Le don et le bénévolat chez les immigrants du Canada

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

par Derrick Thomas

[Article intégral en PDF]

Passer au texte

Début du texte

Introduction

La proportion d'immigrants au sein de la population canadienne ne cesse d'augmenter, particulièrement dans les grandes villes comme Toronto, Vancouver et Montréal. Maintenant, près de 1 Canadien sur 5 est immigrant. Issus de diverses expériences et traditions, ils peuvent avoir des attitudes et conceptions différentes à l'égard du bénévolat encadré, du don, et de la charité1.

Bien que les immigrants viennent au Canada de divers lieux et pour différentes raisons, ils arrivent aussi dans un pays changeant. Les nouveaux venus sont très différents les uns des autres; ils sont également confrontés à diverses conditions selon le moment et l'endroit où ils arrivent au Canada. Ainsi, les caractéristiques des différentes cohortes d'immigrants peuvent expliquer leur propension variable au don et au bénévolat, les montants qu'ils donnent, et les causes qu'ils soutiennent.

Les immigrants établis au Canada depuis plusieurs décennies ressemblent davantage aux personnes nées au Canada qu'aux immigrants récents; ces derniers pouvant faire face à des contraintes limitant leur générosité. Souvent, les nouveaux immigrants ont épuisé leurs économies pendant le processus de migration et doivent réinstaller leur ménage et prendre le temps de s'adapter au marché du travail canadien. Il est possible qu'ils ne disposent pas d'autant de temps et de ressources financières que les autres Canadiens.

Dans le présent article, on examine le don et le bénévolat chez les immigrants au Canada. On s'intéresse aux raisons qui les poussent à en faire ou pas, aux sommes d'argent et au temps qu'ils donnent, et aux types d'organismes qu'ils soutiennent. Cette information pourrait être utile aux organismes de bienfaisance ou sans but lucratif qui ont l'intention de cibler les immigrants et les minorités culturelles afin de les inciter à participer selon une approche adaptée à leur culture.

En plus de comparer les attitudes et les comportements prosociaux des immigrants et des personnes nées au Canada, on s'efforce de déterminer si le bénévolat et le don pourraient servir d'indicateurs de l'intégration et de l'adaptation des immigrants (comme l'ont suggéré certains auteurs)2. Selon cette perspective, certains nouveaux venus pourraient, du moins au départ, compter principalement sur les organismes de leur propre communauté et donner surtout à ces organismes3. Cependant, au fil du temps et à mesure que les nouveaux Canadiens tissent des liens plus larges avec les groupes communautaires et les associations civiques, leurs habitudes de don de temps et d'argent peuvent s'étendre à d'autres causes. Dans quelle mesure les immigrants récents sont-ils différents des immigrants de longue date en ce qui a trait à leurs comportements de don et de bénévolat?

Dans la première partie de cet article, on présente de l'information sur les dons de bienfaisance des immigrants, et dans la deuxième, on y examine les différences entre les comportements de bénévolat des immigrants et ceux des personnes nées au Canada.

 

Début de l'encadré

Ce qu'il faut savoir au sujet de la présente étude

La principale source des données pour cet article est l'Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation (ECDBP), réalisée en 2010. Cette enquête fait suite à celle de 2007, qui utilisait essentiellement le même questionnaire et la même méthodologie. Dans certains cas, des comparaisons seront effectuées entre les données de 2010 et de 20071.

Dans le cadre de l'ECDBP de 2010, on a interrogé un échantillon d'environ 15 500 Canadiens au sujet de leur comportement lié au don et au bénévolat. Parmi eux, un peu plus de 1 700 ont indiqué qu'ils étaient des immigrants. Plus de 1 000 répondants (1 084) n'ont pas répondu à la question sur l'immigration et ont donc été exclus de cette analyse. L'échantillon restant comportait environ 14 400 répondants.

Les répondants de l'enquête ont été interrogés au sujet de leurs dons de bienfaisance au cours des 12 mois précédents, des sommes données et des organismes bénéficiaires, des méthodes qu'on a utilisé pour solliciter leurs dons et des raisons pour lesquelles les répondants ont donné ou pas. Des questions semblables ont été posées au sujet du bénévolat.

Afin de comparer les sommes données en 2010 à celles de 2007, les sommes de 2007 ont été rajustées au moyen de l'indice des prix à la consommation pour tenir compte de l'inflation.

Définitions
Immigrant : Pour les fins du présent article, un immigrant est une personne qui est ou qui a déjà été un immigrant reçu. On demandait dans l'enquête : Êtes-vous ou avez-vous déjà été immigrant reçu au Canada? Les catégories de réponses étaient « Oui » et « Non  ». La question a été posée à tous les répondants ayant indiqué être nés ailleurs qu'au Canada.

Les résidents temporaires sont exclus, c'est-à-dire les personnes qui sont au Canada en vertu d'un visa d'une durée limitée pour travailler, étudier ou pour une simple visite. Sont également exclus les demandeurs du statut de réfugié dont la demande n'a pas encore été acceptée par le Canada, ainsi que les personnes nées à l'étranger pouvant avoir été des citoyens canadiens à la naissance (p. ex., les personnes dont les parents sont dans les Forces canadiennes ou les services diplomatiques et sont en poste à l'étranger). Collectivement, ces groupes représentent moins de 1 % de la population canadienne.
 
Cohortes d'arrivée/temps au Canada : Les immigrants sont regroupés en fonction du nombre d'années écoulées depuis leur arrivée au Canada, soit depuis la date d'arrivée qu'ils ont déclarée. Les immigrants « récents » sont ceux qui étaient au Canada depuis moins de 10 ans en date de l'enquête; les immigrants « de longue date » sont ceux qui étaient au Canada depuis au moins 30 ans.


  1. Des enquêtes similaires ont aussi eu lieu en 2000 et en 1997. Puisqu'elles diffèrent quelque peu des enquêtes plus récentes du point de vue de la méthodologie, les données qui en découlent ne sont pas directement comparables.

Fin de l'encadré

Les donateurs immigrants donnent plus en moyenne que les donateurs nés au Canada

Une grande majorité de Canadiens donnent au moins un peu d'argent à des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif chaque année (84 % en 2010 et en 2007). En 2010, les immigrants étaient presque aussi susceptibles de donner de l'argent que les personnes nées au Canada (tableau 1).

Toutefois, les immigrants qui ont fait des dons ont donné plus d'argent en moyenne : en 2010, ils ont donné en moyenne 554 $, comparativement à 409 $ pour les personnes nées au Canada. Le montant médian donné par les donateurs immigrants était également plus élevé (155 $ contre 111 $ chez les personnes nées au Canada). Cette façon de donner chez les immigrants correspond à celle qui a été relevée en 20074.

Tableau 1 Taux de donateurs et montants moyens et médians des dons annuelsTableau 1 Taux de donateurs et montants moyens et médians des dons annuels, selon le statut d'immigrant et le temps que les immigrants ont passé au Canada, population âgée de 15 ans et plus, 2007 et 2010

L'appartenance et la pratique religieuse figurent parmi les facteurs pouvant expliquer les dons plus gros des immigrants comparativement à ceux des personnes nées au Canada. En 2010, les immigrants étaient deux fois plus susceptibles que les Canadiens de naissance de dire qu'ils avaient participé à des réunions ou à des services religieux chaque semaine (28 % contre 14 %). Les personnes qui ont assisté chaque semaine aux services religieux sont plus nombreuses à donner et donnent de plus gros montants5, une tendance qui se maintient chez les immigrants. En 2010, environ 89 % des immigrants qui assistaient chaque semaine à des services religieux étaient des donateurs, comparativement à 73 % des immigrants qui n'assistaient jamais à ces services. Les immigrants pratiquants ont donné en moyenne 821 $, mais les non-pratiquants, 313 $ (tableau 3).

Parmi les personnes qui assistaient à des services religieux chaque semaine, les immigrants ont contribué en moyenne environ 250 $ de moins que les personnes nées au Canada (821 $ contre 1 077 $). Cependant, le montant moyen donné par tous les immigrants était plus élevé que le montant donné par toutes les personnes nées au Canada, parce que les immigrants sont plus susceptibles d'être pratiquants.

Tableau 2 Certaines caractéristiques personnelles et économiquesTableau 2 Certaines caractéristiques personnelles et économiques, selon le statut d'immigrant et le temps que les immigrants ont passé au Canada, population âgée de 15 ans et plus, 2010

Tableau 3 Taux de donateurs et montants moyens des dons annuelsTableau 3 Taux de donateurs et montants moyens des dons annuels, selon le statut d'immigrant et les caractéristiques personnelles et économiques, population âgée de 15 ans et plus, 2010

Même à des niveaux de revenu du ménage plus faibles, les immigrants donnent plus

Le revenu du ménage est un autre prédicteur important du montant moyen donné à des organismes de bienfaisance et sans but lucratif. Les immigrants ont tendance à avoir un plus faible revenu du ménage que les personnes nées au Canada (tableau 2). Toutefois, à des niveaux équivalents de revenu du ménage, les donateurs immigrants avaient tendance à donner plus que les donateurs nés au Canada. Par exemple, les immigrants ayant un revenu du ménage annuel inférieur à 40 000 $ ont donné en moyenne 404 $ à des organismes de bienfaisance et sans but lucratif, comparativement à 214 $ pour leurs homologues nés au Canada (tableau 3).

Il en allait de même pour les donateurs à revenu plus élevé. En 2010, les immigrants dont le revenu annuel du ménage était de 100 000 $ ou plus ont donné environ 250 $ de plus, en moyenne, que les donateurs nés au Canada et ayant ce niveau de revenu (849 $ contre 593 $). De plus, les immigrants dans l'ensemble ont donné un plus gros pourcentage de leur revenu du ménage. Ils ont donné 1 % en moyenne, tandis que les donateurs nés au Canada ont donné environ 0,7 % de leur revenu du ménage avant impôt.

Les donateurs immigrants sont plus portés à donner à des organismes religieux et à donner de plus gros montants

Les immigrants donnent à bon nombre des mêmes causes et organismes que les personnes nées au Canada, mais il existe également d'importantes différences entre les deux groupes. Les donateurs immigrants étaient plus susceptibles de contribuer à des œuvres de bienfaisance et à des organismes religieux (50 % contre 36 %). En revanche, ils étaient moins susceptibles de donner à des organismes non religieux que les donateurs nés au Canada (73 % contre 82 %) (Graphique 1).

Graphique 1 Taux de donateurs pour différents types d'organismesGraphique 1 Taux de donateurs pour différents types d'organismes, selon le statut d'immigrant, donateurs âgés de 15 ans et plus, 2010

En 2010, la moitié de l'argent donné par des immigrants à des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif a été attribuée à des organismes religieux. La proportion correspondante pour les personnes nées au Canada se situait à 37 % (Graphique 2).

Graphique 2 Pourcentage de la valeur totale des dons versés à différents types d'organismesGraphique 2 Pourcentage de la valeur totale des dons versés à différents types d'organismes, donateurs âgés de 15 ans et plus, selon le statut d'immigrant, 2010

Bien qu'un grand nombre de donateurs nés au Canada aient donné à des organismes du secteur de la santé, les donateurs immigrants étaient moins portés à avoir fait de même. Ceux-ci étaient également moins susceptibles d'avoir donné à des organismes de services sociaux et à des organismes de sports et de loisirs. Cependant, ils ont contribué plus souvent à des organismes internationaux (Graphique 1).

Les immigrants de longue date sont plus susceptibles de donner que les immigrants récents

Les données d'enquêtes précédentes6 ont toujours démontré que, chez les immigrants, ceux qui sont au Canada depuis plus longtemps sont plus enclins à donner, et que le montant annuel moyen qu'ils y consacrent est plus gros. Les résultats les plus récents confirment encore une fois cette tendance : en 2010, la probabilité de donner de l'argent à des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif était plus élevée chez les immigrants de longue date qui étaient au Canada depuis au moins 30 ans (90 %) que chez les immigrants récents qui étaient arrivés depuis moins de 10 ans (79 %). En outre, les immigrants de longue date ayant fait des dons avaient tendance à effectuer un don annuel moyen plus important (752 $) que les immigrants récents (270 $) et les personnes nées au Canada (409 $)(tableau 1).

D'après certains observateurs, les immigrants élargissent graduellement leur concept de communauté à mesure qu'ils s'adaptent à la vie dans un nouveau pays7. Selon cette perspective, les immigrants récents se concentreront d'abord sur la réinstallation de leur famille immédiate, ce qui suppose moins de dons de bienfaisance. Une fois qu'ils auront plus de ressources, beaucoup donneront à des causes dans leur pays de naissance ou à leur propre groupe culturel; ils pourront également donner à des groupes d'immigrants en général. D'après cette thèse, les immigrants finiront par développer un sentiment d'appartenance à l'ensemble de leur communauté d'accueil et donneront de leur argent et de leur temps tout comme les autres citoyens8.

Cependant, d'autres auteurs suggèrent que les immigrants s'adaptent de bien d'autres façons au fur et à mesure qu'ils vivent au pays : ils vieillissent, peuvent acquérir une plus grande maîtrise des langues officielles du Canada, leur situation d'emploi s'améliore souvent et leur revenu du ménage et leur richesse augmentent. Les différences de don et de bénévolat peuvent être attribuables à des différences relatives à l'une ou plusieurs de ces dimensions plutôt qu'à l'intégration sociale des immigrants ou à la convergence de leurs valeurs au fil du temps9.

Les immigrants récents donnent moins en moyenne, en partie parce qu'ils sont plus jeunes et ont un revenu du ménage plus faible

Les immigrants récents sont plus jeunes que les personnes nées au Canada (leurs âges moyens se situent à 32 ans et à 45 ans, respectivement). Les immigrants de longue date qui sont au Canada depuis au moins 30 ans sont évidemment plus vieux en moyenne, à 62 ans. Dans l'ensemble de la population canadienne, ainsi que chez les immigrants, l'âge est fortement et positivement corrélé à la probabilité de faire des dons à des œuvres de bienfaisance et, plus important encore, au montant donné (tableau 2)10.

Étant donné que les immigrants récents sont plus jeunes en moyenne que les immigrants de longue date, il est utile de comparer seulement les personnes de ces groupes qui ont moins de 45 ans. Dans l'ensemble, les personnes nées au Canada ont donné 1,5 fois plus en moyenne que les immigrants récents (409 $ contre 270 $). Cependant, lorsque l'on tient compte de l'âge, le tableau change considérablement : chez les personnes de moins de 45 ans, les immigrants récents ont donné environ le même montant moyen que les personnes nées au Canada, soit environ 275 $.

Très peu d'immigrants de longue date ont moins de 45 ans. En fait, 47 % d'entre eux ont 65 ans ou plus, comparativement à 15 % des personnes nées au Canada, et à moins de 1 % des nouveaux immigrants. Ces différents profils d'âges expliquent en partie pourquoi les immigrants de longue date ont donné plus, en moyenne, que les immigrants récents ou que les Canadiens de naissance.

En plus d'être plus jeunes, les immigrants récents ont tendance à avoir un plus faible revenu du ménage, un fait qui explique également en partie pourquoi ils donnent moins d'argent en moyenne à des œuvres de bienfaisance. Lorsque l'on examine seulement les personnes dont le revenu du ménage était inférieur à 40 000 $, on constate que les immigrants récents étaient tout aussi enclins à donner que les immigrants de longue date et que les personnes nées au Canada. À ce niveau de revenu, les immigrants récents ont donné le même montant annuel moyen que les Canadiens de naissance.

La plupart des immigrants améliorent leur capacité de comprendre et de communiquer dans les langues officielles du Canada au gré du temps qu'ils passent au pays. Au fil du temps, ils sont plus susceptibles de parler le français ou l'anglais à la maison. Environ 76 % des immigrants qui parlaient une langue autre que le français ou l'anglais à la maison ont donné de l'argent à un organisme de bienfaisance ou sans but lucratif, comparativement à 87 % de ceux qui parlaient une langue officielle à la maison. Ces derniers ont également donné plus en moyenne (629 $ contre 442 $) (tableau 2).

Une analyse de régression a permis de confirmer qu'en ce qui a trait aux montants moyens donnés, la différence entre les immigrants récents ou les immigrants de longue date et les personnes nées au Canada est imputable à la composition de ces populations en ce qui a trait à l'âge, au revenu du ménage, à la langue parlée à la maison et à la pratique religieuse (résultats non montrés).

Les immigrants de longue date donnent une moins grande part de leurs dons à des organismes religieux

La probabilité que les donateurs immigrants donnent à des organismes religieux ne change pas de façon significative au fil du temps passé au Canada. Les immigrants de plus longue date ont toutefois donné un montant annuel moyen plus élevé à des organismes religieux que les immigrants plus récents, peut-être à cause de l'augmentation de leurs ressources au fil du temps.

Cependant, les immigrants de longue date ont donné un plus faible pourcentage de leurs dons annuels totaux à des organismes religieux (49 % contre 55 % pour les immigrants récents) et de plus grands pourcentages à certains autres types d'organismes. Le pourcentage de la totalité des dons aux services sociaux se situait à 11 % pour les immigrants de longue date, par rapport à 4 % pour les immigrants récents; ce pourcentage était de 14 % et de 8 % respectivement pour les dons à des causes liées à la santé. Ces résultats suggèrent, du moins dans une certaine mesure, que les immigrants diversifient de plus en plus les types d'organismes de bienfaisance et sans but lucratif qu'ils soutiennent au gré du temps qu'ils passent au Canada.

Les immigrants et les personnes nées au Canada mentionnent les trois mêmes raisons principales les incitant au don

Les donateurs immigrants et ceux qui sont nés au Canada sont motivés à donner par les trois mêmes raisons principales : compassion envers les gens dans le besoin, volonté de contribuer à une cause à laquelle on croit personnellement et désir de contribuer à la communauté. En 2010, les donateurs immigrants étaient légèrement plus susceptibles que ceux nés au Canada de mentionner la compassion envers les gens dans le besoin (92 % contre 89 %) et le désir de contribuer à la communauté (85 % contre 78 %) comme raisons les ayant incités à donner de l'argent à un organisme de bienfaisance ou sans but lucratif. Cependant, ils étaient moins enclins à mentionner avoir été personnellement touchés ou connaître quelqu'un qui a été touché par la cause que soutenait l'organisme (52 % contre 64 % des donateurs nés au Canada) (Graphique 3).

Comme il fallait s'y attendre, compte tenu des types d'organismes auxquels ils ont donné, les donateurs immigrants étaient plus souvent motivés par leurs croyances ou leurs obligations religieuses (41 % contre 24 % pour les donateurs nés au Canada). Ils étaient également plus nombreux à avoir mentionné un crédit d'impôt comme raison pour laquelle ils ont donné à des œuvres de bienfaisance (27 % contre 22 % des donateurs nés au Canada).

Graphique 3 Raisons motivant les dons en argentGraphique 3 Raisons motivant les dons en argent, selon le statut d'immigrant, donateurs âgés de 15 ans et plus, 2010

Les donateurs immigrants ont invoqué plusieurs raisons pour lesquelles ils n'ont pas donné plus à des œuvres de charité. À l'instar des donateurs nés au Canada, ils ont le plus souvent dit qu'ils avaient donné tout ce qu'ils pouvaient se permettre et qu'ils étaient satisfaits du montant qu'ils avaient déjà donné. Les donateurs immigrants étaient toutefois plus sceptiques en ce qui concerne l'utilisation efficace de l'argent qu'ils avaient donné (44 % contre 35 % des Canadiens de naissance) (Graphique 4).

Graphique 4 Raisons de ne pas faire davantage de dons en argentGraphique 4 Raisons de ne pas faire davantage de dons en argent, selon le statut d'immigrant, donateurs âgés de 15 ans et plus, 2010

En 2010, 17 % des donateurs immigrants n'ont pas donné plus parce qu'ils ont eu du mal à trouver une cause qui valait la peine d'être soutenue ou un endroit où donner, une proportion pratiquement deux fois plus élevée que celle des donateurs nés au Canada (9 %). Ce phénomène pourrait être attribuable à une méconnaissance du secteur sans but lucratif au Canada, à des problèmes de langue ou à l'isolement de certains immigrants. Il se pourrait que certains organismes de bienfaisance ou sans but lucratif trouvent plus difficile de cibler les immigrants que les personnes nées au Canada. Un certain nombre de barrières sociales ou le fait d'avoir des réseaux sociaux limités11 pourraient également restreindre la philanthropie des immigrants ou la confiner à leurs communautés religieuses12.

Les immigrants donnent plus souvent à l'occasion de la collecte à leur lieu de culte

Conformément aux raisons religieuses pour lesquelles ils ont fait des dons et aux plus gros montants qu'ils ont donnés, 38 % des donateurs immigrants ont dit qu'ils avaient donné à l'occasion de la collecte à leur lieu de culte, comparativement à 28 % des donateurs nés au Canada. En revanche, les immigrants étaient moins susceptibles que les personnes nées au Canada d'avoir fait un don dans la rue ou dans un centre commercial, ou en réponse à une sollicitation porte-à-porte (Graphique 5).

Les personnes nées au Canada ont plus souvent mentionné le parrainage d'une personne ou d'un événement comme méthode de don (33 % contre 22 % pour les immigrants). Les immigrants étaient également moins susceptibles d'avoir fait un don commémoratif ou dans le contexte d'un événement bénéfice ou d'une sollicitation à la télévision.

Graphique 5 Modes de sollicitation ou manières d'effectuer des donsGraphique 5 Modes de sollicitation ou manières d'effectuer des dons, selon le statut d'immigrant, donateurs âgés de 15 ans et plus, 2010

Les donateurs immigrants étaient un peu moins susceptibles que ceux nés au Canada de donner de la nourriture (55 % contre 64 %) et aussi enclins à donner des vêtements, des jouets ou d'autres articles en nature.

Les immigrants sont moins enclins à faire du bénévolat que les personnes nées au Canada

Les activités de bénévolat des Canadiens sont utiles non seulement aux œuvres de bienfaisance et à leurs clients, mais aussi aux bénévoles eux-mêmes. Par exemple, les bénévoles établissent des liens et acquièrent des compétences et de l'expérience qui peuvent les aider sur le plan social et économique. Toutefois, pour les immigrants, les mêmes lacunes en ce qui concerne les capacités linguistiques, l'expérience canadienne et les réseaux sociaux qui peuvent entraver leur accès au marché de l'emploi13 peuvent également représenter des obstacles au bénévolat. Néanmoins, le travail bénévole étant peut-être plus facile à obtenir que le travail rémunéré, il pourrait s'avérer particulièrement utile pour faciliter l'intégration sociale et économique des immigrants.

En 2010, les immi­­grants n'étaient pas aussi enclins que les person­nes nées au Canada à faire du bénévolat pour un organisme de bienfaisance ou sans but lucratif. Plus précisément, 39 % des immigrants ont fait du bénévolat pendant l'année, comparativement à 49 % des Canadiens de naissance. Les immigrants étaient moins susceptibles de faire du bénévolat, mais ceux qui en ont fait ont contribué environ le même nombre d'heures en 2010 que les personnes nées au Canada (tableau 4).

Tableau 4 Taux de bénévolat, moyenne et médiane des heures annuelles de bénévolatTableau 4 Taux de bénévolat, moyenne et médiane des heures annuelles de bénévolat, selon le statut d'immigrant et le temps que les immigrants ont passé au Canada, population âgée de 15 ans et plus, 2007 et 2010

Les immigrants vivant dans un ménage à revenu élevé étaient moins enclins à faire du bénévolat que leurs homologues nés au Canada. Cependant, les immigrants ayant un revenu du ménage inférieur à 40 000 $ ont fait du bénévolat tout aussi souvent que les personnes à plus faible revenu nées au Canada (tableau 5).

Tableau 5 Taux de bénévolat et moyenne des heures annuelles de bénévolatTableau 5 Taux de bénévolat et moyenne des heures annuelles de bénévolat, selon le statut d'immigrant et les caractéristiques personnelles et économiques, population âgée de 15 ans et plus, 2010

Par rapport à la population née au Canada, une bien plus forte proportion d'immigrants, et surtout les immigrants récents, parlent une langue non officielle à la maison, soit 44 % des immigrants par rapport à 1 % de la population née au Canada (tableau 2). Parmi les immigrants qui parlent une langue autre que l'anglais ou le français à la maison, 31 % avaient fait du bénévolat dans les 12 mois ayant précédé l'enquête. Parmi ceux qui parlaient le français ou l'anglais à la maison, 45 % en avaient fait (tableau 5).

La participation à des services religieux est corrélée au bénévolat tout comme aux dons financiers : les personnes qui assistent à un service religieux chaque semaine sont plus susceptibles de faire du bénévolat. Les immigrants étaient plus enclins que les Canadiens de naissance à assister à des services religieux chaque semaine, et les immigrants pratiquants étaient proportionnellement plus nombreux à faire du bénévolat que les immigrants non pratiquants. Toutefois, parmi tous les pratiquants, les immigrants étaient moins portés à faire du bénévolat que les personnes nées au Canada. En ce qui a trait au nombre d'heures de bénévolat, les immigrants et les Canadiens de naissance qui assistaient à des services religieux chaque semaine en faisaient autant les uns que les autres (tableau 5).

Les bénévoles immigrants sont légèrement plus enclins à donner de leur temps à des organismes religieux

Bien qu'il y ait une ressemblance générale entre les organismes les plus souvent soutenus par les bénévoles immigrants et ceux qui ont la cote auprès des personnes nées au Canada, il existe également quelques différences. En effet, les immigrants étaient plus susceptibles de faire du bénévolat pour un organisme religieux (11 % contre 9 %) (Graphique 6). Ils ont également contribué une plus forte proportion de leurs heures de bénévolat à des organismes religieux. En fait, environ le cinquième (20 %) des heures totales de bénévolat des immigrants ont été consacrées à des organismes religieux. En revanche, les bénévoles nés au Canada ont donné environ 14 % de leurs heures totales de bénévolat à des organismes religieux (Graphique 7).

Le fait que les immigrants consacrent une plus grande part de leurs heures de bénévolat à des organismes religieux n'est pas seulement lié aux normes et coutumes de leur pays d'origine. Les églises, les temples et les mosquées peuvent servir de lieu de rencontre pour les immigrants et leur permettre de se lier d'amitié avec des gens de leur propre culture, tandis que le bénévolat qu'ils font pour des organismes non religieux peut refléter un plus grand attachement à la communauté canadienne élargie14.

Les bénévoles nés au Canada consacrent relativement plus de temps que les bénévoles immigrants aux associations de sports et de loisirs (22 % de leurs heures totales, contre 11 % pour les immigrants) et aux organismes de services sociaux (19 % contre 11 %). Les immigrants étaient à peu près aussi enclins que les personnes nées au Canada à faire du bénévolat pour des organismes d'arts et de culture, mais ils y consacraient une plus forte proportion de leurs heures totales (12 % contre 4 %). Par contre, les immigrants étaient plus susceptibles de faire du bénévolat pour des causes internationales et y consacraient une plus grande partie de leurs heures de bénévolat (graphiques 6 et Graphique 7).

Graphique 6 Taux de bénévolat pour différents types d'organismesGraphique 6 Taux de bénévolat pour différents types d'organismes, selon le statut d'immigrant, population âgée de 15 ans et plus, 2010

Graphique 7 Pourcentage du nombre total d'heures de bénévolat consacrées à différents types d'organismesGraphique 7 Pourcentage du nombre total d'heures de bénévolat consacrées à différents types d'organismes, selon le statut d'immigrant, bénévoles âgés de 15 ans et plus, 2010

Les immigrants récents sont aussi susceptibles de faire du bénévolat que les immigrants de longue date

En 2010, les immigrants récents étaient presque aussi susceptibles de faire du bénévolat que les immigrants établis au pays depuis longtemps. En outre, parmi les immigrants qui faisaient du bénévolat, ceux qui étaient au Canada depuis moins de 10 ans consacraient environ autant d'heures en moyenne au bénévolat que ceux qui étaient établis au pays depuis 30 ans et plus (tableau 4).

Parmi les bénévoles immigrants qui donnaient de leur temps à des organismes religieux, il n'y avait pas vraiment de différence en fonction du temps écoulé depuis l'arrivée au Canada. Environ 30 % des immigrants de longue date faisaient du bénévolat pour des organismes religieux, comparativement à environ 29 % de ceux qui étaient au Canada depuis moins de 10 ans.

Certains indices portaient toutefois à croire que les immi­grants de longue date faisant du béné­volat contri­buaient plus souvent à d'autres types d'organismes non religieux. Par exemple, ils étaient plus susceptibles que les autres immi­grants bénévoles d'avoir fait du bénévolat pour des organismes de sports et de loisirs (22 % contre 11 %), ainsi que pour des causes environnementales (8 % contre 4 %). Cette tendance rappelle celle des dons (données non présentées).

Les immigrants diffèrent peu des personnes nées au Canada quant à leurs raisons de faire du bénévolat et aux tâches effectuées

Les principales raisons qui motivent autant les immigrants que les Canadiens de naissance à faire du bénévolat sont les suivantes : contribuer à la communauté et mettre à profit ses compétences. Les bénévoles immigrants étaient proportionnellement moins nombreux à avoir dit qu'ils avaient fait du bénévolat parce qu'ils avaient été touchés par la question ou la cause ou parce qu'ils connaissaient quelqu'un qui avait été touché par la question ou la cause. Ils étaient plus susceptibles d'avoir fait du bénévolat pour des motifs religieux que les bénévoles nés au Canada (31 % contre 19 %) (Graphique 8).

Graphique 8 Raisons de faire du bénévolat, selon le statut d'immigrantGraphique 8 Raisons de faire du bénévolat, selon le statut d'immigrant, bénévoles âgés de 15 ans et plus, 2010

Les principales tâches bénévoles effectuées par les immigrants ressemblaient beaucoup à celles effectuées par les bénévoles nés au Canada. La collecte de fonds, l'organisation ou la supervision, la participation à un comité, ainsi que l'enseignement et le mentorat, étaient les tâches les plus souvent mentionnées. Cependant, les bénévoles immigrants n'étaient pas aussi enclins que ceux nés au Canada à travailler à titre d'organisateurs et de superviseurs, de solliciteurs de fonds ou d'entraîneurs et d'arbitres (Graphique 9).

Graphique 9 Taux de participation à différents types d'activités bénévolesGraphique 9 Taux de participation à différents types d'activités bénévoles, selon le statut d'immigrant, bénévoles âgés de 15 ans et plus, 2010

Les immigrants sont légèrement plus susceptibles de mentionner le manque de temps comme raison pour ne pas faire de bénévolat

Les personnes qui n'avaient pas fait de bénévolat l'année précédente devaient préciser pourquoi elles n'en avaient pas fait. Les raisons les plus souvent mentionnées, aussi bien par les immigrants que par les personnes nées au Canada, étaient les contraintes de temps et l'incapacité de s'engager à long terme. Les immigrants étaient légèrement plus susceptibles que les autres Canadiens de mentionner qu'ils n'avaient pas assez de temps. Ils étaient plus susceptibles de dire que personne ne leur avait demandé de faire du bénévolat ou qu'ils ne savaient pas comment participer. Ils étaient également plus portés à mentionner le coût associé au bénévolat et leur insatisfaction à l'égard d'une expérience passée. Les immigrants étaient toutefois moins enclins à déclarer ne pas être intéressés au bénévolat (Graphique 10).

Graphique 10 Raisons invoquées pour ne pas faire de bénévolatGraphique 10 Raisons invoquées pour ne pas faire de bénévolat, selon le statut d'immigrant, non-bénévoles âgés de 15 ans et plus, 2010

La grande majorité des gens au Canada donnent de l'aide directe non structurée à des membres de leur famille, à des amis et à des voisins sans l'intervention d'un organisme sans but lucratif ou d'un organisme de bienfaisance enregistré. Environ 85 % des répondants nés au Canada ont indiqué qu'ils avaient aidé quelqu'un sans passer par un organisme pour des choses comme les tâches ménagères, l'entretien de maison, le transport ou la garde d'enfants. Les immigrants étaient un peu moins enclins à déclarer donner de l'aide non encadrée (78 %).

Sommaire

En 2010, les immigrants étaient à peu près aussi susceptibles de donner de l'argent à des organismes de bienfaisance et sans but lucratif que les Canadiens de naissance, mais ils avaient tendance à donner de plus gros montants. Les immigrants étaient moins susceptibles de faire du bénévolat pour ces organismes, mais ceux qui le faisaient contribuaient autant d'heures que les bénévoles nés au Canada.

Le comportement prosocial des immigrants varie quelque peu en fonction du temps écoulé depuis leur arrivée au Canada. Également, les différences de comportements prosociaux qu'on observe entre l'ensemble des immigrants et les personnes nées au Canada peuvent s'expliquer une fois qu'on tient compte des variations de l'âge, du revenu du ménage, de la langue parlée à la maison et de la pratique religieuse de ces populations.

Comme les jeunes qui sont nés au Canada, les immigrants récents sont à une étape particulière de leur vie : ils sont en train de s'établir, d'acheter une propriété et d'élever des enfants. Ils doivent également composer avec diverses contraintes, soit un plus faible taux d'emploi et un plus faible revenu du ménage. Ils ont moins d'argent à donner, mais ils donnent néanmoins une proportion de leur revenu semblable à celle des immigrants de longue date. Ils font également du bénévolat à des taux comparables.

Hormis leur profil d'âge et leur situation financière différents, bien des immigrants récents ont des traditions différentes en ce qui concerne le don et le bénévolat. Ils pourraient également être attirés par des établissements où se réunissent d'autres membres de leur groupe ethnique. Notamment, ils sont plus susceptibles que les personnes nées au Canada d'avoir une appartenance religieuse et d'assister régulièrement à des réunions et à des services religieux, ce qui a une incidence sur leur comportement prosocial.

Les immigrants qui sont au Canada depuis plus longtemps continuent de donner de l'argent à des causes religieuses; ils donnent plus à mesure que leur revenu du ménage — et vraisemblablement leur richesse — augmente. Cependant, même s'ils continuent d'appuyer les organismes religieux, il semble que les immigrants de longue date donnent à un éventail plus vaste d'organismes de bienfaisance que les immigrants récents.

Derrick Thomas est analyste principal à la Division de la statistique sociale et autochtone de Statistique Canada.


Notes

  1. JOSEPH, J.A. 1995. Remaking America: How the Benevolent Traditions of Many Cultures are Transforming Our National Life. Jossey-Bass Publishers. CA: San Francisco.
  2. OSILI, Una Okonkwo et Dan DU. 2005. « Immigrant assimilation and charitable giving », New Directions for Philanthropic Fundraising,no 48.
  3. PORTES, Alejandro et Julia SENSEBRENNER. 1993. « Embeddedness and immigration : notes on the social determinants of economic action », American Journal of Sociology,vol. 98, no 6.
  4. Voir aussi HALL, Michael, David LASBY, Steven AYER et William David GIBBONS. 2009. Canadiens dévoués, Canadiens engagés : Points saillants de l'Enquête canadienne de 2007 sur le don, le bénévolat et la participation, produit no 71-542-XIF au catalogue de Statistique Canada.
  5. TURCOTTE, Martin. 2012. « Les dons de bienfaisance des Canadiens », Tendances sociales canadiennes, no 93, produit no 11-008-X au catalogue de Statistique Canada.
  6. Données de l'Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation (ECDBP) de 2000 et 2007 et leur prédécesseure, l'Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation (ENDBP) de 1997. MATA, Fernando et Don MCRAE. 2000. « Charitable giving among the foreign-born in Canada », Journal of International Migration and Integration,vol. 1, no 2.
  7. JOSEPH. 1995.
  8. MATA et MCRAE. 2000.
  9. STEINBERG, Richard et Mark WILHELM. 2005. « Religious and secular giving by race and ethnicity », New Directions for Philanthropic Fundraising, no 48.
  10. TURCOTTE. 2012.
  11. BERGER, Ida E., Mihaela DINCA-PANAITESCU, Mary K. FOSTER et Agnes G. MEINHARD. 2005. Ethnicity, Voluntary Behaviour, and Social Integration, Centre for Voluntary Sector Studies, Ryerson University, Faculty of Business. Document de travail no 29.
  12. GRABB, Edward, Monica HWANG et Robert ANDERSEN. 2009. « Bridging and bonding: ethnic background and voluntary association activity in Canada », Canadian Ethnic Studies,vol. 14, nos 1 et 2.
  13. THOMAS, Derrick. 2011. « Réseaux personnels et adaptation des immigrants sur le plan économique », Tendances sociales canadiennes, no 92, produit no 11-008-X au catalogue de Statistique Canada.
  14. GRABB, HWANG et ANDERSEN. 2009.
Signaler un problème sur cette page

Quelque chose ne fonctionne pas? L'information n'est plus à jour? Vous ne trouvez pas ce que vous cherchez?

S'il vous plaît contactez-nous et nous informer comment nous pouvons vous aider.

Avis de confidentialité

Date de modification :