Aperçus économiques
Les effectifs d’étudiants internationaux dans les programmes d’études postsecondaires avant la COVID-19

11-626-X no 105

Le présent article de la série Aperçus économiques porte sur la proportion de l’effectif d’étudiants postsecondaires provenant de l’étranger, selon le programme d’études et le pays d’origine. Compte tenu des incertitudes actuelles liées à la pandémie de COVID-19, y compris des nouvelles restrictions en matière de santé publique s’appliquant aux voyages internationaux et les directives en matière de distanciation physique touchant les salles de classe, la proportion des effectifs qui vient de l’étranger dans les divers programmes d’études est très pertinente en ce moment.

Introduction

Au cours des dernières années, les établissements d’enseignement postsecondaire ont de plus en plus misé sur les revenus tirés des frais de scolarité. L’écart observé entre les dépenses d’exploitation qui augmentent sans cesse et les subventions provinciales qui stagnent s’est creusé de 5,9 milliards de dollars entre les années scolaires 2007-2008 et 2016-2017 (Usher 2019). Cependant, les frais de scolarité pour les étudiants canadiens n’ont en général pas augmenté beaucoup plus que l’inflation pendant cette période et, par ailleurs, l’effectif d’étudiants canadiens a atteint un sommet au milieu de celle-ci, peut-être en raison de facteurs démographiques (Usher 2019). Les collèges et les universités ont compté de plus en plus sur les revenus tirés des frais de scolarité des étudiants étrangers, qui ont augmenté de 3,25 milliards de dollars (55 % de l’augmentation de l’écart) pendant la période en question (Usher 2019). Cette situation était principalement attribuable à une forte augmentation de la proportion des effectifs totaux qui venait de l’étranger. Au niveau universitaire, les étudiants internationaux constituaient 14,7 % de l’effectif total en 2017-2018, ce qui représente une hausse par rapport à 8,2 % en 2009-2010 (graphique 1). De la même manière, au niveau collégialNote , la part de l’effectif d’étudiants internationaux a augmenté pour passer de 5,2 % en 2009-2010 à 13,2 % en 2017-2018.

Graphique 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Période de référence (titres de rangée) et Université et Collège, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Période de référence Université Collège
pourcentage
2009-2010 8,2 5,2
2010-2011 8,7 4,8
2011-2012 9,5 5,2
2012-2013 10,3 5,7
2013-2014 11,1 7,3
2014-2015 12,2 7,9
2015-2016 12,9 8,3
2016-2017 13,6 10,4
2017-2018 14,7 13,2

La pandémie de COVID-19 a suscité des incertitudes dans de nombreux secteurs d’activité, dont l’enseignement postsecondaire. Les consignes de santé publique, y compris les directives sur la distanciation physique, ont imposé des restrictions en ce qui concerne les activités d’apprentissage en classe, et cela pourrait continuer d’être le cas pendant les sessions d’été et d’automne, et éventuellement même au-delà. Si les établissements d’enseignement doivent miser sur la prestation de cours en ligne ou virtuelle, il se pourrait que certains programmes soient plus touchés que d’autres. Par exemple, les étudiants inscrits à des programmes de sciences et de génie doivent effectuer des travaux en laboratoire sur le campus et certains étudiants en arts ont besoin de passer beaucoup de temps sur place pour des travaux en studio ou des récitals de musique. Les étudiants inscrits à des programmes d’éducation, de médecine ou de sciences infirmières doivent souvent effectuer des stages en milieu de travail, et ceux-ci pourraient ne pas être réalisables en raison des perturbations liées à la COVID-19. Il se pourrait que les étudiants internationaux ne soient pas prêts à prendre le risque d’étudier dans un autre pays s’ils ont l’impression que la qualité de leurs études est remise en question. Qui plus est, il se pourrait que les étudiants internationaux aient de la difficulté à entrer au Canada, compte tenu des mesures de santé publique qui ont été instaurées telles que les restrictions de voyage et les exigences de quarantaineNote . Même si l’entrée au Canada n’est pas nécessaire pour commencer ou poursuivre un programme, certains étudiants pourraient préférer l’enseignement en classe à l’apprentissage en ligne, surtout si l’enseignement en classe est offert dans leur propre pays. Les étudiants pourraient également préférer être plus près de chez eux pendant une pandémie pour être avec leurs proches, ou simplement en raison du risque d’annulation de classes. Il est possible que tous ces facteurs fassent diminuer la demande d’enseignement postsecondaire au Canada venant des étudiants étrangers.

Même si chaque établissement d’enseignement postsecondaire recueille des données sur les étudiants internationaux et, par conséquent, est au fait de son propre besoin à l’égard de cette source d’effectif et de revenus, il est nécessaire de compiler des estimations à l’échelle nationale relativement à la composition détaillée de l’effectif d’étudiants internationaux à mesure que les décisions pertinentes en matière de politique de santé publique et d’immigration évoluent. Ces mesures pourraient avoir une incidence sur le nombre de futurs diplômés dans des domaines clés pour l’innovation, comme les STGM (sciences, technologies, génie et mathématiques) ainsi que le domaine des soins de santé. Par conséquent, la mesure dans laquelle la présence de ces diplômés dépend de l’effectif d’étudiants internationaux est aussi très pertinente pour l’élaboration de politique.

Cette étude fournit des renseignements sur la proportion d’étudiants internationaux dans les effectifs totaux des universités et des collèges selon le domaine d’études et le pays d’origine. L’étude repose sur les données du Système d’information sur les étudiants postsecondaires (SIEP) de 2017-2018, qui comprend les données sur les effectifs de presque tous les établissements d’enseignement postsecondaire publics au Canada. Un très petit nombre d’établissements n’ont produit aucun rapport sur les étudiants internationaux; ils ne font donc pas partie de cette étude. Les domaines d’études sont présentés selon la Classification des programmes d’enseignement (CPE) de 2016, le plus souvent en regroupements principaux.

Bien qu’il s’agisse de la première étude canadienne qui rend compte de la proportion de l’effectif d’étudiants postsecondaires qui vient de l’étranger selon le domaine d’études et le pays d’origine, un petit nombre d’études antérieures ont examiné l’effectif d’étudiants internationaux selon le domaine d’études (McMullen et Elias 2011; Statistique Canada 2016; Gardner Pinfold 2018) ou selon le pays d’origine (Association des universités et collèges du Canada 2011; Statistique Canada 2016; Gardner Pinfold 2018).

Près du tiers des effectifs dans les programmes de mathématiques, d’informatique et de sciences de l’information venaient de l’étranger

Certains programmes d’études misaient grandement sur l’effectif d’étudiants internationaux en 2017-2018 (graphique 2). Par exemple, près du tiers des effectifs dans les programmes de mathématiques, d’informatique et de sciences de l’information venaient de l’étranger tant dans les collèges que dans les universités (30,8 % et 31,6 %, respectivement). Au niveau universitaire, parmi les programmes plus détaillésNote affichant l’effectif d’étudiants internationaux le plus élevé, on comptait la statistique (49,5 %), la science computationnelle (38,5 %), les mathématiques (37,4 %) et les mathématiques appliquées (36,3 %). En revanche, l’effectif d’étudiants internationaux était inférieur dans les disciplines liées aux bibliothèques (p. ex. les étudiants internationaux représentaient seulement 8,2 % de l’effectif en bibliothéconomie et administration de bibliothèques). Au niveau collégial, on observait des taux plus élevés en traitement des données – technologue/technicien (65,2 %), programmation informatique (40,0 %) et informatique, sciences de l’information et services de soutien connexes (général) (37,2 %).

Graphique 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Regroupement principal de la CPE (titres de rangée) et Université et Collège, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Regroupement principal de la CPE Université Collège
pourcentage
Tous les regroupements principaux de la CPE 14,7 13,2
Services personnels, de protection et de transport 2,5 7,3
Santé et domaines connexes 4,9 6,1
Agriculture, ressources naturelles et conservation 18,8 12,6
Architecture, génie et technologies connexes 24,4 17,4
Mathématiques, informatique et sciences de l’information 31,6 30,8
Sciences physiques et de la vie, et technologies 14,7 8,5
Commerce, gestion et administration publique 17,7 25,6
Sciences sociales et du comportement, et droit 11,7 9,0
Sciences humaines 13,9 6,9
Arts visuels et d’interprétation, et technologie des communications 12,6 9,2
Éducation 3,9 1,9
Perfectionnement et initiation aux loisirs 36,5 16,1

D’autres grands programmes universitaires affichaient un effectif relativement élevé d’étudiants internationaux. C’était notamment le cas de l’architecture, le génie et les technologies connexes (24,4 %); l’agriculture, les ressources naturelles et la conservation (18,8 %); et le commerce, la gestion et l’administration publique (17,7 %)Note . Au niveau collégial, les effectifs d’étudiants internationaux dans les programmes de commerce, de gestion et d’administration publique et ceux d’architecture, de génie et de technologies connexes étaient aussi élevés (25,6 % et 17,4 %, respectivement).

En revanche, les effectifs d’étudiants internationaux de plusieurs programmes de niveau universitaire et collégial étaient relativement faibles. Au niveau universitaire, l’effectif d’étudiants internationaux était le plus faible en services personnels, de protection et de transport (2,5 %). Venaient ensuite l’éducation (3,9 %) et la santé et les domaines connexes (4,9 %). Au niveau collégial, les taux les plus faibles étaient observés dans les programmes d’éducation (1,9 %), de santé et domaines connexes (6,1 %), de sciences humaines (6,9 %) et de services personnels, de protection et de transport (7,3 %).

Il se pourrait qu’il soit moins facile pour certains programmes d’offrir des cours en ligne par rapport à d’autres (p. ex. ceux qui nécessitent des travaux en laboratoire, des prestations artistiques ou des placements en milieu de travail). Les résultats présentés dans le graphique 2 montrent que bon nombre de ces programmes n’affichaient généralement pas un effectif élevé d’étudiants internationaux. C’était le cas par exemple de l’éducation; des arts visuels et d’interprétation, et de la technologie des communications; des sciences physiques et de la vie, et des technologies; de l’agriculture, des ressources naturelles et de la conservation; et de la santé et des domaines connexes. Cependant, le besoin d’étudiants internationaux était tout de même notable dans bon nombre de ces programmes (souvent plus de 10 %). Par ailleurs, les programmes d’architecture, de génie et de technologies connexes se classaient relativement bien en tant que groupe, et pourtant des travaux en laboratoire sont prévus (notamment en génie, où les taux étaient particulièrement élevés, souvent supérieurs à 30 %).

Au total, 1 résident en médecine sur 5 inscrit à un programme de sous-spécialité était un étudiant international

Même si, au niveau universitaire et collégial, les programmes de santé et domaines connexes misaient très peu sur l’effectif d’étudiants internationaux dans l’ensemble, une proportion relativement élevée de résidents en médecine étaient des étudiants internationaux en 2017-2018. Cela était particulièrement le cas pour les étudiants inscrits à des programmes de résidence en médecine – certificats en sous-spécialité, où 1 étudiant sur 5 (21 %) venait de l’étranger (graphique 3). Parmi ceux qui étaient inscrits à des programmes de résidence en médecine – certificats généraux, 1 étudiant sur 9 (11 %) venait de l’étranger. Même si les étudiants internationaux représentaient une proportion relativement faible des effectifs dans les programmes de médecine (M.D.) et dans les programmes préparatoires aux études en médecine (0,7 % et 3,3 %, respectivement), tous les docteurs en médecine doivent avoir suivi un programme de résidence en médecine pour pouvoir pratiquer leur métier. Par conséquent, la part des résidents en médecine qui étaient des étudiants internationaux permet de mesurer de façon plus pertinente l’internationalisation de la formation médicale au CanadaNote .

Graphique 3

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Santé et domaines connexes (titres de rangée) et Université et Collège, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Santé et domaines connexes Université Collège
pourcentage
Santé et domaines connexes – Tous 4,9 6,1
Soins infirmiers autorisés, administration en sciences infirmières, recherche en sciences infirmières et soins infirmiers cliniques/infirmier auxiliaire/auxiliaire autorisé et aide-infirmier 2,6 4,7
Programme préparatoire aux études en soins infirmiers 9,4 0,0
Programmes de résidence en médecine – certificats en sous-spécialité 21,0 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Programmes de résidence en médecine – certificats généraux 11,0 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Médecine (M.D.) 0,7 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Programme préparatoire aux études en médecine 3,3 0,0

Comparativement à la formation en médecine, une proportion plus faible des effectifs dans des domaines liés aux sciences infirmières venait de l’étranger. Seulement 2,6 % et 4,7 % des effectifs totaux en soins infirmiers autorisés, administration en sciences infirmières et recherche en sciences infirmières ou en soins infirmiers cliniques/infirmier auxiliaire/auxiliaire autorisé et aide-infirmier au niveau universitaire et collégial venaient de l’étranger, respectivement. Les étudiants internationaux représentaient une part élevée des effectifs dans les programmes préparatoires aux études en soins infirmiers au niveau universitaire (9,4 %), mais ils se faisaient relativement rares dans les programmes préparatoires aux études en soins infirmiers au niveau collégial (environ 0,0 % des effectifs totaux).

La Chine était le premier pays d’origine des étudiants internationaux dans la plupart des grands domaines d’études au niveau universitaire

Le mélange de pays d’origine d’où proviennent les étudiants universitaires internationaux variait considérablement selon le regroupement principal de la CPE de 2016, mais on peut dégager une constante : la Chine était l’un des principaux pays d’origine dans tous les domaines d’études en 2017-2018Note . D’ailleurs, la Chine devançait tous les pays dans 11 des 12 grands domaines d’études (qui correspondent aux regroupements principaux de la CPE de 2016), et elle se classait au deuxième rang en santé et domaines connexes, juste derrière l’Arabie saoudite. Au total, 1 étudiant sur 6 (16,4 %) en mathématiques, informatique et sciences de l’information venait de Chine, ce qui représentait un peu plus de la moitié de l’effectif total d’étudiants internationaux dans ce domaine. En architecture, génie et technologies connexes, en commerce, gestion et administration publique et en agriculture, ressources naturelles et conservation, la Chine était le pays d’origine de 7 % à 8 % de l’effectif total. Même dans des programmes affichant un effectif d’étudiants internationaux relativement faible, les étudiants chinois représentaient une grande part des étudiants internationaux (p. ex. près du tiers des étudiants internationaux en éducation venaient de Chine).

La forte présence des étudiants chinois dans les universités canadiennes n’a peut-être rien d’étonnant, étant donné que la Chine compte plus de 1 milliard de personnes. Cependant, on dénombre aussi plus de 1 milliard de personnes en Inde. Même si l’Inde était l’un des cinq principaux pays d’origine des étudiants internationaux dans les 12 grands domaines d’études au niveau universitaire; dans la plupart des cas, l’effectif d’étudiants indiens ne correspondait qu’à une fraction de l’effectif d’étudiants chinois (au plus, environ la moitié, et souvent moins du quart). Toutefois, l’Inde était à l’origine d’une part considérablement plus grande de l’effectif d’étudiants internationaux au niveau collégial, comme le présente la section suivante.

L’Inde était le premier pays d’origine des étudiants internationaux dans la plupart des grands domaines d’études au niveau collégial

Dans 9 des 12 grands domaines d’études, l’Inde était le principal pays d’origine des étudiants internationaux au niveau collégial en 2017-2018. Dans six grands domaines, l’Inde était le pays d’origine d’au moins la moitié de tous les étudiants internationaux. Un cinquième (20,0 %) de tous les étudiants en mathématiques, informatique et sciences de l’information venaient d’Inde, ce qui représentait environ les deux tiers de tous les étudiants internationaux dans ce groupe. L’Inde était également le pays d’origine de 13,6 % de tous les étudiants en commerce, gestion et administration publique (environ la moitié de l’effectif total d’étudiants internationaux dans ce domaine), ainsi que de 9,9 % de l’effectif total en architecture, génie et technologies connexes (plus de la moitié de l’effectif d’étudiants internationaux dans ce domaine).

Dans les trois grands domaines d’études où l’Inde n’était pas le premier pays d’origine des étudiants internationaux (perfectionnement et initiation aux loisirs; arts visuels et d’interprétation, et technologie des communications; et sciences humaines), la Chine arrivait de justesse en première place. Dans ces cas, l’Inde se classait au deuxième ou au troisième rang.

Les étudiants internationaux formaient une part beaucoup plus grande des nouveaux effectifs que des effectifs totaux

Même si tant les étudiants internationaux éventuels qu’actuels pourraient être touchés par la pandémie, il se peut que les étudiants éventuels soient plus susceptibles de rester chez eux pendant la pandémie, car ils n’ont pas encore investi dans des études postsecondaires au Canada. Les données laissent supposer que les effectifs d’étudiants internationaux forment une part beaucoup plus grande des nouveaux effectifs que des effectifs totaux. Au niveau universitaire, les étudiants internationaux représentaient près de 23,8 % des nouveaux effectifs en 2017-2018 (graphique 4), comparativement à 14,7 % des effectifs totaux (graphique 1). Dans les collèges, 16,3 % des nouveaux effectifs étaient des étudiants internationaux en 2017-2018 (graphique 4), alors que ceux-ci représentaient 13,2 % des effectifs totaux (graphique 1).

Graphique 4

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Période de référence (titres de rangée) et Université et Collège, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Période de référence Université Collège
pourcentage
2011-2012 16,7 6,2
2012-2013 18,3 6,2
2013-2014 19,5 9,2
2014-2015 21,6 9,7
2015-2016 21,9 9,8
2016-2017 22,8 12,8
2017-2018 23,8 16,3

Conclusion

Ces dernières années, une proportion croissante des effectifs totaux des universités et des collèges est venue de l’étranger. Pendant l’année scolaire de 2017-2018, 14,7 % et 13,2 % des effectifs totaux des universités et des collèges venaient de l’étranger, respectivement. Compte tenu des incertitudes actuelles liées à la pandémie de COVID-19 et des nouvelles restrictions en matière de santé publique s’appliquant aux voyages internationaux, des directives sur la distanciation physique touchant les salles de classe et de la réelle possibilité que de nombreux programmes aient à être suivis en ligne, la proportion des effectifs qui vient de l’étranger dans les divers programmes d’études est très pertinente en ce moment.

Cette étude a révélé que certains domaines d’études misaient grandement sur l’effectif d’étudiants internationaux, surtout les mathématiques, l’informatique et les sciences de l’information (où un tiers des inscriptions provenaient de l’étranger), l’architecture, le génie et les technologies connexes ainsi que le commerce, la gestion et l’administration publique. En revanche, dans des programmes comme l’éducation et la santé et domaines connexes, la part de l’effectif qui venait de l’étranger était relativement faible. Cependant, une proportion relativement élevée des effectifs dans les programmes de résidence en médecine venait de l’étranger, surtout dans les sous-spécialités de médecine. Il s’agit là d’un groupe important de future main-d’œuvre qualifiée, particulièrement compte tenu d’autres pandémies éventuelles. Les principaux pays d’origine des étudiants internationaux variaient en fonction du type d’établissement d’enseignement. Alors que la Chine était le principal pays d’origine des étudiants internationaux dans presque tous les domaines d’études universitaires, l’Inde arrivait au premier rang dans la majorité des programmes au niveau collégial. Dans de nombreux domaines d’études, un de ces deux pays ou les deux étaient à l’origine d’une proportion considérable des effectifs d’étudiants internationaux. Même si tant les étudiants internationaux éventuels qu’actuels pourraient être touchés par la pandémie, les étudiants éventuels pourraient être plus susceptibles de rester chez eux pendant la pandémie, car ils n’ont pas encore investi dans des études postsecondaires au Canada. Les étudiants internationaux représentent une proportion beaucoup plus grande des nouveaux effectifs que des effectifs totaux.

Alors que les universités et les collèges au Canada ne savent pas si les cours en personne pourront reprendre au semestre de l’automne 2020, ils examinent et élaborent des plans pour tous les scénarios (apprentissage partiel ou complet en ligne, et possibilité de n’avoir aucun étudiant international sur le campus) (Affaires universitaires 2020). Cependant, ce ne sont pas tous les domaines d’études qui peuvent également offrir un apprentissage en ligne. On pense notamment aux programmes nécessitant une expérience pratique, comme des travaux en laboratoire ou en studio et des récitals, des placements en milieu de travail, qui auront probablement plus de difficultés à passer à des formats en ligne. Bien que cette étude ait montré que la majorité de ces programmes n’affichent pas un effectif d’étudiants internationaux très élevé, bon nombre d’entre eux misent encore sur cette source dans une forte mesure. Cela pourrait avoir une incidence sur l’effectif total dans les programmes ayant de telles exigences, particulièrement chez les étudiants internationaux qui doivent investir des sommes élevées pour déménager au Canada et s’inscrire à des programmes d’études. En outre, les restrictions éventuelles sur les voyages internationaux au Canada pourraient aussi avoir des répercussions sur la demande d’enseignement postsecondaire au Canada. Les résultats concernant les principaux pays d’origine des étudiants internationaux pourraient orienter les discussions au sujet des restrictions sur les voyages internationaux. Si la demande internationale diminue cette année, cela pourrait créer une demande retardée des étudiants internationaux et donner lieu à un effectif compensatoire au cours des prochaines années, entraînant plus de compétition pour les places disponibles même pour les résidents canadiens.

Références

Affaires universitaires. 2020. COVID-19 : nouvelles des universités canadiennes. 22 avril 2020. Disponible au lien suivant : https://www.affairesuniversitaires.ca/actualites/actualites-article/covid-19-mises-a-jour-des-universites-canadiennes/.

Association des universités et collèges du Canada. 2011. Tendances dans le milieu universitaire : Volume 1 – Effectif.

Gardner Pinfold. 2018. Economic Impact of International Students in Atlantic Canada. Gardner Pinfold Consultants Inc.

McMullen, K., et A. Elias. 2011. « Les étudiants internationaux dans les universités canadiennes – Un effectif en transformation ». Questions d’éducation : le point sur l’éducation, l’apprentissage et la formation au Canada. Ottawa : Statistique Canada. Disponible au lien suivant : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/81-004-x/2010006/article/11405-fra.htm.

Statistique Canada. 2016. Étudiants internationaux dans les universités canadiennes de 2004-2005 à 2013-2014. Feuillet d’information : Indicateurs de l’éducation au Canada, no 11. Produit no 81-599-X au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

Usher, A. 2019. The State of Postsecondary Education in Canada, 2019. Toronto : Higher Education Strategy Associates.


Date de modification :