Analyse en bref
Le système de statistiques nationales sur la qualité de vie : Cadre conceptuel

Date de diffusion : le 1 juin 2022

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Début du texte

1. Introduction

Statistique Canada a lancé une importante initiative de renforcement de ses statistiques sociales, qui ont été renommées « statistiques sur la qualité de vie ». Cette initiative est décrite dans le document de 2022 intitulé « Le système de statistiques nationales sur la qualité de vie : Orientations futures ». Ce système :

  • précise la raison d’être de cette approche (rappel aux lecteurs : un résumé de ce raisonnement est présenté dans l’encadré 1);
  • décrit son contenu en termes de système, c’est-à-dire qu’il permet d’examiner les entrées, les processus, les extrants et les résultats proposés du système.

Le présent document fournit une description complémentaire sous un angle différent, à savoir :

  • son cadre conceptuel, c’est-à-dire une description de la structure des  entrées (éléments de données distincts provenant de sources multiples) et de la manière dont ils sont utilisés de façon uniforme pour créer des produits (indicateurs, tableaux de bord, tableaux de données connexes et fichiers de microdonnées);
  • les principaux défis et les prochaines étapes de l’opérationnalisation de ce cadre.

La section 2 se penche sur les raisons pour lesquelles un cadre conceptuel est requis à l’heure actuelle.

La section 3 décrit concrètement la manière dont le cadre conceptuel peut être opérationnalisé par l’examen des changements qui devront être apportés au site Web de Statistique Canada.

La section 4 présente les points qui devront être abordés plus tard et la manière dont le cadre conceptuel facilitera le travail d’élaboration nécessaire.

La section 5 conclut en passant en revue les avantages et les défis de la mise en œuvre d’un système fondé sur des microdonnées.

Une annexe décrit les antécédents historiques de l’approche proposée. Un cadre fondé sur les microdonnées est la suite logique de discussions liées à la mise au point de la version actuelle du Système de comptabilité nationale (SCN) ayant eu lieu sur une période de 50 ans.

2. Nécessité de disposer d’un cadre conceptuel

Qu’est-ce qu’un cadre conceptuel?

Un cadre conceptuel décrit la façon dont les statisticiens nationaux définissent leurs concepts et leurs processus. Il est fondé sur un modèle de la société qui rend compte de leur compréhension de ce qu’il est important de mesurer dans le monde réel.

Encadré 1 — Justification du passage au système de statistiques nationales sur la qualité de vie

Par rapport aux dispositions actuelles, le système proposé produira des statistiques plus actuelles, plus détaillées, mieux adaptées aux besoins des utilisateurs et plus facilement accessibles.

Conformément aux lignes directrices établies dans le budget de 2021, le système en cours d’élaboration fournira des données probantes exhaustives et utilisables sur les éléments suivants :

  • les facteurs interdépendants, y compris les facteurs non économiques comme la santé, le logement, l’environnement et la sécurité, qui procurent une qualité de vie élevée. Le système prend également compte de l’incidence des politiques et des programmes de tous les ordres de gouvernement sur les personnes à différentes étapes de leur vie;
  • l’égalité, qui montre la répartition des résultats et des possibilités à différents endroits et pour différentes personnes, compte tenu de la grande diversité de la population canadienne et de la nécessité d’analyser et de mener des actions au niveau des petits groupes de population, y compris ceux qui rencontrent des obstacles à une qualité de vie élevée;
  • des résultats durables, en évaluant la mesure dans laquelle les actions actuelles permettront de soutenir la qualité de vie élevée dans l’avenir.

Au fil du temps, le système commencera également à fournir des données probantes qui pourraient améliorer les décisions prises concernant les interventions sociales précises qui conviendraient le mieux à des personnes en particulier. Ces renseignements seront accessibles au moment où les décisions seront prises, en fonction de l’analyse des solutions qui ont donné les meilleurs résultats dans des situations semblables dans le passé. La mise au point de ces applications est facilitée par des ententes de partenariat conclues avec des organismes qui offrent des programmes et des services sociaux.

Les données probantes obtenues appuieront l’établissement de budget et la responsabilisation des gouvernements, la conception de programmes efficaces ainsi que l’efficience de leur administration. Des données utiles sur « ce qui est susceptible de mieux fonctionner » appuieront la prise de décisions chez les citoyens et les fournisseurs de service.

On obtiendra ainsi des améliorations considérables au fonctionnement des marchés du travail, à la santé, à l’apprentissage et à d’autres dimensions sociales de la vie au Canada, autant sur le plan de la moyenne que pour l’ensemble des groupes de population. En outre, les personnes bénéficieront d’avantages directs lorsqu’elles prennent des décisions importantes dans le domaine social ainsi que dans les domaines de la santé et du travail.

Contrairement aux statistiques sociales existantes, qui sont fondées sur des sources de données précises, comme des enquêtes, des recensements et des dossiers administratifs résumés, le nouveau système fournira des renseignements beaucoup plus détaillés et récents, en s’appuyant sur des données provenant de sources multiples. Ces sources comprendront un ensemble beaucoup plus souple d’enquêtes, de renseignements détaillés sur le fonctionnement des programmes sociaux et de données anonymisées sur des personnes qui se trouvent actuellement dans les dossiers administratifs.

Un système à sources multiples est possible grâce aux améliorations majeures apportées à la technologie du traitement de l'information numérique au cours des dernières décennies. Encore plus d’outils puissants et de sources de données se pointent à l’horizon.

L’analogie habituelle se fait avec le SCN. Celui-ci décrit le fonctionnement de la macroéconomie du point de vue de la discipline des sciences sociales qu’est l’économie et est devenu le cadre conceptuel statistique dominant qui oriente l’élaboration des politiques.

Dans le cas du système de statistiques nationales sur la qualité de vie, le cadre conceptuel est axé sur les personnes et leur bien-être. En termes pratiques, il prend la forme de documentation (parfois appelée des métadonnées) qui décrit les concepts uniformisés, les définitions, les systèmes de classification, les procédures et les résultats utilisés dans le système statistique. Il met l’accent sur les points suivants :

  • la cohérence dans la description des différents éléments de microdonnées et dans la mesure de leur qualité;
  • la cohérence dans la façon dont chaque élément de données (parmi les innombrables éléments qui sont, ou pourraient être, recueillis) est intégré en statistiques et en indicateurs agrégés d’ordre supérieur;
  • la cohérence avec les systèmes connexes, notamment avec ce qui suit :
    • les normes et les indicateurs internationaux,
    • les cadres utilisés dans les systèmes statistiques économiques et environnementaux,
    • les concepts utilisés dans diverses disciplines scientifiques.

Pourquoi en avons-nous besoin maintenant?

Dans le passé, les statistiques sociales étaient organisées autour d’instruments de collecte distincts, tels que les recensements ou les enquêtes auprès des personnes, ou encore les enquêtes qui obtenaient des données à partir de dossiers administratifs. Il n’existait pas de système intégré et exhaustif de statistiques sociales.

  • Chaque enquête ou autre instrument de collecte reposait, bien entendu, sur une compréhension implicite de ce qu’il était important de mesurer dans le monde réel. Cependant, le modèle de société utilisé n’était pas explicite, et il n’existait généralement aucune référence aux concepts utilisés dans d’autres instruments de collecte.
  • Dans la pratique, cependant, des efforts ont souvent été déployés afin d’assurer la comparabilité des définitions lorsque la même variable était recueillie au moyen de différents instruments de collecte. Cela consistait souvent à emprunter des définitions utilisées dans d’autres instruments de collecte existants, et non à se référer à un modèle conceptuel.

En d’autres termes, dans le passé, il y avait un besoin de coordination, mais pas de besoin d’établir un ensemble de définitions rigoureuses et uniformes englobant toutes les statistiques sociales. Dans le document « Orientations futures », on explique que le passage à un système à sources multiples nécessitera l’élaboration d’un cadre conceptuel explicite et des définitions normalisées pour toutes les variables et d’autres descripteurs de métadonnées.

  • Lorsque les produits statistiques sont fondés sur le traitement de variables provenant de nombreuses sources, il est impératif que ces variables soient définies de la même manière et que leur qualité soit mesurée de façon uniforme et rigoureuse.
  • Cela nécessite l’utilisation de définitions normalisées pour toutes les variables. L’uniformité est assurée par l’élaboration de ces définitions normalisées par rapport à un modèle commun de fonctionnement de la société au niveau micro.
  • En d’autres termes, deux ensembles de définitions sont en jeu : premièrement, une définition normalisée d’une variable qui définit ce qui est nécessaire ou prévu et, deuxièmement, une description des données réelles qui sont recueillies auprès de diverses sources, y compris tous les écarts par rapport à la définition normalisée.
  • Une multitude de nouveaux renseignements statistiques peuvent être produits en utilisant des outils de couplage de données fondées sur des données se chevauchant et provenant de sources multiples, à condition que ces définitions normalisées et ces mesures de qualité soient en place.

En d’autres termes, dans un système à sources multiples, il n’existe aucune autre solution que de disposer d’un cadre conceptuel qui fournit un ensemble de définitions uniformes, interdépendantes et standardisées des variables et des autres concepts utilisés dans le système et précise la manière dont ils sont regroupés de façon systématique dans divers produits tels que des tableaux, des indicateurs ou des fichiers de microdonnées.

Telles qu’elles sont décrites dans les sections suivantes, la création et l’opérationnalisation d’un tel cadre sont tout à fait gérables :

  • De nombreux éléments de ce système existent déjà.
  • Une façon commune de comprendre le fonctionnement de la société est implicite dans presque toutes les données sociales existantes. Les définitions normalisées seront généralement faciles à créer, au moins pour les données transversales existantes.
  • La mise en œuvre peut être progressive. Un système qui repose sur des microfondations est fondamentalement souple. Il utilise toutes les données disponibles. Les erreurs et les mauvais démarrages sont faciles à corriger.

3. Opérationnalisation du cadre conceptuel sur le site Web de Statistique Canada

Le cadre conceptuel requis peut être opérationnel si des changements progressifs sont apportés au site Web de Statistique Canada dans les domaines suivants :

  • l’extension progressive des métadonnées existantes sur le site Web afin d’inclure toutes les variables, les unités statistiques et les systèmes de classification utilisés dans le système sur la qualité de vie;
  • l’augmentation progressive du nombre de produits sur le site Web, conformément à l’approche décrite dans le document « Orientations futures », dans les catégories suivantes (les données dans tous les produits sont fondées sur les microdonnées mentionnées plus haut, qui sont définies de manière uniforme) :
    • fichiers de microdonnées normalisés,
    • tableaux normalisés,
    • tableaux de bord normalisés (dont certains peuvent être désignés comme des carrefours),
    • indicateurs de la qualité de vie;
  • l’ajout de matériel contextuel sur le site Web lié au système de statistiques sur la qualité de vie dans son ensemble.

Descripteurs de métadonnées des variables

Bon nombre de définitions requises se trouvent déjà dans la section centrale des métadonnées du site Web actuel de Statistique Canada, bien que certaines d’entre elles soient encore définies par rapport aux sources de données et non par rapport à ce qu’elles sont censées mesurer.

  • D’autres définitions se trouvent dans les sections du site Web relatives à des données précises provenant de diverses sources. La plupart de ces définitions ont été établies, comme il a été mentionné, de manière uniforme.
  • D’autres définitions sont comprises dans la documentation relative aux ensembles de microdonnées. Bon nombre de ces définitions sont propres aux données sources, souvent un fichier administratif, et ne correspondent pas nécessairement aux définitions normalisées produites par le système statistique.

Par conséquent, la première tâche consiste à élargir les descriptions des métadonnées existantes sur le site Web afin de couvrir progressivement toutes les données du système de statistiques sur la qualité de vie tout en veillant à ce que chaque entrée comprenne une définition normalisée (établie en termes de modèle de fonctionnement de la société et ne faisant pas référence aux sources de données) ainsi que les définitions des données recueillies auprès de différentes sources qui indiquent si, et le cas échant en quoi, elles s’écartent de la définition normalisée. L’encadré en donne un exemple.

Exemple d’une entrée de métadonnées décrivant une personne occupée

L’entrée pourrait commencer par la définition normalisée d’une personne occupée, établie sans référence à la source de ces données.

Cette définition pourrait être suivie d’une description des éléments de données réels qui ont été recueillis. Chacun de ces éléments aurait un adjectif ou une modification dans son titre pour le distinguer de la définition normalisée et qui montre en quoi il diffère de la norme; par exemple,

  • personne occupée (définition de l’Enquête sur la population active) : pour les données recueillies dans le cadre de cette enquête;
  • personne occupée (définition de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail) : pour les données recueillies dans le cadre de cette enquête; 
  • et d’autres variantes des variables d’emploi recueillies dans le cadre d’autres enquêtes ou à partir de fichiers administratifs.

L’entrée pourrait également comprendre des sous-entrées pour des variables étroitement liées, principalement celles relatives aux différents groupes au sein de l’emploi, telles que :

  • personne occupée à temps partiel, comprenant une définition uniformisée de ce qui constitue un emploi à temps partiel;
  • personne occupée dans diverses autres catégories de relations et de modalités de travail.

L’entrée contiendrait également des renvois à des entrées étroitement liées, telles que celles relatives aux heures ou à la précarité. Les définitions pourraient être répétées dans diverses entrées, si nécessaire. Il pourrait également y avoir un indice qui indique séparément toutes les variables de toutes les entrées.

Des définitions normalisées existent déjà pour la plupart des variables relatives aux personnes. Comme il a été mentionné, il n’existe actuellement aucune théorie explicite de la société qui soit utilisée pour établir une définition idéale ou normalisée. Cependant, dans la pratique, presque toutes les données qui existent actuellement dans le système sont implicitement fondées sur un modèle transversal où :

  • les personnes ont des attributs qui sont définis de manière uniforme;
  • les personnes interagissent avec d’autres personnes ainsi qu’avec des programmes sociaux, des institutions sociales et des groupes au moyen de transactions et d’activités qui sont également définies de manière uniforme (par exemple, la valeur en dollars de la transaction ou la durée de l’activité).

À l’annexe, la figure A1 présente le modèle conceptuel simple qui sous-tend la plupart des données sociales existantes. Elle comprend également des suggestions relativement aux façons de regrouper les attributs des personnes de manière à mettre l’accent sur le thème de la qualité de vie.

  • Il convient de noter que ce cadre, puisqu’il englobe les transactions économiques, est compatible avec le SCN et ses différents comptes satellites dans le domaine social, comme l’indique la section A5 de l’annexe.

En d’autres termes, la création de métadonnées complètes décrivant les variables liées aux personnes ne présente aucun défi sérieux au plan conceptuel, du moins pour les données transversales existantes. De même, les métadonnées relatives aux systèmes de classification et aux unités statistiques se trouvent déjà sur le site Web ou elles pourraient y être mentionnées en référence.

Il y aura des défis à relever au plan conceptuel à mesure que le système évolue pour mieux soutenir les analyses de cycle de vie et d’autres analyses longitudinales en plus de soutenir l’analyse causale des effets des programmes sociaux sur les personnes. Ces défis, qui comprennent l’élaboration de définitions normalisées pour les variables qui décrivent les programmes et les institutions, sont abordés dans la section 4.

Produits normalisés sur le site Web

Les principaux produits statistiques dans la version actuelle du site Web comprennent des tableaux et des graphiques connexes qui peuvent, de plus en plus, être manipulés de diverses manières par les utilisateurs. Ces tableaux sont généralement fondés sur des données provenant d’une source précise, comme les données de l’Enquête sur la population active ou les données du recensement.

Dans le document « Orientations futures » sont abordées les raisons pour lesquelles les produits normalisés suivants, tous dérivés des microdonnées définies de manière uniforme, devraient être progressivement ajoutés au site Web :

  • Tableaux normalisés de sources multiples définis en termes de domaine spécialisé et non de la source
    • Les tableaux existants resteraient évidemment sur le site Web.
    • Les tableaux dans lesquels les données proviennent de différentes sources seraient ajoutés progressivement, après avoir consulté les utilisateurs. L’encadré 2 en donne des exemples.
    • Le défi consistera à élaborer des moyens efficaces pour informer les utilisateurs sur les sources et la qualité des données contenues dans ces tableaux.
  • Fichiers de microdonnées normalisés de sources multiples — Les méthodes existantes de diffusion des fichiers de microdonnées seraient, bien entendu, maintenues.
    • En outre, à la suite de consultations auprès des utilisateurs, un nouvel ensemble de fichiers de microdonnées normalisés entièrement documentés et contrôlés pour protéger la vie privée serait progressivement créé et rendu accessible par l’entremise du site Web. Ils seraient conçus pour répondre à une série de besoins actuels et contiendraient généralement des données provenant de sources multiples, y compris des données synthétiques lorsque cela s’avère utile. L’encadré 2 en donne des exemples.

Encadré 2 — Exemples de tableaux normalisés de sources multiples et de fichiers de microdonnées normalisés de sources multiples

Tableaux normalisés de sources multiples
  • Il pourrait s’agir de tableaux qui présentent de simples compilations de données existantes, par exemple l’évolution d’une année à l’autre de variables clés du marché de l’emploi tirées de différentes enquêtes et de sources administratives (emploi selon le genre, heures de travail, salaires, postes vacants, cumul d’emplois, chômage et prestation d’assurance-emploi, entre autres).
  • D’autres tableaux pourraient être fondés sur des données synthétiques entièrement intégrées provenant de sources multiples, comme les tableaux produits à partir de la Base de données de simulation de politique sociale existante.
  • Une voie prometteuse consisterait à consulter les études analytiques existantes qui reposent sur des fichiers de données couplés. Il s’agit généralement d’études ponctuelles, mais certains tableaux produits pour ces études pourraient être utilisés comme tableaux normalisés actuels accessibles sur le site Web.
Fichiers de microdonnées normalisés de sources multiples

Comme l’a indiqué le document « Orientations futures », de nombreux progrès ont été réalisés dans la création de riches plateformes de bases de données dans le domaine social qui peuvent être couplées et qui sont principalement fondées sur des fichiers administratifs. L’intention est d’y inclure des fichiers de recensement et d’enquête. De nouveaux outils ont été mis au point afin d’effectuer des couplages tout en garantissant la protection de la vie privée. 

Cette nouvelle capacité a servi à produire quelques études analytiques, et son potentiel commence à peine à être exploité. L’un des éléments d’un plan d’élaboration pourrait être la détermination de fichiers de microdonnées qu’il pourrait être utile de produire de façon continue et documentée et auxquels on pourrait accéder sans risque lié à la protection de la vie privée.

  • La modélisation par microsimulation pourrait être utilisée dans certains cas, car elle peut produire des données synthétiques utiles sans risque lié à la protection de pour la vie privée. La Base de données et Modèle de simulation de politique sociale fournit un exemple actuel.
  • Il s’agit d’un domaine où les ententes de partenariat avec des chercheurs externes pourraient s’avérer productives.
  • Indicateurs de la qualité de vie — Un ensemble proposé d’indicateurs de la qualité de vie généraux a déjà été élaboré par le ministère des Finances en collaboration avec Statistique Canada. Il est décrit dans la section A6 de l’annexe.
    • Le document « Orientations futures » fait valoir que les indicateurs du ministère des Finances pourraient être utilisés sur le site Web de Statistique Canada, qu’ils soient ou non officiellement adoptés par le Gouvernement du Canada pour être utilisés dans l’élaboration des politiques. Le document laisse entendre que, si cela n’était pas possible, une variante des indicateurs du vivre mieux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pourrait être utilisée.
    • Ces indicateurs ne seraient pas les seuls à figurer sur le site Web de Statistique Canada. Les indicateurs du ministère des Finances ont été conçus pour concorder (et se recouper) avec des indicateurs élaborés à d’autres fins, comme la stratégie de réduction de la pauvreté ou celle du logement, ou encore les objectifs de développement durable. Par exemple, les indicateurs de la qualité de vie comprendraient des indicateurs (comme le taux de pauvreté) qui figurent également dans le Cadre d’indicateurs canadien pour les objectifs de développement durable.
    • Les indicateurs de la qualité de vie seraient considérés comme une partie d’un ensemble global de produits d’information contenant également des tableaux de bord destinés à des applications précises de politiques et de programmes, ainsi que des tableaux et des tableaux de bord connexes.
  • Tableaux de bord et carrefours — Les indicateurs de la qualité de vie, ainsi que les initiatives relatives aux indicateurs sociaux en général, sont trop généraux pour être directement utiles dans la plupart des programmes et des politiques pratiques. Dans le document « Orientations futures », on demande la tenue de consultations avec les utilisateurs afin d’élaborer des ensembles d’indicateurs de niveau inférieur, appelés des tableaux de bord, dans le but de répondre aux besoins d’utilisateurs qui abordent des questions précises relatives aux politiques ou aux programmes.
    • Certaines de ces exigences seront très spécifiques à un seul utilisateur et seront satisfaites par la production de tableaux sur mesure et de graphiques connexes. D’autres répondront aux besoins d’un plus large éventail d’utilisateurs et figureront sur le site Web.
    • Certains d’entre eux figurent déjà sur le site Web actuel, où ils sont désignés comme des carrefours, tels que le Carrefour des dimensions de la pauvreté, le Carrefour de données sur l’accessibilité, le Carrefour de données liées aux objectifs de développement durable. Les renseignements qui se trouvent sur ces carrefours sont très riches, souvent accompagnés d’un matériel explicatif considérable et conçus pour répondre à un large éventail de besoins.
    • Dans le document « Orientations futures », on envisage également la création progressive d’ensembles d’indicateurs de tableau de bord moins élaborés et moins détaillés que ceux qui figurent sur les carrefours actuels. Dans certains cas, les indicateurs traiteraient de questions de nature temporaire ou qui s’adressent à des publics plus spécialisés, comme ceux qui concernent les programmes touchant un groupe de population précis. Ceux-ci peuvent être créés simplement et rapidement. Leur conception serait souple, mais tous contiendraient des liens vers les indicateurs de la qualité de vie plus généraux et vers les tableaux et les microdonnées connexes.

Matériel contextuel relatif à l’ensemble du système

En plus des métadonnées et des produits décrits ci-dessus, on propose que du matériel contextuel relatif au système de statistiques nationales sur la qualité de vie dans son ensemble soit également ajouté sur le site Web de Statistique Canada. Cela comprendrait des renseignements sur le contexte historique, des plans stratégiques, des explications sur les enjeux importants et la façon de les résoudre ainsi que des descriptions des processus de consultation liés à l’élaboration de nouvelles données. Ce matériel contextuel tient compte de la perspective suivante :

  • Il s’agit d’une période de changement transformationnel dans le système statistique national, à la fois en ce qui concerne les sources et les utilisations de données sociales et en ce qui concerne le processus consultatif ainsi que les processus de partenariat et de prise de décision qui sont utilisés.
  • Il est utile, pendant ces périodes de transition, d’être ouvert et explicite sur le qui, le comment, le quoi et le pourquoi. Il contribuera à appuyer l’importance nouvelle accordée à la sensibilisation et au partenariat.
  • Il aidera tant les utilisateurs que les producteurs de données à concentrer leur attention sur le système dans son ensemble ainsi que sur ses composantes prises séparément.

4. Travaux d’élaboration futurs

La section précédente reflète un point de vue opérationnel à court et à moyen terme par l’étude de la mise en application du passage à une perspective de qualité de vie en ce qui concerne les changements qui devront être apportés sur le site Web de Statistique Canada. Le document « Orientations futures » a également abordé les défis à plus long terme. Ceux-ci entraîneront des pressions visant à renforcer la capacité du système de statistiques nationales sur la qualité de vie pour :

  • mesurer les dimensions de durabilité et d’égalité du bien-être, notamment l’accent mis sur les données désagrégées et les gains et les pertes de capital financier, humain et social au fil du temps;
  • accroître sa réactivité, y compris son actualité;
  • mesurer l’incidence des politiques et des institutions sociales, prises séparément ou en les combinant, sur la qualité de vie des personnes au cours de leur vie;
  • fournir des renseignements statistiques pratiques directement aux personnes. Ceci implique de travailler en partenariat avec les prestataires de services visant à élaborer des projets pilotes et des projets de démonstration qui fourniront en temps réel des estimations de « ce qui est susceptible de mieux fonctionner » en fonction d’interventions précises.

Pour évoluer en ce sens, de nouveaux travaux en recherche et développement seront nécessaires pour étendre le modèle conceptuel de la société qui sous-tend le cadre, selon les modalités exposées dans l’encadré 3. Voici les éléments clés :

  • Bien qu’une partie de cette recherche et développement soit ambitieuse et engage le système statistique national dans de nouvelles directions, sa mise en œuvre peut être progressive en fonction des ressources disponibles et des priorités courantes.
  • Le modèle transversal qui sous-tend les statistiques sociales actuelles est très souple. Il peut être étendu pour englober les nouveaux types d’analyse qui seront nécessaires. Comme il est indiqué dans l’encadré 3, une grande partie des travaux d’élaboration nécessaires a été prévue dans un document de 2012 intitulé « A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis », dont il est question à la section A4 de l’annexe.

Encadré 3 — Exemples de travaux d’élaboration supplémentaires qui seront nécessaires pour répondre aux nouvelles priorités

Durabilité et égalité — Le passage à un cadre basé au niveau micro favorisera, bien entendu, des progrès importants dans l’analyse liée à l’égalité; il soutient l’analyse la plus désagrégée possible compte tenu des limites inhérentes aux données sources.

Pour soutenir l’analyse de la durabilité, il faudra poursuivre l’élaboration du cadre conceptuel afin de permettre une meilleure analyse des causes des changements dans le capital humain, financier et social.

  • Le modèle existant fonctionne bien pour étudier la façon dont les flux comportant des opérations monétaires génèrent des gains et des pertes en capital financier, comme le patrimoine des particuliers. Toutefois, des travaux d’élaboration supplémentaires sont nécessaires pour montrer la façon dont les flux comportant des services et des renseignements (y compris ceux qui ont lieu en dehors du cadre du marché) entraînent des gains et des pertes en capital humain et social, ces derniers étant des dimensions importantes d’une qualité de vie élevée.
  • Le document « A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis », dont il est question à la section A4 de l’annexe, fournit des conseils sur le type de travaux d’élaboration nécessaires.

Réactivité et actualité ne sont pas des pressions nouvelles. Statistique Canada a réalisé des améliorations majeures en matière de réactivité au cours de la crise de la COVID-19. Le document « Orientations futures » décrit les plans actuels visant à accroître la réactivité dans la réponse aux demandes de nouveaux renseignements.

  • Un système à sources multiples a la capacité de fournir plus rapidement un éventail beaucoup plus large de statistiques, tout comme les plans actuels visant à mettre en œuvre une capacité d’enquête interne plus réactive et plus rapide.
  • L’utilisation d’indicateurs de la qualité de vie et le recours accru aux tableaux de bord et aux carrefours sur des sujets d’intérêt pour les politiques se traduiront par une pression encore plus forte pour augmenter l’actualité de l’information. Leur utilité dépend en grande partie de l’actualité des indicateurs utilisés.
  • Il est probable qu’il y ait une pression croissante pour produire des estimations des données actuelles, même si elles sont de moindre qualité, en partant du principe que certaines données actuelles valent mieux que rien. La R-D liée à la faisabilité et à la qualité des outils de prévision immédiate (y compris la microsimulation) deviendra probablement importante.

La mesure de l’incidence des combinaisons d’interventions gouvernementales sur la vie ultérieure des personnes concernées est en train de devenir un objectif réalisable pour le système statistique grâce à une approche micro axée sur des sources multiples et une nouvelle puissance de traitement des données, bien que dans certains domaines de la politique sociale, ce soit encore un objectif lointain. Beaucoup de R-D et une stratégie de mise en œuvre progressive seront nécessaires.

  • Description des institutions et des programmes à un niveau de détail élevé — L’un des principaux défis consistera à trouver des méthodes uniformes pour mesurer les processus et les résultats de programmes gouvernementaux précis ainsi que les interventions des institutions sociales de façon uniforme, à un niveau de détail élevé.
    • Le système actuel le fait bien pour les programmes qui fournissent un revenu aux personnes. Cependant, un travail d’élaboration sera nécessaire pour les programmes qui fournissent des services ou des renseignements aux personnes.
    • Actuellement, la plupart des renseignements de ce type sont des données agrégées fondées sur une revue des dossiers administratifs, souvent sans codage uniforme des résultats.
  • Description des cycles de vie individuels — Un deuxième défi sera d’étendre les concepts transversaux qui sous-tendent la définition des variables existantes pour permettre également une analyse longitudinale.
    • Le document « A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis » mentionné ci-dessus montre la façon d’y parvenir en codifiant certains flux comme des événements et des transitions. Cela permet d’examiner le cycle de vie d’une personne dans différents aspects qui correspondent à la façon dont la politique publique est organisée (la vie à l’école, la vie au travail, la vie familiale, la vie des personnes malades ou ayant une incapacité).
    • Ce document montre également la façon dont le cadre conceptuel peut être élargi pour permettre des approches intégrées en matière d’analyse longitudinale en utilisant des approches fondées sur le cycle de vie et sur les stocks ou les flux.

Le fait de fournir directement aux personnes des renseignements sur « ce qui est susceptible de mieux fonctionner » entraîne des défis similaires en matière de R-D à ceux mentionnés ci-dessus concernant les effets causaux des programmes, bien qu’ils soient plus faciles à relever dans la pratique en raison de l’approche expérimentale progressive qui est exposée dans le document « Orientations futures ». Celle-ci propose d’agir d’abord dans les domaines où de bonnes données existent déjà.

  • Là encore, l’un des principaux défis consistera à mettre au point des méthodes uniformes et très détaillées pour décrire les processus et les résultats des interventions des programmes qui fournissent des services.
  • Un autre défi consistera à trouver des moyens de communiquer la qualité de ces données de « probabilité de succès » aux utilisateurs.
  • Une fois de plus, le document « A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis » fournit des conseils et des idées sur le type de travail d’élaboration qui est nécessaire.

5. Mise en œuvre d’un cadre de microniveau : avantages et défis

En ce qui concerne la mise en œuvre, une approche de microniveau comme celle proposée ici présente de nombreux avantages :

  • Elle exploite efficacement toutes les données disponibles, quelle que soit leur source. Elle tient compte des données à différents niveaux d’agrégation ou limitées à certains groupes, certaines régions géographiques ou périodes de référence.
    • Cette efficacité était l’une des principales raisons pour lesquelles les comptables sociaux des années 1960 et 1970 préféraient une approche de microniveau, telle que décrite dans la section A1 de l’annexe.
    • Cette efficacité permet également d’adopter une approche expérimentale et progressive de la mise en œuvre et des travaux d’élaboration futurs dans le but d’apprendre par l’expérience.
  • L’accent mis sur la personne est conforme au type d’analyse des politiques qui devient de plus en plus important. La section A7 de l’annexe traite des tendances en matière de politiques.
  • Elle fournit un langage commun qui facilite les ententes de partenariat avec des parties dont les intérêts ne sont pas identiques à ceux des statisticiens nationaux, mais les recoupent.
  • Les descriptions détaillées des microdonnées appuieront la plupart des types d’utilisations analytiques, y compris celles qui verront le jour uniquement dans l’avenir.
  • Elles permettent une certaine souplesse dans les produits statistiques obtenus. Par exemple, si un nouvel indicateur social général est nécessaire, une base de microdonnées uniforme permettra souvent d’ajouter un tel indicateur sans nouvelle collecte de données, ainsi que l’ensemble complet des séries chronologiques historiques.
  • De même, il est facile d’adapter les descripteurs de microdonnées en cas de besoin. Des variables nouvelles ou définies différemment peuvent être facilement intégrées. Il n’y a aucun problème, par exemple, à coder les activités d’une personne de différentes manières, à condition que toutes les variantes soient soigneusement documentées, comme le montre l’encadré de la page 5.
  • Il en résulte des statistiques qui sont conformes avec celles produites dans d’autres secteurs statistiques, comme les statistiques environnementales et économiques. La section A5 de l’annexe en donne un exemple.

La protection de la vie privée peut, à première vue, sembler être un problème plus important dans un système qui repose sur l’utilisation de renseignements sur les personnes provenant de sources multiples. Cependant, comme le souligne le document « Orientations futures » :

  • le rôle de Statistique Canada dans l’élaboration et l’utilisation d’outils de couplage de données qui ne portent pas atteinte à la vie privée sera souligné, ainsi que son Cadre de nécessité et de proportionnalité de classe mondiale visant à équilibrer l’utilisation, la vie privée et le fardeau de réponse.
  • Un nouvel accent sera mis sur le rôle de Statistique Canada (un lieu sûr et neutre) dans la production de tableaux de données issues de sources multiples et de fichiers de microdonnées qui ont été contrôlés pour garantir à la fois la qualité des données et la protection de la vie privée, ce qui permet de moins compter sur les utilisateurs externes pour effectuer certaines de ces fonctions, contrairement à ce qui se faisait dans le passé.
  • Les nouveaux partenariats et les produits statistiques plus réactifs qui sont générés se traduiront par un appui plus large et plus fort à Statistique Canada lorsque des questions relatives à la vie privée et au fardeau de réponse feront l’objet de discussions dans des forums publics.

Il y aura des défis à relever, bien sûr. Ceux-ci concernent principalement les ressources nécessaires pour élaborer le nouveau système à sources multiples tout en maintenant le système existant et en créant en même temps une plus grande sensibilisation et des relations de partenariat plus fortes. Cet exercice pourrait exiger beaucoup de ressources. De nombreuses compétences nécessaires dans des domaines techniques tels que la manipulation de très grands fichiers de données et leur utilisation dans des applications statistiques font déjà défaut. La planification stratégique devra placer ces questions de ressources au centre des préoccupations.

Annexe : Fondations historiques

Objet et contenu l’annexe

L’annexeNote  présente le contexte historique des orientations à long terme élaborées par Statistique Canada en ce qui concerne ses statistiques sociales, nouvellement renommées « système de statistiques nationales sur la qualité de vie ».

  • La section A1 revient sur le travail fondamental effectué à la fin des années 1960 et dans les années 1970 pour trouver un équivalent en statistiques sociales au système économique de comptabilité nationale. La principale conclusion à laquelle on était parvenu il y a 50 ans était la nécessité d’élaborer un cadre basé sur les microdonnées qui serait indépendant du SCN et appuyé par des travaux supplémentaires sur les dimensions sociales qui pourraient être traitées par le SCN et par des indicateurs sociaux.
  • La section A2 décrit un cadre conceptuel fondé sur les microdonnées qui a été élaboré à Statistique Canada au milieu des années 1990 pour être utilisé dans la modélisation par microsimulation.
  • La section A3 décrit les travaux effectués dans le cadre du Projet de recherche sur les politiques au début des années 2000 en vue d’élaborer un cadre global pour les statistiques sociales. Celui-ci utilise le même cadre conceptuel de base que celui proposé dans les deux points ci-dessus et l’élargit pour soutenir les analyses de cycle de vie et les applications qui comportent une analyse à la fois qualitative et quantitative.
  • La section A4 décrit une initiative de 2011 de Statistique Canada visant l’élaboration future du système de statistiques sociales. Elle comprenait des documents sur la comptabilité sociale et sur les principes du cycle de vie qui sont à l’origine des concepts utilisés dans les plans actuels. Elle a également radicalement renversé les hypothèses de planification traditionnelles en désignant les personnes et les institutions comme les principaux publics directs visés par les statistiques sociales.
  • La section A5 décrit une récente initiative, « Au-delà du Produit Intérieur Brut (PIB) », qui utilise des concepts remarquablement semblables à ceux décrits dans la réflexion stratégique actuelle de Statistique Canada.
  • La section A6 résume la proposition d’indicateurs de la qualité de vie, élaborée par le ministère des Finances avec l’aide de Statistique Canada et décrite dans le budget fédéral de 2021.
  • La section A7 permet de prendre un peu de recul et décrit les tendances sociétales, stratégiques et technologiques qui sous-tendent le besoin de statistiques sociales intégrées fondées sur des microdonnées de sources multiples.

A1. Travail fondamental dans le domaine de la comptabilité sociale

La fin des années 1960 et les années 1970 ont été un âge d’or des avancées en ce qui concerne les cadres statistiques. Un groupe d’experts, provenant principalement des États-Unis, a remanié le SCN et commencé à examiner des cadres similaires dans le domaine social. L’encadré A1 de la page suivante décrit les principaux thèmes des travaux qui ont été effectués relativement aux comptes sociaux.

L’énoncé du problème défini il y a un demi-siècle semble avoir été rédigé hier, tout comme les solutions proposées. Des approches faisant appel à des indicateurs sociaux et à des extensions du SCN ont été envisagées. L’approche privilégiée a été d’élaborer un cadre fondé sur des microdonnées (au niveau de l’individu) qui a recours à deux types de principes comptables : l’un fondé sur les principes de la comptabilité nationale et l’autre, sur l’emploi du temps. Un tel cadre offrirait une approche intégrée des mesures subjectives et objectives du bien-être et présenterait d’autres avantages définis dans l’encadré A1.

L’approche définie à l’époque était en avance sur son temps. On n’y a pas donné suite pour des raisons politiques et techniques qui sont abordées dans le document A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis. Cependant, des ressources informatiques beaucoup plus puissantes, de nouvelles techniques analytiques et de nouvelles sources de données l’ont rendue réalisable aujourd’hui. En effet, le cadre conceptuel décrit dans le texte principal ressemble beaucoup aux propositions décrites dans l’encadré A1.

A2. Critères de Wolfson de 1995

Au milieu des années 1990, l’élaboration des fichiers de microdonnées et des outils d’analyse avait atteint un point tel que les statistiques sociales pouvaient être considérées comme un système fondé sur les microdonnées, du moins dans les applications de modélisation par microsimulation. Michael Wolfson, de Statistique Canada, a établi les critères d’un cadre basé sur les microdonnées en 1995. Son approche a concrétisé les aspirations exprimées par la génération précédente de créateurs de cadre en appliquant une puissance informatique qui n’existait tout simplement pas quelques décennies plus tôt. Son cadre conceptuel est présenté dans l’encadré A2. M. Wolfson envisageait l’utilisation de ce cadre dans un modèle de microsimulation, mais son utilité ne dépend pas d’un modèle ou d’un outil analytique précis.

L’approche de Wolfson a apporté un nouveau caractère pratique à la réflexion antérieure sur la comptabilité sociale en montrant la façon dont elle pouvait être opérationnalisée à l’aide de techniques analytiques mises en pratique grâce à la puissance croissante des ordinateurs, notamment en ayant recours aux personnes synthétiques qui permet l’utilisation uniforme de données provenant de nombreuses sources.

L’encadré A2 donne à penser que M. Wolfson a peut-être été trop optimiste quant à la vitesse à laquelle l’augmentation de la puissance informatique permettrait d’accéder aux données sociales. Il a toutefois produit un modèle de microsimulation dynamique très sophistiqué, appelé LifePaths, qui reposait sur les principes qu’il a décrits. Le modèle a eu une longue vie utile. Cependant, pour des raisons qui sont également abordées dans le document « A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis », n’a jamais été utilisé autant qu’on l’avait prévu.

Encadré A1 — Principaux thèmes des discussions sur la comptabilité sociale des années 1970

Problème abordé

Il y a eu un accord général sur le fait que la comptabilité sociale devait remédier à deux défauts principaux des statistiques sociales qui existaient à cette époque :

  • Les statistiques existantes étaient descriptives plutôt que dynamiques et analytiques. Elles n’étaient pas en mesure de nous aider à comprendre les causes et les effets.
  • Les statistiques existantes n’étaient pas faciles à intégrer. Il y avait peu de capacité à observer la façon dont les changements dans les différents aspects de la société étaient liés les uns aux autres.

Type de solution

Les approches fondées sur les indicateurs sociaux ont été examinées, mais l’accent a été mis sur la création de systèmes de comptabilité qui allaient :

  • montrer la façon dont les données sociales étaient liées entre elles et aux données économiques;
  • être fondés sur des flux, qui permettent de mieux comprendre les interrelations et de mieux appréhender les causes et les effets.

Les principales solutions de rechange

L’accent a été mis sur deux types de systèmes de comptabilité à usage général :

  • Comptes démographiques, fondés sur les principes de la comptabilité nationale — L’idée de base est que l’on peut examiner des tableaux qui montrent les flux parmi les différents groupes de population (c.-à-d. pas des personnes) ayant des caractéristiques différentes à différents moments. Cette démarche a pour résultat une approche intégrée permettant d’examiner les changements de statut, notamment de nombreuses dimensions sociales (l’éducation, la santé, l’état matrimonial, le revenu, le patrimoine ou même l’état de bien-être subjectif).
  • Comptes fondés sur le temps — Ces comptes utilisent deux types de principes de comptabilité : l’un fondé sur les principes de la comptabilité nationale et l’autre, sur l’emploi du temps. Cette approche repose sur des microdonnées (au niveau de l’individu). Elle offre une approche intégrée en matière de mesures subjectives et objectives du bien-être.

Approche privilégiée

Même si toutes les approches étaient utiles, la préférence allait clairement au perfectionnement des comptes au microniveau.

  • Le temps serait alloué à la production marchande (travailler pour de l’argent) et à une série d’activités non marchandes.
  • Ces activités produisent une série d’extrants (par exemple, une rémunération, qui permet d’acheter des biens et des services, une maison propre, une meilleure santé).
  • Les activités s’additionnent pour atteindre les 24 heures disponibles dans une journée, ce qui constitue un outil de comptabilité puissant.
  • La satisfaction obtenue à l’égard des extrants peut être mesurée, tout comme la durabilité (la capacité à poursuivre sa vie).
  • Les extrants produits peuvent être associés aux stocks de capital liés à l’emploi du temps, notamment le capital physique, le capital financier et le capital humain.

En outre, on pensait que l’approche des microdonnées permettait une manipulation, une collecte et un stockage des données beaucoup plus efficaces (y compris celles provenant de sources multiples) ainsi qu’une intégration beaucoup plus poussée (par exemple, entre les données objectives et subjectives). De même, l’approche de microniveau pourrait facilement prendre en compte les macrodonnées, telles que les totaux de contrôle nécessaires pour assurer l’uniformité au niveau de l’économie dans son ensemble.

En revanche, une grande partie des données nécessaires pour tirer pleinement parti de l’approche de microniveau fondée sur le temps n’existait tout simplement pas à l’époque, les données des enquêtes par échantillon étant fragmentaires et souvent contradictoires. Cependant, même ici, cette faiblesse apparente était en réalité un complément renversé. Le système de microniveau fondé sur le temps pouvait fonctionner  peu importe quelles étaient les données disponibles; il ne nécessitait pas de mise en œuvre à grande échelle pour être analytiquement utile. Il était possible de commencer avec ce qui existait et d’inclure progressivement d’autres données au fur et à mesure de leur disponibilité.

Prochaines étapes

Le travail d’élaboration devrait viser la mise au point d’un système qui :

  • serait de nature générale, au service d’un large éventail de recherches démographiques, sociales et économiques, et permettrait de créer une base de données commune complète;
  • intégrerait des microdonnées et des macrodonnées; les comptes macroéconomiques devraient pouvoir conceptuellement être dérivés des agrégations de comptes micro et fournir un cadre pour l’ensemble du système;
  • n’exigerait pas d’estimation ou d’enregistrement de futilités qui en découlent uniquement en raison du design de la comptabilité;
  • serait ouvert afin que les analystes intéressés à des problèmes ou à des types de données précis puissent s’appuyer sur le système existant sans avoir à repartir de zéro.

Note : Le contenu de cet encadré est fondé sur un rapport d’un important symposium sur le sujet auquel ont participé les principaux acteurs de l’époque : Social Accounting Systems: Essays on the State of the Art, publié sous la direction de Francis Thomas Juster et de Kenneth C. Land, Academic Press, 1981, ISBN 0-12-392550-9 (en anglais seulement). Cet encadré s’est largement inspiré des conclusions rédigées, entre autres, par Richard Ruggles, un acteur clé de la comptabilité et de la microanalyse du revenu national au cours de cette période.

La présente proposition reflète les principes de Wolfson, comme l’illustrent les exemples suivants tirés de l’encadré A2 :

  • Les données longitudinales au microniveau sont essentielles.
  • Le traitement et l’analyse des données doivent traiter les données sociales comme un tout, et non comme un ensemble compartimenté par les cloisonnements d’origine dans lesquels les données ont été recueillies.
  • L’utilisation par M. Wolfson d’attributs et de relations (en particulier les relations qui comprennent des interactions) comme titre pour les descripteurs est semblable aux concepts de flux utilisés dans la comptabilité sociale antérieure présentée dans l’encadré A1 et aux concepts d’activité ou de transaction de la présente proposition. Il en est question dans les sections 2 et 3 du document principal.
  • Des normes de qualité plus strictes sont nécessaires pour l’analyse des microdonnées. La planification et la documentation détaillée et accessible doivent tenir compte de ces microdonnées.
  • Le chevauchement du contenu des sources de données est nécessaire pour maximiser l’appariement statistique synthétique et les méthodologies équivalentes. Ceci sert à créer de nouvelles données (des données qui ne peuvent pas être obtenues à partir d’une seule source de données prise individuellement) et à contrôler la qualité.

Tous ces points sont intégrés dans l’exercice de planification actuel de Statistique Canada. Le document « Orientations futures » met fortement l’accent sur ceux-ci.

A3. Projet de recherche sur les politiques et cadre Olivia

Au début des années 2000, le Projet de recherche sur les politiques, un groupe de réflexion interne au gouvernement du Canada, a examiné une série de questions plus récentes de politique sociale. Il s’agit notamment des politiques fondées sur l’actif, du capital social, de l’exclusion et des perspectives de cycle de vie. Un cadre, appelé le cadre OliviaNote , a été élaboré et a illustré les renseignements fondés sur les microdonnées qui seraient nécessaires pour soutenir ces applications. Il a utilisé les concepts de la comptabilité sociale ainsi que ceux de l’approche Wolfson décrits ci-dessus, mais les a étendus dans de nouvelles directions :

  • Il a été exprimé en termes narratifs et biographiques ainsi qu’en termes de données au microniveau nécessaires à l’analyse statistique, tant qualitative que quantitative. Il était destiné à soutenir les cadres intellectuels et les outils analytiques utilisés dans les différentes disciplines des sciences sociales.
  • En plus de la vue transversale de la société qui sous-tend la plupart des statistiques sociales actuelles, il a fourni une approche intégrée de deux types d’analyse longitudinale :
    • l’analyse des stocks et des flux (reflétant les orientations économiques que l’on trouve dans la littérature relative à la comptabilité sociale);
    • l’analyse du cycle de vie (reflétant la pensée développée dans d’autres disciplines des sciences sociales) qui est particulièrement utile pour examiner les changements au cours de la vie dans les aspects qui correspondent à la façon dont la plupart des politiques publiques sont structurées, par exemple, les politiques liées à l’éducation, au travail, aux familles, à la santé ou à la sécurité publique.

Encadré A2 — Michael Wolfson aborde les éléments clés d’un cadre pour les statistiques socioéconomiques, 1995

À tout moment, la population est mieux représentée par un échantillon de personnes, chacune d’entre elles étant caractérisée par un ensemble d’attributs et de relations.

  • Les attributs comprennent le revenu, le niveau de scolarité, la consommation, divers aspects de l’état de santé, l’emploi du temps et les modèles d’activités.
  • Les relations comprennent les liens de parenté classiques ainsi que la cohabitation (c.-à-d. qu’en termes de base de données ou de théorie par graphique, ces relations peuvent être représentées par divers types de flèches allant vers d’autres personnes).
  • Les relations comprennent également les interactions avec les grandes institutions de la société, soit l’école, le travail et les programmes gouvernementaux. Ces contacts, relations ou transactions entre les personnes et les grandes institutions peuvent également être considérés comme faisant partie de l’ensemble des attributs individuels. Ils peuvent prendre la forme de flèchent allant vers des descriptions d’institutions, soit les écoles, les lieux de travail et les programmes gouvernementaux, avec lesquelles les personnes interagissent.
  • Cette base de données individuelle peut alors facilement être considérée comme étant composée d’une hiérarchie de divers types d’unités, par exemple, des personnes, des familles nucléaires, des familles élargies et des ménages.
  • Chaque unité (personne, famille ou ménage) peut être décrite par l’un des nombreux attributs sommaires, tels que le revenu disponible, le temps de loisirs ou la satisfaction autodéclarée.
  • Les mesures de la variété peuvent alors être définies par des statistiques sommaires sur cette distribution conjointe multivariée d’unités (p. ex. coefficients de Gini, parts de quantile).
  • Au fil du temps, la population est mieux représentée par une série de biographies individuelles, l’équivalent d’une vaste enquête longitudinale approfondie par panel.
  • Compte tenu de cette représentation longitudinale, un regroupement cohérent d’indicateurs sommaires peut être élaboré à partir de généralisations de la notion d’espérance de vie, y compris des partitions de l’espérance de vie en durées de séjour cumulées dans diverses étapes de vie.

Un échantillon longitudinal complet de microdonnées fournirait un microcosme de la population réelle et de ses relations avec les grandes institutions sociales et économiques.

À partir de ce microcosme, il est possible d’élaborer facilement une grande variété d’indicateurs statistiques, de manière efficace, sans plus d’effort que d’appuyer sur la touche universelle <Entrée> d’un clavier d’ordinateur pour lancer l’algorithme de logiciel approprié et le faire passer à travers les données du microcosme.

Par construction, tous ces indicateurs sommaires seraient uniformes, car ils seraient dérivés de la même base de microdonnées sous-jacente. Les indicateurs sommaires ne masqueraient pas la diversité et l’hétérogénéité de la population, car la base de microdonnées sous-jacente serait toujours accessible (par un simple clic de souris, par exemple, sur le plan de la fonctionnalité informatique contemporaine) pour une inspection détaillée.

La principale question est de savoir la provenance de ces microdonnées. Pour des raisons très pratiques de coût, de fardeau pour les répondants et de préoccupations liées à la vie privée des personnes, elles ne pourraient pas provenir d’une enquête longitudinale omnibus auprès des ménages. De plus, nous n’avons pas le temps d’attendre un demi-siècle ou plus pour qu’une telle enquête longitudinale soit en grande partie terminée; d’ici là, beaucoup de choses auront probablement changé considérablement. La conclusion inévitable est que les microdonnées devront être synthétisées.

Cette synthèse serait une extension de la synthèse d’une cohorte de population déjà implicite dans des indicateurs tels que l’espérance de vie. Elle serait différente sur le plan méthodologique, car l’approche semi-agrégée ou fondée sur des cellules, inhérente au tableau de mortalité sous-jacent, est incompatible avec les fondements explicites de microdonnées. Il faut plutôt recourir à la microsimulation.

Conséquences pour les systèmes de collecte de données dans un organisme statistique national

… Ces conséquences pourraient ne pas être très coûteuses (par rapport aux coûts de collecte des données primaires), et la plupart d’entre elles sont relativement simples :

  • Les processus de collecte de données ne peuvent pas exister en tant que systèmes « cloisonnés », isolés les uns des autres.
  • Un type de coordination entre les processus de collecte de données consiste à utiliser des définitions et des concepts communs (par exemple, des définitions et des méthodes identiques pour obtenir le niveau de scolarité).
  • Un autre type de coordination consiste à assurer un chevauchement approprié du contenu, essentiellement pour anticiper la nécessité d’un appariement statistique synthétique (ou de méthodologies équivalentes).
  • Les utilisations microanalytiques de données brutes sont beaucoup plus exigeantes en matière de qualité des données que les utilisations agrégées.
  • En effet, cela signifie que les systèmes de collecte de données doivent être planifiés conjointement et que les normes de qualité des données au microniveau doivent être plus strictes.

Source : Michael C. Wolfson, Statistiques socioéconomiques et politique publique : nouveau rôle pour les modèles de microsimulation
ISBN : 0-662-21734-9. Un document préparé pour la 50e session de l’Institut international de statistique, Beijing, 21 au 29 août 1995.

La perspective de cycle de vie est particulièrement bien adaptée à l’analyse des politiques. Elle permet d’examiner les différentes trajectoires que suivent les personnes au cours de leur vie et l’incidence de ce qui se passe à une étape de la vie sur les étapes ultérieures. Elle prend en compte les interactions qui se produisent dans les différents aspects de la vie (notamment la vie familiale, la vie à l’école, la vie au travail et dans les loisirs), le rôle des interactions sociales ainsi que les contextes sociaux, économiques et environnementaux dans lesquels les personnes vivent.

  • Elle fournit un cadre facile à comprendre qui convient à de nombreux types d’analyse, tels que ceux liés au développement humain ou au capital social et les types plus courants d’analyse économique transversale.
  • Elle offre la possibilité d’analyser de façon plus intégrée les effets combinés de la fiscalité, des programmes de transferts, des programmes qui fournissent des services et des programmes fondés sur la réglementation sur la vie des personnes.

Le modèle de société utilisé dans le cadre d’Olivia a été adapté pour être utilisé dans le document du cadre de comptabilité sociale de 2011, qui est abordé dans la section suivante.

A4. Initiative de planification de 2011 : un nouveau public pour les statistiques sociales et la nécessité d’élaborer des concepts normalisés au microniveau

En 2011, Statistique Canada, en collaboration avec Emploi et Développement social Canada, a commandé des études visant à explorer les orientations futures des statistiques sociales. Comme il est indiqué, le cadre conceptuel abordé dans les chapitres 2 et 3 du présent document est une version révisée d’un document résultant d’une de ces études, A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis. Une autre étude, de Martin Cooke, a permis d’examiner l’utilisation potentielle des perspectives de cycle de vie dans les statistiques sociales nationales.

Les personnes et les institutions comme public clé — Le mandat prévu pour le projet de 2011 est particulièrement intéressant. Il prévoit « […]un cadre conceptuel et de mesure pour le renouvellement du système de données sociales du Canada afin de s’assurer que les futures données sociales puissent répondre aux besoins d’information des Canadiens, des entreprises et des institutions […] et devraient couvrir de multiples domaines (par exemple, l’économie, la sociologie, la psychologie) ». En apparence simple, ce mandat représentait en fait un appel à un changement profond du système de statistiques sociales nationales :

  • Dans cette définition du public, les principaux utilisateurs des données sont les personnes et les institutions. À l’époque, et encore aujourd’hui, les utilisateurs les plus importants des statistiques sociales sont de loin les analystes au sein des administrations publiques, des universités, des groupes de réflexion et des groupes d’intérêt. Les données sont communiquées aux personnes généralement au moyen de rapports analytiques et d’autres rapports de ces intermédiaires ou par l’entremise des médias. Il a été précisé à l’époque que, même si les utilisateurs analytiques traditionnels ne devaient bien sûr pas être ignorés, l’accent devait être bel et bien mis sur les utilisations directes par les particuliers et les institutions.
  • Actuellement, les statistiques sociales nationales tiennent compte des perspectives conceptuelles de l’économie. Afin d’intégrer de façon sérieuse les perspectives des psychologues et des sociologues, il faudrait repenser le contenu des statistiques sociales et utiliser des approches très différentes en matière de consultation, de sensibilisation et de partenariat.

Les plans stratégiques actuels élaborés par Statistique Canada, tels que décrits dans le document « Orientations futures », maintiennent ces nouvelles perspectives, et un plan est présenté pour les rendre opérationnelles.

Distinction entre ce que l’on souhaite mesurer et ce que l’on mesure réellement — Le document A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis a mis fortement l’accent sur la nécessité, dans un système de statistiques fondées sur les microdonnées, de définir toutes les variables (ainsi que les unités statistiques et les systèmes de classification) en fonction de ce que l’on souhaitait mesurer dans le monde réel, sans référence à la source des données. Il est essentiel de déterminer, et de définir, le modèle de société que les statisticiens sociaux nationaux vont mesurer. Nous avons besoin d’un équivalent au SCN pour les statistiques sociales, défini au microniveau.

La figure A1 est une version actualisée du modèle de société qui a été proposé, du moins en rapport avec une perspective transversale. Ce modèle s’appuie sur les premiers travaux en comptabilité sociale, sur l’approche de Wolfson visant à rendre opérationnel un modèle de société à l’aide d’outils de microsimulation et sur le cadre Olivia, dont il est question dans les sections précédentes. Le modèle de la figure A1 a été mis à jour aux fins de la présente annexe de la façon suivante :

  • en utilisant la formulation « qualité de vie » au lieu du terme « bien-être social »;
  • en limitant le cadre à sa dimension transversale puisque c’est tout ce qui est nécessaire pour élaborer les nouveaux concepts et les nouvelles définitions normalisés des variables existantes. La quasi-totalité des microdonnées sociales existantes sont fondées sur des mesures ponctuelles.

Il est nécessaire d’élaborer progressivement un langage statistique qui couvre les dimensions longitudinales et les aspects du cycle de vie. Le modèle de la figure A1 a été conçu pour faciliter cette évolution, comme on l’explique dans le document A Framework for Citizen-Centred Social Statistics and Analysis.

Figure A1 Modèle transversal sous-jacent au système de statistiques nationales sur la qualité de vie

Description de la figure A1

Les attributs des personnes sont décrits sous les rubriques suivantes :

  • Actifs et capacités liés à la qualité de vie. Ceux-ci peuvent être accumulés ou perdus au fil du temps et, par conséquent, jouent un rôle important dans l’analyse liée à la durabilité ainsi qu’au bien-être actuel. Ils comprennent les éléments suivants :
    • actifs financiers et biens matériels, y compris le logement;
    • capital humain comprenant la santé, les compétences (p. ex. l’état de santé, les niveaux de compétences);
    • capital social, défini en termes des réseaux sociaux;
    • perception du bien-être et facteurs connexes, par exemple (p. ex. la qualité du lieu de travail, la sécurité, les conditions de logement).
  • Caractéristiques socioéconomiques et culturelles liées à la qualité de vie et à l’analyse des inégalités (p. ex. la race, l’âge, le genre, la langue, le lieu de naissance).
  • Appartenance à des groupes qui jouent des rôles sociaux indépendants en matière de bien-être, tels que les familles, les lieux de travail, les écoles. Certains groupes ou institutions sont également définis séparément dans le modèle.
  • Emplacement géographique, qui est également décrit séparément dans le modèle.

Les attributs des groupes sont décrits sous les rubriques suivantes :

  • Intrants
  • Processus
  • Extrants
  • Résultats
  • Emplacement géographique actuel, qui est également décrit séparément dans le modèle.

Note : Le système statistique comprend des renseignements obtenus directement du groupe ou de l’établissement et des personnes qui composent le groupe, par exemple :

  • des renseignements sur le milieu de travail obtenus à la fois des employeurs et des personnes qui y travaillent;
  • des renseignements sur un programme gouvernemental obtenus à partir de données administratives et d’enquêtes auprès des personnes bénéficiaires du programme.

Des exemples de groupes incluent les groupements familiaux, les lieux de travail, les établissements de services sociaux et programmes gouvernementaux, les magasins de détail et les services personnels, ainsi que les réseaux sociaux, y compris par l’entremise des médias sociaux.

Les flux sont les transactions et activités représentées par les flèches à deux têtes reliant les personnes et les groupes.

Ils sont souvent appelés « interactions » ou « relations ». Les définitions des interactions ou des flux dans ce modèle transversal sont organisées comme suit :

  • Transactions monétaires mesurées en dollars (comme l’achat de biens ou la réception de prestations d’assurance-emploi);
  • Activités non monétaires (lorsque l’interaction concerne des services ou des renseignements) mesurées en temps (heures, semaines ou années, selon le cas).
    • En outre, il existe des activités autonomes (emplois du temps comme dormir ou être seul) qui ne figurent pas dans le graphique.
    • Il existe également des activités ou des flux dérivés (c.-à-d. non observables dans le monde réel), qui comprennent souvent de multiples activités définies par l’utilisateur, telles que celles utilisées dans la mesure du chômage.

Notez que la plupart des flux (hormis les activités autonomes) sont réciproques; ils comprennent des échanges d’argent, de services ou de renseignements, comme l’indique l’utilisation de flèches à deux têtes.

Par souci de simplicité, les flux entre les groupes ne sont pas représentés.

Les emplacements géographiques sont également décrits séparément.

Bien qu’il ne figure pas sur le graphique, le système statistique enregistre également des renseignements sur les régions géographiques définies dans les descriptions des personnes et des groupes, notamment :

  • des renseignements environnementaux, tels que la pollution, les espaces verts, la température;
  • des variables économiques telles que le PIB, le coût du logement ou le taux de chômage local;
  • des mesures d’accès telles que l’existence d’écoles, d’hôpitaux, de services sociaux et de commerces accessibles à pied.

A5. Initiatives Au-delà du PIB

Les sections précédentes ont décrit les antécédents à un cadre conceptuel pour un système de statistiques sociales nationales fondé sur des microdonnées, qui remontent aux années 1970. Toutefois, l’essentiel du travail effectué au cours de cette période a consisté à poursuivre l’élaboration du SCN dans les domaines sociaux et à se concentrer sur les indicateurs sociaux. Cette section et la suivante présentent des observations sur ces travaux d’élaboration et leur lien avec le cadre conceptuel fondé sur les microdonnées décrit dans le présent document.

Sur le front des SCN, de nombreux efforts ont été et continuent d’être déployés pour aller « au-delà du PIB », notamment pour étendre le cadre des SCN fondés sur le marché aux domaines sociaux. Il existe des projets internationaux visant à inclure un compte de main-d’œuvre dans le SCN de base et à créer un compte supplémentaire pour la formation et l’éducation. Le Canada a élaboré des comptes satellites liés à la valeur du travail domestique, au secteur sans but lucratif, aux pensions et à la culture. Comme nous l’avons indiqué précédemment, le modèle de la société au niveau micro dont il est question dans le présent document est entièrement compatible avec le modèle au niveau macro utilisé dans le SCN, y compris ses récentes extensions.

Ces dernières années, et ce dans toutes les branches de la statistique, y compris dans le SCN, l’accent a été mis sur la mesure non seulement des progrès réalisés en matière de bien-être social, mais aussi des conséquences pour l’égalité et la durabilité. Dans son ouvrage publié en 2019, Replacing GDP by 2030 : Towards a Common Language for the Well-being and Sustainability Community, Rutger Hoekstra fait une proposition ambitieuse relative à un ensemble intégré de comptes sociaux, économiques et environnementaux qui aborde à la fois les questions de l’égalité et de la durabilité. Sa proposition, qui est résumée dans l’encadré A3, utilise les dispositifs suivants pour intégrer les différents comptes :

  • les stocks et les flux, qui fournissent un langage comptable commun dans les domaines environnementaux, économiques et d’autres domaines sociaux d’étude;
  • les réseaux, qui décrivent les liens entre les nombreux acteurs au sein des systèmes et entre eux, y compris les normes, les règles et les dispositions institutionnelles;
  • les limites, qui sont les frontières de divers stocks, flux et réseaux, comme le nombre fixe d’heures dans une journée, ou les événements qui marquent la limite lorsqu’un système passe d’un état à un autre (comme les mariages ou les naissances qui modifient les caractéristiques fondamentales des trajectoires au cours du cycle de vie des familles).

Ce sont les mêmes outils d’intégration qui ont été créés dans le cadre conceptuel fondé sur les microdonnées décrit dans le présent document.

Que la proposition de Rutger Hoekstra s’avère ou non trop ambitieuse pour être mise en œuvre, il est rassurant de constater que des approches conceptuelles similaires en matière d’intégration peuvent s’appliquer à la fois à l’approche de microniveau à l’égard de statistiques nationales sur la qualité de vie et à une grande réflexion sur les comptes macroéconomiques mondiaux. Les progrès sur ces deux fronts devraient être harmonieux.

Encadré A3 — Rutger Hoekstra aborde le remplacement du PIB d’ici 2030

Dans son ouvrage publié en 2019, Replacing GDP by 2030 : Towards a Common Language for the Well-being and Sustainability Community, Rutger Hoekstra propose un nouveau système de comptes mondiaux et nationaux.

Par mondial, il n’entend pas seulement la somme des mesures nationales, mais plutôt des mesures qui décrivent également ce qui se passe à l’échelle du monde pris dans son ensemble, y compris les phénomènes environnementaux et économiques qui dépassent les frontières nationales.

Composants du système

Le système proposé de comptes mondiaux et nationaux se composerait de cinq sous-ensembles.

  • Comptes environnementaux mondiaux — Ils décrivent les stocks et les flux dans le système environnemental au sens large, soit une extension du système de comptabilité environnementale et économique qui existe depuis longtemps. Ils mesurent les stocks et les flux d’une économie, y compris les flux physiques en termes d’unités de masse et d’énergie, ainsi que l’utilisation des ressources ou les émissions selon l’industrie.
  • Comptes sociétaux mondiaux — Ils décrivent les stocks et les flux dans le système sociétal central, la dimension humaine de l’environnement au sens large. Voir les précisions ci-dessous.
  • Comptes économiques mondiaux — Ils décrivent le système économique, un élément de la société. Ces comptes sont semblables au SCN actuel, mais ils utilisent le monde entier comme champ d’application plutôt que le pays et utilisent des unités de mesure et des descripteurs non monétaires et monétaires.
  • Comptes de distribution mondiaux — Ils traitent directement de l’inégalité et décrivent les aspects de distribution des trois comptes principaux de type « systèmes » mentionnés ci-dessus.
  • Comptes de qualité mondiaux et indicateurs de qualité — Il s’agit d’un compte de qualité distinct qui utilise différentes techniques pour évaluer si les systèmes mentionnés ci-dessus vont dans la bonne direction.

Précisions sur les comptes sociétaux mondiaux

Il s’agit du composant qui recoupe principalement le système canadien de statistiques nationales sur la qualité de vie, bien que le système canadien fondé sur des microdonnées intègre également des dimensions de distribution et de qualité qui sont traitées dans des compartiments distincts par Rutger Hoekstra.

Les comptes sociétaux mondiaux mesurent :

  • Combien nous sommes — L’approche est la même que d’habitude : il s’agit de montrer l’incidence des flux démographiques (les naissances, les migrations, entre autres) sur le stock de personnes dans la période suivante.
  • Qui nous sommes — Les stocks et les flux sont examinés de la même manière pour les personnes appartenant à une grande variété de catégories démographiques, sociales et économiques. Il s’agit d’ajouts et de suppressions dans les stocks de compétences, de santé, de revenus, d’actifs, d’actifs financiers, entre autres, pour les personnes qui possèdent des caractéristiques socioéconomiques différentes.
  • Comment nous sommes organisés — Il y aurait des comptes liés aux différentes institutions (ménages, entreprises, groupes sociaux) auxquelles appartiennent les personnes. Les liens (réseaux) entre les personnes et les institutions seraient décrits.
  • Ce que nous faisons — L’enregistrement de l’emploi du temps (qui est à la fois une limite et un puissant outil de comptabilité) est la dernière dimension des comptes sociaux.

Un cadre conceptuel qui permet l’intégration

Les concepts suivants, qui sont communs à de nombreuses disciplines scientifiques, fournissent un cadre pour l’élaboration d’un langage universel qui peut être appliqué dans chacun des cinq ensembles de comptes :

  • les stocks et les flux, qui fournissent un langage comptable commun dans plusieurs domaines environnementaux, économiques et d’autres domaines sociaux d’étude;
  • les réseaux, qui décrivent les liens entre les acteurs au sein des systèmes et entre eux, y compris les normes, les règles et les dispositions institutionnelles;
  • les limites, qui sont les frontières de divers stocks, flux et réseaux, comme le nombre fixe d’heures dans une journée, ou les événements qui marquent la limite lorsqu’un système passe d’un état à un autre (comme les variations de température qui entraînent la transformation de l’eau liquide en glace ou en vapeur, les mariages ou les naissances qui modifient les caractéristiques fondamentales d’une famille).

Stratégie de mise en œuvre

S’appuyant sur les précédents établis par l’élaboration de mesures environnementales mondiales et le Système de comptabilité nationale, Rutger Hoekstra soutient que les organismes internationaux, avec l’aide des gouvernements nationaux, devraient prendre l’initiative de coordonner le travail de la communauté scientifique mondiale dans l’élaboration de ces nouveaux comptes, qui ont été structurés d’une manière qui devrait faciliter la coordination internationale nécessaire.

A6. Indicateurs de la qualité de vie

Ces dernières années, l’élaboration d’indicateurs sociaux a suscité beaucoup d’intérêt dans de nombreux pays. Là encore, les travaux d’élaboration récents ont mis l’accent sur l’égalité et la durabilité ainsi que sur les mesures plus traditionnelles du progrès social. L’initiative du vivre mieux de l’OCDE en est l’exemple le plus connu.

Au Canada, des travaux sont en cours depuis 2019 au ministère des Finances (avec l’aide de Statistique Canada pour les questions statistiques) concernant l’élaboration d’indicateurs de la qualité de vie en vue de leur utilisation dans le processus d’élaboration des politiques. Bien que des travaux d’élaboration supplémentaires soient nécessaires, ce travail a atteint un niveau de maturité tel qu’une description de l’approche proposée figurait dans le budget de 2021.

La proposition du ministère des Finances est décrite dans l’encadré A4 de la page suivante.

Dans la description des critères de sélection des indicateurs présentés dans l’encadré A4, une importance particulière a été accordée, à la fois dans le document du ministère des Finances et dans un document de référence antérieur de Statistique Canada, à la conformité avec d’autres indicateurs et initiatives connexes tant nationaux qu’internationaux.

  • Une attention particulière a été accordée à la mise en correspondance de la proposition avec l’Indice canadien du mieux-être et les indicateurs du vivre mieux de l’OCDE (les principaux indicateurs nationaux et internationaux ayant des objectifs similaires) et avec les indicateurs canadiens associés aux objectifs de développement durable des Nations Unies.
  • En outre, la conformité avec des dizaines d’initiatives connexes a été étudiée, notamment les travaux internationaux sur l’initiative « Au-delà du PIB » associés au Système de comptabilité nationale, les cadres de bien-être instaurés dans d’autres pays et une série de cadres de mesure canadiens qui sont, par exemple, liés au genre, au statut autochtone, à la pauvreté, aux enfants et aux familles.

Le choix des indicateurs est pragmatique et ne repose pas sur une théorie exogène du macroniveau sur le fonctionnement de la société. Il tient plutôt compte des compromis fondés sur la disponibilité des données, les utilisations prévues et la conformité avec d’autres indicateurs. Ceci est conforme à la direction proposée par les nouvelles orientations de Statistique Canada pour le système de statistiques nationales sur la qualité de vie, où l’uniformité et l’intégration sont intégrées dans les définitions normalisées des variables qui représentent un modèle de société au microniveau, ce qui permet d’éviter d’avoir recours à des hiérarchies verticales rigides.

La proposition du ministère des Finances, dans sa forme actuelle, permet d’examiner les utilisations des indicateurs proposés pris isolément du reste du système de statistiques sur la qualité de vie. Si et lorsqu’ils seront ajoutés au site Web de Statistique Canada, leur utilité sera considérablement accrue par leur association avec une gamme de tableaux de bord supplémentaires conçus pour appuyer des politiques et des proùgrammes stratégiques précis ainsi que par des liens vers des tableaux et des fichiers de microdonnées connexes.

Encadré A4 — Les indicateurs de la qualité de vie dans le budget de 2021 : un travail en cours

Depuis 2020, le ministère des Finances, avec le soutien technique de Statistique Canada, a étudié la possibilité d’utiliser des indicateurs de la qualité de vie dans la prise de décisions et l’établissement de budget. Il a été rendu public dans le budget de 2021, en même temps que le rapport plus long intitulé " Mesurer ce qui importe ". Plus récemment, comme l’a souligné la lettre de mandat du président du Conseil du Trésor (diffusée en décembre 2021), le Secrétariat du Conseil du Trésor assumera la direction du perfectionnement et du renforcement du cadre, en mettant l'accent sur l'avancement de la mise en œuvre des indicateurs de qualité de vie et sur l'application du cadre à la prise de décisions dans l'ensemble du gouvernement. 

Objectifs

L’objectif est de fournir des indicateurs des progrès réalisés pour atteindre les objectifs suivants :

  • Qualité de vie, notamment des facteurs non économiques comme la santé, le logement, l’environnement et la sécurité;
  • Égalité, en examinant la répartition des résultats et des possibilités entre les lieux et les personnes;
  • Durabilité, en cherchant à savoir si la prospérité d’aujourd’hui compromet le niveau de vie futur.

Domaines spécialisés couverts

Les indicateurs couvrent cinq domaines associés à la qualité de vie, en plus d’une sixième mesure complémentaire de la satisfaction à l’égard de la vie. Les domaines sont divisés en sous-domaines comme suit :

  • Prospérité : revenu et croissance, emploi et qualité d’emploi, compétences et possibilités, sécurité économique et défavorisation;
  • Santé : personnes en bonne santé, systèmes de soins de santé;
  • Environnement : environnement et personnes, intégrité écologique et intendance environnementale;
  • Société : culture et identité, cohésion sociale et rapports sociaux, emploi du temps;
  • Saine gouvernance : sécurité et sûreté, démocratie et institutions, justice et droits de la personne;
  • La satisfaction à l’égard de la vie, y compris le sentiment d’avoir un but dans la vie, sont deux mesures du bien-être global ou subjectif, placées au centre du cadre (dans le rapport, elles sont identifiées comme des indicateurs « supplémentaires »).

Indicateurs principaux

Le cadre de la qualité de vie au Canada est organisé en une série de domaines, dont chacun comprend un certain nombre d'indicateurs. En mars 2022, le cadre comprenait 85 indicateurs, dont 20 sont considérés comme des indicateurs principaux. Les indicateurs principaux sont destinés à fournir une évaluation de haut niveau de la qualité de vie globale au Canada.

Par exemple, le sous-domaine Emploi et qualité d'emploi, sous le titre Prospérité ci-dessus, comprend les indicateurs suivants, l'emploi étant identifié comme l'indicateur principal :

  • Emploi (indicateur principal)
  • Sous-utilisation de la main-d’œuvre
  • Salaires
  • Travail précaire ou travail à la demande
  • Satisfaction à l’égard de l’emploi

Critères de sélection des indicateurs

Les indicateurs choisis doivent non seulement être capables de mesurer les tendances et les niveaux globaux, mais ils doivent également fournir des indicateurs d’égalité et de durabilité. Par conséquent,

  • bon nombre d’entre eux doivent pouvoir être désagrégés afin d’inclure des données sur des populations à risque plus petites en plus de fournir des mesures directes de défavorisation;
  • il doit y avoir des mesures à la fois des stocks (p. ex. la richesse des ménages, les compétences, l’état de santé) et des flux (p. ex. les salaires, l’activité physique, l’emploi du temps).

Les autres critères comprennent le fait d’être :

  • significatifs, en ce sens qu’ils sont faciles à comprendre et pertinents pour la compréhension générale de ce qui constitue la qualité de vie; ils doivent couvrir un large éventail de facteurs associés à la qualité de vie;
  • disponibles à partir de sources existantes (ou facilement accessibles) et de répondre aux exigences statistiques habituelles d’actualité, d’exactitude et de responsabilité ainsi que de granularité, en plus d’être comparables dans le temps et avec des indicateurs connexes;
  • utiles à l’élaboration des politiques, c’est-à-dire être sensibles aux changements dans les politiques, en montrant l’incidence des changements de politiques et la conformité avec d’autres cadres nationaux et internationaux. (La version du ministère des Finances fait référence aux politiques fédérales, mais les indicateurs qui figureraient sur le site Web de Statistique Canada seraient pertinents pour toutes les politiques sociales et seraient appuyés par de nombreux tableaux de bord supplémentaires conçus pour éclairer l’élaboration de politiques et de programmes précis.)

Souplesse

Le choix des indicateurs a été fondé sur des compromis pratiques qui répondent aux critères mentionnés ci-dessus. Ces compromis ont tenu compte à la fois de la disponibilité des données et des consultations sur l’utilité des différentes mesures. L’objectif est de produire des indicateurs souples et qui évoluent dans le temps en fonction de l’évolution des besoins et des nouvelles sources de données.

  • Il existe un ensemble d’indicateurs subjectifs et objectifs et des mesures subjectives tant dans les indicateurs de domaine que comme mesure supplémentaire.
  • Si l’accent est mis sur les indicateurs qui mesurent les résultats en matière de qualité de vie, il existe également quelques indicateurs des déterminantsde ces résultats, sans distinction entre les deux.
  • Aucun indicateur composite général n’est créé.

A7. Tendances en matière de politique et de technologie vers des programmes personnalisés

Cette dernière section décrit les changements plus vastes qui se produisent dans la société, dans les technologies et dans la politique sociale et qui façonnent les orientations futures du système de statistiques sociales nationales.

Les changements de valeurs, ce que nous entendons par progrès social et bien-être et la manière dont nous interprétons la dignité, l’égalité et la liberté des personnes, auront de profondes répercussions sur les types de statistiques sociales qui seront nécessaires. Un essai publié en 2015 par l’Institut de recherche en politiques publiques, Pour une transformation en profondeur de l’État-providence canadien, décrit ce que les résultats des différentes vagues de World Values Survey révèlent, soit une nette tendance, tant dans les pays en développement que dans les pays industrialisés, à accorder plus d’importance à des valeurs telles que l’autonomie, une plus grande participation à la prise de décision, l’épanouissement personnel et le perfectionnement des capacités individuelles dans le respect de l’égalité et de la tolérance.

La politique sociale reflète bien sûr ces changements de valeurs centrés sur la personne, mais avec des décalages et des cycles, tout comme les statistiques nationales qui soutiennent ces politiques. Les sections précédentes ont décrit les plans visant à faire des personnes un public privilégié pour les statistiques sociales, ces statistiques étant fondées sur un modèle conceptuel de la société centré sur les personnes et leur interaction avec les autres.

Les programmes sociaux et les renseignements statistiques utilisés dans leur conception ainsi que dans la mesure de leur incidence reflètent non seulement les valeurs sociétales, mais aussi les limites et les capacités des technologies actuelles.

Dans l’essai Pour une transformation en profondeur de l’État-providence canadien, l’auteur soutient qu’un grand pas en avant en ce qui a trait à la politique sociale s’est produit dans les années 1960 et 1970 lorsque le Canada a mis en place sa version du programme d’État-providence mature. Ce programme allait beaucoup plus loin que les programmes sociaux plus fragmentés, souvent paternalistes, qui les avaient précédés, principalement grâce à son universalité.

  • Le succès des programmes d’État-providence matures est en partie attribuable aux technologies informatiques qui étaient encore nouvelles à cette époque.
  • Ces technologies ont permis à la politique sociale de répondre aux besoins définis de façon générale de groupes de bénéficiaires définis au sens large de manière largement uniforme, souvent à un moment donné ou à une étape de la vie, et ce, en utilisant des cloisonnements de programmes distincts qui pouvaient fournir une prestation efficace et responsable.

Bien qu’il s’agisse d’une amélioration majeure, les programmes de l’État-providence qui en ont résultent placent encore les personnes dans des cases standardisées et interviennent de façon très cloisonnée.

  • Les personnes doivent accéder à différents volets de programmes souvent non coordonnés, dont la conception favorise l’efficacité et la responsabilité de ceux qui assurent la prestation des programmes, et non la réponse aux besoins de leurs bénéficiaires.
  • De nos jours, de nombreux problèmes sociaux se présentent sous la forme de discrimination et d’inégalité liées au genre, à la race, à l’incapacité, à l’âge et à bien d’autres domaines où la société met systématiquement les personnes dans des cases qui ne sont pas pertinentes pour le problème en question et ne respecte pas l’immense diversité qui existe bel et bien dans la vie réelle.

Nous disposons actuellement de technologies, y compris l’utilisation de mégadonnées et de l’analyse prédictive, pour permettre aux programmes d’être beaucoup plus réactifs aux divers besoins des personnes et de respecter les changements de valeur mentionnés ci-dessus.

Selon l’essai Pour une transformation en profondeur de l’État-providence canadien, la disponibilité des nouvelles technologies pour la collecte et l’analyse des statistiques sociales signifie que nous sommes à l’aube d’une nouvelle période de changement transformateur vers une politique sociale centrée sur le citoyen,

  • où les programmes et services sociaux seront beaucoup plus adaptés aux besoins et à la situation de personnes spécifiques au cours de leur vie, ce qui concorde avec une plus grande importance accordée au soutien des personnes dans le perfectionnement de leurs capacités,
  • où les valeurs d’autonomie, de respect, d’égalité et de durabilité sont plus consciemment intégrées à la conception des politiques et des programmes sociaux.

La transition vers une telle société habilitante exigera une refonte majeure, quoique graduelle, des systèmes statistiques selon des modalités qui sont bien reflétées dans le document de Statistique Canada intitulé « Orientations futures ».

  • Il y aura beaucoup plus de données désagrégées sur les personnes et les contextes dans lesquels la vie des personnes se déroule, et des analyses fondées sur des microdonnées anonymisées.
  • Les statistiques permettront de mieux déterminer les effets combinés des programmes et des services sur la vie des citoyens au cours de leur vie.
  • Les personnes, et les agents de services sociaux qui les aident, deviendront (progressivement) les principaux utilisateurs du système de statistiques sociales, qui fournira des renseignements personnalisés sur la probabilité de succès des autres interventions pour façonner la vie future.
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