Publications

    Aperçus économiques

    Comment va la vie en ville? La satisfaction à l’égard de la vie dans les différentes régions métropolitaines de recensement et régions économiques du Canada

    Comment va la vie en ville? La satisfaction à l’égard de la vie dans les différentes régions métropolitaines de recensement et régions économiques du Canada

    Warning Consulter la version la plus récente.

    Information archivée dans le Web

    L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

    par Chaohui Lu, Grant Schellenberg et Feng Hou, Division de l'analyse sociale et de la modélisation
    John F. Helliwell, Institut canadien de recherches avancées et Vancouver School of Economics, University of British Columbia

    Début de l'encadré

    Le présent article des Aperçus économiques donne une vue d’ensemble de la satisfaction à l’égard de la vie exprimée par les résidents des régions métropolitaines de recensement et des régions économiques à l’étendue du Canada. Les résultats sont fondés sur les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et de l’Enquête sociale générale. La mesure dans laquelle des facteurs économiques et sociaux particuliers expliquent les variations de la satisfaction à l’égard de la vie d’une collectivité et d’une région à l’autre est une question qui dépasse la portée du présent article.

    Fin de l'encadré

    Introduction

    Il existe maintenant des appuis internationaux à l’égard de la mesure du bien-être subjectif. Mentionnons notamment l’adoption d’une résolution des Nations Unies en 2011, la décision prise en 2012 de déclarer le 20 mars Journée internationale du bonheur, ainsi que la publication en 2013 d’un ensemble de lignes directrices de l’OCDE (OCDE, 2013) sur la mesure du bien-être subjectif préparées à l’usage des instituts nationaux de statistique. Il y a 30 ans, le Canada était presque seul à recueillir des données d’enquête sur la satisfaction à l’égard de la vie. En date de 2014, tous les pays de l’OCDE sauf trois amassent une forme quelconque de données d’évaluation de la vie, et la plupart d’entre eux ont commencé à le faire depuis la diffusion des lignes directrices de l’OCDE. Depuis 2005, Gallup réalise un sondage mondial sur le bien-être subjectif dans la plupart des pays du monde, ce qui a permis de préparer trois rapports mondiaux sur le bonheur (Helliwell, Layard et Sachs, 2015) depuis 2012. Ces rapports comparent et expliquent les différences internationales en ce qui a trait aux évaluations de la vie et à d’autres mesures du bien-être subjectif.

    Parmi ses recommandations concernant la mesure du bien-être subjectif, l’OCDE considère l’évaluation de la vie comme la plus importante et préconise en tant que mesure principale une question sur la satisfaction à l’égard de la vie qui comporte une échelle de réponse allant de 0 à 10. Depuis plusieurs années, Statistique Canada pose précisément cette question dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) et de l’Enquête sociale générale (ESG). Collectivement, les données annuelles de ces enquêtes fournissent maintenant près de 340 000 réponses individuelles, assez pour permettre d’établir pour la première fois des mesures comparables de la satisfaction à l’égard de la vie au niveau de la collectivité pour 33 régions métropolitaines de recensement (RMR) et 58 régions économiques (RE) au pays.

    Le présent article met en valeur ces données en fournissant un aperçu de la satisfaction à l’égard de la vie exprimée par des résidents des RMR et des RE à la grandeur du Canada. L’article présente d’abord les cotes non corrigées de satisfaction à l’égard de la vie dans les différentes RMR et RE, c’est‑à‑dire les cotes qui ne tiennent pas compte des caractéristiques socioéconomiques des résidents de ces régions. Ensuite, les caractéristiques socioéconomiques sont prises en compte, ce qui ne réduit que légèrement les variations de la satisfaction à l’égard de la vie d’une RMR à l’autre. La mesure dans laquelle des facteurs économiques et sociaux particuliers expliquent les variations de la satisfaction à l’égard de la vie d’une collectivité et d'une région à l’autre est une question qui dépasse la portée du présent article. Les principaux objectifs ici consistent à faire état de l’ampleur de ces différences et de l’abondance des données de Statistique Canada dont on dispose maintenant pour en faire un examen plus approfondi.

    Données

    Les données sur lesquelles repose la présente étude proviennent des cinq cycles de l’ESG qui ont été réalisés de 2009 à 2013 et des quatre cycles de l’ESCC qui ont été menés de 2009 à 2012, inclusivement. La question suivante a été posée aux répondants à l’ESCC et à l’ESGNote 1 :

    • À l’aide d’une échelle de 0 à 10, quel sentiment éprouvez-vous maintenant à l’égard de votre vie, où 0 signifie « Très insatisfait / insatisfaite » et 10 signifie « Très satisfait / satisfaite »?

    Une étude antérieure (Bonikowska et coll., 2014) démontre que les répondants à l’enquête sont capables de répondre à la question et sont disposés à le faireNote 2, que leurs réponses ne varient pas selon le jour de la semaine ou du mois où ils ont rempli le questionnaire d’enquête, et que l’agrégation des données de l’ESCC et de l’ESG en un échantillon « combiné » constitue un moyen viable d’obtenir suffisamment de réponses pour produire des estimations robustes de la satisfaction à l’égard de la vie pour de petites régions géographiques ou des sous-groupes de population (Frank, Hou et Schellenberg, 2014; Hou, 2014).

    La présente étude est fondée sur un échantillon combiné de près de 340 000 répondants à l’enquête de 15 ans ou plus qui résident dans l’une des 10 provinces. Comme lieu de résidence du répondant, on indique soit l’une des 33 RMRNote 3 du Canada ou, pour les personnes qui résident à l’extérieur d’une RMR, leur RE de résidenceNote 4. Dans les petites RMR de Guelph, de Peterborough et de Brantford, la taille de l’échantillon est d’environ 1 400 à 1 700, tandis que, à Abbotsford, à Kelowna, à Trois-Rivières, dans le Grand Sudbury, à Barrie et à Saguenay, elle est d’environ 1 800 à 2 000. Toutes les autres RMR ont un échantillon d’au moins 2 000 répondantsNote 5. De même, les 58 RE utilisées aux fins de l’analyse comportent toutes un échantillon d’au moins 1 000 répondantsNote 6. La profondeur de cet échantillon est manifeste quand on considère que les échantillons annuels nationaux pour la plupart des pays visés par le Sondage mondial Gallup comportent environ 1 000 répondants.

    La satisfaction à l’égard de la vie parmi les régions métropolitaines de recensement et les régions économiques

    Le graphique 1 montre les cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie de 2009 à 2013 dans les 33 RMR du Canada. Elles vont d’environ 7,8 (sur une échelle ayant une valeur maximale de 10) à Vancouver, à Toronto et à Windsor jusqu’à environ 8,2 à St. John’s, à Trois‑Rivières et à Saguenay. Dans l’ensemble, les cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie varient de 0,44 point parmi les RMR. Cela ne tient pas compte des éventuelles différences relatives aux caractéristiques au niveau de la personne ou de la collectivité.

    Graphique 1

    Description du graphique 1

    Une autre façon d’examiner la satisfaction à l’égard de la vie dans les différentes RMR consiste à déterminer les proportions de résidents qui se situent vers l’extrémité supérieure ou inférieure de l’échelle de 10 points. Il n’y a pas de seuils au-delà ou en deçà desquels les personnes sont réputées être satisfaites ou insatisfaites; toute distinction en ce sens est donc arbitraire. À des fins d’illustration, les graphiques 2 et 3 montrent les proportions de résidents dont la cote est de 9 ou 10, ou de 6 ou moins.

    Parmi les RMR, on observe une différence de près de 11 points de pourcentage entre les proportions de résidents dont la cote de satisfaction à l’égard de la vie est de 9 ou de 10. Les proportions sont les plus élevées dans le Grand Sudbury, à Thunder Bay, à St. John’s, à Saint John et à Saguenay, où elles vont de 42 % à 45 %, alors qu’elles sont les plus faibles à Vancouver, à Toronto, à Barrie et à Edmonton, où elles vont de 34 % à 35 %. Si l’on inclut dans l’analyse les personnes dont la cote de satisfaction à l’égard de la vie est de 8 ou plus (tableau 1 de l’annexe), les RMR ont une étendue de près de 14 points de pourcentage et la plupart des mêmes RMR occupent le haut et le bas du classement, qu’on utilise un seuil de 8 ou plus ou de 9 ou plus.

    Graphique 2

    Description du graphique 2

    À l’autre extrémité de l’échelle, il y a un écart de 9 points de pourcentage dans les proportions de résidents des RMR dont la cote de satisfaction à l’égard de la vie est de 6 ou moins. Cette proportion est la moins élevée à Saguenay, à Québec et à Trois-Rivières, où elle est inférieure à 10 %, alors qu’elle est la plus forte à Windsor, à Toronto, à Abbotsford–Mission et à Peterborough, où elle s’établit à environ 17 %Note 7.

    Graphique 3

    Description du graphique 3

    L’étendue semblable des 58 RE à l’étude est manifeste (graphique 4). Les cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie vont d’environ 7,8 à 8,0 dans les RE de Nord-est, de Cariboo et de la Côte-nord et Nechako de la Colombie-Britannique, la RE albertaine de Red Deer, les RE de Prince Albert et Nord de la Saskatchewan, la RE du Nord du Manitoba et la RE d’Annapolis Valley de la Nouvelle-Écosse. À l’extrémité supérieure, les cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie vont d’environ 8,3 à 8,4 dans plusieurs RE de Terre-Neuve-et-Labrador et du Québec. Dans l’ensemble, les cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie varient de 0,56 parmi les RE, encore une fois sans prise en compte des éventuelles différences liées aux caractéristiques au niveau de la personne ou de la collectivité.

    Parmi les RE, il y a une étendue de 14 points de pourcentage des proportions de résidents dont la cote de satisfaction à l’égard de la vie est de 9 ou de 10 (de 36 % à 50 %) et une étendue semblable des proportions de résidents dont la cote est de 8, 9 ou 10 (de 67 % à 81 %) (tableau 1 en annexe). À l’autre extrémité, on observe une étendue d’environ 9 points de pourcentage des proportions de résidents dont la cote de satisfaction à l’égard de la vie est de 6 ou moins (de 7 % à 16 %).

    Graphique 4

    Description du graphique 4

    Les études démontrent que, au chapitre de la satisfaction à l’égard de la vie, les différences entre les collectivités du même pays sont beaucoup moins prononcées qu’elles ne le sont d’un pays et d’une région du monde à l’autre. Cela s’explique par le fait que les mesures favorisant une qualité de vie élevée varient beaucoup moins dans les pays qu’entre les pays. Il n’est donc pas étonnant que la variation typique parmi les RMR et les RE au Canada n’est que le dixième de la variation typique parmi les 150 pays visés par le Sondage mondial GallupNote 8. Néanmoins, l’étendue d’environ 0,59 des cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie des RMR et des RE est semblable à celle qui s’observe chez les personnes mariées et les personnes divorcées ou séparées (il en sera question plus loin). Les variations des pourcentages de personnes se situant aux extrémités inférieure et supérieure de l’échelle de satisfaction à l’égard de la vie sont également considérables parmi les RMR et les RE, atteignant entre environ 10 et 17 points de pourcentage, ce qui soulève des questions à propos des causes de ces différences.

    Prise en compte des caractéristiques au niveau de la personne

    Il est démontré que les caractéristiques au niveau de la personne telles que l’âge, la situation d’emploi et l’état de santé sont corrélées avec la satisfaction à l’égard de la vie (Boarini et coll., 2012) et qu’elles varient parmi les RMR et les RENote 9. Cela soulève notamment la question de savoir dans quelle mesure la différence de niveau de satisfaction à l’égard de la vie parmi les RMR et les RE se maintient quand les caractéristiques de leurs résidents sont prises en compte.

    Pour évaluer cette question, il s’agit d’abord d’estimer les corrélations entre la satisfaction à l’égard de la vie et un ensemble standard de caractéristiques socioéconomiques au moyen d’un modèle de régression linéaire multivariée. Les coefficients figurant au tableau 1 montrent la différence de niveau de satisfaction à l’égard de la vie qui est associée à chaque caractéristique par rapport à un groupe de référence, abstraction faite des autres caractéristiques du modèle. La première colonne indique les coefficients issus de l’application d’un modèle de base (le modèle 1) à l’échantillon complet des répondants à l’ESG et à l’ESCC. Dans les deuxième et troisième colonnes, l’appartenance à la communauté et le fait de connaître ses voisins sont ajoutés en tant que variables dans le cas des répondants à qui les questions à ce sujet ont été posées. Dans l’ensemble, les résultats sont conformes aux constatations découlant des études.

    La satisfaction à l’égard de la vie est légèrement plus élevée chez les femmes que chez les hommes, et légèrement moins élevée parmi les immigrants que parmi les personnes nées au Canada. Les variables de l’âge et de l’âge au carré témoignent de la corrélation « en forme de U » bien documentée qui existe entre l’âge et la satisfaction à l’égard de la vie : les niveaux sont plus faibles chez les personnes dans la quarantaine et au début de la cinquantaine comparativement aux groupes d’âge plus jeunes et plus âgés. Les personnes mariées font état de niveaux plus élevés de satisfaction à l’égard de la vie comparativement aux personnes divorcées ou séparées, veuves ou jamais mariées. Le modèle 1 produit une corrélation négative entre le niveau de scolarité et la satisfaction à l’égard de la vie. Toutefois, ce rapport devient positif et significatif lorsque l’état de santé, la situation d’emploi et/ou le revenu du ménage sont supprimés du modèle, ce qui confirme le point de vue maintenant établi selon lequel la scolarité a une incidence sur le bien-être subjectif de par son effet sur d’autres résultats. Il existe un lien positif et monotone étroit entre l’état de santé auto-évalué et la satisfaction à l’égard de la vie. Les personnes qui se disent en « excellente » santé ont des cotes de satisfaction à l’égard de la vie qui sont supérieures d’un point complet à celles des personnes qui déclarent être en « bonne » santé, et de près de 3 points à celles des personnes qui disent être en « mauvaise » santé. Le rapport entre la situation de chômage et la satisfaction à l’égard de la vie est fortement négatif, alors que le rapport entre le revenu du ménage et la satisfaction à l’égard de la vie est positif. Enfin, la satisfaction à l’égard de la vie est légèrement plus élevée parmi les répondants qui déclarent être des Autochtones. Toutefois, cette corrélation devient négative lorsque d’autres variables, comme l’état de santé, la situation d’emploi et/ou le revenu du ménage, sont supprimées du modèle.

    Les modèles 2 et 3 confirment un rapport positif entre, d’une part, la satisfaction à l’égard de la vie et, d’autre part, le sentiment d’appartenance à sa communauté et le fait de connaître quelques-uns ou la plupart de ses voisins.

    Pour tenir compte des caractéristiques au niveau de la personne figurant dans le modèle 1 du tableau 1, on règle les caractéristiques démographiques de chaque RMR et RE à la moyenne canadienne, puis on recalcule les cotes de satisfaction à l’égard de la vie.

    En général, la correction en fonction des caractéristiques au niveau de la personne fait très peu varier les cotes de satisfaction à l’égard de la vie dans les RMR et parmi celles‑ciNote 10. Quand ces caractéristiques sont prises en compte, les cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie varient de moins de 0,08 dans les 33 RMRNote 11, tandis que l’étendue des cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie des RMR tombe de 0,44 à 0,41, soit une diminution de 7 % (ou de 0,03). De même, dans les 33 RMR, la correction pour tenir compte des caractéristiques au niveau de la personne fait varier de moins de 2 points de pourcentage la proportion de résidents dont la cote de satisfaction à l’égard de la vie est de 9 ou 10. De plus la variation entre les RMR des proportions de particuliers affichant ces cotes tombe de 11,3 à 10,9 points de pourcentage, ce qui représente une baisse de 0,4 point de pourcentage ou d’environ 4 %Note 12. La prise en compte des caractéristiques au niveau de la personne contribue davantage à diminuer la variation entre les RMR des proportions de répondants ayant une cote de satisfaction à l’égard de la vie égale de 6 ou moins, la faisant descendre de 8,5 points de pourcentage à 7,3 points de pourcentage, soit d’environ 14 %.

    Des résultats qualitativement semblables s’observent dans les RE et parmi celles‑ciNote 13. Lorsque les caractéristiques au niveau de la personne sont prises en compte, les cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie varient de 0,10 ou moins dans 50 des 58 RE, tandis que l’étendue des cotes moyennes de satisfaction à l’égard de la vie des RE tombe de 0,56 à 0,47, soit une diminution d’environ 16 % (ou de 0,09). De même, la proportion de résidents des RE qui présentent une cote de satisfaction à l’égard de la vie de 9 ou de 10 diminue de 2,0 points de pourcentage dans 51 des 58 RE, tandis que l’étendue des RE comptant des proportions de résidents affichant ces cotes descend de 13,7 à 13,1 points de pourcentage, soit d’environ 4 %. À l’extrémité inférieure de l’échelle, l’étendue des RE comptant des proportions de répondants ayant une cote de satisfaction à l’égard de la vie de 6 ou moins tombe de 9,6 à 7,6 points de pourcentage, soit d’environ 21 %, lorsqu’on tient compte des caractéristiques au niveau de la personne.

    Dans l’ensemble, les différences relatives à la composition socioéconomique des RMR et des RE, du moins telles qu’elles sont mesurées par les variables du modèle 1, expliquent généralement de 4 % à 16 % environ de la différence parmi ces régions géographiques quant aux niveaux moyens et « élevés » de satisfaction à l’égard de la vie et de 14 % à 21 % environ de la différence en ce qui a trait aux « faibles » niveaux de satisfaction à l’égard de la vie.

    Au-delà des caractéristiques au niveau de la personne, les résultats des graphiques 1 à 3 semblent indiquer que la satisfaction à l’égard de la vie est plus élevée dans les petites collectivités, puisque la plupart des RMR qui occupent le haut des classements comptent moins de 250 000 habitants, alors que Toronto et Vancouver se classent au bas ou près du bas. Certaines études font état de ce lien : par exemple, Schwanen et Wang (2014, 835) mentionnent « …qu’une constatation récurrente, c’est que la satisfaction à l’égard de la vie et le bonheur sont moindres dans les milieux plus denses et plus urbanisés » [Traduction]. Toutefois, quand les caractéristiques au niveau de la personne sont prises en considération et qu’on examine les petites, moyennes et grandes RMR à l’étendue du Canada, d’importantes différences à l’intérieur des groupes ressortent. Le graphique 5 montre la proportion de répondants des RMR dont la cote de satisfaction à l’égard de la vie est de 8, 9 ou 10 — une mesure plus générale que celle qui est utilisée dans le graphique 2 — corrigée des différences entre les RMR en ce qui a trait aux caractéristiques au niveau de la personne. Parmi les RMR comptant moins de 250 000 habitants, la proportion de résidents évaluant ainsi leur satisfaction à l’égard de la vie va d’environ 65 % à Guelph et à Barrie jusqu’à environ 76 % à Saguenay et à Trois-Rivières. Parmi les cinq plus grandes RMR du Canada, on observe une différence de 6 points de pourcentage entre Montréal et Toronto.

    Graphique 5

    Description du graphique 5

    Résumé

    De nombreux facteurs peuvent expliquer les différences au niveau de la collectivité en ce qui a trait à la satisfaction à l’égard de la vie, et les études internationales et canadiennes dans ce domaine sont de plus en plus nombreuses. Ces études traitent notamment du rôle que jouent les caractéristiques physiques des régions géographiques, comme la taille urbaine et la densité de la population, les richesses naturelles, les possibilités ou la privation économiques, de même que l’accessibilité et la qualité des infrastructures, des agréments et des services (voir les examens réalisés par Ballas [2013] et Schwanen et Wang [2014]). Les aspects sociaux des régions géographiques sont également étudiés. Par exemple, en s’appuyant sur les données de l’ESG, Helliwell et Wang (2011) constatent, données à l’appui, que c’est la vie locale qui importe le plus pour les gens, ce dont témoignent les niveaux de confiance et de la qualité des attaches sociales dans leurs quartiers et leurs milieux de travailNote 14. Des études portent également sur l’importance des comparaisons sociales dans des milieux donnés, notamment en ce qui concerne le revenu par rapport à celui de ses voisins et les niveaux d’inégalité (p. ex., Luttmer [2005], Hou [2014]). En outre, des analyses de la satisfaction à l’égard de la vie sont menées à divers niveaux géographiques — dans les quartiers, les collectivités, les provinces et les États, ainsi que les pays.

    La mesure dans laquelle les facteurs économiques ou sociaux expliquent la variation géographique de la satisfaction à l’égard de la vie semble varier selon le niveau géographique à l’étude. Dans le World Happiness Report 2015, six variables principalesNote 15 expliquent environ les trois quarts de la différence entre les pays quant aux évaluations moyennes de la satisfaction à l’égard de la vie, le revenu étant la plus importante de ces variables. En Europe, l’étendue internationale des revenus moyens est plus restreinte, et les facteurs sociaux expliquent une part plus importante de la variation transnationale de la satisfaction à l’égard de la vie. De même, certaines données probantes laissent entendre que les facteurs sociaux plutôt qu’économiques contribuent davantage à expliquer les variations de la satisfaction à l’égard de la vie chez les particuliers et parmi les régions des pays (Helliwell et Putnam, 2004; Helliwell et Barrington-Leigh, 2010). La détermination des facteurs à l’origine des variations de la satisfaction à l’égard de la vie qui ont été démontrées entre les RMR et entre les RE est une question qui dépasse la portée du présent article et qui nécessite une étude plus poussée.

    Au Canada, on dispose maintenant d’abondants renseignements sur la satisfaction à l’égard de la vie. Les cinq cycles de l’ESG et les quatre cycles de l’ESCC utilisés aux fins de la présente étude ont fourni un échantillon de près de 340 000 répondants, et l’ajout des cycles à venir porterait cet échantillon à plus de 450 000. Il devient ainsi possible d’étudier la satisfaction à l’égard de la vie parmi des sous-groupes de population ou de petites régions géographiques. Bien que la présente étude ait porté sur la satisfaction à l’égard de la vie parmi les RMR, il serait également faisable d’examiner la question de plus près dans les RMR. Non seulement cette nouvelle désagrégation exposerait l’éventail des expériences de vie dans les RMR, mais elle accroîtrait le nombre total de régions géographiques incluses dans la quête d’une compréhension plus complète des caractéristiques au niveau de la collectivité qui tendent à favoriser une vie plus satisfaisante.

    Bibliographie

    Ballas, D. 2013. « What makes a ‘happy city’? ». Cities 32 (supplément 1) : S39–S50.

    Boarini, R., M. Comola, C. Smith, R. Manchin et F. de Keulenaer. 2012. What Makes for a Better Life?: The Determinants of Subjective Well-being in OECD Countries – Evidence from the Gallup World Poll. OECD Statistics Working Papers, 2012/03. Paris : Éditions OCDE.
    Disponible au lien suivant : http://dx.doi.org/10.1787/5k9b9ltjm937-en.

    Bonikowska, A., J. Helliwell, F. Hou et G. Schellenberg. 2014. « An assessment of life satisfaction responses on recent Statistics Canada surveys ». Social Indicators Research 118 (2) : 617 à 643.

    Frank, K., F. Hou et G. Schellenberg. 2014. Satisfaction à l’égard de la vie chez les nouveaux immigrants au Canada : Comparaisons avec les populations des pays d’origine et les personnes nées au Canada. Direction des études analytiques : documents de recherche, no 363. Produit no 11F0019M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

    Helliwell, J.F., et C.P. Barrington-Leigh. 2010. « Viewpoint: Measuring and understanding subjective well-being ». Revue canadienne d’économique 43 (3) : 729 à 753.

    Helliwell, J.F., et H. Huang. 2010. « How's the Job? Well-Being and Social Capital in the Workplace ». Industrial and Labor Relations Review 63 (2) : 205 à 227.

    Helliwell, J.F., R. Layard et J. Sachs, éd. 2015. World Happiness Report 2015. New York : Sustainable Development Solutions Network : A Global Initiative for the United Nations. À venir.

    Helliwell, J.F., et R.D. Putnam. 2004. « The social context of well-being ». Philosophical Transactions of the Royal Society B : Biological Sciences 359 (1449) : 1435 à 1446.

    Helliwell, J.F., et S. Wang. 2011. «Trust and Wellbeing ».International Journal of Wellbeing 1 (1) : 42 à 78.

    Hou, F.  2014. « Keep up with the Joneses or keep on as their neighbours: Life satisfaction and income in Canadian urban neighbourhoods ». Journal of Happiness Studies 15 (5) : 1085 à 1107.

    Luttmer, E.F.P. 2005. « Neighbors as negatives : relative earnings and well-being ». The Quarterly Journal of Economics 120 : 963 à 1002.

    Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 2013. Comment va la vie? 2013 : Mesurer le bien-être. Éditions OCDE.
    Disponible au lien suivant : http://www.oecd-ilibrary.org/economics/comment-va-la-vie_23089695

    Schwanen, T., et D. Wang. 2014. « Well-being, context, and everyday activities in space and time ». Annals of the Association of American Geographers 104 (4) : 833 à 851.

    Notes

    Date de modification :