclarations de revenus au Canada) et inactive (absence de production de déclarations de revenus) est estimé pour les citoyens et les non-citoyens au cours de la dixième année après l’admission des immigrants adultes au cours de la période allant de 2003 à 2012. Le taux de citoyenneté après 10 ans a également été estimé en faisant la somme des proportions de citoyens actifs et inactifsNote  . Ces estimations sont fondées sur un modèle de régression logistique multinomiale, ce qui signifie que pour toute variable indépendante (comme le pays de naissance), des contrôles sont en place pour toutes les autres variables comprises dans le tableauNote  . Utiliser ces estimations offre plusieurs avantages. Par exemple, dans les données brutes, les différences entre les pays d’origine relativement au taux de présence active peuvent être attribuables à des différences chez les immigrants des divers pays en ce qui concerne leur niveau de scolarité, leur âge, leur langue, etc. En tenant compte des effets de chevauchements de ces variables indépendantes, les estimations associées au pays d’origine fournissent une meilleure estimation de l’effet indépendant des pays d’origine.

Le tableau 2 met en lumière l’incidence considérable des facteurs liés au capital humain sur les taux de citoyenneté. Les immigrants titulaires d’un baccalauréat ou d’un grade supérieur ont affiché un taux de citoyenneté plus élevé que leurs homologues ayant un niveau de scolarité moins élevé. De même, les immigrants qui parlaient français ou anglais au moment de l'immigration avaient des taux de citoyenneté plus élevés que ceux qui ne parlaient ni l’une ni l’autre des langues officielles. Ces résultats sont vraisemblablement attribuables à des facteurs comme la capacité de réussir l’examen de connaissances sur la citoyenneté et de payer les frais de demande (Hou et Picot, 2021). Les immigrants plus jeunes, en particulier ceux qui sont arrivés au pays lorsqu’ils étaient âgés de 20 à 34 ans, étaient plus susceptibles d’obtenir la naturalisation que les immigrants plus âgés. Parmi les catégories d’immigration, les réfugiés présentaient les taux de participation à la citoyenneté les plus élevés, suivis des immigrants admis dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés (fédéral) et du programme de sélection du Québec.

Selon le pays de naissance, les immigrants en provenance de pays développés ont tendance à avoir un taux de citoyenneté plus faible que ceux issus des autres pays. Cette constatation bien connue vient de ce que ces immigrants possèdent déjà un passeport « de grande valeur »Note  , ce qui signifie que l’obtention d’un passeport canadien ne leur offre pas un avantage important. La possibilité de migration de retour vers un pays natal plus riche est plus grande que la probabilité de retour vers un pays où les revenus sont plus faiblesNote  . Vus sous cet angle, certains immigrants pourraient ne pas présenter une demande de citoyenneté canadienne. Le taux de citoyenneté chez les immigrants en provenance de pays développés, comme les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Corée du Sud, allait de 35 %(États-Unis) à 54 %(Corée du Sud) 10 ans après leur admission. Il est intéressant de mentionner qu’au cours des dernières années, la Chine (49 %) a figuré parmi les pays ayant des taux de citoyenneté plus faibles (voir Hou et Picot, 2024). Les immigrants en provenance de pays en développement, comme la Colombie, les Philippines, le Pakistan et l’Iran, avaient des taux de citoyenneté allant de 74 % à 82 %.

L’effet des facteurs liés au capital humain sur la présence active variait selon le statut de citoyenneté. Parmi les immigrants naturalisés, le taux de présence active dépassait généralement 90 % au cours de la dixième année suivant l’immigration. On a observé une faible variation selon les niveaux de scolarité, les profils de langue officielle, l’âge à l’immigration et la catégorie d’immigration, les écarts à ce chapitre variant de 2 à 3 points de pourcentage.

En revanche, parmi les immigrants non naturalisés, le niveau de présence active était plus faible et variait considérablement selon les facteurs liés au capital humain des immigrants. Des niveaux de scolarité élevés allaient de pair avec une présence active plus faible, un écart de 16 points de pourcentage ayant été observé entre les titulaires d’un diplôme d’études supérieures et les personnes ayant un diplôme d’études secondaires ou un niveau de scolarité inférieur. Les immigrants qui parlaient français ou anglais avaient un taux de présence active inférieur de 9 à 16 points de pourcentage à celui des immigrants qui ne parlaient aucune de ces langues. De même, les immigrants de la catégorie économique de divers programmes avaient une présence active plus faible que les réfugiés, des différences variant de 9 à 19 points de pourcentage ayant été observées.

Non seulement les immigrants provenant de pays développés étaient moins susceptibles de devenir citoyens du Canada, mais ceux qui le sont devenus étaient plus susceptibles d’être inactifs après 10 ans, comparativement à leurs homologues en provenance de pays en développement (tableau 2 et graphique 3)Note  . Cette tendance est vraisemblablement liée à des niveaux plus élevés de migration de retour vers des nations développées, de migrations subséquentes possibles ou même de migrations cycliques entre les pays d’origine et les pays d’accueil.

La connaissance du nombre d’immigrants inactifs qui sont des citoyens canadiens est utile, car les citoyens canadiens vivant à l’étranger peuvent bénéficier d’avantages et avoir des attentes quant à la sécurité et à l’aide en cas de besoin et profiter d’autres avantages auxquels n’ont habituellement pas accès les non-citoyens. Dans l’ensemble, 10 ans après l’admission, environ 28 % des immigrants inactifs ont obtenu la citoyenneté canadienne. Toutefois, des écarts importants existaient selon la catégorie d’immigration et le pays d’origine. Environ 49 % des réfugiés inactifs possédaient la citoyenneté canadienne, comparativement à une proportion de 24 % à 31 % des immigrants admis dans d’autres catégories d’immigration. Même si les immigrants en provenance de pays en développement étaient moins susceptibles d’être inactifs 10 ans après leur admission, ceux qui sont devenus inactifs étaient beaucoup plus susceptibles d’être citoyens que les immigrants provenant de pays développés. Environ 50 % des immigrants inactifs en provenance d’Iran étaient des citoyens canadiens, suivis de 39 % des immigrants inactifs du Pakistan et de 36 % de ceux de la Colombie. En revanche, 14 % des immigrants inactifs venant des États-Unis étaient des citoyens canadiens (graphique 3). Ces différences peuvent s’expliquer par le fait que les immigrants de certains pays en développement sont plus susceptibles d’acquérir la citoyenneté canadienne avant de devenir inactifs (pour conserver la possibilité de retourner au Canada) comparativement à ceux issus de pays développés.

Tableau 2
Taux de citoyenneté estimé et pourcentage d’immigrants ayant une présence active et inactive,
10 ans après l’admission, selon le statut de citoyenneté parmi les immigrants qui ont été admis de 2003 à 2012 et qui étaient âgés de 25 à 54 ans à leur admission, basés sur un modèle logit multinomial Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de citoyenneté estimé et pourcentage d’immigrants ayant une présence active et inactive, Taux de citoyenneté, Parmi les citoyens, Parmi les non-citoyens, Présence active, Présence inactive, Présence active et Présence inactive, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Taux de citoyenneté Parmi les citoyens Parmi les non-citoyens
Présence active Présence inactive Présence active Présence inactive
pourcentage
Note ***

valeur significativement différente de celle de la catégorie de référence (p < 0,001)

Retour à la référence de note&nbsp;*** referrer

Note 

valeur significative à p < 0,001

Retour à la référence de note&nbsp; referrer

Notes : Le modèle multinomial a une valeur du pseudo R-carré de 0,177 et contient 1 639 040 observations. La signification des valeurs marquées du signe † renvoie à la probabilité relative d’appartenir à une catégorie particulière de la variable de résultats (p. ex. citoyens, présence inactive) plutôt que d’appartenir à la catégorie de référence de la variable de résultats (citoyens, présence active).
Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration.
Cohorte d’arrivée  
2003 à 2007 68,1 Tableau 2 Note *** 91,3 8,7 Tableau 2 Note  58,4 Tableau 2 Note  41,6 Tableau 2 Note 
2008 à 2012 (référence) 61,1 92,6 7,4 66,7 33,3
Sexe à la naissance  
Mascullin (référence) 61,2 90,9 9,1 61,4 38,6
Féminin 67,3 Tableau 2 Note *** 92,9 7,1 Tableau 2 Note  64,9 Tableau 2 Note  35,1 Tableau 2 Note 
Âge au moment de l’admission  
20 à 34 ans 66,7 Tableau 2 Note *** 90,9 9,1 Tableau 2 Note  61,9 Tableau 2 Note  38,1 Tableau 2 Note 
35 à 44 ans 61,3 93,6 6,4 Tableau 2 Note  66,3 Tableau 2 Note  33,7 Tableau 2 Note 
45 à 54 ans (référence) 61,7 93,4 6,6 61,0 39,0
Niveau de scolarité à l’admission  
Diplôme d’études secondaires ou moins 59,3 Tableau 2 Note *** 92,1 7,9 Tableau 2 Note  69,3 Tableau 2 Note  30,7 Tableau 2 Note 
Études postsecondaires partielles 63,0 Tableau 2 Note *** 92,8 7,2 Tableau 2 Note  66,3 Tableau 2 Note  33,7 Tableau 2 Note 
Baccalauréat 69,2 Tableau 2 Note *** 91,8 8,2 Tableau 2 Note  58,6 41,4 Tableau 2 Note 
Diplôme d’études supérieures (référence) 67,2 91,2 8,8 53,7 46,3
Langue officielle à l’admission  
Anglais (référence) 64,7 91,4 8,6 61,1 38,9
Français 72,9 Tableau 2 Note *** 94,4 5,6 Tableau 2 Note  60,9 Tableau 2 Note  39,1 Tableau 2 Note 
Français et anglais 71,9 Tableau 2 Note *** 91,7 8,3 Tableau 2 Note  52,9 Tableau 2 Note  47,1 Tableau 2 Note 
Ni français ni anglais 58,0 Tableau 2 Note *** 93,4 6,6 Tableau 2 Note  70,5 Tableau 2 Note  29,5 Tableau 2 Note 
Programme d’immigration  
Programme des travailleurs qualifiés (fédéral); (référence) 68,1 92,6 7,4 54,4 45,6
Programme des candidats des provinces 59,5 Tableau 2 Note *** 92,2 7,8 Tableau 2 Note  64,1 Tableau 2 Note  35,9 Tableau 2 Note 
Sélection du Québec 68,5 92,5 7,5 55,5 44,5 Tableau 2 Note 
Autres programmes économiques 59,6 Tableau 2 Note *** 89,5 10,5 Tableau 2 Note  59,3 40,7 Tableau 2 Note 
Catégorie du regroupement familial 59,5 Tableau 2 Note *** 91,1 8,9 Tableau 2 Note  71,4 Tableau 2 Note  28,6 Tableau 2 Note 
Réfugiés 73,8 Tableau 2 Note *** 90,9 9,1 73,5 Tableau 2 Note  26,5 Tableau 2 Note 
10 principaux pays d’origine  
Chine 48,6 Tableau 2 Note *** 89,7 10,3 Tableau 2 Note  71,7 Tableau 2 Note  28,3 Tableau 2 Note 
Inde 63,8 Tableau 2 Note *** 94,6 5,4 Tableau 2 Note  65,0 Tableau 2 Note  35,0 Tableau 2 Note 
Philippines 73,7 Tableau 2 Note *** 96,7 3,3 Tableau 2 Note  75,7 Tableau 2 Note  24,3 Tableau 2 Note 
Pakistan 80,0 Tableau 2 Note *** 93,0 7,0 Tableau 2 Note  55,1 Tableau 2 Note  44,9 Tableau 2 Note 
Royaume-Uni 52,3 Tableau 2 Note *** 90,9 9,1 Tableau 2 Note  62,7 Tableau 2 Note  37,3 Tableau 2 Note 
Iran 82,3 Tableau 2 Note *** 88,9 11,1 Tableau 2 Note  49,2 Tableau 2 Note  50,8 Tableau 2 Note 
États-Unis (référence) 34,8 87,3 12,7 58,5 41,5
Corée du Sud 53,6 Tableau 2 Note *** 88,8 11,2 Tableau 2 Note  68,2 Tableau 2 Note  31,8 Tableau 2 Note 
France 48,1 Tableau 2 Note *** 86,6 13,4 55,8 Tableau 2 Note  44,2 Tableau 2 Note 
Colombie 76,4 Tableau 2 Note *** 90,7 9,3 Tableau 2 Note  47,2 Tableau 2 Note  52,8 Tableau 2 Note 
Autres pays 68,7 Tableau 2 Note *** 91,3 8,7 Tableau 2 Note  58,7 Tableau 2 Note  41,3 Tableau 2 Note 
Présence active au cours de la première année complète

 
N’ayant jamais produit une déclaration de revenus 31,3 Tableau 2 Note *** 65,9 34,1 Tableau 2 Note  22,8 Tableau 2 Note  77,2 Tableau 2 Note 
Ayant produit une déclaration de revenus sans rémunération 62,2 Tableau 2 Note *** 93,0 7,0 Tableau 2 Note  68,7 Tableau 2 Note  31,3 Tableau 2 Note 
Rémunération allant de plus de 0 $ à 30 000 $ 69,5 Tableau 2 Note *** 93,7 6,3 Tableau 2 Note  78,2 Tableau 2 Note  21,8 Tableau 2 Note 
Rémunération allant de plus de 30 000 $ à 60 000 $ (référence) 73,8 Tableau 2 Note *** 94,3 5,7 83,8 16,2
Rémunération de plus de 60 000 $ 76,5 Tableau 2 Note *** 91,7 8,3 Tableau 2 Note  80,4 Tableau 2 Note  19,6 Tableau 2 Note 

Graphique 3 : Taux de citoyenneté, pourcentage de citoyens inactifs et pourcentage d’immigrants inactifs qui sont citoyens, 10 ans après l’admission, selon le principal pays d’origine, parmi les immigrants qui ont été 
admis pendant la période allant de 2003 à 2012 et qui étaient âgés de 25 à 54 ans à leur admission

Tableau de données du graphique 3
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Taux de citoyenneté, Présence inactive parmi les citoyens et Citoyens parmi les immigrants inactifs, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Taux de citoyenneté Présence inactive parmi les citoyens Citoyens parmi les immigrants inactifs
pourcentage
Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration.
Chine 48,6 10,3 25,7
Inde 63,8 5,4 21,5
Philippines 73,7 3,3 27,8
Pakistan 80,0 7,0 38,5
Royaume-Uni 52,3 9,1 21,0
Iran 82,3 11,1 50,3
États-Unis 34,8 12,7 14,0
Corée du Sud 53,6 11,2 28,9
France 48,1 13,4 21,9
Colombie 76,4 9,3 36,3

5 Existe-t-il un lien entre l’acquisition de la citoyenneté et la diminution de la présence active au Canada?

La présente section vise à déterminer si les immigrants devenus citoyens canadiens étaient moins susceptibles d’avoir une présence active au Canada au cours des années qui suivent immédiatement l’obtention de la citoyenneté comparativement aux années antérieures. L’analyse présentée dans cette section porte sur les immigrants âgés de 25 à 54 ans à l’admission qui ont été admis au pays pendant la période allant de 2003 à 2012 et qui sont devenus citoyens canadiens au moins trois ans avant 2023 (la dernière année où les données sur la citoyenneté sont disponibles)Note  . Dans cette analyse, ces immigrants font l’objet d’un suivi longitudinal et d’une comparaison de leur situation d’activité au cours des années qui précèdent et qui suivent l’obtention de la citoyenneté. Le tableau 3 montre le pourcentage annuel d’immigrants qui ont eu une présence active lors de l’année de l’obtention de la citoyenneté canadienne de même que trois ans avant l’obtention de la citoyenneté et trois ans après.

Les résultats montrent une légère baisse de la présence active au Canada au cours de la période suivant l’obtention de la citoyenneté par rapport à la période précédant l’obtention de la citoyenneté. Au cours de la période allant d’un an avant l’obtention de la citoyenneté à un an après, le taux d’activité est passé de 97 % à 95 %, une baisse de 2 points de pourcentage sur une période de deux ans. Le taux d’activité a diminué pour se chiffrer à 92 % trois ans après l’obtention de la citoyenneté, ce qui correspond à une baisse de 5 points de pourcentage sur une période de quatre ansNote  . Ces données semblent indiquer qu’environ 2 % des immigrants naturalisés ont cessé de maintenir une présence active au Canada un an après l’obtention de la citoyenneté et que 5 % ont cessé de le faire trois ans après, soit parce qu’ils ont quitté le pays, soit parce qu’ils ont cessé de produire des déclarations de revenus. Il est peu probable que les immigrants vivant au Canada cessent de produire des déclarations de revenus après l’obtention de la citoyenneté. Ainsi, le fait que ces personnes deviennent inactives s’explique vraisemblablement par leur absence du pays. Ces reculs de la présence active étaient moins importants que la baisse annuelle d’environ 3 points de pourcentage constatés chez les immigrants n’ayant pas acquis la citoyenneté(tableau 1).

L’analyse qui précède donne à penser que la tendance qu’ont les immigrants à passer à une présence inactive au Canada après l’obtention de la citoyenneté peut varier sensiblement selon la région d’origine. Les données présentées dans le présent document soutiennent cette hypothèse. Par exemple, la présence active au Canada des immigrants naturalisés en provenance des États-Unis a diminué de 3 points de pourcentage entre l’année avant l’obtention de la citoyenneté et l’année après, et de 10 points de pourcentage lorsqu’on compare l’année précédant leur naturalisation et les trois années après. Des baisses supérieures à la moyenne de la présence active au Canada après l’obtention de la citoyenneté ont également été observées chez les immigrants du Royaume-Uni (une baisse de 7 points de pourcentage entre l’année avant l’obtention de la citoyenneté et les trois années après), de la France (9 points de pourcentage) et de la Corée du Sud (7 points de pourcentage). À l’extrémité inférieure, les immigrants des Philippines, du Pakistan et de la Colombie ont affiché des baisses inférieures à la moyenne (3 à 4 points de pourcentage) pour ce qui est de la présence active au Canada après l’obtention de la citoyennetéNote  . Selon ces données, de 7 % à 10 % des immigrants provenant de pays développés sont devenus inactifs trois ans après avoir acquis la citoyenneté, comparativement à 3 % à 4 % des immigrants en provenance de pays en développement. Curieusement, les immigrants de la Chine et de l’Iran ont affiché des tendances très semblables à celles des immigrants issus de pays développés.

En général, les facteurs liés au capital humain ont eu peu d’effet sur la présence active après la naturalisation. Les changements relatifs à la présence active après la naturalisation n’ont pas varié en fonction du niveau de scolarité. La présence active des immigrants qui parlaient le français et l’anglais a diminué considérablement (une baisse de 6 points de pourcentage entre l’année avant la naturalisation et les trois années après) comparativement à celle des immigrants affichant d’autres profils linguistiques (une baisse de 4 à 5 points de pourcentage). De même, les immigrants de la catégorie économique ont connu une baisse légèrement plus importante de leur présence active (6 points de pourcentage) par rapport aux immigrants des catégories (3 à 4 points de pourcentage).

Les immigrants qui ont mis plus de temps à acquérir la citoyenneté étaient plus susceptibles de passer d’une présence active à une présence inactive. Au cours de la période allant de l’année avant l’obtention de la citoyenneté à trois années après, le niveau de présence active a diminué de 10 points de pourcentage parmi les immigrants ayant obtenu leur citoyenneté canadienne 8 à 9 ans après leur immigration et de 15 points de pourcentage parmi ceux ayant mis 10 ans ou plus pour obtenir leur citoyenneté, comparativement à un recul de 4 points de pourcentage pour les immigrants ayant pris moins de temps (tableau 3).

Tableau 3
Pourcentage de personnes ayant une présence active parmi les immigrants ayant acquis la citoyenneté canadienne selon le nombre d’années avant et après l’obtention de la citoyenneté Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de personnes ayant une présence active parmi les immigrants ayant acquis la citoyenneté canadienne selon le nombre d’années avant et après l’obtention de la citoyenneté Nombre d’années avant (valeur négative) ou après (valeur positive) l’obtention de la citoyenneté canadienne, -3, -2, -1, 0, 1, 2 et 3, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Nombre d’années avant (valeur négative) ou après (valeur positive) l’obtention de la citoyenneté canadienne
-3 -2 -1 0 1 2 3
pourcentage
Note : Le chiffre de population pour ce tableau est de 1 070 270.
Source : Statistique Canada, Base de données longitudinales sur l’immigration.
Total 96,7 96,9 96,7 95,9 94,9 93,9 91,8
Cohorte d’arrivée  
2003 à 2007 96,1 96,4 96,2 95,3 94,3 93,3 92,0
2008 à 2012 97,3 97,5 97,3 96,5 95,6 94,6 91,5

Nombre d’années pour l’obtention de la citoyenneté
 
5 ans ou moins 96,8 97,1 97,0 96,2 95,2 94,1 93,2
6 à 7 ans 96,6 96,8 96,5 95,7 94,7 93,7 92,9
8 à 9 ans 96,2 96,4 96,0 95,1 94,2 93,2 85,5
10 ans ou plus 95,9 96,3 95,7 94,8 93,9 93,1 80,7
Niveau de scolarité  
Diplôme d’études secondaires ou niveau de scolarité inférieur 95,5 96,0 95,7 95,0 94,2 93,5 91,1
Études postsecondaires partielles 96,7 96,9 96,8 96,1 95,4 94,6 92,7
Baccalauréat 97,1 97,3 97,1 96,3 95,3 94,2 92,3
Diplôme d’études supérieures 97,1 97,3 97,1 96,3 95,3 94,2 92,3
Langue officielle  
Anglais 96,5 96,8 96,6 95,8 94,8 93,8 91,6
Français 97,6 97,8 97,7 97,0 96,3 95,8 94,1
Français et anglais 97,1 97,3 97,0 95,9 94,4 92,9 90,9
Ni français ni anglais 96,4 96,6 96,5 95,9 95,1 94,4 92,5
Catégorie d’immigration  
Catégorie économique 97,7 97,9 97,6 96,8 95,6 94,4 92,1
Catégorie du regroupement familial 94,7 95,1 94,9 94,3 93,7 92,9 90,9
Catégorie des réfugiés 95,6 96,0 95,8 94,8 94,1 93,5 92,1
Autres 95,1 95,6 95,0 94,5 93,9 93,7 92,1
Région d’origine  
États-Unis 95,2 95,4 95,0 93,9 91,9 89,9 85,2
Caraïbes, Amérique centrale et du Sud 96,7 97,0 96,7 95,9 95,0 93,9 92,0
Europe occidentale et septentrionale 97,2 97,5 96,9 95,9 94,2 92,3 88,8
Europe orientale et méridionale 97,2 97,5 97,4 96,7 95,9 95,0 93,5
Afrique 96,1 96,5 96,2 95,2 94,4 93,6 91,9
Asie du Sud 96,9 97,1 97,0 96,4 95,8 95,1 92,9
Asie du Sud-Est 97,8 97,9 97,9 97,6 97,2 96,9 94,9
Asie de l'Est 96,1 96,3 96,1 94,9 93,6 92,2 90,1
Asie de l'Ouest 96,0 96,4 96,0 94,6 93,0 91,3 88,9
10 principaux pays d’origine  
Chine 96,0 96,2 96,0 94,9 93,6 92,3 90,4
Inde 97,1 97,3 97,2 96,7 96,1 95,4 93,0
Philippines 98,9 99,0 98,9 98,7 98,4 98,1 96,1
Pakistan 96,3 96,7 96,6 95,7 94,9 94,1 92,4
Royaume-Uni 96,8 97,1 96,8 95,8 94,5 92,8 89,8
Iran 95,2 95,6 95,1 93,6 92,2 90,9 88,8
États-Unis 95,2 95,4 95,0 93,9 91,9 89,9 85,2
Corée du Sud 96,9 97,1 96,8 95,6 94,2 92,6 89,8
France 97,8 98,0 97,3 96,2 94,1 91,9 88,3
Colombie 97,9 97,9 97,5 96,8 95,6 94,5 93,1

Conclusion

La présente étude vise à déterminer s’il existe une relation entre l’obtention de la citoyenneté et le niveau d’« inactivité» au Canada. Un immigrant est considéré comme inactif s’il a quitté le Canada ou s’il vit dans le pays sans produire de déclarations de revenus. La grande majorité des immigrants au Canada produisent des déclarations de revenus (90 % l’ont fait au cours de la première année suivant leur arrivée). Une certaine proportion (soit environ 8 %) des immigrants qui deviennent des citoyens canadiens sont devenus inactifs au cours de la dixième année suivant leur admission. Un important écart a été observé entre les pays d’origine des immigrants. Les immigrants provenant de pays développés étaient moins portés à devenir citoyens canadiens et ceux qui l’étaient avaient un taux d’inactivité plus élevé au pays 10 ans après leur admission comparativement à leurs homologues en provenance de pays en développement (après la prise en compte d’autres caractéristiques). Le pourcentage d’immigrants actifs 10 ans après leur admission était beaucoup plus élevé parmi les citoyens que parmi les non-citoyens. De plus, la présence active a augmenté chez les cohortes d’immigrants plus récents, peu importe le statut de citoyen.

Afin de dégager le lien entre l’obtention de la citoyenneté et la présence active au Canada, on examine, dans la présente analyse, si les citoyens immigrants étaient moins susceptibles d’avoir une présence active au cours des années qui suivent immédiatement comparativement aux années qui précèdent immédiatement l’obtention de la citoyenneté. Les résultats indiquent que le taux de présence active a diminué pour passer de 97 % au cours de l’année précédant la naturalisation à 95 % au cours de l’année suivant la naturalisation, ce qui représente une baisse de 2 points de pourcentage. Cela indique qu’environ 2 % des immigrants naturalisés ont cessé de maintenir une présence active au Canada au cours de cette période de deux ans. Cependant, cette baisse de la présence active a été moins importante que la baisse annuelle d’environ 3 points de pourcentage observée parmi les immigrants n’ayant pas acquis la citoyenneté.

Dans l’ensemble, les résultats indiquent qu’une très petite proportion d’immigrants sont passés d’une présence active à une présence inactive au Canada après l’obtention de leur citoyenneté. Pour la majorité des immigrants, la naturalisation a eu peu d’effet sur leur présence active. Cette constatation donne à penser que les immigrants qui choisissent de devenir citoyens canadiens sont fermement déterminés à rester au Canada.

Bibliographie

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